BLUESMANS AMERICAINS ET JAZZMANS

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Re: BLUESMANS AMERICAINS ET JAZZMANS

#16 Message par saintluc »

Bessie Smith (15 avril 1894 à Chattanooga dans le Tennessee - 26 septembre 1937 à Clarksdale dans le Mississippi) est une chanteuse américaine et une des artistes d'enregistrement les plus réputées des années 1920. Elle fut surnommée l'Impératrice du Blues.
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Élevée par une famille d'une pauvreté extrême, elle commença très tôt à gagner sa vie en chantant dans les rues de Chattanooga avec son frère Andrew. Devenue une jeune femme, elle rejoint le spectacle ambulant de William et Gertrude Rainey, connus sous le nom de « Ma and Pa » (maman et papa).
En 1923, Smith fait ses débuts d'enregistrement chez Columbia Records avec sa première chanson, Downhearted Blues (le Blues abattu). Elle enregistrera finalement 123 chansons pour Columbia pendant le cours de sa carrière musicale. Smith était aussi une des artistes afro-américaines parmi les mieux payées des années 1920, en gagnant quelque $2000 par semaine. Pourtant, sa carrière subit un ralentissement avec le commencement de la Grande Dépression des années 1930.
Le soir du 26 septembre 1937, Smith est tuée dans un accident d'automobile en traversant Clarksdale dans le Mississippi avec son ami Richard Morgan (oncle du musicien de jazz Lionel Hampton).
Smith a eu une influence musicale importante sur des chanteuses comme Billie Holiday, Sarah Vaughan, Dinah Washington, Nina Simone, Janis Joplin et Norah Jones. Sa voix puissante et son style de chant sont une contribution importante à l'histoire de la musique populaire.
La plupart de ses chansons ont été utilisées pour le jeu vidéo BioShock (2K Games) grâce à l'ambiance rétro' impressionnante que Bessie a véhiculée.

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Re: BLUESMANS AMERICAINS ET JAZZMANS

#17 Message par saintluc »

Billie Holiday, de son vrai nom Eleanora Fagan, née à Baltimore le 7 avril 1915 et morte à New York le 17 juillet 1959, est une chanteuse de jazz américaine considérée comme l'une des plus grandes chanteuses que le jazz ait connu.
Quand Eleanora Fagan naît à Baltimore en 1915, sa mère, Sadie Fagan, a 13 ans et son père, Clarence Holiday, 17. DansLady Sings the Blues, Billie Holiday, réécrivant son histoire, ajoute quelques années à son père, plus encore à sa mère, et en fait un couple marié. C'est l'une des nombreuses déformations de la réalité que Billie elle-même entretenait et dont son autobiographie a prolongé les effets. La réalité est un peu moins idyllique. Clarence et Sadie ne se sont jamais mariés. Clarence Holiday ne reconnaît pas l'enfant, il est guitariste de jazz, et passe sa vie dans les clubs la nuit, sur les routes le jour. Sadie, sa mère, n'a pas le temps de s'occuper d'Eleanora et la confie à sa famille : la fillette va d'un foyer à l'autre tandis que sa mère enchaîne les petits boulots à Baltimore, tout en voyageant souvent à New York où elle multiplie les rencontres masculines, en général rétribuées.
La petite Eleanora endure les violences de sa cousine Ida et subit un premier traumatisme : une nuit, alors qu'elle fait la sieste dans les bras de son arrière-grand-mère, celle-ci meurt dans son sommeil. Eleanora se réveille étranglée par les bras de la morte et panique. Elle restera plongée dans un mutisme coupable pendant des semaines.
Sadie reprend Eleanora à sa charge après quelques années. Elle a dix ans lorsque, pendant l'une des nombreuses nuits que sa mère passe dehors, elle est violée par un voisin pédophile. Elle est par la suite confiée au couvent du Bon Pasteur, où les maltraitances et les humiliations sont monnaie courante. Sadie parvient à en faire sortir sa fille et la reprend avec elle, à New York où elles vivent désormais. En 1928, Sadie se prostitue et installe Eleanora dans un bordel. La vie de la jeune fille est faite d'hommes, de violences, d'un détour en prison. En plein Harlem, sous la prohibition, Eleanora découvre les boîtes clandestines, où l'alcool coule à flots et où le jazz résonne du soir au matin. Presque par hasard, Eleanora rencontre un jeune saxophoniste, Kenneth Hollon, et décroche avec lui ses premiers engagements, dans le Queens et à Brooklyn. Elle a quinze ans et se choisit un nom de scène. Pas n'importe lequel. Lorsque, petite fille, son père passait la voir, il riait de ce garçon manqué et la surnommait Bill. Elle reprend ce sobriquet qu'elle adosse au nom de son père, qu'elle parvient d'ailleurs à retrouver à l'époque, alors qu'il joue dans l'orchestre de Fletcher Henderson.
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Un peu grâce à son père, mais surtout grâce à son talent, Billie croise bien des musiciens, notamment Bobby Henderson avec qui elle tourne dans plusieurs clubs de Harlem, et dont elle devient bientôt la compagne. La vie n'est pas rose dans l'Amérique de la crise : Billie se contente des pourboires, qui s'accumulent lorsqu'elle entonne Trav'lin' All Alone ou Them There Eyes.
En 1933, John H. Hammond, producteur pour Columbia, découvre Billie dans un club où elle chante par hasard, à l'occasion d'un remplacement. Immédiatement convaincu de son talent, il lui ouvre les studios de Columbia pour une session avec un autre jeune musicien sous contrat avec la firme, le clarinettiste Benny Goodman : ce jour-là, elle enregistre Your Mother's Son-in-Law et Riffin' the Scotch, et y gagne trente-cinq dollars. L'année suivante, elle chante avec Bobby Henderson à l'Apollo Theater, la salle à la mode où l'on vient applaudir les jeunes talents. Leur liaison cesse peu de temps après, Bobby étant déjà marié. Billie rencontre d'autres musiciens prometteurs : parmi eux, Lester Young, engagé par Fletcher Henderson. La chanteuse et le saxophoniste se lient immédiatement d'amitié. Lester la surnomme Lady Day, Billie le surnomme President, ou plus brièvement Prez. Elle et lui sillonnent les clubs après leurs engagements respectifs, du soir au matin.
Billie chante également avec Duke Ellington qui la choisit pour son court-métrage Symphony in Black, dans lequel elle interprèteSaddest Tale. À la même époque, elle entame une liaison avec le jeune saxophoniste Ben Webster. John Hammond programme le 2 juillet 1935 un enregistrement pour la firme Brunswick, avec Billie, Ben Webster, ainsi que Benny Goodman, le pianiste Teddy Wilson, le trompettiste John Truehart, le contrebassiste John Kirby et le batteur Cosy Cole. What a Little Moonlight Can Do et Miss Brown to Youen ressortent, gravés à la perfection, et figurent dans les meilleures ventes de l'année. Tout va bien pour Billie, qui enchaîne les aventures sentimentales et installe sa mère à la tête d'un petit restaurant où, souvent, on se retrouve après la nuit pour le petit déjeuner.
Elle devient dès lors l'une des vedettes du jazz new-yorkais, à travers de nombreux engagements qu'elle partage régulièrement avec Teddy Wilson. Le style de Billie, intimiste, s'adapte mal aux plus grands shows, réservés à Bessie Smith et à ses imitatrices. Peu importe : ses disques avec Lester Young se vendent bien et Billie chante bientôt avec le grand orchestre de Count Basie, puis avec celui d'Artie Shaw. Une chanteuse noire dans un orchestre blanc ! La tournée avec ce dernier est pourtant écourtée, à cause du racismedes États du sud, où elle ne peut pas chanter, ni même réserver une chambre d'hôtel ou entrer dans un restaurant avec les musiciens de l'orchestre.
Rentrée à New York, Billie continue de chanter dans les clubs grâce aux engagements que lui trouve John Hammond, en particulier au Café Society. C'est à cette époque qu'on la voit boire de plus en plus, et fumer de la marijuana. C'est à cette époque aussi qu'elle enchaîne des liaisons féminines et qu'on la surnomme « Mister Holiday ».
En mars 1939, un jeune professeur de lycée, Abel Meeropol sous le pseudonyme Lewis Allan, écrit un poème et propose ensuite à Billie Holiday de mettre en musique et d'interpréter Strange Fruit. Cette métaphore du lynchage des noirs dans la brise du sud devient la chanson-phare du Café Society et de Billie. La chanson déchaîne la controverse, et l'enregistrement qui en est bientôt tiré rencontre un immense succès.
La reprise par Billie de Gloomy Sunday en 1941, une chanson de désespoir sur le thème du suicide traduite du hongrois à l'anglais dans les années 1930, prolonge ce succès dans un registre similaire, bien que moins engagé.
Les années suivantes voient Billie Holiday multiplier les enregistrements, les engagements, les succès, avec des musiciens de la stature de Roy Eldridge, Art Tatum, Benny Carter, Dizzy Gillespie… Mais elle entame également une liaison avec Jimmy Monroe, pour qui elle quitte le domicile de sa mère, avant qu'ils ne se marient précipitamment. Son nouveau compagnon est un escroc, doublé d'un drogué. Il l'habitue à l'opium, puis à la cocaïne, avant de se retrouver en prison.
Billie divorce de Monroe et enchaîne de nouveau les aventures, jusqu'à sa rencontre avec Joe Guy, un trompettiste be-bop qui la fournit en héroïne. À l'époque même où elle est la première artiste noire à chanter au Metropolitan Opera, où elle signe un contrat en or chez Decca, elle se retrouve sous la coupe de Joe Guy, dépendante à l'héroïne… Billie en parle sans concession :





Citation:



« Je suis rapidement devenue une des esclaves les mieux payées de la région, je gagnais mille dollars par semaine, mais je n'avais pas plus de liberté que si j'avais cueilli le coton en Virginie »


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Dans les clubs, il se murmure qu'elle ne respecte pas ses engagements, qu'elle est souvent en retard, qu'elle se trompe dans les paroles. En 1945, Joe Guy monte une grande tournée pour Billie : Billie Holiday and Her Orchestra. La tournée est déjà bien entamée lorsque Billie apprend la mort de sa mère Sadie, « Duchess », comme l'avait surnomméeLester. Billie est effondrée, elle sombre dans la dépression, elle se réfugie un peu plus dans l'alcool, la drogue, et écourte sa tournée.
Au lendemain de la guerre, Billie Holiday est au plus haut, elle entame sa collaboration avec le pianiste Bobby Tucker, ses disques se vendent bien (elle a signé en 1944 chezDecca, elle triomphe au Town Hall de New York en février 1946, et son répertoire s'élargit à quelques chansons indissociables de son personnage : Lover Man, Good morning Heartache (écrite pour elle par Irene Wilson), et ses propres compositions : Fine and Mellow, Billie's Blues, Don't Explain et God Bless the Child). Elle tourne aussi dans le film New Orleans d'Arthur Lubin, un long-métrage qui réunit de grands jazzmen, dont Louis Armstrong et Woody Herman.
À la même époque, elle renoue avec Joe Guy et adopte le LSD. Son imprésario Joe Glaser lui impose une cure de désintoxication dans une clinique privée, début 1947. En vain : quelques semaines plus tard elle est arrêtée en possession de stupéfiants et condamnée à un an de prison. Billie fait scandale, et se trouve de plus dans une situation financière difficile : ses royalties ont disparu dans la drogue et les poches des hommes qui l'entourent… Elle sort de prison le 16 mars 1948, pour bonne conduite, mais ruinée. Le 27, elle chante à Carnegie Hall, plus belle que jamais, la voix épanouie, ses éternels gardénias dans les cheveux. Elle chante jusqu'à l'épuisement : vingt et une chansons, plus six pour les rappels. Un triomphe.
Depuis sa sortie de prison, Billie s'est vue retirer sa carte de travail pour avoir enfreint les critères de « bonne moralité ». Elle ne peut plus chanter dans les clubs de New York (ou tout endroit vendant de l'alcool). Seule alternative, les grandes salles de concert : difficile d'en remplir les travées plus d'un ou deux soirs de suite. Par ailleurs elle est impliquée dans une bataille d'agents, entre Joe Glaser et Ed Fishman, qui s'occupe désormais d'elle.
Malgré tout, Billie se produit avec Lionel Hampton à la radio, et avec Count Basie au Strand Theatre. Elle sort désormais avec John Levy, gangster de seconde zone que l'on surnomme par dérision « Al Capone ». À l'époque, elle entretient également une relation amoureuse avec Tallulah Bankhead, comédienne de bonne famille. Cependant, Billie est toujours plongée dans l'héroïne, et le retrait de sa carte la force à chanter hors de New York, des engagements moins intéressants et moins bien rétribués. En outre, John Levy amasse désormais tout ce qu'elle gagne et la terrorise. Elle se fait prendre en possession de stupéfiants à San Francisco. En réplique, Tallulah Bankhead fait jouer ses relations, dont J. Edgar Hoover, alors directeur du FBI, grâce à quoi Billie est acquittée. Malgré cela les ennuis persistent : elle subit toujours les violences de John Levy, son accompagnateur et ami Bobby Tucker l'abandonne, la police la suit de près et elle manque plusieurs fois de se faire prendre en possession d'héroïne… La presse ne manque pas une occasion de titrer sur elle, comme Down Beat en septembre 1950 : « Billie, de nouveau dans les ennuis ».
Lors d'un enregistrement en 1949 pour Decca, avec notamment Horace Henderson, Lester Young et Louis Armstrong, Billie a bien du mal à tenir le rythme, elle se fait remarquer par ses retards, ses excès, et une diction de plus en plus empâtée par l'alcool. Decca ne renouvelle donc pas son contrat en 1950, Billie est plongée dans les dettes jusqu'au cou : John Levy, qui encaisse ses cachets, n'a payé aucune facture. Lorsqu'elle le quitte, elle perd beaucoup d'argent, mais retrouve une certaine liberté. Billie reste toutefois contrainte à faire de longues tournées puisqu'elle ne peut toujours pas chanter à New York. Fin 1950, elle renoue avec le succès à Chicago, en partageant l'affiche du Hi-Note avec le jeune Miles Davis.
En 1951, Billie Holiday trouve une petite maison de production, Aladdin, pour laquelle elle enregistre quelques disques, mal reçus par les critiques. Elle rencontre également à Détroit un de ses anciens amants, Louis McKay, qu'elle avait connu à Harlem quand elle avait 16 ans. Marié et père de deux enfants, Louis McKay devient néanmoins son nouveau protecteur et contribue à relancer sa carrière. Elle s'installe sur la côte ouest, et signe un contrat pour le label Verve de Norman Granz. Elle retrouve alors des partenaires dignes d'elle :Charlie Shavers à la trompette, Barney Kessel à la guitare, Oscar Peterson au piano, Ray Brown à la contrebasse, Alvin Stoller à la batterie et Flip Philips au saxophone. Résultat : le disque Billie Holiday sings obtient un franc succès et est suivi de plusieurs autres sessions. Billie se voit néanmoins de nouveau refuser son permis de travail et alterne les tournées fatigantes et les grands concerts (à l'Apollo, à Carnegie Hall).
En 1954, Billie réalise un vieux rêve : elle fait sa première tournée en Europe. Accompagnée de Louis McKay et de son pianiste Carl Drinkard, elle se rend en Suède, au Danemark, en Belgique, en Allemagne, aux Pays-Bas, à Paris, en Suisse. Elle repasse par Paris en touriste, avant de rejoindre l'Angleterre où ses concerts sont couronnés de succès. Une tournée fructueuse et l'un des meilleurs souvenirs de Billie. De retour au pays, malgré la drogue, malgré l'alcool, elle se surpasse. Elle se produit à Carnegie Hall, au festival de jazz de Newport, à San Francisco, à Los Angeles, et continue d'enregistrer pour Verve. Down Beat lui décerne un prix spécialement créé pour elle. Elle embauche aussi une nouvelle accompagnatrice, la jeune Memry Midgett. Leur relation est plus qu'amicale, et Memry aide Billie dans ses tentatives pour décrocher de la drogue. En vain. Son influence ne plaît d'ailleurs pas à McKay qui la fait déguerpir.
Le 2 avril 1955, Billie Holiday retrouve Carnegie Hall où elle participe au grand concert en hommage à Charlie Parker, mort le 12 mars. Aux côtés de Sarah Vaughan, Dinah Washington, Lester Young, Billy Eckstine, Sammy Davis Jr., Stan Getz, Thelonious Monk… Billie clôt le concert, aux alentours de quatre heures du matin. En août 1955, elle enregistre un nouvel album pour Verve : Music for Torching, un chef d'œuvre qu'elle réalise en compagnie de Jimmy Rowles au piano, Sweets Edison à la trompette, Barney Kessel à la guitare,Benny Carter à l'alto, John Simmons à la basse et Larry Bunker à la batterie. Puis, elle retrouve les clubs de la côte ouest.
En 1956, Billie est arrêtée avec Louis McKay en possession de drogue : un nouveau procès est prévu. Elle effectue une nouvelle cure de désintoxication, à l'époque où sort son autobiographie Lady Sings the Blues, pour l'essentiel une compilation de toutes ses anciennes interviews réunies par le journaliste William Dufty, admirateur de la diva. Cette autobiographie est cependant considérée comme « fausse » La santé de Billie se dégrade de plus en plus. Sa nouvelle pianiste, Corky Hale, témoignera plus tard du calvaire de Billie : son épuisement, les ravages de la drogue et de l'alcool, les longues manches pour cacher les traces de piqûres qui lui couvrent même les mains, la fatigue, la perte de poids, l'ivresse avant les concerts. La perspective de son procès avec McKay la terrorise. Enfin, ce dernier se consacre moins à elle…

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Elle apparaît au festival de Newport, ainsi qu'à la télévision, dans l'émission The Sound of Jazz, sur CBS, en compagnie, entre autres, de Lester Young, Coleman Hawkins, Ben Webster, Gerry Mulligan et Roy Eldridge, mais aussi du jeune Mal Waldron, son nouvel accompagnateur.
Louis McKay et Billie se marient le 28 mars 1957 au Mexique, pour ne pas avoir à témoigner l'un contre l'autre lors de leur procès. Mais leur histoire est bel et bien terminée. Une fois le jugement prononcé (une mise à l'épreuve de douze mois), McKay quitte définitivement Billie et celle-ci engage une procédure de divorce. Elle enregistre Lady in Satin en février 1958, avec des chansons entièrement nouvelles et un orchestre dirigé par Ray Ellis, auteur des arrangements. Un album poignant, de même que son tout dernier, simplement intitulé Billie Holiday, enregistré début 1959. Elle fait également une apparition au festival de jazz de Monterey en octobre 1958, et effectue une nouvelle tournée européenne au mois de novembre. Elle est sifflée en Italie, où sa prestation est abrégée. À Paris, elle assure à grand-peine un concert à l'Olympia, exténuée. Sa tournée prend l'eau. Elle accepte de jouer au Mars Club avec Mal Waldron et Michel Gaudry à la contrebasse : le public est tout acquis à Billie qui y retrouve le succès. On se bouscule dans le Mars Club, on y retrouve les célébrités de l'époque : Juliette Gréco, Serge Gainsbourg, ou encore Françoise Sagan qui écrira :





Citation:



« C'était Billie Holiday et ce n'était pas elle, elle avait maigri, elle avait vieilli, sur ses bras se rapprochaient les traces de piqûres. Elle chantait les yeux baissés, elle sautait un couplet. Elle se tenait au piano comme à un bastingage par une mer démontée. Les gens qui étaient là l'applaudirent fréquemment, ce qui lui fit jeter vers eux un regard à la fois ironique et apitoyé, un regard féroce en fait à son propre égard. »






— Françoise Sagan, Avec mon meilleur souvenir, Gallimard, 1984Depuis plusieurs années déjà, Billie est malade. Elle a des œdèmes aux jambes, mais aussi et surtout une cirrhose avancée. Pourtant elle ne modère pas ses excès. Elle boit du matin au soir. Épuisée par sa deuxième tournée européenne, elle repart quelques mois plus tard à Londres pour participer à une émission de télévision, Chelsea at Nine. Le retour est difficile. Billie apprend le 15 mars 1959, le décès de son ami, Lester Young. Elle est effondrée. Le 7 avril suivant, elle fête ses 44 ans. Elle assure des engagements dans leMassachusetts, puis le 25 mai, elle chante au Phoenix Theatre de New York, pour un concert de bienfaisance. Dans les coulisses, ses amis ne la reconnaissent même pas. Certains, dont Joe Glaser, veulent la faire hospitaliser : elle refuse. Le 30 mai, elle s'effondre chez elle et est admise au Metropolitan Hospital de Harlem.
Outre sa cirrhose, on diagnostique une insuffisance rénale. Elle est traitée sous méthadone et se remet peu à peu. On lui interdit l'alcool et la cigarette, mais Billie trouve toujours un moyen de fumer en cachette. Voire pire : le 11 juin, on découvre un peu de poudre blanche cachée dans une boîte de mouchoirs. Billie Holiday est arrêtée et sa chambre mise sous surveillance policière pendant plusieurs jours. On prévoit de la juger après sa convalescence. Celle-ci semble se passer au mieux, mais le 10 juillet, son état s'aggrave. On décèle une infection rénale et une congestion pulmonaire. Louis McKay et William Dufty sont à son chevet. Elle reçoit les derniers sacrements le 15 juillet. Le 17 juillet, à trois heures dix du matin, Billie Holiday meurt à l'hôpital.
La cérémonie funèbre se déroule le 21 juillet 1959 en l'église St-Paul. Trois mille personnes sont présentes et se bousculent jusque dans Columbus Avenue. Elle est enterrée au cimetière St. Raymond, dans le Bronx, dans la même tombe que sa mère. Louis McKay fait déplacer son cercueil dans une tombe séparée en 1960. À sa mort, Billie laisse à son ex-mari et seul héritier, mille trois cent quarante cinq dollars et ses droits. À la fin de 1959 (en seulement six mois) les royalties sur ses ventes de disques s'élèvent à cent mille dollars. Ce qui donne une idée de ce que Billie a pu dépenser aussi bien que de tout ce dont elle a pu être spoliée.
À 20 ans, Billie s'émancipe de ses modèles, notamment Bessie Smith et Louis Armstrong. Son articulation un peu traînante est compensée par un sens du rythme unique, jouant avec les imperceptibles retards, les phrasés décontractés qui créent le swing si particulier de ses prestations. Elle possède un timbre un peu enroué allié à une diction claire et unvibrato discret. Billie Holiday ne chante pas, elle joue dans tous les sens du terme, elle est à la fois enfant et actrice. Déjà dans les années 1930, cette sonorité si particulière et intimiste s'impose, quitte à se priver d'un plus grand succès populaire : tout le long de sa carrière, Billie manque de la puissance d'une Bessie Smith et de l'agilité d'une Ella Fitzgerald. Heureusement, Billie rencontre un contexte favorable grâce à deux éléments : la généralisation du micro et la mode des chansons lentes, refrains d'amour et blues. Le fait d'avoir pu chanter très jeune avec les meilleurs jazzmen de l'époque n'a pu que stimuler ce talent, et l'entente entre Billie et Lester Young frôle le mimétisme sans jamais tomber dans l'imitation.
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Les excès de Billie ne sont pas sans conséquence sur sa voix. Dès les années 1940, elle peine souvent à se lancer au début des concerts et des séances d'enregistrement, elle a besoin d'un verre de gin ou de cognac « pour s'éclaircir la voix »… Elle a également beaucoup de mal à renouveler son répertoire et ne retient qu'à grand-peine les paroles de nouvelles chansons. Au fil des ans, sa diction si réputée devient pâteuse, son timbre légèrement enroué devient rauque, râpeux. La fatigue physique s'ajoute à tout cela. À quarante ans, Billie souffre quand elle chante, et cela s'entend. On entend aussi qu'elle n'a plus confiance en elle, en cette voix vacillante, qui la trahit si souvent.
L'album Lady in Satin, est un épuisement pour l'arrangeur et chef d'orchestre, Ray Ellis. Mais quelque temps plus tard, en entendant l'album, en constatant l'infinie tristesse qui caractérise des chansons comme I'm a Fool to Want You ou You've Changed, Ray Ellis comprend la portée artistique d'un tel témoignage, et accepte d'enregistrer avec Billie son album-testament, Billie Holiday. Le musicien a évoqué plus d'une fois le souvenir de l'enregistrement de Lady in Satin :





Citation:



« Je dirais que le moment le plus intense en émotion fut de la voir écouter le playback de I'm a Fool to Want You. Elle avait les larmes aux yeux. Quand l'album fut terminé, j'ai écouté toutes les prises dans la salle de contrôle. Je dois admettre que j'étais mécontent de son travail, mais c'est parce que j'écoutais la musique, pas l'émotion. Ce n'est qu'en entendant le mixage final, quelques semaines plus tard, que j'ai compris que sa performance était vraiment formidable. »








De Billie Holiday, Frank Sinatra, qui l'admirait tant, retiendra sa décontraction. Il est devenu l'un de ses amis les plus proches à la fin de sa vie. Dans les années soixante-dix, la chanteuse Diana Ross joue son personnage dans l'adaptation cinématographique du livre Lady Sings the Blues. Esther Phillips ou encore Nina Simone assument sans complexe leur filiation à Lady Day. Macy Gray reconnaît cette influence, « Billie Holiday m’a beaucoup influencée. C’est la première chanteuse que j’ai vraiment étudiée », déclarait-elle en 1999.
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Re: BLUESMANS AMERICAINS ET JAZZMANS

#18 Message par saintluc »

Howlin’ Wolf, de son vrai nom Chester Arthur Burnett, né le 10 juin 1910 à White Station, près de West Point dans leMississippi et mort le 10 janvier 1976 à Hines dans l'Illinois, est un musicien de blues américain.
Son prénom lui vient de Chester Alan Arthur, 21e président des États-Unis, mais il a connu différents sobriquets dans sa jeunesse, dus à sa taille et son corps massif (1.98 m pour 136 kg), comme Big Foot ou encore Bull Cow. Il explique ceci sur les origines de son nom de scène, qui veut dire Loup Hurlant : Ce nom est inspiré par mon grand-père, qui me racontait souvent des histoires de loups dans cette partie du pays. Il le prévenait que les loups l'attraperaient s'il n'était pas sage.
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Initié à la guitare par Charley Patton à la fin des années 1920 et à l'harmonica par Sonny Boy Williamson II au cours des années 1930, ce n'est qu'en 1945, après une jeunesse passée dans les champs de coton et quatre années de guerre sous les drapeaux, que Chester Arthur Burnett décide de se consacrer à la musique.
L'un des premiers guitaristes à utiliser une guitare électrique, il forme un groupe à Memphis en 1948 et prend le nom de Howlin' Wolf. Il enregistre ses premiers titres en 1950-1951, parmi lesquels How many more years, Dog me around et Crying at daybreak. En 1952, ayant décidé de se consacrer uniquement au chant, il part pour Chicago où il est l’un des fondateurs du Chicago blues.
À partir de cette date, il enregistre de nombreux titres pour la maison de disques Chess Records, dont Evil, I'm the wolf, Smokestack lightnin et Sittin' on top of the world. Willie Dixon, le compositeur et arrangeur attitré de Chess, lui écrit également plusieurs titres qui seront des succès et restent des classiques du blues : Wang dang doodle, You’ll be mine.
Sa carrière décline progressivement dans la fin des années 1950 en raison du changement des goûts musicaux du public noir. Il est sorti de la semi obscurité grâce au support des groupes anglais de rhythm and blues du début des années 1960, notamment les Rolling Stones qui reprirent entre autres son titre Little Red Rooster.
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Il continue sa carrière jusqu'à sa mort, apprécié du public blanc et reconnu comme l’une des grandes figures du Blues contemporain. Eric Clapton, qui lui a notamment reprisSpoonful, paya sa pierre tombale.
Grâce à sa voix puissante et rocailleuse ponctuée de phrases d'harmonica - la phrase de Sitting on top of the world ressemble à celle de Come on in my kitchen de Robert Johnson- Howlin’ Wolf s’est créé un style bluesy particulier facilement reconnaissable. Il eut une influence majeure sur le renouveau du rock dans le milieu des années 1960.
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Re: BLUESMANS AMERICAINS ET JAZZMANS

#19 Message par saintluc »

Jimmy Rushing (James Andrew Rushing), était un chanteur de blues et de jazz américain, né à Oklahoma City (Oklahoma) le 26 août 1903 et décédé à New York le 8 juin 1972.
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Il doit son surnom de « Mr. Five by Five » (cinq pieds de haut sur cinq pieds de large) à sa forte corpulence.
Après avoir joué 13 ans dans l'orchestre de Count Basie, il entame une carrière solo tout en continuant à faire des sessions, en particulier avec Duke Ellington.



[*]1955: Jimmy Rushing Sings the Blues[*]1955: Listen to the Blues[*]1956: Cat Meets Chick[*]1957: The Jazz Odyssey of James Rushing Esq.[*]1958: Little Jimmy Rushing and the Big Brass[*]1958: If This Ain't the Blues[*]1960: Brubeck and Rushing - The Dave Brubeck Quartet featuring Jimmy Rushing[*]1960: Rushing Lullabies (avec Ray Bryant, Sir Charles Thompson, Buddy Tate, Skeeter Best, Gene Ramey et Jo Jones)[*]1960: Jimmy Rushing and the Smith Girls[*]1963: Five Feet of Soul (avec Al Cohn, Snooky Young et Zoot Sims)[*]1964: Two Shades of Blue[*]1967: Every Day I Have the Blues (avec Clark Terry, Dickie Wells, Buddy Tate)[*]1967: Gee, Baby, Ain't I Good to You[*]1967: Who Was It Sang That Song? (avec Buck Clayton, Sir Charles Thompson)[*]1967: Blues and Things[*]1968: Livin' the Blues[*]1986: Sent for You Yesterday[*]1971: The You and Me That Used to Be


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Re: BLUESMANS AMERICAINS ET JAZZMANS

#20 Message par saintluc »

Mildred Bailey (de son vrai nom Mildred Rinker) est une chanteuse américaine, aux origines blanches et indiennes, née à Tekoa (Washington) le 27 février 1907, et morte d'une crise cardiaque à Poughkeepsie (New York) le 12 décembre 1951. C'est la sœur du chanteur Al Rinker (un des membres des « Original Rhythm Boys » qu'on peut entendre dans quelques enregistrements de Duke Ellington et de Paul Whiteman). Du thème « Rockin' chair » écrit spécialement pour elle par Hoagy Carmichael en 1932 naîtra son surnom « The Rockin' chair lady » (bien en accord avec son physique imposant !).
Elle fut chanteuse dans des revues californiennes et à la radio avant d'être engagée, elle aussi, dans l'orchestre de Paul Whiteman (1929). Cette collaboration s'achève lorsqu'elle épouse, en 1933, le xylophoniste (puis vibraphoniste) Red Norvo (« Mr. Swing » pour les amateurs de sobriquet : elle sera donc « Mrs Swing »). Mais elle ne fait partie de l'orchestre familial qu'en 1936, après quelques engagements dans d'autres orchestres, et tout en se produisant dans d'autres formations (par exemple avec (Benny Goodman en 1934 et 1937).
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Après son divorce, en 1939, s'ouvre une période difficile, ponctuée par des problèmes de santé de plus en plus lourds, dus au diabète. Elle apparaît ponctuellement dans des clubs new-yorkais et effectue quelques tournées, pour cesser toute activité durant la dernière décennie de son existence.
On aimerait en faire un des prototypes de ces plantureuses « mamas » noires, mais elle n'est pas noire (bien qu'elle puise partiellement son inspiration chez Bessie Smith et Ethel Waters, qu'elle en ait l'intonation « bluesy » et le swing), sa voix n'a pas l'âpreté de ses modèles, elle évolue avec agilité dans un registre plus aigu, dans un style recherché mais sans affèterie. Peu de blues à son répertoire, mais des thèmes populaires et de vieux standards de jazz. Avant l'apparition des grandes chanteuses « cool » des années 50, c'est incontestablement la meilleure vocaliste blanche de la musique dite noire.
Toute sa carrière s'étant déroulée bien avant le microsillon, n'existent que des anthologies bien partielles et arbitraires, mais aussi une exemplaire intégrale de ses enregistrements pour la firme Columbia de 1933 à 1940 et quelques éditions honnêtes (sur la marque « Classics » en France, et sur Proper en Grande Bretagne).
http://www.youtube.com/watch?feature=pl ... 12fADYDm6c
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Re: BLUESMANS AMERICAINS ET JAZZMANS

#21 Message par saintluc »

Gertrude « Ma » Rainey (Gertrude Malissa Nix Pridgett, Mrs Rainey) fut l'une des premières chanteuses de bluesaméricaine connues, née à Colombus en Georgie le 26 avril 1886 et morte à Memphis, Tennessee le 22 décembre 1939. Elle fut surnommée « la Mère du Blues ». Elle fit beaucoup pour développer et populariser le blues, et eu une influence décisive sur les générations suivantes de chanteuses de blues (telles Bessie Smith) et sur leur carrière.
Ma Rainey est née à Colombus, en Géorgie, en 1886. C'est dans cette ville qu'elle fit sa première apparition sur scène, à l'âge de quatorze ans. Elle rejoint ensuite une troupe de vaudeville itinérant, les Rabbit Foot Minstrels. En 1902, après avoir assisté à la performance d'une jeune chanteuse de blues locale à Saint-Louis, dans le Missouri, elle décida elle aussi d'adopter ce style. À l'époque, elle prétendit même être à l'origine du terme, voire avoir inventé le style lui-même, ce qui fut beaucoup contesté par les musiciens et chanteurs de blues déjà existants.
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Elle épousa le chanteur de vaudeville William « Pa » Rainey en 1904, et prit à partir de cette date le surnom de « Ma » Rainey. Le couple fit des tournées avec les Rabbit Foot Minstrels sous le nom de « Rainey & Rainey, Assassinators of the Blues », chantant un mélange de blues et de chansons populaires. En 1912, c'est elle qui fit entrer dans la troupe des Rabbit Foot Minstrels la jeune Bessie Smith, alors âgée de seize ans, la prit sous son aile, la forma et chanta avec elle pendant trois ans, jusqu'au départ de Smith en 1915.
Elle enregistra une centaine de chansons entre 1923 et 1928. À cette date, Paramount Records mit fin à son contrat, arguant que son style était devenu démodé. C'est l'une des raisons pour lesquelles sa carrière s'essouffla dans les années 1930, à l'image de celle de toutes les autres chanteuses de blues de la décennie précédente. Heureusement pour elle, elle avait mis de côté suffisamment d'argent pour pouvoir prendre sa retraite de chanteuse en 1933. Elle retourna alors dans sa ville natale de Colombus, en Géorgie, où elle tint deux théâtres, « The Lyric » et « The Airdrome », jusqu'à ce qu'elle succombe à une crise cardiaque en décembre 1939, à l'âge de 53 ans.
Ma Rainey était bisexuelle et ne s'en cachait pas dans ses chansons (cf. par exemple le morceau Prove It On Me).
L'un de ses compositions les plus célèbres est See See Rider Blues, qu'elle enregistre en 1924 et qui sera repris par de nombreux artistes, devenant un standard du blues et durock 'n' roll.
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Elle a été introduite au Blues Hall of Fame en 1983 et au Rock and Roll Hall of Fame de Cleveland, Ohio, en 1990.
Le chanteur Francis Cabrel cite Ma Rainey comme une de ses références musicales dans la chanson « Cent Ans de Plus » sur l'album Hors-saison (1999).
Bob Dylan la cite dans la chanson « Tombstone Blues », sur l'album Highway 61 Revisited (1965).
En 1994, la Poste américaine émit un timbre commémoratif de 29 cents à son effigie.
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Re: BLUESMANS AMERICAINS ET JAZZMANS

#22 Message par saintluc »

Robert Leroy Johnson, né le 8 mai 1911 à Hazlehurst, Mississippi, et mort le 16 août 1938 à Greenwood, Mississippi, était un guitariste et chanteur de blues américain. Bien que n'ayant commencé à enregistrer que trois ans avant sa mort, Robert Johnson est devenu une légende et une grande source d'inspiration pour des artistes tels que Jimi Hendrix, Jimmy Page, Bob Dylan, Brian Jones, Keith Richards ou encore Eric Clapton (Cream). En 2003, le magazine Rolling Stone l'a classé cinquième meilleur guitariste de tous les temps.
Robert L. Johnson est né dans le delta du Mississippi, dans le village de Hazlehurst, de Julia Dodds et de Noah Johnson. Sa date de naissance n'est pas connue avec précision, les traces qu'il a laissées suggèrent des dates allant de 1909 à 1912. Bien que courte, sa carrière de bluesman aura été prolifique.
Alors qu'il était encore nourrisson, sa mère et sa sœur Bessie quittent son père et vivent sur la route, travaillant d'un champ à un autre pendant plusieurs saisons avant de s'établir à Memphis chez un certain Charles Spencer. Spencer vit alors avec sa femme et sa maîtresse et les enfants de chacune d'entre elles. Bien qu'aucune tension n'ait été relatée entre les deux femmes, la mère de Robert quitte la maison des Spencer sans ses enfants. Robert vit à Memphis chez Charles Spencer jusqu'en 1918 date à laquelle le caractère obstiné de Robert convainc son hôte que la présence de sa mère pour l'élever s'avère nécessaire.
Robert, qui a pris le nom de Spencer, part donc pour Robinsonville, une communauté cotonnière du nord du Mississippi à 20 miles au sud de Memphis. Il y passe la fin de son enfance en compagnie de sa mère et de son nouveau beau-père, Willie « Dusty » Willis, qui a épousé sa mère en octobre 1916. C'est à cette époque que Robert s'intéresse à la musique. Après un premier essai de la guimbarde, il l'abandonne rapidement au profit de l'harmonica qui devient son instrument principal. C'est également pendant son adolescence qu'il apprend l'existence de son véritable père et commence à se faire appeler Johnson (il continue cependant à utiliser le nom de Spencer jusqu'au milieu des années 1920 notamment à l'école qu'il quitte rapidement à cause de problèmes de vue).
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À la fin des années 1920, il se met à la guitare et se confectionne un support pour son harmonica afin d'utiliser les deux instruments simultanément. La chanson de Leroy Carr, How Long-How Long Blues, semble être une de ses favorites à cette époque pour s'exercer à la musique. Dans ses débuts de musicien à Robinsonville, Robert reçoit l'aide de Willie Brown et de l'inévitable Charley Patton notamment.
Bien que Robert se passionne pour la musique, il ne se considère que comme un paysan lorsqu'il épouse, en février 1929, Virginia Travis à Penton dans le Mississippi. Ils s'installent alors dans une maison en compagnie de la sœur aînée de Robert, Bessie, et de son mari sur la plantation de Kline à l'est de Robinsonville.
Virginia tombe enceinte durant l'été 1929 mais elle meurt, à 16 ans, avec son enfant lors de l'accouchement en avril 1930.

C'est en 1931 qu'il rencontre Son House pour la première fois. Ce dernier, l'écoutant jouer, le ridiculise (« tu ne sais pas jouer de la guitare, tu fais fuir les gens ») et lui conseille d'abandonner la guitare pour se concentrer sur l'harmonica. Peu de temps après cet affront, il quitte Robinsonville pour sa ville natale Hazlehurst dans laquelle il espère retrouver la trace de son véritable père.
À Hazlehurst, Robert tombe entre les mains du bluesman Ike Zinnerman qui devient son mentor. Par ailleurs, étant beau garçon, il ne met pas beaucoup de temps à rencontrer une nouvelle femme, Calletta Callie Craft, de dix ans son aînée, qu'il épouse en secret en mai 1931. Callie idolâtre Robert et s'occupe de toute son intendance, cuisinant et travaillant pour lui. Ceci laisse beaucoup de temps à Robert pour travailler la musique auprès de Ike. Le samedi soir, il se rend dans les tavernes, parfois accompagné de Callie, pour jouer toute la nuit. Il commence alors à obtenir un certain respect en tant que musicien et se fait un nom sous les initiales de « R.L. » (pour « Robert Lonnie », du nom d'un musicien plus célèbre également appelé Johnson).
Robert revient finalement à Robinsonville deux ans après l'avoir quitté. Son House est abasourdi par les progrès réalisés par le guitariste avouant même qu'il est maintenant dépassé. C'est à cause de ces progrès stupéfiants que la légende du pacte avec le diable va naître à une époque où le vaudou est encore très vivace dans la communauté noire du Mississippi.
Robert Johnson va profiter de cette occasion pour mettre en place la légende. Un jour, il réunit quelques amis au coin d'un bois et leur raconte ce qui va devenir sa légende : un soir très sombre alors qu'il se promenait dans les alentours de Clarksdale dans le Mississippi, il se perdit à un carrefour (crossroads en anglais). Alors qu'il commençait à s'endormir une brise fraîche le réveilla. Il vit au-dessus de lui une ombre immense avec un long chapeau. Effrayé, ne pouvant dévisager cette apparition Johnson resta comme paralysé. Sans un mot l'apparition se pencha, prit sa guitare, l'accorda, joua quelques notes divines avant de lui rendre l'instrument et de disparaître dans le vent noir du Sud.
En réalité, cette légende provient d'un autre bluesman, Tommy Johnson, qui prétendait avoir vendu son âme au diable, un soir, à un carrefour, pour obtenir sa virtuosité à la guitare. Robert Johnson aurait donc repris cette histoire à son compte, à moins que - Tommy et lui portant le même nom (Johnson) - elle ne lui ait été attribuée à tort. Cette légende et le personnage de Tommy Johnson apparaissent dans le film des frères Coen, O'Brother. Le scénariste de la série Supernatural s'est longuement inspiré de cette légende ; le carrefour en question est le sujet central de l'épisode Crossroad blues (saison 2, épisode 8) où il est question d'un jeune musicien noir cherchant à devenir le meilleur bluesmen de sa génération. À plusieurs reprises, au long des épisodes, divers personnages de la série se rendront à cet endroit afin de rencontrer une employée de l'Enfer pour passer un pacte.
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Robinsonville étant principalement une ville de paysans, Robert se rend compte qu'il ne souhaite pas travailler dans les champs et décide donc de partir pour mener sa vie de musicien. Ceci l'amène à voyager dans tout le delta du Mississippi et il finit par s'établir (bien que n'arrêtant jamais de voyager) à Helena chez Estella Coleman, l'une de ses maîtresses. Robert prend d'ailleurs sous son aile le fils d'Estella qui porte le même prénom que lui, Robert Lockwood Jr., et l'aide à améliorer son jeu.
Helena est une ville très riche musicalement et Robert côtoie des artistes tels que Sonny Boy Williamson II, Robert Nighthawk, Elmore James, Howlin' Wolf ou encore Johnny Shines avec qui il s'associe un moment. Johnny Shines dira sur cette période :





Citation:



« Nous étions sur la route des jours et des jours, sans argent et parfois sans nourriture, cherchant un endroit décent pour passer la nuit. On jouait dans des rues poussiéreuses et des bars crasseux, et tandis que j'étais à bout de souffle et me voyais vivre comme un chien, il y avait Robert tout propre comme s'il sortait d'une église le dimanche ! »






Vers le milieu des années 1930, Robert Johnson est musicien professionnel depuis plusieurs années, il jouit d'une certaine célébrité dans la région et souhaite enregistrer des disques comme ses références Willie Brown, Son House et Charley Patton. Robert auditionne alors pour H. C. Speir à son magasin de musique. Speir détient un accord avec American Record Company mais pour diverses raisons il prend seulement son nom et son adresse et les transmet à Ernie Oertle d'American Record Company. Après une nouvelle audition, Oertle décide de l'enregistrer à San Antonio.La première session d'enregistrement de Robert est réalisée en novembre 1936 par Don Law. Il enregistre ainsi Terraplane Blues une de ses chansons les plus connues qui devient rapidement un succès pour le label Vocalion Records. Il est rappelé au Texas en juin, mais bien que Don Law apporte le meilleur matériel en sa possession, rien n'égale le succès de Terraplane.
Bien que six des onze enregistrements de Johnson soient encore au catalogue de Vocalion en décembre 1938, il n'est rappelé ni le printemps, ni l'été suivant.

Il meurt le 16 août 1938 dans des circonstances mystérieuses. Après un concert dans un bar de Greenwood, il se sent mal et il est emmené chez un ami. Certains estiment qu'il a été empoisonné par un mari jaloux, d'autres qu'il a succombé à la syphilis, ou à une pneumonie (pathologie pour laquelle il n'existait aucun traitement à l'époque), voire à l'action combinée des trois, les versions étant aussi vraisemblables les unes que les autres compte tenu de ce que l'on sait de la vie de ce bluesman légendaire. Sonny Boy Williamson racontera que Robert Johnson aurait consommé une bouteille de whisky empoisonnée à la strychnine offerte par le tenancier d'un bar jaloux de le voir tourner autour de sa femme. Le bluesman agonisera trois jours avant de décéder. Néanmoins, cette version est contestée (tout comme de nombreux faits intervenus dans sa vie). Robert Johnson fut le premier d'une série d'artistes « maudits » morts à l'âge de 27 ans, qu'on appellera « Club des 27 ». Quatre ans plus tard, un cyclone ravageait les lieux de sa mort.
Sur son certificat de décès, sous « cause de la mort » on trouve la mention « no doctor » (« pas de docteur »)
Le jeu de guitare de Johnson, en plus d'être adroit et véloce, présentait une certaine originalité comme l'utilisation des cordes basses pour créer un rythme entraînant, comme par exemple sur la chanson Sweet Home Chicago. Il utilisait beaucoup les accords ouverts. Par ailleurs, sa voix était également étonnamment haute.
Les influences de Johnson sont principalement à chercher du côté de Son House mais aussi de Skip James ou Lonnie Johnson.
Johnson est fréquemment cité comme « the greatest blues singer of all time » (« le meilleur chanteur de blues de tous les temps »), cependant beaucoup d'auditeurs restent déçus à la première écoute de ses morceaux. Cette réaction peut être due à une relative méconnaissance de l'émotion brute et de la forme épurée du Delta blues ou tout simplement à cause de la qualité de l'enregistrement médiocre comparée aux standards de production actuels.

Durant sa courte carrière, il aura laissé 29 titres enregistrés, 3 photos et 3 tombes. Sa vie, sa musique et sa mort en ont fait une légende pour plusieurs générations de bluesmen et de rockers.
Il laisse à la musique des morceaux tels que Sweet Home Chicago (repris par les Blues Brothers), Travelling Riverside Blues (repris par Led Zeppelin), Love in Vain (repris par les Rolling Stones), Walking blues, Malted Milk (repris par Eric Clapton sur l'album Unplugged) ainsi que Come on in My Kitchen (repris par Allman Brothers Band, Eric Clapton sur l'album Me and Mr Johnson, Keb Mo sur l'album Keb' Mo', Bob Brozman sur l'album A Truckload of Blues) et par Joël Daydé sur l'album Spleen Blues, Crossroads (repris par Cream, Lynyrd Skynyrd), They're Red Hot (repris par les Red Hot Chili Peppers), Stop Breakin' Down Blues (repris par White Stripes) etc.
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Eric Clapton lui a aussi dédié un album entier de reprises, Me and Mr. Johnson, en référence à la chanson de Johnson Me and the Devil. Todd Rundgren a fait de même avec son album Todd Rundgren's Johnson (2011).
Depuis 2003, il a été élu cinquième meilleur guitariste de tous les temps par le magazine américain Rolling Stone dans le classement des 100 plus grands guitaristes de tous les temps.
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Re: BLUESMANS AMERICAINS ET JAZZMANS

#23 Message par saintluc »

Dinah Washington (29 août 1924 – 14 décembre 1963) était une chanteuse américaine de blues, jazz et gospel. Dinah Washington est née à Tuscaloosa dans l'Alabama et a grandi à Chicago dans l'Illinois. Sa voix puissante et remplie d'émotion la fit surnommer Queen of the Blues (« reine du blues »).
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Elle commence adolescente à jouer du piano dans les églises de Chicago, remporte un concours de chant, se produit avec Fats Waller en 1942 et l'année suivante grâce à l'imprésario Joe Glaser est engagé par Lionel Hampton chez qui elle reste jusqu'en 1946. Elle enregistre des blues avec Lucky Thompson en 1945 puis signe en 1946 avec la firme Mercury. Sa notoriété grandit rapidement par ses prestations à l'Apollo theatre sur la 125e rue à Harlem. Le grand succès commercial de ses disques en fait une idole de la communauté noire et une personnalité qui compte dans la vie artistique de Harlem. Elle est propriétaire de plusieurs cabarets et dirige une agence de concerts. Au milieu des années 1950, la qualité de son chant et de ses interprétations, associée à un exceptionnel sens musical, séduisent de nombreux musiciens de jazz, parmi lesquels l’arrangeur Quincy Jones, les trompettistes Clifford Brown et Clark Terry, le saxophoniste Ben Webster, le grand pianiste Joe Zawinul ou encore le batteur Max Roach. À la fin des années 1950 Dinah Washington fait une incursion remarquée dans le domaine de la variété avec le hit what a difference a day makes puis chante avec Brook Benton. Elle meurt prématurément en 1963 d'une overdose de somnifères et d'alcool au sommet de sa gloire.
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Re: BLUESMANS AMERICAINS ET JAZZMANS

#24 Message par saintluc »

William Basie, dit Count Basie, né le 21 août 1904 et mort le 26 avril 1984, est un pianiste, organiste et chef d'orchestrede jazz. Son orchestre s'inscrit dans la tradition de Kansas City, ville-berceau du Middle Jazz orchestral. Il était surnommé la machine à swing.
Son big band représente, avec celui de Duke Ellington, la quintessence du jazz classique dont il a porté la bonne parole pendant 50 ans dans le monde entier. Il a abordé tous les registres, du blues aux succès de Broadway en passant par les grands standards, toujours avec la même ferveur sincère.
Le Count Basie Orchestra aura été un tremplin pour nombre de musiciens majeurs de l'époque comme Lester Young,Herschel Evans, Buck Clayton, Harry "Sweets" Edison, Dickie Wells, Buddy Tate.
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Son père est cocher et c'est sa mère pianiste qui donne au tout jeune William ses premières leçons de piano. Les études seront brèves, et en échange de menus services au théâtre Palace, il assiste aux spectacles gratuitement. Il lui arrive de remplacer le pianiste titulaire et de faire bonne figure après avoir mémorisé d'oreille tous les airs du show. Adolescent, il accompagne au piano des films muets dans les cinémas de sa ville natale. A l'aise au piano, il préférait la batterie, mais un certain Sonny Greer, autre musicien du coin et futur drummer (batteur) de Duke Ellington ne l'encouragea point sur cette voie. Sonny et lui jouent brièvement ensemble, puis William assure quelques petits jobs pour des spectacles de danse, des villages de vacances ou d'autres festivités privées avant de partir en 1924 pour New York.
Il s'installe à deux pas du théâtre alhambra dans le quartier de Harlem. Là il rencontre les grands pianistes stride de l'époque : James P. Johnson, Willie the lion Smith et surtoutFats Waller qui marquera le jeune Basie de sa forte personnalité. Entre 1925 et 1927, il participe aux tournées du circuit T.O.B.A (Theatre Owners Booking Association) avec les chanteuses de blues Kattie Crippen et Gonzelle White qui l'emmènent à Chicago, Saint-Louis et à La Nouvelle-Orléans. Il montre ses talents de pianiste dans des vaudevillescomme Kattie Crippen and her Kids et Gonzelle White and the Big Jazz Jamboree.
Après avoir travaillé à Harlem dans le club Leroy's fréquenté par les musiciens rompus à toutes les batailles (battles) et concours de piano qui soient, Basie retrouve Fats Wallerjoueur d'orgue au Lincoln theater et apprend de lui les rudiments de l'instrument. En 1928 à Tulsa, il découvre les Blue Devils un orchestre de renom, créé et dirigé par le contrebassiste Walter Page avec Jimmy Rushing comme chanteur. A Kansas City quelques mois plus tard, il rejoint le groupe et c’est à cette époque qu'il prit le surnom de Count.
À Kansas City, l'orchestre phare était celui de Bennie Moten ; au départ petite formation il devient un big band en 1927. En 1928 il connait un gros succès avec South, mais il n'a pas de musiciens de grand renom. Bennie Moten recrute ainsi "à la volée" chez son rival les Blue Devils Eddie Durham, puis Count Basie, et pour clore la liste Hot Lips Page et le chanteur Jimmy Rushing. Count écrit des arrangements mais se retrouve assez vite à remplacer le chef au piano. En 1931 viendront enrichir le personnel le saxophoniste alto Eddie Barefield, le tromboniste Dan Minor ainsi que Ben Webster, et enfin en 1933 trois recrues majeures complètent l'effectif, le clarinettiste Buster Smith et surtout les saxophonistes ténor Lester Young et Herschel Evans.
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Alors que l'orchestre est au sommet de la popularité, Bennie Moten meurt des suites d'une opération de chirurgie. Count Basie aidé de Buster Smith remonte un orchestre qu'il nomme Count Basie and his barons of rhythm en rassemblant les meilleurs musiciens avec lequel il décroche un engagement au Reno club de Kansas City. Le producteur John Hammond, découvreur de talents et initiateur des concerts de jazz radiodiffusés, entend l'orchestre sur les ondes de W9XBY et devient leur imprésario. Suivent des engagements au Grand Terrace Theatre de Chicago, puis au Roseland Ballroom de New York.
Le 9 octobre 1936, séance d'enregistrement sous le nom de Jo Jones Buster Smith group chez Vocalion, puis pour la première fois sous le nom de Count Basie et son orchestre le 21 janvier 1937 chez Decca avec des titres qui vont inscrire cette formation parmi les meilleures du pays. Parmi ces titres : Honeysuckle Rose célèbre composition de Fats Waller,Swingin at the Daisy Chain qui met en valeur avec la sourdine le trompettiste Buck Clayton et Roseland Shuffle. Le 7 juiilet 1937, enregistrement du morceau qui deviendra l'unique indicatif de l'orchestre, One O'Clock Jump.
La séance du 9 aout 1937 ne cède rien en qualité aux deux précédentes. Seront gravés sur l'acétate un mémorable Good Morning Blues chanté par Jimmy Rushing suivi de deuxmasterpieces : Topsy et Time Out. Lors de l'ultime session de l'année, le 13 octobre, un titre sort du lot Out of the Window. Par la clarté et la richesse de ses arrangements, la souplesse racée de sa section rhythmique, le brio de ses solistes en tête parmi lesquels on trouve Buck Clayton, Lester Young, Harry Edison et Count Basie lui-même, une ferveur collective groove qui n'a d'égale que la volonté individuelle de donner le meilleur de soi, ce millésime 1937 restera dans son parcours musical marquée d'une pierre blanche. John Hammond présente à Count Basie une jeune chanteuse prometteuse, Billie Holiday, avec lequel elle chante pendant près d'un an en public mais qui, pour cause de contrat exclusif, ne peut enregistrer en studio. L'orchestre se produit pour la première fois à l'Apollo theatre.
Pendant les années 1940, son groupe est reconnu internationalement, même durant la Seconde Guerre mondiale, qui cause quelques problèmes financiers. À l’exception des années 1950, où Basie fait quelques tournées avec une petite formation, il continue à être chef d’orchestre pour son groupe jusqu'à sa mort. Pendant tout ce temps, Basie a du succès commercial avec chaque enregistrement sonore qu’il livre au public.
En 1976, il est victime d'une crise cardiaque. En 1984 il décède d'un cancer à l'âge de 79 ans.
Il fut membre de la franc‑maçonnerie de la Prince Hall Lodge à New York
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La musique semblait couler d'elle-même : beaucoup de blues et de thèmes simples à base de riffs, portés par une superbe section rythmique toute en souplesse et développés par des solistes d'exception. La pratique des "head arrangements", arrangements non écrits issu de la complicité entre les musiciens, ajoute à la spontanéité de la musique. Les arrangements sont construits pour faire monter la tension tout en racontant une histoire avec son début, son développement et sa conclusion. Les solos s'insèrent dans cet orchestre en enrichissant les motifs orchestraux et créant souvent un effet de suspens. Basie introduit aussi la "chase" (duel) entre solistes et notamment entre ses deux saxophonistes ténors aux styles opposés, Hershell Evans et Lester Young. Ce dernier, par son style très original, enrichit particulièrement le discours musical de l'orchestre et plusieurs titres sont construits pour le mettre en valeur comme "Roseland Shuffle" ou "Every Tub".
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À partir des années 40, le jeu d'ensemble gagne en complexité et prend une place toujours plus importante face aux solistes.
Son deuxième grand orchestre, à partir des années cinquante, fait la part plus belle à des arrangements (signés Neal Hefti,Ernie Wilkins, Quincy Jones, Frank Foster, Thad Jones, Billy Byers, Benny Carter...) servis par une parfaite unité d'ensemble et un grand sens de la dynamique.
Au piano, l'économie de notes était la marque du style laconique de Basie, à l'intense pouvoir rythmique.
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Re: BLUESMANS AMERICAINS ET JAZZMANS

#25 Message par saintluc »

Benjamin David "Benny" Goodman (30 mai 1909 à Chicago, 13 juin 1986 à New York) est un clarinettiste, et chef d'orchestre de jazz américain. On le connaît également comme étant le Roi du swing.
Benny Goodman est né le 30 mai 1909 à Chicago dans l'Illinois. Il est le neuvième des douze enfants de David Gutman et Dora Grisinsky, immigrants modestes de l'Empire russe. C'est à l'âge de 10 ans qu'il prend pour la première fois uneclarinette, au cours de musique donné à la Kehelah Jacob Synagogue, dont il intègre l'orchestre à l'âge de 11 ans. Avec toute la détermination qu'il possède, il devient professionnel à l'âge de 14 ans, et son salaire lui permet d'aider sa famille financièrement. Il est âgé de 16 ans lorsqu'on lui demande de se joindre à un groupe de musique basé en Californie, dirigé par Ben Pollack, avec qui il fait ses premiers enregistrements. Il demeure dans ce groupe pendant quatre ans.
C'est en 1929, à l'âge de 20 ans, après son séjour en Californie qu'il s'établit à New York. Il se produit dans de nombreuses formations et dirige plusieurs orchestres. C'est à cet âge également qu'il devient musicien indépendant.
En 1934, il crée un Big Band, qui deviendra un des orchestres les plus populaires de l'ère du swing. Cette même année, lui et son orchestre passent une audition pour participer à une émission radiophonique de la NBC (National Broadcasting Company) intitulé "Let's Dance". Il obtient le contrat et pendant cette émission, il joue en rotation avec deux autres orchestres ayant un style de musique différent. L'émission est diffusée sur les ondes de la NBC de décembre 1934 au 25 mai 1935. Parmi les musiciens qui participent à son orchestre au cours de ces années on peut citer, entre autres, les arrangeurs Fletcher Henderson, Edgar Sampson, Benny Carter et Eddie Sauter, les trompettistes Bunny Berigan,Harry James, Ziggy Elman, les saxophonistes Vido Musso, Bud Freeman et Georgie Auld, le guitariste Charlie Christian, le pianiste Jess Stacy et les batteurs Gene Krupa et Dave Tough.
C'est en juillet 1935 que le Benny Goodman Trio naît, grâce à l'arrivée de Teddy Wilson. Par la suite, ce trio devient le Benny Goodman Quartet puisque Lionel Hampton se joint à eux en août 1936.
En formant ces petits groupes, Benny est un des premiers musiciens blancs à embaucher, à une époque où sévit une ségrégation raciale, des musiciens noirs. Le premier est le pianiste Teddy Wilson en 1935 et par la suite, suivent le vibraphoniste Lionel Hampton, le guitariste Charlie Christian et le trompettiste Cootie Williams (ces deux derniers musiciens font également partie du Big Band).
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Après la série Let's Dance, l'orchestre de Benny Goodman est finalement prêt à entreprendre une tournée à travers le pays. Malheureusement, cette tournée n'est pas un succès. Cela change lorsqu'ils arrivent à Los Angeles au "Palomar Ballroom" en août 1935. La raison principale pour laquelle leur prestation à Los Angeles n'est pas désastreuse, c'est que la musique de l'orchestre de Benny Goodman est écoutée par un auditoire différent. Ce sont les jeunes de cette ville qui se sont déplacés par milliers pour entendre le groupe de Goodman. Cette prestation fait la "une" des nouvelles nationales et est diffusée à travers le pays. Benny Goodman et son orchestre jouent dans cette même salle pendant plus de deux mois et deviennent ainsi célèbres. On dira même que cette époque est celle du début officiel de l'ère du swing. Durant cette même année 1935, lui et son orchestre jouent au Palais des Congrès de Chicago, et commencent une importante série de concerts Jazz aux États-Unis.
Le 16 janvier 1938, est la date la plus importante de sa carrière musicale, le Carnegie Hall de New York lui ouvrant ses portes.
C'est dans ce temple de la musique américaine situé dans la septième avenue en plein cœur de New York où plusieurs grands artistes débutèrent leur carrière (La salle est également la maison de la philharmonique de New York) qu'a lieu en ce jour du 16 janvier 1938 la consécration pour Benny Goodman. C'est un peu grâce à Wynn Nathanson et de son "coup de publicité" que l'orchestre de Goodman a la chance de jouer au Carnegie Hall, salle pouvant accueillir 2760 personnes. En peu de temps, le stock des billets est épuisé et ce, plusieurs semaines avant le concert. Pour assister à la prestation, les gens déboursent 25 $ US pour un billet d'entrée, prix relativement élevé à cette époque. Lors de ce concert historique Benny Goodman, que l'on entend jouer avec Harry James, Ziggy Elman, Teddy Wilson, Jess Stacy, Lionel Hampton et le batteur Gene Krupa partage aussi l'affiche avec des invités prestigieux comme Duke Ellington et Count Basie. C'est également dans cette salle que Benny Goodman débute sa carrière de soliste.
Sa carrière est dirigée par son beau-frère John H. Hammond. C'est grâce à ce dernier qu'en 1938, Benny Goodman est le premier musicien de jazz à se produire au Carnegie Hallde New York. C'est à partir de ce moment qu'il est baptisé The King of Swing (le Roi du Swing). Ce surnom lui est donné par Gene Krupa, et encore aujourd'hui, on le connaît sous ce surnom.
Le morceau Taking a Chance on Love est numéro 1 aux États-Unis en juin 1943 trois semaines consécutives.
Benny Goodman a la chance de jouer avec des artistes renommés tels que: Bix Beiderbecke, Louis Armstrong, Billie Holiday, Ella Fitzgerald, Count Basie, Mildred Bailey, Bessie Smith, et plusieurs autres.
En 1947, Benny Goodman dissout son Big Band. Il se produit à partir de cette date essentiellement comme leader de petites formations. Même s'il n'occupe plus le devant de la scène du jazz, il reste tout de même très actif. Il participe à de nombreux films dont A Song is Born (Howard Hawks, 1948) et The Benny Goodman story (Valentine Davies, 1955).
C'est pendant les années 1960, que Benny Goodman est élevé au titre d'ambassadeur du jazz en faisant des tournées en dehors des États-Unis pour l'US State Cultural Departement Exchange Program. Il visite l'Asie en 1956, fait une tournée en Amérique du Sud en 1961, en URSS en 1962 ainsi qu'au Japon en 1964. Il est donc le premier musicien de jazz américain à se produire en Union des républiques socialistes soviétiques.

Après avoir gagné plusieurs prix de toutes sortes, Benny Goodman est reconnu sur le Down Beat Jazz Hall of Fame en 1957. À la suite de cette reconnaissance, Benny continue à jouer de la musique et à enregistrer, avec des petites formations ou en solo. Il poursuit également ses pratiques de pièces classiques à la clarinette. De temps en temps, il reforme un nouvel orchestre afin de jouer dans des festivals jazz ou faire une tournée internationale. Malgré ses problèmes de santé, il ne cesse jamais de jouer de la clarinette, et ce, jusqu'à sa mort. Il habite longtemps Pound Ridge, dans l'État de New York.
Le 17 janvier 1978, on célèbre le 40e anniversaire de son premier concert au Carnegie Hall. Pour cette occasion, il met sur pied un orchestre Big Band, mais il faut préciser qu'il n'essaye pas de recréer le programme original.
Il meurt d'un arrêt cardiaque le 13 juin 1986 à New York à l'âge de 77 ans. On l'enterre au cimetière Long Ridge à Stamford, dans leConnecticut. Cette même année, il est honoré du Grammy Lifetime Achievement Award.
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Toutes les partitions que Benny Goodman a écrites ont été léguées à l'Université Yale après sa mort.
Benny Goodman a comme agent et meilleur ami un dénommé John H. Hammond. Ce dernier est né le 15 décembre 1910 à New York. Il était le fils de James Henry Hammond et d'Emily Vanderbilt Sloane. Les liens d'amitié entre eux connaissent des hauts et des bas à partir des années 1930.
C'est grâce à John H. Hammond, qui était producteur de disques à l'époque chez Columbia Records, que Benny Goodman fait un transfert de RCA Records à Columbia Records en 1939.
Il rencontre la sœur de Hammond, et c'est en mars 1942, après trois mois de fréquentations qu'il épouse Alice Hammond. Ils ont deux filles : Rachel et Benjie. Toutes les deux ont étudié en musique, mais ni une ni l'autre n'a fait carrière dans ce domaine. Alice Hammond Goodman est décédée en 1978.
S'appuyant sur des arrangements étudiés pour l'ensemble de l'orchestre, il était le maître des solos d'improvisation basés sur une dextérité technique remarquable et fluide, à l'intonation précise et au vibrato assorti. Son jeu était parsemé de glissandos du grave à l'aigu et vice-versa. La prise directe d'une note dans le haut de l'octave supérieure, exercice particulièrement délicat, en faisait partie.
Pendant l'été de 1935, Benny Goodman et son trio, ont enregistré quatre pièces classiques du répertoire de Jazz. Dans la pièce "After You've Gone" on entend Benny Goodman comme soliste. Sa façon de jouer cette pièce, son doigté, et sa facilité d'exécution, nous permet d'entendre presque tout le registre de la clarinette.
Musicien accompli, Benny Goodman a aussi pratiqué la musique classique, enregistrant, entre autres, le concerto pour clarinette de Mozart. Sa notoriété lui a permis de commander des pièces à des compositeurs comme Béla Bartók (Contrastes pour clarinette, violon et piano, 1940), Aaron Copland (Concerto pour clarinette, 1948 dont il avait passé commande en 1943) ou Leonard Bernstein (Prélude, fugue et riffs). Il a joué également George Gershwin, Darius Milhaud et Brahms, dont, peu de temps avant sa mort, il s'exerçait à jouer une sonate.
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Des années 1920 aux années 1940, on vit l'apparition d'un nouveau courant musical appelé l'époque du swing, la période du « jazz du milieu » ou même l'ère des Big Band. Cette période donna naissance à plusieurs orchestres tels que celui de Duke Ellington (au Cotton Club) ou celui de Count Basie.
La danse Jitterbug fut également associée à cette musique, et son style évolua avec la musique. Le Jitter Bug naquit dans la communauté noire américaine, et cette danse devint un phénomène dès l'année 1935. Dans cette même année, les Big Band blancs devinrent très populaires, notamment celui de Benny Goodman.
Les premiers développements de la musique jazz furent marqués, comme le reste de la société américaine, par la ségrégation raciale. Goodman participa à la lutte contre cette ségrégation au milieu des années 1930, quand il commença à engager des musiciens noirs, tels Teddy Wilson (pianiste), Lionel Hampton (vibraphoniste) et Charlie Christian(guitariste) dans son Big Band.
Comme on peut le voir dans la filmographie ci-dessous, l'orchestre de Benny Goodman a fait plusieurs apparitions dans des films pour des pièces musicales. Mais le seul dans lequel il ait joué un véritable rôle fut Sweet and Low Down en 1944.
En 1955, sort un film sur la vie de Benny Goodman de Valentine Davies. Il porte le nom de The Benny Goodman Story, (116 minutes). Les acteurs que l'on retrouve dans cette production sont Steve Allen et Donna Reed. Le film retrace l'histoire de Benny Goodman, depuis ses disputes avec ses parents sur son choix de carrière, jusqu'aux frustrations musicales qu'il connut. Y apparaissent : Gene Krupa, Lionel Hampton, Teddy Wilson, Harry James, Martha Tilton, Ziggy Elman et Ben Pollack.

Il n'y a d'homme plus complet que celui qui a beaucoup voyagé,
qui a changé vingt fois la forme de sa pensée et de sa vie.
Alphonse de Lamartine
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