saintluc a écrit :A la découverte de la pomme originelle
Des forêts de pommiers sauvages ont été découverts au Kazakhstan. Les croiser avec d'autres espèces pourrait limiter l'usage de pesticides
C’est la “mère de toutes les pommes”. L’espèce Malus sieversii pousse à l’état sauvage dans des forêts de pommiers primitifs du Kazakhstan, en Asie centrale, depuis la disparition des dinosaures, il y a soixante-cinq millions d’années.
"Des goûts qu'on a oubliés"
“Chaque arbre est différent. On voit des fruits de toutes les couleurs, de toutes les tailles, avec des goûts qu’on a oubliés”, s’enthousiasme Elisabeth Leciak, commissaire d’une exposition sur l’origine de la pomme, présentée jusqu’au 5 mars au Chai de Bercy à Paris.
Eviter les pesticides
Découverte par la communauté scientifique internationale après la chute de l’empire soviétique, la pomme kazakh constitue un réservoir génétique unique. Par des croisements, elle pourrait améliorer la résistance de nos pommes classiques et éviter l’emploi de nombreux pesticides. Aujourd’hui, une pomme subit une trentaine de traitements avant d’être consommée.
Mais ces pommiers primitifs sont menacés : 70 % de la forêt a déjà disparu. Une association, Alma, s’est créée pour préserver ce patrimoine.
C’est un jardin d’Eden qui aurait pu inspirer l’histoire d’Adam et Eve. A la frontière entre la Chine et le Kazakhstan, les montagnes du Tian Shan abritent une forêt de pommiers sauvages qui a longtemps été oubliée des hommes. Jusqu’à ce qu’un biologiste russe émette en 1929 l’hypothèse que les forêts d’Almaty soient le berceau de nos pommes modernes.
Un siècle plus tard, des analyses ADN lui ont donné raison : le séquençage complet du génome de nos pommes domestiques confirme que les pommiers kazakhs, apparues sur Terre à l’ère des dinosaures, il y a soixante-cinq millions d’années, sont bien les ancêtres vivants de nos golden, granny smith ou reinettes. Cette découverte historique majeure, qui fait l’objet jusqu’au 5 mars d’une exposition au chai de Bercy (Paris XIIe), pourrait demain révolutionner les pratiques des pomiculteurs (voir encadré). Car ces pommes préhistoriques, baptisées Malus sieversii, sont naturellement résistantes aux principales maladies qui affectent les vergers.
Une saveur incomparable que l’on doit aux ours
Lorsque la biologiste Catherine Peix, auteur du documentaire « l’Origine de la pomme ou le jardin d’Eden retrouvé », a découvert pour la première fois les « montagnes célestes » du Kazakhstan, elle est restée bouche bée devant ces forêts d’arbres monumentaux pouvant atteindre plus de 30 m de haut, entrelacés de lianes et croulant sous une abondance de fruits. « Au pied des neiges éternelles, entre 800 m et 2000 m d’altitude, les pommiers kazakhs ont su s’adapter à des températures oscillant entre - 40 oC l’hiver et + 40 oC l’été », souligne Catherine Peix, qui se bat au sein de l’association Alma pour préserver ce « trésor ». Certains fruits ont la chair rouge et des arômes « de rose, de banane ou de framboise ».
Une saveur incomparable que l’on doit… aux ours. « Ils se nourrissaient des fruits les plus gros et les plus sucrés et ont dispersé, grâce à leurs déjections, des graines partout dans les montagnes », explique Elizabeth Leciak, secrétaire générale de l’association Alma.
Ces pommes rouge, verte et jaune ont ensuite été transportées par les nomades au gré des migrations de population et des guerres, passant de la Mésopotamie à la Rome antique. Domestiquées il y a deux mille ans, les héritières de Malus sieversii ont malheureusement perdu au fil de leurs pérégrinations l’incroyable richesse génétique et gustative de leurs aïeules.
« Pour satisfaire aux standards de la grande distribution, on ne trouve plus aujourd’hui qu’une dizaine de sortes de pommes au supermarché, alors qu’il en existe 5000 variétés menacées de disparition, déplore le président de l’Association des croqueurs de pommes, Jean Lefèvre. En tant que sapeurs-pompiers des terroirs, on se doit de protéger ce patrimoine génétique ancien. » Catherine Peix a fait de ce combat une priorité, craignant que les arbres pluricentenaires de son jardin d’Eden ne soient menacés au Kazakhstan par la déforestation, les pillages et l’urbanisation.
http://www.leparisien.fr/laparisienne/s ... 817525.php
A la frontière entre la Chine et le Kazakhstan, dans les montagnes du Tian Shian, poussent des pommiers sauvages, nés il y a 65 millions d’années.
En 1929, un biologiste russe avance l’idée que ces pommes seraient les ancêtres de nos pommes modernes. Une hypothèse confirmée récemment par des analyses ADN : ces pommiers sauvages sont bien à l’origine des quelque 6000 variétés de pommes existant aujourd’hui. Une découverte majeure, car cette pomme, à la saveur incomparable paraît-il, est naturellement résistanteaux principales maladies qui affectent aujourd’hui les vergers. Par croisements de nos espèces actuelles avec le matériel génétique de ces pommiers sauvages (Malus sieversii), on peut en effet imaginer créer des pommes naturellement protégées des maladies et des insectes. Cette pomme détient peut-être ainsi en elle les solutions pour une arboriculture sans pesticides... Encore faut-il que ces pommiers sauvages, trésors de biodiversité, soient sauvegardés – c’est le cheval de bataille de l’association Alma, créée il y a deux ans. Ces véritables jardins d’Eden sont en effet menacés par l’urbanisation galopante et par la déforestation massive, qui auraient déjà dévasté 70% des pommiers.
Une expo à ParisRemontez aux origines de la pomme et découvrez l’histoire incroyable de ces pommiers sauvages, qui se sont reproduits au fil des ans grâce aux déjections des ours, ces derniers se nourrissant des meilleures pommes et dispersant ainsi des graines partout dans la montagne !
La mairie de Paris présente jusqu’au 5 mars une exposition, conçue par Catherine Peix, réalisatrice, Hélène Bozzi, photographe et Elisabeth Leciak, journaliste scientifique, membres fondateurs d’Alma, sur "l’origine de la pomme".
En plus de cinquante photographies inédites commentées, l’exposition nous transporte aux origines du plus célèbre des fruits, à la rencontre des forêts ancestrales et de la biodiversité, et d’une aventure scientifique hors du commun. On peut y voir le film de Catherine Peix, "l’origine de la pomme ou le jardin d’Eden retrouvé", déjà diffusé par Arte.
L’origine de la pomme
Chai de Bercy, 41 rue Belmondo, Paris 12e
Métro Bercy ou Cour St Emilion, station Vélib’
ouvert tous les jours de 10h à 17 h - entrée libre
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http://alimentation.gouv.fr/la-pomme-originelle-a-ete