Le béluga ou bélouga, appelé également Dauphin blanc est un grand cétacé blanc de l'océan Arctique. Le nom béluga vient du mot russe beloye qui signifie blanc.
Le béluga a été décrit en premier par Peter Simon Pallas en 1776. Il fait partie de la famille des Monodontidae au même titre que le narval. Le dauphin Irrawaddy fut un temps classé dans cette famille avant que de récentes études génétiques n'infirment cette hypothèse.
Le plus ancien ancêtre connu du béluga est le Denebola brachycephala espèce du Miocène aujourd'hui éteinte. Un seul fossile a été découvert, dans la péninsule de la Basse-Californie, indiquant que la famille prospérait autrefois dans des eaux plus chaudes. Les fossiles suggèrent également que l'habitat des bélugas s'est déplacé en fonction de la couverture de la banquise : suivant son expansion durant les périodes glaciaires et de son retrait au cours des périodes de réchauffement.

Cet animal social peut atteindre 6m de long, il est plus grand que la majorité des dauphins mais bien moins que les autres baleines. Les mâles adultes sont généralement plus grands que les femelles, et peuvent peser jusqu'à une tonne et demi (femelles aux alentours de la tonne). Les bélugas nouveau-nés, appelés familièrement « veau », mesurent environ 1,50 m de long pour un poids de 80 kg. Il est difficile de confondre ce cétacé avec un autre à taille adulte : il possède une crête dorsale résultat de l'atrophie d'un aileron et est entièrement blanc à l'inverse des jeunes bélugas qui sont gris. De même, sa tête ne ressemble à celle d'aucun autre cétacé : la zone frontale est souple et en forme de bulbe. Le béluga est d'ailleurs capable de « gonfler » son front en envoyant de l'air dans ses sinus. Enfin, contrairement aux autres cétacés, ses vertèbres cervicales ne sont pas soudées, impliquant une certaine flexibilité du cou qui lui permet de déplacer sa tête latéralement.
Le béluga appartient au genre apterus (qui signifie en latin « sans ailes ») en raison de l'absence d'aileron dorsal. Les scientifiques pensent que cette préférence évolutive pour une crête dorsale plutôt que pour un aileron, est due à une adaptation à la vie de ces créatures sous la glace, ou un moyen de réduire la surface de peau pour éviter une trop grande dissipation de chaleur.
Le corps du béluga ressemble globalement à un cylindre (en particulier lorsqu'il est bien nourri) qui s'effile vers le museau et vers la queue. Au fur et à mesure du développement de la nageoire caudale, celle-ci s'incurve de plus en plus. Les nageoires latérales sont larges et courtes et présentent une forme grossière de quadrilatère.
La maturité sexuelle intervient à l'âge de huit ans pour les mâles, et à cinq ans pour les femelles. Les mères donnent naissance à un unique petit au cours du printemps suivant la période de gestation d'une durée de quinze mois. Les petits bélugas sont uniformément gris foncé ; mais cette coloration s'éclaircit avec l'âge, allant de bleu à gris, jusqu'à ce qu'ils prennent enfin leur couleur blanche typique à l'âge de neuf ans pour les mâles et sept ans pour les femelles. Les petits restent sous la protection de la mère deux ans durant. L'accouplement du béluga n'est pas très bien connu ; il survient probablement au cours de l'hiver ou au tout début du printemps, quand les groupes de bélugas sont encore dans leur territoire hivernal ou alors au début de leur période de migration. Cependant, l'accouplement semble survenir à d'autres périodes également. Un béluga vit en moyenne trente ans.

L'habitat du béluga est compris entre 50° N a 80° N, dans les eaux arctiques et subarctiques. Il existe également une population isolée depuis 7000 ans qui vit dans l'estuaire du fleuve Saint-Laurent et dans la rivière Saguenay autour du village de Tadoussac au Québec. Au printemps, les groupes de bélugas gagnent leur territoire estival : des baies, des estuaires et d'autres eaux peu profondes. Il a été remarqué qu'une femelle béluga regagne années après années toujours le même territoire estival. Ces zones sont prises dans les glaces l'hiver, les groupes refluent alors vers le large. La plupart avancent ensuite au fur et à mesure de la progression de la banquise. D'autres restent sous la glace, survivant grâce aux endroits de la banquise non gelés qui leurs permettent de respirer ; ou alors grâce aux poches d'air emprisonnées sous la glace. La facilité avec laquelle les bélugas sont capables de trouver des zones où la glace est si fine qu'il est possible de la briser pour respirer en surface, alors que plus de 95% de la banquise est trop épaisse pour cela, est un mystère qui intrigue grandement les scientifiques. il semble presque certain que cette faculté fait appel au système d'écholocalisation pour repérer les zones de moindre densité de la glace.
Le béluga est une créature très sociable. Il se déplace en groupes subdivisés en sous-entités habituellement composées d'animaux du même âge et du même sexe. Les mères et leurs petits intègrent généralement des groupes restreints. Lorsque les nombreuses sous-entités se rejoignent dans les estuaires, l'on peut dénombrer des milliers d'individus ; ce qui représente une proportion significative de la population mondiale des bélugas et les rend d'autant plus vulnérables à la chasse.
Ce mammifère marin nage relativement lentement et se nourrit majoritairement de poissons ; il mange également des céphalopodes (pieuvres, calmars...) et des crustacés (crabes, crevettes...). Il chasse cette faune des fonds marins généralement jusqu'à 300m, bien qu'il puisse atteindre deux fois cette profondeur.
Le béluga est capable d'émettre un large éventail de sons passant par les sifflements, les claquements, les tintements et autres couics. Certains chercheurs qui ont écouté un groupe de bélugas ont décrit cela comme un orchestre à cordes s'accordant avant un concert. Les scientifiques ont isolé une cinquantaine de sons particuliers, la plupart situés dans une gamme de fréquence allant de 0,1 à 12 kHz.
Leurs principaux prédateurs naturels sont l'ours blanc et les orques. Lorsque les bélugas sont piégés par les glaces, les ours les assomment d'un coup de patte et les hissent sur la banquise pour les achever.
Le 18 mai 1966, le béluga solitaire Moby remonta le cours du Rhin sur 400 kilomètres, ne regagnant la mer que presqu'un mois plus tard, le 16 juin 1966.
N°1179 (1987-1991)
Le marsouin commun (Phocoena phocoena) est le mieux connu de la famille des marsouins, autrefois appelés « cochons de mer » (Phocoenidae), qui regroupe 6 espèces de cétacés marins à dents, peuplant la plupart des côtes tempérées et froides du globe. Les différentes espèces de la famille ne diffèrent pas substantiellement, et comme la présente est la mieux connue, cet article traite de l'ensemble des points communs à l'ensemble. On se reportera à l’article marsouin pour une description de la taxinomie détaillée de la famille, avec les traits distinctifs entre espèces et sous-espèces.
Les marsouins sont de petits cétacés à dents, plutôt noirs sur la face dorsale supérieure, et blancs sur la face ventrale inférieure. Ils se nourrissent de poissons, de crustacés et de seiches.
S'ils sont encore, et de loin, les cétacés les plus répandus, leurs effectifs tendent à régresser. Les raisons de ce déclin tiennent sans doute à la pollution marine et à la mort par noyade à cause des filets de pêche.

La première utilisation du terme « marsouin » apparaît d'une manière isolée dans un texte latin de 1086. Ce terme, qui pourrait désigner cet animal, est une latinisation du danois Marsvin, peut-être par l'intermédiaire du moyen néerlandais meerswijn, littéralement « cochon de mer ». D'ailleurs les Allemands nomment « cétacé-cochon » (Schweinswal) tous les marsouins. Le mot médiéval français était « pourpois » qui aurait pour origine le latin médiéval porcopiscus (mot associant porcus (cochon) et "piscus" (poisson) pour désigner un cochon-poisson), qui a donné l'anglais porpoise.
Ce sont de petits cétacés, de 1,5 à 2,5 m selon les espèces, proches des baleines et des dauphins dont ils se distinguent notamment par un rostre court et par des dents pointues et courbées, différentes des dents typiquement coniques des dauphins.
Dans la nature, ils sont moins facilement observés que les dauphins, car ne sautant pas (ou rarement) hors de l'eau, mais ils s'approchent volontiers des navires et des côtes.
Prédateurs, ces petits cétacés chassent des poissons, calmars et crustacés en utilisant l'écholocation, ou en fouissant dans les fonds meubles des plateaux côtiers. Ils chassent habituellement en très petits groupes caractérisés par des relations sociales complexes.
Les femelles sont souvent plus grandes et plus lourdes que les mâles (environ 15%). La différenciation sexuelle se manifeste comme chez la plupart des cétacés par la position relative de l’anus et des plis génitaux. Ces derniers sont chez les femelles très rapprochés de l'anus, alors qu'ils en sont nettement séparés chez les mâles, chez lesquels les organes génitaux sont nettement plus vers l'avant.
N°2387a
Marsouin en captivitéEn comparaison avec les autres cétacés à dents, le crâne de l’animal est peu protubérant, le « museau » (le rostre), recouvert par une bosse adipeuse (le « melon ») est difficilement reconnaissable. La taille du cerveau du marsouin est pourtant comparable à celle de l'homme. C'est un des animaux les plus intelligents de la planète.
Le corps est trapu avec une nageoire dorsale plate et triangulaire. Le dos est noir ; le marsouin commun a une tache tirant progressivement vers le gris à l'avant de la nageoire dorsale, et la face ventrale est blanche. On peut observer des raies noires le long de la gorge, allant des coins de la bouche jusqu’à la naissance des ailerons pectoraux. On pense qu'il peut vivre près de 25 ans.
Leur poids étant relativement faible, de 40 à 170 kg selon les espèces et leur taille, leur corps perd plus rapidement sa chaleur dans l'eau que celui les autres cétacés, ce qui les oblige à manger souvent et à compter sur leur réserve de graisse.
La plus petite espèce de marsouin est le marsouin du Golfe de Californie, qui ne mesure pas plus de 1,5 m. Le plus léger est le marsouin aptère 30 à 45 kg alors que le plus lourd est le marsouin de Dall : 130 à 200 kg.
Leur forme qui est plus ronde et contractée que celle des dauphins réduit leur surface d'échange thermique, ce qui pourrait être une adaptation évolutive pour réduire la perte de chaleur. Une épaisse couche de graisse les isole aussi du froid. Le corps est donc plutôt trapu.
Les nageoires dorsale, ventrales, caudale (disposée à l'horizontale, comme chez tous les cétacés) ainsi que la queue sont toutes de couleur noire. Chez les jeunes individus, certaines parties de la face ventrale sont encore noires : on parle à ce sujet de mélanisme juvénile. L’albinisme est rarissime chez les marsouins. La nageoire dorsale ne présente nulle part de courbure concave : elle retombe verticalement sur le dos à l'arrière, avec une base à peu près deux fois supérieure à sa hauteur. Certaines espèces ont des petites bosses (dites tubercules) aux fonctions inconnues, sur la pointe de leur nageoire dorsale – ou à l'avant de cet emplacement pour les marsouins aptères, qui n'ont pas de dorsale.
Les ailerons ventraux sont relativement courts et pointus à leur extrémité. La nageoire caudale possède une largeur d'environ 60 cm, elle est très puissante.

Les mâchoires comptent un nombre variable de dents selon les espèces et leur taille, la supérieure de 22 à 28 dents de chaque côté pour le marsouin commun, la mâchoire inférieure de 21 à 25. Les dents sont très courtes, de forme lancéolée à spatulée. Les dents postérieures sont des molaires à surface triangulaire.
Les marsouins vivent le plus souvent seuls ou en couple : ils ont la particularité de nager fréquemment dans le sillage des navires. On n'a pu observer que rarement des groupes de marsouins, groupes sociaux caractérisés par une stratégie de type K (au regard du modèle évolutif r/K) : le maximum recensé est de sept individus. Ces groupes se rassemblent à l'occasion des périodes de reproduction et pour chercher de la nourriture, ce qui peut représenter des rassemblements de plus de cent individus. De telles situations sont toutefois rares et ne durent jamais longtemps.
Les jeunes restent toujours un certain temps auprès de leur mère, mais pour une durée mal connue. Le lien entre un petit et sa mère est très fort, et les jeunes détachés de leur mère émettent des sifflements de stress pour la rappeler.
On ignore également si les marsouins ont une notion de territoire qu'ils défendent contre les intrus, ou s'il existe une hiérarchie à l'intérieur des groupes ; mais on a observé de façon certaine des attitudes menaçantes entre individus de cette espèce : l'agresseur tourne sa tête face à son adversaire et fait entendre des séries de clics, puis viennent des hochements de tête et des coups de queue.
Les marsouins peuvent atteindre une vitesse maximale de quelques dizaines de km/h et ne bondissent que rarement hors de l’eau. La profondeur de plongée maximum est d'environ 100 à 200 m selon les espèces, le cétacé pouvant plonger environ 6 minutes. La plupart du temps, ces animaux se déplacent à une vitesse de 7 km/h juste sous la surface de l'eau, et en nage normale ils refont surface pour respirer deux à quatre fois à la minute. Pour faire surface, le marsouin se courbe en demi-cercle et replonge immédiatement après avoir respiré, la tête la première. Hermann Burmeister (1853) décrit ce comportement de la façon suivante :
« L'animal fait d’abord sortir sa tête de l'eau en respirant bruyamment ; puis il fait pivoter son corps vers l'avant, se recroqueville vers le bas, si bien qu'on voit l'un après l'autre la nuque, le dos avec la grande nageoire dorsale et enfin le dos de la queue sortir de l'eau dans un mouvement quasi-circulaire ; toutefois, ni la large queue ni les ailerons pectoraux n'apparaissent. »
La propulsion est presque exclusivement assurée par la queue, qui se meut verticalement. Les nageoires pectorales servent avant tout de gouvernail et et de stabilisateur. La texture lisse de l'épiderme et l'allure profilée du corps du marsouin exercent une influence particulièrement favorable sur la vitesse. L'animal n'est jamais longtemps au repos, mais observe plusieurs fois par heure une station de six à sept secondes à fleur d'eau, avant de couler et de reprendre son rythme naturel de mouvement.
Le chant joue un rôle primordial dans le comportement des marsouins, qui disposent d'un spectre sonore très étendu : la communication entre individus s'appuie sur des clics construits sur des sons de haute fréquence (110 à 150 kHz) ainsi que des sifflements de basse fréquence (environ 2 kHz). À cela s'ajoutent les sons émis par l'animal pour l’écholocation, et dont le spectre va de fréquences relativement basses (1,5 kHz) jusqu'à des ultrasons de 100 kHz. L'analyse du chant des marsouins a révélé des sifflements caractéristiques de reconnaissance et d'orientation, de comportement dominant, de compétition amoureuse, de détresse ainsi que d'alerte. Il est significatif pour la théorie de l’évolution que les sifflements de reconnaissance et de localisation se situent en dehors du spectre auditif de l’orque : on en déduit que cette divergence est le résultat des rôles prédateur-proie.
N°1176 (1987-1991)
L’orque ou épaulard (Orcinus orca) est un mammifère marin du sous-ordre des cétacés à dents, les odontocètes. On lui prête également le surnom de « baleine tueuse », par anglicisme de son appellation anglophone killer whale.
Ce cétacé est facilement reconnaissable à sa livrée noire et blanche et à la taille de sa nageoire dorsale qui peut atteindre 2 m de hauteur chez les mâles.
Le terme d'orque et le nom de son genre Orcinus dérive du latin antique orca. Le nom scientifique du genre a parcouru plusieurs étapes avant le terme d’Orca orcinus = celui qui apporte la mort. Dans la première description de Carl von Linné en 1758, elle est nommée « Delphinus orca ». En 1860, Fitzinger employa le premier terme Orcinus. Van Beneden et Gervais ont employé une autre dénomination : Orca gladiator. Son nom latin subit alors plusieurs révisions successives de la systématique, et l'espèce finit par se retrouver dans le genre Grampus, sous le nom de Grampus rectipinna pour les spécimens munis d’ailerons plus développés. Aujourd’hui, l’orque (Orcinus orca) est considérée comme la seule espèce du genre Orcinus. Le terme d'épaulard lui vient de l'aspect acéré de la nageoire dorsale, terme dérivé à la fois d'épaule et d'espaart qui signifie épée en ancien français.
Le dictionnaire de l'Académie française, dans sa neuvième édition, précise qu'orque est du genre féminin ("une orque"), tandis qu'épaulard est masculin ("un épaulard").

L'orque est une redoutable chasseuse. Son alimentation est essentiellement constituée de poissons, de manchots et d’autres mammifères marins (lions de mer, otaries, phoques, marsouins, baleines). Les proportions de ces proies dans le régime alimentaire ainsi que les techniques de chasse employées varient en fonction des populations. Les orques chassent les mammifères marins tels que les phoques et lions de mer en rôdant très près des plages, et en utilisant la technique d’échouage sur le rivage.
Bien que réputée opportuniste et belliqueuse, de récentes études ont démontré que l’orque peut aussi se montrer particulièrement serviable. Ainsi lorsqu’une orque croise un baleineau égaré, il lui arrive très souvent de parcourir des centaines de kilomètres pour le réunir avec sa mère. C’est pour cette raison que l’orque est parfois appelé « le secouriste des mers ». .
Les orques appartiennent à la même famille que les dauphins et, tout comme ces derniers, leur dressage est relativement aisé. Leur taille imposante, leur beauté et leurs bonds spectaculaires en font des attractions très appréciées par les visiteurs des delphinariums.
On distingue trois types d’orques bien définis :
Les orques nomades sont constamment en déplacement et silencieuses. Elles sont parfois solitaires, ou en petits groupes de deux à sept individus. Leurs sons ne s’entendent que lors des repas. Ce sont ces orques qui s’attaquent aux requins et aux mammifères marins de grande taille. Elles possèdent un aileron pointu et droit.
Les orques résidentes reviennent à chaque période donnée dans la même zone, ce qui rend leur étude assez simple. Elles vivent en groupes de cinq à cinquante individus dirigés par la doyenne des femelles. Elles se nourrissent de saumons et autres poissons, mais elles ont aussi été observées chassant des mammifères marins. Les résidentes vocalisent sans cesse et chaque groupe peut être reconnu par son dialecte unique. Elles utilisent fréquemment l’echolocation qui consiste à émettre des petits sons semblables à des clics et ensuite écoutent leur écho ce qui leur permet de détecter les proies et de se repérer en eaux troubles.
Les orques offshore sont majoritairement ichtyophages et vivent en troupe de trente à soixante individus. Elles n’ont été découvertes qu’en 1988 au large de la Colombie-Britannique. Le type offshore ressemble plus aux résidentes qu’aux nomades ; en effet, la taille des groupes semble être assez similaire et leurs nageoire dorsale et leur selle grise est presque la même que les leurs. Elles vocalisent constamment, comme les résidentes. Leur régime demeure cependant un mystère; il semble qu’elles se nourrissent principalement de poisson.
Les femelles deviennent adultes à environ 15 ans. À partir de cet âge, elles ont des périodes de fertilité espacées de 3 à 16 mois. La durée de la période de gestation est variable, de quinze à dix-huit mois. Les mères donnent naissance à un seul nouveau-né, environ une fois tous les cinq ans. Dans les groupes d’orques grégaires étudiés, les naissances s’échelonnent tout au long de l’année, le pic de naissance se situant en hiver. La mortalité des nouveau-nés est très élevée ; d’après une étude, il semble que près de la moitié décèdent avant d’avoir atteint l’âge de six mois. Les nouveau-nés sont allaités durant 2 ans, mais commencent à se nourrir eux-mêmes à compter de l’âge de douze mois.
Les femelles se reproduisent jusqu’à l’âge de 40 ans ; elles élèvent donc en moyenne 5 nouveau-nés. Les orques femelles vivent en moyenne jusqu’à l’âge de cinquante ans, mais certaines peuvent vivre jusqu’à 80 voire 90 ans dans des cas exceptionnels. Les mâles deviennent sexuellement actifs à l’âge de 15 ans, et vivent environ 30 ans en moyenne, 50 ans dans des cas exceptionnels.

L’orque se nourrit de poissons (quand il est adulte, de 60 à 80 kg), d’oiseaux de mer, de manchots, de phoques, de lions de mer, de marsouins et aussi d’autres cétacés, la teneur exacte de leur alimentation dépendant de leur habitat. Il s’agit de l’un des rares cétacés à s’attaquer à d’autres mammifères marins (la pseudorque attaquerait elle aussi des petits mammifères marins). Les orques vivent, se déplacent et chassent en groupe de 3 à 40 individus dans la plupart des océans. L’éventail des techniques de chasse développées par l’orque est vaste, et dépend à la fois de la proie et de l’environnement. Ainsi, dans l’hémisphère sud, la chasse aux pinnipèdes se fait-elle parfois par échouage volontaire sur la plage. Les orques utilisent l’écholocation, un système de sonar naturel, sauf dans le cas de la traque des autres cétacés. Les chasses peuvent se dérouler en pleine mer ou près des côtes, auquel cas la proie est rabattue vers la terre jusqu’à ne plus pouvoir échapper à ses prédateurs. Lorsqu’il s’agit d’un gros cétacé, tous les membres du groupe participent, les uns immobilisant l’animal par la queue pendant que les autres le frappent de tous côtés.
L’épaulard (en liberté) ne s’attaque jamais à l’homme, malgré certaines rumeurs.
Cas particulier : Bien que le requin blanc et l’orque s’ignorent quand ils se croisent, il n’est pas rare que des orques s’attaquent à des requins blancs. Ainsi, dans la baie de Monterey, en Californie, une orque femelle d’environ 6 mètres et du nom de matricule "CA2" a été observée à plusieurs reprises attaquant des requins blancs. La première observation, datant d’octobre 1997, eut lieu quand CA2 a attaqué et tué un requin blanc de 3,50 mètres pour protéger son petit. CA2 avait attrapé le requin dans sa gueule, tout en bondissant dans les airs. Malgré la peau extrêmement solide (plus solide que du cuir), le requin avait été mis en pièce par l’orque. La deuxième observation, eut lieu quand CA2 attaqua un requin blanc plus gros (il devait faire 4,50 maximum).
Les orques utilisent leur vitesse et leur système d'écholocation dans la chasse. Il n'est pas rare que, tout comme les dauphins, elles fassent éclater par des chocs certains organes de leur proie ou adversaire (comme le foie, particulièrement visé).
On retrouve un comportement de chasse particulier de l'orque sur les côtes du Chili en Amérique du Sud. L'orque y longe les berges à la recherche de groupe d'otaries se trouvant sur la plage. Lorsqu'un groupe est trouvé, l'orque s'en approche furtivement en se déplaçant parallèlement à la berge tout en cachant son aileron dorsal puis se propulse en dehors de l'eau pour capturer une proie. Totalement émergée, elle peut ensuite retourner à l'eau en se balançant et se tortillant.
N°1173 (1987-1991)