Prince consort (du latin consors : qui partage le sort) est le nom donné dans certaines monarchies au mari de la reine. Le prince consort n'est pas lui-même un chef d'État, mais il est seulement l'époux d'un chef d'État, en l'occurrence sa femme.
Ce terme est utilisé pour signifier que le pouvoir est aux mains de la femme, ce qui ne serait pas évident si le mari était appelé roi. En effet, dans un couple roi/reine, il est implicite dans le langage courant que c'est le roi qui détient le pouvoir, hérité en général de son père, et que la reine n'est que son épouse.
En fait, la plupart des reines sont des "princesses consort", mais cela est considéré comme tellement évident qu'il n'est pas jugé nécessaire de le préciser. Certaines monarchies le font cependant (c'est le cas du Maroc).
Certains pays, ayant une reine comme chef de l'État, n'accordent pas le titre de roi à l'époux de cette dernière. À l'heure actuelle, les époux des reines de Danemark et du Royaume-Uni ne portent que le nom de prince. On parle alors de prince consort.
La plupart des monarchies n'ont pas de règle précise statuant du sort des époux des femmes monarques. Ces derniers peuvent très bien n'avoir en réalité aucun titre de noblesse. On ne sait pas non plus très bien quel titre donner aux princes consorts en cas de décès de leur épouse, ce cas étant très rare dans les annales de la monarchie.
Le Prince consort revêt un caractère différent. Il s'agit en effet dans ce cas d'un titre de noblesse officiel. Le prince Albert de Saxe-Cobourg et Gotha est le seul prince britannique de l'histoire à l'avoir jamais porté. Il lui a été conféré par son épouse, la reine Victoria, en 1857, en reconnaissance de son travail et soutien dans sa tâche de souveraine. Actuellement, il est évident que le prince Philip, époux de la reine Élisabeth II, est prince consort, même s'il est officiellement désigné par le titre de duc d'Édimbourg.
1851-1867
N°2 - N°5
N°10 N°16
N°756 (1978)
Victoria du Royaume-Uni (née Alexandrine Victoire de Hanovre, en anglais Alexandrina Victoria of Hanover, dite Drina), est la fille du prince Edward Augustus, duc de Kent et Strathearn et de Victoria de Saxe-Cobourg-Saalfeld, elle même sœur du premier roi des belges Léopold Ier. Elle est née à Londres le 24 mai 1819 et décédée à Osborne le 22 janvier 1901.
Elle fut reine du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande (1837–1901) et Impératrice des Indes (1876–1901). Son règne, qui dura plus de 63 ans, demeure le plus long de toute l’histoire du Royaume-Uni et de celui des monarques de sexe féminin.
Le règne de Victoria fut marqué par une impressionnante expansion de l’Empire britannique, devenu la première puissance mondiale, et par la révolution industrielle, période de grand changement social, économique et technologique. Ce règne fut ainsi appelé « ère victorienne », époque de splendeur (comparable dans l'imaginaire britannique à ce qu'est le siècle de Louis XIV pour les Français) mais aussi de sévérité dans les mœurs et de tensions sociales.
1851-1867
N°3 - N°9 - N°18
Victoria fut la dernière souveraine de la maison de Hanovre qui régnait sur les îles Britanniques et leurs dépendances depuis 1714, tandis que l'Électorat de Hanovre était passé à une autre branche de la maison de Hanovre en raison de loi successorales différentes. Après son décès, la couronne britannique passa à la maison de Saxe-Cobourg-Gotha (nom britannique de la maison de Wettin) représentée par son fils Édouard VII et son petit-fils George V. Ce dernier, sous la pression de l'opinion publique, changea son nom jugé trop germanique en période de Première Guerre mondiale, en Windsor (1917). Cette maison fut prolongée par son fils Edouard VII, son petit-fils Georges V, ses arrières petits-fils Édouard VIII et Georges VI et son arrière arrière-petite-fille, l'actuelle reine Élisabeth II.
Victoria naît le 24 mai 1819 au palais de Kensington. Son père, le prince Edward Augustus, duc de Kent et Strathearn, est le quatrième fils du roi George III et de la reine née Charlotte de Mecklembourg-Strelitz. Sa mère, la princesse Victoria de Saxe-Cobourg-Saalfeld, fille du duc François de Saxe-Cobourg-Saalfeld et de la comtesse Augusta d’Ebersdorf a épousé en premières noces le prince Charles de Leiningen (1763-1814) dont elle a eu un fils et une fille.
Victoria est baptisée le 24 juin 1819 au palais de Kensington par l'archevêque de Cantorbéry. Son parrain est le tsar Alexandre Ier de Russie, en l’honneur duquel elle reçut son prénom. Ses marraines sont sa tante la reine Charlotte de Wurtemberg et sa grand-mère, Augusta, duchesse douairière de Saxe-Cobourg-Saalfeld. Bien que son prénom de baptême soit Alexandrina Victoria, elle est officiellement reconnue comme étant la princesse Victoria, qui est également le prénom de sa mère.
1868-1875
N°8 - N°11
N°14- N°20
Le père de la princesse, le duc de Kent, meurt d’une pneumonie dès le 23 janvier 1820, alors qu’elle n’est âgée que de 8 mois. Son grand-père, le roi George III, aveugle et dément, meurt moins d’une semaine plus tard, le 29 janvier 1820. Son oncle, le Prince Régent, hérite de la couronne, devenant ainsi roi sous le nom de George IV. Bien que Victoria soit dans la ligne de succession, on ne lui parle au cours de ses premières années qu’allemand, la première langue de sa mère et de sa gouvernante. Mais dès qu’elle atteint l’âge de trois ans, elle poursuit sa scolarité en anglais. Elle apprend également à parler italien, grec, latin et français. Ses professeurs sont le révérend Davys et la baronne Lehzen.
Elle a onze ans quand son oncle le roi George IV meurt sans enfant le 26 juin 1830, laissant le trône à son frère, le duc de Clarence et de St. Andrews qui devient roi sous le nom de Guillaume IV. Bien qu'il ait - comme ses frères - épousé sur le tard une princesse issue d'une famille souveraine, Adélaïde de Saxe-Meiningen, le nouveau roi n’a pas d’enfant légitime survivant, la jeune princesse Victoria devient l’héritière présomptive du trône britannique. Comme la loi ne prévoit alors aucune disposition spéciale pour un monarque en bas âge, Victoria aurait eu le droit de régner comme un adulte. Pour prévenir un tel scénario, le Parlement vote la Loi de régence de 1831, selon laquelle la mère de Victoria, prendrait, si nécessaire, la fonction de régente pendant la minorité de la reine. Ne connaissant pas de précédent, le Parlement ne crée pas de conseil pour limiter les pouvoirs du régent.
En 1835, la princesse Victoria a seize ans lorsqu'elle rencontre son futur mari, le prince Albert de Saxe-Cobourg-Gotha. Le prince Albert est son cousin germain ; le père d'Albert, le duc Ernest Ier de Saxe-Cobourg-Gotha est en effet le frère de la mère de Victoria. L’oncle de la princesse Victoria, le roi Guillaume IV, désapprouve l’union, mais ses objections ne réussissent pas à dissuader les jeunes gens. Beaucoup d’historiens ont suggéré que le prince Albert n’était pas amoureux de la jeune Victoria et qu’il est entré en relation avec elle d’une part pour gagner un statut social (il n’était qu’un petit prince allemand, cadet d'un duché lilliputien) et d’autre part par sens du devoir (sa famille souhaitait l’union). Quelles que fussent les raisons qui poussèrent le prince Albert à épouser Victoria, leur mariage se révéla extrêmement heureux.
1868-1875
N°21- N°22
N°24 - N°25 - N°26
N°27 - N°28 - N°29
Guillaume IV décède à l’âge de soixante-douze ans, le 20 juin 1837, laissant le trône à Victoria. Comme la jeune reine vient d’avoir dix-huit ans, une régence n’est pas nécessaire. Cependant, le royaume de Hanovre, un État qui partage son monarque avec la Grande-Bretagne depuis 1714, contrairement aux îles Britanniques, est soumis à la loi salique. Le Hanovre ne revient donc pas à Victoria, mais à son oncle, le prince Ernest Auguste, duc de Cumberland et de Teviotdale, qui devient roi sous le nom d'Ernest-Auguste Ier. Comme la jeune reine est encore célibataire et sans enfant, Ernest-Auguste Ier est aussi l’héritier présomptif du trône britannique.
Quand Victoria accède au trône, le gouvernement est contrôlé par le parti Whig, qui détient le pouvoir depuis 1830, à quelques interruptions près. Le Premier ministre, Lord Melbourne, devient immédiatement une personnalité influente dans la vie de la jeune reine qui manque d’expérience politique et qui attend son avis sur de nombreuses décisions au point que certains appellent même Victoria Mme Melbourne.
La reine est couronnée le 28 juin 1838. Plus tard, elle déclara : « ... le moment où la couronne fut posée sur ma tête... fut, je dois l’admettre, des plus magnifiques et des plus impressionnants qui soient ».
Le gouvernement Melbourne ne peut pas rester longtemps aux affaires ; il devient des plus impopulaires et doit faire face à des difficultés liées à l’administration des colonies britanniques. Dans le Bas-Canada et le Haut-Canada, le Royaume-Uni se trouve confronté à une insurrection, en Jamaïque, l’assemblée coloniale proteste contre la politique britannique et refuse de voter certaines lois. En 1839, incapable de mener la politique étrangère, le gouvernement de Lord Melbourne démissionne.
1870-1897
N°34 - N°35
N°36 - N°37 - N°38
N°43 - N°44 - N°45
La reine charge Robert Peel, un Tory, de former un nouveau gouvernement. C'est alors qu'éclate une crise politico-protocolaire connue sous le nom de Crise de la chambre à coucher. À l’époque, il est d’usage que ce soit le Premier ministre qui nomme les Dames de la Reine de la Chambre à coucher. Ces emplois sont traditionnellement accordés à des femmes dont les époux appartiennent au parti au pouvoir. Beaucoup de Dames de la Reine de la Chambre à coucher sont des épouses de Whigs, mais Sir Robert souhaite les remplacer par des épouses de Tories. Victoria s’oppose fermement à ce remplacement car elle considère davantage ces dames comme des amies que comme des membres d’une institution protocolaire. Peel estime qu’il ne peut pas gouverner sous les diktats de la reine et démissionne, permettant ainsi à Lord Melbourne de revenir aux affaires.
1870-1897
N°46 - N°47
Sous son règne l'Angleterre devient la plus grosse puissance industrielle mondiale et acquiert principalement la Birmanie et la Nouvelle-Zélande.
Finalement, la reine épouse le prince Albert de Saxe-Cobourg-Gotha le 10 février 1840 dans la chapelle royale du palais St. James ; quatre jours plus tôt, Victoria accordait à son futur mari le titre d’altesse royale. Le prince Albert est communément connu comme le prince consort, bien qu’il n’obtienne officiellement ce titre qu’en 1857. Cependant, il n'a jamais obtenu la pairie.
La reine est rapidement enceinte. Pendant sa grossesse, un homme de 18 ans, Edward Oxford, tente de l’assassiner tandis qu’elle se rend dans une voiture avec le prince Albert à Londres. Oxford tire deux fois, mais les deux balles manquent leur cible. Il est jugé pour haute trahison, mais acquitté après avoir été reconnu fou. Nombreux sont ceux qui se sont interrogés sur son geste ; Oxford peut simplement avoir cherché la notoriété. Beaucoup ont suggéré qu’une conspiration chartiste était derrière la tentative d’assassinat ; d’autres ont attribué le complot à des sympathisants de l’héritier présomptif, le roi Ernest-Auguste Ier de Hanovre. Ces soupçons de conspiration suscitent dans le pays une vague de patriotisme et de loyauté.
1870-1897
N°50 - N°51
N°52 - N°53
N°54 - N°55
N°56 - N°57
N°58 - N°59
N°60 - N°61
N°62 - N°63
N°64 - N°65
L’attentat n’a aucun effet sur la santé de la reine ni sur sa grossesse. Le premier enfant du couple royal, une fille prénommée Victoria comme sa mère et sa grand-mère, naît le 21 novembre 1840. Huit autres enfants naquirent pendant le mariage prolifique et heureux de Victoria et d'Albert. Le prince Albert n’est pas seulement le compagnon de la reine, mais c'est aussi un conseiller politique important, remplaçant Lord Melbourne comme figure dominante dans sa vie. Ayant trouvé un partenaire, Victoria ne compte plus sur les épouses de Whigs pour sa compagnie. Ainsi, quand les Whigs de Lord Melbourne perdent les élections de 1841 et sont remplacés par les Tories de Sir Peel, la Crise de la chambre à coucher ne se répète pas. Victoria continue à correspondre secrètement avec Lord Melbourne, dont l’influence, pourtant, diminue à mesure que celle du prince Albert grandit.
Le 13 juin 1842, Victoria fait son premier voyage par le train, voyageant de la station de Slough (près du Château de Windsor) au Bishop’s Bridge, près de Paddington (à Londres), dans une voiture royale spéciale fournie par la Great Western Railway. Son mari et l’ingénieur de la Great Western Railway, Isambard Brunel, l’accompagnent.
En 1842, la reine est la cible de trois tentatives d’assassinat. Le prince Albert estime que ces nouvelles tentatives ont été encouragées par l’acquittement d’Oxford en 1840. Le 29 mai 1842 à St. James’ Park, John Francis (cherchant fort probablement à gagner une certaine notoriété) tire au pistolet sur la reine (alors en voiture), mais il est immédiatement saisi par William Trounce. Il est condamné pour haute trahison, mais sa condamnation à mort est commuée en détention à vie. Le 3 juillet, un autre jeune homme, John William Bean, tire sur la reine. Bien que son fusil n’ait été chargé que de papier et de tabac, son crime reste passible de la peine de mort. Estimant une telle peine trop dure, le prince Albert encourage le Parlement à voter une loi, selon laquelle pointer une arme à feu vers la reine, la frapper, lui lancer un objet ou exhiber en sa présence une arme à feu ou tout autre arme dangereuse avec l’intention de la menacer, est passible d’un emprisonnement de sept ans et de flagellation. Bean est ainsi condamné à dix-huit mois de prison. Cependant ni lui, ni aucun justiciable ne furent jamais fouettés pour un délit similaire.
1897-1902
N°66 - N°67 - N°68
N°69 - N°70 - N°71
N°72 - N°73
Victoria tombe amoureuse de l’Irlande et choisit de passer ses vacances à Killarney, dans le comté de Kerry, qu’elle fait l’un des sites touristiques les plus en vogue du XIXe siècle. En réponse à sa passion pour cette île, les Irlandais lui vouent d’abord un respect chaleureux. Mais, en 1845, l’Irlande est frappée par une épidémie de mildiou qui frappe les récoltes de pomme de terre, qui, en plus de quatre ans, coûte la vie à plus d’un demi-million d’Irlandais et qui provoque l’émigration d'un million d’autres. En réponse à la Grande famine en Irlande, la reine offre 5 000 £ sur sa cassette personnelle et s’implique dans diverses organisations de lutte contre la famine. Alors que l’on doit faire surtout porter la responsabilité de l’aggravation de la famine en Irlande à la politique du gouvernement Russell, celle-ci est reprochée à la reine qui y perd sa popularité. Pour les républicains extrémistes, Victoria devient la « Reine de la Famine ». Des rumeurs courent même dans les milieux républicains sur l’indigence de sa contribution à la lutte contre la famine (5 £).
N°74 - N°75
N°76 - N°77 - N°78
N°79 - N°80 - N°81
N°82 - N°83 - N°84
La première visite officielle de Victoria en Irlande, en 1849, est organisée personnellement par Lord Clarendon, représentant de la Couronne en Irlande, c’est-à-dire chef de l’administration britannique dans l’île. Son but est d’essayer à la fois d’attirer, grâce à la présence de la reine, l’attention du public sur la famine, mais aussi d’alerter les politiciens britanniques sur l’ampleur de la crise en Irlande. Malgré l’impact négatif de la famine sur la popularité de la reine, celle-ci jouit encore d’une certaine estime auprès des nationalistes ; en effet leurs réunions se terminent toujours par l’hymne du God Save the Queen. Pourtant durant les années 1870 et 1880, le respect pour la monarchie décroît considérablement en Irlande, en partie à la suite de la décision de Victoria d’annuler sa visite sur l’île. En effet, la Corporation de Dublin refuse de féliciter son fils, le Prince de Galles, d’abord à l’occasion de son mariage avec la princesse Alexandra de Danemark en 1863, puis à l’occasion de la naissance de son fils le prince Albert Victor de Galles en 1864.
N°87 - N°88 (1899)
Victoria résiste à la pression répétée de plusieurs de ses premiers ministres, des lords lieutenants et même de membres de la famille royale, lui conseillant d’établir une résidence royale en Irlande. Dans ses mémoires en 1930, qu’il a intitulées Irlande : dupe ou héroïne ?, Lord Midleton, ancien dirigeant du parti irlandais unioniste, décrit ce refus comme désastreux pour la monarchie et pour l’administration britannique en Irlande.
Victoria organise sa dernière visite en Irlande en 1900, pour appeler les Irlandais à s’enrôler dans l’armée britannique pour combattre dans la Seconde Guerre des Boers. L’opposition nationaliste à cette visite est menée par Arthur Griffith, qui fonde une organisation appelée Cumann na nGaedheal. Cinq ans plus tard, Griffith utilise les contacts qu’il a établi lors de cette campagne pour former un nouveau mouvement politique, le Sinn Féin.
Acquisition de l'archipel Arctique, 1880-1980
N°847 (1980)
Le 22 septembre 1896, Victoria devient le monarque de l'histoire anglaise, écossaise, ou britannique ayant régné le plus longtemps, dépassant le record détenu jusqu'à présent par son grand-père, George III. Conformément à la demande de la reine, toutes les célébrations publiques spéciales de l'événement sont retardées jusqu'à 1897, pour le soixantième anniversaire de son accession au trône. Le Ministre des Colonies, Joseph Chamberlain, propose que le Jubilé devienne un festival de l'Empire britannique. Ainsi, les Premiers ministres de toutes les colonies autonomes sont invités avec leur famille. Le défilé auquel la reine assiste comporte des troupes issues de chaque colonie britannique et des dépendances, ainsi que des soldats envoyés par les princes et les chefs des Indes britanniques (qui sont des vassaux de Victoria, Impératrice des Indes). La célébration du soixantième anniversaire est marquée par de grands débordements d'affection envers une reine bientôt octogénaire, alors clouée dans un fauteuil roulant.
N°753 - N°755 (1978)
Pendant les dernières années de Victoria, le Royaume-Uni est impliqué dans la Seconde Guerre des Boers, qui a reçu le soutien enthousiaste de la reine. La vie personnelle de Victoria est marquée par de nombreuses tragédies familiales, dont la mort de son fils, le prince Alfred, duc de Saxe-Cobourg-Gotha, la maladie mortelle de sa fille, l'impératrice douairière allemande Victoria, princesse royale et la mort de deux de ses petits-fils. Sa dernière apparition publique officielle a lieu en 1899, quand elle pose la première pierre des nouveaux bâtiments du South Kensington Museum, devenu Victoria and Albert Museum.
Selon l'habitude qu'elle respecte depuis le début de son veuvage, Victoria passe Noël à Osborne House (que le prince Albert a dessiné lui-même), sur l'Île de Wight. Elle y meurt le 22 janvier 1901, ayant régné soixante-trois ans, sept mois et deux jours, c'est-à-dire plus que n'importe quel monarque britannique auparavant. Ses funérailles ont lieu le 2 février ; après deux jours d'exposition solennelle, sa dépouille est inhumée dans le Mausolée Frogmore, à Windsor, aux côtés de celle de son mari.
N°1956 (2002)
À Victoria succède son fils aîné, le prince Édouard, prince de Galles, qui règne sous le nom d'Édouard VII. La mort de Victoria sonne, au Royaume-Uni, la fin de la Maison de Hanovre, une branche de la Maison d'Este ; Édouard VII, comme son père le prince Albert, appartient à la Maison de Saxe-Cobourg-et-Gotha, une branche de la Maison de Wettin. Le fils et successeur d'Édouard VII, le roi George V, change le nom de la Maison royale en Maison de Windsor pendant la Première Guerre mondiale (1917), car le nom Saxe-Cobourg-Gotha est associé à l'ennemi du Royaume-Uni, à savoir l'Allemagne, dirigée pourtant par un des petit-fils de Victoria, Guillaume II. Il est d'ailleurs à noter que deux autres souverains allemands de cette période sont aussi des petit-fils de Victoria: le grand-duc de Hesse, frère de la tsarine et le duc de Saxe-Cobourg-Gotha.
La reine Victoria fut le premier monarque britannique de l'époque moderne. Alors que ses prédécesseurs avaient pu jouer un rôle actif dans le gouvernement du pays, une série de réformes ont accru le pouvoir de la Chambre des communes aux dépens de celui de la monarchie et des lords, conduisant le monarque à un rôle plus symbolique. À compter du règne de Victoria, la reine ou le roi avait, selon l'aphorisme de Walter Bagehot, « le droit d'être consulté, le droit de conseiller et le droit de mettre en garde. »
La monarchie de Victoria est devenue plus symbolique que politique, avec un accent porté sur la moralité et les valeurs familiales victoriennes, par opposition aux affaires de mœurs et aux scandales financiers qui avaient été associés aux membres précédents de la Maison de Hanovre et qui avaient discrédité la monarchie. Le règne de Victoria voit la création du concept de monarchie familiale auquel les classes moyennes naissantes peuvent s'identifier.
Sur le plan international, Victoria fut une figure majeure, non seulement par l'image qu'elle incarna ou par l'influence du Royaume-Uni sur l'Empire, mais par les liens familiaux qu'elle a su tisser avec les familles royales d'Europe, lui valant ainsi le surnom affectueux de grand-mère de l'Europe. On peut citer par exemple le fait que trois des principaux monarques des pays impliqués dans la Première Guerre mondiale étaient, soit les petits-fils de Victoria, soit des maris de petites-filles de Victoria. Huit des neuf enfants de Victoria épousèrent des membres de familles royales européennes et la neuvième épousa un duc écossais, premier gouverneur du Canada.
Victoria a transmis à sa descendance le gène de l'hémophilie, mais on ne sait pas comment elle en a hérité. Elle a pu l'acquérir à la suite de la mutation d'un gène, son père ayant cinquante-deux ans quand Victoria fut conçue. On a aussi dit que le prince Edward Augustus, duc de Kent et Strathearn n'était pas le père biologique de Victoria, et qu'elle était en fait la fille du secrétaire particulier irlandais et amant de sa mère, Sir Conroy. Si l'on a bien quelques preuves d'une relation entre la princesse Viktoria de Saxe-Cobourg-Saalfeld et Sir Conroy (Victoria elle-même a raconté au duc de Wellington avoir assisté à un incident entre eux), l'histoire médicale de Sir Conroy ne révèle aucune trace d'hémophilie dans sa famille, ce qui aurait dû être le cas s'il avait dû transmettre le gène. Il est beaucoup plus probable que la maladie lui a été transmise par sa mère, bien qu'il n'y ait pas eu de cas connu d'hémophilie dans sa famille maternelle. Elle n'a pas souffert de la maladie, mais l'a transmise à au moins trois de ses enfants. La victime d'hémophilie le plus célèbre dans sa descendance fut son arrière petit-fils, le tsarévitch Alexis de Russie.