LA MECHANCETE ?

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saintluc
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LA MECHANCETE ?

#1 Message par saintluc »

Dans la psychologie sociale des émotions, la méchanceté est interprétée comme un comportement "normal" mais socialement indésirable.
la méchanceté est une forme active de défense de soi, de son groupe (i.e., attaque), de réaffirmation de sa position hiérarchique. Elle permet aussi de tenir les indésirables à l'écart. C'est donc un comportement "utile" (voir les travaux de psychologie évolutionniste à propos des émotions).

Quant à prendre la perspective de l'autre, c'est justement parce qu'on a cette capacité à simuler la réaction de l'autre que l'on peut prévoir l'effet de sa méchanceté (et son efficacité) (voir les travaux sur la théorie de l'esprit).
Donc les personnes méchantes savent bien ce qu'elles font.

En revanche, une fois que la personne se rend compte de l'effet de sa méchanceté, elle peut être prise de remord car l'empathie automatique (voir ou parler avec qqn qui souffre nous amène à vivre sa souffrance également) fait qu'elle vit le mal qu'elle a fait et ressent la peine de l'autre, amenant à des remords.

C'est assez difficile pour moi de comprendre?
Je pense que nous avons assez d'érudits ici pour m'expliquer?
Avec des mots simples si possible :))

La parole est à vous
Donc que pensez vous de la méchanceté?
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Re: LA MECHANCETE ?

#2 Message par poussiere d'étoiles »

Selon moi la méchanceté est une facon de se protéger
une carapace que l'on s'est forgée au cours de sa vie
pourquoi être si méchant avec les autres?
car on a tellement besoin d'être protégé soi-même
mais si on creuse
derrière chaque être humain il y a du bon
car nous sommes nés comme des anges
et on devient un peu ce que la vie nous apportes

c mon humble opinion
très bon sujet saintluc ;)
rire ca dilate la rate et ca détend tandis qu'être fru ca stress 210 muscles du visage alors on garde le sourire
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Re: LA MECHANCETE ?

#3 Message par administration »

Pour ma part,c'est un mystère total!
Quel plaisir y'a t-il à être méchant?
Quel mérite y'a t-il à être méchant?
C'est tellement facile d'être méchant!
Alors que de se contrôler, de se casser la tête à comprendre l'autre,c'est pas mal plus difficille!...et méritoire!
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saintluc
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Re: LA MECHANCETE ?

#4 Message par saintluc »

la peur? Sans peur, on n'a pas besoin de se protéger. La méchanceté pour moi est une forme de protection de l'ego qui perd ou sent perdre du pouvoir.
Oui, je pense que les gens mêchants sont des personnes qui ont peur. La peur doit faire que la personne doit se sentir ou a peur de se faire agresser verbalement ou autre?
Je sais pas trop, j'y pense ;je construirai plus tard en vous lisant :D
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Re: LA MECHANCETE ?

#5 Message par caminde »

Oui, il y a la peur qui agit, ou le souvenir d'anciennes peurs, d'anciennes violences.Quoi que ces souvenirs, il est possible maintenant d'apprendre à les mettre au passé pour ne pas souffrir toujours. Ca c'est un progrès.
Mais je ne sais pas si ça marche pour tous.
Par exemple, je suis abonnée à la lettre de Primo Levi, une association qui s'occupe de soigner des personnes qui ont été torturées, et il n'y a pas toujours de guérisons.

Mais j'avais lu un article d'un médecin qui s'occupait de ces personnes, il avait remarqué que la beauté , concerts de musiques, peintures... avait un effet vraiment positif.

Et parler avec les personnes et les laisser parler.
Que fais-tu dans la vie?...je vis

Si d'une discussion pouvait sortir la vérité, on discuterait moins
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Re: LA MECHANCETE ?

#6 Message par Cynyhia »

Moi je pense que la méchanceté va souvent avec la jalousie . On dit que certaines personnes sont jalouses de tout même de leur ombre c'est une expression mais elle est souvent vraie . La jalousie rend les gens méchants , malgré eux parfois C'est presque une maladie pratiquemment inguérissable
Que du bout de mes doigts et la profondeur de mon âme je puisse effleurer les contours de votre coeur
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Re: LA MECHANCETE ?

#7 Message par klaxon »

La question me semblerait alors plutôt : Pourquoi l'être humain renoncerait-il à l'agressivité, alors qu'il en possède les moyens "techniques" ? D'autant plus que pour renoncer à cette agressivité dans notre monde tel qu'il est, il faut vraiment avoir une vocation de martyre.


Il y a différents degrés d'agressivité, et la plus visible n'est pas forcément la plus "méchante".

La psychologie évolutionniste donne des éléments de réponse : d'un point de vue très global, oui, l'agressivité, l'égoïsme (une autre facette de la "méchanceté") est une composante du comportement humain, efficicace dans certaines situations.

Mais l'altruisme l'est également. Sans altruisme réciproque, il n'y aurait pas d'interactions sociales entre humains, pas de groupes sociaux.
Or, l'altruisme va de pair avec divers autres mécanismes, comme la reconnaissance du groupe social (pour savoir avec qui il on peut être altruiste sans risquer d'y perdre davantage qu'on n'y gagne), et la détection (et l'éviction) des "tricheurs" par exemple (ceux qui tirent bénéfice sans donner).

Ainsi, la "méchanceté" peut venir aussi bien des individus "profiteurs", justement par ce qu'ils ont un comportement égoïste, ce qui est mal interprété par les altruistes, mais aussi par les "altruistes" eux-même, à cause des mécanismes de détection des tricheurs. Ce genre de mécanisme peut amener au "délit de sale gueule", et à des manifestations agressives punitives ou préventives (ou ne serait-ce qu'à du rejet par indifférence).
L'agressivité est alors un simple moyen pour obtenir ce que l'on désire, que ce soit dans l'un ou dans l'autre cas (celui de l'égoïste ou de l'altruiste, sachant que ces deux types de comportements peuvent être pratiqués par une même personne dans des situations différentes).

La culture et l'éducation ont un rôle très important à jouer, ajoutant une couche supplémentaire. Même si la base est universelle, ses applications (et notamment le niveau d'agressivité qu'une personne ou un groupe social peut accepter de pratiquer contre une autre) varient selon les individus, leur culture et leur histoire personnelle au sein de cette culture.

Selon la culture, on peut trouver des schéma très variés, certains jugeant légitime un comportement qui à d'autres apparaîtra égoïste.
Ne me dites pas que personne parmi vous, après avoir raté un exam, ne s'est dit "je suis nul(le)". Ca peut paraître ridicule à la plupart des gens mais c'est une réaction violente retournée contre nous-mêmes. On serait donc "méchants" envers soi aussi... sans que ça ressemble à "Massacre à la tronsonneuse".




Une mise en garde quand même: les gens qui parlent d'éducation et de bonnes valeurs, de valeurs de gentillesse ou des choses de ce genre. Attention, parce que ce ne sont que des notions culturelles (et très souvent religieuses). La morale et la vertu sont discutées depuis des siècles et des siècles, toute la philo tourne autour d'ailleurs.
Si l'on regarde le terme même de méchanceté : il est déjà connoté. On va parler de quelque chose de mauvais. Alors que, c'est plutôt une action de défense, quelle qu'en soit la raison : la personne se sent agressée, manque de confiance, n'importe. Mais taxer de la méchanceté une action de défense c'est introduire un jugement religieux ("si on te donne une claque, tend l'autre joue") sur des réactions des animaux sociaux que nous sommes. Le fait est que pour vivre en société il faut respecter certaines règles; comme il est admis qu'on ne doit pas agresser l'autre, le fait qu'il le fasse est tout de suite relevé et puni par un jugement négatif. Ce qu'on oublie c'est que personne n'est "méchant" de nature: si l'on dit ça, c'est de la misanthropie.
Il vaut donc mieux repositionner la chose dans son contexte pour pouvoir se prononcer.

Personnellement la méchanceté dans le sens ou en l'entend n'a aucun sens.... on choisit pas d'être méchant... on le devient parsque nos actions ou nos dits le laissent sous entendre... mais cela n'ai du qu'à un contexte ou à un référentiel différent... l'on agit chacun de façon égoiste , autrement dit chacune de nos actions qui au départ ne sont pas "méchante" le devienne dés que l'on se place dans un contexte différent... vous me direz que tuer est un acte méchant... mais pensez vous que tuer hitler était un acte méchant? Pourtant cela consiste à tuer quelqu'un! Dans le contexte de la seconde guerre mondiale ne croyez vous pas que pour chacun les méchants étaient leurs ennemies? Ainsi l'acte méchant en lui même n'a aucun sens, l'acte apparait méchant selon le point de vue que nous avons!!! En d'autres termes l'homme n'est pas par nature méchant, il est juste par nature égoiste (ce qui veut dire qu'il vit pour lui), donc évidemment toutes ses actions ne peuvent pas plaire à tout le monde.


Premièrement, la méchanceté est toujouts humaine car elle est le fruit du langage, de la culture propre à l'humain.

En suite la méchanceté n'est pas objectivement observable, il s'agit toujouts d'un jugement porté sur une action. Définir la méchanceté, c'est la créer en partie...
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caminde
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Re: LA MECHANCETE ?

#8 Message par caminde »

Oui, pour suivre ce que dit Klaxon, la méchanceté est universelle et dans toutes les sociétés.
Voici un texte que j'ai trouvé il y a quelques jours:

(texte pris du site de L'institut Européen Psychanalyse et Travail Social)

Joseph Rouzel

jeudi 19 novembre 2009

Violences ordinaires : parlons-nous ! 1
« La nature humaine par ci, la nature humaine par là, la nature humaine demande avant tout qu’on lui fasse violence », Paul Claudel, Tête d’or .
Il y a donc, si je suis à la lettre Paul Claudel : la nature humaine d’un côté, la violence de l’autre. Le « on » désignant le corps social, la communauté humaine.
Pourquoi faut-il faire violence à la nature dite humaine ? Parce qu’elle déborde, elle nous excède. Ce que Freud nomme pulsion de mort et Lacan jouissance, l’« humain, trop humain » de Nietzsche, cette jouissance de la vie qui anime chacun de nous et exige son immédiate et complète satisfaction, demande qu’on lui fasse violence. Cette violence nécessaire, légitime, comme la désigne Max Weber, c’est la violence des institutions et au premier chef le langage d’où s’origine toutes les autres : famille, éducation, gouvernements, police, justice etc Autrement dit l’espèce humaine ne survit que dans une lutte incessante où s’affronte la violence de la nature humaine et la violence sociale. Freud.
« L’homme n’est point cet être débonnaire, au cœur assoiffé d’amour, dont on dit qu’il se défend quand on l’attaque, mais un être au contraire, qui doit porter au compte de ses données instinctives, une bonne somme d’agressivité . Pour lui, par conséquent, le prochain n’est pas seulement un auxiliaire et un objet sexuel possibles, mais aussi un objet de tentation. L’homme est, en effet, tenté de satisfaire son besoin d’agression aux dépens de son prochain, d’exploiter son travail sans dédommagements, de l’utiliser sexuellement sans son consentement, de s’approprier ses biens, de l’humilier, de lui infliger des souffrances, de la martyriser, et de le tuer. Homo homini lupus ». On peut prendre acte ici de l’étonnante actualité de ce texte de 1929 signé du père de la psychanalyse, extrait de Malaise dans la civilisation . L’homme est un loup pour l’homme. Cette assertion que Freud emprunte au philosophe anglais Thomas Hobbes, lequel la tient de l’auteur comique latin, Plaute court donc tout au fil de l’histoire des hommes. Ce loup, il faut bien lui limer les dents. Mais au nom de quoi ? Ce « au nom de quoi » fonde la légitimité de la violence sociale exercée sur les sujets. En effet « au nom de quoi peut-on vivre ? se demande Pierre Legendre. C’est à dire : pourquoi vivre ? Oui Pourquoi ? » (La fabrique de l’homme occidental ) Autrement dit au nom de quoi s’effectue la transmission intergénérationnelle qui permet le traitement de cette violence fondamentale. Au nom de quoi les sociétés humaines imposent à leurs petits la « castration symboligène », pour reprendre une expression de Françoise Dolto, qui permet à chaque sujet de vivre parmi les autres ? Toutes les civilisations humaines se sont inventé des « au nom de quoi », des totems qui fondent des tabous, des entités supérieures – des dieux animaux à l’invention par un pharaon, Akhénaton, d ’un dieu unique, en passant par des esprits de la nature et des éléments. C’est le socle qui détermine des principes, des valeurs au nom desquels se déclinent les figures d’autorité qui autorise le traitement de la violence par la mise en place d’une violence légitime.
Dans Totem et tabou tout part d’un meurtre. Le « au nom de quoi » s’origine dans un meurtre mythique qui marque la nature humain au sceau d’une violence fondamentale. Le lien social est donc d’emblée établi sur un meurtre à l’origine. Rappelons l’histoire, ce grand mythe, le seul inventé au XXe siècle. On le doit à Freud. Même si les données ethnologiques sur lesquelles il s’appuie ne tiennent pas, cependant, le mythe demeure. C’est la fonction d’un mythe de se présenter comme actuel, voire d’actualité. A l’origine une horde de grands singes ont à faire à un mâle dominant, ce qui permet une certaine organisation sociale naturelle. C’est le seul à avoir accès aux femelles. Un jour les jeunes mâles se réunissent - naissance du lien social - et décident de se débarrasser du tyran. Ils le tuent et en consomment les morceaux dans une cérémonie que Freud désigne comme « totémique ». Ensuite ils s’interdisent toute relation aux femelles, frappées alors de tabou - ce qui en fait des femmes - et pour ce qui est de jouir ils n’ont plus qu’à aller « se faire voir ailleurs ». Naissance de la famille, de l’interdit de l’inceste et des alliances interfamiliales.
Je ne vais pas commenter le mythe freudien, cela a déjà largement été fait par d’autres. Je vais m’attacher à en tirer deux ou trois choses pour éclairer mon propos. Le meurtre du mâle dominant de la horde, figure de la toute puissance, engendre la capacité de l’espèce humaine à s’organiser autour de signifiants que Freud va nommer : Totems. Ce que Lacan énonce à sa façon « Le symbolique se manifeste d’abord comme le meurtre de la chose et cette mort constitue dans le sujet l’éternisation de son désir » (Ecrits , p. 319) Le Totem se présente comme un organisateur social à partir duquel vont s’ancrer les générations successives, puisque chacun en tire son nom (ex : Ben, fils de, c'est-à-dire fils du nom). C’est donc au nom du nom, au nom de l’origine du langage, ce que Lacan nomme « nom-du-père », au nom des pères de nos pères que nous faisons violence à nos enfants. Mais c’est aussi à partir du Totem que va s’ériger un ordre social, une distribution de l’espace, des fonctions, comme a pu le montrer Claude Levi-Strauss. Ce mode de déclinaison des généalogies, qui remonte toujours plus haut pour fixer ses fondations, en témoigne les nombreuses listes que l’on trouve dans la Bible : X engendra Y qui engendra Z etc Ce point d’arrimage de la fonction de nomination, autrement dit fonction symbolique, garantit à chaque sujet une place singulière au prix d’accepter l’assujettissement à cet ordre fondé sur les différences. L’aspect tabou découle de cet ordre. Non seulement le sujet humain ne saurait s’autoengendrer, mais il est toujours intégré à une chaîne de transmission dont l’origine est mythique. De fait il ne fait pas la loi, c’est la loi qui le fait. La perte de ce principe de nomination et de transmission désarrime complètement un sujet de la loi symbolique. Les anciens égyptiens le savaient bien qui condamnaient un délinquant à n’avoir plus de nom, donc plus de place. Ce qui à cout terme le condamnait soit à mourir, soit à errer.
Voilà ce qui se passait encore il n’y a pas si longtemps. C’est au nom de ce principe d’antériorité, d’autorité et d’altérité, le monde des 3A dont parle Jean-Pierre Lebrun, que s’établissait la légitimité de la violence portée contre la nature humaine.
Or récemment le « au nom de quoi » a pris du plomb dans l’aile. Dieu est mort : on connaît la date de l’acte de décès : 1896, et c’est signé Mr Nietzsche, c’est lui qui a fait « l’autopsy », et c’est la même année que Freud invente le concept d’inconscient. Ce n’est peut-être pas sans lien. Donc Dieu est mort, les dieux sont tombés sur la tête, d’aucuns pensent même qu’ils sont partis en vacance !
Or ce qui a basculé en peu d’années, c’est ce « au nom de quoi ». Je vais essayer d’en donner un petit aperçu. Je prendrai une journée et quelques faits, le 26 octobre 2009 pour l’illustrer.
Lundi 26 octobre 2009. Lu dans Libération :
· Violent incidents à Fréjus : affrontements entre des jeunes et la police suite à la mort d’un jeune homme en moto. Il avait tenté d’échapper aux policiers qui voulaient le contrôler.
· OM-PSG, le match qui se joue à Marseille est reporté pour cause de grippe A. Echauffourées dans les rues de Marseille : 10 blessés.
· Le même jour on annonçait le 26 e suicide d’un salarié à France Telecom.
Comment comprendre ces faits ?
Un jeune homme se met hors la loi, il n’était pas autorisé à rouler en trial sur l’autoroute, il se dérobe au contrôle, meurt en se plantant dans un arbre. Les jeunes des quartiers entrent en guerre.
Les supporters de Marseille et du PSG sont nombreux à fréquenter les abords des matchs en véritable batailles rangées : fighting.
A France Telecom un homme qui n’en peut plus de la vie qu’il mène se suicide.
Notons que dans les trois cas l’on accuse une fois la police, une autre la Ligue de foot et une troisième France Telecom. Bref dans ces actes de violence ce ne sont jamais les sujets les responsables. On botte en touche : c’est pas lui, c’est l’autre. Le discours médiatique vole leur acte à ces sujets, en les amalgamant dans des ensemble où ils disparaissent : les supporters du foot, les jeunes de banlieue, les suicidés de grandes entreprises qui souffrent au travail. Au-delà de ces explications sociologiques qui ont certes leur pertinence - je ne nie pas les violences policières, ni les violences aux abords des terrains de foot, ni les violences au travail dans les entreprises - cependant, ce type d’explication mécanique m’a choqué, parce qu’à chaque fois le sujet disparaît. Il n’y aurait plus qu’un grand Autre qui nous voudrait du mal et nous ne serions que les marionnettes de cet Autre terrible.
Mais autre chose doit nous attirer l’attention, c’est l’usage rémanent du chiffre. 10 blessés par ci, 26 suicides par là. Toutes les informations sont ainsi truffées de chiffres, les noms disparaissent. L’Autre que l’on tient responsable de tout est ainsi le grand géomètre, le grand architecte, le grand mathématicien, le grand ordonnateur de la disparition des sujets. Tout se réduirait au chiffre. Ce règne de la quantité est un signe des temps, pout reprendre un titre du mystique René Guénon.
Donc dans nos sociétés modernes, cet ordre transcendant du Totem a été battu en brèche. Ce ne sont plus les règles de la nomination qui donnent place à chacun, un par un, qui opèrent, mais le chiffre. Ce qui prédomine l’organisation de nos actuelles sociétés, c’est le chiffre absolu. Le nouveau dieu loge dans un ordinateur où le monde est passé en permanence à la moulinette du numérique. Une logique comptable s’est emparée de nos civilisations modernes. Cette société post-moderne que Guy Debord décrit comme le règne de la marchandise et du spectacle ne tient que sur des opérations comptables. (La société du spectacle ) Un nouveau dieu nous est né, le divin marché, comme le nomme mon camarade Dany-Robert Dufour. Mais le marché n’est organisé que par le chiffre. L’expression managériale le dit bien : il faut faire du chiffre, et à n’importe quel prix. La dignité humaine que Kant estimait devoir échapper à la marchandisation, n’est plus qu’un des arguments que l’on place en tête de gondole pour appâter le chaland. Le dévoiement du terme éthique en témoigne. Ainsi les banques viennent de lancer des placements éthiques qui rapportent gros.
On peut schématiquement situer l’origine du chiffrage généralisé des sociétés modernes en deux endroits. D’abord l’invention des statistiques pour déterminer les risques de criminalité dans une population donnée en 1850. Ensuite dans les camps de la mort où un être humain est réduit à un n° de matricule. Ma tante, Jeanne Couplan, lorsqu’elle arrive à Ravensbrück le 2 aout 1944, n’a plus pour la désigner que le matricule 62816. C’est un chiffre qui s’en va en fumée le 26 mars 1945.
Un jour où j’assistais à une réunion de directeurs en présence de François Tosquelles, alors que ceux-ci faisaient part de leur satisfaction au regard des chiffres des populations pris en charge dans leurs établissements, agrémentant la démonstration de force schémas, camemberts colorés et autres histogrammes, celui-ci prit la parole : « Eh ! Oui, tout commence par des chiffres, puis on vous les tatoue sur la peau et vous savez comment ça finit ? A l’abattoir ». Un long silence a suivi son intervention qui remettait les choses à leur place. L’humain n’est pas chiffrable. L’humain n’est pas un emarchandise.
Qu’est-ce que ce règne du chiffre produit ? Dans le mythe de la horde primitive les alliés qui se liguent contre le mâle tout jouissant, s’arriment à un contrat social d’intérêts communs. Ils ne sont pas encore liés par la fraternité humaine. Il leur faudra en passer par une dette inconsciente liée à la culpabilité d’avoir tué le père de la horde. Or la dette, qui n’est pas une dette chiffrée ni chiffrable, devient constitutive de l’espèce humaine au sens où chacun doit, comme l’énonce Maurice Godelier dans L’énigme du don , faire quelque chose de la vie qu’il a reçu. C’est une dette symbolique, donc impayable, « c’est une dette qui échappe à l’échange », précise Jean-Bernard Paturet. 2 La dette fonde le lien social. Cette dette se détermine d’avoir reçu la vie et la parole en héritage. Il n’est pas d’autre remboursement de la dette que d’en faire quelque chose dans sa propre vie. Nous passerons donc notre vie à la rembourser, en paroles et en actes.
Or dans notre monde postmoderne, la dette a pris une forme particulière. A partir du moment où elle n’est plus référée à une transmission symbolique, elle s’aplatît comme dette chiffrable, dette d’argent. Et au-delà de cet écrasement on peut entendre tous ces chiffres qui nous envahissent comme un paiement qui serait possible, épuisable. Dans les camps de la mort le n° de matricule fait sauter le nom des prisonniers, et les inscrit au registre de la comptabilité. A partir de là le seul souci des bourreaux, qui abolissent l’humain par son chiffrage, est une question comptable. C’est ce qu’Eichmann explique au tribunal de Jérusalem. Son problème était uniquement technique et comptable : comment exécuter et faire disparaître des milliers de personnes dans une même journée ?
Comment alors distinguer l’humain des bestiaux dans un abattoir ?
A partir de là le monde post-moderne produit un espace social sans dette symbolique, donc sans histoire, mythe ou récit d’origine. Les seules références s’établissent pas le biais de la science, tout est affaire de comptage, de statistiques. Le monde est remis dans les mains des experts, les ex-pères ! La technologie domine la production. La réalité sociale est tramée de questions réduites à l’état de problèmes à résoudre. Le problème, il suffit de le mesurer, de le chiffrer pour lui trouver une solution. Il s’agit bien d’un univers totalitaire organisé par le chiffre. Tout est affaire de gestion comptable. Les petits boutiquiers des ressources humaines sont aux avants postes. L’homme réduit au chiffre – statistiques du chômage, de la sécurité sociale, et ne parlons pas des projets à objectifs des entreprises, des évaluations des établissements etc - devient la chose de la science comptable. Ainsi se réaliserait le projet d’un homme entièrement programmable, circulant comme objet du chiffre, béat dans les engrenages de la marchandisation et du spectacle, enfin débarrassé de la dette symbolique et de se raconter et de se reraconter l’histoire de la venue au monde l’humanité et de sa propre présence au monde. Nous avons rêvé d’une humanité sans histoire enfin pacifiée, débarrassée de la violence, la science l’a fait. Mais il ne faut … pas s’y fier. Car finalement, c’est encore pire. Parce que le règne du chiffre qui envahit tout nous réduit à l’état de chiffre. Là où nous pensions maîtriser l’objet de consommation, voilà qu’il nous consume. Sur ce vaste échiquier mondialisé, nous n’apparaitrions plus qu’à l’état de pièce comptable dans une ligne budgétaire. Ouvrons les yeux, tout autour de nous s’organise à partir cette tyrannie du chiffre, qui est le bras armé du néolibéralisme.
L’effondrement de l’économie avec les subprimes nous montre que ce monde ne tient pas. J’ai été étonné de voir dans le film de Nicolas Hulot Le syndrome du titanic , l’amoncellement d’objets divers et « avariés » : voitures au rebut, ordinateurs, carcasses d’avions etc. Car cette massification des objets produits, dégurgite un nombre énorme de déchets sous lesquels nous sommes petit à petit ensevelis.
Que faire ?
Ce qui se présente comme violence radicale, la numérisation généralisée de l’humain, appelle des violences désespérées de certains. Il ne s’agit pas de les expliquer, ni encore moins de les excuser, mais d’en restituer à leurs auteurs le poids de responsabilité. Autrement dit qu’ils puissent en répondre. C’est à dire là où la science sociale les ferait passer par pertes et profits dans des opérations de comptabilité, - confer les statistiques des crimes et délits -, d’en restituer à chacun le tranchant subjectif.
Qu’est ce à dire si ce n’est rendre vivace et vivante la parole dans tous les domaines de la relation humaine : famille, école, entreprise etc. L’extraire de cette gangue indécente où le néolibéralisme l’a enfermée en en faisant un instrument de contention : ainsi du débriefing.
Il s’agit donc au sens ouvert, non seulement de parler, mais de SE parler. C’est la raison pour laquelle, participant à la préparation du congrès d’Arles sur les violences, j’ai proposé en intitulé ce « parlons-nous ». Entendons ce pronominal comme seule modalité vivable de faire lien social. Il y a donc lieu de déchiffrer, c’est à dire de sortir de l’impérium mundi comptable, par la parole.
« Si je meurs me confiait dans mon cabinet un jeune psychotique qui ne pensait qu’à se suicider pour rejoindre au ciel son père décédé, on ne pourra plus SE parler ». Et c’est bien cette énigme d’êtres liés par la parole qui l’a maintenu en vie.
Au nom de quoi ? Me direz-vous. Au nom de la parole qui nous a fait parlants. Car la parole parle. C’est ce que ne cesse de nous rappeler Martin Heidegger dans son séminaire Acheminement vers la parole . L’homme ne saurait vivre ni survivre sans cette sève qui nous alimente et nous relie.
Que faire encore? Peut être comme Alexis Zorba lorsque son projet s’écroule, danser et danser encore. Peut-être au lieu de renflouer les banques pour continuer à faire du chiffre pourrions-nous danser comme Zorba, comme Zarathoustra et déclarer avec Paul Valery dans le Cimetière marin :
Le vent se lève! . . . il faut tenter de vivre!
L'air immense ouvre et referme mon livre,
La vague en poudre ose jaillir des rocs!
Envolez-vous, pages tout éblouies!
Rompez, vagues! Rompez d'eaux réjouies
Ce toit tranquille où picoraient des focs!

Joseph ROUZEL, psychanalyste, responsable de Psychasoc
Intervention au Colloque scientifique international qui s’est tenu en Arles du 29 au 31 octobre 2009 sous le titre de « Violences ? Parlons-en, parlons nous ! Etat des lieux des discours et des pratiques »
Jean-Bernard Paturet, Au-delà de Freud. Une culture de l’extermination, Cerf, 2009.
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Je l'avais envoyé à une amie africaine qui, après avoir fait des études d'ethnologie, et être allée sur le terrain bien sûr, a monté une association dans son pays, une petite école, et l'association s'occupe d'essayer de réinsérer des femmes emprisonnées par le travail et un regard confiant de leur part.
Voici sa réponse:

"Alors là c'est un régal philosophique que j'ai reçu là.Tu sais, en Afrique noire, les totems étaient l'apanage des chefs, des personnages importants et et des personnes craintes dans la société(sorcières), donc toutes douées d'un pouvoir sous une forme comme une autre.Mais ce sont les hommes qui transforment les animaux ou les plantes en totems;donc la symbolique de Freud nous rejoint.Et tu sais, quand on voulait punir une personne, on l'enfermait dans ce qu'on appelle "la prison du village", car tout le monde, y compris sa famille CESSAIT DE LUI PARLER;et si on ne levait pas la sentence assez tôt,soit la personne devenait folle, soit on la trouvait recroquevillée quelque part autour du village, MORTE.Quant on levait cet interdit, on allait chez le guérisseur et ON PARLAIT à la personne car si on commençait à lui parler simplement , on avait remarqué qu'elle avait du mal à répondre car AYANT PERDU L'HABITUDE DE PARLER;il fallait donc des rites spéciaux pour lui réapprendre à s'exprimer;
Tu sais, je pense aussi que parler à quelqu'un relève de la confiance qu'on a en lui, même pour plaisanter car nous savons tous que la parole peut être blessante et que n'a -t-on vu hélas les dégats dans le mental des enfants en Afrique avec les malédictions et les imprécations proférés par les parents. J'attends donc d'autres paroles de toi aussi riches et aussi belles que celles-ci".
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Jules Renard
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Re: LA MECHANCETE ?

#9 Message par orchidee »

...apres une nuit de pensees, qui dit-on porte conseil...je ne veux dire que ...oui,la mechancete existe, :D mais je ne vais coller qu'un antidote, peut-etre trop simpliste, mais que j'aime bien appliquer

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la douceur est la plenitude de la force-Alphonse Gratry

....qui s'aiment, se taquinent...parfois
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caminde
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Re: LA MECHANCETE ?

#10 Message par caminde »

:)) :)) :)) ah oui Orchidée, c'est l'antidote! Merci à toi! ;) :love :love :love
Que fais-tu dans la vie?...je vis

Si d'une discussion pouvait sortir la vérité, on discuterait moins
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Re: LA MECHANCETE ?

#11 Message par klaxon »

Personnellement la méchanceté dans le sens ou on l'entend n'a aucun sens.... et plusieurs visages....

Il est déja difficile de comprendre l'autre alors lorsque je me base par exemple sur les commentaires de journalistes ou de nouvelles que j'ai lu dans les journeaux (ou autres) on peut interpréter cela de différente manière. L'influence et le jugement de la population (cette population qui est manipulable sans quelle s'en apperçoive mais difficile à admettre par celui ou celle qui l'a été) par rapport à un éveinement ou à quelqu'un, cette personne peut faire en sorte que il/elle soit perçue de la manière dont la masse populeuse le perçoit. Parfois de façon erroné car le public aura tendance à suivre le courant et malgrée un bon jugement de la part de la personne face à celle qui fait les manchettes le comportement le l'humain aura tendense à suivre l'idée de la population. Dans la majorité des cas. Je prends par exemple l'idée d'un groupe par rapport à une personne. (Cette conduite que j'expliquerai est reproduite dans la plupart des lieux ou il y a des groupes, soit à l'école ou au travail.) Si une personne à une bonne opinion de quelqu'un et que le groupe est défavorable à son idée cette personne dans la majorité des cas finira par penser comme le groupe. Ceci est un phénomène social car personne ne veut être rejetté donc la solution pour être accepté est de se confondre au groupe. A leur idée, leur point de vue, leur opinion sur un tel ou une telle. Que le jugement soit bon ou mauvais. Tout le monde à pu voir ce type de comportement soit à l'école et au travail comme je le disais. Mais ce comportement de groupe est souvent plus destructeur que constructif car le genre humain à tendance à aimer dire du mal de son prochain. Je prends en exemple "les ragots ou rumeurs" la plupart des gens se délecteront des rumeurs sur quelqu'un surtout si ces rumeurs sont négatives.

Je prends par exemple une personne populaire dans son milieu que se soit un élève, un employé, un ami, un patron, une perssonne politique si cette personne dérange positivement ou négativement, elle aura a subir les propos dient à son endroit, qu'ils soient vrais ou faux.

Les personnes d'un même groupe auront tendance à suivre l'opinion majoritaire pour ne pas être rejetté. Que l'opinion soit favorable ou défavorable.

Pour éviter le rejet, les gens adoptent un comportement qui va dans le sens du groupe.
Et tous les moyens sont bons pour que le groupe pense de la même manière tout les comportements physiques et émotionnelles seront exploités la jalousie, la manipulation, la trahison ect..tout pour faire en sorte que la personne pense comme le groupe.

Selon son potentiel la personne ayant un caractère fort ne suivra pas la vague et par le fait même sera intégrée pour une raison précise ou évincée (rejetée).
(les sectes en sont un bon exemple constitué de gens vulnérables, de gens intelligent mais la plupart du temps très naïf).

Personne n'aime les gens qui dérangent les gens qui se lève pour dire haut et fort, « non ». La personne qui dérange celle qui dit ce quelle pense comme le regretté Michel Chartran dont l'opinion en dérangeait plus d'un. Je caractériserais cela de syndrome du mouton, sous forme de carrence physiologiques notables.

Le syndrome du mouton, c’est la difficulté à penser de manière autonome, le devoir de se comporter comme tout le monde, la dépréciation de l’identité personnelle au profit de la conscience collective.


Il s’agit d’une approche générale qui ne doit pas être prise à la lettre pour chaque personne, mais qui, très probablement, doit être révélateur du mode de vie de notre pays et peut-être des pays industrialisés.
----



L'opinion positive et opinion négative.

Juste le fait d'avoir une opinion négative sur quelqu'un fait en sorte que l'influence subit de ce que les autres pensent prend tout un autre sens et sème du négatif, dans notre opinion positive ce qui amène à penser négativement de cette personne. Au contraire si l'on reçoit une opinion favorable de diverse personne sur quelqu'un qui s'est mal comportée on aura tendance à pencher pour l'opinion public. Et en l'occurrence à avoir une pensée positive de cette personne. Comment peut-on manipulé l'opinion public et individuelle pour cacher un acte de méchanceté. Comment pourvons-nous nous laisser berner par des beaux parleurs et finir par croire leur propos même choquant et méchant qui par le fait même sont assurément que dis-je, soigneusement déguisés pour ne pas voir leur jeu. Mais il y a toujours une fin pour l'individu mal intentionné et qui m'anipulant sa proie avec habileté jusqu'au jour ou cette fameuse prois se transforme en prédateur et lui retourne son dû, malheureusement et quelques fois trop souvent les domages sont causés et on ne peu plus récupérer ce et ceux que l'on a jeté et rejeté.

Donc on ne choisit pas d'être méchant...on le devient parce que nos actions ou nos dits le laissent sous entendre... mais cela n'ai du qu'à un contexte ou à un référentiel différent... l'on agit chacun de façon égoiste , autrement dit chacune de nos actions qui au départ ne sont pas "méchante" le devienne dés que l'on se place dans un contexte différent...


" Ceci consiste également à être conscient du fait que, si une relation d'interdépendance nous lie à chaque chose et à chaque être, la moindre de nos pensées, paroles et actions aura de réelles répercussions dans l'univers entier. Tout est inextricablement lié. Nous en viendrons à comprendre que nous sommes responsables de chacun de nos actes, de nos paroles et de nos pensées, responsables en fait de nous-mêmes, de tous les êtres et de toutes les choses, ainsi que de l'univers entier .

Il est important de ne jamais oublier que la portée de nos actions dépend entièrement de l'intention et de la motivation qui les anime, et non de leur ampleur ."

(Disons que la notion "laisser une chance" est inacceptable pour moi et poour d'autre. Parce qu'elle suppose que je me pose au-dessus de l'autre, que j'ai du pouvoir sur lui. Alors que non, je ne suis qu'un être humain comme les autres, donc je n'ai ni moins, ni davantage de pouvoirs sur eux. Donc, je me permets ce n'est pas un désir de laisser ou pas une chance, c'est une soif de justice suivant les règles humainement acceptables.)




Les projections que nous faisons sur l’éveil et qui nous empêchent de l’atteindre, bien que par ailleurs elles nous renseignent beaucoup sur ce qui nous manque justement pour accepter la “vacuité du moi” : si intellectuellement cela est concevable, il y a quelqu’un en nous qui n’a pas reçu de préavis et qui n’est pas du tout d’accord pour disparaître, quand il entend vacuité il répond “va cuiter ailleurs, oui...”
Alors des fois on est en colère contre soi-même de s’être laissé berner, illusionner, ou d’être momentanément découragé face aux difficultés ? en plus si on a le malheur d’être intelligent, c’est à dire d’avoir des moyens intellectuels supérieurs à nos besoins, il faudrait savoir et se rappeler que des réponses intelligibles et directement exploitables :
“Notre intelligence, ne l'oublions jamais, ne saurait être nôtre : elle appartient à notre espèce tout comme la méchanceté et autre qualificatif du même ordre.

. L'illusion du contraire nous est engendrée — assez paradoxalement — par sa spécificité, la nature nous ayant dotés d'une intelligence autonome. Qu'est-ce à dire ?
Dans notre cas, non contente d'en avoir pour nous, la nature a voulu que nous en ayons POUR ELLE, et nous a engendré l'illusion d'en avoir A NOUS ! ! Voulant se décharger sur nous de quelques-unes de ses tâches, il lui a fallu nous doter, comme elle l'a fait pour toutes ses créatures, d'une intelligence adéquate à nos fonctions spécifiques, à nos raisons d'être et de vivre. Dès lors, nous sommes intelligents, mais nous pensons et nous comportons comme si nous étions des crétins.
Pourquoi ? Voilà ce qu'il faut savoir pour cesser de penser et d'agir en crétins, et pour apprendre enfin à nous comprendre enfin !
Convenons que cette affaire est un peu dure à avaler. Au prix des ruses de la nature, les nôtres sont pitoyables. Mais elle avait à résoudre un problème ahurissant : il lui fallait contraindre des organismes prodigieusement intelligents à se comporter en crétins partiels ! Elle ne pouvait s'offrir le luxe de faire de tous les humains des crétins honnêtes et vrais, des crétins "grand teint", stupides de haut en bas, en large et en travers. Quelques-uns auraient à enrichir notre patrimoine culturel en extériorisant leur intelligence discursive : c'était la condition sine qua non de l'hominisation. Mais, sur le terrain de la socialité, la condition de notre survie était que nul n'y comprît rien, et cette nécessité première et fondamentale devait prévaloir : la loi de survie est la loi des lois.
Jusqu'ici tout semble devoir aller assez bien : tant que les rapports humains resteraient inintelligibles, les risques seraient nuls. Le plus intelligent des hommes ne serait pas en danger de les intelliger. C'est si certain que, à la place de la nature, vous et moi ne nous serions fait aucune bile. Il n'y aurait eu qu'à laisser pisser les étranges moutons que nous sommes : tout finirait par s'arranger.


Comment la nature a-t-elle trouvé le moyen de résoudre ce problème fantastique ? Elle avait affaire à des organismes dont il faudrait exercer l'intelligence discursive tout en les empêchant de s'en servir. Pour obtenir ce résultat elle les dota d'une intelligence individuelle opposée à leur intelligence spécifique. Ainsi équipés, les hommes utiliseraient leurs ressources pour se rendre stupides savamment : telle est la vertu de l'intellectualisme. Ceux qui s'y adonnent deviennent d'autant plus stupides qu'ils élaborent davantage une culture dont la raison d'être secrète est de les isoler du réel, et de leur rendre non seulement inintelligibles leurs problèmes sociaux, mais insolubles.

Eh bien, félicitons-nous de n'avoir pas été chargés des responsabilités de la création de l'univer: nous ne nous serions certainement pas avisés de la nécessité de fabriquer des intellectualistes, c'est-à-dire une race magnifique de SUPER- CRÉTINS, miraculeusement hermétiques au réel, et bêtes comme il semble impossible de l'être. Pour parvenir à ses fins, la nature s'est trouvée dans le cas d'avoir à produire des hommes non seulement bouchés à l'émeri, mais conditionnés pour entrer en fureur au contact du réel, des hommes qui aient le réel en horreur ! Il lui fallait notamment des mathématiciens capables de se mouvoir avec aisance dans le calcul intégral et de se plaire aux équations différentielles, mais dont le nez s'emplirait de moutarde au vu d'une équation du premier degré dès que celle-ci aurait une incidence directe ou indirecte sur nos comportements sociaux !
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Re: LA MECHANCETE ?

#12 Message par administration »

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Re: LA MECHANCETE ?

#13 Message par grumpythedwarf »

Le texte proposé par Caminde "violences ordinaires..." de Joseph Rouzel est un régal; il démontre à lui seul l'inanité, et à la fois le pouvoir destructeur de la violence verbale, du mépris affiché ou implicite, des dégâts immense que cette forme de "méchanceté" peut occasionner.
Pour ma part, je n'aime pas le terme, trop générique de "méchanceté".
Car il renferme des tas de nuances de sentiments négatifs, très éloignés les uns des autres.
Elle se confond souvent avec la dérision, la critique acerbe,ou ou la violence cachée qui sévit partout.
Il serait bon de différencier ces nuances.
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Re: LA MECHANCETE ?

#14 Message par InspecteurSpecteur »

grumpythedwarf a écrit :Le texte proposé par Caminde "violences ordinaires..." de Joseph Rouzel est un régal...
Un régal en effet!

Je ne comprends pas vraiment où il veut en venir avec les chiffres. Mais pour le reste c'est très bon.
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Re: LA MECHANCETE ?

#15 Message par Liz.22 »

caminde a écrit :
"... en Afrique noire, les totems étaient l'apanage des chefs, des personnages importants et et des personnes craintes dans la société(sorcières), donc toutes douées d'un pouvoir sous une forme comme une autre. Mais ce sont les hommes qui transforment les animaux ou les plantes en totems;donc la symbolique de Freud nous rejoint.Et tu sais, quand on voulait punir une personne, on l'enfermait dans ce qu'on appelle "la prison du village", car tout le monde, y compris sa famille CESSAIT DE LUI PARLER;et si on ne levait pas la sentence assez tôt,soit la personne devenait folle, soit on la trouvait recroquevillée quelque part autour du village, MORTE.Quant on levait cet interdit, on allait chez le guérisseur et ON PARLAIT à la personne car si on commençait à lui parler simplement , on avait remarqué qu'elle avait du mal à répondre car AYANT PERDU L'HABITUDE DE PARLER;il fallait donc des rites spéciaux pour lui réapprendre à s'exprimer;
Tu sais, je pense aussi que parler à quelqu'un relève de la confiance qu'on a en lui, même pour plaisanter car nous savons tous que la parole peut être blessante et que n'a -t-on vu hélas les dégats dans le mental des enfants en Afrique avec les malédictions et les imprécations proférés par les parents. J'attends donc d'autres paroles de toi aussi riches et aussi belles que celles-ci".

Merci de nous faire partager tes expériences de vie Caminde.
Les vrais amis viennent dans les bons moments quand on les appelle
et dans les mauvais moments, ils viennent d'eux-mêmes.
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