Je me souviens, enfant
Un parfum douceâtre et boisé
Lorsque je coupais à travers champs
Je te croyais cet arbre défolié!
Enfance éphémère
Les automnes ont passé
L’adolescence, l’amour et la guerre…
J’ai grandi, j’ai trébuché
Je t’ai vu en vent qui se lève
Un monde qui danse, échevelé
Une douceur tremblante à mes lèvres
Un parfum plus camphré…
Je me souviens, j’implorais la brunante
D’éteindre le soleil
Je voulais tant voir et entendre!
Tu apparaissais comme l’étoile qui veille
J’ai aimé; j’ai pleuré
Je me suis brûlée les yeux
J’ai donné et pardonné
Et j’ai même maudit Dieu!
Un parfum de lavande
Qui me frôle à outrance
Je laisse aller mon cœur
Voilà ta ressemblance!
Je ne chasse plus les anges
Plus je vieilli, plus je comprends
Que bien au-delà de mes croyances
Je possède déjà la clé que tu me tends
Rien ne console parce que rien ne remplace...
La plus grande tragédie de la vie n'est pas que les hommes périssent,
mais qu'ils cessent d'aimer.
W. Somerset Maugham