Il est bien évident que la fin des pays à bas coût n’est pas encore pour tout de suite, mais elle devient de plus en plus une perspective à moyen terme. Prenons le cas des économies européennes surgies des ruines du bloc communiste. Depuis peu, la Pologne et la Roumanie s’ouvrent aux luttes ouvrières dans la droite ligne des conflits que l’Ouest connaissaient encore dans les années 70. Je ne reviendrai pas sur le cas polonais (voir mes articles sur www.jimmyolsen.skyrock.com), mais le cas roumain est assurement un cas d’école autrement pluis intéressant et révélateur du retournement de la situation. L’usine Dacia, qui produit à une centaine de kilomêtres de Bucarest la Logan, vient d’en faire les frais. En effet, ses ouvriers ont repris le travail ce lundi, mais contre l’assurance d’une douloureuse hausse de 28 % des salaires (Une revalorisation de 50% avait été initialement réclamée à Renault, le constructeur automobile propriétaire de Dacia). C’est le deuxième cas de ce type dans l’automobile en quelques mois. Et certainement pas le dernier.
L’américain Ford a installé une usine à Vsevolosk, en Russie, près de Saint Petersbourg, pour produire le nouveau modèle Focus. Or, il y a quelques mois, l’usine en question a essayé plusieurs arrêts de travail consécutifs. Les grévistes exigeaient une hauss ede 30 % de leurs salaires avec pour objectif de maitnenit leur pouvoir d’achat déjà pas très mirobolant et rongé par une inflation russe à deux chiffres. La Focus produite en Russie a rencontré un succès époustouflant (tout comme la Logan de Dacia), mais il n’en demeure pas moins que l’usine est encore loin de son seuil de rentabilité. L’investissement dans l’outil de production étant conséquent, il faudrait au moins deux années de production pour que le site de production commence à rapporter de l’argent. Il n’en demeure pas moins que Pour Ford, comme pour Dacia/Renault, cette rentabilité est désormais menacée.
Le changement du climat social à Pitesti et à Vsevolosk n’est en rien surprenant. La vie sur place est très dure malgré le fait que durant les cinq dernières années, au moins, les pouvoirs d’achat ont été consiédarablement améliorés. Mais pas suffisemment. Loin de là. Pire, le grand rêve européen qui en a conduit les 105 millions d’est européens à entrer dans l’Union européenne depuis 2004, à savoir vivre selon les standards ouest européens, s’effrite de plus en plus. En cela, ils voulaient connaitre un miracle à l’irlandaise, lorsqu’un habitant de Dublin gagnait deux fois moins qu’un français ou qu’un allemand et qui aujourd’hui gagne plus qu’un anglais. Le problème, c’est que le miracle irlandais a cessé d’exister pour les mêmes raisons. Le faible coût du travail et la faible fiscalité ne sont plus aussi attrayant pour les compagnies qui délocalisent. En 15 ans, à savoir depuis la chute du mur de Berlin, le PIB par habitant d’Europe de l’Est n’a progressé que de 15 %, d’où un réel et profond désenchantement constaté récemment par un sondage réalisé par la Banque Européenne pour la Reconstructiopn et le Développement.
Jusqu’à récemment, les investisseurs des pays occidentaux, mais également japonais et coréens ne se sont pas trop inquiètés de ce désamour. Et pour cause. Si les populations se disaient fatigués de conditions de vie aminima, leurs gouvernements rivalisaient de faibles fiscalités et de contrôle des contestations sociales pour les convaincre qu’investir en Europe de l’Est demeurait et demeurera sur le long terme très rentable. Par ailleurs, dans certains secteurs, si la grogne s’intensifiait, les ministères de l’économie concernés organisaient des sous-traitance dans les pays voisins qui renvoyaient ultérieurement l’acensseur. Les marges de rentabilité étaient ainsi assurées.
A présent, le système est sérieusement remis en cause. Les politiques de délocalisation des grands groupes internationaux se heurte à une nouvelle réalité : le monde économico-financier est fini. La formidable extention territoriale ouverte au libéralisme qui a succédée à la chute de l’Union soviétique est achevée. Aujourd’hui, les multinationales sont implantées dans tous les pays à bas coût et ne peuvent plus trop délocaliser des productions sans faire face à une multiplication des revendications salariales pour le maintien de pouvoir d’achat en chute libre dans ces pays. N’oublions pas que du Sénégal au Vietnam, du Burkina Faso à Haïti, d’Egypte à la Birmanie, les manifestations de la faim se succèdent et ne sont certainement pas à la veille de se terminer puisque les perspectives économiques mondiales sont très mauvaises et que le prix des matières premières énergétiques et alimentaires devraient encore s’enflammer dans les douze prochains mois. D’ailleurs, Nike vient d’en faire l’amère expérience et reconnaitre son incapacité à reconduire les bonnes vieilles méthodes de délocalisation pour régler son problème. Au Vietnam, l’un des pays les plus pauvres de la planête, et donc l’un des derniers pays où il est possible de délocaliser (en l’occurrence dans le secteur textile), la firme emploit plus de 15 000 ouvriers dans l’usine taïwanaise Vietnam Ching Luh Schoes, entité sous contrat située au Sud du pays, non loin de l’ancienne Saïgon. Or, ces ouvriers autrefois bien dociles, viennent de se mettre en grève pour réclamer une augmentation de salaire pour faire face à une exponentielle inflation des prix de l’alimentaire.
Il y a moins de deux ans, Nike n’aurait eu aucune difficulté à délocaliser sa production en Inde ou en Chine, mais tel n’est plus la cas puisque dans ces pays également, depuis près d’un an, des revendications de plus en plus préssantes de meilleurs salaires et protections sociales se multiplient sans compter que les réservoirs de main-d’œuvre qualifiée commencent à s’assécher et que la compétition pour obtenir ses services commencent à devenir féroce
Pour le moment, les multinationales et les investisseurs étrangers continuent de se ruer dans les pays dits émergeants, mais leurs attractivités ne sont certainement plus ce qu’elles étaient il y a encore deux ans ? Les beaux jours se terminent. Ils devront payer de plus en plus chers pour obtenir des unités de production de qualité et rentables et ce, partout où ils se tourneront. Pour les consommateurs des pays occidentaux, japonais et coréens, le problème sera que l’inflation des prix va se poursuivre sur le long terme tandis que les salaires dans les pays dits émergeants ne suffiront jamais à couvrir le rythme de cetta inflation. Si les beaux jours sont derrière les multinationales et les investisseurs étrangers, les consommateurs aux pouvoirs d’achat déjà malmenés vont passer du crépuscule à la nuit noire. Et il est difficile de déterminer qui serait gagnant dans un monde économique parvenu à saturation.
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LA FIN DES PAYS A BAS COUTS ?
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- padawan
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LA FIN DES PAYS A BAS COUTS ?
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Les pays à bas coûts -----> tu veux dire les pays où la main d'oeuvre n'est pas cher?
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-Pierre Falardeau
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