PERSONNAGES ET FAITS HISTORIQUES DE FRANCE (philatélie)

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Re: PERSONNAGES ET FAITS HISTORIQUES DE FRANCE (philatélie)

#76 Message par saintluc »

Par le traité de Verdun, conclu en août 843, les trois fils survivants de Louis le Pieux, les petits-fils de Charlemagne, se partagent ses territoires, l'empire carolingien, en trois royaumes. Il est souvent présenté comme le début de la dissolution de l'empire unitaire de Charlemagne, consacrant ainsi sa division, qui s'avèrera en fait définitive. Ce traité est la conséquence de l'application de la coutume franque qui est basée sur le partage de l'héritage entre tous les fils héritiers plutôt que son attribution seulement au fils aîné, en dépit de la règle de primogéniture appliquée chez les Romains.

Le texte du traité, perdu, ne nous est pas connu. Les annales de Saint-Bertin ou les annales de Fulda relatent cet évènement d'une manière concise et imprécise.

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À la mort de Louis le Pieux, en 840 son fils aîné Lothaire s'arroge sa succession. Ses deux cadets, Louis le Germanique et Charles le Chauve, s'allient et battent leur frère et demi-frère aîné à la bataille de Fontenoy-en-Puisaye en 841. En 842 ils renforcent leur alliance par le Serment de Strasbourg. Lothaire finit par céder et signe avec ses frères le traité de Verdun
En août 843, par le traité dit de Verdun, les trois petits-fils de Charlemagne se partagent les territoires de l'empire que ce dernier avait fondé :

Charles le Chauve reçoit la Francie occidentale, appelé France vers 1200 ;
Lothaire Ier, à qui échoit le titre impérial, reçoit la Francie médiane, du centre de l'Italie à la Frise ;
Louis le Germanique reçoit la Francie orientale (communément nommée Germanie, noyau du futur Saint Empire romain germanique).
Ce partage « des quatre fleuves » (Meuse, Escaut, Rhône et Rhin), soulève des problèmes quant aux langues parlées dans les différents États : des populations de langue romane se trouvent dans une entité germanique (Wallons), et inversement, la Flandre, de langue germanique, se trouve rattachée à la future France. De même dans les déplacements au sein des États (il faut près de trois semaines pour rallier Rome à Aix-la-Chapelle).
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N°2208
« Ce traité de hasard a déterminé tout le destin de l'Europe. En effet, par suite de la faiblesse de nos derniers Carolingiens puis de nos premiers Capétiens, les rois de Germanie purent annexer sans grande difficulté toute la fameuse zone médiane, à savoir en 880, la Lotharingie, puis en 1034, le royaume d'Arles, sans parler de l'Italie que leur livrait juridiquement leur accession au trône impérial »
— René Grousset

La Francie médiane disparaît rapidement. Dès 855, par le traité de Prüm, elle est partagée entre les trois fils de l'empereur : Louis II a la partie sud, le royaume d'Italie, Lothaire II a la Lotharingie partie nord et Charles le centre, le royaume de Provence.

À la mort de Charles de Provence en 863, ses possessions sont partagées entre ses deux frères. Après la mort de Lothaire II (869), la Lotharingie est séparée entre ses oncles Louis le Germanique et Charles le Chauve (traité de Meerssen, 870). En 875, Charles le Chauve, roi de Francie occidentale, récupère le royaume d'Italie suite à la mort de son neveu Louis II. En 879, c'est Charles le Gros, roi de Francie orientale, qui récupère l'Italie. En 880, par le traité de Ribemont, Louis III et Carloman II, petits-fils de Charles le Chauve, abandonnent la Lotharingie au roi de Germanie Louis II le Jeune. Par ce traité, la Francie occidentale retrouve approximativement les frontières qui avaient été fixées au traité de Verdun.
Il n'y a d'homme plus complet que celui qui a beaucoup voyagé,
qui a changé vingt fois la forme de sa pensée et de sa vie.
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Re: PERSONNAGES ET FAITS HISTORIQUES DE FRANCE (philatélie)

#77 Message par saintluc »

René Robert Cavelier de La Salle est né à Rouen (de nos jours en Seine-Maritime) le 22 novembre 1643 et mort le 19 mars 1687 dans le sud de la colonie française de Louisiane, actuellement l’État américain du Texas.

Explorateur-voyageur, il a exploré la région des Grands Lacs des États-Unis et du Canada, puis le fleuve Mississippi et a ainsi découvert les territoires situés entre la vallée du Saint-Laurent et le delta du Mississippi.
René Robert Cavelier est le fils d'un riche commerçant Jean Cavelier. Le nom de « La Salle », qu'il portera plus tard provient d'une propriété familiale dans les environs de Rouen. Il étudie au collège des Jésuites de Rouen et entre au noviciat de la Compagnie de Jésus, au sein de laquelle il formule ses vœux en 1660. Il pratique l’enseignement dans cette institution, à Alençon, Tours et Blois, puis demande à être relevé de ses vœux pour « infirmités morales », ce qu’il obtient le 27 mars 1667. Il était entré dans l'ordre des jésuite pour faire plaisir à son père.

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Il entreprend alors son premier voyage en France et débarque en 1667 en Nouvelle-France, à Montréal où son frère Jean, un prêtre de Saint-Sulpice, était arrivé l’année précédente. Il occupe une terre au Sud-Ouest de l’île de Montréal qu’il nomme « Saint-Sulpice », mais que les habitants nomme La Chine pour se moquer de son désir de trouver un itinéraire pour aller en Chine.

En 1669, il finance une petite expédition qui explore les lacs Ontario et Érié. Il atteint alors le fleuve Ohio, mais pas encore le haut cours supérieur du Mississippi qui est découvert par Louis Jolliet et le père Jacques Marquette en 1672. Son groupe était composé de cinq canoës et de quinze hommes, le père Dollier de Casson et sept hommes voyageant avec lui dans trois canoës supplémentaires.

En 1674, il établit le fort Frontenac (maintenant Kingston) sur le lac Ontario en tant que premier élément d’une entreprise de commerce de fourrures (peaux de bison). Le fort a été baptisé du nom du gouverneur de la Nouvelle-France, Louis de Buade de Frontenac. Il part ensuite pour la France (1674-1675), voyage au cours duquel il reçoit, avec l’appui de Frontenac, non seulement une concession pour le commerce de fourrures, avec la permission d’établir des forts de frontière, mais également des lettres patentes d'anoblissement.

À son retour en Nouvelle-France, il est accompagné de Henri de Tonti, qui se joindra à ses explorations. Le 7 août 1678, La Salle appareille sur Le Griffon, que lui et Tonti ont construit au fort Conti, près des chutes du Niagara. Devenant les premiers à naviguer sur les Grands Lacs, ils voguent jusqu’au lac Érié et au lac Huron puis redescendent jusqu’au lac Michigan.

Le 1er novembre 1678, La Salle fonde un fort à l’embouchure du Saint-Joseph, aujourd’hui fleuve Michigan, et attend le retour d’une équipe menée par Tonti, qui a traversé la péninsule à pied. Tonti arrive le 20 novembre, et le 3 décembre l’équipage entier remonte le Saint-Joseph, jusqu’à atteindre un port sur la rivière Kankakee. Ils suivent le Kankakee jusqu’au fleuve Illinois, où ils établissent le fort Crèvecœur près de l’actuelle Peoria.

La Salle marche alors jusqu’au fort Frontenac pour se ravitailler. Pendant ce temps, Louis Hennepin suit l’Illinois jusqu’à sa jonction avec le Mississippi, mais est capturé lors d’une guerre entre Sioux et transporté au Minnesota. Pendant l’absence de La Salle, les soldats du fort Crèvecœur se mutinent et bannissent Tonti, que La Salle avait laissé à la direction du fort. La Salle capturera les mutins sur le lac Ontario et retrouvera par la suite Tonti à Michilimackinac, aujourd'hui appelée Mackinaw.

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Du Fort Frontenac au Mississippi
La Salle rassemble ensuite son équipage pour une nouvelle expédition. Laissant le fort Crèvecœur avec vingt-trois Français et dix-huit Amérindiens, il atteint le sud du lac Michigan en 1680 et descend le Mississippi en 1682, jusqu’au golfe du Mexique. Le 9 avril, il prend possession de ces vastes territoires au nom de la France et leur donne le nom de Louisiane en l’honneur du roi Louis XIV qui, peu reconnaissant, écrira au gouverneur de La Barre que cette découverte est « fort inutile et qu’il faut dans la suite empêcher de pareilles découvertes », même s’il lui ordonne d’y retourner et d’y implanter une colonie. À l’embouchure du Mississippi, près de l’actuelle Venice en Louisiane, La Salle enterre un plat gravé et une croix revendiquant le territoire pour la France.

En 1683, sur son voyage de retour, il établit un nouveau fort à la roche affamée (Starved Rock) sur le fleuve Illinois, pour remplacer le fort Crèvecœur. Tonti dirige le fort tandis que La Salle retourne une fois de plus en France afin de réunir des moyens pour une nouvelle expédition, afin d'installer un comptoir à l'embouchure du fleuve Mississippi et développer un commerce de fourrures concurrent à celui des jésuites de la vallée laurentienne.

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La Louisiane pour la France
C'est le roi de France Louis XIV, à qui l'Espagne vient de déclarer la guerre en octobre 1683, qui lui apporte son soutien pour monter une expédition afin de s'assurer une meilleure maîtrise de la France sur l'Amérique du Nord et également de surveiller les mines d'argent du Mexique qui alimentent les caisses de Charles II d'Espagne. Si ce mandat royal est le moyen pour un La Salle couvert de dettes de faire financer son expédition, la motivation réelle de l'explorateur est sa soif de richesse et de grandeur. La Salle quitte donc le port de La Rochelle le 24 juillet 1684 avec le titre de gouverneur de la Louisiane et à la tête d’une expédition composée de quatre bateaux et 300 colons dont une troupe armée. Louis XIV lui a accordé le navire de guerre le Joly et une longue barque - sorte de corvette ou de petite frégate - La Belle. Pour transporter les quelque 300 colons, soldats et hommes d'équipage, sans compter le chargement, La Salle doit louer deux autres navires : la frégate L'Aimable et le ketch Le Saint François.

L’expédition sera malmenée par des attaques de pirates, et accumulera les erreurs de navigation. Le Saint François tombe aux mains de corsaires espagnols aux Indes occidentales, au large d'Hispaniola. La navigation de l'époque est imprécise et si la détermination de la latitude est à peu près correcte, celle de la longitude, en l'absence de chronomètres précis qui n'apparaitront qu'au XVIIIème siècle, est très déficiente. Les navires atterrissent sur la côte du golfe de Mexico très à l'Ouest de l'embouchure du Mississippi. Longeant la côte, arrivé près de la baie de Matagorda, au Texas, La Salle décide d'y faire relâche. Lors de la manœuvre pour entrer dans cette baie L'Aimable s'échoue sur un banc de sable, et coule. La quasi totalité de sa cargaison est perdue. Le commandant Tanguy Le Gallois de Beaujeu, capitaine de la marine royale commandant le Joly, rentre en conflit avec La Salle et décide de rentrer en France. Il fait débarquer le chargement du Joly et retourne vers la France en mars 1685 avec à son bord du personnel qui fait défection. À son arrivée en France, il prédit l’échec fatal et suicidaire de l’expédition. Celle-ci ne compte alors plus qu’un navire, La Belle, et 180 personnes sur les 300 embarqués à La Rochelle quelques mois plus tôt.

Les membres restant de l'expédition sont finalement contraint d'établir à terre un fort - le fort Saint-Louis (Texas) - près de Victoria au Texas. De là, La Salle mène avec opiniâtreté des recherches vers l’Est pour essayer de retrouver le Mississippi. Malheureusement pour lui, il est à plus de 600 km du fleuve. Et ses tentatives infructueuses se heurtent surtout à des indiens hostiles, aux désertions, à la malnutrition, et aux morts accidentelles. En février 1686, son dernier navire, La Belle, est pris dans une tempête et s'échoue dans la baie de Matagorda. Après deux années longues et difficiles qui voient la colonie de 180 âmes réduite à 40 personnes dont 7 enfants, La Salle décide de tenter le destin. Il quitte le campement accompagné de 16 hommes, parmi eux son frère aîné Jean Cavelier, prêtre de son état, Colin Crevel de Moranger, le neveu de La Salle, et Henri Joutel, son homme de confiance. Mais des hommes se mutinent et La Salle est assassiné le 19 mars 1687, près de Navasota.

Les derniers membres de la colonie survivent jusqu’en 1688, quand les Indiens de Karankawa massacrent les 20 adultes restants et prennent cinq enfants comme captifs. Henri Joutel ayant survécu à la mutinerie qui couta sa vie à La Salle poursuit la route accompagné de Jean Cavelier et de 5 autres hommes jusqu'au Mississippi à pieds, puis jusqu'à Québec, où la majeure partie d'entre eux s’arrêta. Quand il apprend le destin de l’expédition, Tonti envoie des missions de recherche en 1689, mais aucun survivant n'est retrouvé. Le récit principal du déroulement de cette expédition provient du journal de bord d'Henri Joutel, considéré par les historiens comme la source la plus objective d'information sur le sujet.

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Expédition de Robert Cavelier de La Salle à la Louisiane en 1684,
peint en 1844 par Théodore Gudin.
La Belle est sur la gauche, Le Joly au centre et L'Aimable est échoué à droite.

De La Salle a offert un immense territoire à Louis XIV au centre de l'Amérique du nord. La Nouvelle-France canadienne et la rive gauche du Mississippi ont été perdues au profit de l'Angleterre en 1763 à la fin de la guerre de 7 ans. La rive droite du Mississippi et La Nouvelle-Orléans ont été cédées en 1762 à l'Espagne lors du traité de Fontainebleau. En 1800, la France récupère la Louisiane des Espagnols lors du traité de San Ildefonso. Le 18 décembre 1803, la Louisiane est cédée aux États-Unis par Napoléon. Quinze États des États-Unis d'Amérique ont été, complètement ou partiellement, taillés dans l'ancien territoire de la Louisiane française.

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L'épave du dernier bateau de La Salle, la longue barque La Belle, dont l'emplacement figurait sur les cartes anciennes espagnoles et françaises, a été redécouverte dans la vase de la baie de Matagorda en 1995 ; les restes de l'épave et du matériel à bord qui ont été remontés et sont présentés sur différents sites au Texas au titre d'un prêt effectué par la France de 99 ans. (voir Liens externes).
La propriété de la France des restes de La Belle a dû en effet être réaffirmée par un accord entre les États-Unis d'Amérique et la France, signé à Washington le 31 mars 2003, et qui a fait l’objet du décret 2003-540 du 17 juin 2003, publié au Journal officiel de la République française le 24 juin 2003, page 10 560.

De nombreux endroits ont été nommés en son honneur, comme l'arrondissement de LaSalle de la ville de Montréal.

LaSalle, une ville de l'État de l'Illinois aux États-Unis, aussi nommée en son honneur, ainsi qu'une importante rue de Chicago, LaSalle street.

En 1927, Alfred P. Sloan, le président de la General Motors, baptise la marque automobile « LaSalle » en son honneur. La marque est produite jusqu'en 1940, en tant que sous marque de Cadillac.

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N°2250
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=D51zbI1HCSw[/youtube]
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=1VHcG3E6zOo[/youtube]
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=6MBpiZ-sZps[/youtube]
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=Qj-CiQnIj_M[/youtube]
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[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=IshIBzAugtU[/youtube]
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=n2ot-CyD7Bk[/youtube]



[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=2cL_Nhv3xOg[/youtube]
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Re: PERSONNAGES ET FAITS HISTORIQUES DE FRANCE (philatélie)

#78 Message par saintluc »

Jacques Cartier (né probablement entre le 7 juin et le 23 décembre 1491 à Saint-Malo, mort dans la même ville le 1er septembre 1557) est un navigateur et explorateur français. Auteur de cartes ayant permis l'apparition du golfe et du fleuve Saint-Laurent sur les représentations du globe, Cartier, par ses Relations, est le premier Européen à décrire et nommer ces eaux, leurs rives et leurs habitants, et le territoire visité qu'il nomme Canada
De la naissance au premier voyage de 1534
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Portrait de Jacques Cartier par Théophile Hamel, 1844, d'après un portrait aujourd'hui disparu produit en 1839 par François Riss (1804-1886).
— On ignore cependant son vrai visage.

Nous ne connaissons que bien peu de chose de sa vie allant de sa naissance jusqu'à son premier voyage officiel en 1534. Son acte de baptême ne nous est pas parvenu puisque les registres de l'état civil de Saint-Malo manquent de 1472 à 1494. Depuis la seconde moitié du XIXe siècle, les historiens considèrent Jacques Cartier comme le fils de Jamet et de Geffline Jansart, bien qu'aucun document d'archive ne l'atteste. S'il est bien le fils de ces derniers, il aurait eu pour frères Lucas et un enfant non nommé, né en 1494, ainsi qu'une soeur ayant pour nom Berteline. Ce qui est certain, c'est qu'il a eu une soeur nommée Jehanne, puisqu'elle apparaît dans le testament du pilote et explorateur malouin daté du 19 mai 1541. Selon Frédérique Jouon des Longrais, il faudrait ajouter à la liste de la fratrie de l'explorateur le nom de Jehan puisqu'il a été le parrain de deux de ses enfants.

Jacques Cartier épouse, au début d'avril 1520, Catherine, fille de Jacques des Granches, connétable, et de Françoise Du Mast : un mariage qui améliore grandement la condition sociale de l'époux. De cette union ne naîtra aucune descendance.

Les archives malouines nous le présentent sous les traits, entre autres, d'un compère, pour les cérémonies baptismales, et d'un témoin ou juré, dans les procédures judiciaires, très recherché de la part de ses concitoyens. En effet, sur une période s’étalant du 21 août 1510 au 17 novembre 1555, son nom est indiqué sur 58 actes de baptême, dont 35 où il apparaît comme parrain d’enfants bretons. Tissant soigneusement ses liens parmi les bourgeois et les officiers municipaux de Saint-Malo, Jacques Cartier consolida également son réseau social grâce à ses fréquentations auprès de la confrérie de Saint-Jean-Baptiste, communément appelée la confrérie des Frères Blancs. Il appert que, parallèlement au domaine maritime, Jacques Cartier s'intéressait également au monde judiciaire, puisqu'en 1518 il avait en sa possession un livre intitulé Les loables Coustumes du pays & Duche de Bretaigne, dans lequel se trouvaient les règles juridiques bretonnes et les coutumes de la mer (Rôles d'Oléron). C'est sans doute grâce à son savoir du droit qu'il était souvent sollicité comme témoin ou juré dans les cours de Saint-Malo. Aucun document d'archive connu ne nous informe de sa carrière de pilote avant 1530. La majorité des historiens reconnaissent qu'il devait avoir quelque compétence en la matière, pour mériter le titre de « capitaine et pilote pour le Roy ayant charge de voiaiger et allez aux Terres Neuffves passez le destroict de la baye des Chasteaulx » et de succéder ainsi à Giovanni da Verrazano.
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N°296
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N°297
Dans la mesure où l'on ne connaît pas le ou les auteurs des récits relatant les voyages de Cartier, il serait vain d'y chercher quelques indices sur sa personnalité et sa carrière maritime avant 1530. Pour expliquer la genèse du premier voyage de 1534, et connaître les circonstances entourant le choix de Cartier par François Ier, roi de France, deux documents postérieurs aux événements et, comme l'on peut s'y attendre, relatant différemment les faits, ont été employés par les historiens. Le premier, le plus anciennement utilisé par les auteurs, est tiré de l'Histoire de la Nouvelle France de l'avocat Marc Lescarbot. Selon l'avocat-historien, c'est Jacques Cartier qui aurait proposé lui-même ses services à l'amiral de France Philippe Chabot en 1533, qui : « les representa à sa Majesté, & fit en sorte que ledit Quartier eut la charge ». Cette version des faits n'est rapportée que par Lescarbot, mais il y a toutefois des arguments qui viennent la supporter. En effet, Jacques Cartier avait donné le nom de l'amiral à l'île Brion, située dans le golfe de Saint-Laurent, et qui a préservé son choronyme jusqu'à aujourd'hui. Parmi les raisons qui poussaient les chefs d'expédition à nommer un nouveau territoire, il y avait celle d'honorer les principaux « maîtres d'oeuvre » du voyage.

Plusieurs historiens avancent qu'il aurait pu accompagner une campagne de pêche, pour se rendre à Terre-Neuve avant 1532, car la région était fréquentée des pêcheurs basques et bretons. Certains suggèrent aussi qu'il aurait pu participer à l'un des voyages d'exploration de la côte brésilienne par la flotte normande sous pavillon dieppois, vu :
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N°2307
d'une part, les fréquentes comparaisons que Cartier fait, dans ses récits de voyage, entre les Amérindiens de la Nouvelle-France et les Brésiliens, ainsi que sa connaissance du portugais car lors de sa retraite il agit à plusieurs occasions comme interprète en langue portugaise ;
d'autre part, l'histoire de la ville de Dieppe, qui relate la navigation non seulement du capitaine Jean Cousin, mais de deux autres capitaines, Thomas Aubert et Jean Vérassen, qui embarquèrent de Dieppe en 1508 et reconnurent le fleuve Saint-Laurent, auquel ils donnèrent son nom.
En 1532, alors qu'une guerre éclate entre la couronne du Portugal et les armateurs normands au large du Brésil, il est présenté à François Ier par Jean Le Veneur, abbé du Mont-Saint-Michel. Celui-ci évoque des voyages que Cartier aurait déjà faits « en Brésil et en Terre-Neuve », pour affirmer qu'il était à même « de conduire des navires à la découverte de terres nouvelles dans le nouveau monde ». Recevant une commission du roi de France, et devenant en ce sens le successeur de Giovanni da Verrazano, Cartier dirigera, aux frais du roi, trois voyages vers l'Amérique du Nord entre 1534 et 1542, espérant y trouver un passage pour l'Asie, sinon des richesses.

Voir la suite de la biographie sur :
"Les personnages qui ont fait votre histoire"
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Re: PERSONNAGES ET FAITS HISTORIQUES DE FRANCE (philatélie)

#79 Message par saintluc »

Le Traité d'Andelot signé en 587 entre Gontran Ier roi de Burgondie et son neveu Childebert II roi d'Austrasie, devait assurer une paix perpétuelle entre les 2 royaumes.
En novembre 587, le roi Childebert II d'Austrasie, accompagné de sa mère la reine Brunehilde et de sa sœur Chlodoswinthe ainsi que de son épouse Faileuba et le conseiller Magneric de Trèves, alla à la rencontre de Gontran roi des Francs de Burgondie à Andelot (aujourd'hui Andelot-Blancheville), près de Chaumont en Haute-Marne, afin de réconcilier les royaumes d'Austrasie et de Burgondie.
Les parties s'échangèrent des prisonniers, les Austrasiens livrèrent le duc Gontran Boson aux burgondes, que le roi Gontran fit juger immédiatement et condamner à mort, et les burgondes livrèrent aux austrasiens le recteur Dynamius de Provence et le duc Loup que Childebert II accepta de reprendre sous sa domination. Les deux rois négocièrent un pacte, qui déboucha sur le Traité d'Andelot daté du vendredi 28 novembre 587, en présence de nombreux évêques et Grands laïcs des deux royaumes.
Gaule au traité d'Andelot (587). Paul Vidal de La Blache, Atlas général d'histoire et de géographie (1894).
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Ce traité assura la paix perpétuelle entre Austrasie et Burgondie et reconnut à Gontran les possessions de Châteaudun, Vendôme et les fortifications de la région de Chartres et d'Étampes.
Childebert II se vit reconnaître, à l'exception du duché de Dentelin (Paris), les possessions de son père Sigebert Ier : Meaux, Tours, Poitiers, Avranches, Aire-sur-Adour, Couserans, Labourd et Albi.
De plus, il reçut les deux tiers de Senlis avec une option d'achat sur le troisième tiers, propriété de Gontran, en échange de domaines situés à Ressons, près de l'Oise.
Le traité d'Andelot stipula que le dernier vivant recevra le domaine de l'autre. Gontran considérait son neveu comme son héritier.
En échange, Childebert s'engagea à protéger la princesse Clotilde, la fille du roi Gontran après la mort de celui-ci.
Si Childebert venait à mourir en premier, le roi Gontran s'engageait à protéger les princes Théodebert II et Thierry II, les faisant héritiers des deux royaumes, la reine mère Brunehilde, la sœur du roi, la princesse Clodosinde et la reine Faileuba.
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N°2500
Le texte reconnut officiellement à Brunehilde son pouvoir de reine, par la présence de son nom sur la suscription du traité. Brunehilde réclama le morgengabe que Chilpéric Ier avait constitué pour Galswinthe en Aquitaine, Gontran lui restitua Cahors mais, bien que Brunehilde s'en vit confirmer la propriété, il décida d'administrer en usufruit sa vie durant Bordeaux, Limoges, Béarn et Bigorre.
Chlodoswinthe, Faileuba et Clotilde, nièce de Brunehilde, furent assurées de leurs rentes et biens en dépit de la mort des souverains mérovingiens.
Les anciens leudes de Sigebert Ier durent jurer fidélité à Childebert II et l'accueil de fuyards fut interdit.
Néanmoins, le texte assurait la libre circulation des voyageurs et marchands entre les deux royaumes.
Le pacte stipula également que les dons accordés par les souverains restaient valides malgré les partages de territoire.
Les deux rois et la reine jurèrent de respecter le pacte, s'échangèrent des cadeaux et s'embrassèrent en signe de paix.
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Re: PERSONNAGES ET FAITS HISTORIQUES DE FRANCE (philatélie)

#80 Message par saintluc »

Abraham Duquesne ( Dieppe, entre 1604 et 1610 – Paris, 1er février 1688) Baron d'Indret est l'un des grands officiers de la marine de guerre française du XVIIe siècle. Il servit sous Louis XIII et Louis XIV.
Né entre 1604 et 1610 à Dieppe dans une famille huguenote d’armateurs, de corsaires et de marchands. Dès son plus jeune âge il suit les pas de son père qui a servi dans la marine royale qu'il intègre en 1627. En 1635 il devient capitaine de vaisseau.

Il se fait remarquer en tant que commandant du Neptune lors de la reprise des îles de Lérins situé au large de Cannes à l’Espagne en 1636. II se signale aussi au combat de Tarragone en 1641, et à celui du cap de Gâta, où il est blessé, en 1643. Mais en 1644, il perd son navire dans des circonstances mystérieuses et doit quitter la marine.

Pendant les troubles de la minorité de Louis XIV, il s'engage avec son frère dans la marine suédoise. Il est fait amiral-major par la Reine Christine et sert dans la guerre dano-suédoise. Il défit complètement devant Göteborg la flotte danoise commandée par Christian IV de Danemark en personne.
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Buste de Duquesne exposé au Musée national de la Marine
Avec le retour à la paix, il participe à des échanges entre les marines de Suède et de France, avant de rentrer en France en 1647 où il arme une escadre à ses frais. Il bat en 1650 les Anglais et les Espagnols qui avaient envoyé plusieurs vaisseaux au secours de Bordeaux révolté et est en récompense créé chef d'escadre.

Durant la Fronde, il reste fidèle au Roi et arme à ses frais contre les frondeurs. À la fin de la Fronde, il tente un retour en Suède, mais pour des raisons inconnues, il est éconduit par la marine suédoise et doit rester en France. Il entretient alors des liens d’affaires avec Fouquet et ne prend pas la mer. En 1661, il réintègre la marine française et participe aux premières opérations navales du règne de Louis XIV.

Après s'être illustré dans plusieurs combats en Méditerranée dans les années 1662-1665, il sert dans l’escadre de François de Vendôme, duc de Beaufort dont il espère devenir le bras droit. Duquesne est nommé lieutenant général en 1667, mais son ascension dans la hiérarchie de la marine, est ensuite barrée par la promotion fulgurante de l'amiral d'Estrées. Louis XIV et Jean-Baptiste Colbert ne voient pas en Duquesne un chef de guerre rompu au combat en ligne et animé d’un véritable esprit offensif. La guerre de Hollande va leur donner raison et confirmer la passivité de Duquesne au combat.

En juin 1672, il commande le Terrible et participe sous les ordres de d'Estrées et du Duc d'York à la bataille de Solebay contre la marine hollandaise. Il manœuvre trop lentement pour soutenir efficacement d'Estrées et pire, ne répond pas aux ordres d’attaque du duc d'York et laisse échapper la flotte hollandaise alors que la flotte anglo-française se trouvait dans une position très favorable. La carrière de Duquesne semble alors entrer dans un déclin irréversible.

Mais, l’entrée en guerre de l’Espagne en 1673 et le soulèvement de Messine en 1674, ouvrent un second front maritime en Méditerranée. Duquesne est alors choisi pour seconder le duc de Vivonne et promu commandant de l’Escadre de la Méditerranée en 1674. Après de faciles succès en 1675 contre une flotte espagnole qui n'est plus que l’ombre d’elle-même, Duquesne va devoir affronter en 1676 le plus grand capitaine de son temps, l'amiral hollandais Ruyter qui se porte au secours des Espagnols.
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N° 2517
À la bataille d'Alicudi, le 8 janvier 1676, et à la bataille d'Agosta, le 22 avril 1676 Duquesne, frileux, laisse à son avant-garde tout le poids de la bataille. Aux cours de ces deux batailles, Duquesne ne parvient pas à prendre l’avantage sur l’escadre hispano-hollandaise. Celle-ci demeure intacte alors qu'elle aurait pu être facilement inquiétée s'il s'était montré plus agressif et habile dans ses manœuvres. Cependant à la bataille d'Agosta, Ruyter est mortellement blessé. La victoire décisive à Palerme le 2 juin 1676, est obtenue grâce au génie de Tourville, Duquesne parti tirer un bord au large n’y ayant pas participé. Durant l’été, Duquesne se révèle incapable de poursuivre et de détruire le reste des forces hollandaises pourtant mal-en-point.

En 1681, il poursuit et attaque les corsaires et la flotte de Tripoli dans l’anse de Chio.

Puis en 1682-1683, il commande par deux fois le bombardement d’Alger, et força le dey à restituer tous les esclaves chrétiens. En 1684, il bombarda de même Gênes (qui avait vendu quelques secours aux Algériens). Ce bombardement contraint le doge à venir s'humilier aux pieds du roi de France (1684).

Duquesne était protestant, ce qui empêcha Louis XIV de l'élever à la dignité d'amiral. Cependant il le fit marquis et érigea en marquisat sa terre du Bouchet près d'Étampes. Ce fut un des très rares personnages de l’époque qui ait été autorisé à rester protestant en France malgré l’Édit de Fontainebleau signé en 1685. Il mourut à Paris le 1er février 1688 à l’âge de 78 ans.

Il est enterré dans son château du Bouchet, domaine érigé en marquisat par Louis XIV.

Dieppe, sa patrie, lui a élevé une statue (1844). Statue de Duquesne (XIXe), sur le port de Concarneau, provenant du château de Kériolet. Abraham Duquesne possédait le manoir du Moros à Concarneau.

Cette légende dorée fut d’abord forgée par Duquesne lui-même qui ne manque jamais l’occasion de se présenter comme un vieux loup de mer, mais aussi par Colbert qui va utiliser les combats contre Ruyter pour redorer le blason de la Royale. Tenue en respect dans la Manche par la flotte des « marchands de fromage », la campagne en Méditerranée va permettre à la Royale de se forger un héros à l’image des Condé et Turenne. Du jour au lendemain, la propagande fait de Duquesne, « le Turenne des mers », le plus grand capitaine de mer du moment, l’égal et le vainqueur de Ruyter. Alicudi et Agosta deviennent des victoires éclatantes et Palerme le plus formidable succès naval. Alors que tous les grands chefs du règne de Louis XIV, sont Anglais ou Hollandais, Duquesne va servir la propagande et accréditer l’idée d’un génie maritime français.
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Re: PERSONNAGES ET FAITS HISTORIQUES DE FRANCE (philatélie)

#81 Message par saintluc »

Pierre André de Suffren, dit « le bailli de Suffren », également connu sous le nom de « Suffren de Saint-Tropez », né le 17 juillet 1729 au château de Saint-Cannat, près d’Aix-en-Provence et mort le 8 décembre 1788 à Paris, était un vice-amiral français, bailli de l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem.


Le stratège Alfred Mahan. Suffren est le seul Français cité comme faisant partie des plus grands marins par les historiens et stratèges anglo-saxons comme Alfred Mahan ou l'amiral King.Suffren est à l’étranger le plus connu des marins français. Pour les auteurs anglo-saxons, Suffren est pratiquement le seul amiral français digne de figurer parmi les plus grands marins. De son vivant déjà, Suffren fait l’admiration de ses confrères anglais qui finissent par le surnommer « l’amiral Satan ». Clerk of Eldin, penseur naval britannique de la fin du XVIIIe siècle, vante son « mérite, sa bravoure, ses talents militaires » pour bâtir des théories navales dont se serait inspiré Nelson. À la fin du XIXe siècle, Mahan, le principal stratège américain fait de lui un éloge appuyé. En 1942, l’amiral King, alors à la tête de la marine américaine, dresse la liste des cinq plus fameux amiraux du passé. Il nomme John Jervis, Horatio Nelson, Maarten Tromp, Suffren et David Farragut. Selon lui, Suffren possédait « l’art de tirer le meilleur parti des moyens disponibles accompagné d’un instinct de l’offensive et de la volonté de la mener à bien ».
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Le bailli de Suffren en grand uniforme d’officier général de la Marine (peint par Pompeo Batoni).
En France, le jugement le plus célèbre est celui de Napoléon : « Oh ! pourquoi cet homme [Suffren] n’a-t-il pas vécu jusqu’à moi, ou pourquoi n’en ai-je pas trouvé un de sa trempe, j’en eusse fait notre Nelson, et les affaires eussent pris une autre tournure, mais j’ai passé tout mon temps à chercher l’homme de la marine sans avoir pu le rencontrer... ». Ces paroles, de nombreuses fois citées, nous sont rapportées par Emmanuel de Las Cases dans le Mémorial de Sainte-Hélène. Elles témoignent de l’immense prestige dont jouissait le héros de la campagne des Indes et des regrets de Napoléon. Pourtant, Suffren a toujours fait en France l’objet de commentaires contrastés. Le même Las Cases se fait l’écho des nombreux officiers de marine qui détestaient Suffren et surnommaient ce dernier le « gros calfat » en raison de son physique, mais aussi de son comportement :
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N°2518

« M. de Suffren avait du génie, de la création, beaucoup d’ardeur, une forte ambition, un caractère de fer ; c’était un de ces hommes que la nature a rendu propres à tout. J’ai entendu des gens très sensés et très forts dire que sa mort, en 1789, pouvait avoir été une calamité nationale ; qu’admis au Conseil du roi, dans la crise du moment, il eût été de taille à donner une autre issue aux affaires. M. de Suffren, très dur, très bizarre, extrêmement égoïste, mauvais coucheur, mauvais camarade, n’était aimé de personne, mais était apprécié, admiré de tous. C’était un homme avec qui l’on ne pouvait pas vivre, et il était surtout fort difficile à commander, obéissait peu, critiquait tout, déclamait sans cesse sur l’inutilité de la tactique, par exemple, et se montrait au besoin le meilleur tacticien. Il en était de même pour tout le reste, c’était l’inquiétude et la mauvaise humeur du génie et de l’ambition qui n’a pas ses coudées franches. »
Au début du XXe siècle, l’amiral Raoul Castex, le principal stratège maritime français lui rend un hommage appuyé en parlant de « l’un des trois noms immortels qui jalonnent la marine à voile » avec Michiel de Ruyter et Horatio Nelson. Mais tous les officiers historiens ne partagent pas cet avis. En 1996, l’amiral François Caron qui étudie les campagnes du bailli lâche contre lui une bordée de boulets rouges en concluant que « si le chevalier de Suffren manifesta un indiscutable courage, eut un coup d’œil tactique incomparable, son action, tous bilans faits, reste d’une grande banalité et est très décevante. L’engouement de certains à son égard ne doit pas lui servir de titre de gloire qu’il ne tient sa valeur du résultat de ses combats. » Un jugement sévère vis-à-vis de celui qui a donné son nom depuis la Révolution à sept vaisseaux de la marine française.

Plus de deux cent ans après sa mort, le célèbre bailli reste donc un sujet d’étude et de polémique pour les historiens. C’est d’ailleurs le marin français sur lequel ont été publiées le plus de biographies et d’articles. Au-delà des commentaires sur la portée de ses campagnes, on fait le constat d’une vie particulièrement remplie et mouvementée. Suffren traverse trois guerres navales franco-anglaises au milieu de ce très long conflit que certains historiens appellent aujourd’hui la « Seconde Guerre de Cent Ans » (1689–1815). La troisième — la plus commentée — lui apporte la gloire. Les deux premières — souvent négligés par les biographes — lui permettent de mener une double carrière en gravissant peu à peu tous les échelons de la marine royale et celle de l’Ordre de Malte.

Suite : http://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_And ... de_Suffren
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Re: PERSONNAGES ET FAITS HISTORIQUES DE FRANCE (philatélie)

#82 Message par saintluc »

Jean François de Galaup, comte de La Pérouse (23 août 1741-?), né en Albigeois au manoir du Gô à deux lieues d'Albi, est un officier de marine et un explorateur français. L'expédition maritime autour du monde, qu'il commandait, a disparu corps et biens à Vanikoro (îles Salomon) en 1788.
Jean-François de Galaup, issu d'une famille albigeoise dont la noblesse remonte à 1558, entre à l'Ecole des Gardes de la Marine à 15 ans, le 19 novembre 1756, ayant ajouté au sien le nom de La Pérouse, celui d'une terre reçue de son père. Il est encouragé par l'un de ses parents, le marquis Clément Taffanel de La Jonquière. Pendant ses études à Brest, il est engagé dès l'âge de 17 ans dans les conflits maritimes de la guerre de Sept Ans avec la Grande-Bretagne au large de l'Amérique du Nord, notamment à Terre-Neuve et sur le Saint-Laurent avec son cousin Clément puis avec le chevalier de Ternay, qui deviendra son véritable tuteur, ainsi qu'aux Antilles.
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À 15 ans, il entre dans la marine. À 18 ans, il est blessé et fait prisonnier pendant la bataille des Cardinaux, près de Quiberon, entre le maréchal de Conflans et l'amiral Hawke. En septembre 1763, Bidé de Chézac prend avec lui quelques Gardes de la Marine, dont La Pérouse, pour conduire de Lorient à Brest le vaisseau neuf Les Six Corps. Après d'autres activités sur les côtes françaises, il effectue un séjour de cinq ans à l'île de France (aujourd'hui île Maurice), et exécute plusieurs missions dans les îles voisines. La Pérouse est promu au grade d'enseigne le 1er octobre 1764. Il est initié à la franc-maçonnerie dans la loge de Brest « l'Heureuse rencontre ».

Chargé de deux voyages aux Indes comme commandant de la Seine, il rencontre à l'île de France sa future épouse, Eléonore Broudou, fille d'un armateur nantais, devenu administrateur de la marine.
Les quatorze ans de paix de 1764 à 1778 lui permettent de consolider son expérience de la navigation en Atlantique et dans l'océan Indien, en qualité d'abord de simple officier, puis de commandant de plusieurs bâtiments du roi.
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Buste par François Rude (1828
Rentré en France en 1777, il est nommé lieutenant de vaisseau et obtient la croix de Saint-Louis pour avoir sauvé Mahé des Indiens.

Lors de la reprise des hostilités (en 1778), il reçoit le commandement de la frégate l'Amazone, et se distingue dans l'escadre du comte d'Estaing par la prise d'une frégate britannique, l'Ariel.

Il participe ensuite à la guerre d'indépendance des États-Unis et aux combats contre les Britanniques aux Antilles jusqu'au Labrador (expédition de la baie d'Hudson), où il démontre sa valeur maritime et militaire en capturant deux forts britanniques. En 1779, il rentre en franc-maçonnerie
Devenu capitaine de vaisseau, en 1780, il se rend avec l'Astrée sur les côtes de la Nouvelle-Angleterre ; avec la frégate l'Hermione, commandée par Latouche-Tréville, il rencontre près de l'île royale une frégate ennemie et cinq petits bâtiments. La frégate est prise avec un autre bâtiment ; les autres s'échappent. La Pérouse gagne ensuite le Cap Français en Haïti, où il reçoit la mission d'attaquer les établissements britanniques de la baie d'Hudson.

Cette expédition resta assez obscure à l'époque, mais elle développa les talents de La Pérouse, et le fit connaître comme un officier capable de diriger une campagne de découvertes. Il venait de parcourir des parages peu connus, et il avait eu à surmonter, dans un espace très restreint, la plupart des dangers que la navigation peut offrir dans toute l'étendue du globe. Cette renommée lui vaudrait le commandement de l'expédition de 1786.

Nommé capitaine de vaisseau à 39 ans pour sa brillante conduite pendant la guerre, il épouse Eléonore Broudou en 1783, malgré quelques objections paternelles, et l'installe à Albi dans une maison achetée rue de l'École Mage. À cette occasion, La Pérouse est forcé de demander à son père son émancipation par manumission, comme au Moyen Âge, car le droit d'Ancien Régime en fait toujours un mineur incapable de se marier et d'acheter des biens immobiliers, malgré son âge mûr et sa situation.
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Louis XVI donnant ses instructions au capitaine de vaisseau La Pérouse pour son voyage d’exploration autour du monde, par Nicolas-André Monsiau (1817)
Après le traité de Paris, il est choisi par le marquis de Castries, ministre de la Marine et par Louis XVI pour diriger une expédition autour du monde visant à compléter les découvertes de James Cook dans l'océan Pacifique. Au Kamtchatka, il reçoit sa Commission de chef d'escadre arrivée de France. Après un long voyage par le cap Horn, l'archipel d'Hawaï, l'Alaska, la Sibérie, la Chine, et jusqu'en Australie, l'expédition maritime disparaît corps et biens à Vanikoro, îles Salomon, en 1788.
Une expédition partit à sa recherche en septembre 1791. Dirigée par l'amiral d'Entrecasteaux, elle part de Brest le 28 septembre avec deux frégates La Recherche et L'Espérance. Elle atteint l'île des Pins le 16 juin 1792 ; puis le 19 mai 1793, l'expédition découvrit une île nouvelle que d'Entrecasteaux baptisa l'île de La Recherche. Or c'est sur cette île (également appelée Vanikoro) que les survivants de l'expédition La Pérouse (et peut-être La Pérouse lui-même) avaient trouvé refuge.

L'expédition poursuivit sa route vers Surabaya sans jamais l'atteindre.

Plusieurs rumeurs couraient à l'époque. Une des déclarations les plus retentissantes fut celle du Britannique George Bowen, capitaine du navire l'Albemarle, devant les autorités de Morlaix, en 1793. Cet officier prétendit avoir vu, dans la nuit du 30 décembre 1791, sur la côte de la Nouvelle-Géorgie, des débris de vaisseau, des filets de main-d'œuvre européenne. Les contradictions de cette déclaration ne permirent pas d'en faire la base d'une tentative sérieuse. Toutefois, malgré le peu de succès des recherches, on avait toujours gardé l'espoir de retrouver une partie de son équipage, ou au moins un indice de leur destin.

Divers bruits de cette nature se succédèrent presque d'année en année, mais ils parurent trop peu fondés pour mériter de fixer l'attention.

Enfin, vers la fin de 1825, un officier britannique affirma savoir d'un capitaine américain, que celui-ci, après avoir découvert un groupe d'îles bien peuplées et entourées de récifs, en avait rencontré les habitants, et vu entre leurs mains une croix de Saint-Louis et des médailles comme celles que la Pérouse avait emmenées. Ces indices pouvaient faire croire que les bâtiments de la Pérouse avaient péri sur ces îles. Mais la position de ces îles restait inconnue. Quoique l'espoir de le retrouver fût presque évanoui, et que le rapport du capitaine américain omît ce renseignement capital, on voulut lancer une nouvelle expédition.

Dumont d'Urville, alors capitaine de frégate, en fut vivement frappé. Il prit la tête d'une nouvelle entreprise de circumnavigation qui partit de Toulon le 25 avril.

C'est sur des renseignements plus précis, obtenus peu de temps après le départ de M. d'Urville, que l'on put enfin sérieusement espérer retrouver les traces de la Pérouse. Quatre mois après, le 15 août, un vaisseau de la compagnie anglaise des Indes orientales, expédié spécialement à la recherche des traces de la Pérouse, mouillait dans la rade de Tonga-Tabou, où il était venu sur des indications moins vagues que les précédentes.
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N°2519
En 1828, Dumont d'Urville reconnut après l'explorateur britannique Peter Dillon, dans l'île de Vanikoro le lieu probable du naufrage et de la mort de Jean-François de La Pérouse. Il retira du corail des ancres, des pierriers ayant appartenu à l'Astrolabe mais toujours pas de trace de la Boussole.

Il fallut attendre 1826-1827 pour que le capitaine marchand Peter Dillon découvre les restes du naufrage à Vanikoro, Îles Santa Cruz (Îles Salomon), au nord du Vanuatu. Il découvrit la cloche de l'Astrolabe (le deuxième navire commandé par Fleuriot de Langle) et des pierriers de bronze qui avaient été conservés par les habitants. Quant à la Boussole pas la moindre trace. Il apprit sur l'île de Vanikoro « comment deux grands navires s'étaient échoués par une nuit de grande tempête : l'un aurait coulé, l'autre se serait échoué et les survivants auraient pu s'installer sur un point de Vanikoro, nommé Paiou. Cinq ou six mois après, une partie des survivants seraient repartis à bord d'un petit bateau fabriqué avec les débris du grand. L'autre partie resta à Vanikoro, se mêla aux affrontements des indigènes. Le dernier des survivants serait mort peu avant la venue de Peter Dillon. »

Dans les années qui suivirent, deux autres explorateurs français passent par Vanikoro : Legoarant de Tromelin retrouve les ancres et les canons qui sont déposés, depuis 1884, au pied du monument dressé en l'honneur de La Pérouse par la ville d'Albi.

Jean-François Galaup de La Pérouse a laissé son nom :

au détroit entre les îles de Hokkaido et de Sakhaline,
à une baie de l'île de Pâques,
à une localité de la banlieue de Sydney près de l'endroit où il aborda en 1788 (voir La Perouse),
à un îlot nommé piton de La Pérouse au centre de l'atoll de la Frégate française (French Frigate Shoals) dans l'archipel d'Hawaï,
à des lycées à Albi et Nouméa.
Cinq navires de la Marine nationale française ont aussi porté son nom.
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Re: PERSONNAGES ET FAITS HISTORIQUES DE FRANCE (philatélie)

#83 Message par saintluc »

Bertrand François Mahé, comte de La Bourdonnais, né à Saint-Malo le 11 février 1699 et mort à Paris le 10 novembre 1753, est un amiral français, administrateur au service de la Compagnie française des Indes orientales.
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Mahé de La Bourdonnais
Portrait par Antoine Graincourt.

Natif de Saint-Malo, il prend la mer dès son plus jeune âge. En 1718, il entre au service de la Compagnie française des Indes orientales comme lieutenant. En 1724, il est nommé capitaine et montre tant de bravoure dans la prise de Mahé, sur la côte de Malabar, qu'il obtient le droit d'apposer le nom de la ville au sien. Il sert ensuite deux ans sous les ordres du vice-roi du Portugal à Goa, puis retourne au service des Français en tant que gouverneur de l'île de France (île Maurice) et de l'île Bourbon (La Réunion) en 1735.

Ces cinq premières années sont marquées par de nombreux succès : il contribue à leur développement tant militaire qu'économique.

A l'Isle de France, pour lancer la culture de la canne à sucre, il crée la première sucrerie de l’île au quartier des Pamplemousses avec du matériel venant de France. Et pour encourager les cultures vivrières, il aménage dans les jardins de Monplaisir, sa luxueuse résidence du quartier des Pamplemousses, des potagers et des vergers dont les fruits et légumes serviront à ravitailler les équipages à Port-Louis. Il encourage aussi les colons à cultiver le manioc, plante résistante aux divers prédateurs (rats, sauterelles) et dont la racine fournit une farine, la cassave, qui deviendra la nourriture de base des esclaves. Il entreprend de doter Port-Louis, appelé jusque-là « Le Camp », d’une bonne infrastructure portuaire. Il fait creuser le port, l’enrichit d’une cale sèche pour réparer et construire les navires, d’un arsenal et d’un hôpital[1]. Une ville du sud de l'île Maurice porte encore aujourd'hui son nom : Mahebourg. À Bourbon, il fait aménager le port de Saint-Denis et fonde la ville de Saint-Louis. Mais en 1740, alors qu'il se trouve en visite en France, il est obligé de repartir pour l'Inde pour faire face à la Marine britannique.

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Il délivre Mahé à nouveau, libère le général Dupleix qui s'était enfermé dans Pondichéry en 1746, et reprend Madras en septembre 1746 au terme d'un siège où pratiquement aucun coup de feu n'est tiré. Il se porte ensuite au secours de Joseph François Dupleix bloqué à Pondichéry. N'ayant pas reçu de France les renforts attendus, La Bourdonnais prend la mer avec une flottille de la Compagnie et, malgré de faibles ressources, il bat la flotte de lord Peyton à la hauteur de Négapatam. Arrivé à Pondichéry, il se trouve en opposition de vues avec Dupleix. Il met ensuite le siège devant Madras, qui capitule le 24 septembre 1746. Ce coup d'éclat lui vaut l'inimitié de Dupleix et le conduit à la Bastille, où il est incarcéré pour spéculation et mauvaise administration.

Arrêté en 1748, il n'est jugé qu'en 1751. Acquitté, il souffre des séquelles de son emprisonnement et il est accablé par la perte de sa propriété. À sa mort, le roi alloue à sa veuve une pension de 2 400 livres.
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Re: PERSONNAGES ET FAITS HISTORIQUES DE FRANCE (philatélie)

#84 Message par saintluc »

Louis Antoine de Bougainville, né à Paris le 11 novembre 1729 et mort à Paris le 31 août 1811, est un navigateur et explorateur français.
Louis Antoine de Bougainville est né à Paris le 11 novembre 1729, frère de l'historien Jean-Pierre de Bougainville. Il est fils de notaire. Il a fait des études poussées au collège de l'Université et montre des aptitudes particulières pour les études mathématiques et de droit. Il est d'abord avocat au Parlement de Paris, puis il entreprend une carrière militaire. En 1754, il est nommé secrétaire d'ambassade à Londres et devient membre de la Royal Society le 8 janvier 1756.

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Louis Antoine de Bougainville
Portrait par Jean-Pierre Franque

Il est nommé aide de camp de François Chevert, puis il est envoyé en 1756 au Canada comme capitaine au gouvernement de Louis XV des renforts pour maintenir la colonie. Durant le siège de Québec en 1759, il est assigné à la défense de la rive nord entre Québec et la Rivière Jacques-Cartier. Mais après le débarquement des troupes britanniques à l'anse au Foulon et le début de la Bataille des Plaines d'Abraham, il se rapproche de la zone des combats, mais c'est un échec. Après la mort de Montcalm durant la bataille, il dirige la retraite et il est nommé colonel.

En 1761, il se distingue sur les bords du Rhin. Lorsque la paix est conclue en 1763, il est nommé capitaine de frégate et file avec deux navires, l’Aigle et le Sphinx, vers les îles Malouines pour y établir une colonie.

Mais, trois ans plus tard, par ordre du roi Louis XV, et devant les violentes protestations des Espagnols qui revendiquent ces îles comme faisant partie de l'Amérique du Sud, il devra leur restituer l'archipel après une négociation qui sera favorable à la France. Les Britanniques reprendront bientôt le territoire aux Espagnols pour leur donner le nom de Falklands.

Accompagné d'un naturaliste, d'un dessinateur et d'un astronome, il part de Nantes, plus précisément de Mindin, le 15 novembre 1766, fait escale dans la rade de Brest d'où il repart le 5 décembre pour un voyage autour du monde à bord de la frégate la Boudeuse. Un second bateau, l’Étoile, une flûte (navire de charge), parti de Rochefort le 1er février 1767, le rejoint pour le tour du monde le 13 juin 1767 à Rio de Janeiro après deux rendez-vous manqués aux Malouines et dans l'embouchure du Río de la Plata.

Au Brésil, le botaniste Philibert Commerson embarqué sur l’Étoile découvre la fleur qu'il nommera plus tard la bougainvillée et cette fleur sera donnée à Joséphine de Beauharnais, première épouse de Napoléon.

Après avoir remis les îles Malouines aux Espagnols, sur ordre de Louis XV, il franchit le détroit de Magellan, explore l'immense et dangereux archipel des Tuamotu et mouille à Tahiti qui vient d'être découverte en avril 1768 par Samuel Wallis. Il y reste moins de dix jours, puis repart avec un jeune Tahitien volontaire, Aotourou, qui fait le trajet jusqu'à Paris puis qui meurt au cours du voyage de retour, après une escale à l'Île de France (aujourd'hui île Maurice).

Il explora quelques semaines plus tard l'île qui porte son nom. Il découvre ensuite la plupart des îles Samoa, qu'il appelle îles des Navigateurs, revoit les îles Saint-Esprit de Pedro Fernández de Quirós (appelées Vanuatu depuis leur accession à l'indépendance en 1980). Il longe les Louisiades, retrouve les îles Salomon et peut enfin se ravitailler aux Moluques.

Il rentre à Saint-Malo le 16 mars 1769 et publie en 1771 sa Description d'un voyage autour du monde, où il évoque le mythe, au parfum alors sulfureux, du « paradis polynésien ». Bougainville voit les apports scientifiques de son voyage éclipsés par le caractère ambigu du succès de son ouvrage. Il a néanmoins fait faire à la géographie de l'Océanie de grands progrès, trouvant des îles nouvelles, précisant la situation de beaucoup d'autres, donnant sur les mœurs des indigènes des renseignements intéressants. Ce livre suscite une réaction de Denis Diderot, qui publie en 1772 son Supplément au voyage de Bougainville.

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Il embarque ensuite sur la Terpsichore en 1775 et sur le Solitaire en 1776. Il commande en 1777 le vaisseau le Bien-Aimé, puis, de 1778 à 1779, le Guerrier. Promu chef d'escadre le 8 décembre 1779, il commande plusieurs vaisseaux dans la Guerre d'indépendance des États-Unis. Il combat l'amiral Samuel Hood, à la Martinique, et participe le 5 septembre 1781 à la bataille de la baie de Chesapeake. Il retourne dans l'armée de terre avec le grade de maréchal de camp.

Son comportement à la Bataille des Saintes, le 12 avril 1782, fut des plus curieux. À la tête de sa division de six vaisseaux, il abandonna son amiral, le comte de Grasse, et les douze autres vaisseaux français aux prises avec les navires britanniques sous les ordres de l'amiral Rodney. Bougainville prétendit ne pas avoir compris les signaux de son navire amiral pour définir la manœuvre. Il lui était pourtant facile de faire faire demi-tour à sa division et de revenir en l'espace d'une heure sur le lieu du combat. Ce faisant, il aurait provoqué la panique chez les Britanniques entourant les vaisseaux français. De nombreux témoins accablèrent la désertion de Bougainville au procès de Lorient en 1784. Cependant, Bougainville fut relaxé, car sa condamnation eût été embarrassante pour les ministres, compte tenu de ses relations.

Il forme un projet d'expédition au pôle Nord, qui lui est refusé par le ministre Loménie de Brienne. Il reste fidèle à Louis XVI lors de la Révolution. Il est chargé en 1790 de commander l'armée navale de Brest. Vice-amiral en 1791, n'ayant pu rétablir l'ordre dans cette troupe indisciplinée, il se retire du service. Il quitte la marine après en avoir refusé le ministère en 1792 pour se consacrer à l'étude des sciences.

Il est arrêté pendant la Terreur et libéré suite à la chute de Robespierre. Associé libre de l'Académie des sciences depuis 1789, il est élu membre de l'Institut de France et membre du Bureau des longitudes en 1796.

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N°2521
Il connaissait, et se passionnait pour les plantes, son jardin était remarquable (château de Suisnes). Quand le goût pour les roses commence à se développer, il fournit à son chef-jardinier Aubin Cochet les capitaux pour son installation comme pépiniériste rosiériste au Prieuré de Vernelles, le premier dans la Brie.

Napoléon Bonaparte le comble de dignités : sénateur en 1799, grand officier de la Légion d'honneur en 1804, comte d'Empire en 1808. Il préside le conseil de guerre qui juge les responsables de la bataille de Trafalgar en 1809. Ce sera sa dernière fonction officielle.

Son cœur repose au cimetière du Calvaire à Montmartre, et son corps repose au Panthéon de Paris, depuis 1811, dans le caveau III.
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Re: PERSONNAGES ET FAITS HISTORIQUES DE FRANCE (philatélie)

#85 Message par saintluc »

Jules Sébastien César Dumont d’Urville, né à Condé-sur-Noireau le 23 mai 1790 et mort à Meudon le 8 mai 1842, est un explorateur français qui mena de nombreuses expéditions, notamment à bord de l’Astrolabe.
Né d’une ancienne famille de Normandie, son père, Gabriel Jean François Dumont, seigneur d’Urville est bailli de la nouvelle Haute Justice de Condé. Après le décès de ce dernier, son éducation est confié au frère de sa mère, l'abbé de Croisilles, chanoine à Caen. Il poursuit ses études au collège de Bayeux puis, bon élève au lycée de Caen. À 17 ans, il s'engage dans la Marine et, après avoir subi avec beaucoup de succès un sévère examen, il fut nommé aspirant de première classe en novembre 1807. À vingt ans (en 1810), il se présenta à l’examen de l’École polytechnique, mais son âge trop avancé ne permit pas qu’il y fût reçu. Il débuta sa carrière dans la marine à Brest en 1811 sur le vaisseau l’Aquilon, puis il passa successivement sur l’Amazone, le Suffren, le Borée et la Ville de Marseille et parvint en 1812 au grade d’enseigne de vaisseau.

Le premier voyage de Dumont d’Urville eut lieu sur la Ville de Marseille, qui conduisit en 1814 le duc d’Orléans à Palerme et qui l’en ramena avec sa famille.

Il rencontre à Toulon, Adèle Pépin, fille d’un horloger qu'il épouse en mai 1815.

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Il fait partie, avec le capitaine Gauthier, d’une expédition scientifique envoyée en 1819 en mer Noire et dans les îles grecques, il est le premier à signaler à l’ambassadeur français à Constantinople, une statue récemment exhumée et dont il perçoit immédiatement l’inestimable valeur. C’est la fameuse Vénus de Milo, sculptée en 130 av. J.-C. et c’est sur la notice qu’il en avait tracée que M. de Marcellus organisa l’achat par la France de cette statue, aujourd’hui exposée au musée du Louvre, qui est devenue l’une des plus célèbres au monde.

En 1820, la reconnaissance complète du périple de la mer Noire fut exécutée.

Nommé lieutenant de vaisseau en 1821, il s'associe à Louis Isidore Duperrey pour mettre à exécution un voyage de découvertes tracé par ces deux officiers et approuvé par le gouvernement.

Il en résulta le voyage d’exploration scientifique de La Coquille, de 1822 à 1825 avec pour commandant, le capitaine Louis Isidore Duperrey dans un voyage de circumnavigation autour du monde. Il ramena au Muséum plus de 3000 espèces de plantes, dont 400 nouvelles et 1200 espèces d’insectes, dont 300 nouvelles. Il publia à son retour divers mémoires scientifiques et une Flore des Malouines (en latin).

Le comte Chabrol de Crousol, ministre de la Marine, ayant confié à Dumont d’Urville une nouvelle exploration de la mer du Sud, le commandement de La Coquille, renommée L’Astrolabe, lui fut confié avec le grade de capitaine de frégate.

Il reçut en 1826 le commandement des deux corvettes L’Astrolabe et la Zélée, avec mission d’explorer l’Océanie et fut envoyé dans l’océan Pacifique pour arpenter les côtes de la Nouvelle-Guinée, la Nouvelle-Zélande et d’autres îles. Le 22 avril 1826, Jules Dumont d’Urville appareille de Toulon comme commandant de L'Astrolabe (l’ancienne La Coquille) pour une deuxième circumnavigation, avec entre autres missions, la recherche de La Pérouse.

Son expédition de 35 mois procura à la géographie et à la navigation la reconnaissance positive de plus de 4000 lieues de côtes les moins connues du globe sur la Nouvelle-Irlande, la Nouvelle-Bretagne et la Nouvelle-Guinée ; elle assura la position de près de 200 îles ou îlots, dont une soixantaine n’avaient encore figuré sur aucune carte. Il découvrira les îles Fidji, cartographiera les îles Loyauté, effectuera un relevé des côtes de la Nouvelle-Zélande, entreprendra une exploration des îles Tonga et des Moluques. Ses rapports ont permis la classification des îles en Mélanésie, Polynésie et Micronésie.

Il reconnut après l’explorateur anglais Peter Dillon, dans l’île de Vanikoro le lieu probable du naufrage et de la mort de Jean-François de La Pérouse.

Les immenses récoltes d’histoire naturelle, amassées durant tout le cours de la campagne, furent déposées au retour au Muséum d’histoire naturelle et le Musée maritime s’enrichit d’un nombre considérable d’objets des peuples visités.

Il rassembla une pléthore de matériaux précieux pour la géographie et la botanique, fit paraître, sous le titre de Voyage de l’Astrolabe (13 volumes, in-8, 1830 et années suivantes), le résultat de ses recherches très critiquées par le savant François Arago pour leur imprécision. Il contribue à la cartographie de cette région du globe, notamment en proposant à la Société de géographie la subdivision devenue traditionnelle de l’Océanie en Polynésie, Micronésie et Mélanésie (dont il crée le nom) - et en Malaisie. Ces subdivisions sont désormais contestées par les géographes et les linguistes mais continuent d’être utilisées.

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L’Astrolabe en 1838
Ce fut lui qui fut chargé du commandement du vaisseau qui transporta Charles X sur la terre étrangère. Il obtint dès lors du gouvernement anglais la reconnaissance du nouveau pavillon français et, à son retour, il fit la proposition de réclamer à l’Angleterre les restes de Napoléon Ier.

Pendant plusieurs années, la monarchie de Juillet laissa Dumont d’Urville dans un repos qui semblait une disgrâce. Il obtint enfin d’exécuter un nouveau voyage depuis longtemps projeté.

Il entreprit en 1837 un nouveau voyage, dans une expédition dans les régions de l’Océan Antarctique.

L’Astrolabe et la Zélée partirent de Toulon le 11 septembre 1837 et le 13 novembre mouillèrent dans la rade de Rio de Janeiro. Le 11 janvier 1838, elles quittèrent la Terre de Feu et s’avancèrent vers les glaces antarctiques.

Il explora les mers australes, poussa fort avant vers le pôle Antarctique, en affrontant les plus grands périls, découvrit quelques nouvelles terres. Les premières rencontrées le furent dès le 59e degré ; au 64e de latitude Sud, ce ne fut plus des montagnes flottantes, mais une barrière compacte qui se prolongeait à perte de vue. À force de travaux, les navires remontèrent vers le nord et découvrirent une côte de 120 milles d’étendue, qu’on nomma la terre Louis-Philippe.

Le 7 mars, ils sortirent des glaces et, le 7 avril, ils firent relâche à Valparaiso.

Dumont d’Urville quitta cette rade le 29 mai, séjourna, du 26 août au 3 septembre, à Nuku Hiva, îles Marquises et fit le relèvement complet des îles Salomon du 18 au 26 novembre. Le 6 novembre, il avait revu Vanikoro (îles Nitendi), lieu célèbre par le naufrage de La Pérouse.

Le 1er janvier 1839, l’Astrolabe et la Zélée arrivèrent à Gouaham, le 5 février à Amboine, le 1er juin à la pointe Sud de Bornéo, le 8 juin à Jakarta, le 6 octobre à Lampongs (Sumatra). C’est dans ces parages que les deux équipages éprouvèrent un premier, un cruel désastre : la maladie enleva 17 hommes, contraignant Dumont d’Urville à laisser 16 malades à Hobart vers les premiers jours de décembre.

Ayant appris dans ce port que les capitaines James Clark Ross et Francis Crozier étaient en route pour le pôle Sud, le commandant ne voulut pas laisser aux Anglais seuls l’honneur d’une tentative et se décida à faire une nouvelle pointe vers le Sud.

Le 1er janvier 1840, l’Astrolabe et la Zélée remirent à la voile. Le 15, elles coupèrent la route de Cook en 1773 et, depuis ce moment, se trouvèrent dans un espace de mer que jamais navire n’avait sillonné ; le 16, par 60 de latitude et 141 de longitude, on vit la première glace, masse de 50 pieds de hauteur sur 200 d’étendue ; le 17, les glaces avaient de 100 à 130 pieds sur 3 à 400 toises d’étendue. La terre était à 8, à 10 milles de là ; c’était un immense ruban s’étendant à perte de vue du S.S.-E. à l’O. S.-0., haut de 2 à 300 toises, entièrement couvert de glace et de neige ; on était par 66°,38 latitude et 138°,21 longitude Est, sous le cercle polaire antarctique et à peu de distance du pôle magnétique ; c’était une haute et puissante barrière qui fermait la route aux navires.

Dumont d’Urville annonça à son équipage que cette terre porterait désormais le nom de Terre Adélie, rappelant le prénom de sa femme Adèle.

Le 27 janvier, forcé de renoncer à tous projets d’exploration de la Terre Adélie, dont on avait tracé environ 150 milles d’étendue, il se porta au Nord, sous toutes voiles possibles, pour s’échapper du labyrinthe où il se trouvait engagé. Ainsi, le 1er février 1840 par 65°,20 latitude et 128°,121 longitude Est, il dit un adieu définitif à ces régions sauvages et mit le cap au Nord pour rallier Hobart, où il arriva le 17 février.

Il visita encore la Nouvelle-Zélande, la Nouvelle-Calédonie, le détroit de Torres, toucha à l’île Maurice et revint en France.

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Il fut à son retour nommé contre-amiral (décembre 1840) et reçut de la Société de géographie la grande médaille d'or. Il s'occupait de publier son Voyage au pôle Sud et dans l'Océanie lorsqu’il périt avec sa femme et son fils de 14 ans dans la première catastrophe ferroviaire française, qui eut lieu le 8 mai 1842 dans la tranchée de Bellevue à Meudon. Les corps de Dumont d'Urville, de sa femme et de son fils ont été inhumés au cimetière du Montparnasse à Paris.

Le Voyage au pôle Sud a paru en 1841-1846.

Plus tard, en l’honneur des cartographies de qualité dressées par l'hydrographe de l'expédition Vincendon-Dumoulin, on donna le nom de Dumont d'Urville à la mer d'Urville près de l’Antarctique, au cap d'Urville en Irian Jaya (Indonésie) et à l’île d'Urville en Nouvelle-Zélande. La base antarctique Dumont d'Urville et le glacier Dumont d'Urville, furent également nommés en son honneur.

Portent le nom de Dumont d'Urville :

Plusieurs lycées : à Caen, à Toulon et à Maurepas ;
des rues de plusieurs villes : Brest, Paris 16e, Le Havre, Casablanca, Torcy, Port-en-Bessin (Calvados), Condé-sur-Noireau, sa ville natale ;
un des bâtiments de l' INSA de Rouen, à Saint-Étienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), inaugurés le 15 octobre 2009.
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N°2522
Le récit de ses voyages fut publié en 24 volumes avec six volumes d’illustrations.
Il n'y a d'homme plus complet que celui qui a beaucoup voyagé,
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Re: PERSONNAGES ET FAITS HISTORIQUES DE FRANCE (philatélie)

#86 Message par saintluc »

René Caillié, né le 19 novembre 1799 à Mauzé-sur-le-Mignon (Deux-Sèvres) et mort le 17 mai 1838 à La Gripperie-Saint-Symphorien (Charente-Maritime), est un explorateur français, devenu connu après avoir été le premier Occidental à revenir de la ville de Tombouctou, au Mali
René Caillié est né dans les Deux-Sèvres le 19 novembre 1799 à Mauzé-sur-le-Mignon. Il est un homme du peuple, fils d'un ouvrier-boulanger, son père est condamné au bagne pour un petit vol l'année de sa naissance. Certains biographes défenseurs de l'explorateur clamèrent l'innocence de ce père, ce qui n'a pas été avéré. En revanche, la plupart des biographes posent la volonté de redorer le blason familial comme l'un des motifs du voyage de Caillié. Il ne connaît pourtant pas son père qui meurt au bagne de Rochefort en 1808. À onze ans, il devient orphelin : sa mère meurt en 1811. Fasciné par la lecture de Robinson Crusoé de Daniel Defoe, il quitte Mauzé à l'âge de dix-sept ans, à pied, pour Rochefort.
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René Caillié, huile sur toile attribuée à Amélie Grand-de-Saint-Aubin.
Désirant parcourir des terres inconnues, il quitte la France en 1816, mais ne réalise son rêve que onze ans plus tard. Il connaît d'abord deux échecs, doit revenir en France. Enfin, ils se rend chez les Maures braknas, dans l'actuelle Mauritanie, d'août 1824 à mai 1825, pour apprendre la langue arabe et la religion musulmane. Comme l'a fait Jean Louis Burckhardt avant lui au Levant, il s'invente une nouvelle identité de musulman, qu'il endossera durant son voyage pour éviter de se faire tuer. Après avoir appris l'existence du prix qu'offrirait la Société de géographie au premier Européen qui pénètrerait dans la ville de Tombouctou rendue mythique par les récits des voyageurs arabes du Moyen Âge et interdite aux chrétiens, il décide de partir, seul, par ses propres moyens, sans aide financière, sans escorte militaire, se faisant passer pour un humble lettré musulman. Parti de Boké en Guinée, le 19 avril 1827, il est ensuite retenu cinq mois — gravement atteint du scorbut — à Timé dans l'actuelle Côte d'Ivoire. Enfin, il atteint le 20 avril 1828, Tombouctou, il est déçu de trouver une cité tombant quelque peu en ruines, c'est finalement Fès qu'il qualifie de « la ville la plus belle qu'[il ait] vue en Afrique ».
Son retour en France en 1830, à travers le désert du Sahara puis le Maroc, est un véritable calvaire. Il reçoit de la Société de géographie un prix de 10 000 francs, ainsi que le Grand Prix des explorations et voyages de découvertes, partagé symboliquement avec le major Alexander Gordon Laing. Il publie en 1830 son Journal d'un voyage à Temboctou et à Jenné, dans l'Afrique centrale, précédé d'observations faites chez les Maures Braknas, les Nalous et autres peuples ; pendant les années 1824, 1825, 1826, 1827, 1828 (Paris, Imprimerie Royale, 1830), avec le concours d'Edme François Jomard, qui lui assurera une grande renommée. Les Anglais ont contesté la véracité de ses écrits et de son voyage. Les attaques de ses détracteurs lui sont très pénibles, il clôt ainsi son journal : « Quoi qu'il en soit, j'avouerai que ces injustes attaques me furent plus sensibles que les maux, les fatigues et les privations que j'avais éprouvés dans l'intérieur de l'Afrique » Mais ses écrits sur Tombouctou seront confirmés par le voyageur allemand Heinrich Barth en 1858, encore que ce dernier soit très critique vis-à-vis de la qualité des observations de Caillié.

Si ce dernier écrit à son arrivée en France « Ceux qui ont été longtemps absents de leur pays, et qui ont pu craindre de ne jamais y rentrer, ceux-là peuvent se faire une idée de ce que j'éprouvai en revoyant cette chère patrie ! », une fois que le public l'a oublié, il semble s'ennuyer vivant sur son domaine de La Baderre (devenu l'Abadaire) sur la commune de Champagne dont il est devenu le maire. . Il rêve de partir une nouvelle fois en Afrique. Il meurt sur ses terres le 17 mai 1838, usé par son périple, des suites d'une maladie contractée en Afrique.
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Buste de René Caillié par Alexandre Oliva (musée Bernard d'Agesci à Niort).
Le voyage de René Caillié a été interprété de différentes façons. Jules Verne le qualifie du « plus intrépide voyageur des temps modernes » Il est admiré comme ouvreur de l'empire colonial français africain à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle ; ainsi, en 1885, ses biographes E. Goepp et E. Cordier écrivent ceci :

« [René Caillié] a été le précurseur des grandes choses qui, plus de cinquante ans après lui, s'accomplissent sous nos yeux. Il n'a pas créé de mer, ni percé d'isthme ; mais il a tracé une route, et cette route que durant de longs mois il a cheminée douloureusement aux prix de fatigues inouïes, voilà que déjà nous pouvons prévoir le jour, où sillonnée par des machines à vapeur, elle nous livrera toutes les richesses de l'Afrique centrale. »
Il a été plus récemment considéré comme le premier « africaniste » : respectueux des hommes et civilisations qu'il a rencontrés, il dénonce l'esclavage et la condition des femmes.

Son récit de voyage (voir bibliographie), constitue une peinture minutieuse « des paysages naturel et culturel rencontrés » : de la géographie des pays traversés, de leur faune et de leur flore, des mœurs de leurs populations, etc.

Sa ville natale, Mauzé-sur-le-Mignon, organise chaque année la Fête à Caillié et le Festival de l'Aventure individuelle où est décerné le prix René Caillié des écrits de voyages ainsi qu'une bourse de l'aventure. Quoiqu'il ne soit plus très connu en France ailleurs que dans sa région natale, l'explorateur reste connu et étudié dans trois des pays qu'il a traversés : la Guinée, la Côte d'Ivoire et le Mali.
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N°3257
Citations:
« Les intérêts de la science ne sont ni Anglais, ni Français, ni Chinois : les découvertes utiles appartiennent au Monde » En effet, la découverte de l'intérieur des terres en Afrique fit l'objet d'une concurrence et de querelles entre la France et l'Angleterre)
« C'est un rêve, n'est-ce pas, mes aventures ? »
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Re: PERSONNAGES ET FAITS HISTORIQUES DE FRANCE (philatélie)

#87 Message par saintluc »

Nicolas Thomas Baudin (17 février 1754 à Saint-Martin-de-Ré, Île de Ré - 16 septembre 1803 à l'Île Maurice, Île de France à l'époque) est un marin, capitaine et explorateur français.

Il s'engage à l'âge de quinze ans dans la marine marchande et à vingt ans dans la Compagnie des Indes orientales. Il sert dans les Antilles pendant la guerre d'indépendance des États-Unis d'Amérique.

Comme capitaine de vaisseau transportant des botanistes autrichiens dans les océans indien et pacifique, il apprend la botanique et comment maintenir en vie les plantes et les animaux à bord.

En 1792, alors que la France et l'Autriche sont en guerre, il tente sans succès d'intégrer la marine de guerre française. Pour le muséum national d'histoire naturelle, il fait, Avec Antoine-Laurent de Jussieu, un voyage fructueux aux Antilles pour rapporter des plantes, des oiseaux et des insectes.

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Les collections d’objets d’histoire naturelle, surtout de plantes vivantes, réunies en 1797-1798 aux Antilles par le capitaine Nicolas Baudin étaient considérables. Les professeurs du Muséum, subjugués par la diversité et la vigueur des plantes ramenées, ne tarissaient pas d’éloges. Jussieu lui-même déclarait : « Le citoyen Baudin doit être proclamé l’un des voyageurs qui a le plus mérité de l’histoire naturelle ». L’engouement des savants et du public était tel que l’on construisit en urgence une nouvelle serre chaude, la serre Baudin, pour accueillir au Jardin des Plantes la collection des Antilles. Pendant tout le voyage (de septembre 1796 à juillet 1798), Baudin tint un journal au quotidien. Au retour, il le confia à Jussieu, qui le déposa au Muséum de Paris. Depuis, le « Journal de La Belle Angélique », préservé dans les archives du Muséum, s'enfonça peu à peu dans l'oubli. Entièrement inédit jusqu'en 2009, il est rédigé de façon très vivante ; il est magnifiquement illustré d’aquarelles (surtout des végétaux) et de dessins à l’encre (principalement des profils de côtes).

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Île Kangaroo, baie de Penneshaw : inscription gravée, datant de 1803, réalisée par un des marins du navire Le Géographe et rendant hommage à Nicolas Baudin
En octobre 1800, il est sélectionné pour conduire une expédition sur les côtes de l'Australie avec deux navires, Le Géographe et Le Naturaliste, pour neuf zoologistes et botanistes, y compris Jean Baptiste Leschenault de la Tour.

Il atteint la Nouvelle-Hollande (l'Australie actuelle) en mai 1801 et en avril 1802 il rencontre Matthew Flinders près de l’île Kangaroo, dessinant également la zone maritime, à la baie de la rencontre Encounter Bay. Il fait escale à la colonie britannique de Sydney pour son ravitaillement, puis reste un mois en Tasmanie avant d'aller vers le nord à Timor.

L'expédition devait donner forme à une grande partie de cette terre demeurée jusque-là méconnue. Aujourd'hui encore, beaucoup d'endroits, sur les côtes australiennes, portent le nom dont Baudin et son intrépide équipage les avaient baptisés. L'expédition s'est révélée être également l'un des plus grands voyages scientifiques de tous les temps : à son retour en France, à Lorient le 21 mars 1804, elle rapporta des dizaines de milliers de spécimens de plantes inconnues, 2 500 échantillons de minéraux, 12 cartons de notes, observations et carnets de voyages, 1 500 esquisses et peintures. Ces descriptions importantes pour les naturalistes et les ethnologues s'accompagnent de cartes géographiques de presque toute la partie sud et ouest de l'Australie ainsi que de la Tasmanie.

Pourtant, le capitaine Baudin avait adopté des pratiques curieuses comme de vendre, pour son propre compte, ce qu'il pouvait lors des escales comme des provisions, du matériel médical, des équipement scientifiques et des produits chimiques.

L'expédition, pendant laquelle Pierre François Keraudren, premier médecin de la Marine, officia notamment comme chirurgien, coûta la vie à de nombreux explorateurs, ainsi Nicolas Baudin lui-même qui mourut de tuberculose le 16 septembre 1803 à l'Île Maurice sur le chemin du retour. Les exploits de Baudin restèrent largement méconnus, en raison de l'imposture de François Péron et Freycinet qui s'approprient ses découvertes.

En 1807, l'Imprimerie impériale publie le premier volume du récit de ce Voyage aux Terres australes rédigé par François Péron, ainsi qu'un magnifique atlas de quarante gravures d'après les dessins de Petit et Lesueur. La mort de Péron retarde la parution du deuxième volume (1816). En 1824, une deuxième édition présentera un atlas plus complet de soixante planches.

Jacqueline Bonnemains, conservatrice du Muséum d'histoire naturelle du Havre, a publié le journal personnel de bord du commandant Baudin et l'Imprimerie nationale en a assuré l'impression et la diffusion.
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N°3477
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Re: PERSONNAGES ET FAITS HISTORIQUES DE FRANCE (philatélie)

#88 Message par saintluc »

Louis Delgrès né le 2 août 1766, à Saint-Pierre (Martinique) et décédé le 28 mai 1802, à Saint-Claude en Guadeloupe est une personnalité de l'histoire de la Guadeloupe. Colonel d’infanterie des forces Armées de la Basse Terre, abolitionniste, il est connu pour la Proclamation antiescalvagiste signée de son nom, datée du 10 mai 1802, haut fait de la résistance de la Guadeloupe aux troupes napoléonniennes.
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Juridiquement Louis Delgrès est né "libre de couleur". Il est, selon l'hypothèse la plus probable, le fils naturel d'Elisabeth Morin (dite Guiby) et de Louis Delgrès blanc créole martiniquais de Saint-Pierre qui fut receveur du Roi et directeur des Domaines du Roi à Tobago. Les Archives nationales possède les dossiers de Louis Delgrès père, et de Louis Delgrès fils, chef de bataillon. Ces documents établissent avec une grande certitude la filiation entre les deux hommes..

Louis Delgrès fils vit avec ses parents en Martinique puis à Tobago. Un document de septembre 1799, indique qu'il est un excellent militaire et qu'il sait très bien lire, écrire et calculer. Ces indications révèlent la qualité de son éducation.
Louis Delgrès commence sa carrière militaire le 10 novembre 1783 dans la milice, aux colonies. Il est bientôt nommé sergent, en garnison à la Martinique. Les conséquences des mouvements révolutionnaires dans les colonies américaines le pousseront à affirmer ses options anti-esclavagistes et abolitionniste tout en favorisant sa progression dans l'armée régulière.

8 septembre 1791 : le "patriote" Louis Delgrès s'exile à la Dominique après la prise du pouvoir par les royalistes en Martinique.
28 octobre 1792 : Louis Delgrès participe à l'élection des députés des Îles du Vent à la Convention nationale.
Décembre 1792, Louis Delgrès rejoint les rangs des républicains et monte à bord de la Félicité, le navire de Lacrosse. Il est alors élu provisoirement lieutenant par ses concitoyens. Il sert sous les ordres de Rochambeau et est nommé capitaine à titre provisoire.
Mars 1794 : Capturé par les Anglais lors de la prise de la Guadeloupe par les Anglais, Louis Delgrès est déporté en France.
27 novembre 1794 : A Brest, Louis Delgrès reçoit son brevet de lieutenant, lors de la formation du Bataillon des Antilles.
Le 6 janvier 1795 Louis Delgrès arrive en Guadeloupe, en compagnie des commissaires de la Convention Goyrand et Lebas.
Le 21 mars 1795, Louis Delgrès quitte la Guadeloupe pour reconquerir Sainte-Lucie sur les Anglais. Il se distingue dans cette campagne.
22 avril 1795 : Louis Delgrès est grièvement blessé.
19 juin 1795 : Louis Delgrès hisse le drapeau tricolore au morne Rabot.
25 juin 1795 : Louis Delgrès est nommé capitaine par Goyrand. Le lendemain, il embarque pour Saint-Vincent, où il combat aux côtés des Garifunas (métis amérindiens Caraïbes noirs).
16 juin 1796 : Louis Delgrès est fait prisonnier par les Anglais et conduit dans les prisons britanniques.
21 septembre 1797 : Louis Delgrès fait l'objet d'un échange de prisonniers. Parti de Portchester il débarque au Havre.
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N°3491
En janvier 1798, Louis Delgrès est en garnison avec Palerme dans les casernes Martinville à Rouen. Puis, il est envoyé à l'île d'Aix où il retrouve Magloire Pélage. En septembre 1799, il est en congé à Paris. Le 1er octobre 1799, il est nommé chef de bataillon. Destiné à accompagner les agents de la Convention Jeannet, Laveaux et Baco en Guadeloupe, il refuse cette nouvelle affectation car il lui est dû des arriérés de sa solde. Finalement, Victor Hugues lui fait une avance et il embarque le 16 novembre 1799.

A son arrivée en Guadeloupe le 11 décembre 1799 Louis Delgrès est aide de camp de Baco. En octobre 1801, il est aide de camp du Capitaine général Jean-Baptiste Raymond de Lacrosse. Ce dernier le qualifie de sans-culotte, ce qui indique son profond engagement révolutionnaire. A Basse-Terre, lors de l'insurrection du 21 octobre 1799, il accompagne Lacrosse à Pointe-à-Pitre. Mais, 24 octobre 1799, lorsque Lacrosse est emprisonné, il se rallie aux officiers "rebelles". Il est nommé chef de la place de Basse-Terre par le Général Magloire Pélage.

Le 5 janvier 1802, Louis Delgrès destitue les fonctionnaires blancs accusés de correspondre avec le Général Lacrosse en exil. Deux jours plus tard, il devient chef de l'arrondissement de Basse-Terre. Les 15 février 1802 et 16 février 1802, en collaboration avec le Capitaine Massoteau, Louis Delgrès fait arrêter des officiers blancs.

À partir du 10 mai 1802, dans la région de Basse-Terre Louis Delgrès est le chef de la résistance contre les troupes Consulaires du Général Richepance, envoyées par Bonaparte pour rétablir l'esclavage. C'est alors qu'il fait afficher sur les murs de Basse-Terre la proclamation A l'Univers entier, le dernier cri de l'innocence et du désespoir :

« Le lendemain 10, dans la matinée, quelques instants avant que l'escadre française n'eût été signalée, Delgrès fit publier une proclamation qu'avait rédigée le jeune Monnereau, créole de la Martinique, adjudant de place. (Auguste Lacour) »
Le 20 mai 1802, Delgrès et ses troupes sont obligés de se replier au Fort de Basse-Terre qu’il doivent ensuite abandonner le 22 mai 1802 pour se réfugier au pied de la Soufrière à Matouba, vers Saint-Claude. Le 28 mai 1802, se voyant perdu, Delgrès et ses 300 compagnons se suicident à l'explosif dans leur refuge de l' Habitation Danglemont à Matouba, en vertu de la devise révolutionnaire «Vivre libre ou mourir».

En 2002, le sacrifice de Matouba a été commémoré par la création d’un timbre à l'effigie de Louis Delgrès et par la mise en place d’une stèle au Fort de Basse-Terre qui porte dorénavant le nom de Fort Delgrès. Nous pouvons actuellement lire sa proclamation au Champ d’Arbaud à Basse-Terre.
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Re: PERSONNAGES ET FAITS HISTORIQUES DE FRANCE (philatélie)

#89 Message par saintluc »

Aliénor d’Aquitaine (dite également Éléonore de Guyenne), née en 1122 ou 1124 et morte le 31 mars ou le 1er avril 1204, à Poitiers, a été tour à tour reine de France, puis d’Angleterre.

Duchesse d’Aquitaine, elle occupe une place centrale dans les relations entre les royaumes de France et d’Angleterre au XIIe siècle : elle épouse successivement le roi de France Louis VII, à qui elle donne deux filles, puis Henri Plantagenêt, le futur roi d’Angleterre Henri II, renversant ainsi le rapport des forces en apportant ses terres à l’un puis à l’autre des deux souverains. À la cour fastueuse qu'elle tient en Aquitaine, elle favorise l'expression poétique des troubadours en langue d'oc. Depuis son premier mariage pendant lequel elle a participé à la deuxième croisade, elle joue un rôle politique important dans l’Occident.
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Aliénor d'Aquitaine est la fille aînée de Guillaume X, duc d’Aquitaine, lui-même fils de Guillaume IX le Troubadour, et d’Aénor de Châtellerault, fille de Aymeric Ier de Châtellerault, un des vassaux de Guillaume X.
Aliénor, « l'autre Aénor » en langue d'oc, est ainsi nommée en référence à sa mère Aénor. Le prénom devient Éléanor en langue d'oïl.

Elle reçoit l'éducation soignée d'une femme noble de son époque à la cour d’Aquitaine, l’une des plus raffinées du XIIe siècle, celle qui voit naître l’amour courtois (le fin amor), entre les différentes résidences des ducs d’Aquitaine : Poitiers, Bordeaux, le château de Belin où elle serait née, soit encore dans un monastère féminin. Elle apprend le latin, la musique et la littérature, mais aussi l'équitation et la chasse.

Elle devient l’héritière du duché d'Aquitaine à la mort de son frère Guillaume Aigret, en 1130. Lors de son quatorzième anniversaire (1136), les seigneurs d’Aquitaine lui jurent fidélité. Son père meurt à trente-huit ans (1137), le Vendredi saint au cours d’un pèlerinage vers Saint-Jacques de Compostelle. Elle épouse alors l’héritier du roi de France Louis VI le Gros, le futur Louis VII. Deux versions sur la conclusion de ces noces sont possibles : soit, craignant que sa fille soit enlevée (et épousée) par un de ses vassaux ou de ses voisins, le duc Guillaume avait proposé au roi de France, avant de mourir, d’unir leurs héritiers, soit le roi fait jouer la tutelle féodale que le suzerain détient sur l'orpheline héritière d'un de ses vassaux, et la marie à son fils. Le domaine royal s'accroît de ces terres entre Loire et Pyrénées ; mais le duché d’Aquitaine n’est pas rattaché à la Couronne, Aliénor en reste la duchesse. L'éventuel fils aîné du couple sera titré roi de France et duc d’Aquitaine, la fusion entre les deux domaines ne devant intervenir qu’une génération plus tard.

Les noces ont lieu le 25 juillet 1137 à Bordeaux entre Aliénor et le futur Louis VII, roi de France. Comme de coutume, les festivités de mariage durent plusieurs jours, au palais de l’Ombrière près de Bordeaux, et se répètent tout au long du voyage vers Paris. La nuit de noces a lieu au château de Taillebourg. Les époux sont couronnés ducs d’Aquitaine à la cathédrale Saint-Pierre de Poitiers (aujourd’hui remplacée par une cathédrale gothique) le 8 août. Ils apprennent la mort du roi Louis VI quelques jours plus tard, pendant leur voyage.
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Armes du duché de Guyenne,
De gueules, au léopard d'or

Aliénor est couronnée reine de France à Noël 1137 à Bourges (son époux avait déjà été sacré du vivant de son père, à l’âge de neuf ans, mais il est recouronné sous le nom de Louis VII). Très belle, mais froide et réservée, d’esprit libre et enjoué, Aliénor déplaît à la cour de France, elle est critiquée pour sa conduite et ses tenues jugées indécentes, tout comme ses suivantes et comme une autre reine de France venue du Midi un siècle plus tôt, Constance d’Arles. Ses goûts luxueux (des ateliers de tapisserie sont créés, elle achète beaucoup de bijoux et de robes) étonnent. Les troubadours qu’elle fait venir ne plaisent pas toujours : Marcabru est renvoyé de la cour pour avoir chanté son amour pour la reine.

Certains historiens attribuent ces critiques à l’influence qu’elle aurait sur le roi. Celle-ci est difficile à démontrer selon l'historien Edmond-René Labande. Le jeune couple (ils ont tous deux moins de vingt ans) prend plusieurs décisions jugées inconsidérées :

après la constitution de Poitiers en commune par ses habitants, la ville est prise sans effusion de sang par Louis VII, qui exige que les principaux habitants lui livrent leurs fils et filles en otage ; l’abbé Suger intervient pour le faire renoncer à cette volonté ;
après cette intervention de Suger sur le duché de la jeune reine, celle-ci l’écarte du conseil ;
Louis VII soumet le seigneur Guillaume de Lezay, qui avait refusé l’hommage à Poitiers ;
dans une expédition sans lendemain en 1141, il tente de conquérir Toulouse, sur laquelle Aliénor estimait avoir des droits (de sa grand-mère Philippe de Toulouse) ; pour le remercier, Aliénor lui offre un vase taillé dans un bloc de cristal, monté sur un pied d’or et orné de pierreries et de perles ; visible encore aujourd’hui au Louvre, ce vase avait été donné à son grand-père par le roi de Saragosse Imad al-Dawla ;
elle pousse le roi à faire dissoudre le mariage de Raoul de Vermandois, pour que sa sœur Pétronille d'Aquitaine, amoureuse, puisse l’épouser, ce qui causa un conflit avec le comte de Champagne, Thibaut IV de Blois, frère de l'épouse délaissée.
Au cours de ce conflit avec Thibaut IV de Blois, en janvier 1143, la ville de Vitry-en-Perthois est prise, et l’église dans laquelle s’étaient réfugiés ses habitants incendiée. En 1146, le pape Eugène III jette l'interdit sur le royaume de France. Profondément marqué par le drame de Vitry-en-Perthois et la sanction papale qui touche le royaume, Louis VII, à qui la jeune reine vient de donner une fille, annonce à Bourges, lors d'une assemblée tenue le 25 décembre 1145, qu'il participera à la deuxième croisade avec son épouse Aliénor.

Deux filles sont nées du mariage avec Louis VII :

Marie (1145-11 mars 1198), qui épouse en 1164 Henri Ier de Champagne, comte de Troyes, dit « Le Libéral », et devient régente du comté de Champagne de 1190 à 1197,
Alix (1150-1195), qui épouse Thibaud V de Blois dit « Le Bon » (1129-1191), comte de Blois 1152-1191.
Durant toute cette période, l’analyse des chartes montre une assez faible implication d’Aliénor dans le gouvernement : elle est là pour légitimer les actes.

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Contre sceau de Louis VII en duc d'Aquitaine.
Elle invite le troubadour Jaufré Rudel à la suivre lors de la deuxième croisade, et emmène avec elle toute une suite, avec de nombreux charriots. Augmentée des épouses des autres croisés, la croisade française se trouve encombrée d’un interminable convoi qui la ralentit. La découverte de l’Orient, avec ses fastes et ses mystères, fascine Aliénor et rebute Louis.

Les causes de discorde entre les deux époux s’ajoutent aux difficultés du voyage :

la bataille du mont Cadmos, où l’imprudence d’un de ses vassaux manque de causer la perte de la croisade ;
les manquements des Byzantins (qui leur cachent d’abord que les Allemands ont été battus, puis ne leur fournissent pas les navires promis) ;
les retrouvailles avec son oncle Raymond de Poitiers, qui accueille les croisés mais ne reçoit aucune aide de leur part ;
l’échec calamiteux de la croisade ;
Tout cela provoque, avec l’infidélité supposée d'Aliénor (voir plus bas), une rupture entre les deux époux. Ils reviennent séparément en bateau jusqu’en Italie. La nef d’Aliénor est prise dans une bataille navale entre Roger II de Sicile et l’empereur Manuel Comnène : elle tombe aux mains des Byzantins, avant d’être aussitôt délivrée par les Normands de Sicile. Elle aborde à Palerme, puis rejoint Louis VII en Calabre, où il a débarqué le 29 juillet. Après un arrêt dû à une maladie d’Aliénor, ils remontent ensuite vers la France. Le pape Eugène III à l’abbaye du Mont-Cassin, puis Suger (par lettres interposées), réussissent à les réconcilier. Une seconde fille leur naît d’ailleurs l'année suivante. Cependant, le désaccord ressurgit à l’automne 1151. Début 1152, le couple relève les garnisons royales présentes dans le duché d'Aquitaine. Enfin, le mariage est annulé le 21 mars 1152 par le synode de Beaugency, pour motif de consanguinité aux 4e et 5e degrés (à strictement parler le divorce n'existe pas à l'époque).
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Vase de cristal d'Alienor
Les événements d’Antioche, ramenés à l’importance d’un incident par l'historien Jean Flori, ont depuis presque neuf siècles suscité une abondante littérature : cette infidélité d’Aliénor (dont tous les historiens ne sont pas convaincus) a non seulement des conséquences graves sur l’histoire politique, mais son rapport par les chroniqueurs nous en apprend beaucoup sur les mentalités de l’époque, et cet épisode est devenu depuis un enjeu pour les historiens, toujours controversé.

Au début du printemps 1148, la croisade s’arrête dix jours à Antioche : elle y est accueillie par Raymond de Poitiers, oncle d’Aliénor, prince d’Antioche. Il est certain qu’Aliénor et Raymond de Poitiers s’entendent à merveille et passent beaucoup de temps ensemble. Des soupçons naissent sur la nature de leurs relations et une dispute éclate entre Louis VII et Aliénor. Celle-ci rappelle alors à son époux leur degré de consanguinité, et qu’elle pourrait donc demander l’annulation de leur mariage. De nuit, Louis VII quitte Antioche en juillet 1148, forçant Aliénor à le suivre.

Plusieurs chroniqueurs évoquent l’affaire, tout en écrivant qu’il vaut mieux ne pas en parler, signe qu’elle est connue de tous et de nature à porter atteinte à la réputation de certains contemporains. Parmi les chroniqueurs les mieux placés, Eudes de Deuil choisit d’arrêter son récit juste avant l’arrivée du couple royal à Antioche. L'historien Jean Flori interprète ce silence comme un désir de ne pas nuire au roi. Une lettre de Suger à Louis VII évoque elle aussi des troubles graves dans le couple. Guillaume de Tyr donne lui une explication politique : Raymond de Poitiers aurait tenté de manipuler la croisade pour l’orienter vers le siège d’Alep et de Césarée, et aurait manipulé Aliénor pour qu’elle influence le roi. Cette trahison politique d’Aliénor doublerait donc la trahison matrimoniale. Aliénor est, pour lui, une « poupée manipulée », sans volonté, ce qui est une des deux manières principales dont elle a été représentée (avec la figure de la nymphomane). Les historiens ont aujourd’hui complètement abandonné les accusations de nymphomanie et celles qui lui sont liées.

Quant à l’infidélité de la reine, elle n’est pas impensable au XIIe siècle : parmi les exemples de l'histoire, le plus proche est celui de la reine Marguerite, épouse d’Henri le Jeune et soupçonnée d'avoir été pour un temps maîtresse de Guillaume le Maréchal. Le contexte de la croisade aggrave encore la sensibilité à ce qui touche la sexualité : Jean Flori note que, en arrière-plan, la sexualité au cours de la croisade, même légale, était déjà jugée de façon défavorable : sans évoquer Aliénor, plusieurs contemporains attribuent l’échec de la deuxième croisade aux fautes morales des croisés. La même explication est donnée pour l’échec de celle de 1101 (celle de Guillaume le Troubadour).

Sur cet incident, une infidélité qui paraît acquise aux contemporains, et même bien avant la mort d’Aliénor, les chroniqueurs brodent assez rapidement : Hélinand de Froidmont, dans sa Chronique universelle, comme Aubry de Trois-Fontaines, affirment qu’elle se conduisit plus en putain qu’en reine. Le but est ici politique : mettre en valeur la vertueuse dynastie capétienne et justifier leur suprématie sur un lignage Plantagenêt immoral. Avant la fin du Moyen Âge, l’évènement est grossi et transformé : on identifie l’amant à Raoul de Faye, ou à un Sarrasin bientôt assimilé à Saladin (enfant à l’époque). L’épisode de la maîtresse d’Henri II, Rosemonde, se greffant là-dessus (rumeur d’empoisonnement sur ordre d’Aliénor), certains chroniqueurs lui prêtent une liaison avec l’évêque de Poitiers Gilbert de la Porrée et avec le connétable d’Aquitaine Saldebreuil, etc.

Pour Jean Flori, il a pu se passer deux choses :

soit Aliénor a effectivement eu des relations incestueuses avec son oncle, et a voulu ensuite rester avec lui, au point de ne pas craindre de se séparer de son époux ;
soit les croisés se sont trompés dans leur appréciation du sentiment qui unissait Raymond de Poitiers et Aliénor d’Aquitaine, ce qui donne une Aliénor très hardie osant évoquer la dissolution du mariage.
Dans les deux cas, l’élément primordial est cette évocation d’une possibilité d’annulation du mariage à l’initiative de l’épouse, et qui a forcément dû être préméditée. Ce faisant, c’est elle qui décide de la rupture du mariage, chose impensable dans l’univers mental masculin d’alors : c’est pratiquement elle qui répudie son mari.

Il est difficile de trancher sur la réalité de l’adultère, comme Jean Flori s’interdit de le faire :

« On peut penser que les soupçons de Louis VII étaient justifiés, comme l’ont fait la plupart des chroniqueurs dès que l’incident a été narré, ou au contraire estimer que l’intimité très naturelle de l’oncle et de sa nièce fut à tort jugée coupable par les trop austères chevaliers et prélats du Nord qui exigeaient d’une reine un comportement plus strict, au point de suspecter sa vertu et de conseiller au roi, agacé de ces rumeurs, de l’entraîner avec lui sans tarder. Dans ce cas, comme le fait remarquer Jean de Salisbury, l’accent doit être porté sur la demande de rupture formulée par la reine pour motif de consanguinité. »
« Au demeurant, la réalité de l’adultère importe peu . Ce qui est très important c’est le fait que les contemporains d’Aliénor ont réellement cru qu’elle était une reine luxurieuse et (pis encore !) une reine n’hésitant pas à prendre l’initiative de la rupture »
Il est fort probable qu'elle ait déjà eu en tête à Antioche la séparation d'avec Louis VII. Aliénor pensait peut-être déjà aussi à épouser Henri, le fils de Geoffroy V d'Anjou, qu'elle avait rencontré en août 1151 à Paris alors qu'il accompagnait son père qui avait été convoqué par Louis VII. En 1152, le divorce fut prononcé permettant à l'Angleterre l'accroissement inespéré de ses territoires continentaux.
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Raymond de Poitiers accueillant Louis VII à Antioche, d'après une enluminure de Jean Colombe pour Les Passages d'oultre mer de Sébastien Mamerot, vers 1473-1474.
Après l’annulation du mariage, elle rentre immédiatement à Poitiers et manque d’être enlevée deux fois en route par des nobles qui convoitent la main du plus beau parti de France : le comte Thibaud V de Blois et Geoffroi Plantagenêt. Elle échange quelques courriers avec Henri Plantagenêt aperçu à la cour de France en août 1151 et, le 18 mai 1152, huit semaines après l'annulation de son premier mariage, elle épouse à Poitiers ce jeune homme fougueux, futur roi d'Angleterre, d'une dizaine d'années son cadet et qui a le même degré de parenté avec elle que Louis VII. Le 19 décembre 1154, ils sont couronnés roi et reine d’Angleterre par Thibaut du Bec, archevêque de Cantorbéry. Dans les treize années qui suivent, elle lui donne cinq fils et trois filles :

Guillaume Plantagenêt (17 août 1153-1156),
Henry dit Henri le Jeune (28 février 1155-11 juin 1183), qui épouse Marguerite, fille de Louis VII le Jeune, roi de France ;
Mathilde (août 1156-1189), qui épouse Henri le Lion (?-1195) duc de Saxe et de Bavière en 1168 ;
Richard (8 septembre[41] 1157-1199), qui devient roi d'Angleterre sous le nom de Richard Cœur de Lion, qui épouse Bérengère de Navarre. Il meurt sans descendance légitime ;
Geoffroy II de Bretagne (23 septembre 1158-1186), comte de Bretagne par son mariage en 1181 avec Constance de Richemont (1161-1201), fille et héritière du duc de Bretagne Conan IV mort en 1171 ;
Aliénor (septembre 1161-1214), qui en 1177 épouse Alphonse VIII de Castille (1155-1214), mariage dont est issue Blanche de Castille ;
Jeanne (octobre 1165[43]-1199), qui épouse Guillaume II roi de Sicile puis Raymond VI de Toulouse, un fils, Raymond VII de Toulouse; dernier des comtes de Toulouse. (1194), meurt après la naissance-mort de leur fille à Fontevrault ;
Jean (27 décembre 1166-1216), dit Jean sans Terre, roi d'Angleterre (1199-1216) qui épouse Isabelle d'Angoulême, mère d’Henri III.
Durant les deux premières années de ce mariage, Aliénor affirme son autorité. Mais rapidement, c’est Henri II qui prend les décisions ; cinq grossesses les sept premières années la tiennent peut-être à distance. En tout cas, elle le suit au cours de ses voyages s'il a besoin d’elle, le représente quand il ne peut se déplacer (à Londres fin 1158 et en 1160), sinon elle est tenue plus souvent dans les domaines Plantagenêt que dans les siens. Après 1154, tous ses actes sont soit précédés d’une décision du roi d’Angleterre, soit confirmés ensuite par lui. Malgré sa réputation de femme légère, forgée a posteriori par des chroniqueurs, Aliénor est excédée par les infidélités de son mari. Ainsi, son premier fils Guillaume et un bâtard d’Henri sont nés à quelques mois d’écart ; Henri eut beaucoup d’autres bâtards tout au long de leur mariage. Néanmoins, elle obtient en 1191 du pape Célestin III pour l’un d’entre eux, Geoffroy, l’archevêché d'York.

Les accords de Montmirail et la difficulté de maintenir sa domination sur un ensemble aussi vaste et hétérogène poussent Henri II à une réforme dynastique. En 1170, Richard est proclamé duc d'Aquitaine et Aliénor gouverne son duché en son nom. Elle s’établit à Poitiers et y crée la Cour d’amour, dont quelques règles ont été rédigées par André le Chapelain (ou Andreas Capellanus) (voir plus bas). Tout comme avec Louis VII, elle n’agit que très peu politiquement.

Aliénor est horrifiée par l'assassinat de Thomas Becket dans sa cathédrale de Cantorbéry en Angleterre.
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Royaume de France après le mariage avec Henri de Plantagenêt
Les historiens ont longtemps attribué à Aliénor d’Aquitaine un rôle important de mécène, notamment auprès des troubadours, ayant été formée à l’exemple de ses père et grand-père. Cette vision a été radicalement remise en cause récemment par K. M. Broadhurst : en effet, en regardant en détail les œuvres auparavant considérées comme commandées ou dues au patronage d’Aliénor, très peu comportent une mention de cette commande. De plus, en se fondant sur le fait que le seul troubadour présent dans les chartes au même endroit qu'Aliénor est Arnaut-Guilhem de Marsan, coseigneur de Marsan (Landes) lors d'un plaid tenu à Bordeaux, l’existence même de ces cours poétiques est remise en cause. Arnaut-Guilhem de Marsan était l'auteur d'un célèbre (au Moyen Âge) Ensenhamen de l'escuder, un guide qui expliquait comment se comporter en bon chevalier.

Il affirme également que ces cours d'amour sont des inventions d'André le Chapelain qui poursuivait peut-être des buts politiques en voulant discréditer Aliénor. Il était en effet un clerc du roi de France Philippe Auguste, fils de Louis VII, et son ironie à l’égard d’Aliénor est évidente, de même qu’il n’a jamais fréquenté sa cour.

Cependant, on peut attribuer la commande d’une traduction de Monmouth à Wace, qu’il enrichit et en fait son Roman de Brut, qui lui est probablement dédicacé ; c’est une œuvre importante de 15 000 vers, qui a au moins dû recevoir un encouragement ou une incitation princière. On peut joindre à cette attribution a minima l’Histoire des ducs de Normandie, par Benoît de Sainte-Maure. D’un autre côté, sans qu’on puisse attribuer l’origine d’œuvres à des commandes royales, un certain nombre ont certainement été composées en leur honneur, ou dans le but de leur plaire, ou ont dû valoir à leur auteur une généreuse récompense. Enfin, le prestige du couple est tel qu’il est présent dans la littérature contemporaine : dans les années 1150, un trouvère anonyme, originaire de l’Angoumois, refait la geste de Girart de Roussillon, en glissant plusieurs allusions à Aliénor d’Aquitaine. Plus tard, en 1155, le Normand Benoît de Sainte-Maure ne la nomme pas, mais fait son éloge dans son Roman de Troie, manière de dédicace ; de même, il chante les louanges du couple royal deux fois dans la Vie de saint Édouard. Le troubadour Bernard de Ventadour, qu’elle accueille à sa cour en 1153, lui dédicace l'une de ses chansons en la surnommant « la duchesse de Normandie ». Quand elle règne à Poitiers, elle ouvre une cour lettrée, y accueillant entre autres sa fille Marie de Champagne (protectrice de Chrétien de Troyes). De même, Barking et Philippe de Thaon lui dédient des œuvres.

En 1162, à sa demande, commencent les travaux d’une nouvelle cathédrale à Poitiers.

Il apparaît donc que la cour Plantagenêt protège les artistes, et que l’époque connaît une importante floraison littéraire, qui pénètre très peu à la cour de France. Malgré cela, Henri II tient probablement un rôle important dans le patronage des artistes : il commissionne dans les années 1160 la rédaction du Roman de Rou, conjointement à Aliénor
En 1173, elle trame le complot qui soulève ses fils Richard, Geoffroy et Henri le Jeune contre leur père, Henri II. Cette révolte est soutenue par Louis VII, le roi d’Écosse Guillaume Ier, ainsi que les plus puissants barons anglais. Aliénor espère lui reprendre le pouvoir mais, lors d'un voyage, elle est capturée et Richard finit par rallier son père.

Aliénor est emprisonnée pendant presque quinze années, d’abord à Chinon, puis à Salisbury, et dans divers autres châteaux d’Angleterre. Dans un premier temps, Henri II tente de faire dissoudre le mariage (jusqu’à la mort de Rosemonde de Clifford), mais le cardinal Ugucione, nonce apostolique, lui oppose une fin de non-recevoir.

En 1183, Henri le Jeune, endetté et auquel son père refuse la Normandie, se révolte à nouveau. Il tend un guet-apens à son père à Limoges, soutenu par son frère Geoffroy et par le roi de France Philippe Auguste. Mais il échoue, et doit subir un siège à Limoges, puis s’enfuir. Il erre ensuite en Aquitaine, et meurt finalement de dysenterie. Mais avant de mourir, il a demandé à son père, le roi Henri II d'Angleterre, de libérer sa mère. De même, en 1184, Henri le Lion et son épouse Mathilde d'Angleterre intercèdent auprès d’Henri II, et la captivité d’Aliénor s’adoucit. Pour la Pâques 1185, il la fait revenir sur le continent lors de la nouvelle révolte de leur fils Richard (Cœur de Lion), fils préféré d'Aliénor, afin qu'elle le ramène à la docilité.

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Le gisant d'Aliénor (avec Henri II au second plan), à Fontevraud
Après la mort d'Henri II, le 6 juillet 1189, elle est libérée par l’ordre du nouveau roi, son fils Richard Cœur de Lion. Elle parcourt alors l’Angleterre, y libère les prisonniers d’Henri II et leur fait prêter serment de fidélité au nouveau roi. Elle y gouverne en son nom jusqu’au début de 1191. Alors que Richard Cœur de Lion est parti pour la Troisième croisade, elle va chercher Bérangère de Navarre et la conduit, en plein hiver, par les Alpes et l’Italie, jusqu’à Messine, où Richard s’apprête à appareiller pour la Terre sainte. Aliénor et Bérangère le rejoignent le 30 mars. Ils préparent hâtivement les épousailles. Richard épouse Bérangère à Limassol le 16 mai.

Aliénor retourne précipitamment en Angleterre empêcher son plus jeune fils, Jean sans Terre, le mal aimé, de trahir son frère Richard. Elle n’y parvient qu’un temps : en mars 1193, il cède la Normandie à Philippe Auguste[réf. nécessaire] : aussitôt, elle l’assiège avec tous les barons anglais (dont Guillaume le Maréchal) à Windsor.

Sur le chemin du retour, Richard est capturé en Autriche. Indignée par la nouvelle, et par l’absence de réaction du pape (qui protège normalement les croisés), Aliénor écrit néanmoins à celui-ci pour lui demander de l’aide et fustiger son inertie, parvient à rassembler l'énorme rançon qu'elle apporte elle-même à Mayence à Henri VI, fils de Frédéric Barberousse (hiver 1193-1194).

Elle se retire ensuite à Fontevraud. La blessure de Richard Cœur de Lion au siège du château de Châlus-Chabrol la tire de sa retraite. Il meurt le 6 avril 1199, et elle prend aussitôt parti pour son dernier fils Jean : à 77 ans, elle parcourt tout l’ouest de la France, rallie l’Anjou qui s’était prononcé pour le comte de Bretagne, et fait prêter serment à Jean sans Terre dans son duché d'Aquitaine. En juillet, elle rend hommage au roi Philippe II de France, à Tours, puis rencontre son fils Jean sans Terre à Rouen. Enfin, en janvier 1200, elle est en Castille où elle doit ramener une épouse pour l'héritier du trône de France : elle préfère Blanche de Castille, parmi ses deux petites-filles. Cette enfant deviendra la mère de Saint Louis
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N°3640
Aliénor se retire en 1200 à l'abbaye de Fontevraud. Malade, elle ramène néanmoins en février 1201 le puissant vicomte Aimery VII de Thouars, qui s’était révolté, à l’obéissance.

En juillet 1202, Philippe Auguste déclare Jean sans Terre félon, et saisit ses domaines. Une de ses armées, à Tours, est commandée par le petit-fils d’Aliénor, Arthur de Bretagne, et menace Fontevraud. Elle fuit l’abbaye pour se réfugier à Poitiers, mais ne peut y parvenir et s’abrite à Mirebeau, y est assiégée par le comte de Bretagne du 15 juillet au 1er août, avant d’être délivrée par son fils Jean.

Elle se retire à nouveau à Fontevraud à l’automne, et meurt à Poitiers, à l'âge de 82 ans, le 31 mars 1204, quelques semaines après la prise de Château-Gaillard par Philippe Auguste. Elle est inhumée à Fontevraud où l'on peut toujours voir son superbe et célèbre gisant qui voisine avec ceux de son second mari Henri II Plantagenêt, de son second fils arrivé à l'âge adulte Richard Cœur de Lion et d'Isabelle d'Angoulême, l'épouse de Jean sans Terre.
Il n'y a d'homme plus complet que celui qui a beaucoup voyagé,
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Re: PERSONNAGES ET FAITS HISTORIQUES DE FRANCE (philatélie)

#90 Message par saintluc »

Pierre Dugua de Mons, premier colonisateur de la Nouvelle-France, est né vers 1560 au château de Mons, à Royan ; il meurt en 1628 dans son château d'Ardennes à Fléac-sur-Seugne, près de Pons.
Voir : "Et si nous abordions quelques personnages de votre histoire."
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N°3678
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