Le massacre de Sabra et Chatila (deux camps de réfugiés palestiniens de Beyrouth-Ouest au Liban) a été perpétré, du 16 au 17 septembre 1982, par la milice chrétienne libanaise dirigée par Elie Hobeika, dans un secteur sécurisé par l'armée israélienne depuis l'Opération Paix en Galilée. Le nombre de victimes varie suivant les sources entre 700 et 3 500.
La commission Kahane, chargée par le gouvernement israélien d'enquêter sur le massacre, a établi que si les tueries n'ont été le fait que des seules Phalangistes, la conduite de la campagne militaire israélienne était fautive et que certaines personnalités politiques israéliennes dont le Ministre de la Défense de l'époque, Ariel Sharon, avaient une « responsabilité personnelle » dans les événements du fait de sa non-action durant ces massacres.
Des camps de réfugiés palestiniens existent au Liban depuis la fin de la première guerre israélo-arabe en 1949, notamment les deux camps contigus de Sabra et de Chatila dans une banlieue de Beyrouth-Ouest. La population pauvre de ces deux quartiers grossit avec l'arrivée de Palestiniens et de Chiites fuyant les combats au Sud. L'Organisation de libération de la Palestine s'est implantée au Liban après le massacre de Septembre noir qui a poussé ses dirigeants à quitter la Jordanie. L'OLP utilise le sud du Liban comme base pour mener des attaques contre Israël qui répond en bombardant des positions de l'OLP au Liban Sud. Les premières attaques palestiniennes contre les phalanges libanaises commencent en avril 1975 : l'attentat de Ayin-el-Remmaneh marque le début de la guerre du Liban. Des Palestiniens tentent d'assassiner Pierre Gemayel alors qu'il inaugurait une église dans la banlieue de Beyrouth. Les tensions ne cessent d'augmenter entre musulmans et chrétiens jusqu'à l’assassinat, le 14 septembre, du président élu du Liban, Bachir Gemayel, son fils, lors d'un attentat. Habib Tanious Chartouni, militant pro-palestino-syrien du Parti social nationaliste syrien (PSNS), est accusé de l'assassinat et emprisonné.
De 1975 à 1990, le Liban connaît une guerre qui oppose des groupes armés différents alliés à des pays étrangers de la région. Les Chrétiens maronites, d'abord alliés à la Syrie, s'allient ensuite à Israël, qui leur fournit armement et formation pour combattre les factions de l'OLP. Israël soutient également l'Armée du Liban Sud de Saad Haddad depuis 1978. Des massacres ont lieu lors des affrontements de ces groupes, notamment le massacre de Damour, le 20 janvier 1976 (750 chrétiens tués par l'OLP), le massacre de Chekka et le premier massacre du Mont-Liban dirigés par l'OLP contre des populations maronites, tandis que le Massacre de Karantina en janvier 1976 et le Massacre de Tel al-Zaatar en août 1976 sont tous deux dirigés par les Phalangistes contre des camps palestiniens. La guerre civile dans son ensemble a fait 100 000 victimes au Liban
La tentative d'assassinat sur l'ambassadeur israélien à Londres, Shlomo Argov, le 4 juin 1982, fournit un casus belli (bien que la tentative d'assassinat se révélera ultérieurement comme étant organisée par le groupe Abou Nidal "Sabri al Banna") qui transforme les hostilités entre Israël et l'OLP en une guerre à grande échelle. Le 6 juin, Israël envoie 60 000 soldats envahir le Liban. Cet acte est condamné par le Conseil de Sécurité de l'ONU.
Un cessez-le-feu est obtenu par l'administration américaine après deux mois de siège de la capitale libanaise. Le Plan Habib est proposé le 20 août 1982 par le département d'État américain et un accord est signé à la fin du mois d'août : des forces internationales doivent superviser l'évacuation de la ville par les forces de l'OLP et Israël accepte de ne pas avancer davantage vers Beyrouth tandis que des combats continuent à opposer les belligérants dans la plaine de la Bekaa.
Le 23 août 1982, Bachir Gemayel, soutenu par les Phalangistes, est élu Président du Liban par l'Assemblée nationale. Israël le perçoit comme un contre-poids à l'OLP au Liban.
À la demande américaine, les Palestiniens hâtent leur départ, achevé le 1er septembre. Le surlendemain, Israël enfreint les accords de cessez-le-feu et se déploie autour des camps de réfugiés. Les forces internationales franco-italo-américaines, qui surveillaient le départ de l'OLP et étaient garantes de la sécurité des populations civiles des zones évacuées, se retirent le 11 septembre.
Le lendemain, le ministre de la Défense israélien Ariel Sharon communique l'estimation de l'armée israélienne selon laquelle il resterait 2 000 combattants de l'OLP à Beyrouth. Cette déclaration est contestée par les Palestiniens.
Le Premier ministre israélien Menahem Begin s'entretient avec Bachir Gemayel à Nahariya et propose la signature d'un traité de paix. Gemayel, qui doit composer avec les intérêts de factions rivales au Liban, craignant une guerre civile, choisit de refuser la paix face à la pression des activistes de l'OLP restés dans les camps de Beyrouth.
Le 14 septembre 1982, Bachir Gemayel est assassiné lors d'un attentat à la bombe qui détruit la totalité de ses bureaux. Le soupçon se porte sur Habib Tanious Chartouni, militant pro-palestino-syrien. Les Palestiniens et les dirigeants musulmans nient toute implication. L'armée israélienne répond à l'assassinat de leur allié en investissant Beyrouth-Ouest dès le lendemain, contrairement à son accord avec les Américains qui s'étaient engagés par écrit à protéger les musulmans de l'ouest de la ville. 88 morts et 254 blessés sont dénombrés dans ces affrontements. Israël justifie ce redéploiement pour maintenir l'ordre et la stabilité après le décès du Président libanais. Toutefois, Ariel Sharon déclarera plusieurs jours plus tard à la Knesset : notre entrée dans Beyrouth-Ouest était destinée à détruire l'infrastructure laissée par les terroristes.
L'armée israélienne réalisa alors le désarmement des milices anti-israéliennes de Beyrouth-Ouest, tandis que les Phalangistes conservaient leur armement.
Le 16 décembre 1982, le massacre est déclaré « acte de génocide » par l'Assemblée générale des Nations-Unies par 123 voix pour, 0 contre et 22 absentions . Bien que tous les délégués qui prennent part au débat sont d'accord sur le fait qu'un massacre s'est bien produit, son caractère génocidaire, ou les compétences de l'Assemblée pour caractériser un événement comme tel, sont remis en question par plusieurs d'entre eux. Selon William Schabas, « le terme génocide (...) a à l'évidence été choisi pour embarrasser Israël plutôt que par véritable soucis de précisions légales »
Après deux mois de négociations tendues, un accord est finalement conclu entre l'OLP, le Liban et Israël sous garantie américaine. L'OLP s'engage à quitter le Liban en échange de garantie que la sécurité des civils qui s'y trouvent, en particulier les réfugiés des camps, sera assurée. Israël s'engage à ne pas pénétrer dans Beyrouth ouest et protéger les camps, et Arafat reçoit la promesse écrite des Américains que les marines ainsi qu'une force multinationale (800 Français, 500 Italiens et 800 Américains) seront les garants ultimes de l'engagement israélien. Le premier contingent - français - arrive le 21 août et doit assurer l’évacuation et la collecte des armes. Cette force doit rester une trentaine de jours, empêcher tout dérapage et protéger les familles palestiniennes. Le premier septembre, le retrait d'Arafat et de l'OLP est achevé. Mais personne ne respectera sa parole. À commencer par le gouvernement américain. M. Caspar Weinberger, secrétaire à la défense, donnera l’ordre à ses marines de quitter le Liban alors même que les milices chrétiennes prennent position, le 3 septembre, dans le quartier Bir Hassan, en bordure des camps de Sabra et Chatila. Le départ des Américains entraîne automatiquement celui des Français et des Italiens. Le 10 septembre, le dernier soldat est parti de Beyrouth, alors que la force internationale devait rester jusqu'au 21 ou 26 septembre.
Le 14 septembre, Bechir Gemayel, le nouveau président libanais élu par l'assemblée Nationale et soutenu par les Israéliens, est assassiné. M. Ariel Sharon prend ce prétexte pour envahir Beyrouth-Ouest et pour cerner les camps de Sabra et Chatila. Selon le journaliste Robert Fisk, se référant à une dépêche AP du 15 septembre, « Le ministre de la Défense Ariel Sharon associe l'assassinat (du leader phalangiste Gemayel) à l'OLP: "il symbolise le terrorisme meurtrier des organisations terroristes de l'OLP et de leur partisans" ». Selon le journaliste Uri Dan, les Israéliens avaient appris "qu'un Libanais téléguidé par Damas avait actionné à distance une bombe placée à proximité du bureau de Gemayel". Selon le journaliste Alain Ménargues, qui se réfère à des sources phalangistes, cet agent syrien nommé Habib Tanios Chartouni avait été identifié et arrêté par les Phalangistes "le 16 septembre vers 17h30". Peu après commence le massacre punitif de Sabra et Shatila.
Les premières exactions commencent le jeudi soir du 16 septembre. Selon un article de Pierre Péan dans Le Monde diplomatique (septembre 2002, p. 21), qui se réfère à Alain Ménargues (citant lui-même des « témoins » non identifiés, dans un livre dont le contenu lui a été directement inspiré par Fadi Frem, le dirigeant phalangiste qui était à la tête des Forces libanaises depuis le 13 septembre), les militaires israéliens positionnés à proximité des camps de réfugiés palestiniens de Sabra et Chatila auraient assisté passivement tout au long du vendredi aux massacres commis par des Phalangistes chrétiens qu'ils ont laissés pénétrer dans les camps sur des civils palestiniens. Les témoignages de soldats israéliens réunis dans le documentaire d'Ari Folman Valse avec Bashir indiquent que des informations partielles et confuses sur des exactions commises par les Phalangistes parviennent alors aux forces israéliennes, mais que ce n'est qu'après la fin du massacre que celui-ci sera perçu dans son ampleur.
Dans l'après-midi, le commandant en chef de Tsahal, le général Rafael Eitan rencontre les officiers Phalangistes qui l'informent que l'opération dans les camps est achevée et qu'ils quitteront les lieux le lendemain à cinq heures du matin. Au matin du samedi 18 septembre, les Phalangistes sont toujours dans Sabra et Chatila. Le général israélien Yaron exige alors du chef des Phalangistes chrétiens qu'il retire ses hommes. Les Phalangistes obéissent, et les derniers d'entre eux quittent les camps à huit heures du matin. Femmes et enfants ont été rassemblés dans un stade voisin, tandis que les hommes étaient exécutés sur place ou emportés en camion. On découvre alors que les Phalangistes ont tué, outre des combattants palestiniens, des civils en grand nombre. Des employés de la Croix-Rouge et des journalistes arrivent sur place et informent le monde entier. Quand Ariel Sharon et Rafael Eitan annoncent que les tueries ont cessé et que les Phalangistes ont été expulsés des camps, il est trop tard. Il y aurait eu 900 réfugiés palestiniens tués. Les chiffres de morts et de disparus demeurent dans le plus grand flou. Ils varient, selon les estimations, de 500 à 5 000.
À ce jour, une seule enquête officielle a été menée, celle de la commission israélienne dirigée par le juge Itzhak Kahane, président de la Cour suprême, rendue publique en février 1983. Il en ressort que l'organisation chrétienne des Forces libanaises porte seule la responsabilité directe du massacre. Ariel Sharon, alors ministre de la défense, porte une responsabilité indirecte pour n'avoir pas prévu le comportement des Phalangistes libanais. Le rapport parle d’une grave erreur de celui-ci, qui n’a « pris aucune mesure pour surveiller et empêcher les massacres ». Les journaux israéliens ont publié des articles confirmant et amplifiant ces conclusions.
Le journaliste français Pierre Péan affirme, dans son article du Le Monde diplomatique, quant à lui, que le journaliste israélien Amir Oren aurait dans un article de Davar du 1er juillet 1994 affirmé à partir de documents officiels que les massacres faisaient partie d’un plan décidé entre Ariel Sharon (alors ministre de la défense d'Israël) et Béchir Gemayel (chef des Phalanges chrétiennes et président du Liban récemment élu) qui utilisèrent les services secrets israéliens qui avaient reçu l’ordre d’exterminer tous les terroristes ; selon cette thèse, bien que les milices libanaises chrétiennes (phalangistes) portent la responsabilité directe des massacres, elles auraient été de simples pions dans la ligne de commandement qui conduisait, via les services, aux autorités israéliennes. Cependant, une enquête du mensuel "L’Arche” démontre que le journaliste israélien n'a pas écrit ce que lui attribue Pierre Péan. La rédaction du Monde diplomatique le reconnaît, dans un rectificatif ajouté à la version de l'article de Pierre Péan publiée sur son site Internet.
Lors de la 108e réunion de l'Assemblée générale des Nations unies, les événements furent reconnus comme étant un massacre à grande échelle et un acte de génocide.
À l'époque, les délégations occidentales s'opposèrent néanmoins à la caractérisation des faits en tant que génocide et les spécialistes y voient aujourd'hui l'unique volonté de mettre à mal Israël
Suite à ces événements, Israël établit une commission officielle d'enquête dirigée par Yitzhak Kahane, juge à la Cour suprême. Le 7 février 1983, la commission confirme la culpabilité des milices chrétiennes libanaises, et reconnaît Ariel Sharon indirectement responsable pour n'avoir pas prévu la tragédie qui résulterait de l'entrée des Phalangistes dans les deux camps palestiniens.
Pour les mêmes raisons, la commission blâme d'autres responsables israéliens qui auraient dû, selon elle, prévoir les conséquences meurtrières d'une entrée des Phalanges dans les camps palestiniens, et qui de ce fait portent eux aussi une part de « responsabilité indirecte » dans les massacres (la « responsabilité directe » étant, souligne la commission, exclusivement celle des auteurs du crime, c'est-à-dire les membres des Phalanges chrétiennes libanaises). Sont ainsi blâmés par la commission, à des degrés divers, outre le ministre de la défense Ariel Sharon : le premier ministre Menahem Begin, le ministre des affaires étrangères Itzhak Shamir, le commandant en chef de Tsahal Raphaël Eytan, le chef des renseignements militaires Yehoshoua Saguy, le commandant de la région nord Amir Drori, et le général Amos Yaron. La recommandation la plus sévère est celle visant Ariel Sharon, qui doit quitter ses fonctions.
La commission indique que, selon son enquête, d’autres parties pourraient être mises en cause, notamment les dirigeants libanais qui ont refusé (malgré la demande expresse des militaires israéliens) de faire entrer l’armée libanaise dans les camps pour mettre un terme aux massacres, ainsi que l’ambassadeur des États-Unis à Beyrouth, Morris Draper, qui a refusé de faire pression en ce sens. Mais, puisqu’il s’agit d’une enquête israélienne, seuls les manquements des Israéliens sont pris en compte dans le rapport de la commission. (Aucune commission n'a été instaurée par ailleurs, dans un cadre libanais ou dans un cadre international, pour établir les responsabilités des acteurs non israéliens dans cette affaire.)
Dans sa conclusion, la commission Kahane évoque l’argument selon lequel « des massacres ont eu lieu auparavant au Liban, avec des victimes beaucoup plus nombreuses qu’à Sabra et Chatila, mais l’opinion publique mondiale ne s’en est pas émue et aucune commission d’enquête n’a été établie ». Elle rejette cet argument, soulignant que l’objectif de son enquête était de préserver « l’intégrité morale d’Israël, et son fonctionnement en tant qu’État démocratique adhérant scrupuleusement aux principes fondamentaux du monde civilisé ». Et elle ajoute : « Nous ne nous berçons pas de l’illusion que les résultats de notre enquête suffiront à convaincre ou à satisfaire les gens nourris de préjugés et les consciences sélectives. Mais notre enquête ne leur était pas destinée. »
Certains témoignages font état de la présence de soldats israéliens aux côtés des Forces libanaises, suggérant que la commission israélienne a sous-estimé la responsabilité israélienne, d'une part sur le niveau d'implication directe, d'autre part sur la connaissance ou l'ignorance de ce qui se déroulait. En fait, les témoins cités par Pierre Péan dans Le Monde diplomatique sont au nombre de trois, et aucun ne témoigne avoir vu des soldats israéliens dans Sabra et Chatila au cours du massacre. D'autre part, des observateurs et témoins affirment que la commission israélienne a restreint ses recherches à un moment précis du massacre[réf. nécessaire]. En fait, le travail de la commission israélienne porte sur l'ensemble de la période qui commence avec l'entrée des forces israéliennes dans Beyrouth et s'achève au lendemain du massacre.
Le journaliste Alain Ménargues, dans son livre tardif, « afin de protéger ses sources » (non identifiées), dit révéler des éléments qui n'ont jamais été présentés au public et qui laisseraient à penser à une incursion préalable de soldats israéliens dans les camps palestiniens où ils se seraient livrés à des exécutions sommaires. Cependant, Alain Ménargues n'apporte aucun document à l'appui de ses dires.
Le rapport de la Commission Kahane accuse directement le dirigeant phalangiste Elie Hobeika, chef des services de renseignements des forces libanaises, d'avoir dirigé le massacre de Sabra et Chatila. Hobeika était à cette époque un agent syrien opérant au sein des forces chrétiennes libanaises.
Elie Hobeika poursuivra par la suite une carrière politique au Liban, à une époque où le pays est placé sous le strict contrôle de la Syrie. Il sera notamment membre du Parlement libanais, et membre du gouvernement. Il ne sera jamais interrogé par la justice libanaise.
Elie Hobeika meurt dans un attentat à la voiture piégée devant son domicile de Beyrouth, le 24 janvier 2002. Le journal l'Humanité, citant des sources libanaises non identifiées, affirme que Hobeika aurait déclaré être en possession d'éléments mettant en cause l'Armée du Liban Sud (milice chrétienne financée par Israël). Cependant, d’après des témoignages de sources libanaise, l’élimination de Hobeika a été décidée à Damas, cet agent syrien étant devenu trop gênant ; l’indice le plus précis en ce sens serait que l’enquête sur son assassinat a été bloquée par les services libanais de la justice placés sous la coupe des Syriens. De fait, cette enquête n'a jamais abouti et Elie Hobeika n'a jamais été inquiété par la justice libanaise.
Selon Robert Hatem dit « Cobra », l'homme de main de Hobeika à l'époque, les Israéliens, qui assiégeaient Beyrouth depuis le mois d'août pour en finir avec l’OLP avaient chargé Hobeika et ses hommes d'expulser les Palestiniens des camps. Il devait les livrer dans le grand stade de Beyrouth où les soldats de Tsahal étaient censés trier le bon grain de l’ivraie. Sharon, alors ministre de la Défense, avait, selon Hatem, donné des ordres fermes à Elie Hobeika d’éviter tout débordement. Ce dernier, en relation secrète avec les Syriens à l'époque aurait agi sous l'instigation de la Syrie afin de mettre les Israéliens sous pression.
En Belgique, une plainte visant Ariel Sharon, Amos Yaron et d'autres responsables israéliens est engagée par 23 rescapés des tueries en vertu de la loi dite « de Compétence universelle » adoptée en 1993 et étendue en 1999 dans ce pays pour permettre la poursuite d'auteurs de crimes contre l'humanité, quelle que soit leur nationalité ou le lieu où les faits ont été commis. En 2002, une décision de justice qualifie la plainte d'irrecevable au vu des immunités dont bénéficiaient les accusés. Mais, le 14 février 2003, la cour de cassation, plus haute instance judiciaire belge, rouvre la voie à des poursuites. Cet épisode judiciaire a fortement déplu et à la presse et à la diplomatie de l'État d'Israël. Sharon ne sera jamais jugé sur le fond, la loi de Compétence universelle étant vidée de sa substance le 5 août 2003 avant la fin de ses fonctions de ministre.
« La plainte ne mentionnait pas le rôle de Hobeika dans les massacres de Sabra et Chatila », qui pourtant eut été plus facile à démontrer. Celui-ci se disait prêt à témoigner en Belgique et disposant de « preuves irréfutables » permettant de l'innocenter mais il meurt avant dans les circonstances déjà évoquées.