Retour à Fukushima, deux ans après
Deux ans après la catastrophe nucléaire, Fukushima est toujours une ville fantôme. Nos reporters sont allés à la rencontre des hommes et des femmes dont les vies ont été brisées le 11 mars 2011.
Par Guillaume BRESSION / Marie LINTON
Qui dit accident nucléaire dit inquiétude pour la population, et surtout pour les enfants. Un rapport récent de l’Organisation mondiale de la santé montre d’ailleurs un risque accru de cancers chez les nourrissons exposés dans les zones les plus contaminées de Fukushima. Pour ce "Billet retour", il nous semblait important de rencontrer une famille avec enfants.
Nous n’avons pas tardé à changer notre fusil d’épaule face à la triste réalité de la région : il ne reste presque aucun jeune à moins de trente kilomètres du site accidenté. Les rares qui sont restés sont confinés chez eux et évitent autant que possible le contact avec les médias. À la place, nous avons donc filmé ces villes et ces lotissements de "vieux" ou, du moins, de personnes d’un âge respectable. Avec, en creux, l’absence flagrante d’enfants.
C’est Yoshiharu Sué, 61 ans, qui nous a servi de guide dans cet environnement quelque peu déprimé… du moins en apparence. Sué fait partie des 160 000 personnes évacuées des environs de la centrale suite à l’accident déclenché par le séisme et le tsunami du 11 mars 2011. Une catastrophe historique qui a coûté la vie à près de 19 000 personnes au Japon. Cet ancien ingénieur devenu agriculteur a dû abandonner sa maison après la catastrophe. "J’ai vu un nuage violet, je me suis dit qu’il valait mieux fuir", raconte-t-il. Sue a aussi laissé derrière lui ses champs et le cimetière de ses ancêtres. Comme des milliers d’autres réfugiés du nucléaire, il a été relogé dans de ternes lotissements de préfabriqués. Il partage désormais un 50 m2 avec sa femme et sa mère.
Pourtant, avec ses éclats de rire et son énergie communicative, Sué nous a montré la face lumineuse de Fukushima. Ces grands-mères qui se retrouvent chaque après-midi pour plier des origamis ou jouer à des jeux d’adresse, les volontaires qui organisent des concerts et des ateliers, toutes ces personnes qui tentent de reconstruire leur quotidien, loin de chez elles.
Malgré cette leçon de courage - ou de résignation, comme on voudra l’appeler -, le gouvernement sait qu’il doit aller vite s’il veut que Fukushima renaisse un jour. Les gens partiront s’ils ne peuvent pas rentrer chez eux rapidement. À marche forcée et en dépit de niveaux de radioactivité parfois élevés, les villes proches de la centrale nucléaire rouvrent les unes après les autres. Odaka, mais aussi Kawauchi, Tomioka, Nahara et une partie de Namie. Pour le moment, les habitants ne peuvent revenir qu’en journée et de façon ponctuelle mais certains, comme Sué, se prennent à rêver du jour où ils referont leurs bagages pour rentrer chez eux.
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