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Re: PERSONNAGES ET FAITS HISTORIQUES DE FRANCE (philatélie)

Publié : mar. janv. 04, 2011 4:35 am
par saintluc
Jean Lannes (né le 10 avril 1769 à Lectoure (Gers), † 31 mai 1809 à Ebersdorf après la bataille d'Essling du 22 mai où il fut blessé à la fin des combats), maréchal d'Empire, prince de Sievers, duc de Montebello.
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Jean Lannes, sous-lieutenant au bataillon du Gers en 1792 (1769-1809), Paulin Guérin, 1835

Lien: http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Lannes


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Arcole

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Bataille de Montebello


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Jacques Augustin Pajou, la bataille de Marengo

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N°1593

Re: PERSONNAGES ET FAITS HISTORIQUES DE FRANCE (philatélie)

Publié : mar. janv. 04, 2011 4:43 am
par saintluc
Paul de Chomedey, sieur de Maisonneuve (15 février 1612 - 9 septembre 1676) était un officier français. On lui doit la fondation de la ville de Montréal.
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Monument à Maisonneuve à la Place d'Armes
Né à Neuville-sur-Vanne, à 25 km de Troyes, il est le fils aîné du seigneur et devient sieur de Maisonneuve en 1614. Soldat, il a combattu dans des guerres européennes avant d'être envoyé par la Société Notre-Dame de Montréal pour prendre possession de leur concession dans le Nouveau Monde (l'Amérique). Choisi pour fonder une colonie sur l'île de Montréal, il arriva en Nouvelle-France en 1641.

En 1642, il travaillera à la construction de la fortification et de divers édifices de Ville-Marie, dont le premier puits de la ville, en 1658 (creusé par Jacques Archambault). Cette ville deviendra plus tard la ville de Montréal.
Il planta une croix au sommet du mont Royal en 1643.

Bien qu'il ait été un organisateur habile, il n'était pas bien vu par le gouvernement colonial et il fut rappelé en France en 1665. Il meurt dans l'oubli à Paris.

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N°1706

Re: PERSONNAGES ET FAITS HISTORIQUES DE FRANCE (philatélie)

Publié : mar. janv. 04, 2011 5:17 am
par saintluc
François Joseph Paul, marquis de Grasse Tilly, comte de Grasse, né au château des Valettes de Le Bar (actuellement Le Bar-sur-Loup, Alpes-Maritimes) le 13 septembre 1722 et décédé le 11 janvier 1788 au château de Tilly dans les actuelles Yvelines, est un héros de l'indépendance américaine et un amiral français.
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Dernier garçon d'une famille de la noblesse provençale issue des anciens princes d'Antibes, François-Joseph de Grasse nait au château familial du Bar-sur-Loup où il passe la plus grande partie de son enfance.

À l'âge de onze ans, François-Joseph de Grasse entre dans l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem comme page du Grand Maître de l'ordre. Il est en effet de tradition dans beaucoup de vieilles familles provençales d'envoyer ses fils cadets servir sur les navires de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem. En 1740, après six années d'apprentissage ponctuée de caravanes sur les galères de l'Ordre, François-Joseph choisit d'entrer au service du roi de France. L'ordre de Saint-Jean de Jérusalem servait souvent au XVIIe et XVIIIe siècle de vivier à la marine royale. Il effectue ensuite toute sa carrière dans la marine royale française. Pierre André de Suffren, l'autre grand amiral français de la période suit un cursus naval voisin.

Enseigne de vaisseau en 1743, il se retrouve engagé dans les combats de la guerre de Succession d’Autriche. Le 22 février 1744, il participe sur le Diamant au combat du cap Sicié, puis fait campagne aux Antilles et passe en 1746 sur le Castor avec lequel il participe à la capture d’une corvette anglaise sur les côtes d’Acadie. En 1747, il embarque sur la Gloire dans l’escadre de La Jonquière, où il est blessé et fait prisonnier au combat du cap Ortegal contre l’escadre anglaise d’Anson (15 mai 1747).

La guerre terminée, il fait une croisière en 1752 au Levant, sur la Junon. Il est ainsi promu lieutenant de vaisseau en 1754, et fait campagne sur l’Amphion en 1755 à Saint Domingue. La guerre avec l’Angleterre reprend en 1756, et il participe en 1757 sur le Tonnant à la défense de Louisbourg dans la concentration navale de Dubois de La Motte. La même année, il commande le Zéphyr en croisière sur les côtes d’Afrique. En 1762, il devient capitaine de vaisseau et commande l’année suivante le Protée aux Antilles alors que se termine la terrible guerre de Sept Ans qui a vu la Marine royale enregistrer de lourdes défaites et la destruction de l’essentiel du premier empire colonial français.

En 1765, il commande l’Héroïne dans l’escadre de du Chaffault lors de l’expédition de Larache, puis l’Iris en 1772 en escadre d’évolutions. En 1775, il dirige l’Amphitrite aux Antilles, puis l’Intrépide en 1776. Grasse se taille une réputation de bon manœuvrier. C'était « un homme de haute taille, peu sympathique , avec son visage de bouledogue, lourd, fermé, sévère, le nez fort, la bouche épaisse et méprisante, comme le représente une toile de Jean-Baptiste Mauzaisse au musée de Versailles. Cet ancien chevalier de Malte, qui avait bourlingué sur toutes les mers, était craint des officiers et des matelots. »

En 1776, une partie des colons anglais d'Amérique proclament leur indépendance. Les Insurgents sollicitent l’aide du roi de France. Louis XVI et ses ministres hésitent longuement, puis s'engagent auprès de la jeune république américaine pour venger les défaites de la guerre de Sept Ans et combattre les prétentions anglaises à un contrôle total des mers. En 1778, la guerre éclate donc de nouveau entre la France et l’Angleterre. Grasse a 54 ans, ce nouveau conflit lui offre l'opportunité de se distinguer et d'entrer dans l'Histoire.
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La bataille du cap Sicié (22 février 1744), vue par l'illustrateur espagnol Diego De Mesa. Ce combat, appelé "bataille de Toulon" par les Anglais et les Espagnols voit le premier engagement naval de De Grasse.
À l'ouverture du conflit, de Grasse est nommé chef d’escadre, et il sert sous les ordres d’autres amiraux. Dans l’escadre d’Orvilliers, il commande le Robuste lors de la bataille d'Ouessant, le 27 juillet 1778, puis rejoint avec une flottille de renfort l’escadre d’Estaing aux Antilles, et prend part aux combats de la Grenade en juillet 1779, et de Savannah en août-septembre 1779. En 1780, il commande une division dans l’escadre de Guichen, et se distingue aux trois combats livrés au commodore Rodney, au large de la Dominique.

En mars 1781, de Grasse est nommé lieutenant général, et il reçoit enfin le commandement d’une grande escadre, avec pour mission principale de partir aux Antilles pour couvrir la défense des îles du Vent. Il met son pavillon sur la Ville-de-Paris, et part de Brest le 22 mars à la tête de 20 vaisseaux, 3 frégates et 120 bâtiments transportant 3 200 hommes de troupe. L’escadre arrive le 28 avril à la Martinique, obligeant l’amiral Hood à lever le blocus de Fort Royal où de Grasse entre le 6 mai. Un de ses premiers succès est la reprise de l’île hollandaise de Tobago le 1er juin. Le 5 juillet, il appareille pour Saint Domingue en escortant un gros convoi.
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La bataille de la Chesapeake le 5 septembre 1781 vue par le peintre Jean Antoine Théodore de Gudin au XIXe siècle. À gauche, l'Auguste (80 canons) au combat.
Au mouillage de Cap Français (aujourd’hui Cap-Haïtien, au nord-ouest de l’île de Saint Domingue), de Grasse reçoit l’appel à l’aide de George Washington et du général Rochambeau, le commandant du corps expéditionnaire français débarqué le 11 juillet de l’année précédente dans le Rhode Island. Cette troupe d'un peu moins de 6 000 hommes a passé l’hiver dans un camp retranché à Newport, en attendant les renforts promis par Louis XVI. La situation des Américains est alors très difficile : pas d’argent, plus de médicaments, des désertions en masse, deux importantes armées anglaises stationnant à New York et en Virginie... Les troupes anglaises installées à New York sont nombreuses et solidement retranchées. Rochambeau conseille à Washington de marcher plutôt vers l’armée anglaise du sud commandée par Charles Cornwallis, installé dans la presqu’île de Yorktown à l'entrée de la baie de la Chesapeake. Depuis son camp retranché, Cornwallis peut menacer les environs en recevant des renforts de la mer, car les escadres anglaises patrouillent le long de la côte américaine. Mais cette position peut aussi se transformer en piège mortel si une armée parvient à bloquer la presqu’île de Yorktown, et si la flotte anglaise est tenue à distance de l’entrée de la baie. Une première tentative de débarquement de troupes, menée en mars 1781 par Destouches à la demande de Washington avait d'ailleurs échoué après un bref combat naval face à l'escadre d'Arbuthnot.

De Grasse, qui n’a pas d’ordre précis de Versailles, envisage de monter une attaque sur la Jamaïque ou éventuellement New-York. Il accepte cependant le plan qui lui est proposé. L’escadre de Barras de Saint-Laurent qui stationne à Newport où elle est inactive depuis le premier combat de la Chesapeake, accepte de se joindre à l’opération. C’est un renfort important qui donne une très nette supériorité navale aux Français pour tenter cette opération de grande envergure. De Grasse emprunte sous sa signature 500 000 piastres à des banquiers espagnols, et fait embarquer sur sa flotte les sept régiments destinés à attaquer la Jamaïque, avec un petit corps de dragons et d’artilleurs : 3 200 hommes en tout, avec du matériel de siège, des canons et des mortiers. Le moral, stimulé par les victoires précédentes est très élevé. L'escadre se sent forte au point de couper au travers des écueils du canal de Bahama jusqu'alors inconnu aux flottes françaises
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Les opérations militaires sur la côte américaine en 1781 (Carte américaine en anglais
Commence alors une « opération combinée extraordinaire. Il joue sur les distances maritimes qui séparent les différents théâtres d’opération pour créer la surprise et obtenir une supériorité décisive face à un ennemi qui ne s’y attend pas. » Les troupes de Rochambeau, très éloignées de Yorktown commencent une marche forcée vers le sud de plus de 600 km, en laissant de côté l’armée anglaise de New-York, alors que les quelques centaines de cavaliers de La Fayette et du général Waine remontent vers la baie jusqu’à Williamsburg. Mais l’essentiel vient de la mer : le 30 août, les 28 navires de ligne et les 4 frégates de De Grasse se présentent à l’entrée de la Chesapeake et jette l'ancre dans la baie de Lynnhaven. Le débarquement des troupes, sous les ordres du marquis de Saint-Simon commence aussitôt. La situation des Français reste pendant plusieurs jours extrêmement aventureuse, car avec 8 000 soldats réguliers et 9 000 américains loyalistes, Cornwallis dispose de forces très supérieures. L’armée de Rochambeau est encore loin, mais de Grasse envoie 4 navires bloquer les rivières James et York.

Le 5 septembre, l’opération de débarquement n’est pas encore achevée et une flotte se présente à l’horizon, mais ce n'est pas celle de Barras de Saint-Laurent. C'est le pavillons des anglais Hood et Graves qui apparaît dans les longues vues, avec 19 (ou 20 selon les historiens) navires de ligne et 7 frégates. L’instant est décisif pour les Français, qui d’assiégeants risquent de se retrouver en situation d’assiégés, enfermés dans la baie. Mais de Grasse réagit aussitôt : il stoppe le débarquement, laisse filer les ancres, et se prépare à engager le combat avant que l’escadre anglaise ne bloque la baie entre les caps Charles et Henry. De Grasse a un atout important : il a plus de vaisseaux (il en engage 24 sur 28, mais plus de mille marins n'ont pas eu le temps de rembarquer) que les deux amiraux anglais. Côté anglais, Hood trop sûr de lui -car il est du côté du vent- laisse passer sa chance en attendant que les Français se déploient pour ouvrir le feu. À cette première erreur, s’ajoute une confusion dans la compréhension des signaux : l’avant-garde anglaise s’éloigne de son centre et de son arrière-garde alors que les Français ouvrent le feu. La tombée de la nuit sépare les combattants. La bataille a duré quatre heures et a été indécise, concentrée essentiellement sur les deux avant-gardes mais la flotte anglaise a beaucoup souffert : 5 vaisseaux sont très abimés, l'un d'eux coule et un autre doit être sabordé dans la nuit. Hood et Graves restent encore au large jusqu’au 9 septembre alors que de Grasse cherche à reprendre le combat. En vain. Les deux chefs anglais finissent par rentrer sur New York pour réparer. De Grasse regagne à son tour son mouillage en saisissant au passage les frégates Isis et Richemond. Cette retraite signe la victoire de De Grasse à la « bataille des caps », que l’histoire retient sous le nom de bataille de la baie de Chesapeake. La nasse de Yorktown est désormais fermée : Cornwallis ne peut plus attendre aucun secours de la mer.
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Bataille de Chesapeake, le 5 septembre 1781. Le Ville de Paris et l'Auguste. Peinture du XXe siècle (1962) du Hampton Roads Naval Museum de Norfolk.
De Grasse reprend aussitôt le blocus. Il débarque 2 500 marins pour renforcer les 3 200 hommes de Saint-Simon, alors que le 9 septembre (jour où s’enfuit la Royal Navy) arrive l’escadre de Barras de Saint-Laurent qui s’est faufilé le long de la côte : 12 vaisseaux neufs avec 18 transports chargés du matériel de siège (essentiellement de l’artillerie). De Grasse organise aussi une flottille pour transporter sur 200 km dans la baie les troupes de Rochambeau arrivées à Annapolis, alors que Washington qui marche le long de la côte arrive à Williamsburg le 14 septembre. Le 17, de Grasse et Washington se rencontrent sur le navire amiral, le Ville de Paris pour organiser les opérations. À New-York, Clinton reste sans réaction, car il ne comprend pas la destination prise par Rochambeau et Washington. Lorsqu'il se décide enfin le 17 octobre à envoyer 7 000 hommes en renfort vers le sud, il est beaucoup trop tard.

Cornwallis, qui n’a plus rien à espérer de la mer, se retranche au bout de la presqu’île, dans la petite bourgade de Yorktown. Le 29 septembre commence l’investissement de la place par les coalisés : 3 600 américains et 11 000 français. Washington qui a le commandement théorique mais qui n’a ni les effectifs, ni l’expérience de la guerre de siège, doit laisser faire les Français. Après douze jours et douze nuits passées à s’approcher des positions anglaises en creusant des tranchées, l’artillerie entre en action. Les nouveaux canons Gribeauval incendient deux des trois frégates dans le port, qui contenaient des stocks de munitions. Ils concentrent ensuite leurs tirs sur les deux redoutes (forts), positions capitales pour les britanniques. Au feu terrestre s’ajoute le feu des canons de marine de De Grasse. Écrasé par cette pluie de boulets, la position de Cornwallis devient intenable, d’autant qu’il n’a presque plus de munitions et de vivres. Le 19 octobre, il doit capituler sans condition, avec ses quatorze régiments anglais et hessois.

Cette éclatante victoire laisse aux vainqueurs 214 canons, 22 étendards et 8 000 prisonniers qui défilent en habit rouge entre une rangée de soldats français et une autre d’Américains. La nouvelle de la victoire est accueillie par des transports de joie dans toute l’Amérique et à Versailles. « Jamais la France n’eut un avantage aussi marqué sur l’Angleterre que celui-là » dit Rochambeau en triomphant. Défaite d'autant plus humiliante que Cornwallis, ancien chambellan et aide de camp de George III était considéré jusque-là comme l'un des espoirs de l'armée anglaise. Sur le papier il reste encore aux Britanniques des troupes considérables à New York (30 000 hommes) et Charleston pour continuer la guerre. Mais pour le gouvernement anglais la nouvelle est un désastre : « It’s all over » soupire lord North dont le ministère tombe en mars 1782.

Les Anglais avaient payé le prix de leur dispersion, de la lenteur des communications, de l’absence de coordination et des tensions entre sir Henry Clinton, général en chef, et l’impétueux lord Charles Cornwallis. Yorktown n’est pas une victoire terrestre, mais bien une victoire navale. Les Insurgents sont définitivement sauvés. Comme l’a souligné l’historien américain Morrison, sans la victoire du comte De Grasse, ce n’est pas la reddition de Cornwallis mais celle de George Washington que l’histoire aurait enregistrée. Yorktown serait même un « Waterloo naval », selon l'historien américain Emil Reich. Yorktown apparait effectivement comme une victoire de la mer contre la terre. Sans l'action de la flotte française apportant hommes et matériel puis coupant Cornwallis de son soutien naval, rien n'aurait été possible. Le rôle de De Grasse qui a assuré une bonne coopération interarmes et interalliée doit être souligné, car l'histoire militaire regorge de campagnes manquées à cause des désaccords entre les généraux sur le choix des objectifs et l'emploi des moyens disponibles.

Sur l’instant, tout l’honneur de cette victoire franco-américaine revient cependant à Rochambeau et Washington. De Grasse, qui n’est pas présent au moment où Cornwallis rend son épée, se retrouve un peu oublié. À Paris, c’est La Fayette qui est fêté en héros. Ce dernier n’a joué qu’un rôle secondaire dans les opérations, mais le jeune homme, propagandiste infatigable de la cause américaine, rentre immédiatement en France où il reçoit un triomphe.

Dès la capitulation, de Grasse ordonne le rembarquement de ses matelots et des troupes de Saint-Simon (entre le 1er et le 3 novembre). Le 4 novembre, il lève l’ancre pour les Antilles, pour y passer l’hiver et y continuer la guerre. Le 25 novembre, l'escadre française arrive à Fort Royal.

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La reddition de lord Cornwallis le 19 octobre 1781. Yorktown sonne comme une éclatante victoire franco-américaine où le rôle de De Grasse a été essentiel. (Gravure française de 1784)
La situation militaire est alors plus complexe que ne le laisse croire la victoire de Yorktown. La guerre est terminée dans les treize colonies, et un armistice de fait s’installe entre les belligérants en attendant que les négociations de paix commencent. Mais partout ailleurs la guerre continue sans marquer de ralentissement. En Méditerranée, les franco-espagnols assiègent toujours Gibraltar et ont débarqué à Minorque. Dans l’océan Indien l’escadre de Suffren attaque les établissements anglais, cherche à reconquérir ceux que n’ont pas su défendre les Néerlandais, et donne la chasse aux vaisseaux du commodore Hugues. Mais c’est dans les Antilles qu’ont lieu les opérations de grande envergure. Ces îles, essentielles au commerce colonial de l’époque, sont très fortement disputées, tout comme la Floride, où les franco-espagnol ont débarqué l’année précédente. C’est donc là que se concentrent les plus grandes escadres, et où se jouent les dernières grandes batailles de ce conflit naval de haute intensité qu’est la guerre d’indépendance américaine.

La Royal Navy est très éprouvée par cette guerre où, en raison de la dispersion de ses escadres, elle a perdu la maîtrise de l’Atlantique qu'elle avait acquise contre la France et l’Espagne pendant la guerre de Sept Ans. Au printemps 1782, libérée de la guerre en Amérique du Nord, la balance des forces navales penche de nouveau du côté anglais. À cela s’ajoute un intense effort de construction navale qui creuse un écart technologique avec les vaisseaux français : presque tous les navires anglais sont maintenant doublés de cuivre. Cette innovation, qui a pour but au départ de lutter contre la prolifération des algues et des coquillages qui s’incrustent sur les coques, a aussi pour effet de rendre les navires plus rapides. À cela s’ajoute une arme nouvelle, la caronade , un canon court de gros calibre, monté sur les hauts ponts des vaisseaux et qui est utilisé en combat rapproché. Son feu déverse un torrent de boulets de tout calibre en mitraille, qui balaye le pont adverse ou pénètre jusque dans les entrailles du navire ennemi. Les chantiers navals français tournent aussi à plein régime, mais les Français commencent à peine à doubler les coques en cuivre en raison du coût élevé de l'opération, et aucune caronade n’y est encore disponible.
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Bataille navale de Saint-Christophe, le 25-26 janvier 1782. Grasse affronte Hood après avoir mis à terre les troupes du marquis de Bouillé qui s'empare de l'île le 12 février (tableau de Thomas Maynard, 1783)
La flotte de De Grasse, qui tient la mer depuis mars 1781 aurait besoin de repos. Les coups de vent, l'humidité, le sel usent les vaisseaux presque autant que les combats. Les marins connaissent bien ce problème, puisque les navires de guerre emportent tous en double un jeu complet de voiles et de cordages pour réparer en mer. Cependant, si la campagne dure trop longtemps, il faut obligatoirement disposer d'un port bien équipé pour de l'entretien plus approfondi. Les Anglais peuvent s'appuyer dans le secteur sur New York (comme après la bataille de la Chesapeake), la Barbade et la Jamaïque. Des ports bien équipés, avec des stocks de bois, d'armes, de gréements. Les Espagnols disposent des chantiers navals de La Havane, mais les Français n'ont aucune installation comparable dans la région.

Plus grave, il semble bien qu’une crise de commandement larvée s’installe dans l’escadre. Après Yorktown, de Grasse a demandé instamment à être relevé de son commandement. Sa santé se dégrade, mais le roi refuse de lui donner satisfaction. Le ministre de la marine, de Castrie, prétend même que personne ne peut le remplacer. Réponse malheureuse, car le commandant en chef malgré ses succès, est de plus en plus détesté, et l’atmosphère à bord des vaisseaux devient épouvantable. Comment en est-on arrivé là ? De Grasse est un fin manœuvrier, mais il est autoritaire et il manque totalement de sens psychologique, n’a aucune confiance en ses subordonnés et ne sait en aucune manière les encourager. En un mot, il est totalement dépourvu du charisme du chef que les hommes apprécient au point de lui obéir en toutes circonstances juge Étienne Taillemite. Les critiques les plus acerbes pleuvent contre le vainqueur de la Chesapeake et de Yorktown. Chose à peine croyable, mais révélatrice, de nombreux commandants prétextant des problèmes de santé rentrent en France, ce qui n’améliore pas la cohésion de l’escadre.
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Plan de la bataille de Saint-Christophe (ou Saint-Kitts). 25 et 26 janvier 1782. La garnison anglaise de l'île de Saint-Christophe au nord (St-Kitts sur la carte) capitule le 12 février 1782.
Pour finir, le ravitaillement et les renforts pour la campagne de 1782 n'arrive pas : l'important convoi de troupes et de vivres qui quitte Brest en décembre escorté par 19 vaisseaux de ligne est attaqué et dispersé par la Royal Navy. Guichen, un bon chef jusque-là invaincu, n’a pu empêcher les 12 vaisseaux du commodore Kempenfeld de prendre 15 bateaux de transport et 1 000 soldats.

Cette déconvenue met de Grasse dans une situation délicate, mais il dispose encore de la supériorité numérique. Il assure la protection des convois français et s’empare de l'île de Saint-Christophe avec le marquis de Bouillé, qui commande les troupes à terre. L’amiral Hood réussit à jeter l’ancre par surprise entre les deux, menaçant l’offensive française, puis s’échappe pendant la nuit du 26 janvier 1782. L’île tombe entre les mains des Français le 12 février 1782. Ce combat est aussi appelé bataille de Saint-Kitts. Le trait d’audace de Hood contribue à restaurer la confiance dans la marine anglaise, alors que l’amiral George Brydges Rodney, un vieux loup de mer, prend le commandement de la Royal Navy aux Antilles en avril. Il dispose de 37 vaisseaux de ligne, dont la moitié arrivant directement d’Angleterre, presque tous doublés de cuivre et équipés de caronades. Concentrée à la Barbade, cette flotte est le fer de lance de la Navy. De son côté, Rodney, qui a été facilement vainqueur d'une flotte espagnole en 1780, a été par la suite sévèrement tenu en échec par les Français Guichen et La Motte-Picquet. Il est donc déterminé à prendre sa revanche : « Il s’agissait de sauver l’honneur de Sa Majesté et de montrer à ces damnés Français que les Anglais restaient les seuls maîtres des océans » note Jean-Christian Petitfils.

Fin de la 1ère partie

Re: PERSONNAGES ET FAITS HISTORIQUES DE FRANCE (philatélie)

Publié : mar. janv. 04, 2011 5:35 am
par saintluc
Mouillant à la Martinique avec 35 vaisseaux, de Grasse reçoit l’ordre du ministre de la marine d’entreprendre la conquête de la plus riche île anglaise des Antilles : la Jamaïque. Une attaque qui doit être montée en coordination avec les Espagnols. Au préalable, il doit rallier Saint-Domingue où l’attend l’amiral Don Solano avec 12 ou 13 vaisseaux et 15 000 hommes, suivant à l’arrière garde une flotte marchande de 150 galions et navires de tous tonnages, qui doivent repartir ensuite pour Nantes et Bordeaux. Rodney n’a pas ces contraintes.

C’est encombré de ce lourd convoi que de Grasse prend la mer, le 7 avril alors que les Britanniques, qui le cherchent, se sont rapprochés de la Martinique et de la Guadeloupe. De Grasse confiant, semble prêt à en découdre lui aussi. Le marquis de Vaudreuil, l’un de ses principaux officiers, note dans son journal de bord : « M. le comte de Grasse juge qu’il ne pourra pas éviter le combat. Je suis assez porté à croire que le mépris que ce général a pour ses ennemis va le déterminer, dans cette occasion, à les attaquer avec des forces inférieures. » Mais De Grasse n'a guère le choix, les ordres sont très clairs. Au cas où les Anglais chercheraient à intercepter l'expédition il ne doit pas hésiter à engager « une action générale qui ne pourrait manquer d'être décisive » et à livrer, lui écrit de Castrie, une bataille qui assurerait le succès de toutes les opérations ultérieures si, « comme on ne peut en douter, vous parveniez à prendre ou à détruire une partie de l'escadre anglaise ». De Grasse n'a donc pas d'autre choix que d'afficher sa confiance, d'autant qu'il n'est pas exclu qu'il sous estime Rodney. De Grasse avait participé aux trois combats livrés par Guichen en 1780 (voir ci-dessus) où Rodney avait été sévèrement tenu en échec. De Grasse pense peut-être pouvoir rééditer l'exploit.
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La Bataille des Saintes. 12 avril 1782. Les principales étapes de la bataille : en rouge l'escadre anglaise, en bleu l'escadre française.
Le 9 avril l’escadre anglaise est repérée. De Grasse donne l'ordre d'attaquer. Il s’agit en fait de l’avant-garde de Hood, avec 12 vaisseaux seulement. Après deux heures d'un combat incertain, Hood se retire. Ce mouvement offre l'opportunité à de Grasse de le poursuivre, de l’isoler du gros de l’escadre anglaise et peut-être de le détruire. Mais de Grasse laisse filer Hood. Sa mission essentielle est d’escorter le convoi vers Saint-Domingue, et de Grasse pense probablement qu’après ce coup d’arrêt, les Anglais n’oseront plus rien entreprendre. Dans la nuit du 10 au 11 avril, le Zélé, commandé par un officier inexpérimenté, heurte un autre vaisseau de ligne, le Jason, qu’il faut envoyer immédiatement vers Basse-Terre en réparation. Dans la nuit du 12, deuxième accrochage : le Zélé aborde par l’arrière le vaisseau amiral, la Ville-de-Paris. Ce dernier a peu de dégâts, mais le Zélé se retrouve désemparé, sans mât de beaupré ni de misaine. À l’aube, de Grasse doit donner l’ordre à l’Astrée de le prendre en remorque. La flotte se trouve alors à la hauteur des Saintes, deux îlots entre la Guadeloupe (au nord) et la Dominique (au sud). C’est alors que les vigies voient apparaître à l’horizon les voiles de Rodney.

La situation exige une décision immédiate. En retranchant les vaisseaux qui au nord-ouest encadrent le convoi marchand, il ne reste plus que 31 navires à de Grasse, dont un qui ne vaut plus rien. Avec 37 vaisseaux dont de nombreux trois-ponts, Rodney dispose aussi de presque 1 000 canons de plus que lui. Il n'y a qu'une seule solution : abandonner le Zélé pour dégager l'escadre, d’autant que de Grasse a ordre de combattre les Anglais qu’après avoir réuni sa flotte aux 13 navires espagnols. Mais, en « cabochard flamboyant », de Grasse refuse d'abandonner un de ses navires : « L’honneur des armes du roi, mon honneur ne me permettaient pas de laisser prendre sous mes yeux un vaisseau hors d’état de se défendre. Je n’allais pas augmenter mon infériorité par une lâcheté ! »

De Grasse fait virer de bord vers les Anglais, et déploie sa flotte : Bougainville à l’avant-garde, lui-même au centre, et Vaudreuil à l’arrière-garde. Le feu débute peu avant 8 h 00. De Grasse a l’avantage du vent, ce qui lui permet de manœuvrer plus rapidement que Rodney. La bataille s’engage en suivant la tactique habituelle de la ligne de file, chaque flotte se canonnant en parallèle. La ligne française n'est pas encore totalement formée sur l'arrière, mais de Grasse affiche sa confiance. Il observe à la longue-vue au milieu de la fumée Rodney qui donne ses ordres cloué sur un fauteuil pour cause de rhumatismes : « Il suce un citron, Messieurs ! Puisse-t-il bientôt sucer la mer ! »

Le récit de la suite de la bataille varie considérablement d’un historien à l’autre. Les deux flottes s'affrontent en défilant en sens opposé. De Grasse qui ne veut semble-t-il pas trop s’éloigner du convoi de navires marchands, ordonne de faire un demi-tour contre le vent. Cette manœuvre, toujours très délicate en plein combat, devant amener les deux flottes à combattre dans le même sens. Les historiens ne s'accordent pas pour dire s'il le fait pour contrer le vent qui tourne ou si c'est le vent qui tourne en pleine manœuvre et gène celle-ci. Les ordres qui s’affichent dans les matures par fanion sont mal compris, mal exécutés, ce qui avec le vent qui passe de l'est au sud-est disloque l’agencement de la ligne française en son centre. L’avant-garde de Bougainville qui n'a pas vu les signaux s’éloigne donc de toutes ses voiles. Il est 9h45. Rodney qui a vu la brèche à l'arrière du Ville de Paris s’y engouffre. Hood qui en a repéré une autre fait bientôt de même, en tirant au passage en enfilade, ce qui achève de jeter la confusion dans la ligne française, désormais coupée en trois.
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La Bataille des Saintes, 12 avril 1782. Sur la droite, on distingue le Ville de Paris. Le titre du tableau (Surrender of the Ville de Paris) laisse entendre qu'il s'agit du moment où le vaisseau amiral se rend. On peut examiner les détails de ce tableau de T. Witcombe grâce au zoom que propose le site du National Maritime Museum de Londres.
La nasse se referme sur le centre français totalement isolé, avec une proie de choix : le navire amiral, la Ville de Paris (104 canons). Le combat qui s'engage prend alors une autre tournure. Les Français doivent faire feux sur les deux bords, à portée de mousqueterie, la pire situation en combat naval d’autant qu’ils sont en totale infériorité numérique. Les caronades anglaises dévastent les ponts et les matures du César, du Sceptre, du Ville de Paris, broyant les matelots dans la mitraille. Cette agonie sanglante dure plus de cinq heures. Une passagère embarquée à bord du Triomphant raconte :

« Nous fûmes entourés de morts et de blessés dangereusement qui part leur cri nous arrachaient l’âme. D’un côté nous voyons couper un bras, de l’autre amputer une cuisse, plus loin panser une tête défigurée par une blessure horrible . Les uns mouraient dans l’opération, les autres poussaient des cris déchirants, un jeune mousse surtout, auquel on désossa le reste du bras à l’épaule, opération qui dura plus d’un quart d’heure et pendant laquelle il hurla toujours . Après une heure du combat le plus sanglant, nous entendîmes : « ici du monde, prenez garde, doucement ». Nous n’osions porter nos yeux sur l’échelle, quand nous entendîmes : c’est Monsieur du Pavillon. Un boulet de mitraille lui avait emporté un œil, une partie du sourcil, et endommagé le crâne. Il était sans connaissance et baignait de sang . Dans l’espace de près de quatre heures que dura notre premier feu, nous eûmes quarante blessés et dix à douze hommes de tués. Ceux qui mouraient dans les pansements étaient sous nos yeux entassés au nombre de sept. On attendit la nuit pour les jeter à la mer afin de ne pas effrayer l’équipage. La bonté (solidité) et l’épaisseur du bois de notre vaisseau a sauvé la vie à bien des hommes ; pas un boulet ne pénétra dans la première batterie. Tous venaient frapper le bois sans entrer ; un seul passa par un sabord et tua six hommes à ce canon là. Le combat recommença pour nous. On employa le moment de répit à réparer notre voilure et nos manœuvres très endommagées ; nous avions beaucoup de boulets dans nos mâts, mais ils tenaient encore. Il est à croire que les Anglais de concert visaient tous à la mature et aux manœuvres Nos vaisseaux de l’avant-garde tiraient toujours. La Ville de Paris fit feu de toute part pendant cinq heures de suite, entourée de l’ennemi et fut criblée. Nous recommençâmes le feu et ont se bâtit jusqu’à sept heures du soir. Nous eûmes environ soixante blessés dans cette affreuse journée et une quinzaine de tués. »
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De Grasse rendant son épée à Rodney. Le combat a duré presque toute la journée, jusqu'à l'épuisement des munitions sur le vaisseau amiral. (Gravure anglaise de 1785).
Le combat marque une pause lorsque le vent tombe vers 11h30 pendant une heure et que plus personne ne voit rien dans la fumée. Le navire amiral, attaqué par dix vaisseaux britanniques rend pendant longtemps coup pour coup. De Grasse refuse de se transporter sur un autre navire et même de se faire remorquer par le Pluton (74) d'Albert de Rions qui tient en échec 4 vaisseaux anglais. Il appelle désespérément au secours Bougainville et Vaudreuil qui filent loin des combats. Vaudreuil, sur le Triomphant (80), aperçoit enfin les fanions au milieu de la fumée, vire de bord et arrive vers 7h00 du soir sur le lieu du drame. Mais il est trop tard, le Ville de Paris qui a perdu les deux-tiers de son équipage et combattu jusqu’à son dernier boulet n’est plus qu’un ponton sanglant désemparé. De Grasse, qui a fait tirer une dernière fois en chargeant ses canons avec son argenterie, a dû amener son pavillon. Vaudreuil doit se retirer pour sauver ce qui peut l’être encore. Le lord-captain Granston chargé de conduire les survivants sur le navire anglais le plus proche raconte :

« Entre le mât de Misaine et le grand mât, on ensanglantait ses bottes à chaque pas. Le carnage avait été prodigieux. Les porcs et les moutons parqués sur le pont mêlaient leur sang et leurs membres à ceux des hommes. Le plus haut pont était encore couvert de morts et de blessés. De Grasse s'y tenait debout, entouré de trois officiers. Il avait reçu une contusion dans les reins, mais il était sauf, fait remarquable, car il avait été exposé pendant plusieurs heures à un feu destructeur qui avait balayé ses officiers et nettoyé la dunette à plusieurs reprises. Grand, robuste, le visage fier, il était à cet instant un objet de respect pour qui on éprouvait sollicitude et sympathie. Il ne se remettait pas de sa stupeur de voir, en un temps aussi court, ses vaisseaux pris, sa flotte défaite et lui-même prisonnier. »
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Sur le moment, le bilan de cette journée est accablant : près de 2 000 morts, 7 000 blessés, 5 navires capturés, le Ville de Paris, le Glorieux (74), l' Hector (Vaisseau de 74 canons|74]]), le César (74), l'Ardent (64). Trois vont couler. Le César explose dans la nuit du 12 au 13 avril en faisant 400 morts dont la cinquantaine d'hommes de l'équipe anglaise de prise. Acte désespéré ? Mystère. Le Ville de Paris et le Glorieux sombrent en septembre aux Açores alors qu’ils sont remorqués vers l’Angleterre. 4 000 prisonniers sont acheminés vers la Jamaïque. La victoire anglaise est complétée le 19 avril par Hood qui s'empare, près de Porto Rico, de quelques-uns des rescapés du combat : 2 vaisseaux de ligne, une frégate et un sloop, ce qui monte les pertes à 7 grosses unités. Pourtant, si la bataille des Saintes est une défaite sanglante, elle n'est pas comparable au brasier de La Hougue et de Vigo ; ou encore à la flotte française balayée par la Royal Navy à Lagos et aux Cardinaux en 1759. Le cours de la guerre n’en est pas bouleversé. Vaudreuil, qui a pris le commandement, rassemble le reste de l'escadre et rejoint le flotte espagnole sans encombre avec le convoi marchand. Rodney, encombré par ses prises et dont la flotte a beaucoup souffert ne donne pas la poursuite. Cette défaite entraine néanmoins l'abandon de la conquête de la Jamaïque, mais cette action est d'une ampleur bien moindre que l'indépendance des treize colonies américaines. L’orgueil national français ressent cependant vivement l'évènement. À Paris, la rage se cache sous les calembours : « Sans l’action de De Grasse, nous aurions eu un Te Deum ! ». Ou encore : « Sur le nouveau navire que Paris donnera au roi, on inscrira : Vaincre ou mourir, point de Grasse ! ». Louis XVI marque sa douleur, mais sa détermination et sa combativité en sortent renforcés : « Le roi notre maître, n’est en aucune mesure abattu, quoi qu’il en soit profondément affecté », écrit Vergennes, le ministre des affaires étrangères, le 24 mai.

La France a perdu 7 navires aux Saintes, le Roi ordonne donc d’en construire 10 pour la fin de l’année. Un grand élan patriotique saisit le pays, de sorte que ce nombre est porté rapidement à 12. Les frères du roi, le comte de Provence et d’Artois offrent chacun un vaisseau de 80 canons, alors que l’hôtel de ville de Paris, les états de Bourgogne, les marchands de Marseille, de Lyon et de Bordeaux, les receveurs généraux des Finances, les fermiers généraux et le corps des Arts et Métiers, se cotisent pour faire construire le remplaçant du Ville-de-Paris. Cette mobilisation navale de l’an 1782 préfigure d’une certaine façon ce que sera la mobilisation nationale de l’An II onze ans plus tard, mais dans un autre contexte politique et militaire.

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Louis Antoine de Bougainville. Le célèbre explorateur proteste vivement de son innocence au Conseil de guerre de Lorient.
Portrait par J.-P. Franque (1774-1860).

De Grasse se retrouve prisonnier sur le HMS Formidable, navire amiral de Rodney, puis à Londres. Traité avec beaucoup d’égards, il est bien logé et reçu par le roi George III qui lui rend son épée. De Grasse sert aussi d’émissaire diplomatique : libéré en août 1782, il apporte à Versailles des propositions de paix du nouveau gouvernement anglais de Lord Shelburne. Mais pour De Grasse, l’essentiel est ailleurs : il sait qu’il va devoir s’expliquer sur sa défaite. Un conseil de guerre doit se réunir pour statuer sur les responsabilités, procédure assez rare dans la marine française, et qu’on trouve surtout dans la Royal Navy. De Grasse prépare donc sa défense sans attendre sa libération, d’autant qu’il semble mortifié par ce qui s’est passé et entend bien défendre son honneur en pointant du doigt ceux qu’il estime être les vrais responsables. À chaud, le lendemain de la bataille, sur le vaisseau de Rodney il rédige une lettre, puis un journal pendant la traversée de l’Atlantique et enfin un Mémoire imprimé et diffusé en octobre 1782, avec huit plans des positions principales des armées. Il déclenche surtout une violente polémique en accusant de désobéissance et de fuite ses deux seconds, Bougainville et Vaudreuil. Cet appel à l’opinion, pour une affaire en principe couverte par le secret militaire (on était toujours en guerre malgré les négociations), fut très mal pris et sonne incontestablement comme une erreur dans la défense du contre amiral.
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Louis-Philippe de Vaudreuil, le second de De Grasse, termine avec brio la guerre après la capture de son supérieur. Il se montre critique sur le comportement de Bougainville et sur celui de De Grasse au Conseil de guerre de Lorient.
Portrait attribué à C. Arnulphy (1698-1786

Le Conseil de guerre est précédé d’une longue enquête : des Conseils de marine à Brest, Toulon, Rochefort reçoivent les journaux de navigation et les témoignages des capitaines ayant participé à la bataille. Lorsque le Conseil de guerre débute ses audiences à Lorient le 20 septembre 1783 la guerre vient juste de se terminer (le traité de Versailles a été signé le 3 septembre 1783). Plus de trois cent témoins défilent à la barre, dont de nombreux officiers de l’armée de terre, présents sur les vaisseaux. Comme souvent dans ce genre d’affaire – où les enjeux pour les carrières futures sont considérables – les témoignages fluctuent, voire divergent par rapport au début de l’enquête... Tous les commandants clament avec véhémence leur innocence, particulièrement ceux du Languedoc et de la Couronne, vaisseaux matelots du Ville de Paris, accusés d'avoir abandonné leur chef. Faut-il rappeler que tous ces officiers supérieurs sont souvent de haute noblesse, que beaucoup sont affiliés à des clans ou des familles à Versailles, qu'ils portent haut la notion d'honneur et qu’ils ont horreur de rendre des comptes? Bougainville, qui avait vivement protesté de son innocence, finit par avouer à mots couverts qu’il a « vu » quand-même, malgré la fumée (il est vrai que son témoignage était en contradiction avec son Second et celui de son maître-pilote). De Grasse déteste Bougainville. Vaudreuil ne lui est guère favorable non plus. Dès le 19 mai 1782, il mettait en cause Bougainville dans une lettre au ministre : « M. de Grasse aurait fait la campagne la plus brillante du siècle s'il n'avait pas eu plusieurs capitaines inaptes... et si M. de Bougainville eût su manœuvrer son escadre ». Le 18 juin il précisait encore : « La plus grande partie de ses vaisseaux (de Bougainville) se sont pourtant bien battus... même M. de Bougainville dont vous avez eu lieu de soupçonner le courage dans les autres combats, mais il ne sait pas manœuvrer, ce n'est pas de sa faute ». Mais Vaudreuil, s'il apparaît comme favorable à De Grasse au début de la procédure, lui devient hostile pour soutenir (ou couvrir) son frère cadet dont la responsabilité est engagée car il commandait un vaisseau à un point de rupture de la ligne de bataille. Vaudreuil réussit même à regrouper une large majorité de capitaines contre De Grasse, estimant tous qu’il n’aurait jamais dû engager le combat. Prise de position qui sonne comme un nouvel épisode, public cette fois, de la crise de commandement ouverte entre l'amiral et ses capitaines après Yorktown. Cependant, les survivants du Ville de Paris sont tous solidaires de leur chef, ce qui mérite d’être souligné. Notons aussi que Rochambeau (qui n'était pas présent aux Saintes) apporte son soutien au vice-amiral. De Grasse témoigne aussi, à la fin des audiences, avec dignité et sans agressivité.
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Timbre américain de 1931 rendant hommage à Rochambeau, Washington et De Grasse, à l'occasion du 150e anniversaire de la bataille de Yorktown.
Au final, que voit-on apparaître derrière les fluctuations des témoignages et les non-dits ? Un vieux problème de la marine royale : l’indiscipline de nombre d'officiers. Tout s’est passé comme si une partie des commandants, qui refusaient -sans le dire- cet engagement, avaient, à la faveur d’une manœuvre ratée tourné le dos à la bataille et à leur chef qu'ils ne supportent plus. Vaudreuil en a aussi été victime puisqu’il n’a pas été obéi par tous ses capitaines lorsqu’il a fait virer de bord pour secourir le vice-amiral : 4 vaisseaux seulement de sa division l’ont suivi. Indiscipline dénoncée aussi au procès par les officiers de l'armée de terre présents sur les navires. Et que dire du comportement des commandants qui se sont fait porter malade pendant l'hiver 1781-82 (voir plus haut)? Notons par ailleurs qu’au même moment, Pierre André de Suffren qui fait dans l’océan Indien une brillante campagne contre Hugues, est confronté à la désobéissance systématique d’une partie de ses capitaines qui ne comprennent pas ses manœuvres audacieuses. Problème que l’on retrouvera encore sous la Révolution et l’Empire à Aboukir et Trafalgar, mais c’est une autre histoire que celle qui nous intéresse ici. Les historiens sont généralement sévères vis-à-vis des critiques véhémentes de De Grasse sur ses deux subordonnés . L’examen attentif des faits montre cependant que l’amiral, malgré ses maladresses, a touché du doigt la vérité, même s’il ne pouvait pas en fournir la preuve absolue, la question de la bonne interprétation des signaux pour masquer un ordre non exécuté étant proprement sans fin et sans solution en 1782.

Le 21 mai 1784, après de longs débats, le conseil de guerre de Lorient acquitte De Grasse, décharge Vaudreuil de tout reproche et se contente d’infliger une admonestation à Bougainville et à un autre chef d’escadre, Coriolis d’Espinouse. L’opinion publique, échauffée, juge sévèrement cette mansuétude alors que les rumeurs les plus folles circulent sur l'implication de coteries de l'entourage de la reine pour couvrir les responsables. De Grasse qui a demandé à être jugé par le roi est sèchement remercié : « Sa majesté, mécontente de votre conduite à cet égard, vous défend de vous présenter devant elle. C’est avec peine que je vous transmets, Monsieur, ses intentions, et que j’y ajoute le conseil d’aller dans la circonstance actuelle dans votre province. » lui communique le ministre de la Marine, le marquis De Castrie. Louis XVI reproche à son vice-amiral, non pas tant d'avoir été battu que d'avoir rejeté les responsabilités de la défaite sur ses subordonnés, ce qui est contraire à la déontologie d'un chef. Il lui tient rigueur par l'intermédiaire de son ministre d'avoir compromis « par des accusations mal fondées la réputation de plusieurs officiers pour vous justifier dans l'opinion d'un évènement malheureux dont vous eussiez peut-être pu trouver excuse dans l'infériorité de vos forces, dans l'incertitude du sort des armes ou dans les circonstances qu'ils vous était impossible de maîtriser. »
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N°1727
Acquitté mais disgracié, De Grasse doit quitter la Cour, sa carrière brisée. En 1786 le Congrès américain lui offre 4 canons pris à Yorktown et le 21 juillet 1786 Louis XVI l'autorise à les placer sur son domaine. Sur chacun d'eux on pouvait lire : « Pris à l'armée anglaise par les forces combinées de la France et de l'Amérique à Yorktown, en Virginie, le 19 octobre 1781 ; présenté par le Congrès à S.E. le comte de Grasse, comme un témoignage des services inappréciables qu'il a reçus de lui dans cette mémorable journée ». Il meurt le 11 janvier 1788 dans son château de Tilly, (dans l'actuel département des Yvelines) sans avoir pu retrouver la faveur royale. Il est inhumé le 16 janvier 1788 en l'église Saint-Roch, rue Saint-Honoré à Paris. Son cœur est transféré à Tilly dans le chœur de l'église. De Grasse, à qui George Washington avait dit « vous avez été l'arbitre de la guerre » s'enfonce alors peu à peu dans l'oubli, sa mémoire entachée par la défaite des Saintes et la malheureuse polémique qui en suivit. Aucun navire de guerre français ne portera son nom au XIXs siècle, et il fallu attendre un historien américain pour éditer sa première biographie. La marine nationale baptisa un de ses navires le De Grasse peu avant la Seconde Guerre mondiale, rejoignant -enfin- l'US Navy qui donne régulièrement le nom du vice-amiral français à l'une de ses grandes unités

Re: PERSONNAGES ET FAITS HISTORIQUES DE FRANCE (philatélie)

Publié : mer. janv. 05, 2011 5:52 am
par saintluc
Gaspard de Coligny est un noble et amiral français, né le 16 février 1519 à Châtillon-sur-Loing et assassiné le 24 août 1572 à Paris, lors du massacre de la Saint-Barthélemy. Comte de Coligny, baron de Beaupont et Beauvoir, Montjuif, Roissiat, Chevignat et autres lieux, seigneur de Châtillon, amiral de France, il est l'un des membres les plus connus de l'illustre maison de Coligny.

C'est le fils de Gaspard Ier de Coligny, maréchal de France sous François Ier, et de sa femme Louise de Montmorency. Il est le frère d'Odet, cardinal de Châtillon et de François d'Andelot.
Gaspard de Coligny naquit à Châtillon. Son père était d’une famille ancienne et avait épousé en 1514 Louise de Montmorency, veuve de Fercy de Mailly dont elle avait trois enfants. Un des frères de Louise était Anne de Montmorency, qui fut connétable de France entre 1538 et 1541. Gaspard Ier mourut en Guyenne en 1522. Gaspard II avait trois ans, et s’était déjà fait remarquer par son goût pour les jeux guerriers. Il fut élevé par sa mère, Louise, avec ses trois frères : ses aînés Pierre (1515-1528) et Odet (1517) et son cadet François (1520).

Les jeunes Coligny reçurent une éducation humaniste. Leur précepteur, Nicolas Bérault, correspondait avec Érasme et Guillaume Budé. À cette époque, un gentilhomme étudiait le trivium et le quadrivium, mais également les arts de cour (notamment la danse et le jeu de paume) et les arts de guerre (équitation et escrime) auxquels Gaspard et ses frères s'initièrent sous la tutelle d’un ancien soldat, Guillaume de Prunelay. Depuis la mort du père, l’oncle de Montmorency surveillait cette éducation et il nota avec satisfaction les progrès de Gaspard en latin qui auguraient d’un avenir écclésiastique. Mais le jeune homme se rebella. Il voulait faire carrière dans l'armée
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En 1530, Louise de Montmorency, la mère de Gaspard, fut nommée dame d’honneur d’Éléonore d’Autriche et la famille se retrouva à la cour. Celle-ci était une des plus brillantes d’Europe. Les grandes maisons s’y disputaient la faveur du roi et le clan des Montmorency y jouissait d’ une influence grandissante.

Politiquement, la France, l'empire de Charles Quint son rival et les Etats Pontificaux étaient les plus grandes puissances européennes. Il faut y ajouter l’Angleterre dont le soutien pouvait faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre en cas de conflit. Sur le plan religieux, la France s’était engagée dans la voie d’une certaine indépendance avec le concordat de Bologne. L’humanisme se répandait et avec lui une critique des pratiques religieuses qui appelait des réformes et provoquait des oppositions au sein de l’université et des ordres religieux inquiets de la diffusion des idées luthériennes. En 1530 paraissait une édition de la vulgate traduite par Jacques Lefèvre d'Étaples. La propre sœur du roi, Marguerite d’Angoulême, était influencée par les idées réformistes et lorsque les Coligny arrivèrent à la cour le roi tolérait encore cette effervescence.

En 1533, l'année du schisme entre Rome et l'Angleterre, François Ier maria son fils Henri, le dauphin, à la nièce du pape Clément VII, Catherine de Médicis. Reconnaissant, le pape offrit à la France sept places de cardinaux, dont Odet de Coligny, qui avait à peine 16 ans, fut un des bénéficiaires.

En 1534 éclata l’affaire des Placards qui allait déclencher une répression sévère contre les luthériens. François Ier était néanmoins embarrassé car il ne voulait pas s'aliéner les princes allemands favorables à la réforme.

Pendant ce temps, Coligny poursuivait ses études en compagnie des enfants du roi avec pour maître Guillaume du Maine, abbé de Beaulieu. Il étudiait Cicéron, Ptolémée, et découvrait la cosmographie alors en plein essor. La cour se déplaçait beaucoup, et les jeunes Coligny suivaient le roi de château en château. Gaspard s’était fait des amis, notamment le jeune François de Guise. Avec son frère François, il jouissait d’une certaine popularité qui fit que la disgrâce de Montmorency, en 1541, n’affecta pas leur présence à la cour. Montmorency avait cherché à éviter la guerre avec les forces impériales, celle-ci devenait inévitable. En 1542, les Coligny allaient faire leurs premières armes.
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Gaspard de Coligny. École de Clouet
Le roi le rappela bientôt et Coligny repartit en campagne. Écarté du siège de Metz par François de Guise, il contribua à la victoire de Renty. Il fut nommé amiral de France en 1552 et gouverneur de Picardie.

En 1557, après la rupture de la trêve de Vaucelles passée avec Charles Quint, l'armée impériale, dirigée par le duc Emmanuel-Philibert de Savoie, assiègea la ville de Saint-Quentin, défendue par Coligny. Après une longue résistance, il dut se rendre le 27 septembre. La bataille de Saint-Quentin fut une défaite très lourde pour la France : elle entraina le traité de Cateau-Cambrésis (1559).

En 1562, lorsque la guerre éclata entre le parti protestant et le parti catholique, Coligny s'engagea aux cotés du prince de Condé. Eprouvant des difficultés à entretenir une armée, il négocia une aide financière avec la reine Élisabeth Ire d'Angleterre et fut amené à lui céder le port du Havre (Traité d'Hampton Court). La livraison d'une place d'importance aux ennemis héréditaires de la France lui sera particulièrement reproché y compris par les sympathisants de la Réforme.

Il participe à la bataille de Dreux qui marque la défaite de l'armée protestante face à l'armée royale. En 1563, on l'accusa d'avoir commandité l'assassinat du duc de Guise par Poltrot de Méré. La mort de ce dernier, assassiné sous les murs d'Orléans, amena quelques années de paix.

Avec l'autorisation du roi Charles IX, il choisit le capitaine huguenot Jean Ribault en 1562 pour établir une colonie en Floride avec 150 de ses coreligionnaires.

Les armes ayant été reprises de part et d'autre en 1567, il quitta la cour avec Condé pour se réfugier en Bourgogne, puis à La Rochelle. Avec Louis Ier de Condé, François de Coligny et Guyonne de Rieux, il était considéré comme l'un des instigateurs de la « poursuite de Meaux », en 1567, tentative des protestants pour saisir le roi Charles IX de France et la reine-mère Catherine de Médicis.

Coligny prit part au combat indécis de Saint-Denis. La troisième guerre de religion vit les défaites s'accumuler : d'abord Jarnac (13 mars 1569) où Condé fut assassiné. Puis, malgré la victoire de La Roche-l'Abeille, il perdit du temps au siège de Poitiers car ses mercenaires, non payés, voulaient du butin, et il dut lever le siège avant d’être battu et blessé à Moncontour (3 octobre 1569), où il fut défait par le duc d'Anjou, futur Henri III.

Coligny fuit alors vers le sud avec ses troupes, échappa à Monluc et Montmorency-Damville, et rejoignit l'armée des « vicomtes » en Languedoc. Il put alors reprendre l'initiative, leva des troupes, pilla les villages catholiques, prit Saint-Étienne, remporta la victoire d'Arnay-le-Duc et remonta en 1570 jusqu'à La Charité-sur-Loire, menaçant ainsi Paris. Le roi cèda, et ce fut alors la paix de Saint-Germain-en-Laye (8 août 1570).
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N°1744
Coligny chercha alors à rentrer dans les bonnes grâces de Charles IX, qui l'avait condamné à mort et fait confisquer ses biens. En 1571, il rentra à la cour et le roi lui fit bon accueil.

Les catholiques de la cour, cependant, le haïssaient, et son influence sur le roi resta limitée. Sa proposition d'intervenir dans le Comté de Flandre contre l'Espagne fut ainsi rejetée plusieurs fois.

Le 22 août 1572, peu après le mariage d'Henri de Navarre (futur Henri IV), Charles de Louviers, seigneur de Maurevert, qui avait abattu le chef calviniste Vaudrez de Mouy en 1569, tira sur Coligny depuis une maison appartenant aux Guise. Les historiens sont encore partagés sur l'identité du commanditaire de cet attentat, les principaux suspects étant :

Catherine de Médicis en personne
les Guise
le duc d'Albe, qui aurait agi pour le compte de Philippe II d'Espagne
Charles IX se rendit au chevet du blessé, lui promettant justice. Mais l’assassinat de tous les chefs protestants fut alors décidé et dans la nuit du 23 au 24 août 1572 éclata le massacre de la Saint-Barthélemy. Coligny fut achevé dans son lit, à coups de dague et son corps fut jeté par la fenêtre dans la cour par Charles Danowitz. Il est ensuite transporté au gibet de Montfaucon où il est exhibé, pendu par les pieds.

Re: PERSONNAGES ET FAITS HISTORIQUES DE FRANCE (philatélie)

Publié : jeu. janv. 06, 2011 3:22 am
par saintluc
René Trouin du Gué, dit Duguay-Trouin (10 juin 1673 à Saint-Malo - 27 septembre 1736 à Paris) est né dans une famille d'armateurs bretons. En 1689, il débute sa carrière de corsaire français et dès 1691, reçoit le commandement d'un navire. Son courage, le respect qu'il a gagné auprès de ses hommes, ainsi que ses victoires contre les Anglais et les Néerlandais au cours des deux dernières guerres de Louis XIV lui ont assuré une ascension très rapide dans la hiérarchie maritime. Ses campagnes sont parmi les plus belles de l'histoire navale française.
« Je suis né à Saint-Malo le 10 juin 1673. Mon père y commandait des vaisseaux armés tantôt en guerre tantôt pour le commerce suivant les différentes conjonctures. Il s’était acquis la réputation d’un très brave homme et d’un habile marin ». C’est par ces mots que commencent les Mémoires de René Duguay-Trouin, tout à tour corsaire, officier de la marine royale et chef d’escadre.

C’est le troisième enfant d’une fratrie de sept. Le jeune homme est d’abord destiné à la prêtrise. Il étudie à Rennes et Caen, et porte même la tonsure. Il est pourtant renvoyé de son école à Rennes en 1684 pour mauvaise conduite car ses professeurs estiment qu’il passe plus de temps à courir les filles qu’à étudier. C’est quelque peu forcé par son oncle qui veut l’arracher à ses études dissipées qu’il embarque comme matelot volontaire à 16 ans en 1689. Il gravit très vite, grâce à son talent et sa pugnacité tous les échelons de la hiérarchie militaire : capitaine de (navire) corsaire à 18 ans, capitaine de vaisseau à 24 ans, chevalier de l’ordre de Saint-Louis à 34 ans, anobli à 36 ans, chef d’escadre à 42 ans. Il siège à 50 ans en 1723 au Conseil des Indes, il est nommé lieutenant général des armées navales en 1728, pour finir par commander successivement les ports de Brest en 1731 et de Toulon en 1736. Trois grandes phases se distinguent dans cette carrière militaire. Tout d’abord, de 1689 à 1697, la période corsaire. Puis de 1697 (année où il reçoit son brevet de capitaine de frégate) à 1713 il navigue comme officier supérieur de la Royale. Enfin, après la signature du traité d’Utrecht (11 avril 1713) qui ramène la paix en Europe, Duguay-Trouin se consacre au commandement à terre.

Physiquement, l’homme est grand et fort : « Il était d’une taille avantageuse et bien proportionnée, et il avait pour tous les exercices du corps un goût et une adresse qui l’avaient servi dans plusieurs occasions » nous dit Godart de Beauchamps, un de ses biographes. Un autre biographe qui a particulièrement connu Duguay-Trouin en parle en termes tout aussi flatteurs : « Il avait une de ces physionomies qui annonce ce que sont les hommes, et la sienne n’avait rien que de grand à annoncer. Son esprit était vif et juste ; personne ne sentait mieux que lui tout ce qui était nécessaire pour faire réussir une entreprise, comptait pour rien sa valeur, et qu’il ne dut réussir qu’à force de prudence ; lorsqu’il exécutait, il paraissait pousser la confiance jusqu’à la témérité. Jamais homme n’a porté les sentiments d’honneur à un plus haut point, et jamais homme n’a été d’un commerce (compagnie) plus doux. Jamais ni ses actions ni leurs succès n’ont changé ses mœurs. Dans sa plus grande élévation, il vivait avec ses amis comme par le passé. »

Duguay-Trouin apparait aussi comme très généreux envers ses équipages. Ainsi en 1707 après un combat victorieux le roi décide qu’une pension de 1 000 livres lui soit accordée sur le trésor royal. Duguay-Trouin écrit aussitôt au ministre pour le prier de donner cette pension à son capitaine en second qui a eu une jambe arrachée à l’abordage et qui a plus besoin que lui de cette pension : « Je suis trop récompensé, dit-il en terminant, si j’obtiens l’avancement de mes officiers. ». La paix revenue, il défend à Versailles la réputation et la mémoire de Jacques Cassard, un célèbre capitaine qui après de hauts faits d’armes avait fini ruiné et oublié. Dans ses Mémoires Duguay-Trouin rend aussi hommage régulièrement à ses meilleurs capitaines et matelots qu’il cite un par un avant, pendant ou après le récit du combat... Louis XIV semble lui avoir témoigné un intérêt sincère, voire une sympathie personnelle dans leurs entretiens particuliers. On raconte même que le Roi aimait à entendre de la bouche de l’intrépide capitaine le récit haut en verve de ses actions.
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On estime à un peu plus de quatre-vingt le nombre de combats et d’abordages auxquels participa Duguay-Trouin ou qu’il dirigea de 1689 à 1711, soit en moyenne près de sept affrontements par an. Il est bien-sûr impossible d’en faire un compte rendu détaillé ici, mais on peut s’appuyer sur le récit des Mémoires de Duguay-Trouin pour entrer dans les enjeux de la guerre navale au tournant du XVIIe et du XVIIIe siècle. La carrière de Duguay-Trouin se déroule sur les deux dernières guerres de Louis XIV : la guerre de la Ligue d'Augsbourg (1689-1697) et la guerre de Succession d’Espagne (1702-1713). Deux conflits longs, acharnés, d’envergure mondiale, où le royaume de France se retrouve seul (ou presque) sur terre comme sur mer contre tous ses voisins ligués contre lui. Deux conflits où la France doit soutenir un immense (et peu connu) effort naval face aux deux puissances navales de l’époque : la Hollande (alors sur le recul) et l’Angleterre (alors en plein essor).
Les débuts du corsaire sont difficiles : il souffre du mal de mer et le premier navire sur lequel il embarque, la Trinité, une frégate de 18 canons manque de couler dans une tempête avec le navire qu’elle vient de capturer. « Nous nous étions emparés d’un vaisseau anglais chargé de sucre et d’indigo ; et le voulant conduire à Saint-Malo, nous fûmes surpris en chemin d’un coup de vent très violent, qui nous jeta sur la côte de Bretagne, pendant une nuit fort obscure ; notre prise s’échoua par un heureux hasard sur des vases, après avoir passé sur un grand nombre d’écueils, au milieu desquels nous fûmes obligés de mouiller toutes nos ancres, et d’amener nos basses vergues, ainsi que nos mâts de hune » pour ne pas s’échouer aussi. Finalement la tempête se calme, le vent tourne, le navire anglais est désenvasé et ramené à Saint-Malo, mais c’est pour repartir aussitôt en chasse. Duguay-Trouin participe alors à son premier combat naval. Son récit est un bon témoignage de la violence d’un abordage : « Ayant trouvé un (navire) corsaire de Flessingue aussi fort que nous, nous lui livrâmes combat, et l’abordâmes de long en long ; je ne fus pas des derniers à me présenter pour m’élancer à son bord. Notre maître d’équipage à côté duquel j’étais, voulut y sauter le premier ; il tomba par malheur entre les deux vaisseaux qui venant à se joindre dans le même instant, écrasèrent à mes yeux tous ses membres et furent rejaillir une partie de sa cervelle jusque sur mes habits. Cet objet m’arrêta d’autant plus que je réfléchissais que, n’ayant pas comme lui le pied marin, il était moralement impossible que j’évitasse un genre de mort si affreux. Sur ces entrefaites, le feu prit à la poupe (arrière) du corsaire qui fut enlevé l’épée à la main, après avoir soutenu trois abordages successifs, et l’on trouva que pour un novice (rappelons qu’il à 16 ans) j’avais témoigné assez de fermeté. Cette campagne qui m’avait fait envisager toutes les horreurs du naufrage, celles d’un abordage sanglant ne me rebuta pas .»

Ses progrès sont très rapides. En 1690 il se signale au combat sur le Grénédan de sorte qu'à 18 ans en 1691 on lui confie le commandement d'un navire corsaire de 14 canons, le Danycan avec lequel il fait une descente en Irlande (poussé il est vrai par une tempête) près de Limerick. Il s'empare d'un château appartenant au comte de Clarc, et incendie 2 navires pris dans la vase. En 1692 il commande le Coëtguen et capture de nombreux navires anglais.

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Carte de Saint-Malo d'origine anglaise et probablement du XVIIIe siècle.
La guerre de course est cependant une activité aussi dangereuse que lucrative. On peut tomber sur un corsaire adverse plus habile ou sur une escadre ennemie supérieure en nombre, sans parler d’un coup du sort (comme un retournement du vent ou un brouillard dans lequel on s'égare) et qui peut transformer le chasseur en proie... C’est ce qui se produit en 1694 où le corsaire est capturé. L’année avait pourtant bien commencé. Duguay-Trouin à la demande de l’ambassadeur de France au Portugal, Monsieur de Vidame s'était vu charger de faire passer en France deux opposants au roi du Portugal, le comte de Prado et le marquis d’Attalaya. En chemin Duguay-Trouin capture un navire de Flessingue chargé de cacao et rentre à Saint-Malo avec sa prise et dépose les deux hommes. Il remet aussitôt la voile en direction de l’Angleterre sur la Diligente. Il croise un convoi marchand de trente navires escorté par un seul vaisseau de guerre mais qu’il laisse de côté lorsqu’il apprend qu’il’« n’était chargée que de charbon de terre, (et) je ne crus pas devoir hasarder un combat douteux pour un si vil objet ». Il s’éloigne donc, non sans avoir provoqué le vaisseau anglais qui fait mine de le poursuivre (comme il navigue par ruse sous pavillon anglais il met celui-ci en berne en signe de mépris) et doit le laisser filer après avoir tiré quelques coup de canons. « Mais la suite fera voir dans quel embarras une aussi mauvaise gasconnade pensa me jeter ».

« Quinze jours après je tombais, par un temps embrumé, dans une escadre de six vaisseaux de guerre anglais de 50 à 70 canons ; et me trouvant par malheur entre l’Angleterre et eux, je fus forcé d’en venir au combat. Un de ces vaisseaux, nommé l’Aventure, me rejoignit le premier, et nous combattîmes, toutes nos voiles dehors, pendant près de quatre heures, avant qu’aucun autre des vaisseaux de cette escadre put me rejoindre. Je commençais même à espérer qu’étant prêt de doubler (passer) les Sorlingues qui me gênaient dans ma course, la bonté (force) de mon vaisseau pourrait me tirer d’affaire. Cet espoir dura peu. Le vaisseau ennemi me coupa mes deux mâts de hune dans une de ses dernières bordées. Ce cruel incident m’arrêta, et fit qu’il me rejoignit à l’instant, à portée de pistolet. » Le corsaire tente alors un d’abordage contre le vaisseau anglais mais la manœuvre est éventée suite à une erreur de commandement de l’un de ses lieutenants. Le navire anglais se dégage alors que s’approchent le reste de l’escadre : « Ce coup manqué, le vaisseau le Monk, de 70 canons, vint me combattre à portée de pistolet, tandis que trois autres vaisseaux, le Cantorberry, le Dragon et le Ruby me canonnaient de leur avant. » Navire démâté, encerclé, la panique gagne alors l’équipage de Duguay-Trouin. Certains se précipitent dans la cale alors que les officiers viennent le supplier de se rendre, requête à laquelle Duguay-Trouin doit finalement accéder, d’autant qu’il est blessé par un boulet de canon.

Il est recueilli par le capitaine du Monk qui prend soin de lui : « sa générosité fut telle qu’il voulut absolument me céder sa chambre et son lit, donnant ordre de me faire panser et traiter avec autant de soin que si j’avais été son propre fils. » Duguay-Trouin se retrouve prisonnier à Plymouth où il reçoit « toutes sortes de politesses des capitaines et de tous les autres officiers ». Ainsi va le monde de la mer à la fin du XVIIe siècle : l’esprit chevaleresque n’a pas totalement disparu et on se pique encore de traiter avec beaucoup d’honneur l’adversaire capturé qui a noblement combattu. État d’esprit qu’on ne trouvera plus au XVIIIe siècle : les marins français capturés soixante ans plus tard lors de la Guerre de Sept Ans mourront par millier sur les sinistres pontons insalubres où leurs geôliers de la Royal Navy les enfermeront.

En attendant, Duguay-Trouin fait de nombreuses connaissances dans la ville, dont une « fort jolie marchande » qui vient régulièrement lui rendre visite dans sa chambre grillagée ou il est enfermé... Charmante personne dont est aussi amoureux un réfugié français protestant engagé dans l’armée anglaise et qui s’en ouvre à Duguay-Trouin. Le malouin ne rate pas l’occasion : il convainc séparément les deux protagonistes de le faire sortir de prison pour organiser un rendez-vous galant dans une auberge voisine... dont il s’enfuit aussitôt. L’évasion, qui tient du rocambolesque a été bien préparée puisque le malouin qui a acheté une chaloupe avec armes et provisions à un capitaine suédois touche la terre bretonne avec quatre de ses compagnons quelques jours plus tard.

En 1695 il prend le commandement du François et s'empare de 12 marchands et 2 navires de guerre anglais ce qui lui vaut une épée d'honneur. Il se joint ensuite à l'escadre de Nesmond (un autre capitaine de la marine royale) et capture trois indiamen (bateaux de la compagnie des Indes).
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Le coup de canon, tableau de Van de Velde le Jeune, 1707. Ce type de navire d'une soixantaine de canons correspond à ce que commande Duguay-Trouin à la fin de la guerre de la Ligue d'Augsbourg.
En 1696, commandant un groupe de 2 vaisseaux et 3 frégates il attaque un convoi hollandais, fait prisonnier l'amiral Wassenaër et prend 3 vaisseaux et 12 marchands. Ce fut une bataille acharnée sur laquelle on doit s’arrêter un peu si ont veut se faire encore une idée de la violence des combats navals lorsqu’ils sont menés par des capitaines déterminés à en découdre. Duguay-Trouin qui était désormais un corsaire reconnu et expérimenté commandait 3 vaisseaux : le Saint-Jacques des Victoires (48 canons), le Sans-Pareil (42 canons) et la frégate Léonore (16 canons). Il partit à la recherche de la flotte portugaise de Bilbao et finit par la rencontrer, escortée par trois vaisseaux de guerre hollandais sous les ordres du baron de Wassenaër, vice amiral de Hollande (le Delft et le Honslaerdick, tout deux de 54 canons et un troisième de 38 canons).

L’escorte hollandaise étant supérieure en nombre et mieux armée que lui, Duguay-Trouin semble hésiter à engager le combat lorsqu’il croise deux frégates de Saint Malo, l’Aigle-Noir et la Faluere qui se joignent à lui pour l’attaque. Mais celle-ci manque de mal tourner : l’engagement est confus et le Sans-Pareil très sévèrement accroché par le vaisseau amiral hollandais le Delft doit s’éloigner après qu’une explosion ait détruit sa poupe et tué plus de quatre-vingt marins. Duguay-Trouin qui commande le Saint-Jacques des Victoires et vient de neutraliser par un abordage rapide le Honslaerdick doit alors relancer l’attaque. « Le nouvel abordage fut très sanglant par la vivacité de notre feu mutuel de canon, de mousqueterie, et de grenades, et par le courage de monsieur le baron de Wassenaër. Les plus braves de mes officiers et de mes soldats furent repoussés jusqu’à trois fois. Il en périt un si grand nombre, malgré mon dépit et tous mes efforts, que je fus contraint de faire pousser mon vaisseau au large afin de redonner un peu d’haleine à mes gens que je voyais presque rebutés, et de pouvoir travailler à réparer mon désordre qui n’était pas médiocre. » La frégate la Faluere qui s’approche du vaisseau hollandais « pour entretenir le combat » est immédiatement repoussée avec la mort de son commandant dans les premiers échanges de tirs. Duguay-Trouin finit par venir à bout de l’amiral hollandais lors d’un ultime abordage : « Cette dernière séance fut si vive et si sanglante que tous les officiers de mon vaisseau furent tués ou blessés. Il (l'amiral néerlandais) reçut lui-même quatre blessures très dangereuses et tomba sur son gaillard de derrière où il fut prit les armes à la main. plus de la moitié de mon équipage périt de cette action. ce combat fut suivi d’une tempête et d’une nuit affreuse qui nous sépara les uns des autres. Mon vaisseau, percé de coups de canon à l’eau, et entrouvert par les abordages réitérés, coulait bas. Il me restait qu’un seul officier et cent cinquante cinq hommes des moindres de mon équipage qui fussent en état de servir ; et j’avais plus de cinq cents prisonniers hollandais à garder. Je les employai à pomper et à puiser l’eau à l’avant et à l’arrière de mon vaisseau. Et, nous étions forcés, cet officier et moi, d’être continuellement sur pied, l’épée et le pistolet à la main pour les contenir. Cependant, toutes nos pompes et nos puits ne suffisant pas pour nous empêcher de couler bas, je fis jeter à la mer tous les canons du second pont et des gaillards, mâts et vergues de rechange, boulets et pinces de fer et jusqu’aux cages à poule. »

Finalement, le vaisseau sanguinolent (il y a aussi plus de cent blessés à bord) et presque désemparé arrive à la pointe du jour en vue de la Bretagne et finit par rentrer à Port-Louis où le rejoignent peu à peu les autres navires. « Un de mes premiers soins, en arrivant, fut de m’informer de l’état où se trouvait Monsieur le baron de Wassenaër que je savais très grièvement blessé ; et j’allais sur le champ lui offrir avec empressement ma bourse et tous les secours en mon pouvoir. » Encore et toujours l’esprit chevaleresque avant de vendre le butin... Cet exploit lui vaut d'être admis dans la Marine royale comme capitaine de frégate en avril 1697 alors que se termine la guerre de la Ligue d'Augsbourg.

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Duguay-Trouin vu par l'illustrateur Obra de Chasselai dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. (Musée de Rio)


Fin de la 1ère partie

Re: PERSONNAGES ET FAITS HISTORIQUES DE FRANCE (philatélie)

Publié : jeu. janv. 06, 2011 3:37 am
par saintluc
Ce conflit va donner à Duguay-Trouin l'occasion de multiplier les actions les plus brillantes. Il multiplie les prises, les actions audacieuses et semble insaisissable. Maintenant intégré à la Royale Duguay-Trouin cesse d'être un corsaire solitaire pour commander des vaisseaux plus puissants et aussi plus nombreux, évolution déjà visible à la fin du conflit précédent (voir plus haut pour 1696) et qui devient définitive à partir de 1706-1707. Il est vrai qu'il s'en prend maintenant à de grands convois bien escortés par la Royal Navy ou les vaisseaux néerlandais.

En 1703 il opère jusqu’auprès de l’archipel du Spitzberg ou il capture 28 baleiniers hollandais. Il frappe inopinément les pêcheurs, navires de commerce, frégates et vaisseaux, bâtiments isolés ou convois escortés en guerre. En 1704 il prend au large de l’Angleterre un vaisseau de guerre de 58 canons ainsi que 12 navires marchands. En 1705, commandant le Jason il enlève les vaisseaux anglais Elizabeth, Revenge et Coventry puis, en vue de Lisbonne un vaisseau portugais,et en revenant à Brest une frégate et 12 marchands après avoir dispersé un convoi portugais de 200 navires... En novembre 1705 il est fait capitaine de vaisseau, et participe en 1706 avec une petite escadre à la défense de Cadix. On se rapproche maintenant de la guerre d’escadre même si l’objectif est toujours de s’emparer des convois marchands : c'est ce qu'on peut constater pour les opérations de 1707. Cette année-là Duguay-Trouin et le chevalier de Forbin partent ensemble de Brest à la tête chacun d’eux d’une escadre de 6 vaisseaux, mais dont le commandement supérieur revenait à Forbin. Le 21 octobre 1707 les deux hommes tombèrent à bras raccourcis à l’entrée de la Manche sur un grand convoi à destination du Portugal et chargé de renfort pour l’archiduc Charles : 200 voiles escortées par 5 vaisseaux anglais. La bataille se solda par la prise de 14 navires marchands et la quasi destruction de l’escorte anglaise : 3 vaisseaux capturés et l’incendie d’un quatrième. C’était une belle victoire, qui conforta en Espagne la victoire terrestre franco-espagnole du duc de Berwick à Almansa.

En mars 1709, commandant l'Achille et une division il attaque avec succès un convoi anglais fortement escorté. Il est anobli la même année. Il a alors à son actif la prise de 16 bâtiments de guerre et de plus de 300 marchands
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Bataille du cap Lizard . (1707), vue par un peintre du XIXe siècle, Théodore Gudin. Duguay-Trouin et Forbin surprennent un grand convoi anglais à destination du Portugal. Ils anéantissent l'escorte et dispersent le convoi. Pour les Anglais c'est "le désastre du convois du Portugal".
De toutes les expéditions de Duguay-Trouin, la plus célèbre est la prise de Rio de Janeiro en 1711. Le projet mûrissait depuis 1706 : intercepter la flotte annuelle de l’or qui apporte du Brésil à Lisbonne les métaux précieux. En 1710 le capitaine Duclerc était allé attaquer le Brésil avec 5 vaisseaux et un millier de soldats, mais l’expédition avait été un échec : fait prisonnier avec plus de 600 hommes il avait été assassiné dans des circonstances obscures. L'opération fut donc décidée pour venger cet échec. On était alors en pleine guerre de Succession d'Espagne, et le Brésil une colonie portugaise alliée de l'Angleterre contre la France. Louis XIV mit à la disposition du Malouin une solide petite escadre de 15 navires et deux mille soldats (en plus des équipages des navires, soit à peu près 6000 hommes). Le trésor royal étant à sec il fallu avoir recours à un financement privé. 700 000 livres furent apportées par de nombreux armateurs dont le comte de Toulouse, fils bâtard du roi. Au comte de Toulouse se joignent rapidement des négociants de Saint-Malo : Danycan ou Lalande-Magon. C'était donc pour moitié une opération de guerre (attaquer une colonie portugaise) et corsaire (faire du butin sur l'ennemi pour rembourser avec bénéfice les armateurs privés). Le traité, signé entre Duguay-Trouin, le ministre de la marine Pontchartrain et Louis XIV lui-même (19 mars 1711) précisait d'ailleurs que le roi devait obtenir un cinquième du produit net des prises... Privilège auquel le roi renonça peu après par égard pour son brillant capitaine. Au final Louis XIV n’imposa qu’un commissaire de son choix pour surveiller l’expédition.

Il fallait préparer cette grosse expédition avec soin, à moins de vouloir terminer comme le capitaine Duclerc l’année précédente. Mais Duguay-Trouin était un organisateur et un meneur d’homme hors pair. « Aussitôt que cette résolution eut été prise, nous nous rendîmes à Brest, mon frère et moi. Je donnais toute mon attention à faire préparer de bonne heure, avec tout le secret possible, les vivres, les munitions, tentes, outils, enfin tout l’attirail nécessaire pour camper, et pour former un siège. J’eus soin aussi de m’assurer d’un bon nombre d’officiers choisis, pour mettre à la tête des troupes, et pour bien armer tous ces vaisseaux. Les soins que nous prîmes pour accélérer toutes choses, furent si vifs et si bien ménagés, que malgré la disette où étaient les magasins du Roi, tous les vaisseaux de Brest et de Dunkerque se trouvèrent prêts à mettre à la voile dans deux mois, à compter du jour de mon arrivée à Brest ». Bien que le gros de l'expédition s'armait à Brest, une partie des navires étaient préparés à Rochefort, La Rochelle, Dunkerque pour tromper la vigilance des espions, nombreux des deux côtés de la Manche. Les capitaines choisis par Duguay-Trouin recevant l'ordre de "s'armer à la course" pour les Caraïbes ou la mer du Nord. Au final, l'expédition devenait aussi une quasi opération amphibie puisqu’on prévoyait d'attaquer, débarquer, assiéger et qu'il allait falloir coordonner l’action et le feu des navires et des troupes à terre... Et cela presque au bout du monde, sans plus aucun lien ni secours possible avec la métropole, dans des eaux que les Français n’avaient guère l’habitude de fréquenter.
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Entrée de l'escadre française dans la baie de Rio de Janeiro le 12 septembre 1711. Duguay-Trouin force la passe sous le feu des canons portugais et réussit à débarquer au fond de la baie avant d'assiéger la ville. Carte publiée en 1740 dans les Mémoires de Duguay-Trouin.
Parti en juin, le convoi glissa entre les doigts d'une escadre anglaise venue musarder devant Brest, et se présenta devant Rio le 12 septembre où l’attaque commença aussitôt : « Il était évident que le succès de cette expédition dépendait de la promptitude, et qu’il ne fallait pas donner aux ennemis le temps de se reconnaître ». La baie de Rio fermée par un étroit goulet et de puissantes fortifications paraissaient inexpugnable. La passe fut cependant forcée et Duguay-Trouin débarqua ses troupes dans l'immense baie, soutenues par le feu de ses navires. Les forts furent enlevés les uns après les autres en onze jours, après de multiples péripéties, plusieurs tentatives de « sortie »de la garnison et l'arrivée d'une troupe de secours.

Les Portugais incendiaient en se retirant les vaisseaux et les entrepôts qu’ils ne pouvaient défendre. Quant aux douze mille hommes de la garnison, il se débandèrent au moment où les Français étaient sur le point de donner l'assaut final. Le gouverneur fut contraint à la négociation pour éviter la destruction et le pillage complet de la ville. Les habitants durent racheter leur bien à prix d'or et une rançon considérable en argent et marchandises tropicales fut versée à Duguay-Trouin alors que les cinq cents prisonniers français encore vivants de l'expédition Duclerc étaient libérés. Au final, 60 navires marchands, 3 vaisseaux de guerre, 2 frégates et une immense quantité de marchandises étaient pris ou brûlés. La ville souffrait un dommage de plus de 25 millions de livres.
On restait dans une expédition corsaire et il n'était pas question de conquête permanente : l'escadre se retira donc (13 novembre) pour prendre le chemin du retour. Retour très difficile car la flotte fut dispersée par une violente tempête après avoir franchit l'équateur. À l'arrivée à Brest (6 février 1712) 3 navires avaient sombré, dont le Magnanime qui ramenait une large partie du butin (avec "six cent mille livres en or et en argent"). Néanmoins le bénéfice financier de l'opération restait considérable : il rapportait à Brest plus de 1,3 tonne d’or, sans compter les 1 600 000 livres de la cargaison de deux navires revenus bien plus tard après un immense détour par la « mer du sud ». D’après Duguay-Trouin : "quatre-vingt-douze pour cent de profit à ceux qui s'y étaient intéressés"... Pontchartrain félicitait Duguay-Trouin : « Je me réjouis pour vous et pour la marine à qui cette entreprise fit beaucoup d’honneur ». Le bénéfice politique était pour le roi, dont la nouvelle du succès de l’expédition fit « un sensible plaisir ».

Le retentissement de l'expédition fut considérable en Europe, tout particulièrement chez les nations maritimes en guerre contre la France. Les Anglais en premier lieu (et qui venaient de plus d'essuyer un désastre complet dans une tentative de débarquement sur Québec), sans parler des Portugais dont la plus belle ville coloniale avait été mise à sac malgré l'alliance anglaise. Même si les historiens en discutent encore, cette réussite a sans doute poussé les Anglais à signer la suspension d’armes du 17 juillet 1712. Duguay-Trouin fut acclamé en héros : cette expédition victorieuse faisait beaucoup pour le moral français très malmené jusque-là par les épreuves de la guerre de Succession d'Espagne (elle s'acheva en 1713). Louis XIV félicita en personne son marin couvert de gloire : "Le roi, se plut à me témoigner une grande satisfaction de ma conduite et beaucoup de disposition à m’en procurer la récompense ; il eut la bonté de me gratifier d’une pension de deux mille livres en attendant ma promotion de chef d’escadre."

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Un vaisseau dans la tempête, tel qu'a pu le vivre l'expédition de Duguay-Trouin au retour de Rio. Deux navires sombrèrent avec leurs équipages et une partie de la rançon. La rafale (1707), Van de Velde le Jeune (1633-1707).
En août 1715, Duguay-Trouin reçoit (enfin) sa promotion de chef d’escadre. Duguay-Trouin qui se trouve à Versailles à la mort de Louis XIV semble en avoir éprouvé sincèrement beaucoup de tristesse : « La douleur que j’en ressenti ne peut s’exprimer : la bonté et la confiance dont il avait daigné m’honorer m’aurait fait sacrifier mille fois ma vie pour conserver ses jours. » La longue paix qui suit la mort de Louis XIV l’oblige désormais à rester presque totalement à terre. Duguay-Trouin se lance alors dans ce que nous appellerions aujourd’hui un travail de lobbying auprès des ministères pour soutenir l’expansion coloniale de la France. Le Régent le nomme au conseil d’administration de la Compagnie des Indes en 1723. En 1728, il est nommé lieutenant général et commandeur de St Louis. En 1731, il reçoit le commandement d’une escadre chargée d’aller bombarder Tripoli pour châtier les pirates barbaresques qui s’en prenaient aux navires de commerce français. Il obtient la libération de nombreux captifs chrétiens, le Bey de Tunis et le Dey d’Alger devant faire de même, sous la menace des canons de la marine royale. En 1733 éclate la guerre de Succession de Pologne. Elle met aux prises la France face à l’Autriche et la Russie au sujet de la succession de la couronne de Pologne qui est élective. Stanislas Leszczynski, le candidat soutenu par la France se réfugiant dans le port de Dantzig menacé par les Russes et attendant de l’aide, il fallu bien lui envoyer une escadre de secours dans la mer Baltique. Cette première expédition ayant été un échec, Duguay-Trouin reçoit donc l'année suivante l'ordre de préparer une nouvelle escadre à Brest pour la même destination. Mais alors que ses préparatifs vont bon train, l'ordre est annulé, la campagne abandonnée. Duguay-Trouin, fatigué, malade et se retire définitivement du service. Il décède le 27 septembre 1736 à Paris et il est inhumé à l’église Saint-Roch. En 1973 ses restes sont retrouvés par Pierre-Emile Buron qui désirait rendre à Saint-Malo la dépouille du célèbre marin à l’occasion du tricentenaire de sa naissance. René Duguay-Trouin repose désormais dans la cathédrale Saint-Vincent.

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Vue cavalière (fin XVIIe siècle-début XVIIIe siècle) du port de Brest. Auteur anonyme.
Cette dernière période de la vie de Duguay-Trouin est surtout intéressante par la publication de ses Mémoires, écrites probablement vers 1720-1721. Poussé par ses amis et sans doute son frère, il se laissa convaincre d’écrire le récit de ses exploits, à condition qu’ils ne soient pas publiés (!). Modestie naturelle du corsaire ou peur de blesser quelques-uns de ses anciens compagnons en donnant l'impression de tirer la couverture à soi ? Sans doute un peu de tout cela, Duguay-Trouin était (nous l’avons déjà évoqué) aussi accommodant et doux dans la vie qu’il était ardent au combat. Ses Mémoires, écrites sur le ton de la simplicité font peu de cas de tourner les événements à son avantage. Il n’hésite pas à faire part régulièrement de ses doutes et de ses faiblesses avec une étonnante sincérité, ce qui est rare dans les Mémoires de cette époque, souvent marquées par des formules alambiquées et hyperboliques. Ses Mémoires, qui fourmillent d’anecdotes, offrent aussi (comme nous l'avons aperçu plus haut) un précieux témoignage sur la marine de la fin XVIIe-début XVIIIe siècle, tant sur la navigation, que la vie à bord et le combat naval. Initialement destinées à son entourage propre, ses Mémoires sont publiées à sa grande surprise en 1730 à Amsterdam sous le titre de Mémoires de M. Du Gué-Trouin par un certain de M. de Villepontoux... D’où pouvait venir une telle fuite ? D’un membre du gouvernement, car le Duc Philippe d’Orléans, alors régent du royaume pendant la minorité du petit Louis XV à qui on avait dit que le marin avait écrit ses Mémoires, lès lui avait demandé pour pouvoir les lire. Le Régent en avait parlé en termes élogieux à son principal ministre, le cardinal Dubois, lequel avait prié le corsaire de lui confier le manuscrit pour le lire à son tour. Duguay-Trouin avait accepté à la condition absolue que son manuscrit ne quitte pas le cabinet du Cardinal dont lui seul gardait la clé. À la mort de Dubois le 10 août 1723, les mémoires restèrent chez lui alors que Duguay-Trouin demandait avec insistance qu’elles lui soient restituées, ce qui ne fut fait que plus d’un mois après. Délai pendant lequel un inconnu se chargea d’en faire une copie à la hâte. Cette première édition clandestine était très imparfaite, des phrases manquaient et d’autres avaient été remplacées par l’éditeur. L’orthographe du nom du marin n’était pas respectée (dénommé "Du Gué-Trouin" en lieu et place "Duguay-Trouin" d’usage), et plus grave pour l’honneur du marin, le titre illustre du Grand Croix de l’ordre de Saint Louis qui lui était attribué était usurpé car il n’était de fait que commandeur de cet ordre depuis 1728. Lorsque Duguay-Trouin finit par rentrer en possession de son manuscrit on le pressa aussi de répondre à Forbin qui venait lui aussi de publier ses Mémoires et dont le passage sur leur expédition commune de 1707 était déformé dans un sens favorable à Forbin (voir plus haut). Le cardinal de Fleury, principal ministre du jeune Louis XV (depuis 1726) -et toujours homme de religion- conseillait aussi à Duguay-Trouin de supprimer tous les passages sur la jeunesse dissipée du corsaire, ce que celui-ci, -encore une fois bonne pâte- s’engagea à faire... Les Mémoires furent donc réimprimées par les soins de Gaudard de Beauchamp, ami de Duguay-Trouin et de La Garde-Jazier, neveu de ce dernier à Paris et Amsterdam en 1740, quatre ans après la mort de Duguay-Trouin.

Laissons René Duguay-Trouin conclure lui-même sa vie de sa plume alerte: "Ceux qui liront ces Mémoires et qui réfléchiront sur la multitude de combats, d'abordages et de dangers de toute espèce que j'ai essuyés, me regarderont peut-être comme un homme en qui la nature souffre moins à l'approche du danger que la plupart des autres. Je conviens que mon inclination est portée à la guerre, que le bruit des fifres, des tambours, celui du canon, du fusil, enfin tout ce qui en retrace l'image m'inspire une joie martiale ; mais je suis obligé d'avouer en même temps que, dans beaucoup d'occasions, la vue d'un danger pressant m'a causé souvent des révolutions étranges, quelquefois même des tremblements involontaires dans toutes les parties du corps. Cependant, le dépit et l'honneur, surmontant ces indignes mouvements, m'ont bientôt fait recouvrer une nouvelle force dans ma plus grande faiblesse ; c'est alors que voulant me punir moi-même de m'être laissé surprendre à une frayeur si honteuse, j'ai bravé avec plus de mérites les plus grands dangers. C'est après ce combat de l'honneur et de la nature, que mes actions les plus vives ont été poussées au-delà de mes espérances... Mon style fera connaitre que ces Mémoires sont écrits de la main d'un soldat."

"Chef d'une audace et d'une énergie exceptionnelle, il est dommage que l'occasion ne lui ait jamais été donnée de commander de grandes escadres" conclut de son côté Étienne Taillemite.

La mémoire des exploits de Duguay-Trouin, si elle reste presque inconnue du grand public (syndrome de Trafalgar ?) est cependant entretenue avec soin par sa ville natale et par la Marine nationale qui donne régulièrement le nom du grand marin à l'une de ses unités de combat. Ce sera encore le cas dans les années 2010 pour l'un de ses sous-marin nucléaire d'attaque actuellement en construction.
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N°1748

Re: PERSONNAGES ET FAITS HISTORIQUES DE FRANCE (philatélie)

Publié : jeu. janv. 06, 2011 4:10 am
par saintluc
Charles Gravier, comte de Vergennes est un diplomate et homme d'État français, né le 29 décembre 1719 à Dijon et mort le 13 février 1787 à Versailles. Secrétaire d'État des Affaires étrangères de Louis XVI de 1774 à sa mort, il fut, selon le jugement de l'historien Albert Sorel, « le plus sage ministre que la France eût rencontré depuis longtemps, et le plus habile qui se trouvât aux affaires en Europe ». Son nom reste ainsi particulièrement attaché à cette fonction puisque l'on dit traditionnellement des ministres des Affaires étrangères qu'ils s'assoient dans le « fauteuil de Vergennes ».
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Portrait par Antoine-François Callet.
Vergennes est né à Dijon, dans une famille de noblesse récente. Son père est maître ordinaire en la Chambre des Comptes de Bourgogne et son grand-père fut trésorier général de France à Dijon. Il étudie au collège des Jésuites de sa ville natale puis à la faculté de Droit.

Il est formé à la diplomatie par son grand-oncle, Théodore de Chavigny, ambassadeur à Lisbonne en 1740 puis il le suit à Munich en 1743 au moment de la guerre de Succession d'Autriche. Il s'initie alors aux arcanes de la politique du Saint-Empire.

Sa défense réussie des intérêts français à la cour de Trèves et Hanovre entre 1751 et 1754 l'amène à être envoyé à Constantinople en 1754, d'abord en tant que ministre plénipotentiaire, puis en tant qu'ambassadeur. Il y reste 14 ans et se convainc de l'impérieuse nécessité du maintien de l'empire ottoman pour la défense des intérêts français.

Il est rappelé en 1768, officiellement pour épouser Anne Duvivier (1730-1798), fille d'Henri Duvivier et de Maria Bulo de Péra et veuve de Francesco Testa (ca. 1720-1754), membre de l'une des plus anciennes et distinguées familles latines de Péra. Les mauvaises langues la prétendaient une ancienne esclave.

Il connaît quelques années de disgrâce à cause de ses mauvaises relations avec Choiseul. Celui-ci l'envoie comme ambassadeur à Stockholm de 1771 à 1774 pour aider le parti aristocratique des « Chapeaux » avec des conseils et de l'argent. La révolution au travers de laquelle Gustave III de Suède raffermit son pouvoir est un grand succès diplomatique pour la France.
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Vergennes vers 1785, à l'apogée de sa carrière. (Gravure de V. Vangelisti )
Avec l'accession de Louis XVI au trône de France en 1774, Maurepas, sur les conseils de l'abbé de Véri, choisit Vergennes comme Secrétaire d'État des Affaires étrangères au motif qu'il est « sans entours ». Devant tout à Maurepas, ce dernier escompte qu'il lui sera fidèle. Il a alors pour politique d'être en relations amicales avec l'Autriche, de limiter l'ambition de l'empereur Joseph II, de protéger la Turquie et de s'opposer à la Grande-Bretagne.

Sa haine des Britanniques et son désir de se venger de la guerre de Sept Ans l'amène à soutenir les colons américains lors de la guerre d'indépendance des États-Unis d'Amérique. Il cède à la demande de Beaumarchais de procurer secrètement des armes et des volontaires aux Américains. En 1777, il déclare la France prête à former une alliance offensive et défensive avec le nouveau pays que forment les treize colonies. Il signe ce traité d'alliance franco-américain le 06 février 1778

Pour les affaires intérieures, il demeure conservateur et intrigue notamment contre Necker, qu'il regarde comme un dangereux réformateur, républicain, étranger et protestant. En 1781, il est nommé secrétaire des Finances et soutient la nomination de Calonne comme contrôleur général des finances en 1783. Pour pallier l'impasse financière de l'État, il conseille au roi de réunir l'Assemblée des notables, mais il meurt le 13 février 1787, peu de temps avant sa réunion.

Le tombeau de sa famille nivernaise, se trouve dans le cimetière de Raveau (Nièvre) où son fils, Jean-Charles Gravier, baron de Vergennes, puis sa descendance possédaient le château de Mouchy (baronnie de Passy) de 1782 à 1871. Lui-même avait acquis le château de Toulongeon à La Chapelle-sous-Uchon près d'Autun (Saône-et-Loire), que Théodore Chevignard de Chavigny venait de faire reconstruire par l'architecte Samson-Nicolas Lenoir. Ce château sera pillé et détruit sous la Révolution française et les terres vendues comme biens nationaux.

Une ville dans l'État américain du Vermont, Vergennes est nommée d'après lui.

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N°1879

Re: PERSONNAGES ET FAITS HISTORIQUES DE FRANCE (philatélie)

Publié : jeu. janv. 06, 2011 11:38 am
par saintluc
Bon Adrien Jeannot de Moncey né à Moncey, paroisse de Palise dans le Doubs, le 31 juillet 1754 (baptisé le 1er août), mort à Paris (le 20 avril 1842), maréchal d'Empire, duc de Conegliano.

Le nom Moncey vient d'un hameau que la famille acheta en 1789 au marquis de Cheylard. Au sein de la Grande Armée, le maréchal Moncey reçut le surnom de Fabius.
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Fils cadet d'un avocat au parlement de Besançon, Bon Adrien passera sa petite enfance dans la propriété familiale à Moncey puis commence des études au collège de Besançon. Moncey était doté d'un caractère bouillant et d'une imagination guerrière. Son père prit grand soin de son éducation, mais ne put dompter son caractère ardent et indocile.

Après avoir terminé des études incomplètes le jeune Moncey, bravant les préventions alors attachées aux jeunes gens qui s'enrôlaient comme simples soldats, s'échappa, en 1770, du collège pour s'engager dans le régiment de Conti-Infanterie, sans l’accord de son père, annonçant au sergent recruteur qu’il a 16 ans. Au bout de six mois, son père acheta son congé. Le jeune homme eut à peine passé un an dans sa famille, que le 15 septembre 1769, il s'engagea dans le régiment de Champagne où sa belle taille le fit aussitôt admettre au nombre des grenadiers. Ce fut en cette qualité qu'il fit la « campagne des côtes de Bretagne » en 1773, campagne mise en œuvre dans le but de les protéger contre les entreprises des Anglais. Cette espèce de campagne fournit à Moncey diverses occasions de donner des preuves de son intelligence et surtout de son amour pour la discipline.

Tous ses goûts l'entraînaient irrésistiblement vers les armes (ses oncles et cousins étaient officiers du roi et firent naitre en lui la vocation militaire), mais cette carrière ne pouvait mener à rien un simple roturier. Son père « le racheta » une seconde fois. Revenu à Besançon, Moncey parut enfin vouloir se conformer aux vues de son père, et se livra pendant quelques mois à l'étude du droit. Mais ce zèle dura peu. Il fallait à cette âme ardente une vie d'émotion et d'activité que les luttes paisibles du barreau ne pouvaient lui offrir.

Dès la fin de l'année 1774, sa vocation l'emporta encore : il s'engagea dans le corps privilégié de gendarmerie de la Garde de Lunéville, troupe d'élite, où les simples soldats avaient rang de sous-lieutenants.

Après quatre ans de service, il passa, le 20 août 1778, avec son grade de sous-lieutenant de dragons dans la légion des volontaires de Nassau-Siegen, ainsi appelés du nom de leur colonel. Allant d’unité en unité, prenant des congés, il sera alors qualifié d’« inconscient et léger » (jugement de 1779). Il devint lieutenant en second (1782), puis lieutenant en premier (1785). Ce régiment, au commencement de la Révolution, devint le 5e bataillon d'infanterie légère, et fut, dès la fin de l'année 1792, envoyé à l'armée des Pyrénées.

Moncey se montra partisan de la Révolution française. Nommé capitaine le 12 avril 1791, il commandait, au mois de juin 1793, le 5e bataillon d'infanterie légère devant Saint-Jean-Pied-de-Port. Depuis la malheureuse issue du combat de Château-Pignon (fatale journée qui ne fut point sans quelque gloire, grâce à la bravoure du capitaine Moncey), les troupes françaises, accablées par le nombre, attendaient sous le canon de cette place l'occasion de se venger.

Le 5 février 1794, le général espagnol Caro, enivré du succès éphémère de son coup de main sur Château-Pignon, ayant rassemblé ses divisions, leur ordonna d'attaquer les Français dans leur camp d'Hendaye. Les deux partis firent des prodiges de valeur : la victoire flottait, indécise. Sur ces entrefaites, l'impétueux Moncey, investi depuis peu du grade de chef de bataillon à la tête de la 5e demi-brigade d’infanterie légère (26 juin 1793), qui, au bruit du canon et de la mousqueterie, avait quitté le lit de douleur où il était retenu, vola au secours de ses frères d'armes. Sa rare intrépidité ne contribua pas médiocrement à l'heureuse issue de la bataille. Dans la position où se trouvait la France à cette époque, la prise du camp d'Andaye dit aussi « des sans-culottes », aurait pu avoir les plus funestes conséquences. Sa conservation, au contraire, maintenait les Français aux portes de l'Espagne.

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Lors du coup d'État du 18 brumaire, s'étant trouvé dans la capitale, il seconda le général Bonaparte de tout son pouvoir. On sait que de pareils services ne furent jamais oubliés de celui-ci. Aussitôt après son triomphe, il donna à Moncey le commandement de la 15e division militaire, à Lyon. Moncey, par l'aménité de son caractère, la modération de son autorité, la prudence des mesures et des actes de son administration, s'y concilia l'amitié, l'estime de tout le monde.

Au moment de la campagne d'Italie (1799-1800), Moncey fut envoyé commander un corps d'armée issu de l'aile droite de l'armée du Rhin. Tandis que l'armée principale gravissait le col du Grand-Saint-Bernard, on lui avait ordonné d'amener, à petites journées, ces 20 000 hommes depuis la frontière de la Suisse par le Saint-Gothard. Le 17 mai 1800, à la tête de ses hommes, Moncey, rivalisant de courage avec le plus simple de ses soldats, s'élança sur les escarpements du terrible col.

Débouchant par les vallées du Tyrol, ce corps prit part à l'invasion de la Lombardie. Le 22 mai, il s'était emparé de Bellinzona ; la veille, Monzambano lui avait ouvert ses portes ; le lendemain , il occupait Locarno et Lugano par des postes avancés. Le 28, il était à Milan.

Moncey prit cependant une part active à la campagne d'Espagne en 1808 et 1809.

En 1808, lorsque l'Empereur voulut faire occuper le trône d'Espagne par un membre de sa famille, le maréchal Moncey, à la tête de 24 000 hommes, passa de nouveau la Bidassoa et alla avec le gros de son armée établir son quartier-général à Burgos ; une de ses divisions gagna la Navarre et un certain nombre de bataillons se portèrent en Biscaye.

On sait par quel coup de main les généraux français se rendirent maîtres de la citadelle de Pampelune, de Barcelone, de Cadix, de Madrid, du fort San Fernando et de la place de Saint-Sébastien.

Quand fut résolue la fatale campagne de Russie (1812), il fut un des généraux qui manifestèrent le plus ouvertement leur improbation. Napoléon, qui n'aimait pas à être contredit, ne l'appela point à prendre part à cette campagne. On sait quelle suite de revers signalèrent les années 1812 et 1813.

Toutefois l'Empereur nomma Moncey, le 11 janvier 1814, major-général, commandant en second de la garde nationale de Paris. Napoléon Ier lui dit en partant pour sa campagne d'hiver : « C'est à vous et au courage de la garde nationale que je confie l'impératrice et le roi de Rome... » En réponse à ce témoignage de confiance, Moncey remit à l'empereur une adresse, au nom de la garde nationale, qui ne fut pas une vaine déclamation, mais des promesses et des protestations de dévouement, auxquelles on ne peut nier qu'il ne soit pas resté fidèle, autant que les évènements le lui permirent.

Il organisa avec beaucoup de zèle la garde nationale. Le jour décisif arriva le 30 mars 1814. Il disposait de quelques mille hommes. Il les disposa sur les hauteurs de Belleville et des Batignolles. Il tint aussi longtemps qu'il put contre l'écrasante supériorité numérique des alliés, et combattit avec une bravoure héroïque sur la place Clichy, où se dresse aujourd'hui sa statue (édifiée en 1870). On le vit à la tête des plus braves donner l'exemple du courage et ne cesser de combattre que quand la capitulation, qui fut préparée et signée par le duc de Raguse, eut forcé tout le monde à déposer les armes.

Un ordre impératif obligea Moncey de suivre l'armée : il remit au duc de Montmorency le commandement de la garde nationale, et, réunissant aux Champs-Élysées les débris des troupes de ligne restées sans chefs, il se retira avec elles à Fontainebleau pour les mettre sous les ordres de l'empereur. On sait quelles furent bientôt les conséquences de la défection de Marmont, puis la déchéance et l'abdication de Napoléon.

Le 11 avril, de retour à Paris, il fit connaître au gouvernement provisoire l'adhésion du corps de la gendarmerie, qu'il avait reçue la veille, et donna également la sienne dans une lettre adressée au prince de Bénévent.

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La Barrière de Clichy : le maréchal Moncey donne ses ordres à l'orfèvre Claude Odiot, colonel de la garde nationale, Horace Vernet, 1820.
En 1823, lorsque la guerre en Espagne eut été déclarée, Louis XVIII confia à Moncey un des postes les plus importants, celui de commandant en chef du 4e corps de l'armée expéditionnaire, destiné à l'invasion de la Catalogne. Réuni dans le département des Pyrénées-Orientales, le quatrième corps d'armée formait en quelque sorte une armée séparée. Il se composait de trois divisions commandées par le comte Curial, par le baron de Damas et par le général Donnadieu. Il avait pour auxiliaire et pour avant-garde un corps de 9 000 Espagnols commandés par le baron d'Éroles
À la suite de cette campagne, et pour le récompenser de ses services, Louis XVIII lui conféra la grand-croix de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis. L'empereur Alexandre Ier de Russie lui envoya, au mois de février 1824, le grand-cordon de l'ordre de Saint-Wladimir de première classe.

Il continua à jouir d'une faveur qui ne fit qu'augmenter sous le règne de Charles X. Lors du sacre de Charles X, Moncey faisant fonction de connétable, tenant à la main son épée nue, et encadré de deux huissiers de la chambre du roi, portant leur masse.

Moncey vint siéger à la Chambre des pairs, où il se plaça dans les rangs de cette majorité constitutionnelle contre laquelle vinrent échouer les mauvaises lois du ministère Villèle.

Il exerça ensuite les fonctions d'inspecteur général.

Lors de la cérémonie funéraire du retour des cendres de Napoléon Ier, qui eut lieu dans l'église Saint-Louis-des-Invalides le 15 décembre 1840, Moncey, quoique malade, pouvant à peine se mouvoir, et malgré la rigueur d'un froid excessif, voulut rendre un dernier hommage à son bienfaiteur, à celui qu'il avait servi avec tant de zèle, de loyauté. Déjà gravement malade avant l'arrivée du cercueil, il aurait déclaré à son médecin : « docteur, faites-moi vivre encore un peu, je veux recevoir l'Empereur. »

On le portait dans un fauteuil, il fut placé dans le chœur, à gauche de l'autel, auprès du catafalque et là, immobile, muet, ce fantôme de soldat, en grande tenue militaire, attendit l'arrivée du cadavre de Napoléon. Lorsque l'illustre corps fit son entrée dans l'église, le vieillard voulut se lever, les forces lui manquèrent, il retomba sur son fauteuil. Un éclair d'émotion passa sur ce visage déjà marqué de l'empreinte de la mort. Il se fit transporter jusqu'au cercueil, embrassa la poignée de l'épée de Napoléon et déclara : « à présent rentrons mourir ».

Il vécut encore quelque temps après ce jour solennel, et mourut à l'Hôtel des Invalides, le 20 avril 1842, à onze heures du soir. Soult prononça son discours funèbre, le maréchal Oudinot lui succéda aux Invalides.
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N°1880

Re: PERSONNAGES ET FAITS HISTORIQUES DE FRANCE (philatélie)

Publié : jeu. janv. 06, 2011 11:43 am
par saintluc
Rattachement du cambrésis
Lors des traités de Nimègue (août-septembre 1678) avec la Hollande et l'Espagne, qui mettaient fin à la guerre de Hollande, des échanges facilitèrent la régularisation de la frontière du Nord. De plus, les Français s'installèrent à Cassel, Cambrai, Valenciennes et Maubeuge.
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N°1932

Re: PERSONNAGES ET FAITS HISTORIQUES DE FRANCE (philatélie)

Publié : jeu. janv. 06, 2011 11:52 am
par saintluc
La bataille de Nancy opposa le duc de Bourgogne Charles le Téméraire et le duc de Lorraine René II. Elle se solda par la défaite et la mort du Téméraire. Le principal bénéficiaire de cette bataille fut le roi de France Louis XI qui s'empara d'une partie des États bourguignons. Elle permit aussi bien sûr au duché de Lorraine de rester indépendant. Aujourd'hui encore, quelques « irréductibles lorrains » fêtent le 5 janvier devant la croix de Bourgogne.
En 1363, Philippe II le Hardi, fils du roi Jean II le Bon, reçoit en apanage le duché de Bourgogne et épouse une riche héritière, Marguerite, comtesse de Flandre, de Bourgogne (Franche-Comté), d'Artois, de Rethel et de Nevers. Leurs descendants acquirent de diverses manières (mariage, héritage, achat et conquête) une grande partie de ce qui constitue actuellement le Benelux : comtés de Hollande, de Zélande, de Hainaut, de Namur et duchés de Brabant, Limbourg et Luxembourg.

L'ensemble des états bourguignons était divisé en deux parties : d'une part les duché et comté de Bourgogne, d'autre part, les futurs "Pays-Bas" espagnols (l'actuel Benelux). Entre les deux, la Champagne et les duchés de Lorraine et de Bar.

En 1467, Charles le Téméraire succède à son père Philippe III le Bon. Le projet de sa vie est de relier territorialement ses États, et d'obtenir une investiture royale, recréant l'ancien royaume de Lotharingie. Dans cette optique, il commence par prendre possession de la Haute-Alsace que l'empereur Frédéric III lui a donnée en garantie d'un prêt de cinquante mille florins qu'il est incapable de rembourser. La Haute-Alsace pourrait se révéler une excellente tête de pont pour conquérir les cantons suisses, craignent ceux-ci. En 1473, le Téméraire s'empare du duché de Gueldre, de part et d'autre du Bas-Rhin.

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Le duc René II à la tête de ses troupes suisses devant la ville de Saint-Dié (Liber Nanceidos, Pierre de Blarru, 1519)
Le duc de Bourgogne se tourne alors vers la Lorraine. Profitant de la jeunesse du nouveau duc, René II, il le rencontre à Trèves et signe un traité par lequel ils s'engagent à ne pas s'allier à Louis XI dans une alliance qui nuirait à l'autre. De plus René II accorde au Téméraire le libre passage de ses États et autorise l'installation de garnisons bourguignonnes à Charmes, Darney, Épinal, Neufchâteau et Prény. Il faut dire que René II n'a guère le choix, car il ne peut pas compter sur le soutien de Louis XI qui vient de signer une trêve avec Charles.

Très rapidement, les incidents se multiplient entre la population lorraine et les garnisons bourguignonnes.
René II prend alors contact avec les adversaire du duc de Bourgogne : Louis XI, les Confédérés Suisses, menacés par les projets d'expansion du Téméraire, et les villes de Haute-Alsace qui subissent les abus de l'administration bourguignonne.

Louis XI signe plusieurs traités, avec les Suisses (octobre 1474), Frédéric III (décembre 1474) et surtout avec Édouard IV (29 août 1475 à Picquigny) qui isolent Charles le Téméraire. Fort de ces alliances, René II lance son défi à son voisin le 9 mai 1475. Charles commence par signer une nouvelle trêve avec Louis XI, puis envahit la Lorraine à l'automne. Rapidement, il prend Charmes, Épinal et enfin Nancy le 24 novembre 1475 après un mois de siège. La Lorraine semble perdue pour René qui, prudent, se réfugie à Joinville.

Le Téméraire reconstitue ainsi l'ancien royaume de Lothaire avec Nancy pour capitale. De nouveaux baillis sont nommés, des officiers et des capitaines bourguignons sont établis dans les places fortes... les États de Lorraine se rallient au vainqueur et Charles se proclame duc de Lorraine. Le 11 janvier 1476, il quitte la Lorraine pour combattre les Confédérés Suisses.
Ayant acquis la Haute-Alsace, Charles le Téméraire pouvait représenter une menace pour les Cantons suisses, et les agents du roi Louis XI se plaisaient à la souligner. Avec l'aide financière de l'Universelle Aragne, Fribourg et Berne avaient d'ailleurs envahi le Valais et le pays de Vaud, possessions de la famille de Savoie, alliée du duc de Bourgogne. Jacques de Savoie, comte de Romont, beau-frère de la duchesse-régente de Savoie Yolande de France, était un des premiers personnages de la cour de Bourgogne). René II, de son côté, avait rejoint la ligue alémanique, dite aussi ligue de Constance, composée des adversaires suisses et alsaciens du Téméraire. Une première bataille eut lieu le 2 mars 1476 à Grandson où les troupes du duc de Bourgogne se débandèrent et, malgré les efforts de celui-ci pour les reprendre en main, s'enfuirent, abandonnant un énorme butin aux Confédérés. Pour venger cet affront, Charles de Bourgogne marcha sur Morat où il fut sévèrement battu le 22 juin 1476. Son armée y fut taillée en pièces et ce qui lui restait d'artillerie fut perdu. Le duc se replia alors sur Dijon où il essaya, tant bien que mal, de reconstituer une armée en levant de nouvelles troupes.

À l'annonce des défaites bourguignonnes, la Lorraine se révolte. Des partisans lorrains s'emparent de Vaudémont, puis chassent les garnisons installées à Arches, Bruyères, Remiremont et Bayon. René II les rejoint à Lunéville qu'ils prennent le 20 juillet. Le 22 juillet, c'est Épinal qui se rend. Le lendemain, René se rend à Fribourg pour obtenir de l'aide, mais n'obtient que la garantie qu'aucun adversaire du duc de Bourgogne ne signera de paix séparée.
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Le 22 août 1476, à la tête d'une armée de quatre à cinq mille hommes, il met le siège devant Nancy, défendue par une garnison bourguignonne de deux mille soldats, majoritairement anglais et dirigés par Jean de Rubempré.

Aucun des messages envoyés par Charles pour annoncer son arrivée prochaine ne parviendra à Nancy, ils seront tous interceptés par l'armée lorraine. Au bout d'un mois et demi, les Anglais, dont le chef est tué au cours d'une sortie, et las de manger du chien forcent Rubempré à négocier. La ville ouvre ses portes le 7 octobre, et le lendemain, la garnison bourguignonne quitte Nancy pour rejoindre Campobasso au Luxembourg. Celui-ci était effectivement en train de rassembler une armée dans le nord des États bourguignons.
Le 25 septembre, le Téméraire avait quitté Gex à la tête d'une armée de dix mille soldats en direction de Nancy. Le 9 octobre, René II l'attend sur la rive est de la Moselle pour l'empêcher de traverser la rivière, mais Charles reste sur la rive ouest et se dirige vers Toul, où, le 10, il fait la jonction avec Campobasso qui arrive du Luxembourg à la tête de six mille hommes. Le 16 octobre, ils traversent la Moselle et René, à la tête de neuf mille hommes ne peut rien faire pour les en empêcher et se replie à Saint-Nicolas-de-Port. Le 19, sur les conseil de ses capitaines et avec l'assurance que Nancy tiendra deux mois de siège, il se rend en Alsace et en Suisse pour obtenir des renforts.

Le 22 octobre, Charles le Téméraire met le siège devant Nancy, défendu par deux mille soldats, principalement des vétérans de Morat. Son armée s'installe sur une butte qui se trouve sur l'emplacement actuel de la place Thiers, et lui-même s'installe à proximité de la commanderie Saint-Jean. Les capitaines bourguignons préconisent de lever le siège et de se rendre à Pont-à-Mousson ou à Metz, pour reprendre l'offensive au printemps, mais Charles s'entête.

De rares partisans lorrains harcèlent les Bourguignons régulièrement et l'hiver est rigoureux, aussi le moral des troupes bourguignonnes baisse et les désertions se multiplient. Ainsi, Campobasso déserte le 31 décembre avec 180 cavaliers. À Nancy, le 23 décembre, on abat les chevaux et on chasse les chiens, les chats et les rats pour se nourrir. L'eau gèle dans les puits et on enlève le bois des toitures pour pouvoir se chauffer.

René II de son côté, ne reste pas inactif. La Confédération Suisse ne souhaite pas intervenir, mais l'autorise à engager neuf mille mercenaires, ce qu'il fait, financé par Louis XI. Huit mille soldats alsaciens le rejoignent également. Le lieu de regroupement des armées est fixé à Saint-Nicolas. Un détachement bourguignon envoyé en éclaireur le 2 janvier 1477 est surpris et taillé en pièces. Le Comte de Campobasso et ses troupes se rallient au Lorrain le 4 janvier. C'est une armée de dix-neuf à vingt mille hommes qui se rassemble.

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La découverte du corps du Téméraire
Le duc de Bourgogne ne dispose plus que d'à peine trois mille hommes (quatre mille selon Philippe de Commynes, moins de deux mille selon Olivier de La Marche). Une troupe non payée, faite d'hommes découragés, mal équipés et souvent malades. Livrer bataille dans ces conditions est pure folie, entêtement suicidaire. N'importe ! Apprenant l'arrivée prochaine de l'armée de René II, Charles de Bourgogne prend position, avec le peu de troupes qu'il lui reste, sur une éminence à proximité de Jarville. Malgré Morat où, déjà, il avait été attaqué sur son flanc, il néglige la protection de son côté droit, qui est sur la lisière du bois de Saurupt.

Le dimanche 5 janvier, avant l'aube, René II quitte Saint-Nicolas de Port, son armée avance dans la campagne lorraine recouverte de neige. À Laneuveville, des éclaireurs repèrent un guetteur bourguignon et le tuent. Désormais, le Téméraire ne sait rien de l'armée qui arrive. Les capitaines et René II, sur les rapports des éclaireurs décident de contourner l'armée bourguignonne par le bois de Saurupt pour l'attaquer de flanc et, pour donner le change, envoient un petit détachement, commandé par Vautrin Wisse, par la route de Nancy à Saint-Nicolas.

L'effet de surprise est total et le sort de la bataille se joue en quelques minutes. Josse de Lalaing reçoit le premier assaut, est grièvement blessé et est fait prisonnier. Il ne sera libéré que le 4 mai. Jacques Galleotto, blessé, s'échappe avec ses troupes le long de la Meurthe, la traverse au gué à Tomblaine et s'enfuit vers le nord.

Charles le Téméraire tente de se tourner contre l'assaillant, mais l'ensemble de ses maigres troupes se disloque et s'enfuit. Campobasso tient le pont de Bouxières, au nord de Nancy, et massacre les fuyards, se contentant de ne faire prisonnier que les seigneurs importants, dont Olivier de la Marche et Jean Ier baron de Talmayet seigneur d'Heuilley-sur-Saône qui fut emmené en Lombardie. Les défenseurs de la ville font une sortie et pillent le camp bourguignon (Robert VII d'Estouteville, prévôt et vicomte de Paris contribua avec la noblesse de Normandie à la libération de Nancy assiégée par Charles Le Téméraire
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N°1943
Ce n'est que le surlendemain, sur les indications de Baptiste Colonna, un page du duc de Bourgogne qui l'a vu tomber à proximité de l'étang Saint-Jean, que le corps méconnaissable de Charles le Téméraire est retrouvé et identifié ainsi que Jean de Rubempré (nommé par le Téméraire gouverneur général de Lorraine), mort à ses côtés. La tradition rapporte sans grande certitude qu'il est en partie dévoré par les loups. Il est inhumé avec grand soin à la collégiale Saint-Georges. Une croix est posée pour marquer le lieu de la mort du Téméraire, qui correspond à l'actuelle place de la Croix de Bourgogne. De même, devant le numéro 30 de la Grand-Rue à Nancy, une indication 1477 sur les pavés marque l'emplacement où le corps du Téméraire fut déposé avant son inhumation.

Louis XI avait signé en 1475 à Picquigny une trêve avec le roi d'Angleterre Édouard IV. Celui-ci, privé du soutien du duc de Bourgogne, se verra contraint de renoncer définitivement à ses ambitions en France.

Dès l'annonce et la confirmation de la mort de Charles le Téméraire, Louis XI s'empare d'une partie des États bourguignons : duché et comté de Bourgogne, Picardie, Artois et Flandre, au détriment de Marie de Bourgogne, la fille du Téméraire. Celle-ci en appelle à son fiancé, Maximilien de Habsbourg, le fils de l'empereur Frédéric III, et récupérera en 1482 la Flandre, l'Artois, le Charolais et la Franche-Comté. Commencent alors plusieurs siècles de luttes entre les rois de France et les Habsbourg. Le fils de Maximilien de Habsbourg et de Marie de Bourgogne, Philippe le Beau, épousera l'héritière de l'Espagne, et sera le père de Charles Quint. Pendant deux siècles, le royaume de France sera entouré de possessions espagnoles : le long des Pyrénées au sud, la Franche-Comté à l'est et les Pays-Bas espagnols au nord.

Re: PERSONNAGES ET FAITS HISTORIQUES DE FRANCE (philatélie)

Publié : ven. janv. 07, 2011 3:54 am
par saintluc
Rattachement de la Bourgogne
À la mort de Philippe de Rouvres, sans héritier direct, la Bourgogne fait retour au domaine royal. Cependant le roi Jean le Bon l'accorde en apanage à son fils cadet Philippe le Hardi.

Les puissants ducs de Bourgogne de la Maison de Valois vont alors s'émanciper de la tutelle royale. Les ducs Philippe le Hardi, Jean sans Peur, Philippe le Bon et Charles le Téméraire vont étendre leurs possessions, fondant l'État bourguignon en y incorporant le comté de Flandre, le Boulonnais, le Brabant, le Limbourg, le Namurois, le Hainaut, la Hollande, la Zélande et la Frise, la Picardie, le Luxembourg et le Gueldre. Ils deviennent de puissants rivaux des rois de France alliés des Rois de Grande-Bretagne.

L'unité de l'État bourguignon est rompue à la mort de Charles le Téméraire. Le duc de Bourgogne est d'abord vaincu par les Suisses à la Bataille de Grandson le 2 mars 1476, puis à Morat le 22 juin 1476 et finalement, par le duc René II de Lorraine, à la bataille de Nancy le 5 janvier 1477, où il trouve la mort. Le roi de France Louis XI en profite pour reprendre militairement la partie française du vaste État bourguignon.
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N°1944
La duchesse héritière, Marie de Bourgogne, âgée de 20 ans, se marie avec l'empereur germanique Maximilien Ier de Habsbourg. De l'héritage de son père, elle conserve la partie germanique de l'État bourguignon, dont fait partie le comté de Bourgogne (Franche-Comté), et qui passe à ses descendants, les Habsbourg. Pendant 201 ans, de vives querelles et des batailles vont sans cesse être alimentées entre le royaume de France et l'Empire pour la possession de ce territoire.

Le comté de Bourgogne demeure de 1477 à 1678 sous le contrôle des Habsbourg, Maximilien puis son petit-fils Charles Quint, et passe à la branche des Habsbourg d'Espagne, Philippe II et ses successeurs. Les rois de France, de Louis XI à Louis XIV, engagent de nombreuses guerres pour tenter de reconquérir la Franche-Comté.

Par le traité de Nimègue de 1678 qui signe la paix avec Charles II d'Espagne, Louis XIV rattache définitivement au royaume de France le comté de Bourgogne (Franche-Comté). À cette date, Besançon devient la capitale du comté de Bourgogne (à la place de Dole) et est doté d'un parlement de Besançon avec pour premier président Gabriel Boisot.
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N°2015

Re: PERSONNAGES ET FAITS HISTORIQUES DE FRANCE (philatélie)

Publié : ven. janv. 07, 2011 4:07 am
par saintluc
Maubeuge ne fut définitivement rattachée à la France par le traité de Nimègue que le 17 septembre 1678, ratifié par le roi Louis XIV le 3 octobre, et par le roi d’Espagne le 14 novembre. La ville vécut alors une période de calme relatif, Louis XIV ayant chargé Vauban, en 1679, d’en faire une place forte. Pour ce faire, 8 000 ouvriers furent recrutés parmi les paysans de la région ainsi qu'en Italie et travaillèrent pendant huit ans à élever les remparts et les deux portes monumentales d'accès à la ville (portes de Mons et de Paris - cette dernière abattue en 1958). Les cartes de la moitié du XVIIIe siècle (celles de l'Atlas de Trudaine par exemple) nous montrent ainsi Maubeuge comme une ville essentiellement militaire et fortifiée, entourée de quelques cultures et bénéficiant du proche Bois de Beaufort pour son alimentation en bois.
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N°2016
Les armées françaises assiègent la ville en 1656 (Vauban participe sans commander et y sera blessé). Le maréchal de Turenne et La Ferté campent au nord et au sud de la ville, de part et d’autre de l’Escaut, reliés par un pont de fascines. Pour défendre la ville, Condé inonde les environs, séparant ainsi les deux corps de l’armée française. Dans la nuit du 15 au 16 juillet, il attaque à revers La Ferté, qui est mis en déroute. Défendant la cité, Albert de Mérode, marquis de Trélon, se trouve blessé au cours d'une sortie à cheval. Il décède des suites de ses blessures et son corps, inhumé dans l'église Saint-Paul, est retrouvé lors de la campagne archéologique de 1990.

En 1677, les armées de Louis XIV, dirigées cette fois par Vauban, prennent la ville qui devient française en 1678 par le traité de Nimègue. Fortifiée par Vauban, la ville devient par la suite l’une des principales places fortes françaises du Nord.

Re: PERSONNAGES ET FAITS HISTORIQUES DE FRANCE (philatélie)

Publié : ven. janv. 07, 2011 4:13 am
par saintluc
Ladislas Ignace de Bercheny de Szekes, comte de Bercheny, (hongrois Bercsényi László) né le 3 août 1689 à Eperjes, en Hongrie et mort le 9 janvier 1778 à Luzancy, en France, était un militaire hongrois, élevé à la dignité de maréchal de France en 1758.

Il était fils de Nicolas de Berchény, qui servit brillamment son pays contre les Turcs, et de Christine Drugeth d'Homonna. A 19 ans il fut capitaine dans la Compagnie de Nobles, garde assurant la protection rapprochée de François II Rákóczi pendant la guerre d'indépendance contre l'Empire autrichien. Il s'est distingué dans la bataille de Trencsén en sauvant la vie du prince blessé.
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Immigré en France en 1712, agé de 23 ans, Ladislas de Bercheny fit preuve de qualités militaires exceptionnelles et ne tarda pas à gagner la faveur de Louis XV qui lui laissa son grade de capitaine obtenu en Hongrie, le versa dans le corps des cavaliers mousquetaires. Le 31 décembre 1712, il est nommé lieutenant-colonel au régiment de Rattky-Houssards ( et s’y distingue dans le Palatinat).

En 1720, il sollicite de Louis XV l'autorisation de lever un régiment de cavalerie houssards parmi les émigrés hongrois installés à Constantinople. Les hussards de Bercheny sont, depuis la dissolution du régiment de hussards de Rattky, devenus Lynden ensuite, le plus ancien régiment de hussards français encore en activité.

En décembre 1726, il obtient la nationalité française. Il participa au service de la France à toutes les guerres de son époque (guerres de Succession de Pologne et d'Autriche, etc) où ses hussards firent merveille. Il devient brigadier en 1734, puis maréchal de camp en 1738. En 1743, il est inspecteur général des hussards, lieutenant général en 1744 après la reconquête de l’Alsace. Il se distingue l’année suivante en protégeant la retraite du prince de Conti. Il eut sous ses ordres outre ses hussards, jusqu’à 32 escadrons de cavalerie.
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N° 2029
Ses talents militaires, outre sa montée en grade, lui firent obtenir la Croix de Saint-Louis et la distinction suprême de maréchal de France (15 mars 1758). Il fut également ami de Stanislas Leszczinski, le roi de Pologne déchu. Comblé d’honneurs, il demande de ne plus être envoyé en campagne et se retira à Lunéville jusqu’à la mort de Stanislas Leszczinski, et enfin dans son domaine de Luzancy.

Il épousa Catherine Wiet-Girard le 16 mai 1726, jeune fille de la bourgeoisie de Haguenau, après l’avoir mise enceinte ; six de leurs douze enfants survécurent. Ladislas de Bercheny mourut au château de Luzancy le 9 janvier 1778, acheté en 1729 avec la seigneurie, après s'être retiré du service.

Re: PERSONNAGES ET FAITS HISTORIQUES DE FRANCE (philatélie)

Publié : ven. janv. 07, 2011 4:21 am
par saintluc
Jean-Baptiste Donatien de Vimeur, comte de Rochambeau (1er juillet 1725 à Vendôme - 10 mai 1807 à Thoré-la-Rochette), maréchal de France. Il s'illustra à la tête du corps expéditionnaire français lors de la guerre d'indépendance des États-Unis (1775-1782).
Fils de Joseph Charles de Vimeur de Rochambeau et de Marie-Claire Thérèse Bégon, il était à l'origine destiné à l'église et fut élevé au collège des Oratoriens de Vendôme puis par les jésuites à l'université de Blois. Mais, après la mort de son frère plus âgé, il fut présenté en 1742 au régiment de cavalerie, et il servit en Bohême, en Bavière et sur le Rhin.
Il devint aide de camp de Louis-Philippe d'Orléans, et fut bientôt cité dans l'armée pour sa bravoure et son habileté dans les manœuvres.

Nommé colonel en 1747, il se distingua au siège de Maastricht en 1748, et devint le gouverneur de Vendôme en 1749. Après s'être distingué en 1756 lors de l'expédition de Minorque, en particulier lors du siège de Mahón, il fut nommé général de brigade dans l'infanterie et colonel du régiment d'Auvergne (renommé 17e régiment d'infanterie de ligne. En 1758 il combattit en Allemagne, notamment à Krefeld, et reçut plusieurs blessures à la bataille de Clostercamp (1760), pour le succès de laquelle son action fut décisive. Il fut nommé maréchal de camp en 1761 et inspecteur de la cavalerie. Il fut alors fréquemment consulté par les ministres pour des points techniques.

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En 1780 il fut envoyé, avec le rang de lieutenant général, à la tête de 6 000 hommes des troupes françaises pour aider les colons américains dirigés par George Washington contre les troupes britanniques.

Il débarqua à Newport, Rhode Island, le 10 juillet, mais resta inactif pendant une année, à cause de son hésitation à s'éloigner de la flotte française, bloquée par les Britanniques à Narragansett.

Enfin, en juillet 1781, ses troupes purent quitter le Rhode Island et, en marchant à travers le Connecticut, rejoindre Washington dans le Hudson.

Il suivit alors la marche célèbre des forces alliées à victoire de Yorktown, où le 22 septembre, il effectua la jonction avec les troupes de La Fayette, forçant Charles Cornwallis à se rendre le 19 octobre.

Lors de cette campagne, Rochambeau montra un excellent esprit, se plaçant entièrement sous le commandement de Washington et dirigeant ses troupes en tant qu'élément de l'armée américaine. Pour témoigner de sa gratitude, le Congrès le remercia, lui et ses troupes. Lors de son retour en France, il fut honoré par Louis XVI, qui lui décerna le cordon bleu et le fit gouverneur de Picardie et de l'Artois.

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N°2094
En 1789, il adopta les principes nouveaux, mais avec modération. Une loi du 28 décembre 1791 lui conféra le bâton de maréchal, quelques jours après sa nomination comme général en chef de l'armée du Nord. Il en dirigea les premières opérations, mais, contrarié dans ses plans par le ministre de la Guerre, qui était alors le général Dumouriez, il en démissionna le 15 mai 1792, et se retira dans sa ville natale. Arrêté pendant la Terreur, il échappa de peu à la guillotine : il fut libéré après la chute de Maximilien de Robespierre.

Il fut pensionné par Bonaparte, et mourut à Thoré-la-Rochette (Loir-et-Cher) en 1807.