Jean François de Galaup, comte de La Pérouse (23 août 1741-?), né en Albigeois au manoir du Gô à deux lieues d'Albi, est un officier de marine et un explorateur français[1]. L'expédition maritime autour du monde, qu'il commandait, a disparu corps et biens à Vanikoro (îles Salomon) en 1788.
Il a laissé son nom à une localité de la banlieue de Sydney près de l'endroit où il aborda en 1788 (voir La Perouse). Cinq navires de la Marine nationale française ont porté son nom.
Jean-François de Galaup, issu d'une famille albigeoise dont la noblesse remonte à 1558, entre à l'Ecole des Gardes de la Marine à 15 ans, le 19 novembre 1756, ayant ajouté au sien le nom de La Pérouse, celui d'une terre reçue de son père. Il est encouragé par l'un de ses parents, le marquis Clément Taffanel de La Jonquière. Pendant ses études à Brest, il est engagé dès l'âge de 17 ans dans les conflits maritimes de la guerre de Sept Ans avec la Grande-Bretagne au large de l'Amérique du Nord, notamment à Terre-Neuve et sur le Saint-Laurent avec son cousin Clément puis avec le chevalier de Ternay[2], qui deviendra son véritable tuteur, ainsi qu'aux Antilles.[url]
À 15 ans, il entre dans la marine. À 18 ans, il est blessé et fait prisonnier pendant la bataille des Cardinaux, près de Quiberon, entre le maréchal de Conflans et l'amiral Hawke. En septembre 1763, Bidé de Chézac prend avec lui quelques Gardes de la Marine, dont La Pérouse, pour conduire de Lorient à Brest le vaisseau neuf Les Six Corps[3]. Après d'autres activités sur les côtes françaises, il effectue un séjour de cinq ans à l'île de France (aujourd'hui île Maurice)[4], et exécute plusieurs missions dans les îles voisines. La Pérouse est promu au grade d'enseigne le 1er octobre 1764. Il fut initié à la franc-maçonnerie dans la loge de Brest « l'Heureuse rencontre »[5].
Chargé de deux voyages aux Indes comme commandant de la Seine[6]. A l'île de France, il rencontre sa future épouse, Eléonore Broudou, fille d'un armateur nantais, devenu administrateur de la marine.
Buste par François Rude (1828)L'intervalle de quatorze ans de paix, qui s'écoula de 1764 à 1778, le mit à même de se livrer tout entier à la navigation ; il navigua pendant ce temps en Atlantique et dans l'océan Indien, d'abord en qualité de simple officier, ensuite comme commandant de plusieurs bâtiments du roi.
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Rentré en France en 1777, il est nommé lieutenant de vaisseau et obtient la croix de Saint-Louis pour avoir sauvé Mahé des assaillants indiens.
Lors de la reprise des hostilités (en 1778), il reçut le commandement de la frégate l'Amazone, et se distingua dans l'escadre du comte d'Estaing par la prise d'une frégate britannique, nommée l'Ariel.
Il participe ensuite à la guerre d'indépendance des États-Unis et aux combats contre les Britanniques aux Antilles jusqu'au Labrador (expédition de la baie d'Hudson), où il démontre sa valeur maritime et militaire en capturant deux forts britanniques. En 1779, il rentre en franc-maçonnerie[7].
Devenu capitaine de vaisseau, en 1780, il se rendit avec l'Astrée sur les côtes de la Nouvelle-Angleterre ; s'y étant réuni à la frégate l'Hermione, commandée, par Louis-René-Madeleine de Latouche-Tréville, il rencontra près de l'île royale une frégate ennemie et cinq petits bâtiments. La frégate fut prise avec un des cinq bâtiments ; les autres s'échappèrent. La Pérouse se rendit ensuite au cap Français. C'est là qu'on lui apprit qu'il était chargé d'aller attaquer les établissements britanniques de la baie d'Hudson.
Article détaillé : Expédition de la baie d'Hudson.Cette expédition ne fit pas dans le temps une grande sensation, à cause de son peu d'importance ; mais elle développa les talents de la Pérouse, et le fit connaître comme un officier capable de diriger une campagne de découvertes. Il venait de parcourir des parages peu connus, et il avait eu à surmonter, dans un espace très restraint, la plupart des dangers que la navigation peut offrir dans toute l'étendue du globe. Ce furent ces épreuves et cette gloire nouvellement acquise qui lui firent confier la direction de la belle campagne qui a mis fin à sa carrière et qui a illustré son nom.
Nommé capitaine de vaisseau à 39 ans pour sa brillante conduite pendant la guerre, il épouse religieusement Eléonore Broudou en 1783, malgré quelques objections paternelles, et l'installe à Albi[8].
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Après le traité de Paris, il est choisi par le marquis de Castries, ministre de la Marine et par Louis XVI pour diriger une expédition autour du monde visant à compléter les découvertes de James Cook dans l'océan Pacifique.[9] Au Kamtchatka, il reçoit sa Commission de chef d'escadre arrivée de France. Après un long voyage jusqu'en Australie, l'expédition maritime disparut corps et biens à Vanikoro, îles Salomon, en 1788.En 1844, la ville d'Albi, patrie de l'illustre et infortuné navigateur, a élevé une statue de bronze à la Pérouse.
Une expédition partit à sa recherche en septembre 1791. Dirigée par l'amiral d'Entrecasteaux, elle part de Brest le 28 septembre avec deux frégates La Recherche et L'Espérance. Elle atteint l'île des Pins le 16 juin 1792 ; puis le 19 mai 1793, l'expédition découvrit une île nouvelle que d'Entrecasteaux baptisa l'île de La Recherche. Or c'est sur cette île (également appelée Vanikoro) que les survivants de l'expédition La Pérouse (et peut-être Monsieur de La Pérouse lui-même) avaient trouvé refuge. L'expédition poursuivit sa route vers Surabaya sans jamais l'atteindre.
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Cependant, de temps à autre, des bruits avaient rallumé quelques lueurs d'espoir, et une des déclarations qui eurent le plus de retentissement fut celle que fit, en 1793, le Britannique George Bowen, capitaine du navire l'Albemarle, devant les autorités de Morlaix. Cet officier prétendit avoir vu, dans la nuit du 30 décembre 1791, sur la côte de la Nouvelle-Géorgie, des débris de vaisseau, des filets de main-d'œuvre européenne. Les contradictions que présentait cette déclaration ne permirent pas d'en faire la base d'une tentative sérieuse. Toutefois, malgré le peu de succès des recherches faites avec zèle et persévérance pour retrouver les traces de l'infortuné la Pérouse, ses compatriotes n'avaient jamais perdu de vue cet illustre navigateur ; ils avaient au contraire toujours conservé l'espoir de retrouver quelques-uns de ses compagnons de voyage, ou au moins de recueillir quelque indice de nature à fixer leurs idées sur le sort qui leur avait été réservé.[10]
Divers bruits de cette nature se succédèrent presque d'année en année, mais ils parurent trop peu fondés pour mériter de fixer l'attention.
Enfin, vers la fin de 1825, un officier britannique répandit dans le public les particularités suivantes. Il tenait, disait-il, d'un capitaine américain, que celui-ci, après avoir découvert un groupe d'îles bien peuplées et entourées de récifs, avait eu des communications avec les habitants, et avait vu entre leurs mains une croix de Saint-Louis et des médailles telles que la Pérouse en avait sur son expédition. Ces indices pouvaient faire croire que les bâtiments de la Pérouse avaient péri sur ces îles. Il ne manquait à des renseignements aussi bien circonstanciés que de faire connaître le nom et la position du groupe d'îles où avaient été découverts ces témoignagnes irrécusables de la présence des bâtiments de la Pérouse. Quoique l'espoir de le retrouver fût presque évanoui, et que le rapport du capitaine américain manquât de l'objet le plus important, c'est-à-dire de celui qui pouvait aider à diriger les recherches, on ne crut pas devoir négliger un bruit qui avait ranimé l'espérance dans tous les esprits. Les bruits dont nous venons de parler se répandirent vers la fin de 1825.
Dumont d'Urville, alors capitaine de frégate, en fut vivement frappé. Il allait commander en chef une nouvelle entreprise de circumnavigation[11] D'Urville partit de Toulon le 25 avril. On s'était décidé, par le motif exprimé plus haut, à entreprendre une nouvelle campagne de découvertes, qui devait dans sa route passer au milieu des parages où l'on pouvait supposer que devait se trouver le groupe d'îles visité par le capitaine américain. Assurément il n'était guère possible de se flatter de le retrouver d'après des renseignements aussi vagues que ceux qui avaient été donnés sur sa position. Quelques personnes auraient même pu croire que les bruits répandus sur le témoignage de ce capitaine américain étaient dénués de fondement. Nous ne sommes pas même éloignés de croire qu'elles eussent eu raison ; car depuis on n'a plus entendu parler ni du récit du capitaine américain, ni de la croix de St-Louis, ni des médailles qu'il aurait vues entre les mains des habitants du groupe dont il s'agit.
C'est par des renseignements bien plus circonstanciés, obtenus peu de temps après le départ de M. d'Urville, que l'on put enfin concevoir légitimement l'espoir de retrouver les traces de la Pérouse. Quatre mois après, le 15 août, un vaisseau de la compagnie anglaise des Indes orientales, expédié spécialement à la recherche des traces de la Pérouse, mouillait dans la rade de Tonga-Tabou, où il était venu sur des indications moins vagues que les précédentes, et dont il est à propos d'écrire la singulière filiation.
En 1828, Dumont d'Urville reconnut après l'explorateur britannique Peter Dillon, dans l'île de Vanikoro le lieu probable du naufrage et de la mort de Jean-François de La Pérouse. Il retira du corail des ancres, des pierriers ayant appartenu à l'Astrolabe mais toujours pas de trace de la Boussole.
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Il fallut attendre 1826-1827 pour que le capitaine marchand Peter Dillon découvre les restes du naufrage à Vanikoro, Îles Santa Cruz (Îles Salomon), au nord du Vanuatu. Il découvrit la cloche de l'Astrolabe (le deuxième navire commandé par Fleuriot de Langle) et des pierriers de bronze qui avaient été conservés par les habitants. Quant à la Boussole pas la moindre trace. Il apprit sur l'île de Vanikoro « comment deux grands navires s'étaient échoués par une nuit de grande tempête : l'un aurait coulé, l'autre se serait échoué et les survivants auraient pu s'installer sur un point de Vanikoro, nommé Paiou. Cinq ou six mois après, une partie des survivants seraient repartis à bord d'un petit bateau fabriqué avec les débris du grand. L'autre partie resta à Vanikoro, se mêla aux affrontements des indigènes. Le dernier des survivants serait mort peu avant la venue de Peter Dillon. »
Dans les années qui suivirent, deux autres explorateurs français passent par Vanikoro : Legoarant de Tromelin retrouve les ancres et les canons qui sont déposés, depuis 1884, au pied du monument dressé en l'honneur de Lapérouse par la ville d'Albi.
L'Association Salomon a été créée dans le but de lever le mystère sur la fin tragique de l'expédition de La Pérouse. Il y a eu six campagnes de fouilles : 1981, 1986, 1990,1999, 2003 et 2005.
1981
Réalisée par des passionnés, environ trois cents pièces sont sorties des eaux : de la vaisselle, de la monnaie... mais l'issue de cette campagne ne lève pas le voile sur l'identification des deux navires la Boussole et l'Astrolabe.
1986
Cette fouille a permis l'identification des deux épaves. L'Astrolabe s'est échoué sur un rocher non loin de la Boussole qui se serait déchiré sur les récifs de Vanikoro.
1990
Des archéologues essayent de retrouver à terre les traces d'un campement français. Mais sans succès.
1999 et la médiatisation
Cette campagne de fouille est filmée par France 3 pour le magazine Thalassa Le mystère de Vanikoro et diffusé le 12 janvier 2001. Les chantiers de fouilles à terre confiés à Jean-Christophe Galipaud, archéologue de l'IRD ont permis de mettre à jour l'existence d'un camp des survivants à terre sur la rive droite de la rivière Lauwrence. En mer, de nombreux objets sont remontés à la surface.
2003
Le temps fort de cette expédition est la découverte du squelette d'un compagnon de La Pérouse. Quelques mois plus tard grâce au travail de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale au fort de Rosny-sous-Bois, il a été établi un portrait-robot. Il s'agirait d'un scientifique de l'expédition mais son nom reste un mystère. À nouveau l'expédition est filmée pour Thalassa Sur les traces de Lapérouse : portés disparus et diffusée sur France 3, le 11 juin 2004 à 20 h 50.
2005
La découverte d'un sextant portant le nom « Mercier », nom de son fabricant est la confirmation avec bien d'autres éléments que le comte de La Pérouse aurait bien sombré sur le site dit de « La Faille » et n'aurait donc pas survécu au naufrage...
2008
Une autre expédition était prévue cette année entre avril et mai. (30/4) Le planning va connaitre quelques modifications suite à une panne majeure du navire d'acheminement le Jacques Cartier : Actu Vanikoro 2008 Mais l'expédition aura bien lieu cette année entre le 15 septembre et le 15 octobre.
2009
Déterminée par une étude approfondie de Jacques Thomas, reconnue par l'Institut de France, la seule orthographe à respecter dans l'écriture du nom du navigateur est celle de "La Pérouse".
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1.↑ Extrait des Mémoires d'outre-tombe. (François-René de Chateaubriand doit être reçu par le comte Hector), en préalable à son entrée aux gardes de la marine.
Lorsque le comte de Boisteilleul me conduisait chez M. Hector, j'entendais les jeunes et les vieux marins raconter leurs campagnes, et causer des pays qu'ils avaient parcourus : l'un arrivait de l'Inde, l'autre de l'Amérique ; celui-là devait appareiller pour faire le tour du monde, celui-ci allait rejoindre la station de la Méditerranée, visiter les côtes de la Grèce. Mon oncle me montra La Pérouse dans la foule, nouveau Cook dont la mort est le secret des tempêtes. J'écoutais tout, je regardais tout, sans dire une parole ; mais la nuit suivante, plus de sommeil : je la passais à livrer en imagination des combats, ou à découvrir des terres inconnues…
2.↑ Apprenant la mort du chevalier de Ternay, La Pérouse dira qu'il l'aimait comme un père et, en souvenir de leur amitié, il baptisera du nom de baie de Ternay un lieu qu'il avait observé sur la côte de Mandchourie
3.↑ Dinechin, Duhamel du Monceau p94
4.↑ Sous les ordres du chevalier de Ternay
5.↑ Source: Ouest France, cité sur brest.maville.com [archive]
6.↑ Il aura Robert Sutton de Clonard, dans son escorte
7.↑ Franc-maçons célèbres. [archive]
8.↑ Dans une maison achetée rue de l'Ecole Mage. Le gouvernement lui avait abandonné le produit de la vente du Voyage de la Pérouse, publié à Paris en 1797, 4 vol. in-4°, avec atlas et un portrait de la Pérouse, gravé par Tardieu. Cette relation a été rédigé par M. Milet de Mureau d'après les journaux qui avaient été envoyés du Kamtschatka et de Botany-Bay. Il y en a une traduction anglaise.
9.↑ Robert J. King, "William Bolts and the Austrian Origins of the Lapérouse Expedition", Terrae Incognitae, vol.40, 2008, pp.1-28.
10.↑ L'intérêt général ne s'était jamais ralenti à cet égard ; les bruits les plus vagues en apparence étaient saisis avec empressement ; ils venaient ranimer l'espoir que l'on avait conservé de retrouver, de sauver peut-être quelques-uns de leurs malheureux compatriotes, tristes débris d'un naufragé dans quelque île inconnue ou perdue au milieu de l'océan Pacifique ou grand Océan.
11.↑ Il parla avec tant de chaleur des nouveaux indices relatifs au sort de la Pérouse à M. le comte Christophe de Chabrol de Crouzol, alors ministre de la marine, que, dans les instructions qu'il en reçut, il lui fut recommandé, de la manière la plus précise, de s'occuper de la recherche des renseignements relatifs à cet objet. La corvette la Coquille, sur laquelle M. Duperré avait accompli sa circumnavigation, et que d'Urville allait commander, changea de nom et prit celui de l'Astrolabe, en mémoire de la frégate dont la Pérouse était le capitaine.[/url]