Las Vegas, la faillite du rêve américain
Las Vegas est une ville sinistrée par la crise économique. Chômage, expulsions, pauvreté : à quelques pas des machines à sous, les petites mains de l’industrie du divertissement souffrent. Or leur vote pourrait s’avérer décisif dans l’élection présidentielle.
REPORTERS
Par Cyril VANIER / Eve IRVINE
Il n’y a pas si longtemps, Las Vegas était synonyme d’emplois et de prospérité. La ville attirait des travailleurs des quatre coins du pays. Ils trouvaient un job sur les chantiers de construction ou bien dans les restaurants, hôtels et boutiques du centre. Il suffisait de travailler dur pour pouvoir s’acheter une maison, une voiture et faire vivre sa famille.
Mais la récession est passée par là. Touchés au portefeuille, les touristes ont délaissé les machines à sous, envoyant toute l’économie au tapis. En cinq ans, le taux de chômage du Nevada a triplé. Il avoisine aujourd’hui les 12 %, le record national. Las Vegas, la capitale du jeu, est devenue en quelques années la capitale de la crise.
Nous avons voulu en savoir plus sur cette ville et ses habitants, particulièrement courtisés à l’approche de l’élection présidentielle.
Cristina est coiffeuse. Elle passe 12 heures par jour au salon mais comme les clients se font plus rares, son salaire a baissé de moitié. Très vite, c’est l’engrenage : un loyer impayé et la voilà expulsée de chez elle. Il lui faut immédiatement trouver un appartement moins cher. Les Américains appellent ça pudiquement le "downsizing" : adapter son train de vie à des revenus en baisse.
Vivre dans les entrailles de la ville
Teresa, elle, ne paraît pas à plaindre quand elle nous accueille devant un coquet pavillon de banlieue. Mais si son beau-père ne l’hébergeait pas, elle serait probablement à la rue. Sans emploi depuis un an, elle vend son sang deux fois par semaine pour payer sa connexion internet et l’essence de sa voiture.
Teresa et Cristina : deux souffrances, deux destins devenus tristement ordinaires à Las Vegas. Et deux visions de la politique. L’une votera pour Barack Obama en croisant les doigts pour que la reprise économique s’accélère. L’autre a choisi Mitt Romney, car en temps de crise elle préfère voir un homme d’affaires à la tête de l’économie.
Nous retiendrons un troisième visage de notre séjour à Las Vegas, ou plutôt un regard, celui de Cindy. Depuis un an et demi, elle vit dans un tunnel avec son mari Rick. Plus de 500 kilomètres de canalisations souterraines traversent la ville. Elles abriteraient quelques centaines de personnes parmi les plus démunies de Las Vegas.
Avant la récession, Rick et Cindy vivaient de petits boulots. Une vie modeste mais ils avaient un toit au-dessus de leur tête et pouvaient même aller au casino les vendredis soir. Aujourd’hui, il n’y a ni travail ni argent, et ils habitent sous terre.
L’histoire de Las Vegas, c’est l’histoire de toute une ville déclassée par la crise économique.
http://www.france24.com/fr/20121102-rep ... y-france24
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