Grace Patricia Kelly (née le 12 novembre 1929 à Philadelphie, États-Unis et morte le 14 septembre 1982 à Monaco) était une actrice américaine, devenue la Princesse Grace de Monaco par son mariage avec Rainier III en 1956. Elle est la mère de l'actuel souverain de la Principauté, Albert II de Monaco.
Elle commence sa carrière en 1950 en apparaissant dans plusieurs séries télévisées, avant de rencontrer le succès avec Mogambo. Le Crime était presque parfait d'Alfred Hitchcock lance définitivement sa carrière. Le réalisateur, considéré comme « le maître du suspense », la dirige à deux autres reprises dans Fenêtre sur cour et La Main au collet. Elle remporte l'Oscar de la meilleure actrice pour Une fille de la province en 1955.
Elle est entrée dans l’histoire du cinéma comme l’une de ses plus grandes actrices. En 1999, l’American Film Institute l’a ainsi distinguée comme la treizième plus grande actrice de tous les temps dans le classement AFI’s 100 Years… 100 Stars.
En 1956, à 27 ans, elle met fin à sa carrière d’actrice pour épouser le prince Rainier III de Monaco auquel elle donne trois enfants : Caroline, Albert et Stéphanie. Durant son règne comme princesse de la principauté de Monaco, elle eut un engagement important pour des causes humanitaires. Elle fut présidente de la Croix-Rouge monégasque jusqu'à sa mort dans un accident de voiture le 14 septembre 1982 sur la route de la Turbie, qui avait servi de décor au film La Main au collet.
Grace Kelly naît le 12 novembre 1929 à Philadelphie en Pennsylvanie, aux États-Unis.
Elle est issue d'une famille irlandaise et catholique. Son père, John B. Kelly, Sr., a construit la fortune familiale ; aussi grand sportif qu'entrepreneur, il a remporté deux médailles d'or olympiques en 1920 à Anvers ainsi qu'une en 1924 à Paris en aviron, sur le continent européen. Sa mère était d'origine prussienne.
Le frère de Grace, John junior, « Kell », a été médaillé de bronze olympique en aviron en 1956.
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Éduquée au couvent des dames de l'Assomption de Philadelphie, elle souhaite devenir comédienne à 17 ans, malgré l'opposition de sa famille. Elle pose pour Coca-Cola et Colgate afin de payer ses cours d'art dramatique à New York. Grace Kelly devient mannequin de mode et apparaît dans son premier film, 14 heures, en 1951, à 22 ans. L'année suivante, elle obtient le premier rôle dans Le train sifflera trois fois, un western avec Gary Cooper.
En 1950, sa carrière prend une nouvelle direction. Elle est repérée par Edith Van Cleve qui admire chez elle son élégance et qui devient son imprésario. Grace Kelly découvre alors la télévision.
« Après The Father, un rôle en appelant un autre, je me vis ouvrir miraculeusement les portes de la télévision. La télévision, c'était alors le rêve de tout acteur qui débutait. La façon la plus rapide et la plus directe de se faire connaître, non seulement du public, mais aussi des metteurs en scène et des producteurs. C'était, rappelez-vous, l'époque du direct. Quelque chose de terrible et de fascinant. Et, pour les comédiens sans expérience, la manière la plus sûre d'apprendre le métier. Moi, comme vous le pensez, j'étais ravie de mettre un pied à l'intérieur de ce cercle fermé... Les grands studios me semblaient inaccessibles. La télévision était la solution idéale... Le cinéma connaissait une mauvaise passe ; les studios étaient terrifiés par l'essor fantastique que prenait la télévision en Amérique. Certains grands patrons croyaient à une mort prochaine du cinéma. Quoique moins pessimiste, je n'en faisais pas grand cas... La télévision occupait la plupart de mon temps. »
Life parle d'elle comme « TV leading leadies » (« Les reines de la télévision »). D'une participation à des adaptations de Berkeley Square à The Rich Boy de F. Scott Fitzgerald ; du rôle d'une provocante chanteuse de music-hall dans Lights out à celui de l'épouse de Jean-Pierre Aumont dans The Way of an Eagle ; Grace Kelly travaille sans repos. Life raconte qu'en treize jours elle se montre capable de jouer, en direct, le mardi une jeune étudiante, le dimanche une riche héritière et le dimanche suivant une enseignante.
Elle est remarquée par la Twentieth Century Fox qui lui prie, un jour, de venir immédiatement rencontrer le metteur en scène Gregory Ratoff. Elle raconte au Saturday Evening Post :
« Gregory Ratoff allait tourner un film intitulé Taxi. Je portais une vieille jupe, un vieux chemisier, je n'étais pas maquillée et j'étais mal coiffée. En arrivant à l'agence, il y avait là toutes les autres actrices convoquées, impeccables, superbes, avec de hauts talons. En comparaison, j'étais abominable et cela ne réjouissait guère mon agent. Mais quand M. Ratoff m'a vue, il m'a dit que j'étais parfaite. »
Elle fait des répétitions et passe un essai pour le rôle mais ne l'obtient pas. Il sera néanmoins visionné par John Ford et Alfred Hitchcock, et offert par la Fox le jour de son mariage.
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Elle décroche bientôt un petit rôle dans un mélodrame de Henry Hathaway : 14 Heures. Le scénario met en scène un homme, qui, sur la corniche d'un immeuble, au quatorzième étage, s'apprête à se jeter dans le vide. Grace Kelly y joue une jeune femme sur le point de divorcer qui, de la fenêtre du bureau de son avocat, assiste au drame. Le film obtient un succès relatif et la critique ne remarque pas l'interprétation de la jeune femme
À Cannes, Gaston Bonheur, chef de la rédaction de l'hebdomadaire Paris Match souhaite la faire rencontrer au prince Rainier de Monaco. Le reportage est confié au journaliste Pierre Galante qui, aidé de son épouse Olivia de Havilland, convainc Kelly d'accepter[58].
Le vendredi 6 mai 1955 a lieu la rencontre. La journée commence pourtant mal. La conférence de presse pour Une fille de la province est plus longue que prévu[59]. Ayant pris du retard, elle envisage de ne pas aller au rendez-vous. L'un de ses amis, l'acteur Jean-Pierre Aumont, lui explique que : « la visite au prince était plus importante, que c'était un grand honneur et que, si elle n'y allait pas, cela risquait de nuire aux bonnes relations entre les États-Unis et la Principauté de Monaco. » Elle accepte finalement.
Arrivée au palais, on l'informe que le prince est en retard. Lorsque qu'il apparaît, elle esquisse une révérence sous les flashes des deux photographes.
« J'ai rencontré le prince et nous nous sommes promenés lentement à travers le palais et dans les jardins. Il faisait très beau. Je regrettais toutefois d'avoir mis la robe que j'avais ce jour-là. C'était une robe imprimée, à fleurs, qui ne convenait pas à la photo. »
Rainier évoque plus tard ses impressions du moment :
« Il était difficile de ne pas s'apercevoir que Miss Kelly était très jolie. Mais je pense que ce sont d'autres qualités qui m'ont séduit. J'ai été frappé par la maturité et la fraîcheur, la culture et la sensibilité de cette jeune star. Il n'y avait en elle aucune frivolité... »
Dans la voiture qui ramène toute l'équipe vers Cannes, elle est étonnamment silencieuse. De Rainier, elle se contente de dire : « Il est charmant. »
Elle rentre ensuite à Hollywood pour le tournage de son prochain film Le Cygne.
Depuis leur rencontre, le prince ne cesse de penser à elle et se confie au père Tucker, son chapelain. Ce dernier évoque plus tard à The Saturday Evening Post toute l'affaire :
« Le soir même de la rencontre, le prince me téléphona au presbytère.
— Ça y est, j'ai rencontré quelqu'un. Je crois que c'est la personne qui convient.
— Qui est-ce, Monseigneur ?
— Cela va vous étonner mon père. C'est Grace Kelly !
— Monseigneur, je ne l'ai jamais rencontrée, mais j'ai entendu parler d'elle et de sa famille de Philadelphie et je crois que c'est exactement le genre de femme qui vous conviendrait comme épouse. »
L'ecclésiastique écrit à la jeune actrice et organise un voyage aux États-Unis avec le prince. Lors d'une interview, un journaliste interroge Rainier sur la femme idéale. Il répond : « Je la vois blonde, gracieuse et féminine, avec de longs cheveux flottant au vent, avec des yeux bleus dans lesquels passent des éclats d'or. »
C'est à New York, au cours d'une réception privée pour le nouvel an, que Rainier fait sa demande en mariage. Les Kelly se montrent réticents. « Les parents semblaient inquiets. Cette prudence avait pour simple cause un véritable amour filial et un attachement plus fort que tout à leurs principes. Ils me demandèrent ma parole pour attester que Rainier serait un bon mari. Plus que tout, le bonheur de Grace les intéressait » raconte le père Tucker.
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Grace Kelly déclara plus tard :
« Tout de suite, le prince a plu au clan Kelly. Mon père et lui, c'était la même poignée de main. Ils avaient le même goût du sport. Depuis quatre ans, le prince se battait pour que son petit royaume devienne autre chose qu'un casino. Nous nous battions chacun de notre côté et c'est ce qui nous a rapprochés. »
Le 5 janvier 1956, les fiançailles sont annoncées au monde entier. The Philadelphia Princess demande à Grace Kelly quel genre de famille elle voudrait bâtir : « Je peux vous dire qu'ils auront beaucoup d'enfants. »
La nouvelle fait sensation à Hollywood. Son éventuel abandon du cinéma fait les gros titres des journaux. Bing Crosby déclare : « Elle va beaucoup manquer au cinéma. » Quant à Hitchcock, il fait la réflexion : « Epouser un prince va dans le sens de la réussite de Grace. Elle a fait ça avec l'aisance d'une trapéziste. Mais je ne sais pas si la plate-forme où elle a atterri ne sera pas trop étroite pour elle. »
Le 31 mars 1981, avec vingt jours d'avance, le prince et la princesse fêtent à Monaco leurs vingt-cinq ans de mariage. L'année suivante, elle commence à se sentir fatiguée. Certains disent qu'un « ressort s'est cassé en elle ». Elle multiplie les rhumes et prend un peu de poids.
Sa vie quotidienne l'ennuie d'autant que ses relations avec Rainier se dégradent. Selon le neveu du prince, Christian de Massy : « Mon oncle perdait souvent patience avec Grace, trop souvent en public... Elle ne le contredisait jamais, ne lui faisait jamais de remarque sur son ton. Grace se sentait toujours profondément blessée après de telles démonstrations... mais son silence courageux ne semblait qu'exacerber et prolonger le malaise de ces moments. »
La princesse confie à une amie américaine : « Vous savez, j'ai fini par devenir très triste, dans ce mariage. Il ne s'intéresse pas du tout à moi. Il s'en fiche complètement. » Selon son amie Gwen Robyns, elle souffre surtout de voir son époux consacrer l'essentiel de son temps à sa principauté et à ses affaires. « Elle marchait à l'adulation. C'était son carburant. Elle s'y était habituée à Hollywood, et elle la recevait toujours du monde extérieur. En termes de vie publique, elle était plus adorée et admirée qu'elle ne l'avait jamais été. Mais c'était précisément ce qui l'affligeait. Elle n'obtenait pas cette adulation au seul endroit qui comptait pour elle, dans son foyer. »
De plus, la princesse passe difficilement le cap de la cinquantaine.
« Je ne supporte pas l'idée de vieillir. J'ai ressenti cet anniversaire comme une grande secousse. C'est le genre de réalité que l'on reçoit en pleine figure, comme un coup de poing... Pour une femme, l'arrivée de la cinquantaine est une véritable torture..."
N°2305 (2001)
Le lundi 13 septembre 1982, la princesse Grace en compagnie du prince Rainier et de leur fille Stéphanie viennent de passer dans leur ranch de Roc-Agel plusieurs journées de repos. Le prince est rentré à Monaco en tout début de matinée. La princesse Grace et sa fille doivent regagner Paris le soir même. Vers 9h15, elles partent en direction du palais sans chauffeur, car la princesse doit étaler plusieurs robes sur la banquette arrière de sa voiture, une Rover 3500 de six cylindres. Elle conduit assez peu mais contrairement à certaines rumeurs, elle ne déteste pas conduire.
Bien que les circonstances de son accident soient encore entourées d'un certain mystère et de controverse, il semble que la princesse ait soit perdu le contrôle de son véhicule suite à une manoeuvre d'évitement, soit ait été victime d'un malaise voire d'une attaque cérébrale, cette dernière ayant été constatée par les médecins à l'hôpital sans qu'il soit possible de savoir avec certitude si elle était une conséquence de l'accident ou l'avait précédé. Quelques minutes avant l'accident, la voiture cède le passage à deux gendarmes dans le centre du village de La Turbie. La Rover commence alors à zigzaguer et dans le dernier virage, qui n'autorise pas une vitesse supérieure à 20 km/heure, la voiture ne ralentit pas, ne prend pas le virage, s'engouffre entre deux parapets, effectue une série de tonneaux, heurte des arbres et s'écrase contre un pilier en ciment dans le jardin d'un village en quelques secondes à peine.
La voiture prend feu. Un horticulteur, qui se trouve là par hasard, se précipite à l'intérieur de son camion, saisit son extincteur et éteint les flammes. « J'ai d'abord cru qu'un avion s'était écrasé dans mon jardin. À cause du bruit. J'ai pensé à un Canadair. La voiture était couchée sur le côté, l'essence coulait à flots, les flammes léchaient déjà le capot. Je me suis saisi d'un extincteur et j'ai éteint le feu. Dans l'auto, une dame et une jeune fille hurlaient. Un voisin m'a aidé à sortir de la carcasse de l'auto une jeune fille aux cheveux tressés. Ce n'était pas facile, et il nous a fallu utiliser un madrier pour écarter les tôles. »
N°2365 (2002)
Les témoignages sont cependant flous voire contradictoires. L'horticulteur décrit la scène : « Stéphanie était bouleversée et se préoccupait de sa mère, coincée entre les tôles broyées à l'arrière du véhicule. Je n'ai rien pu faire pour elle. Seulement appeler les pompiers qui, eux, ont lutté de longues minutes avant de la délivrer. » Il déclare également : « C'est la jeune fille qui conduisait. Elle me l'a dit elle-même. » Interrogé une seconde fois, il se rétracte, affirmant alors que « la jeune fille du couple princier était tellement choquée et pleurait tant qu'il lui était impossible de se souvenir avec exactitude de ses propos. »
Les gendarmes arrivent environ quinze minutes après l'accident, suivis des pompiers et de deux ambulances monégasques. La princesse Stéphanie est prise en charge la première, tandis que sa mère est extraite avec difficulté par la lunette arrière de la Rover. Une heure exactement après l'accident, l'ambulance qui transporte la princesse Grace franchit les portes de l'hôpital de Monaco qui porte son nom.
A son arrivée, elle n'est pas dans un coma profond mais léger et qui s'aggrave. Le professeur Chatelin effectue les opérations chirurgicales et soins obligatoires : principalement la réduction de la fracture du fémur de la jambe droite et surtout la résorption d'un pneumothorax droit, le poumon s'étant rétracté. Un examen du cerveau au scanner est jugé indispensable, mais il n'y en a pas à l'hôpital de Monaco. La princesse est alors transportée dans le centre médical le plus proche possédant un scanner. L'examen révèle deux lésions distinctes dans le cerveau : la première vient d'une hémorragie spontanée ; la seconde d'une fracture de l'os frontal.
Dans la nuit du lundi au mardi, la princesse n'a plus du tout de réactions aux stimulations douloureuses[146]. Elle meurt la nuit même, durant les premières heures du 14 septembre 1982.