Samuel de Champlain est né à Brouage, dans l'ancienne province de Saintonge en France (aujourd'hui Charente-Maritime), entre 1567 et 1580 et mort à Québec (Nouvelle-France, dite Canada) le 25 décembre 1635. Il fut tout à la fois un navigateur, cartographe, soldat, explorateur, géographe, commandant et chroniqueur français.
Après une formation de navigateur en Saintonge (vers 1586-1594), il se fait soldat en Bretagne (1595-1598), puis explorateur des colonies espagnoles d'Amérique (1599-1601), du fleuve Saint-Laurent (1603) ainsi que de l'Acadie (1604-1607) et de la côte atlantique (entre l'actuel Nouveau-Brunswick et Cap Cod). Il est surtout connu pour avoir ensuite fondé la ville de Québec, le 3 juillet 1608. À cette fin, il bénéficie du soutien du roi Henri IV de France, de Pierre Dugua de Mons, de François Gravé, et du chef montagnais Anadabijou .
À Québec, Champlain agit en tant que subalterne : il est « lieutenant du vice-roi de la Nouvelle-France » resté en France, puis à partir de 1629 « commandant en la Nouvelle-France en l’absence » du cardinal de Richelieu. Administrateur local de la ville de Québec jusqu'à sa mort, il ne reçoit jamais le titre officiel de gouverneur de la Nouvelle-France, même s'il en exerce les fonctions. Son acharnement à vouloir implanter une colonie française en Amérique du Nord lui vaut, depuis le milieu du XIXe siècle, le surnom de « Père de la Nouvelle-France ».
Les difficultés rencontrées dans cette entreprise sont nombreuses, et ce n'est qu'à partir des étés 1634 et 1635, dans les 18 derniers mois de sa vie, que Champlain voit son rêve de colonisation se concrétiser, avec l'arrivée et l'établissement de quelques dizaines de familles de colons[
Portrait factice de Champlain, par Théophile Hamel (1870), d'après une gravure de Moncornet représentant Michel Particelli d'Émery.Samuel de Champlain est né à Brouage, en Saintonge, mais il n'existe pas de consensus sur sa date de naissance. Les publications la situent généralement en 1567, mais les preuves formelles manquent, car les registres de Brouage pour la période antérieure à 1690 furent perdus dans un incendie. L'estimation « 1567 » semble provenir de l'abbé Pierre Damien Rainguet dans son ouvrage publié en 1851. L'abbé Laverdière, dans l'introduction de son édition des Œuvres de Champlain, en 1870, dit accepter ce dire de Rainguet, et il tente de démontrer que la date est plausible. Certaines sources présentent des variations importantes de cette estimation de l'année de naissance : ainsi, le professeur Marcel Trudel la situe d'abord en 1567, puis vers 1570, ajoutant ensuite « ou plus tard, vers 1580 ».
Brouage, anciennement Jacopolis, est fondée en 1555 et fortifiée en 1571 par le roi catholique de France (donc, ville catholique au milieu d'une région protestante). Elle a été prise par les protestants à quelques occasions, comme en 1570 et 1585. Champlain a pu naître durant un de ces sièges, ce qui expliquerait son prénom à connotation protestante (Samuel).
Samuel Champlain est, selon son contrat de mariage (fin 1610), le fils de défunt « Anthoine de Champlain, capitaine de la Marine, et de Marguerite Le Roy ».
Son enfance est peu connue, mais il en tire une bonne formation de navigateur et de cartographe, ainsi que de dessinateur et de rédacteur de textes. Il écrit plus tard de nombreux ouvrages : des chroniques de la Nouvelle-France (« Voyages » : œuvres publiées en 1603, 1613, 1619, 1632) et un Traité de la marine et du devoir d'un bon marinier (1632). Un seul ouvrage (écrit peu avant 1603), le Brief discours des choses plus remarquables que Samuel Champlain de Brouage a reconnues aux Indes Occidentales, qu'il ne publie pas et qui lui est imputé, éclaire la période de sa vie comprise entre 1595 et 1601.
L'Abitation de Québec - Départ pour l'Ouest N°99 - N°102 (1908)Samuel Champlain s'engage dans l'armée du roi, sous la direction des maréchaux d'Aumont, de St Luc, puis de Brissac, à Blavet, en Bretagne. Cette armée levée par Henri IV vise à soumettre le duc de Mercœur, gouverneur de Bretagne, qui offre refuge à un corps expéditionnaire espagnol et aux dernières troupes rebelles de la ligue catholique, durant la huitième guerre de religion (1585–1598).
Samuel Champlain sert dans ce corps d'armée pendant trois ans, jusqu'à la Paix de Vervins (1598). Il s'y taille une bonne réputation auprès de ses supérieurs hiérarchiques. D'abord fourrier, « aide » de Jean Hardy (qui est le maréchal des logis), puis « enseigne » du sieur de Millaubourg, il finit par obtenir le grade de maréchal des logis. Il reçoit du roi dès 1603 une rente viagère, qui en 1618 est augmentée à 600 livres par an
D'après le « Brief discours », Champlain s'embarque en 1599 pour l'Espagne. Il est chargé de la sécurité du Saint-Julien, un navire de son oncle maternel par alliance, Guillaume Allène, dit « le capitaine provençal ». Il se joint à cette expédition de deux ans pour les « Indes occidentales » : aux Antilles et dans le Golfe du Mexique. Informé ou conseillé par des Espagnols, Champlain se serait rendu en exploration jusqu'à Mexico, et jusqu'à ce qui est aujourd'hui le Panamá, dont il aurait reconnu lui-même, à son tour, l'étroitesse de l'isthme et la pertinence d'y construire un jour un canal offrant un passage à l'autre océan.
N°227 (1935)Son premier voyage vers l'Amérique du Nord commence en 1603, où il sert en tant que navigateur, explorateur et cartographe, assistant de François Gravé, (dit Sieur du Pont ou Pont-Gravé, Gravé-Dupont, le Pont), marchand et navigateur, chef d'une expédition de traite des fourrures au Canada, sous mandat d'Aymar de Chaste, gouverneur de Dieppe et alors titulaire du monopole commercial de la Nouvelle-France. François Gravé est un explorateur expérimenté de ces régions, et chaque été depuis peut-être 20 ans, il remonte le fleuve Saint-Laurent en barque jusqu'aux Trois-Rivières. Recommandé par De Chaste auprès de François Gravé, et désireux de se faire valoir auprès d'Henri IV, Champlain promet au roi de lui faire un rapport détaillé de cette expédition.
Le 15 mars 1603, Champlain quitte Honfleur (en Normandie), à bord de La Bonne Renommée. Deux autres navires font partie de l'expédition, dont La Françoise. Le 24 mai 1603, la flotte s'ancre à Tadoussac. Le 27 mai, Champlain et François Gravé traversent en barque l'embouchure du Saguenay, et descendent à la Pointe aux Alouettes. Ils rendent ainsi visite au chef montagnais Anadabijou, qui campe aux environs. Ce dernier les accueille alors qu'il est en plein festin, au milieu d'une centaine de guerriers. Un conseil se réunit, et l'un des leurs, qui revient de France, parle amplement du pays qu'il a visité, et raconte l'entrevue qu'il a eue avec Henri IV. Il explique ainsi que le roi des Français leur veut du bien et désire peupler leur terre.
Champlain et François Gravé participent au rituel du calumet de paix, et aspirent de grandes bouffées de fumée de tabac. Cette première entente marque toute la politique indienne française du siècle suivant, et notamment la participation des Français aux guerres contre les Iroquois, alors ennemis des Montagnais et des autres nations fréquentant le fleuve. Cette rencontre terminée, les Français quittent les lieux le 18 juin 1603, vers l'amont.
L'expédition à laquelle participe Champlain suit les traces de Jacques Cartier. Ils souhaitent rejoindre le lieu que Champlain désigne comme le « Grand Sault saint Louis », que Jacques Cartier appelait Ochelaga et qu'il n'avait pas réussi à franchir (le 2 octobre 1535). Champlain décrit des courants puissants qui rendent difficile la navigation de leurs canots, et les oblige à terminer leur parcours par voie de terre. Trop pressé d'atteindre ce « grand sault », qu'il espère franchir, Champlain remarque à peine les deux endroits stratégiques où plus tard il établira des postes de traite et de colonisation : Québec et Trois-Rivières.
Champlain n'a pas d'autre assignation officielle pour ce voyage que d'esquisser avec une grande précision une carte de « la Grande Rivière de Canadas », de son embouchure jusqu'au « Grand Sault Saint-Louis ». À son retour en France le 20 septembre, il fait son rapport au roi et publie un compte-rendu de l'expédition, intitulé Des sauvages... (relation de son séjour dans un campement estival de Montagnais à Tadoussac, puis de son parcours sur les traces de Jacques Cartier), avec dessins et cartes.
N°379 (1958)À nouveau chargé par Henri IV de lui faire rapport de ses découvertes, Champlain participe à une autre expédition (sans femme ni enfant) en Nouvelle-France au printemps 1604, menée celle-là par Pierre Dugua de Mons et toujours pilotée par François Gravé sieur Dupont. Appareillant du Havre-de-Grâce, l'expédition compte deux navires, la Bonne Renommée et le Don de Dieu. Champlain contribue à l'instauration de l'habitation de l'Île Sainte-Croix, le premier établissement français du Nouveau Monde. Ensuite, le groupe déménage le tout à Port-Royal. Puis Champlain s'active ensuite au jardinage. L'année suivante aussi, mais avec un connaisseur nouveau venu, l'épicier et apothicaire parisien Louis Hébert.
Et, durant toutes ces années, Champlain explore et cartographie le littoral de l'Atlantique, de l'Île du Cap-Breton jusqu'au sud du « Cap Blanc » (Cap Cod, dans le Massachusetts), à la recherche des endroits les plus faciles à défendre et les plus propices à y établir une colonie. Puis en 1606 il fonde à Port-Royal l'Ordre de Bon Temps, pour que tous y passent « fort joyeusement » l'hiver. Au mois de mai 1607, la nouvelle arrive que les privilèges de commerce de Pierre Dugua de Mons sont révoqués. Port-Royal est alors livré à la surveillance de leur ami le chef Membertou et toute l'expédition retourne en France.
Le MERCURE FRANÇOIS de 1608 rapporte ainsi l'installation des premiers Français en Nouvelle-France
Scène de l'Ordre de Bon Temps, Acadie (1606), par Charles William Jefferys en 1925.Champlain ne reste pas très longtemps en France. Le 18 avril 1608, il repart pour la Nouvelle-France à bord du Don de Dieu, comme lieutenant de Pierre Dugua de Mons, qui reste en France. Ses hommes (il n'y a encore aucune femme) reçoivent pour mission de préparer l'établissement d'une colonie permanente en un lieu favorable le long de la Grande Rivière de Canada (aujourd'hui, « le fleuve Saint-Laurent »).
Champlain accoste le 3 juin à Tadoussac et, avec ses ouvriers, gagne en barque la « pointe de Québec » le 3 juillet, au pied du « cap Diamant », où ils érigent trois bâtiments principaux d'une hauteur de deux étages, entourés d'un fossé de 4,6 mètres de large et d'une palissade de pieux. Cette installation devient dès lors l'embryon de la première colonie française à se développer sur les bords du Saint-Laurent.
Le premier hiver est difficile pour les 25 hommes restés sur place. La plupart décèdent du scorbut ou de dysenterie, et seuls huit hommes survivent, outre Champlain. Dès le printemps, celui-ci prend soin d'établir de bonnes relations avec les Amérindiens des environs. Comme à Tadoussac, six ans auparavant, il renoue des alliances avec les Montagnais et les Algonquins, qui vivent au nord du Saint-Laurent, acquiesçant à leur demande persistante de les aider dans leur guerre contre leurs ennemis les Iroquois, semi-nomades eux aussi, vivant au sud-ouest du fleuve
L'arrivée de Champlain à Québec selon George Agnew Reid, 1909.Champlain part avec neuf soldats français et 300 amérindiens pour explorer la rivière des Iroquois (aujourd'hui le Richelieu), et découvre le lac qu'il baptise de son propre nom (le lac Champlain, se prolongeant dans l'actuel État du Vermont). N'ayant fait, jusque là, aucune rencontre avec les Iroquois, la plus grande partie de la troupe rebrousse chemin, le laissant avec seulement deux Français et une soixantaine d'Amérindiens.
Le 19 juillet, à l'emplacement du futur fort Carillon, un peu au sud de Crown Point (État de New York), Champlain et son équipe rencontrent un groupe d'Iroquois. Le lendemain, deux cents Iroquois avancent sur leur position. Un guide indigène désigne les trois chefs iroquois : aussitôt Champlain tue deux d'entre eux d'un seul coup d'arquebuse, qui provoque aussi la fuite rapide de l'ensemble des Iroquois. Cet évènement entame une longue période de relations hostiles de la confédération des cinq nations iroquoises à l'encontre des colons français.
Champlain regagne la France, pour faire son rapport au sieur de Mons, et tenter avec lui de faire renouveler leur monopole sur le commerce des fourrures. Trop de marchands s'y opposent. Les négociations échouent, mais Champlain et de Mons parviennent à convaincre quelques marchands de Rouen de former avec eux une société. L'objectif est de convertir une partie de l'habitation de Québec en un entrepôt à leur usage exclusif, en vertu de quoi ces marchands promettent de soutenir la colonie.
Le 8 avril 1610, Champlain retourne à Québec, où ses alliés amérindiens lui demandent assistance dans un autre épisode de la guerre contre les Iroquois. Durant la bataille qui s'ensuit, à l'embouchure de la rivière aux Iroquois (aujourd'hui le Richelieu), Champlain reçoit une flèche qui lui perce le lobe de l'oreille et le blesse au cou. À nouveau victorieux, il regagne Québec pour constater que la traite des fourrures fut désastreuse pour les marchands qui le soutiennent, et pour apprendre la nouvelle de l'assassinat d'Henri IV.
Il rentre en France, laissant 16 hommes à Québec. Au cours de son séjour à Paris, il épouse une jeune fille de 12 ans, nommée Hélène Boullé, en décembre 1610, mariage qui lui rapportera une dot de 45 000 livres. Il organise également un nouveau voyage vers le Canada pour l'été 1611.
N°910 (1982)Durant son séjour en France, Samuel Champlain épouse Hélène Boullé, une jeune fille de douze ans, dont le père est huissier à la cour, et pour tout dire : « secrétaire de la chambre du roi ». À cause du bas âge de « l'épousée », le contrat de mariage stipule que la cohabitation des époux est remise à deux ans plus tard, mais Champlain touche dès la signature 4 500 des 6 000 livres de dot, une somme qui lui assure une sécurité financière sans ruiner sa belle-famille. Les fiançailles ont lieu le 29 décembre 1610 à Saint-Germain-l'Auxerrois à Paris. Née calviniste, Hélène Boullé se fait catholique dans les 2 ans.
En 1620, Hélène Boullé accompagne Champlain à Québec. Elle s'y ennuie, malgré la présence de son frère Eustache Boullé, qui vit à Québec depuis 1618, au service de Champlain. En 1624, elle rentre à jamais en France.
En 1633, Champlain quitte à nouveau la France, sans elle. C'est définitif : il reste à Québec, où il meurt à la Noël 1635, sans postérité. Elle n'hérite pas de lui, sans cesser pour autant de vivre à l'aise à Paris.
Dix ans plus tard, Hélène Boullé entre au couvent des Ursulines de Paris, prenant le voile sous le nom d'Hélène de Saint-Augustin. Elle donne tous ses biens à la communauté, pour bâtir un nouveau couvent à Meaux, où elle s'installe avec quatre religieuses. Elle y demeure pendant six ans, avant d'y mourir le 20 décembre 1654, à l'âge de cinquante-six ans
L’un des mandats que Samuel de Champlain s'est fixé est celui de trouver, sur l'île du Mont Royal, soit du côté de la rivière des Prairies soit près du Sault Saint-Louis, le site le plus propice à l'établissement d’une future colonie. En l'honneur de sa jeune épouse, il nomme « île Sainte-Hélène » une grande île qui se trouve au pied du « Grand Sault Saint-Louis », qui est encore le nom de cette île sur lequel s'appuie depuis le XXe siècle le pont Jacques-Cartier.
Il visite divers lieux du côté nord de l'île, le long de la rivière des Prairies, puis décide de traverser l’île, large de quelque 8 lieues (26 kilomètres), pour aboutir à l'embouchure d'une petite rivière , se déversant au pied du Sault Saint-Louis :
« Ce mesme jour je partis de Quebecq, et arrivay audit grand saut le vingthuitiesme de May, où je ne trouvay aucun des sauvages ….après avoir visité d'un costé et d'autre, tant dans les bois que le long du rivage, pour trouver un lieu propre pour la scituation d'une habitation, et y preparer une place pour bastir, je fis quelques huit lieues par terre cottoyant le grand saut par des bois qui sont assez clairs, et fus jusques à une lac où nostre sauvage me mena; où je consideray fort particulierement le pays »… (OEUVRE DE CHAMPLAIN - p. 838, abbé C.-H. Laverdière, M. A.)
« Mais en tout ce que je veis, ne ne trouvay point de lieu plus propre qu’un petit endroit, qui est jusques où les barques et chaloupes peuvent monter aisément,…. avons nommé la Place royale, à une lieuë du Mont Royal. »… (OEUVRE DE CHAMPLAIN - p. 838-839, abbé C.-H. Laverdière, M. A.)
Port-Royal, 1605 N°2115 (2005)Champlain retourne au poste de Québec le 21 mai 1611. Durant l'été, il se rend à Montréal, au pied du Grand Sault (dans le secteur de l'actuelle Place-Royale), où il fait défricher un peu la terre et construire un muret pour voir s'il résistera aux hivers et aux crues printanières. Puis, afin d'augmenter son prestige auprès des indigènes, il accepte de descendre avec eux en canot d'écorce le Sault Saint-Louis : un exploit réalisé avant lui par un seul autre Européen.
Cet automne-là, il retourne une fois de plus en France pour assurer l'avenir de son projet. Ayant perdu le soutien des marchands, il écrit des rapports et dessine une carte (laquelle est la plus ancienne qui existe encore aujourd'hui) et demande au nouveau roi, Louis XIII, d'intervenir. Le 8 octobre 1612, Louis XIII nomme Charles de Bourbon, Comte de Soissons (futur Prince de Condé) lieutenant-général en Nouvelle-France. Champlain reçoit le titre de lieutenant, avec le pouvoir d'exercer le commandement au nom du lieutenant-général, pour nommer capitaines et lieutenants, de mandater des officiers pour l'administration de la justice et la maintenance de l'autorité policière, des règlements et ordonnances, de faire des traités, d'effectuer des guerres avec les indigènes et de retenir les marchands qui ne font pas partie de la société. Ses fonctions incluent la tâche de trouver la voie la plus courte vers la Chine et les Indes, et les moyens de découvrir et d'exploiter des mines de métaux précieux.
Au début de l'année, il publie un compte-rendu des événements survenus entre 1604 et 1612, intitulé « Voyages » et le 29 mars 1613, il arrive de nouveau en Nouvelle-France et fait proclamer son nouveau mandat. Plusieurs indigènes furent dégoûtés par les tactiques des marchands non accrédités. La traite de la fourrure, une fois de plus, rapporte peu de bénéfices. Champlain part le 27 mai pour continuer son exploration de la contrée des Hurons et espère atteindre la « mer du nord » (la baie d'Hudson). Il navigue sur la rivière des Outaouais, qu'il décrit en primeur. C'est en juin qu'il fit la rencontre de Tessouat, le chef des algonquins de l'Île aux Allumettes et offre de leur construire un fort s'ils acceptent de quitter leur sol pauvre et migrer aux rapides de Lachine.
Carte de la Nouvelle France dressée par Samuel de Champlain en 1612En son premier voyage dans « les Pays d'en Haut », en mai 1613, Champlain entreprend l'exploration de la rivière des Outaouais. L'interprète (ou « truchement ») Nicolas de Vignau, assure qu'il connaît le chemin conduisant à la « mer du Nord » (la baie d'Hudson) :
« Le 13, je partis de Québec pour aller au Sault Saint Louys où j’arrivay le 21. Or n’ayant que deux canaux, je ne pouvois menier avec moy que 4. hommes entre lesquels estoit un nommé Nicolas de Vigneau, le plus impudent menteur qui se soit veu de long temps, comme la suite de ce discours le fera voir, …il me rapporta à son retour de Paris en l’année 1612. qu’il avoit veu la mer du nort… Ainsi nos canots chargez de quelques vivres, de nos armes & marchandises pour faire présents aux Sauvages, je partis le Lundi 27. Mai de l'isle Saincte-Heleine, avec quatre François et un Sauvage. » ... (Œuvres de Champlain - p. 857, abbé C.-H. Laverdière, M. A.)
À l'instigation de Nicolas de Vignau, Champlain remonte alors la rivière des Outaouais vers le pays des Hurons. Il s'arrête à un campement d’une tribu algonquine, les Kichesipirinis, sur l'île aux Allumettes. Pour conserver le rôle des Kichesipirinis comme intermédiaires entre les Français et les autres tribus amérindiennes, le chef Tessouat contredit Vignau à propos de la route vers la baie d'Hudson. Il se montre également très réticent devant l'intention de Champlain de poursuivre son voyage vers le lac Nipissing. Après quelques cadeaux et échanges diplomatiques, l'explorateur rebrousse chemin et rentre à Québec. En cours de route, Champlain perd son astrolabe
La première messe célébrée sur l'île de Montréal eut lieu le 24 juin 1615 à la rivière des Prairies, par le père Denis Jamet assisté du père Joseph Le Caron, Récollets. En commémoration de cette première messe, la ville de Montréal fit ériger en 1915 au milieu du parc Nicolas Viel une stèle en granit surmontée d'une croix. L'une des faces de cette stèle rappelle cette première messe célébrée à Montréal le 24 juin 1615, sur la rive de la rivière des Prairies, par le Père Denis Jamet. L'autre face rappelle le souvenir du père Viel et de son protégé, Ahuntsic. Cette stèle du sculpteur J.-C. Picher fut l'œuvre de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal. De plus, le visiteur pourra prendre connaissance de la magnifique toile du peintre Georges Delfosse à la cathédrale Marie-Reine du Monde, rue René-Lévesque à Montréal dont l'illustration est tirée.
Au sujet de cette première messe dite sur l'île du Mont Royal, Samuel de Champlain déclare :
« …et le jour suivant, je party de là pour retourner à la rivière des Prairies, où estant avec deux canaux de Sauvages, je fis rencontre du père Joseph [Le Caron], qui retournoit à notre habitation, avec quelques ornements d'Église pour celebrer le saintc Sacrifice de la messe, qui fut chantee sur le bord de ladite riviere avec toute devotion, par le Reverend Pere Denis [Jamet], et Pere Joseph [Le Caron], devant tous ces peuples qui estoient en admiration, de voir les ceremonies dont on fait et des ornements qui leur sembloient si beaux, comme chose qu'ils n'avoient jamais veuë: car c'estoient les premiers qui ont celebré la Saincte Messe. » ...(OEUVRES DE CHAMPLAIN - p. 504, abbé C.-H. Laverdière, M. A.)
Champlain explore la côte Est, 1606N°2155 (2006)Second voyage de Samuel de Champlain dans les Pays d'en Haut et expédition guerrière. Le 9 juillet 1615, Champlain quitte Québec et atteint la baie Georgienne en compagnie de deux Français. L'un est probablement Étienne Brûlé. Utilisant la grande route de la traite (rivière des Outaouais, rivière Mattawa, lac Nipissing, rivière des Français et baie Georgienne) Champlain accède alors au cœur du pays des Hurons. Il explore le pays maintenant son allégeance aux alliés autochtones, les Algonquins et les Hurons-Ouendats. Il voyage de village en village jusqu'à Cahiagué, situé sur les rives du lac Simcoe et lieu de rendez-vous militaire. Là un groupe de guerriers autochtones auquel se trouve Étienne Brûlé, part en direction du sud pour susciter la participation des Andastes au combat contre les Iroquois. Il décide alors de poursuivre la guerre contre les Iroquois.
Avec un important contingent de guerriers hurons, Champlain accompagné des quelques Français se dirige vers l'est puis traverse l'extrémité orientale de l'actuel lac Ontario. Ils cachent les canots et poursuivent leur route à pied longeant la rivière Onneiout (Oneida). Parvenus à un fort iroquois situé entre les lacs Oneida et Onondaga, ils livrent bataille sans grand succès. Champlain est blessé d'une flèche au genou. Des Hurons le ramènent dans leur bourgade en le portant à tour de rôle sur leur dos
Champlain désire alors revenir au Sault Saint-Louis. Mais les Hurons en décident autrement. Ils refusent de l'y mener avant le printemps suivant. Champlain doit donc hiverner en Huronie.
Il profite de son long séjour dans la région pour explorer le sud-ouest, les Pétuns et les Cheveux-Relevés (sud de la Huronie et de la péninsule Bruce). Lors d'une grande chasse en compagnie de Hurons, Champlain se perd en forêt. Il erre pendant trois jours dans les bois, pour avoir suivi un bel oiseau. Tous le croient mort, tant en Huronie qu'à Québec.
Il prend aussi le temps de rédiger une description détaillée du pays, des mœurs, des coutumes et de la façon de vivre des Autochtones. Il s'émerveille devant la beauté du paysage et la fertilité des lieux. Il ne tire cependant que des renseignements limités sur l'Ouest mystérieux, car en raison des guerres qui sévissent entre les diverses nations, les Autochtones ont peu voyagé dans cette direction. À la fin de juin 1616, il est de retour au Sault Saint-Louis.
N°2155Le 26 août, Champlain est de retour à Saint-Malo. Il y écrit un compte-rendu du voyage en amont de la rivière des Outaouais et publie une autre carte de la Nouvelle-France. En 1614 il forme la « Compagnie des Marchands de Rouen et de Saint-Malo » et la « Compagnie de Champlain », laquelle limite les marchands de Rouen et Saint-Malo depuis onze ans. Il retourne en Nouvelle-France au printemps 1615, cette fois-ci avec quatre Récollets afin de promouvoir la vie religieuse dans la nouvelle colonie. Champlain s’embarque à Honfleur. La flottille comprend le Saint-Étienne, le Don de Dieu et le Loyal.
Champlain continue de travailler pour améliorer les relations avec les indigènes, promettant de les aider encore dans leur luttes contre les Iroquois. Avec ses guides indigènes, il explore la rivière des Outaouais et aboutit au lac Nipissing. Il suit ensuite « la rivière des Français » jusqu'à ce qu'il atteigne la « mer d'eau douce » : le lac Attigouautau (aujourd'hui le lac Huron).
Le 1er septembre, à Cahiagué (au lac Simcoe), débute une expédition militaire. Les guerriers amis passent le Lac Ontario à sa pointe orientale où ils cachent leurs canots et ils continuent leur voyage à pied. Ils suivent la rivière Oneida, jusqu'à ce qu'ils se retrouvent face à un fort iroquois. Les Hurons font pression pour attaquer prématurément : l'assaut échoue. Champlain est blessé deux fois aux jambes par des flèches, dont une dans le genou. L'attaque dure environ trois heures, jusqu'à ce que les attaquants soient forcés de fuir.
Bien qu'il ne le veuille pas, les Hurons insistent pour que Champlain passe l'hiver avec eux. Durant son séjour, il les accompagne dans leur grande chasse au cerf, durant laquelle il se perd et erre trois jours, dormant sous les arbres, jusqu'à ce qu'il fasse par chance une rencontre avec un des Amérindiens. Il passe le reste de l'hiver apprenant « leur pays, leurs façons, leurs coutumes, leur mode de vie ». Le 22 mai 1616, il quitte la contrée des Hurons et il est de retour à Québec le 11 juillet. Il passe quelque temps à agrandir le fort qu'il nomme Habitation et repart pour la France le 20 juillet.
En France, Champlain apprend que le Prince de Condé a été arrêté. Le maréchal de Thémines est promu au titre de vice-roi. Champlain écrit un rapport au roi de France et à la Chambre de Commerce, afin d'augmenter le soutien de ses efforts en Nouvelle-France. Il écrit ceci, en chemin vers la Nouvelle-France :
« On a pu facilement atteindre le Royaume de Chine et les Indes Occidentales, d'où l'on peut tirer profit de grandes richesses » et les droits de service, lesquels peuvent être collectés des échanges résultants, « peuvent surpasser en valeur au moins dix fois tous ceux prélevés en France. »
Il énonce que la France contrôle un pays « de presque dix-huit cents lieues en longueur, arrosé par les plus loyales rivières du monde » et que des âmes innombrables pourraient être converties au christianisme. Pour atteindre ces buts, Champlain suggère que soit fondée « une ville aussi large que Saint-Denis, laquelle devrait être nommée, s'il vous plaît Dieu et le Roi, Ludovica ». Il demande que la France envoie 15 Récollets, 300 familles de quatre personnes et 300 soldats. Concernant le commerce, Champlain estime que la colonie peut produire un revenu annuel d'approximativement 5 400 000 livres, principalement de la pêche, des mines, des fourrures et des profits comme résultat à la « plus courte route vers la Chine ». La Chambre de Commerce en est convaincue immédiatement et Champlain regagne son monopole sur la traite de la fourrure. Le Roi charge ses associés de « poursuivre tout le travail qu'il sera jugé nécessaire pour établir les colonies qui voudront se retrouver dans le-dit pays ».
Champlain repart en Nouvelle-France au printemps de 1618 pour y arriver seulement le 28 août. Les Britanniques sont parvenus à obtenir la liberté des échanges. Aussi ses associés refusent-ils d'assurer la population de la colonie, craignant de ne pouvoir obtenir des fourrures que des colons. Champlain en est dérangé, écrivant « Ils pensaient ... ils installaient une sorte de république là selon leurs propres notions. » Il fait valoir son droit de commander Québec, faisant signer à ses associés un contrat assurant qu'ils maintiendraient 80 personnes dans la ville de Québec. Son projet de retour prochain en la Nouvelle-France, est annulé quand les associés refusent à nouveau de reconnaître ses droits, et il est forcé de rester en France. Durant son séjour, il écrit un compte-rendu de ses voyages entre 1615 à 1618. En octobre 1619, le Prince de Condé est libéré et vend ses droits comme vice-roi au duc de Montmorency, amiral de France.
Le duc de Montmorency confirme Champlain dans sa fonction et, le 7 mai 1620, Louis XIII lui demande de maintenir le pays de Nouvelle-France « en obéissance à moi, faisant vivre le peuple qui est là-bas en aussi proche conformité avec les lois de mon royaume que vous le pouvez. » Champlain retourne immédiatement en Nouvelle-France à bord du Saint Étienne, et se concentre désormais sur l'administration du pays plutôt que sur l'exploration.
Champlain passe l'hiver à construire le Fort Saint-Louis au haut du Cap Diamant. À la mi-mai, il apprend que la traite de fourrure est prise en main par une autre compagnie, dirigée par les frères de Caën. Après quelques négociations tendues, il se décide à fusionner les deux compagnies sous la direction des de Caën. Champlain continue son travail sur les relations avec les Amérindiens et parvient à leur imposer un chef de son choix à lui. Il parvient également à signer un traité de paix avec les tribus iroquoises.
Champlain continue à travailler sur l'amélioration de son Habitation, posant la première pierre le 6 mai 1624. Le 15 août, il retourne une fois de plus en France où il est encouragé à continuer son travail aussi bien qu'à continuer la recherche d'un passage vers la Chine. Le 5 juillet, il revient à Québec et continue à travailler à l'expansion de la colonie.
En 1627, le cardinal de Richelieu marque son intérêt pour les affaires de Québec en créant la Compagnie des cent-associés. Champlain, tout comme Richelieu, en devient membre. Ce nouveau régime conduit Champlain à devenir, le 21 mars 1629 le « commandant en la Nouvelle-France en l’absence » du cardinal de Richelieu
timbre françaisLes choses n'allaient pas se maintenir pour Champlain et son petit village. Les approvisionnements étaient au plus bas durant l'été de 1628 et les marchands anglais avaient pillé la ferme de Cap Tourmente au début de juillet. Le 10 juillet, Champlain reçut une sommation de quelques marchands anglais, Gervase Kirke et ses fils Lewis, Thomas et David Kirke. Il refusa de faire affaire avec eux, mais en réponse les Anglais firent le blocus de la ville avec leurs trois navires. Au printemps de 1629, les vivres étaient à un niveau extrêmement bas et Champlain fut forcé d'envoyer des gens à Gaspé pour conserver les rations. Le 19 juillet, les frères Kirke arrivèrent et Champlain fut forcé de négocier les termes de la capitulation de la ville, le 14 septembre 1629. Au 29 octobre, Champlain se retrouvait à Londres.
Durant les années suivantes, Champlain écrivit Voyages de la Nouvelle France , dédié à Richelieu, ainsi que son Traité de la marine et du devoir d'un bon marinier. Il fut absent du Québec jusqu'au traité de Saint-Germain-en-Laye en 1632.
Lorsqu'il revint d'Angleterre en France, le 1er mars 1633, Champlain réclama à Richelieu son poste de gouverneur (officieux) de la Nouvelle-France. Il obtint le titre de « commandant » à Québec, « en l'absence du ministre » (c'est-à-dire « lieutenant », comme auparavant). Champlain partit de Dieppe (ou de Rouen, selon les sources) le 23 mars 1633 pour Québec, qu'il atteignit le 22 mai (directement pour la première fois[note 8], sans transbordement à Tadoussac), après une absence de quatre ans. Plus de 200 personnes l'accompagnaient, à bord de trois navires : le Saint Pierre, le Saint Jean et le Don de Dieu (la devise de la ville de Québec est « Don de Dieu ferai valoir »).
Le 18 août 1634, il envoya un rapport à Richelieu disant qu'il avait rebâti sur les ruines de Québec, élargi les fortifications, construit une autre Habitation à quinze lieux en amont, aussi bien qu'une autre à Trois-Rivières. Il a aussi commencé une offensive contre les Iroquois annonçant qu'il voulait les éliminer ou les « ramener à la raison ».
Au mois d'octobre 1635, Champlain fut frappé de paralysie. Il mourut le 25 décembre 1635 sans enfant.
Son dernier testament, signé à Québec le 17 novembre 1635, fut contesté avec succès par sa cousine Marie Camaret (épouse de Jacques Hersant, fille de Georges Camaret, capitaine, et de Françoise Le Roy, une sœur de la mère de Champlain).
Il a été enterré temporairement dans une tombe sans nom, tandis que la construction était finie sur la chapelle de Monsieur le Gouverneur. En tant que tel, et malgré de nombreuses fouilles, l'emplacement exact du tombeau de Champlain reste inconnu...
feuillet avec timbres canadien et USAFeuillet N°2156