AFP: 12/01/2012 à 20:02
Marine Le Pen sort ses chiffres, l'immigration et l'Europe dans le viseur
A bientôt trois mois du premier tour, la présidente du Front national veut entrer dans une "nouvelle phase" de sa campagne, en abattant ses cartes pour mieux attaquer le "flou" de ses adversaires, François Hollande, Nicolas Sarkozy, et, nouveau venu, François Bayrou.
"Quand les autres grands candidats en sont encore à l'incantation (...) je trace mon sillon, je propose à la France, en toute transparence, un projet complet, cohérent, fourni", a-t-elle assuré, au siège du parti d'extrême droite, à Nanterre.
Deux heures durant, Marine Le Pen et deux de ses conseillers économiques ont ainsi abreuvé les journalistes de chiffres et de longues démonstrations techniques visant à crédibiliser le projet.
Au chapitre des hausses de dépenses à horizon 2017, les secteurs régaliens sont en force (+8,5 milliards d'euros pour la justice, 1,2 md pour la sécurité), mais aussi la recherche (32 mds), la famille (32,4 mds) ou le pouvoir d'achat (64,6 mds).

Comme en 2007, le FN promet 200 euros net de hausse de tous les salaires inférieurs à 1,4 fois le Smic (environ 1.500 euros net par mois), grâce à une exonération de cotisations sociales du même montant, prise en charge par l'Etat. Autre promesse, un "salaire parental" pour élever ses enfants, soit un "revenu équivalant à 80% du Smic pendant 3 ans à partir du 2e enfant".
Côté économies et recettes, toujours à horizon 2017, Marine Le Pen mise sans surprise sur l'immigration: en supprimant l'aide médicale d'Etat (AME, réservée aux étrangers sans ressources), et les allocations familiales, en expulsant systématiquement tout clandestin et en réservant les emplois aux Français, les économies attendues approchent 41 milliards. Les "coûts" de l'immigration sont souvent sujets à caution, des économistes estimant au contraire que les étrangers ont un apport positif sur l'économie.
Le FN veut également ramener à zéro la contribution de la France au budget de l'UE (11,7 mds) et promet 74 mds grâce à une taxe de 3% sur les importations aux frontières nationales. La lutte contre les fraudes sociales et fiscales a l'objectif ambitieux de rapporter 67,2 mds.
Mais la clé de voûte du projet reste la sortie de l'euro, puis le retour au franc et la possibilité de monétiser une partie de la dette, c'est-à-dire de fabriquer de la monnaie à hauteur de 100 mds d'euros par an. Ce modèle permettrait, selon le FN, d'atteindre l'équilibre budgétaire en 2018 et de résorber 50% du "capital-dette" à horizon 2025.
Marine Le Pen a balayé tout risque d'inflation malgré la mise en route de la "planche à billets". De même qu'elle a rejeté tout risque de rétorsions économiques d'autres pays en réponse au protectionnisme français.
"Mettre en place un protectionnisme intelligent est une mesure de rétorsion. Nous (la France,ndlr) sommes les seuls à ne pas le faire", a-t-elle dit.
Quant à la faisabilité des mesures, notamment par rapport aux traités européens qu'il faudrait renégocier dans une Europe à 27, tout repose sur les capacités de négociation de la France, promettent les frontistes.
"Nous renégocierons" les "contraintes mortelles qui sont le fondement de l'Europe de Bruxelles", "et si nous ne pouvons les renégocier, nous (les) dénoncerons", a lancé Marine Le Pen.