Re: EPHEMERIDE: La boite à clous. Ici on trouve de tout.
Publié : ven. mars 15, 2013 12:55 am
Aimé Casimir Marie Picquet, chevalier du Boisguy, né le 15 mars 1776 à Fougères, et mort le 25 octobre 1839 à Paris, était un général chouan pendant la Révolution française.
Il était surnommé « le petit général » par ses hommes, en raison de son jeune âge. Encore enfant au début de la Révolution française, il se distingua par un engagement royaliste précoce, à 15 ans, il rejoignit l'Association bretonne et devint aide de camp de Armand Tuffin de La Rouërie. Dès lors son influence grandit, à 17 ans il prit la tête des chouans du pays de Fougères et de Vitré, et à 19 ans, il fut reconnu général.
Chef actif et excellent tacticien, Boisguy fit des pays de Fougères et de Vitré la zone la plus importante de la chouannerie d'Ille-et-Vilaine et l'une des principales de Bretagne. Il commandait des troupes disciplinées, bien organisées, souvent en uniforme mais manquant de cavalerie et surtout d'artillerie.
Aussi bien à la pacification de 1796 qu'à celle de 1800, Boisguy fut le dernier général chouan à déposer les armes, ce qui en fit une des figures majeures de la chouannerie.
En 1809, Aimé du Boisguy est mentionné pour la première fois par l'historien Alphonse de Beauchamp :
« Boisguy n'avait que dix-sept ans lorsqu'il devint chef de parti. Sans éducation comme sans principes, sans nulles connaissances de l'art de la guerre, mais chasseur intrépide, il s'était signalé par de nombreuses victoires sur les sangliers de la forêt. Une bravoure naturelle le servit et il ne tarda pas à se distinguer par la plus aveugle témérité. Du Boisguy dédaignait la tactique militaire, il marchait à la tête de sa troupe sans craindre ni les embuscades, ni les suites d'un engagement avec les forces supérieures; quelques excursions heureuses lui valurent bientôt la réputation d'un chef redoutable. »
En 1829, Balzac publie le roman Les Chouans qui a pour théâtre le pays de Fougères. Balzac se rend sur les lieux et s'inspire d'anecdotes locales pour son ouvrage.
En 1842, le colonel Toussaint du Breil de Pontbriand, compagnon d'arme, ami et beau-frère de Aimé du Boisguy, entend corriger les précédents récits et rédige ses mémoires sur la chouannerie. Aidés par les notes d'autres officiers chouans, Pontbriand s'attache moins à écrire une autobiographie qu'à raconter la guerre dans le pays de Fougères et de Vitré.
Ainsi, le 10 janvier 1843, Guy Aubert de Trégomain ancien chef chouan de l'Ouest de l'Ille-et-Vilaine écrit à Toussaint du Breil de Pontbriand.
« Je trouve vos réflexions parfaitement justes, mon cher Pontbriand. Je vois pourtant que vous demeurez dans l'indécision sur le parti à prendre. Cependant, nous devenons vieux, et après nous, on n'aura plus rien de précis sur les faits que vous reconnaissez être déjà défigurés par ceux qui ont essayé d'en écrire l'histoire. Nulle part on a combattu avec autant de vaillance que dans les arrondissements de Fougères et de Vitré. Ce qu'on a fait dans le Morbihan n'est rien en comparaison, et pourtant, personne ne rend à du Boisguy, qui a montré tant de courage et d'énergie, la justice qui lui est due. Votre Mémoire remplirait admirablement cette lacune. Je n'attache pas autant d'importance que vous à ce que l'ouvrage puisse être lu par le peuple. Le peuple ne lit guère et, d'ailleurs, la génération actuelle est mal disposée pour cette lecture. C'est dans l'histoire que je voudrais que l'héroïsme de cette lutte, entreprise et soutenue avec persévérance par une population dénuée de toutes ressources, fût présenté à l'admiration de la postérité. »
Les mémoires de Pontbriand ne sont publiées qu'en 1897. Cependant, ses notes sont reprises par les historiens blancs Jacques Crétineau-Joly en 1842 et Théodore Muret en 1851.
Théodore Lemas, sous-préfet de Fougères et républicain, entend répondre aux historiens royalistes en s'appuyant sur les archives communales de Fougères et celles du département d'Ille-et-Vilaine pour rendre compte des rapports des administrateurs républicains et publie ses écrits dans la Chronique de Fougères, de tendance républicaine et radicale, sous le pseudonyme du Vieux chercheur avant d'être édité en 1895 sous le titre 'Un district breton. Reprenant l'historiographie bleue, Lemas évoque une population isolée, ignorante, pauvre et fanatique, sous la domination des nobles et des prêtres, dans son ouvrage il accuse Boisguy et les Chouans de cruautés et de brigandages et dénonce :
« La guerre de partisans qui a attaché au nom surtout d'Aimé du Boisguy une réputation sanglante et cruelle que les documents et les pièces authentiques ne font que confirmer. »
À son tour le vicomte Christian Le Bouteiller, qui s'inscrit dans l'historiographie contre-révolutionnaire, entend répondre à Lemas, consultant également les archives, il publie une étude considérable de 159 articles sur la Chouannerie dans le Journal de Fougères, de tendance monarchiste et catholique, de 1892 à 1895. Il est aidé dans ses travaux par un autre historien de Fougères, Emile Pautrel.
Le vicomte Christian Le Bouteiller met en avant sa connaissance du pays :
« En résumé, j'ai connu les proches descendants des compagnons de Jean Chouan ; j'ai même connu quelques-uns de ses compagnons ; je les ai vus de près et cela me suffisait pour ne pas hésiter à conclure : ces hommes, soulevés pour défendre la cause de la Religion et du Roi, étaient des gens dignes d'estime et de respect, des gens honnêtes, dévoués et bons, ne ressemblant en rien aux Chouans fantaisistes du roman de Balzac, ni aux monstrueux brigands que dépeignent Lemas et les historiens sectaires. »
Enfin, Marie Paul du Breil de Pontbriand publie une biographie hagiographique de Boisguy au début du xxe siècle.
Toussaint du Breil de Pontbriand,
portrait réalisé en 1840.
Dans ses mémoires, le colonel de Pontbriand écrit :
« Aimé du Boisguy avait un caractère gai, franc, ouvert ; à une bravoure qu'on ne pouvait surpasser, il réunissait la prudence dans les occasions importantes. Il avait un coup d'œil pénétrant et savait, dans un instant, choisir les positions favorables pour placer ses troupes et profiter des dispositions du terrain. Calme au milieu de l'action, il suivait avec soin les mouvements de l'ennemi, il donnait ses ordres avec précision et s'il le voyait s'ébranler ou incertain, il s'écriait : « Il est temps, amis, suivez-moi ! Ils sont à nous ! » et, le premier, il se précipitait sur lui. »
« Les plus atroces calomnies ont été répandues sur les chefs royalistes, et surtout sur du Boisguy, par les féroces Jacobins, qui n'ont jamais épargné un seul des Royalistes tombés entre leurs mains ; cependant, l'humanité de ce chef est prouvée dans une foule de circonstances, et le nombre des prisonniers qui se sont trouvés dans les rangs de sa division et dans tous ceux des armées royales, à l'époque de la pacification, témoigne assez combien tous étaient éloignés d'user de représailles, lorsqu'ils pouvaient l'éviter sans nuire à leur parti. »
Pour ce qui est de la description physique Marie Paul du Breil de Pontbriand donne d'Aimé du Boisguy, la description suivante en 1793 :
« Il venait d'avoir 17 ans depuis deux jours. C'était à ce moment un robuste jeune homme, d'une taille un peu au-dessus de la moyenne, 5 pieds 2 pouces soit environ 1 m 73 ; les cheveux et les sourcils noirs ; les yeux bruns ; la barbe, il n'y avait probablement pas à en parler mais plus tard, elle fut également très brune ; le teint, cependant était clair et vermeil ; le nez plutôt fort des natures vigoureusement trempées ; la figure ronde et souriante, avec un air de mâle assurance ; la lèvre supérieure et les coins de la bouche légèrement relevés, accusant l'énergie et pouvant aussi quelquefois exprimer de dédain ; sur tout cet ensemble, un rare cachet de distinction. »
Le 6 mars 1800 le certificat de rentrée de du Boisguy donne de lui une description d'après un officier républicain :
« Je soussigné, commandant de l'arrondissement, atteste et certifie que le nommé Aimé-Casimir Picquet, natif de Fougères, domicilié à Parigné, âgé de 24 ans, taille 5 pieds 2 pouces et demi, cheveux, barbe et sourcils noirs, yeux bruns, nez gros, bouche moyenne, la lèvre supérieure un peu relevée, figure ronde assez vermeille, allant à Paris, m'a remis un bon fusil de munition ce jour 15 ventôse an VIII et a signé ; Aimé-Casimir Picquet »
Aimé du Boisguy naît à Fougères le 15 mars 1776 dans l'hôtel que possède sa famille, il est baptisé le jour même à l'Église Saint-Léonard de Fougères. Il est issu d'une famille de noblesse parlementaire partagée en trois branches, celles de La Motte-Picquet, du Boisguy et de Melesse. Il est le fils de Bonne Joséphine Françoise du Boislebon et d'Alexandre Marie Picquet du Boisguy et est le cadet d'une famille de cinq enfants, mis à part plusieurs autres morts en bas âge ; Joséphine Bonne Charlotte, Colette Appoline Marie, Guy Marie Alexandre et Louis Marie. La famille vit au château du Bois Guy dans la paroisse de Parigné, mais elle possédait aussi le château de la Bécannière à Javené.
Sur les conseils de son grand-oncle Toussaint-Guillaume Picquet de la Motte, les parents d'Aimé destinent leur fils à servir dans la marine royale. Après ses études à Rennes, Aimé du Boisguy s'apprête en 1789, à l'âge de 13 ans, à entrer à la garde-marine de Brest lorsque la Révolution survient et lui fait interrompre ses études.
En 1791, le général Armand Tuffin, marquis de La Rouërie, fonde l'Association bretonne afin de s'opposer à la Révolution française. Le marquis, lui-même originaire de Fougères, est une des connaissances de la famille Boisguy, il repère rapidement les capacités d'Aimé du Boisguy, comme le rapporte Toussaint de Pontbriand :
« M. Le marquis de la Rouërie, ami de la famille, avait conçu le plan de la plus vaste conjuration qui ait été formée pendant nos troubles, et s'entretenait souvent devant lui de ses projets. L'âme ardente du jeune homme écoutait avidement ces discours ; son sang bouillonnait au récit des outrages dont on abreuvait le Roi et la famille royale ; il faisait des vœux pour vieillir, afin d'avoir la force nécessaire pour combattre leurs ennemis. Le marquis lui dit un jour : « Sois tranquille, Aimé, je te mettrai bientôt à même d'exercer ton courage, tu seras mon aide-de-camp. » Ce fut ce mot qui décida de son sort. »
À l'âge de 15 ans, Boisguy entre dans la conjuration et devient commissaire et commandant de cavalerie à Fougères.
Durant la Révolution, le père d'Aimé, Alexandre-Marie Picquet, chevalier, « haut et puissant » seigneur du Boisguy, est arrêté pour un motif inconnu et incarcéré. Il meurt le 7 janvier 1794 en prison à Gentilly. Au début de l'année 1793, Guy Picquet du Boisguy, le frère aîné d'Aimé, prend le chemin de l'émigration. La même année, sa sœur Joséphine et d'Argencé, l'époux de celle-ci, sont arrêtés et emprisonnés.
Cependant la conjuration est démantelée suite à la trahison de Valentin Chevetel et au recul des troupes de la coalition après la bataille de Valmy. La Rouërie, contraint d'entrer en clandestinité, tombe malade et meurt le 30 janvier 1793 au château de la Guyomarais à Saint-Denoual. Lalligand-Morillon fait exhumer le corps du marquis et lui tranche la tête avant de faire arrêter des dizaines de conjurés grâce aux indications de Chevetel. Le 18 juin douze membres de l'association sont guillotinés à Paris. Cependant Thérèse de Moëlien de Trojolif, cousine de La Rouërie, a le temps, peu avant son arrestation et son exécution, de détruire la liste des associés. Grâce à elle, Boisguy, ainsi que la majorité des conjurés échappent aux recherches.
Mais en mars 1793, de nouveaux troubles apparaissent. Le matin du 19 mars les paysans du Pays de Fougères, déjà excédés par les arrestations des prêtres réfractaires, se révoltent contre la conscription dans le cadre de la levée en masse. Vingt paroisses s'insurgent et 4 000 paysans se rassemblent à Fleurigné. À Laignelet, le prêtre constitutionnel est maltraité et son presbytère pillé, à Landéan un commissaire est fait prisonnier. À Parigné, Boisguy, surpris par la révolte, sort accompagné de son garde-chasse Decroix, afin de s'informer des évènements lorsqu'il rencontre de jeunes paysans de Parigné qui se rendent au rassemblement, ceux-ci s'exclament « Ah, voici notre petit seigneur : il sera notre général ». Boisguy les suit armé seulement d'un bâton et est bientôt rejoint pas son frère Louis.
Le 19 mars, à 5 heures du matin, une colonne de 60 gardes nationaux, accompagnée d'une pièce de canon, sort de Fougères et se dirige sur Fleurigné pour procéder au recrutement, mais environnés par les paysans, les patriotes sont capturés. Les insurgés s'emparent des canons, mais ils ne les gardent pas longtemps, quelques heures plus tard, ils sont attaqués par un bataillon de 300 Chasseurs à pied. Devant ces soldats d'élite, les paysans s'enfuient, laissant des prisonniers et 3 hommes tués, contre personne pour les Républicains, et abandonnant leurs canons et leurs prisonniers.
Menés par Julien Bossard, le maire de Landéan, les paysans décident alors de marcher sur Fougères. Pour sa défense, la place dispose de 400 gardes nationaux et d'une vingtaine de gendarmes tandis que les patriotes estiment à pas moins de 7 000 hommes le nombre des révoltés dans le district. Cependant les représentants en mission Billaud-Varenne et Sevestre alors de passage entament des négociations avec les insurgés, un de leur chef, Trauroux de Kermarec les dissuade d'attaquer une ville si bien fortifiée, aussi envoient-ils sept délégués dans la place afin de réclamer la fin de la conscription. À l'issue de longues discussions les patriotes finissent par accepter ne cesser le recrutement. Mais cette déclaration ne convainc pas tous les insurgés, à sept heures du soir, ceux-ci tentent de pénétrer dans la ville. Les gardes nationaux ouvrent alors le feu, tirent à coup de canons et repoussent les paysans qui laissent deux morts beaucoup de blessés et des prisonniers contre seulement quelques blessés pour les patriotes
Suite ici:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Aim%C3%A9_ ... du_Boisguy
Il était surnommé « le petit général » par ses hommes, en raison de son jeune âge. Encore enfant au début de la Révolution française, il se distingua par un engagement royaliste précoce, à 15 ans, il rejoignit l'Association bretonne et devint aide de camp de Armand Tuffin de La Rouërie. Dès lors son influence grandit, à 17 ans il prit la tête des chouans du pays de Fougères et de Vitré, et à 19 ans, il fut reconnu général.
Chef actif et excellent tacticien, Boisguy fit des pays de Fougères et de Vitré la zone la plus importante de la chouannerie d'Ille-et-Vilaine et l'une des principales de Bretagne. Il commandait des troupes disciplinées, bien organisées, souvent en uniforme mais manquant de cavalerie et surtout d'artillerie.
Aussi bien à la pacification de 1796 qu'à celle de 1800, Boisguy fut le dernier général chouan à déposer les armes, ce qui en fit une des figures majeures de la chouannerie.
En 1809, Aimé du Boisguy est mentionné pour la première fois par l'historien Alphonse de Beauchamp :
« Boisguy n'avait que dix-sept ans lorsqu'il devint chef de parti. Sans éducation comme sans principes, sans nulles connaissances de l'art de la guerre, mais chasseur intrépide, il s'était signalé par de nombreuses victoires sur les sangliers de la forêt. Une bravoure naturelle le servit et il ne tarda pas à se distinguer par la plus aveugle témérité. Du Boisguy dédaignait la tactique militaire, il marchait à la tête de sa troupe sans craindre ni les embuscades, ni les suites d'un engagement avec les forces supérieures; quelques excursions heureuses lui valurent bientôt la réputation d'un chef redoutable. »
En 1829, Balzac publie le roman Les Chouans qui a pour théâtre le pays de Fougères. Balzac se rend sur les lieux et s'inspire d'anecdotes locales pour son ouvrage.
En 1842, le colonel Toussaint du Breil de Pontbriand, compagnon d'arme, ami et beau-frère de Aimé du Boisguy, entend corriger les précédents récits et rédige ses mémoires sur la chouannerie. Aidés par les notes d'autres officiers chouans, Pontbriand s'attache moins à écrire une autobiographie qu'à raconter la guerre dans le pays de Fougères et de Vitré.
Ainsi, le 10 janvier 1843, Guy Aubert de Trégomain ancien chef chouan de l'Ouest de l'Ille-et-Vilaine écrit à Toussaint du Breil de Pontbriand.
« Je trouve vos réflexions parfaitement justes, mon cher Pontbriand. Je vois pourtant que vous demeurez dans l'indécision sur le parti à prendre. Cependant, nous devenons vieux, et après nous, on n'aura plus rien de précis sur les faits que vous reconnaissez être déjà défigurés par ceux qui ont essayé d'en écrire l'histoire. Nulle part on a combattu avec autant de vaillance que dans les arrondissements de Fougères et de Vitré. Ce qu'on a fait dans le Morbihan n'est rien en comparaison, et pourtant, personne ne rend à du Boisguy, qui a montré tant de courage et d'énergie, la justice qui lui est due. Votre Mémoire remplirait admirablement cette lacune. Je n'attache pas autant d'importance que vous à ce que l'ouvrage puisse être lu par le peuple. Le peuple ne lit guère et, d'ailleurs, la génération actuelle est mal disposée pour cette lecture. C'est dans l'histoire que je voudrais que l'héroïsme de cette lutte, entreprise et soutenue avec persévérance par une population dénuée de toutes ressources, fût présenté à l'admiration de la postérité. »
Les mémoires de Pontbriand ne sont publiées qu'en 1897. Cependant, ses notes sont reprises par les historiens blancs Jacques Crétineau-Joly en 1842 et Théodore Muret en 1851.
Théodore Lemas, sous-préfet de Fougères et républicain, entend répondre aux historiens royalistes en s'appuyant sur les archives communales de Fougères et celles du département d'Ille-et-Vilaine pour rendre compte des rapports des administrateurs républicains et publie ses écrits dans la Chronique de Fougères, de tendance républicaine et radicale, sous le pseudonyme du Vieux chercheur avant d'être édité en 1895 sous le titre 'Un district breton. Reprenant l'historiographie bleue, Lemas évoque une population isolée, ignorante, pauvre et fanatique, sous la domination des nobles et des prêtres, dans son ouvrage il accuse Boisguy et les Chouans de cruautés et de brigandages et dénonce :
« La guerre de partisans qui a attaché au nom surtout d'Aimé du Boisguy une réputation sanglante et cruelle que les documents et les pièces authentiques ne font que confirmer. »
À son tour le vicomte Christian Le Bouteiller, qui s'inscrit dans l'historiographie contre-révolutionnaire, entend répondre à Lemas, consultant également les archives, il publie une étude considérable de 159 articles sur la Chouannerie dans le Journal de Fougères, de tendance monarchiste et catholique, de 1892 à 1895. Il est aidé dans ses travaux par un autre historien de Fougères, Emile Pautrel.
Le vicomte Christian Le Bouteiller met en avant sa connaissance du pays :
« En résumé, j'ai connu les proches descendants des compagnons de Jean Chouan ; j'ai même connu quelques-uns de ses compagnons ; je les ai vus de près et cela me suffisait pour ne pas hésiter à conclure : ces hommes, soulevés pour défendre la cause de la Religion et du Roi, étaient des gens dignes d'estime et de respect, des gens honnêtes, dévoués et bons, ne ressemblant en rien aux Chouans fantaisistes du roman de Balzac, ni aux monstrueux brigands que dépeignent Lemas et les historiens sectaires. »
Enfin, Marie Paul du Breil de Pontbriand publie une biographie hagiographique de Boisguy au début du xxe siècle.
Toussaint du Breil de Pontbriand,
portrait réalisé en 1840.
Dans ses mémoires, le colonel de Pontbriand écrit :
« Aimé du Boisguy avait un caractère gai, franc, ouvert ; à une bravoure qu'on ne pouvait surpasser, il réunissait la prudence dans les occasions importantes. Il avait un coup d'œil pénétrant et savait, dans un instant, choisir les positions favorables pour placer ses troupes et profiter des dispositions du terrain. Calme au milieu de l'action, il suivait avec soin les mouvements de l'ennemi, il donnait ses ordres avec précision et s'il le voyait s'ébranler ou incertain, il s'écriait : « Il est temps, amis, suivez-moi ! Ils sont à nous ! » et, le premier, il se précipitait sur lui. »
« Les plus atroces calomnies ont été répandues sur les chefs royalistes, et surtout sur du Boisguy, par les féroces Jacobins, qui n'ont jamais épargné un seul des Royalistes tombés entre leurs mains ; cependant, l'humanité de ce chef est prouvée dans une foule de circonstances, et le nombre des prisonniers qui se sont trouvés dans les rangs de sa division et dans tous ceux des armées royales, à l'époque de la pacification, témoigne assez combien tous étaient éloignés d'user de représailles, lorsqu'ils pouvaient l'éviter sans nuire à leur parti. »
Pour ce qui est de la description physique Marie Paul du Breil de Pontbriand donne d'Aimé du Boisguy, la description suivante en 1793 :
« Il venait d'avoir 17 ans depuis deux jours. C'était à ce moment un robuste jeune homme, d'une taille un peu au-dessus de la moyenne, 5 pieds 2 pouces soit environ 1 m 73 ; les cheveux et les sourcils noirs ; les yeux bruns ; la barbe, il n'y avait probablement pas à en parler mais plus tard, elle fut également très brune ; le teint, cependant était clair et vermeil ; le nez plutôt fort des natures vigoureusement trempées ; la figure ronde et souriante, avec un air de mâle assurance ; la lèvre supérieure et les coins de la bouche légèrement relevés, accusant l'énergie et pouvant aussi quelquefois exprimer de dédain ; sur tout cet ensemble, un rare cachet de distinction. »
Le 6 mars 1800 le certificat de rentrée de du Boisguy donne de lui une description d'après un officier républicain :
« Je soussigné, commandant de l'arrondissement, atteste et certifie que le nommé Aimé-Casimir Picquet, natif de Fougères, domicilié à Parigné, âgé de 24 ans, taille 5 pieds 2 pouces et demi, cheveux, barbe et sourcils noirs, yeux bruns, nez gros, bouche moyenne, la lèvre supérieure un peu relevée, figure ronde assez vermeille, allant à Paris, m'a remis un bon fusil de munition ce jour 15 ventôse an VIII et a signé ; Aimé-Casimir Picquet »
Aimé du Boisguy naît à Fougères le 15 mars 1776 dans l'hôtel que possède sa famille, il est baptisé le jour même à l'Église Saint-Léonard de Fougères. Il est issu d'une famille de noblesse parlementaire partagée en trois branches, celles de La Motte-Picquet, du Boisguy et de Melesse. Il est le fils de Bonne Joséphine Françoise du Boislebon et d'Alexandre Marie Picquet du Boisguy et est le cadet d'une famille de cinq enfants, mis à part plusieurs autres morts en bas âge ; Joséphine Bonne Charlotte, Colette Appoline Marie, Guy Marie Alexandre et Louis Marie. La famille vit au château du Bois Guy dans la paroisse de Parigné, mais elle possédait aussi le château de la Bécannière à Javené.
Sur les conseils de son grand-oncle Toussaint-Guillaume Picquet de la Motte, les parents d'Aimé destinent leur fils à servir dans la marine royale. Après ses études à Rennes, Aimé du Boisguy s'apprête en 1789, à l'âge de 13 ans, à entrer à la garde-marine de Brest lorsque la Révolution survient et lui fait interrompre ses études.
En 1791, le général Armand Tuffin, marquis de La Rouërie, fonde l'Association bretonne afin de s'opposer à la Révolution française. Le marquis, lui-même originaire de Fougères, est une des connaissances de la famille Boisguy, il repère rapidement les capacités d'Aimé du Boisguy, comme le rapporte Toussaint de Pontbriand :
« M. Le marquis de la Rouërie, ami de la famille, avait conçu le plan de la plus vaste conjuration qui ait été formée pendant nos troubles, et s'entretenait souvent devant lui de ses projets. L'âme ardente du jeune homme écoutait avidement ces discours ; son sang bouillonnait au récit des outrages dont on abreuvait le Roi et la famille royale ; il faisait des vœux pour vieillir, afin d'avoir la force nécessaire pour combattre leurs ennemis. Le marquis lui dit un jour : « Sois tranquille, Aimé, je te mettrai bientôt à même d'exercer ton courage, tu seras mon aide-de-camp. » Ce fut ce mot qui décida de son sort. »
À l'âge de 15 ans, Boisguy entre dans la conjuration et devient commissaire et commandant de cavalerie à Fougères.
Durant la Révolution, le père d'Aimé, Alexandre-Marie Picquet, chevalier, « haut et puissant » seigneur du Boisguy, est arrêté pour un motif inconnu et incarcéré. Il meurt le 7 janvier 1794 en prison à Gentilly. Au début de l'année 1793, Guy Picquet du Boisguy, le frère aîné d'Aimé, prend le chemin de l'émigration. La même année, sa sœur Joséphine et d'Argencé, l'époux de celle-ci, sont arrêtés et emprisonnés.
Cependant la conjuration est démantelée suite à la trahison de Valentin Chevetel et au recul des troupes de la coalition après la bataille de Valmy. La Rouërie, contraint d'entrer en clandestinité, tombe malade et meurt le 30 janvier 1793 au château de la Guyomarais à Saint-Denoual. Lalligand-Morillon fait exhumer le corps du marquis et lui tranche la tête avant de faire arrêter des dizaines de conjurés grâce aux indications de Chevetel. Le 18 juin douze membres de l'association sont guillotinés à Paris. Cependant Thérèse de Moëlien de Trojolif, cousine de La Rouërie, a le temps, peu avant son arrestation et son exécution, de détruire la liste des associés. Grâce à elle, Boisguy, ainsi que la majorité des conjurés échappent aux recherches.
Mais en mars 1793, de nouveaux troubles apparaissent. Le matin du 19 mars les paysans du Pays de Fougères, déjà excédés par les arrestations des prêtres réfractaires, se révoltent contre la conscription dans le cadre de la levée en masse. Vingt paroisses s'insurgent et 4 000 paysans se rassemblent à Fleurigné. À Laignelet, le prêtre constitutionnel est maltraité et son presbytère pillé, à Landéan un commissaire est fait prisonnier. À Parigné, Boisguy, surpris par la révolte, sort accompagné de son garde-chasse Decroix, afin de s'informer des évènements lorsqu'il rencontre de jeunes paysans de Parigné qui se rendent au rassemblement, ceux-ci s'exclament « Ah, voici notre petit seigneur : il sera notre général ». Boisguy les suit armé seulement d'un bâton et est bientôt rejoint pas son frère Louis.
Le 19 mars, à 5 heures du matin, une colonne de 60 gardes nationaux, accompagnée d'une pièce de canon, sort de Fougères et se dirige sur Fleurigné pour procéder au recrutement, mais environnés par les paysans, les patriotes sont capturés. Les insurgés s'emparent des canons, mais ils ne les gardent pas longtemps, quelques heures plus tard, ils sont attaqués par un bataillon de 300 Chasseurs à pied. Devant ces soldats d'élite, les paysans s'enfuient, laissant des prisonniers et 3 hommes tués, contre personne pour les Républicains, et abandonnant leurs canons et leurs prisonniers.
Menés par Julien Bossard, le maire de Landéan, les paysans décident alors de marcher sur Fougères. Pour sa défense, la place dispose de 400 gardes nationaux et d'une vingtaine de gendarmes tandis que les patriotes estiment à pas moins de 7 000 hommes le nombre des révoltés dans le district. Cependant les représentants en mission Billaud-Varenne et Sevestre alors de passage entament des négociations avec les insurgés, un de leur chef, Trauroux de Kermarec les dissuade d'attaquer une ville si bien fortifiée, aussi envoient-ils sept délégués dans la place afin de réclamer la fin de la conscription. À l'issue de longues discussions les patriotes finissent par accepter ne cesser le recrutement. Mais cette déclaration ne convainc pas tous les insurgés, à sept heures du soir, ceux-ci tentent de pénétrer dans la ville. Les gardes nationaux ouvrent alors le feu, tirent à coup de canons et repoussent les paysans qui laissent deux morts beaucoup de blessés et des prisonniers contre seulement quelques blessés pour les patriotes
Suite ici:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Aim%C3%A9_ ... du_Boisguy