Roms, à l’école de l’intégration
La Roumanie compte 2,5 millions de Roms. Le gouvernement a bien compris que sans éducation, il n’y aura pas d’intégration viable pour cette communauté. Mais dans la pratique, prendre le chemin de l’école signifie souvent affronter une série de nouveaux problèmes pour les familles.OBJECTIF ESPOIR
Par Jonas Mercier / Mirel BRAN La "Tziganie" se profile à l’horizon dès que l’on quitte la route asphaltée de Barbulesti, village situé à une soixantaine de kilomètres à l’est de Bucarest. "Tziganie" est le nom choisi par les Roumains pour désigner la périphérie des villages où vivent les Roms, la minorité la plus discriminée en Roumanie. La petite route qui mène au cœur de cet univers est dans le même état qu’au début du XXe siècle. Ici, le temps semble s’être arrêté.
Alina, 9 ans, et sa sœur Nina, 12 ans, s'amusent à attraper des canards, dans la cour de leur petite maison. Demain, c'est la rentrée des classes, alors elles profitent de leurs dernières heures de tranquillité. Après avoir coursé les canards, les fillettes s’installent sur une table improvisée pour écrire une lettre à leur mère. Alina s’efforce de gribouiller quelques lettres et s’étonne : "Je ne sais plus écrire!, s’exclame-t-elle. Avant les vacances d’été, je pouvais faire des belles lettres sur mon cahier, mais j’ai oublié... ". Sa sœur aînée vient de commencer la lettre adressée à sa mère : "Ma chère maman, demain c’est la rentrée, lit-elle à voix haute. Nous irons à l’école toutes les deux. Je vais étudier et je deviendrai professeur pour enseigner à d’autres enfants".
Leur mère est partie en France avec la conviction qu’en mendiant dans les rues de Paris, elle pourrait trouver une vie meilleure. Il y a quelques mois, leur père est mort dans un accident de voiture et les petites filles sont actuellement à la charge de la grand-mère. "Elles aiment aller à l’école, dit la vieille dame. Le problème, c’est quand elles rentrent à l’heure du déjeuner, je n’ai pas de quoi les nourrir..."
Alina et Nina ont compris que la seule chance de s’en sortir et de ne pas avoir la vie misérable de leurs parents, c’est de prendre le chemin de l’école. Elles s’y accrochent au même titre que d’autres enfants de cette minorité marginalisée.
Au début des années 1990, après la chute du régime communiste, seulement 100 000 enfants roms allaient à l’école en Roumanie. En vingt ans, ce chiffre a triplé. Et malgré les difficultés quotidiennes qu’ils rencontrent, ils sont toujours plus nombreux à s’inscrire à l’école primaire.
Nina et Alina franchissent les obstacles quotidiens avec courage. Sur leurs épaules, comme sur celles de tous les enfants roms, repose désormais le sort de leur communauté.
http://www.france24.com/fr/20111115-obj ... n-pauvrete