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Re: poesies connues ou moins ...mais que vous aimez
Publié : jeu. sept. 16, 2010 5:28 am
par caminde
saintluc a écrit :
tant mieux ptit frère
Re: poesies connues ou moins ...mais que vous aimez
Publié : jeu. sept. 16, 2010 5:36 pm
par Juliette D.
Si tu veux, tu es neuve
Si tu veux, tu es la seule neuve au monde
Et il y en a des tonnes tous les jours
Qui déversent leur joie dans les forêts-mystères
Dans les forêts-nylon de vos vergues signées
Je te signe et me signe, je te vois, je te prie
Je te donne cette violette ancienne et de deux heures
Qui va mourir peut-être
Et qui va s'extasier dans le creux de ta main
Si tu veux, tu es neuve
Si tu veux, tu es la seule neuve au monde
A la joie, ce matin tu avais un pardon de ceux qui ne t'ont pas
Juste un peu de velours dans ta crème
Et puis du brun de l'ocre de nos nuits
Dans les draps que l'amour referme sur la nuit
Tous les amants du monde ont l'œil d'extra-saison
Viens, viens, viens, mon objet de misère
Ouvre-toi, byzantine, et sucre tes amants
Je voyais les amants, ceux des golfes et des bras venus d'on ne sait où
Ceux des comètes-supermarchés
Je voyais les amants
Là où l'on vend la paresse, et la mort aussi
Quand on s'y laisse, et la tristesse
Deux sous pour ta tristesse, que je voie comment c'est
Donne-moi ta tristesse et je la parerai. Et je la sauverai
Je voyais les amants
L.F.
Re: poesies connues ou moins ...mais que vous aimez
Publié : sam. sept. 18, 2010 2:46 am
par orchidee
Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue :
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l'amour infini me montera dans l'âme,
Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la nature, heureux comme avec une femme.
Arthur Rimbaud
Mars 1870.
Re: poesies connues ou moins ...mais que vous aimez
Publié : sam. sept. 18, 2010 1:49 pm
par Cynyhia
Souvenirs de ma terre natale
Nous ne reverrons plus les amandiers en fleurs
Qui nous émerveillaient sous la rosée de Mai ,
Quand les bouquets fleuris, sur les branches semés,
Offraient au ciel d'azur leurs pétales en pleurs .
Nous ne sentirons plus, prémices de printemps,
Les jaunes mimosas aux touffes odorantes,
Leur parfum délicat, sur les brises errantes,
Ne nous embaume plus, déjà, depuis longtemps.
Dans l'angle du jardin, nous ne gouterons plus
Aux figues rebondies craquelant sous la sève.
Et les moineaux pourront lorsque le jour se lève,
Les piquer à loisir : nous ne reviendrons plus...
Et nous n'entendrons plus , au lointain, sur les crêtes
D"un ânon esseulé, le braiment déchirant
Ni du berger suivant quelque troupeau errant
La flûte s'égrener en notes aigrelettes...
Mais nous conserverons, jusqu'au dernier départ,
Le regret lancinant des soleils éclatants,
Des hivers indulgents, des étés haletants
Et des nuits étoilées où plongeaient nos regards...
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Re: poesies connues ou moins ...mais que vous aimez
Publié : dim. sept. 19, 2010 9:38 am
par caminde
JaurèsIls étaient usés à quinze ans
Ils finissaient en débutant
Les douze mois s'appelaient décembre
Quelle vie ont eu nos grand-parents
Entre l'absinthe et les grand-messes
Ils étaient vieux avant que d'être
Quinze heures par jour le corps en laisse
Laissent au visage un teint de cendres
Oui notre Monsieur, oui notre bon MaîtrePourquoi ont-ils tué Jaurès ?
Pourquoi ont-ils tué Jaurès ?
On ne peut pas dire qu'ils furent esclaves
De là à dire qu'ils ont vécu
Lorsque l'on part aussi vaincu
C'est dur de sortir de l'enclave
Et pourtant l'espoir fleurissait
Dans les rêves qui montaient aux cieux
Des quelques ceux qui refusaient
De ramper jusqu'à la vieillesse
Oui notre bon Maître, oui notre MonsieurPourquoi ont-ils tué Jaurès ?
Pourquoi ont-ils tué Jaurès ?
Si par malheur ils survivaient
C'était pour partir à la guerre
C'était pour finir à la guerre
Aux ordres de quelque sabreur
Qui exigeait du bout des lèvres
Qu'ils aillent ouvrir au champ d'horreur
Leurs vingt ans qui n'avaient pu naître
Et ils mouraient à pleine peur
Tout miséreux oui notre bon Maître
Couverts de prèles oui notre Monsieur
Demandez-vous belle jeunesse
Le temps de l'ombre d'un souvenir
Le temps de souffle d'un soupir
Pourquoi ont-ils tué Jaurès ?
Pourquoi ont-ils tué Jaurès ?
Jacques Brel
http://www.youtube.com/watch?v=FyDd025RIi0
Re: poesies connues ou moins ...mais que vous aimez
Publié : dim. sept. 19, 2010 10:00 am
par caminde
Regarde bien, petitRegarde bien, petit,
Regarde bien
Sur la plaine là-bas
À hauteur des roseaux
Entre ciel et moulin
Y a un homme qui vient
Que je ne connais pas
Regarde bien, petit,
Regarde bien
Est-ce un lointain voisin
Un voyageur perdu
Un revenant de guerre
Un montreur de dentelles ?
Est-ce un abbé porteur
De ces fausses nouvelles
Qui aident à vieillir ?
Est-ce mon frère qui vient
Me dire qu'il est temps
D'un peu moins nous haïr ?
Ou n'est-ce que le vent
Qui gonfle un peu le sable
Et forme des mirages
Pour nous passer le temps ?
Regarde bien, petit,
Regarde bien
Sur la plaine là-bas
À hauteur des roseaux
Entre ciel et moulin
Y a un homme qui vient
Que je ne connais pas
Regarde bien, petit,
Regarde bien
Ce n'est pas un voisin
Son cheval est trop fier
Pour être de ce coin
Pour revenir de guerre,
Ce n'est pas un abbé
Son cheval est trop pauvre
Pour être paroissien,
Ce n'est pas un marchand
Son cheval est trop clair
Son habit est trop blanc
Et aucun voyageur
N'a plus passé le pont
Depuis la mort du père
Ni ne sait nos prénoms
Regarde bien, petit,
Regarde bien
Sur la plaine là-bas
À hauteur des roseaux
Entre ciel et moulin
Y a un homme qui vient
Que je ne connais pas
Regarde bien, petit,
Regarde bien
Non, ce n'est pas mon frère
Son cheval aurait bu
Non, ce n'est pas mon frère
Il ne l'oserait plus
Il n'est plus rien ici
Qui puisse le servir
Non, ce n'est pas mon frère
Mon frère a pu mourir
Cette ombre de midi
Aurait plus de tourments
S'il s'agissait de lui
Allons, c'est bien le vent
Qui gonfle un peu le sable
Pour nous passer le temps
Regarde bien, petit,
Regarde bien
Sur la plaine là-bas
À hauteur des roseaux
Entre ciel et moulin
Y a un homme qui part
Que nous ne saurons pas
Regarde bien, petit,
Regarde bien
Il faut sécher tes larmes
Y a un homme qui part
Que nous ne saurons pas
Tu peux ranger les armes
Jacques Brel
http://www.youtube.com/watch?v=usGlaznMem0
Re: poesies connues ou moins ...mais que vous aimez
Publié : dim. sept. 19, 2010 10:28 am
par Mark
C'est de moi, librement inspiré de Baudelaire,
Le Revenant, tiré des
Fleurs du Mal.
Re: poesies connues ou moins ...mais que vous aimez
Publié : dim. sept. 19, 2010 10:35 am
par saintluc
Superbe ton poème Cynyhia
Nostalgie de la terre algérienne
Souvenirs de ma terre natale
Nous ne reverrons plus les amandiers en fleurs
Qui nous émerveillaient sous la rosée de Mai ,
Quand les bouquets fleuris, sur les branches semés,
Offraient au ciel d'azur leurs pétales en pleurs .
Nous ne sentirons plus, prémices de printemps,
Les jaunes mimosas aux touffes odorantes,
Leur parfum délicat, sur les brises errantes,
Ne nous embaume plus, déjà, depuis longtemps.
Dans l'angle du jardin, nous ne gouterons plus
Aux figues rebondies craquelant sous la sève.
Et les moineaux pourront lorsque le jour se lève,
Les piquer à loisir : nous ne reviendrons plus...
Et nous n'entendrons plus , au lointain, sur les crêtes
D"un ânon esseulé, le braiment déchirant
Ni du berger suivant quelque troupeau errant
La flûte s'égrener en notes aigrelettes...
Mais nous conserverons, jusqu'au dernier départ,
Le regret lancinant des soleils éclatants,
Des hivers indulgents, des étés haletants
Et des nuits étoilées où plongeaient nos regards...
Re: poesies connues ou moins ...mais que vous aimez
Publié : dim. sept. 19, 2010 11:21 am
par orchidee
Nous avons tout le temps pour dormir,
pour courir à droite ou à gauche,
pour regretter nos erreurs et retomber dedans,
pour juger les autres et nous absoudre nous-mêmes,
nous avons tout le temps pour lire et écrire,
pour corriger ce que nous avons écrit, pour regretter ce que nous avons écrit
nous avons tout le temps pour faire des projets et ne pas les respecter,
nous avons tout le temps pour nous faire des illusions
et remuer leurs plus tard.
Nous avons tout le temps pour nos ambitions et nos maladies
pour incriminer le destin et les détails,
nous avons tout le temps pour regarder les nuages, les réclames ou un accident banal,
nous avons tout le temps pour chasser nos questions
pour remettre les réponses à plus tard
nous avons tout le temps pour détruire un rêve et le réinventer,
nous avons tout le temps pour nous faire des amis, pour les perdre,
nous avons tout le temps pour recevoir des leçons et pour les oublier ensuite,
nous avons tout le temps pour recevoir des présents et ne pas en comprendre le sens.
Nous trouvons du temps pour tout
Nous ne trouvons pas de temps pour un peu de tendresse.
Au moment où nous voulons le faire, nous mourons
.-Octavian Paler
(Traduction: Nicole Pottier, Virginia Popescu)
Course
Par-delà la mort, par-delà la vie,
par-delà l’amour, par-delà moi-même,
par-delà nous tous,
par-delà ceux que nous avons été,
ceux que nous aurions pu devenir.
La course continue.
-O. Paler
Re: poesies connues ou moins ...mais que vous aimez
Publié : dim. sept. 19, 2010 11:41 am
par saintluc
Tu vas nous poster des poètes roumains Orchidée?
Si tu pouvais nous traduire du Ilarie Voronca- Mihai Eminescu- Virgil Gheorghiu etc.....
Re: poesies connues ou moins ...mais que vous aimez
Publié : dim. sept. 19, 2010 12:02 pm
par orchidee
saintluc a écrit :Tu vas nous poster des poètes roumains Orchidée?
Si tu pouvais nous traduire du Ilarie Voronca- Mihai Eminescu- Virgil Gheorghiu etc.....
..c'est dur faire une bonne traduction...mais je viens de trouver un poem d'Eminescu
Tiens, les hirondelles vont filer,
Se secouent les fleurs de noyer.
La brume recouvre les vignes là-bas –
Pourquoi ne viens-tu pas, pourquoi ?
O, reviens dans mes bras câlins,
De te regarder, j’ai bien faim,
De poser doucement mon front béat
Contre ton sein, contre ton sein à toi !
Te souviens-tu : frais et dispos
On errait par monts et par vaux,
Je te levais à bout de bras
A tant de fois, à tant de fois !
.......................................
A présent, automne avancé.
Les feuilles retombent dans le sentier.
Et ces champs sont vagues et comme ras…
Pourquoi ne viens-tu pas, pourquoi ?
Re: poesies connues ou moins ...mais que vous aimez
Publié : dim. sept. 19, 2010 12:06 pm
par saintluc
J'aime bien Voronca
Rien n’obscurcira la beauté de ce monde
Les pleurs peuvent inonder toute la vision. La souffrance
Peut enfoncer ses griffes dans ma gorge. Le regret,
L’amertume, peuvent élever leurs murailles de cendre,
La lâcheté, la haine, peuvent étendre leur nuit,
Rien n’obscurcira la beauté de ce monde.
Nulle défaite ne m’a été épargnée. J’ai connu
Le goût amer de la séparation. Et l’oubli de l’ami
Et les veilles auprès du mourant. Et le retour
Vide, du cimetière. Et le terrible regard de l’épouse
Abandonnée. Et l’âme enténébrée de l’étranger,
Mais rien n’obscurcira la beauté de ce monde.
Ah ! On voulait me mettre à l’épreuve, détourner
Mes yeux d’ici-bas. On se demandait : « Résistera-t-il ? »
Ce qui m’était cher m’était arraché. Et des voiles
Sombres, recouvraient les jardins à mon approche
La femme aimée tournait de loin sa face aveugle
Mais rien n’obscurcira la beauté de ce monde.
Je savais qu’en dessous il y avait des contours tendres,
La charrue dans le champ comme un soleil levant,
Félicité, rivière glacée, qui au printemps
S’éveille et les voix chantent dans le marbre
En haut des promontoires flotte le pavillon du vent
Rien n’obscurcira la beauté de ce monde.
Allons ! Il faut tenir bon. Car on veut nous tromper,
Si l’on se donne au désarroi on est perdu.
Chaque tristesse est là pour couvrir un miracle.
Un rideau que l’on baisse sur le jour éclatant,
Rappelle-toi les douces rencontres, les serments,
Car rien n’obscurcira la beauté de ce monde.
Il faudra jeter bas le masque de la douleur,
Et annoncer le temps de l’homme, la bonté,
Et les contrées du rire et la quiétude
Joyeux nous marcherons vers la dernière épreuve
Le front dans la clarté, libation de l’espoir,
Rien n’obscurcira la beauté de ce monde.
Ilarie Voronca (1903-1946) – Beauté de ce monde (1940)
Re: poesies connues ou moins ...mais que vous aimez
Publié : lun. sept. 20, 2010 4:38 am
par saintluc
Re: poesies connues ou moins ...mais que vous aimez
Publié : lun. sept. 20, 2010 7:56 am
par caminde
Les Marquises
Ils parlent de la mort comme tu parles d'un fruit
Ils regardent la mer comme tu regardes un puits
Les femmes sont lascives au soleil redouté
Et s'il n'y a pas d'hiver, cela n'est pas l'été
La pluie est traversière, elle bat de grain en grain
Quelques vieux chevaux blancs qui fredonnent Gauguin
Et par manque de brise, le temps s'immobilise
Aux Marquises
Du soir, montent des feux et des points de silence
Qui vont s'élargissant, et la lune s'avance
Et la mer se déchire, infiniment brisée
Par des rochers qui prirent des prénoms affolés
Et puis, plus loin, des chiens, des chants de repentance
Et quelques pas de deux et quelques pas de danse
Et la nuit est soumise et l'alizé se brise
Aux Marquises
Le rire est dans le cœur, le mot dans le regard
Le cœur est voyageur, l'avenir est au hasard
Et passent des cocotiers qui écrivent des chants d'amour
Que les sœurs d'alentour ignorent d'ignorer
Les pirogues s'en vont, les pirogues s'en viennent
Et mes souvenirs deviennent ce que les vieux en font
Veux-tu que je te dise : gémir n'est pas de mise
Aux Marquises
Jacques Brel
http://www.youtube.com/watch?v=hVK-s84SN_s(son dernier disque...)
Re: poesies connues ou moins ...mais que vous aimez
Publié : lun. sept. 20, 2010 8:05 am
par Cynyhia
St Luc le poême de Voronca :magnifique j'adore
Oui rien n'obscurcira la beauté de ce monde