Re: EPHEMERIDE: La boite à clous. Ici on trouve de tout.
Publié : jeu. juin 28, 2012 11:31 pm
Avant et après le traité de Bucarest
La Deuxième Guerre balkanique qui dura du 16 juin au 18 juillet 1913 opposa la Bulgarie, à ses anciens alliés, la Serbie et la Grèce, mécontents du partage des gains de la Première Guerre balkanique. Les armées serbes et grecques échouèrent à repousser l'offensive bulgare. La nouvelle guerre provoqua l'entrée en guerre de la Roumanie alors en différent frontalier avec la Bulgarie. Lorsque les troupes roumaines approchèrent de la capitale Sofia, la Bulgarie demanda un armistice qui déboucha sur le Traité de Bucarest, dans lequel la Bulgarie céda la majeure partie de ses gains issus de la Première Guerre balkanique à la Serbie, à la Grèce, à la Roumanie et à l'Empire Ottoman.
La guerre provoqua la rupture de l'alliance russo-bulgare, laissant la Serbie seule alliée de la Russie dans cette région importante. C'est pour cela que la Serbie reçut le soutien total de la Russie lors de la crise de juillet 1914 qui mena à la Première Guerre mondiale.
Durant la Première Guerre balkanique (octobre 1912 - mai 1913), la Ligue balkanique, constituée de la Serbie, du Monténégro, de la Grèce et de la Bulgarie était parvenue à expulser les Ottomans de leurs provinces européennes (Albanie, Macédoine, le Sandžak et la Thrace), ne lui laissant que les territoires à l'est d'une ligne Enez-Kıyıköy (Enos-Midia) et la péninsule de Gallipoli.
L'article II du Traité de Londres signé le 30 mai 1913 indique que « sa Majesté l'Empereur des Ottomans cède à leurs Majestés les Souverains Alliés tous les territoires de son empire sur le continent de l'Europe à l'ouest d'une ligne tracée d'Enos sur la mer Egée à Midia sur la mer Noire, à l'exception de l'Albanie ». Aucune frontière n'étant définie entre membres de la ligue, les relations entre les vainqueurs se détériorèrent rapidement du fait de désaccords sur cette question.
Durant les négociations d'avant-guerre qui menèrent à la création de la Ligue balkanique, la Serbie et la Bulgarie avaient signé un accord secret le 13 mars 1912 concernant la future frontière en Macédoine qui devait passer par une ligne Kriva Palanka-Ohrid (ces deux villes revenaient aux bulgares) laissant la plus grande partie de la Macédoine du Vardar entre les mains de la Bulgarie. La politique bulgare était de signer un tel accord pour empêcher l'expansion de la Serbie tout en refusant de signer un accord du même type avec la Grèce, croyant que son armée pourrait capturer la plus grande partie de la Macédoine et le port de Thessalonique avant les grecs. Malheureusement pour elle, les Serbes réussirent à envahir une zone bien plus au sud que prévu par le traité jusqu'à une ligne Bitola–Gevgelija. La zone contestée devait faire l'objet d'un arbitrage russe. De même, les Grecs parvinrent à s'emparer du port de Thessalonique juste avant les Bulgares et à établir une frontière commune avec les Serbes.
Lorsque la Bulgarie appela la Serbie à honorer l'accord d'avant-guerre concernant le nord de la Macédoine, les Serbes, mécontents d'avoir dû évacuer l'Albanie sous la pression des grandes puissances, refusèrent catégoriquement de céder plus de territoires. Très rapidement, des altercations eurent lieu le long des frontières d'occupation. En réponse à la menace bulgare, la Serbie lança des négociations avec la Grèce qui avait également des raisons de craindre les ambitions bulgares. Quelques années auparavant, les deux pays s'étaient livrés à une guerre larvée par l'intermédiaire de groupes de guérillas en Macédoine et un régiment bulgare avait été autorisé à entrer dans Thessalonique huit mois auparavant, soi-disant pour récupérer, mais y restait depuis
Les Grandes Puissances sous la menace de l'explosion des Balkans.
Le 1er juin 1913, un jour après la signature du traité de Londres et 16 jours avant l'attaque bulgare, les Serbes et les Grecs signèrent un accord militaire secret confirmant que la ligne de démarcation entre leurs zones d'occupation deviendraient la frontière entre les deux pays. L'accord prévoyait également la formation d'une alliance en cas d'agression bulgare ou austro-hongroise. Dans les négociations, la Serbie n'évoqua pas les causes de sa dispute avec la Bulgarie, en particulier l'accord sur la frontière au nord de la Macédoine. Avec cet accord, la Serbie réussit à impliquer la Grèce dans la question de la frontière en Macédoine car celle-ci garantissait la zone d'occupation actuelle serbe. La Bulgarie, dans une tentative pour torpiller le rapprochement serbo-grec, signa un protocole avec la Grèce confirmant une ligne de démarcation permanente entre leurs forces respectives reconnaissant officieusement le contrôle grec du sud de la Macédoine. Mais la rupture de cet accord mettra fin à cette diplomatie anti-serbe.
Un autre point de friction était le refus bulgare de céder la forteresse de Silistra à la Roumanie comme prévu avant-guerre en échange de la neutralité roumaine. Lorsque la Roumanie, après la Première Guerre balkanique, demanda la ville, la Bulgarie lui offrit de petites modifications de la frontière n'incluant pas Silistra et des garanties sur les droits des valaques en Macédoine. La Roumanie menaça de récupérer ce territoire par la force, mais une proposition russe d'arbitrage empêcha les hostilités. Dans le protocole de Saint-Pétersbourg du 8 mai 1913, la Bulgarie acceptait de céder Silistra mais pas la Dobroudja du Sud. Sous la pression russe, la Roumanie accepta. L'accord final était un compromis entre les revendications roumaines sur la Dobroudja et le refus bulgare d'accepter tout transfert significatif. Le fait que la Russie ne parvint pas à protéger l'intégrité territoriale de la Bulgarie fit que les bulgares perdirent confiance dans une issue favorables des arbitrages russes concernant la zone d'occupation contestée avec les serbes. Le comportement de la Bulgarie eut également des conséquences à long terme sur les relations russo-bulgares car la Bulgarie refusa tout compromis sur l'accord d'avant-guerre concernant la frontière avec la Serbie. Cela amena finalement la Russie à mettre fin à son alliance avec la Bulgarie, rendant une confrontation avec la Roumanie et avec la Serbie inévitable.
En 1912, les ambitions bulgares exprimées par Ferdinand Ier de Bulgarie et l'état-major dépassaient les dispositions les plus avantageuses du Traité de San Stefano en incluant la Thrace, toute la Macédoine et Thessalonique, Edirne et Constantinople. Le fait que les Bulgares aient tentés de prendre Constantinople malgré les menaces répétées de la Russie montre un manque évident de réalisme de la part des dirigeants bulgares.
Bien que l'armée bulgare ait réussi à capturer Edirne (avec l'aide des serbes), l'ambition du Tsar Ferdinand de se couronner empereur à Constantinople s'avéra irréalisable lorsque les Bulgares furent repoussés à la bataille de Çatalca. De plus, l'effort réalisé pour prendre Constantinople a finalement provoqué la perte d'une grande partie de la Macédoine et de Thessalonique, ce qui ne pouvait pas être facilement accepté et poussa les militaires bulgares à lancer une guerre contre leurs anciens alliés. Cependant, avec des Ottomans refusant la perte de la Thrace orientale à l'est, une Roumanie furieuse au nord, la décision de lancer une attaque contre la Grèce au sud et la Serbie au nord était très aventureuse. D'autant plus aventureuse qu'en mai, les Turcs avaient demandé d'urgence une mission allemande pour réorganiser l'armée et en juin, la Bulgarie apprit l'existence de l'accord entre la Serbie et la Grèce en cas d'attaque bulgare. Le 27 juin, le Monténégro annonce qu'il serait du côté de la Serbie en cas de guerre entre les deux pays. Le 5 février, la Roumanie régla ses différends territoriaux concernant la Transylvanie avec l'Autriche-Hongrie en signant avec elle une alliance militaire et le 28 juin, elle avertit officiellement la Bulgarie qu'elle ne resterait pas neutre dans le cas d'une nouvelle guerre dans la région.
Comme les escarmouches continuaient en Macédoine, principalement entre les troupes bulgares et serbes, le Tsar Nicolas II de Russie essaya d'empêcher le conflit qui s'annonçait car il ne souhaitait pas perdre l'un ou l'autre de ses alliés slaves dans les Balkans. Le 8 juin, il envoya un message identique aux rois de Bulgarie et de Serbie, offrant sa médiation sur les dispositions du traité de 1912 entre les deux pays. La Serbie demandait une révision du traité car elle avait perdu le nord de l'Albanie du fait de la volonté des grandes puissances de créer l'état albanais, une zone qui lui était accordée d'après ce traité. La réponse bulgare contenait tellement de conditions qu'elle ressemblait fort à un ultimatum, ce qui mena les diplomates russes à réaliser que la Bulgarie avait déjà décidée d'entrer en guerre avec la Serbie. Cela amena la Russie à annuler son initiative d'arbitrage et à désavouer son alliance avec la Bulgarie. La Bulgarie faisait voler en éclat la Ligue balkanique qui était considérée comme le meilleur rempart contre l'expansion austro-hongroise et qui avait couté de nombreux efforts diplomatiques à la Russie depuis plus de dix ans. Les mots exacts de Sergueï Sazonov à Stoyan Danev furent « N'espérez rien de nous et oubliez l'existence de tous nos accords depuis 1902 ». Lorsque la Serbie et la Grèce proposèrent que les trois pays réduisent leurs armées d'un quart pour faciliter une solution pacifique, la Bulgarie rejeta cette idée.
La Bulgarie était déjà sur le chemin de la guerre car le chef du gouvernement, Ivan Evstratiev Geshov fut remplacé par le partisan de la ligne dure et chef du parti russophile Stoyan Danev. Le 16 juin, les troupes bulgares lancèrent une attaque surprise simultanée contre les positions serbes et grecques sans déclaration de guerre préalable. L'objectif bulgare était de défaire les Serbes et les Grecs et d'occuper le plus de territoires possible avant que les grandes puissances n'interviennent pour mettre fin aux hostilités. Pour obtenir la supériorité nécessaire, la totalité de l'armée bulgare fut associée à cette opération. Aucune réserve ne fut mise en place pour faire face à une intervention (officiellement annoncée) roumaine ou ottomane, supposant étrangement que la Russie empêcherait toute initiative de ces pays, même après qu'elle eut violemment mis fin à son alliance et se fut tournée vers la Roumanie (elle avait d'ailleurs offert le titre honorifique de maréchal russe au roi roumain Carol Ier). Le plan consistait en une attaque concentrée contre l'armée serbe dans la plaine du Vardar pour la neutraliser et pour capturer le nord de la Macédoine et en une attaque plus faible contre les grecs près de Thessalonique. Cette armée faisait la moitié de celle déployée contre les serbes et devait capturer la ville et le sud de la Macédoine. Le haut-commandement bulgare n'était pas certain que ces forces pourrait battre l'armée grecque mais dans le pire des cas, elles seraient suffisante pour protéger le flanc sud et attendre les renforts de l'armée du nord.
Régions occupées par les différents belligérants à la veille de la Deuxième Guerre balkanique.
D'après la loi militaire de 1903, les forces armées bulgares étaient divisées en deux catégories : l'armée d'active et la milice nationale. Le cœur de l'armée était formé de neuf divisions d'infanterie et une de cavalerie. Cependant du fait de la subdivision particulière des divisions bulgares, celles-ci étaient de la taille d'un corps d'armée. Malgré 599 878 soldats au début de la Première Guerre balkanique, la Bulgarie ne disposait que de dix divisions. Par comparaison, les neuf divisions grecques ne comprenaient que 118 000 hommes. Pour aggraver le déséquilibre des forces, les Bulgares disposaient de 1 116 pièces d'artillerie soit six fois plus que les grecs et cinq fois plus que les Serbes.
Il y a néanmoins une controverse sur la force réelle de l'armée bulgare lors de la Deuxième Guerre balkanique. Au déclenchement de la Première Guerre, la Bulgarie mobilisa un total de 599 878 hommes (366 209 dans l'armée d'active, 53 927 dans les unités de réserve, 53 983 dans la milice, 94 526 conscrits entre 1912 et 1913, 14 204 volontaires et 14 424 gardes frontières). 33 000 soldats moururent lors de la Première Guerre (14 000 au combat et 19 000 de maladies). Pour remplacer ces pertes, elle lança la conscription de 60 000 hommes entre les deux guerres principalement dans les territoires occupés. D'après l'état-major bulgare, l'armée comprenait 7 693 officiers et 492 528 soldats le 16 juin mais rencontrait des problèmes d'approvisionnement en particulier pour les fusils.
Les 1re et 3e Armées bulgare sous le commandement respectif des généraux Vasil Kutinchev et Radko Dimitriev étaient déployées sur la frontière avec la Serbie avec la 5e Armée du général Stefan Toshev près de Kyoustendil et la 4e Armée dans la région de Kotchani et de Radoviš. La 2de Armée sous le commandement du général Nikola Ivanov était déployée contre l'armée grecque.
L'armée du Royaume de Serbie comptait 348 000 hommes dont 252 000 combattants divisée en deux armées et dix divisions. Le gros de ces forces était déployé le long de la rivière Vardar et près de Skopje. Son commandant en chef était Pierre Ier de Serbie mais le vrai chef des armées était Radomir Putnik.
Au début de juin 1913, l'armée du Royaume de Grèce était composée de 142 000 soldats répartis en neuf divisions. huit divisions étaient disposées en arc de cercle en Macédoine et une division était laissée en Épire. Au début des hostilités, celle-ci fut rapatriée sur le front de Macédoine. Tout comme en Serbie, le commandant en chef Constantin Ier de Grèce déléguait la conduite des opérations et ce fut le général Ioánnis Metaxás qui commandait les forces armées grecques.
Le Royaume du Monténégro envoya une division de 12 000 hommes sur le front de Serbie.
Le Royaume de Roumanie mobilisa 330 000 hommes dont 80 000 devaient occuper la Dobroudja du Sud et le reste de l'armée avait pour mission de mener l'offensive vers Sofia.
L'Empire ottoman entra en guerre avec 255 000 hommes.
Fin de la 1ère partie