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Publié : lun. juil. 26, 2010 3:09 am
par saintluc
Une partie de brouillon :))
Petit passage......... Arrivé à Philip Island, à cent kilomètres au sud de Melbourne. Nous sommes à quelques encablures de la côte et devons charger du gaz pour le Japon. Cinq jours d’attente… Dès le deuxième jour nous mettons une embarcation de sauvetage à l’eau afin de nous rendre à terre. La baleinière accoste à un petit ponton qui donne sur une plage déserte, hiver oblige. C’est une petite station balnéaire au repos qui nous attend. Nous nous dirigeons vers un hôtel café, restaurant, salle de billard. Le patron parle le français, normal il est belge (wallon) et habite l’Australie depuis plus de trente ans. Les quelques pèlerins traînant dans l’hôtel nous assaillent de questions, nous offrent à boire et nous proposent de nous balader dès le soir même. Nous irons assister à la remontée des pingouins vers dix huit heures, dix neuf heures…

Incroyable ! des milliers d’oiseaux remontent de la côte pour venir passer la nuit à terre. Je ne pensais vraiment pas que la bestiole était si petite ? L’on me dit de me placer sur la trajectoire d’un animal, ce que je fais, amusé. Il arrive à mes pieds, s’arrête, me regarde, l’air de me dire « Allez, bouges mon vieux, je dois passer à cet endroit pour rentrer chez moi » Cinq minutes… Dix minutes… Le pingouin n’a toujours pas bougé d’un iota, il m’observe, impassible ; les autres passent près de moi en un flot continu, sans s’occuper des êtres humains qui les regardent… Ca se dandine dans tous les sens, c’est vraiment farce à observer. Jamais je n’aurai pensé que des animaux sauvages aient aussi peu peur de l’homme ? Enfin, je fais un petit pas sur le coté, la petite chose noire et blanche me regarde une dernière fois ayant l’air de me dire :

« Quand même, ce n’est pas trop tôt… »

et de reprendre sa route afin de rejoindre son nid pour passer la nuit.



Le lendemain, nous passons la soirée chez des jeunes de notre age. Maison en bois à l’américaine, un peu ranch… Dans l’allée qui conduit à l’entrée, des plantes de deux à deux mètres cinquante de haut bordent à droite et à gauche cette allée. Eh oui, du canabis ! Et croyez moi, il y en a des plants… L’on me dit qu’ici, il n’y a aucun problème, que des policier viennent en chercher tout en profitant pour boire une bière bien fraîche



Vingt quatre heures plus tard, j’arrive à me faire remplacer pour la journée et pars avec deux copains du bord pour Melbourne. Un seul souvenir de cette visite : en soirée nous allons boire le champagne pour fêter l’anniversaire d’un des copain et surprise, sur l’étiquette de la bouteille de champagne « Méfiez-vous des imitations françaises » Incroyable !



Je balance des morceaux de pain, de viande et de poisson par dessus bord, les otaries viennent à une dizaine manger les déchets que j’ai jeté, elles chahutent ensuite pendant une bonne demie heure le long du bord, spectacle assuré…



C’est de nouveau le départ, en route pour le Japon (Chiba), pas très loin de Tokyo. Dès ma première sortie je vais dans une boutique acheter des timbres-poste. L’employée est mignonne et sympa ; je lui montre un timbre français que j’ai apporté pour lui faire comprendre ce que je désire. Elle comprend parfaitement et me sort une chemise avec différents types de timbres. J’en prend deux de chaque et regarde les dernières feuilles où sont alignés de magnifiques timbres représentant des fleurs de pommiers. Je demande à la vendeuse de m’en donner un de chaque car les prix de chaque timbre sont assez élevés. Elle me fait signe que non, elle ne veut pas m’en donner ! J’insiste lourdement pendant plus de cinq minutes pour avoir cette série de timbres… Enfin elle me les donne tout en rallant… Je ne comprend vraiment rien à ce qu’elle essaie de me faire comprendre. Je paie et repars à bord avec mes belles séries de timbres-poste.



Quelques années plus tard, ayant en ma possession un album de cotations des timbres japonais, je cherche mes fameux timbres sans rien trouver sur eux. Trente ans plus tard, ayant un correspondant japonais, je lui transmet des photocopies de mes petits bouts de papier, et enfin, la réponse ne tarde pas à me parvenir par retour de courrier… « Cher ami, les timbres que vous m’avez demandé d’expertiser, sont des timbres-fiscaux , timbres-amende. »

Voilà pourquoi j’avais payé une petite fortune pour me procurer ces vignettes !J’avais acheté toute la série de timbres-fiscaux de cette année là.

Que dire sur mes voyages au pays du soleil levant ? Ma première et seule journée à Tokyo ? J’étais à Chiba, je pris le train le matin pour la capitale. J’ai déambulé toute la journée sans souvenir anecdotique particulier… Sauf mon retour ! Une gare de Tokyo et le bonhomme incapable de trouver le train pour rentrer… Pas une personne ne parlait l’anglais… Tous pressés ! Pas le temps de s’occuper du loustic ! Enfin, après une bonne heure à avoir déambulé dans la gare à essayer de comprendre les panneaux indicateurs sur les départs de trains, un sympathique employé de l’honorable compagnie des chemins de fer prend la peine de jeter un œil sur mon morceau de papier, où figure, en japonais, l’adresse de ma destination ainsi que le quai où est amarré mon navire. Il me montre d’abord mon train et ensuite, par signes, le nombre de stations avant de descendre. De la folie pour monter à bord du train ; une bousculade rangée… Serrés comme des sardines, et en plus, un gars en uniforme qui se charge de pousser la foule afin de fermer les portes ! Voyage épique…

Souvenir aussi de Kawasaki, toujours dans la baie de Tokyo. Sortie le soir…

Difficile de trouver un bar, un café, une boite… Des panneaux en anglais : « Réservé uniquement aux japonais » Les japonais sont racistes ! Mais, intelligents… Au lieu de marquer « Interdit aux chiens, arabes et blancs » ils ont cette phrase plus courte qui veut en dire tout autant… Je m’avise quand même à rentrer dans une espèce de boite de nuit où l’on essaie de me refouler gentiment. Je dis que je suis français, pas américain ! Et là, plus aucun problème, je suis accueilli, mes collègues et moi même, avec tous les honneurs. Les japonais n’ont jamais digéré Hiroshima, Nagasaki, ils en veulent toujours à mort aux américains. Par contre, si vous invitez une fille à boire un pot, au bout de quinze minutes, le barman vous fait signe qu’il faut remettre ça car le temps est écoulé. Si vous ne payez pas un nouveau verre, la fille part et vous devez sortir…

Sur Mito, au nord-est de Tokyo, je suis resté pendant quelques voyages avec une très jolie japonaise, une vraie petite poupée…Un petit bar en centre ville, une petite banane aux fesses une après-midi, et c’est comme ça que l’histoire à commencé. La patronne du bar a dit aux copains qui m’accompagnaient qu’elle se chargeait de moi jusqu’à leur retour vers vingt heures trente.

Je me suis réveillé vers dix sept heures dans une petite pièce au dessus du bar, je n’étais pas sur un lit mais sur un canapé. Je suis descendu après m’être passé le visage sous l’eau, suis arrivé dans le bar où je fut accueilli d’un très gracieux sourire par la maîtresse de maison. C’était une jeune femme très fine, taille de guêpe, deux yeux en amandes dont l’un avec un léger, très léger strabisme. Deux jolies fossettes quand elle souriait, et elle souriait constamment. Deux petits seins à peine visibles. Les attaches des poignés minuscules, elle était vraiment très jolie… Je suis resté tranquille jusqu’à l’arrivée des copains, bu un verre avec eux et leur dit que je restais là, que je n’allais pas faire la fête…Je l’ai aidé à faire le service, la vaisselle, la caisse… A la fermeture, elle me fit comprendre de passer boire un pot chez elle ? J’ai accepté sans penser à ce moment là, à la bagatelle… Nous sommes partis avec sa voiture en dehors de la ville, avons roulé un petit quart d’heure, sommes descendus dans un parking souterrain au pied d’un immeuble moderne et assez chic. Petit ascenseur jusqu’au dix huitième étages . Appartement de haut standing, et, surprise, au milieu de la pièce principale, un petit bassin de trois mètres sur deux environ ? Cette pièce est grande, avec coin salle à manger, le bassin et le salon composé d’un canapé et de deux fauteuils de cuir blanc. Petite table basse en verre. Elle me fit installer sur un des fauteuils, m’offrit un whisky japonais, Santory Black Label je pense ? Alluma la télévision sur une chaîne de dessins animés américains et me laissa planté là me regardant , un léger sourire aux lèvres, ses deux petites fossettes lui donnant un visage de poupée. Elle alla vers le bassin, ouvrit les robinets, versa quelques sels de bains et partit quelques instants dans une autre pièce… J’étais confortablement installé dans le fauteuil à siroter mon whisky, regardant et souriant devant les gags des dessins animés quand elle réapparue nue, divine, magnifique, splendide, une vraie nymphe… L’adrénaline monta, je me levai et me dirigeais vers elle… Elle me repoussa et me fit comprendre de ne pas la toucher… Je la regardais, admirai son corps qui paraissait tellement fragile… Petites épaules droites, petit buste avec deux très mignons petits seins, une taille très fine, des hanches saillantes, un sexe épilé, deux petites fesses bombées, des jambes assez courtes et fines elles aussi… La peau d’un blanc laiteux. Elle commença à me déshabiller doucement, me fit entrer dans le bassin et commença à me laver, tout en me caressant. j’ai voulu une fois de plus la toucher… Non ! Interdit ! Une fois décapé de la tête aux pieds, elle me raccompagna vers le fauteuil, me resservit un verre de whisky et partit à son tour se laver dans le bassin.

Après une bonne dizaine de minutes, elle vint vers moi, me prit la main et m’emmena dans sa chambre à coucher… Sa peau ? une douceur de pêche… Elle sentait et respirait la fraîcheur… Longtemps nous nous sommes caressés, appris nos corps… Enfin nous avons fait l’amour sans que je sois le maître du jeu, elle dirigeait comme un chef d’orchestre, des mesures tantôt rapides, tantôt très douces… Le paradis… Le nirvana… Le… Le… Aucune phrase, aucun mot ne peut décrire ces instants. Je suis retourné trois fois dans cette ville et trois fois nous nous sommes revus pour passer des moments inoubliables, à tout jamais gravés au fond de nos mémoires. Elle ne me demanda jamais de rester près d’elle, jamais nous ne nommes dit « Je t’aime » L’instant, présent c’est tout… La vie est courte et nous pensions tout deux que chaque instant de bonheur était bon à prendre. Chaque heure, chaque minute, chaque seconde étaient dégustées comme les derniers moments de notre vie .Nous avons appris chaque millimètre carré du corps de l’autre. Quarante ans après, je n’ai toujours pas oublié le corps de cette jeune japonaise. Je n’ai jamais su prononcer son prénom et je ne m’en souviens plus… A mes retours au Japon, j’allais dans son bar dès que possible, elle m’accueillait toujours d’un timide sourire , je ne la prévenais jamais de mon arrivée, je mangeais un morceau, elle vaquait à ses occupations, une heure avant la fermeture je faisais le reste de vaisselle, ensuite je comptais la caisse pendant quelle rangeait et nettoyait la salle , nous fermions, prenions sa voiture et allions chez elle pour passer quelques heures de bonheur. Adieu fille du soleil levant, adieu… Je suis allé aussi sur l’île d’Hokkaido plusieurs fois. Là, pas de sorties nocturnes, mais de grandes ballades dans la journée le long des côtes sauvages à observer la nature dans toute sa beauté et sa pureté.

Je revins au Japon plusieurs fois, mais c’est une autre histoire…

Publié : lun. juil. 26, 2010 11:38 am
par Cynyhia
Quelle histoire magnifique je suis ébahie , vraiment Luc tu m'as fait voyager et j'aime tes descriptions délicates et tendres

:red :love

Publié : lun. juil. 26, 2010 1:58 pm
par orchidee
...tres emue aussi de ton ecrit saintluc, encore !!!...merci , tout joli...

...envie de vous partager celui-la



Dans la Grèce antique, Socrate avait une grande réputation de sagesse.

Un homme vint un jour le trouver, et lui dit :

- Sais-tu ce que je viens d'apprendre sur ton ami ?

- Un instant, répondit Socrate. Avant que tu me racontes, j'aimerais te faire passer un test, celui des trois passoires.

- Les trois passoires ?

- Avant de me raconter toutes sortes de choses sur les autres, il est bon de prendre le temps de filtrer ce que l'on va dire. C'est ce que j'appelle le test des trois passoires.
La première passoire est celle de la vérité.
As-tu vérifié si ce que tu veux me raconter est vrai ?

- Non. J'en ai simplement entendu parler...

- Très bien. Tu ne sais donc pas si c'est la vérité.
Essayons de filtrer autrement, en utilisant une deuxième passoire, celle de la bonté.
Ce que tu veux m'apprendre sur mon ami, est-ce quelque chose de bon ?

- Ah non. Au contraire.

- Donc, continua Socrate, tu veux me raconter de mauvaises choses sur lui et tu n'es même pas certain de leur véracité.
Tu peux encore passer le test, car il reste une passoire, celle de l'utilité.
Est-il utile que tu m'apprennes ce que mon ami aurait soi-disant fait ?

- Non, pas vraiment.

- Alors, conclut Socrate, si ce que tu as à me raconter n'est ni vrai, ni bien, ni utile, pourquoi vouloir me le dire ?

Publié : lun. juil. 26, 2010 7:52 pm
par administration
C'est merveilleux!

Il faut quelques suites au PC!

Publié : mar. juil. 27, 2010 12:34 pm
par orchidee
J'ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité.
Est-il encore temps d'atteindre ce corps vivant ?
Et de baiser sur cette bouche la naissance, de la voix qui m'est chère?

J'ai tant rêvé de toi que mes bras habitués
En étreignant ton ombre
A se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pas
Au contour de ton corps, peut-être.
Et que, devant l'apparence réelle de ce qui me hante
Et me gouverne depuis des jours et des années,
Je deviendrais une ombre sans doute.

O balances sentimentales.

J'ai tant rêvé de toi qu'il n'est plus temps
Sans doute que je m'éveille.Je dors debout, le corps exposé
A toutes les apparences de la vie.
Et de l'amour et toi, la seule qui compte aujourd'hui pour moi,
Je pourrais moins toucher ton front
Et tes lèvres que les premières lèvres et le premier front venu.

J'ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé,
Couché avec ton fantôme

Qu'il ne me reste plus peut-être,
Et pourtant, qu'a être fantôme
Parmi les fantômes et plus ombre
Cent fois que l'ombre qui se promène
Et se promènera allègrement
Sur le cadran solaire de ta vie.

Robert Desnos, "Corps et biens".

Publié : mer. juil. 28, 2010 8:01 am
par orchidee
LE VISAGE DE LA PAIX (1951)
I
Je connais tous les lieux où la colombe loge
Et le plus naturel est la tête de l’homme.

II
L’amour de la justice et de la liberté
A produit un fruit merveilleux
Un fruit qui ne se gâte point
Car il a le goût du bonheur.

III
Que la terre produise que la terre fleurisse
Que la chair et le sang vivants
Ne soient jamais sacrifiés.

IV
Que le visage humain connaisse
L’utilité de la beauté
Sous l’aile de la réflexion.

V
Pour tous du pain pour tous des roses
Nous avons tous prêté serment
Nous marchons à pas de géant
Et la route n’est pas si longue.

VI
Nous fuirons le repos nous fuirons le sommeil
Nous prendrons de vitesse l’aube et le printemps
Et nous préparerons des jours et des saisons
À la mesure de nos rêves.

VII
La blanche illumination
De croire tout le bien possible.

VIII
L’homme en proie à la paix se couronne d’espoir.

IX
L’homme en proie à la paix a toujours un sourire
Après tous les combats pour qui le lui demande.

X
Feu fertile des grains des mains et des paroles
Un feu de joie s’allume et chaque cœur a chaud.

XI
Vaincre s’appuie sur la fraternité.

XII
Grandir est sans limites.

XIII
Chacun sera vainqueur.

XIV
La sagesse pend au plafond
Et son regard tombe du front comme une lampe de cristal.

XV
La lumière descend lentement sur la terre
Du front le plus ancien elle passe au sourire
Des enfants délivrés de la crainte des chaînes.

XVI
Dire que si longtemps l’homme a fait peur à l’homme
Et fait peur aux oiseaux qu’il portait dans sa tête.

XVII
Après avoir lavé son visage au soleil
L’homme a besoin de vivre
Besoin de faire vivre et il s’unit d’amour
S’unit à l’avenir.

XVIII
Mon bonheur c’est notre bonheur
Mon soleil c’est notre soleil
Nous nous partageons la vie
L’espace et le temps sont à tous.

XIX
L’amour est au travail il est infatigable.

XX
C’est en mil neuf cent dix sept
Et nous gardons l’intelligence
De notre délivrance.

XXI
Nous avons inventé autrui
Comme autrui nous a inventé
Nous avions besoin l’un de l’autre.

XXII
Comme un oiseau volant a confiance en ses ailes
Nous savons où nous mène notre main tendue
Vers notre frère.

XXIII
Nous allons combler l’innocence
De la force qui si longtemps
Nous a manqué
Nous ne serons jamais plus seuls.

XXIV
Nos chansons appellent la paix
Et nos réponses sont des actes pour la paix.

XXV
Ce n’est pas le naufrage c’est notre désir
Qui est fatal et c’est la paix qui est inévitable.

XXVI
L’architecture de la paix
Repose sur le monde entier.

XXVII
Ouvre tes ailes beau visage
Impose au monde d’être sage
Puisque nous devenons réels.

XXVIII
Nous devenons réels ensemble par l’effort
Par notre volonté de dissoudre les ombres
Dans le cours fulgurant d’une clarté nouvelle.

XXIX
La force deviendra de plus en plus légère
Nous respirerons mieux nous chanterons plus haut.

PAUL ELUARD

Publié : jeu. juil. 29, 2010 12:15 am
par saintluc
Mon sang? Il est là, il coule toujours

Avec l'impression de crever chaque jour.

Ma tête va de rêves en destins,

Chaque jour mes yeux voient la fin...

Il me faut quitter l'ombre de ce cauchemar,

Fuir ce mensonge face au trop tard;

Ne jamais en perdre la raison,

Peu importe les saisons...

Je voudrai fuir le monde, rejoindre mon désir,

Pouvoir matérialiser, pouvoir le saisir.

Les branches ne sont plus dénudées,

Doucement pointe la lune argentée;

La vie est là, j'en suis certain !

Sur les ondes aux reflets cristallins;

Depuis ce matin mon corps explose,

Coeur collé à l'épine d'une rose.

Mon regard brouillé fixe l'inertie,

J'analyse mon sommeil sous la vie;

Je la borde de baisers vains

Pour qu'ils arrivent enfin ...

Lumière de ma propre vie,

Je lutte pour toi, le jour, la nuit.

Toujours se battre... Se battre sans cesse,

Pour un instant trouver détresse et caresses.

Nos petites poussières meurent et prennent vie

Chacun se retrouve dans les tourbillons infinis...

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Publié : jeu. juil. 29, 2010 3:23 am
par Juliette D.
Le printemps laisse errer les fiancés parjures
Et laisse feuilloler longtemps les plumes bleues
Que secoue le cyprès où niche l'oiseau bleu

Une Madone à l'aube a pris les églantines
Elle viendra demain cueillir les giroflées
Pour mettre aux nids des colombes qu'elle destine
Au pigeon qui ce soir semblait le Paraclet

Au petit bois de citronniers s'énamourèrent
D'amour que nous aimons les dernières venues
Les villages lointains sont comme les paupières
Et parmi les citrons leurs coeurs sont suspendus


Mes amis m'ont enfin avoué leur mépris
Je buvais à pleins verres les étoiles
Un ange a exterminé pendant que je dormais
Les agneaux les pasteurs des tristes bergeries
De faux centurions emportaient le vinaigre
Et les gueux mal blessés par l'épurge dansaient
Étoiles de l'éveil je n'en connais aucune
Les becs de gaz pissaient leur flamme au clair de lune
Des croque-morts avec des bocks tintaient des glas
A la clarté des bougies tombaient vaille que vaille
Des faux cols sur les flots de jupes mal brossées
Des accouchées masquées fêtaient leur relevailles
La ville cette nuit semblait un archipel
Des femmes demandaient l'amour et la dulie
Et sombre sombre fleuve je me rappelle
Les ombres qui passaient n'étaient jamais jolies


Je n'ai plus même pitié de moi
Et ne puis exprimer mon tourment de silence
Tous les mots que j'avais à dire se sont changés en étoiles
Un Icare tente de s'élever jusqu'à chacun de mes yeux
Et porteur de soleils je brûle au centre de deux nébuleuses
Qu'ai-je fait aux bêtes théologales de l'intelligence
Jadis les morts sont revenus pour m'adorer
Et j'espérais la fin du monde
Mais la mienne arrive en sifflant comme un ouragan


J'ai eu le courage de regarder en arrière
Les cadavres de mes jours
Marquent ma route et je les pleure
Les uns pourrissent dans les églises italiennes
Ou bien dans de petits bois de citronniers
Qui fleurissent et fructifient
En même temps et en toute saison
D'autres jours ont pleuré avant de mourir dans des tavernes
Où d'ardents bouquets rouaient
Aux yeux d'une mulâtresse qui inventait la poésie
Et les roses de l'électricité s'ouvrent encore
Dans le jardin de ma mémoire


Pardonnez-moi mon ignorance
Pardonnez-moi de ne plus connaître l'ancien jeu des vers
Je ne sais plus rien et j'aime uniquement
Les fleurs à mes yeux redeviennent des flammes
Je médite divinement
Et je souris des êtres que je n'ai pas créés
Mais si le temps venait où l'ombre enfin solide
Se multipliait en réalisant la diversité formelle de mon amour
J'admirerais mon ouvrage


J'observe le repos du dimanche
Et je loue la paresse
Comment comment réduire
L'infiniment petite science
Que m'imposent mes sens
L'un est pareil aux montagnes au ciel
Aux villes à mon amour
Il ressemble aux saisons
Il vit décapité sa tête est le soleil
Et la lune son cou tranché
Je voudrais éprouver une ardeur infinie
Monstre de mon ouïe tu rugis et tu pleures
Le tonnerre te sert de chevelure
Et tes griffes répètent le chant des oiseaux
Le toucher monstrueux m'a pénétré m'empoisonne
Mes yeux nagent loin de moi
Et les astres intacts sont mes maîtres sans épreuve
La bête des fumées a la tête fleurie
Et le monstre le plus beau
Ayant la saveur du laurier se désole


A la fin les mensonges ne me font plus peur
C'est la lune qui cuit comme un oeuf sur le plat
Ce collier de gouttes d'eau va parer la noyée
Voici mon bouquet de fleurs de la Passion
Qui offrent tendrement deux couronnes d'épines
Les rues sont mouillées de la pluie de naguère
Des anges diligents travaillent pour moi à la maison
La lune et la tristesse disparaîtront pendant
Toute la sainte journée
Toute la sainte journée j'ai marché en chantant
Une dame penchée à sa fenêtre m'a regardé longtemps
M'éloigner en chantant


Au tournant d'une rue je vis des matelots
Qui dansaient le cou nu au son d'un accordéon
J'ai tout donné au soleil
Tout sauf mon ombre

Les dragues les ballots les sirènes mi-mortes
A l'horizon brumeux s'enfonçaient les trois-mâts
Les vents ont expiré couronnés d'anémones
O Vierge signe pur du troisième mois


Templiers flamboyants je brûle parmi vous
Prophétisons ensemble ô grand maître je suis
Le désirable feu qui pour vous se dévoue
Et la girande tourne ô belle ô belle nuit

Liens déliés par une libre flamme Ardeur
Que mon souffle éteindra O Morts à quarantaine
Je mire de ma mort la gloire et le malheur
Comme si je visais l'oiseau de la quintaine

Incertitude oiseau feint peint quand vous tombiez
Le soleil et l'amour dansaient dans le village
Et tes enfants galants bien ou mal habillés
Ont bâti ce bûcher le nid de mon courage


W.A.W.A.W.K.

Publié : ven. juil. 30, 2010 3:50 am
par orchidee
C'est comme l'écho d'un sacré concert
Qu'on entend soudain sans rien y comprendre;
Où l'âme se noie en hachich amer
Que fait la douleur impossible à rendre.

De ces flots très lents, coeurs ayant souffert
De musique épris comme un espoir tendre
Qui s'en va toujours, toujours en méandre
Dans le froid néant où dorment leurs nerfs.

Ils n'ont rien connu sinon un grand rêve,
Et la mélodie éveille sans trêve
Quelque sympathie au fond de leurs coeurs.

Ils ont souvenance, aux mélancoliques
Accords, qu'il manquait à leurs chants lyriques
La douce passion qui fait les bons heurs.

EMILE NELLIGAN-MELODIE DE RUBINSTEIN

Publié : ven. juil. 30, 2010 6:48 am
par gunpici
J'aimerai te cueillir chaque sorte de fleurs
Qu'offre Mère Nature sur sa terre fertile,
Pour qu'au creux de tes bras se mêlent leurs odeurs
Et parfument ta vie de manière subtile.

J'aimerai recueillir les ailes des papillons
Et ainsi obtenir le plus bel arc-en-ciel.
Variation de couleurs sur un simple horizon
Pour égayer ta vie et la rendre plus belle.

J'aimerai prélever sur le vent de Juillet
La chaleur des caresses qu'il laisse à son passage.
Chargé de poussières d'or issues des champs de blé,
Qu'il couvre de douceurs ton si joli visage.

J'aimerai collecter toutes les pierres précieuses
Pour t'offrir les bijoux les plus exceptionnels.
Prêt à courir le monde pour que tu sois heureuse,
Je veux que ton sourire soit comme elles, éternelles.

Mais toutes ces promesses ne serviront à rien,
Car à quoi bon t'offrir ce que tu as déjà.
Tu es unique au monde et tu le sais très bien.
Je veux passer ma vie dans le creux de tes bras.

Publié : ven. juil. 30, 2010 1:38 pm
par Cynyhia
le signe :gémeaux

La lutte est épuisante car deux "moi" confrontés
Sans cesse sont heurtés.
Ils sont frères jumeaux, mais tellement différents !
Ils s'affrontent en tourments.
Je les entends tous deux et cette lutte sans fin
Lime mon corps humain.
L'un est toute violence, l'autre douceur passive.
Vers l'une ou l'autre rive,
Par les vagues jetée , j'éssaie bien d'émerger
Pour ne pas me noyer,
Car le mal , en l'humain, fortement miroitant
Se glisse, cet insolent,
En exigeant le temple, qui de l'être est le coeur,
Pour semer sa rancoeur.
Avec beaucoup d'amour, de patiente et d'espoir,
Pour nous tirer du noir,
L'autre, ce frère douceur, nous offre sa lumière
Et le temple s'éclaire.
Sois vigilant, mon coeur
Le bien est sur le mal, une fois de plus vainqueur.

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Publié : sam. juil. 31, 2010 2:33 am
par orchidee
Le soleil du matin doucement chauffe et dore
Les seigles et les blés tout humides encore,
Et l'azur a gardé sa fraîcheur de la nuit.
L'on sort sans autre but que de sortir ; on suit,
Le long de la rivière aux vagues herbes jaunes,
Un chemin de gazon que bordent de vieux aunes.
L'air est vif. Par moment un oiseau vole avec
Quelque fruit de la haie ou quelque paille au bec,
Et son reflet dans l'eau survit à son passage.
C'est tout.

Mais le songeur aime ce paysage
Dont la claire douceur a soudain caressé
Son rêve de bonheur adorable, et bercé
Le souvenir charmant de cette jeune fille,
Blanche apparition qui chante et qui scintille,

Dont rêve le poète et que l'homme chérit,
Evoquant en ses voeux dont peut-être on sourit
La Compagne qu'enfin il a trouvée, et l'âme
Que son âme depuis toujours pleure et réclame.

Paul Verlaine

Publié : dim. août 01, 2010 3:00 pm
par Cynyhia
La solitude

Il y a plusieurs solitudes
Celle que l'on souhaite un jour
Pour souffler des tumultes
Celle ci est parfois appréciée avec amour

Puis un jour vient la solitude, la vraie
Celle du coeur, celle où l'on espère
Un signe, un bruit, un baiser
Un sourire, un regard, un être cher.

Mais le coeur reste vide
Le silence devient lourd
L'étau se resserre de plus en plus vite
Il manque, il manque, l'AMOUR .

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Publié : dim. août 01, 2010 7:03 pm
par Juliette D.
Tu fus une grande amoureuse
À ta façon, la seule bonne
Puisqu'elle est tienne et que personne
Plus que toi ne fut malheureuse,
Après la crise de bonheur
Que tu portas avec honneur.

Oui, tu fus comme une héroïne,
Et maintenant tu vis, statue
Toujours belle sur la ruine
D'un espoir qui se perpétue
En dépit du Sort évident,
Mais tu persistes cependant !

Pour cela, je t'aime et t'admire
Encore mieux que je ne t'aime
Peut-être, et ce m'est un suprême
Orgueil d'être meilleur ou pire
Que celui qui fit tout le mal,
D'être à tes pieds tremblant, féal !

Use de moi, je suis ta chose ;
Mon amour va, ton humble esclave,
Prêt à tout ce que lui propose
Ta volonté dure et suave,
Prompt à jouir, prompt à souffrir,
Prompt vers tout, hormis pour mourir !

Mourir dans mon corps et mon âme,
Je le veux si c'est ton caprice.
Quand il faudra que je périsse
Tout entier, fais un signe, femme,
Mais que mon amour dût cesser ?
Il ne peut que s'éterniser.

Jette un regard de complaisance,
Ô femme forte, ô sainte, ô reine,
Sur ma fatale insuffisance
Sans doute à te faire sereine :
Toujours triste du temps fané,
Du moins, souris au vieux damné.

Paulito

Publié : lun. août 02, 2010 1:03 am
par saintluc
[b]Admire ce jour, car il est la vie,

La vie mème de la vie,

Tout est là, dans sa courte durée;

Toute la réalité, la vérité de l'existence,

La félicité de la croissance,

La splendeur de l'action

La gloire et la puissance...

Hier? Eh bien, hier n'est qu'un rêve

Et demain n'est qu'une vision,

Mais aujourd'hui bien vécu,

Fait qu'hier est un rêve de bonheur,

Fait que chaque demain, une vision d'espoir,

Je vis donc ce jour avec confiance...

Quand je traverse cette paresse, cette lassitude

Je ne sors pas du chemin...

Mon enthousiasme reviendra si je reste sur le chemin,

Et toujours me souvenir pourquoi je suis sur le chemin...

La vie est comme un bateau:

Par moment, sans vent il faut ramer.

Par moment, par le courant tu te laisses porter.

Mes décisions m'appartiennent,

Elles sont le reflet de mes aspirations,

En aucun cas elles ne doivent être

Le reflet des désirs des autres...



Demain, pas de poèmes, trop de bruit...

Un petit dejeuner et un fruit

Ballade voir les dégats de la nuit

dans les odeurs de pétrole et de suie...



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