Louis Hubert Gonzalve Lyautey (17 novembre 1854 à Nancy - 27 juillet 1934 à Thorey) est un militaire français, officier pendant les guerres coloniales, résident général au Protectorat français du Maroc en 1912, ministre de la Guerre lors de la Première Guerre mondiale, puis maréchal de France en 1921, académicien et président d'honneur des Scouts de France. Sa devise, empruntée au poète anglais Percy Bysshe Shelley, est restée célèbre : « La joie de l'âme est dans l'action. »
Issu par son père d'une famille d'origine franc-comtoise (commune de Vellefaux) installée en Lorraine et qui s'était illustrée lors des campagnes du Premier Empire, descendant d'une famille de la noblesse normande par sa mère, Louis Hubert Gonzalve Lyautey, neveu, petit-fils et arrière-petit-fils d'officiers généraux, fait à l'âge de deux ans une chute du balcon du premier étage de l'hôtel de la Reine, place Stanislas à Nancy, où habite alors sa famille. Heureusement soigné par le chirurgien Velpeau, il doit cependant porter un corset pendant dix ans, ce qui l'oblige à rester fréquemment alité mais lui donne le goût des livres. Cet accident va avoir des conséquences à la fois sur son tempérament et sur sa psychologie. Immobilisé, il passe son temps à lire des livres d'histoire et est grisé par l'épopée napoléonienne mais aussi par les récits des explorateurs, des voyageurs et des missionnaires. Dans le même temps, le petit Hubert est choyé par sa grand-mère maternelle, sa mère et sa tante Berthe.
Son père l'inscrit au lycée Sainte Geneviève situé alors à Paris dans le 5e arrondissement pour qu'il y prépare le concours d'entrée à l'école Polytechnique et qu'il devienne ingénieur. Mais, marqué, comme la plupart des jeunes gens de sa génération, par la défaite française de 1870, et doué d'une volonté tenace, Lyautey réussit en 1873 à entrer à l'École spéciale militaire de Saint-Cyr près de Versailles. Bien que ses résultats y soient excellents, Lyautey ne s'y plaît pas et nourrit sa réflexion de rêves de grandeur et d'une profonde recherche spirituelle.
C'est l'époque où il rencontre Prosper Keller ou encore Albert de Mun, avec qui il fréquente les cercles catholiques. Sorti de l'école et menant à Paris la vie mondaine d'un jeune officier de son rang, mais en pleine quête spirituelle, Lyautey ne cache pas ses opinions catholiques et légitimistes, alors que la France est devenue républicaine. D'après certains historiens, il se pose également sérieusement la question de la vocation religieuse ; aussi fait-il à deux reprises une retraite en montagne, au monastère de la Grande Chartreuse.
En 1875, classé 29e sur 281, il sort de Saint-Cyr et est affecté au 26e Bataillon de Chasseurs à Pied. Deux ans plus tard, il devient lieutenant et, à l'occasion d'un congé, il entreprend de faire un voyage à travers l'Europe, en direction de l'Autriche, dans le but secret de rencontrer le comte de Chambord en exil... Finalement il renonce et part deux mois en Algérie avec son camarade Prosper Keller. Cette première découverte de l'Algérie est un enchantement.
De retour, il ne reste que peu de temps en France puisque le 2e Régiment de Hussards où il est affecté est transféré en Algérie.
Il passe deux années en Algérie d'abord à Orléansville, puis à Alger. Il critique la politique coloniale française et prône un "système plus civilisé et plus humain". Lyautey est conquis par l'orientalisme et transforme ses appartements en palais des mille et une nuits tout en se montrant très respectueux de la civilisation locale et de la religion musulmane.
En 1882, promu capitaine, il est muté au 4 e Régiment de Chasseurs à Cheval à Bruyères, dans les Vosges. Profitant de permissions pour se rendre en Italie, il voyage vers Rome en faisant étape en Autriche à Göritz, lieu de l'exil du comte de Chambord. Celui-ci, averti des rumeurs de prochain Ralliement du pape à la République, charge Lyautey d'une mission auprès de Léon XIII qui le reçoit en audience le 18 mars 1883. Lyautey en sort visiblement déçu, pressentant que l'opinion du pape est déjà faite.
Lyautey rencontre bientôt, à l'occasion d'une revue militaire, le général L'Hotte, inspecteur de la cavalerie, qui, séduit par la personnalité du jeune officier, le choisit comme aide de camp. Pendant les quatre années passées auprès du général L'Hotte, Lyautey va beaucoup voyager à travers la France et ses villes de garnison et s'initier à la tactique militaire, alors en complet renouvellement, au prix d'un travail harassant. Il mène également une vie très mondaine à Paris et en province, fréquentant les salons de la haute société et se liant avec écrivains et artistes.
Si à cette époque Lyautey se laisse gagner peu à peu par le scepticisme religieux, ses années passées en garnison et son retour au contact de la troupe (affectation en 1887 au 4e chasseurs à Cheval) ont suffisamment nourri son esprit qui mûrit des idées novatrices sur la fonction de l'Armée. En 1891, il publie ainsi un long article dans la célèbre Revue des deux Mondes sur le Rôle social de l'officier. Ce texte, non signé (selon les règlements alors en vigueur), mais dont l'auteur est vite connu, crée un important débat, parce qu'il défend l'action éducatrice de l'Armée, au-delà de sa fonction purement militaire. Le battage fait autour de cet article fondateur, la grande visibilité de l’officier ne nuiront pas à sa carrière. Nommé chef d'escadrons au printemps 1893, il est affecté au 12e Hussards, à Gray, en Haute-Saône.
Plus tard, il sert en Indochine de 1894 à 1897, d'abord à l'état-major du corps d'occupation à Hanoï, au Tonkin, puis en qualité de chef du bureau militaire du gouverneur général Armand Rousseau. C'est au Tonkin qu'il rencontre Gallieni qu'il rejoint ensuite à Madagascar où il est affecté de 1897 à 1902. Cette expérience auprès d'un général qui a bâti sa réputation dans les colonies le marque profondément. Lyautey au Maroc voudra toujours bâtir, au profit du peuple "colonisé".
En 1895, au cœur de l'affaire Dreyfus, Lyautey exprime dans ses lettres ses doutes sur la culpabilité de l'accusé :
« Ce qui ajoute à notre scepticisme, c'est qu'il nous semble discerner là une pression de la soi-disant opinion ou plutôt de la rue, de la tourbe. Elle hurle à la mort contre ce Juif, parce qu'il est Juif et qu'aujourd'hui, l'antisémitisme tient la corde. »
Colonel en 1900, général de brigade en 1903, puis général de division en 1907, Lyautey obtient en 1908 le commandement de la division d'Oran, à la frontière du Maroc. Il rencontre à plusieurs reprises Charles de Foucauld.
Au Maroc, il fut chargé en mars 1907 d'occuper Oujda, en représailles de l'assassinat à Casablanca du docteur Mauchamp; il réprima ensuite le soulèvement dans la région des Béni-Snassen en novembre 1907, et fut nommé haut-commissaire du gouvernement pour la zone marocaine occupée dans la région d'Oujda.
En mars 1912, la convention de Fès établit le protectorat français sur le Maroc, dont Lyautey fut le premier résident général. Il entreprit la « pacification » du Maroc, malgré le début de la Première Guerre mondiale.
C'est en tant que résident général qu'il laissera une trace profonde dans la société et l'urbanisme marocain. Attaché à la culture locale comme l'écrivaine Isabelle Eberhardt dont il fut proche, il édicta plusieurs lois visant notamment à protéger les centres anciens des grandes villes (les villes coloniales seront construites à la périphérie des médinas) ou à établir des règles strictes laissant aux Marocains des espaces de liberté (interdiction pour les non-musulmans de pénétrer dans les mosquées).
Pendant la Première Guerre mondiale, Lyautey fut ministre de la Guerre dans le gouvernement d'Aristide Briand, entre décembre 1916 et mars 1917.
Il retourna ensuite au Maroc, et fut fait maréchal de France en 1921. Mais, sous le gouvernement de Paul Painlevé, il se vit retirer le commandement des troupes engagées contre la rébellion d’Abd-el-Krim qui fut confié à Philippe Pétain. Lyautey démissionna et rentra définitivement en France en 1925. Dans ce contexte [colonialisme, occupation], et lors de son passage au Maroc, il avait affirmé que « la France se doit d'être une grande puissance musulmane ».
Il jugeait ainsi son œuvre au Maroc :
« Au fond, si j'ai réussi au Maroc, dans la tâche que le gouvernement de la République m'avait confiée là-bas, c'est pour les raisons mêmes qui me rendaient inutilisable en France. J'ai réussi au Maroc parce que je suis monarchiste et que je m'y suis trouvé en pays monarchique. Il y avait le Sultan, dont je n'ai jamais cessé de respecter et de soutenir l'autorité. J'étais religieux, et le Maroc est un pays religieux. Je crois qu'il n'y a pas de vie nationale possible et prospère, et naturelle, qui ne fasse sa place au sentiment religieux, aux disciplines religieuses. Je crois à la bienfaisance, à la nécessité d'une vie sociale hiérarchisée. Je suis pour l'aristocratie, pour le gouvernement des meilleurs. J'ai vu qu'il y avait des écoles où allaient les enfants de telles classes, d'autres écoles où allaient des enfants d'autres milieux et qui ne se mélangeaient pas . J'ai respecté tout cela, à la fois parce que cette soumission au fait fortifiait ma propre politique et parce que mes propres convictions m'en montraient la légitimité et la noblesse [...] Mais tout cela m'eût été impossible en France [...] Et c'est pour cela que je n'aurais peut-être pas réussi à Strasbourg. »
Après l'incendie et le pillage par les troupes allemandes de la propriété familiale à Crévic, effectués en représailles du traité de protectorat du Maroc, le maréchal Lyautey décide de s'installer à Thorey, ville qui adjoindra à son nom celui de son fameux résident. Il y fit construire un château sur l'édifice d'une gentilhommière héritée de la sœur de sa mère dont il était très proche. Les travaux s'achevèrent en 1924 et le maréchal s'y installa en 1925, à 71 ans. En 1926, il y reçoit le sultan Moulay Youssef.
En 1931, il organise dans le Bois de Vincennes l'exposition coloniale couronnant l'entreprise française réalisée dans les colonies.
Il avertit, dans la préface à la traduction française du Mein Kampf de Hitler : « Tout Français doit lire ce livre ». Il ne s'agissait nullement d'une approbation, bien sûr, puisque la traduction avait paru contre la volonté d'Hitler, mais d'un avertissement sur le danger que représentait Hitler pour la France.
Le maréchal demeurera à Thorey jusqu'à sa mort, le 27 juillet 1934, âgé de 79 ans. Après une messe célébrée à Thorey, le corps du maréchal est déposé dans le caveau des ducs de Lorraine, à l'Eglise des Cordeliers de Nancy. Lorsque le décès du Maréchal est annoncé, le sultan du Maroc, qui était à Marseille et allait s'embarquer, est allé s'incliner devant la dépouille du grand homme : "il pleurait". Un an après, son corps est inhumé à Rabat. Depuis 1961, le corps du maréchal Lyautey repose dans la chapelle de l'hôtel des Invalides, à Paris.
Un des aspects les plus ignorés de la vie de Lyautey concerne son itinéraire spirituel. Gagné dans les années 1880 par un scepticisme religieux qui l'angoisse, le capitaine Lyautey entame un long cheminement spirituel qu'on ne peut ignorer. Le questionnement intense auquel il se soumet[8] ne l'éloigne cependant pas définitivement de l'idée de Dieu et de son admiration pour l'Église, dont il reste culturellement proche et dont il partage la plupart des positions morales, sociales et politiques. L'approfondissement se construit pour Lyautey en trois étapes : recherche et questionnement de jeunesse face à son scepticisme naissant (« Je voudrais aimer Dieu, mais je n'arrive pas à le faire par gratitude » - 13 décembre 1875), fascination dans sa vie d'homme pour le Dieu des idées (« Mais l'admiration n'est pas l'amour ») et redécouverte apaisée du Dieu-Amour dans sa vieillesse. Lyautey achève pleinement sa réconciliation avec l'Église le jeudi saint 1930 (17 avril), lorsque, après s'être confessé, il reçoit la communion du curé de Thorey, source d'une immense joie dont il s'ouvre quelques jours plus tard à son ami Wladimir d'Ormesson et qui ne le quittera plus jusqu'à sa mort.
Il redécouvre aussi la foi par le scoutisme et fait la connaissance d'un chef scout en route vers le sacerdoce, le futur père Patrick Heidsieck. Une correspondance nait entre le jeune prêtre qui devait partir pour la Pologne et le vieil officier qui, dès 1930, grâce à ces échanges, reprend le chemin de l'église, de la confession et de la prière à genoux tous les soirs. Lyautey brisait ainsi une longue période de traversée du désert religieuse et renouait avec une jeunesse où sa foi était ardente.
N°950
PERSONNAGES ET FAITS HISTORIQUES DE FRANCE (philatélie)
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Re: PERSONNAGES ET FAITS HISTORIQUES DE FRANCE (philatélie)
Il n'y a d'homme plus complet que celui qui a beaucoup voyagé,
qui a changé vingt fois la forme de sa pensée et de sa vie.
Alphonse de Lamartine
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Re: PERSONNAGES ET FAITS HISTORIQUES DE FRANCE (philatélie)
Sadi Carnot, né le 11 août 1837 à Limoges et mort le 25 juin 1894 à Lyon, de son nom complet Marie François Sadi Carnot, est un homme d'État français. Il fut président de la République du 3 décembre 1887 au 25 juin 1894, date de son assassinat.
Il a précédemment occupé les fonctions de haut fonctionnaire, de député de la Côte-d'Or, de préfet de la Seine-Inférieure, de sous-secrétaire d'État aux Travaux, de ministre des Travaux publics et de ministre des Finances.
Sadi Carnot est le fils de Lazare Hippolyte Carnot, le petit-fils de Lazare Carnot (le Grand Carnot), neveu de l'autre Sadi Carnot, le frère de Marie-Adolphe Carnot et le père d'Ernest Carnot. C’est à son grand-père, que Carnot doit son prénom de Sadi. Lazare, avant d’être révolutionnaire (organisateur de la victoire en 1793), était humaniste, et grand admirateur du poète persan Saadi de Shiraz, chantre des femmes, du vin et des roses. Il décida que ce prénom serait porté par son fils aîné, qui disparut prématurément à l'âge de 36 ans.
Il est l'élève du lycée Condorcet puis de l'École Polytechnique (Promotion X1857) et enfin de l'École des ponts et chaussées dont il sort major en 1863. Après ses études, il devient ingénieur en chef de la Haute-Savoie, où il conçoit et fait construire vers 1874 le fameux système de régulation de la sortie des eaux du lac d'Annecy, communément appelé « les vannes du Thiou ». Joyau technique et architectural, elles ont permis de remonter le niveau du lac (2 759 hectares) de 20 cm afin d'assurer aux usines un débit constant toute l'année ; à eux seuls, ces 20 cm permettent d'assurer 16 jours de débit à l'étiage (4 m3/s).
Il est élu député de la Côte-d'Or en 1871, et occupe des postes de haut fonctionnaire, notamment au Conseil supérieur des Ponts et Chaussées, puis il est nommé préfet de la Seine-Inférieure.
Le 1er juin 1863, il épouse à Paris, Cécile Dupont-White. De cette union sont issus quatre enfants : Claire (1864-1920), Sadi (1865-1948, colonel dans l'infanterie), Ernest (1866-1955, ingénieur civil des mines et député de la Côte-d'Or) et François (1872-1960), ingénieur des Arts et Manufactures, également député de la Côte-d'Or (1902-1910) et de la Seine-et-Oise (1910-1914). La fille aînée de François Carnot, Anne Carnot (1898-1985) épousera René Giscard d'Estaing (1891-1945), oncle de Valéry Giscard d'Estaing, et postérité.
Sous-secrétaire d'État aux Travaux publics puis ministre des Travaux publics, il devient ministre des Finances en 1885.
À la suite de la démission de Jules Grévy, mis en cause dans l'affaire des décorations, Sadi Carnot est élu président de la République le 3 décembre 1887. Le début de son mandat est marqué par l'agitation boulangiste et le scandale de l'affaire de Panama (1892), ainsi que par le rapprochement avec la Russie, dans le cadre de l'alliance franco-russe. Il est décoré de l'Ordre de Saint-André par Alexandre III.
N°991
Dans un contexte d'agitation syndicale et anarchiste (une partie des lois relatives à la liberté individuelle et aux délits de presse visant à réprimer cette agitation, qualifiées de lois scélérates par l'opposition socialiste, venaient d'être votées), Sadi Carnot est blessé d'un coup de poignard par l'anarchiste italien Sante Geronimo Caserio le 24 juin 1894, lors de l'Exposition de Lyon.
Le président de la République meurt des suites de ses blessures, peu après minuit, le 25 juin 1894. Sadi Carnot était particulièrement haï dans les rangs anarchistes pour avoir refusé la grâce d'Auguste Vaillant, auteur de l'attentat à la Chambre des Députés.
Son assassinat fait adopter par la Chambre la dernière et la plus marquante des « lois scélérates », visant uniquement les anarchistes, et leur interdisant tout type de propagande. Elle a été abrogée en 1992.
Il repose au Panthéon de Paris avec son grand-père Lazare Carnot. Il est le seul président français qui y soit inhumé.
Il a précédemment occupé les fonctions de haut fonctionnaire, de député de la Côte-d'Or, de préfet de la Seine-Inférieure, de sous-secrétaire d'État aux Travaux, de ministre des Travaux publics et de ministre des Finances.
Sadi Carnot est le fils de Lazare Hippolyte Carnot, le petit-fils de Lazare Carnot (le Grand Carnot), neveu de l'autre Sadi Carnot, le frère de Marie-Adolphe Carnot et le père d'Ernest Carnot. C’est à son grand-père, que Carnot doit son prénom de Sadi. Lazare, avant d’être révolutionnaire (organisateur de la victoire en 1793), était humaniste, et grand admirateur du poète persan Saadi de Shiraz, chantre des femmes, du vin et des roses. Il décida que ce prénom serait porté par son fils aîné, qui disparut prématurément à l'âge de 36 ans.
Il est l'élève du lycée Condorcet puis de l'École Polytechnique (Promotion X1857) et enfin de l'École des ponts et chaussées dont il sort major en 1863. Après ses études, il devient ingénieur en chef de la Haute-Savoie, où il conçoit et fait construire vers 1874 le fameux système de régulation de la sortie des eaux du lac d'Annecy, communément appelé « les vannes du Thiou ». Joyau technique et architectural, elles ont permis de remonter le niveau du lac (2 759 hectares) de 20 cm afin d'assurer aux usines un débit constant toute l'année ; à eux seuls, ces 20 cm permettent d'assurer 16 jours de débit à l'étiage (4 m3/s).
Il est élu député de la Côte-d'Or en 1871, et occupe des postes de haut fonctionnaire, notamment au Conseil supérieur des Ponts et Chaussées, puis il est nommé préfet de la Seine-Inférieure.
Le 1er juin 1863, il épouse à Paris, Cécile Dupont-White. De cette union sont issus quatre enfants : Claire (1864-1920), Sadi (1865-1948, colonel dans l'infanterie), Ernest (1866-1955, ingénieur civil des mines et député de la Côte-d'Or) et François (1872-1960), ingénieur des Arts et Manufactures, également député de la Côte-d'Or (1902-1910) et de la Seine-et-Oise (1910-1914). La fille aînée de François Carnot, Anne Carnot (1898-1985) épousera René Giscard d'Estaing (1891-1945), oncle de Valéry Giscard d'Estaing, et postérité.
Sous-secrétaire d'État aux Travaux publics puis ministre des Travaux publics, il devient ministre des Finances en 1885.
À la suite de la démission de Jules Grévy, mis en cause dans l'affaire des décorations, Sadi Carnot est élu président de la République le 3 décembre 1887. Le début de son mandat est marqué par l'agitation boulangiste et le scandale de l'affaire de Panama (1892), ainsi que par le rapprochement avec la Russie, dans le cadre de l'alliance franco-russe. Il est décoré de l'Ordre de Saint-André par Alexandre III.
N°991
Dans un contexte d'agitation syndicale et anarchiste (une partie des lois relatives à la liberté individuelle et aux délits de presse visant à réprimer cette agitation, qualifiées de lois scélérates par l'opposition socialiste, venaient d'être votées), Sadi Carnot est blessé d'un coup de poignard par l'anarchiste italien Sante Geronimo Caserio le 24 juin 1894, lors de l'Exposition de Lyon.
Le président de la République meurt des suites de ses blessures, peu après minuit, le 25 juin 1894. Sadi Carnot était particulièrement haï dans les rangs anarchistes pour avoir refusé la grâce d'Auguste Vaillant, auteur de l'attentat à la Chambre des Députés.
Son assassinat fait adopter par la Chambre la dernière et la plus marquante des « lois scélérates », visant uniquement les anarchistes, et leur interdisant tout type de propagande. Elle a été abrogée en 1992.
Il repose au Panthéon de Paris avec son grand-père Lazare Carnot. Il est le seul président français qui y soit inhumé.
Il n'y a d'homme plus complet que celui qui a beaucoup voyagé,
qui a changé vingt fois la forme de sa pensée et de sa vie.
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Re: PERSONNAGES ET FAITS HISTORIQUES DE FRANCE (philatélie)
Émile Driant (11 septembre 1855 - 22 février 1916) était un officier de carrière français. Gendre du général Boulanger, écrivain sous le pseudonyme de Danrit, député de Nancy, il reprend le service au début de la Première Guerre mondiale. Il meurt à Verdun à la tête des 56e et 59e bataillons de chasseurs, en février 1916.
Émile Driant naît le 11 septembre 1855 à Neufchâtel-sur-Aisne où son père était notaire et juge de paix. Élève au lycée de Reims, il obtient le premier prix d'histoire au Concours général. Contrairement au souhait de son père de le voir lui succéder, Émile désire être soldat, marqué par la défaite de 1871 et le passage des troupes prussiennes. Après avoir obtenu une licence ès-lettres et en droit, il intègre Saint-Cyr à vingt ans, en 1875. Sorti quatrième deux ans plus tard, il entame une carrière militaire des plus méritante : « petit, mais solide, santé à toute épreuve, très actif et toujours prêt ; monte fort bien à cheval et a un goût très prononcé pour l'équitation, très intelligent a devant lui le plus bel avenir » écrira un de ses supérieurs. À sa sortie, le sous-lieutenant Driant choisit l’infanterie.
En mai 1884, il devient en Afrique officier d’ordonnance du général Georges Boulanger, qui commandait la division d’occupation en Tunisie. Il reste au service du général pendant plusieurs années et le suit aux mêmes fonctions lorsque Boulanger devient ministre de la Guerre en 1886.
Le 29 octobre 1887, il épouse à Paris la fille du Général Boulanger alors que celui-ci venait juste d’être mis assez brutalement à la retraite au mois de mars précédent. Celui qu’on surnommait le général Revanche après l’humiliation de 1871 achève son parcours par une chute à la mesure de sa popularité. Il se suicidera en septembre 1891, sur la tombe de sa maîtresse.
Fin 1892, Driant prend huit jours d’arrêts pour avoir défendu la mémoire de son beau-père dans le Figaro.
Nommé chef de bataillon depuis 1896, le commandant Driant est nommé en juillet 1899 chef de corps du 1er bataillon de chasseurs à pied en garnison à Troyes. Il exerce son commandement avec mérite relatent ses subordonnés et la presse locale, et fait du premier bataillon, le bataillon d’élite connu dans toute l’armée française sous le nom de « Bataillon Driant » très populaire en Champagne.
Promis aux plus hauts postes de la hiérarchie militaire, trois affaires successives lui en enlèvent tout espoir.
L’affaire des fiches, en 1904, provoque un scandale. De 1900 à 1904, un système de hiérarchie parallèle illustre la lutte entre le socialisme et la franc-maçonnerie d'un côté et le catholicisme au sein de l’armée. Le ministère avait fait établir pour chaque officier une fiche de renseignements politiques et confessionnels indépendante des notes attribuées par les supérieurs hiérarchiques. Émile Driant crée 2 ligues après l’affaire des fiches : la ligue antimaçonnique, ne comprenant que des hommes, et la ligue de Jeanne d'Arc, réservée aux femmes. Ces deux ligues étaient en fait des sociétés secrètes, avec initiation, signes spéciaux et mots de reconnaissance. Elles fusionnent en 1906 avec l'Union française antimaçonnique, dirigée par Paul Copin-Albancelli. La nouvelle entité prend alors le nom de Ligue française anti-maçonnique. Mais elle éclate en 1909 et Copin-Albancelli fonde la Ligue de défense nationale contre la franc-maçonnerie.
Certes, le général André, ministre de la Guerre, démissionne, mais Driant manifeste haut et fort devant ses officiers son indignation. Il fait aussitôt l’objet d’un rappel à l’ordre de la part du ministre qui, par ailleurs, l’écarte du tableau d’avancement pour l’année suivante.
En 1905, il prend 15 jours d’arrêts simples pour avoir fait publier dans la presse des notes personnelles.
Dernière affaire, la célébration de la bataille de Sidi-Brahim à Troyes débute par une messe à laquelle une partie du bataillon participe librement. Mais en plein climat de séparation des Églises et de l’État, le général Berteaux, ministre de la Guerre, demande des explications au général commandant le 20e corps. La presse s’empare de l’incident et publie la réponse de Driant à son supérieur. Quinze jours d’arrêts de rigueur sanctionnent cet écart et cassent sa carrière.
Émile Driant dit Capitaine Danrit quitte l’armée à 50 ans, le 31 décembre 1905.
Bien noté mais ayant publiquement pris position sur son institution car défenseur intransigeant de l’armée, ennemi de toute concession faite à l’Allemagne, il se lance sans tarder en politique.
Il est élu aux élections législatives de 1910 dans la troisième circonscription de Nancy, sous l’étiquette de l’Action libérale. Il renouvelle son mandat quatre ans plus tard.
Il consacre ces législatures aux questions militaires comme membre actif de la commission de l’Armée. Ami de Paul Déroulède et de Maurice Barrès, il devient rapidement un des principaux intervenants contre la gauche dans les débats parlementaires portant sur l’armée et la défense.
Assidu aux séances de la Chambre des députés, mêlant le catholicisme social d'Albert de Mun aux idées de Vogüé et de Lavisse, il intervient pour faire voter les crédits militaires et soutient Barthou lors du vote de la "loi de Salut" qui porte à trois ans le service national, et s'insurge contre le déclassement des places fortes frontalières - il parvient à sauver celle de Lille en 1912 -, et s'intéresse avant guerre à la toute récente aéronautique militaire. Driant s'oppose aux thèses de Briand et de Jaurès, s'appuyant sur des exemples tirés des événements de Russie. L'armée doit jouer un rôle essentiel, avant tout comme instrument d'éducation des classes populaires, et le cas échéant comme instrument contre-révolutionnaire. C'est le concept de l'armée-école et de l'apostolat social, qui s'inscrit alors dans la mouvance des Dragomirov, Art Roë et Lyautey. Il s'intéresse ainsi aux luttes sociales, dans la mesure où elles peuvent compromettre la Défense nationale. Il soutient le syndicalisme indépendant, dit "jaune", fondé par Pierre Biétry avec l'appui de l'industriel Gaston Japy. Ceux-ci prônent l'association entre le capital-travail et le capital-argent. Les textes de Driant défendent le principe de la liberté par la propriété individuelle, au moyen de la participation progressive des ouvriers au capital des entreprises. Parmi les principaux votes du député Driant, durant la législature 1910-1914, figurent des résolutions telles que la journée de dix heures, les retraites, les libertés syndicales, et diverses mesures d'aide sociale.
Député à l’entrée de la guerre, il a 59 ans. Son mandat de député et son âge l’écartent facilement de toute obligation militaire. Cet anglophobe (La Guerre Fatale) demande pourtant à reprendre du service contre l'Allemagne et obtient le 14 août 1914 le commandement des 56e et 59e bataillons de chasseurs. C’est à l’automne 1915 qu’il prend en charge le secteur du bois des Caures, devant Verdun.
Fin 1915, sans préjuger encore d’une attaque sur Verdun qu’on n’imaginait pas, Driant avait alarmé les élus, et même le président de la République, sur la très grande insuffisance des moyens de défense de la zone. Le 1er décembre, il en faisait état auprès de la Commission de l’Armée de la Chambre. Gallieni, ministre de la Guerre écrivait le 16 suivant à Joffre, qui prit mal la chose et ne sut pas trouver autre chose que d’offrir sa démission.
À partir de janvier, de nombreux indices annoncent pourtant une offensive prochaine.
Le 20 février 1916, à la veille du déclenchement de la bataille de Verdun, le lieutenant-colonel Driant adresse ce dernier courrier à sa femme
« je ne t'écris que quelques lignes hâtives, car je monte là-haut, encourager tout mon monde, voir les derniers préparatifs ; l'ordre du général Bapst que je t'envoie, la visite de Joffre, hier, prouvent que l'heure est proche et au fond, j'éprouve une satisfaction à voir que je ne me suis pas trompé en annonçant il y a un mois ce qui arrive, par l'ordre du bataillon que je t'ai envoyé.A la grâce de Dieu ! Vois-tu, je ferai de mon mieux et je me sens très calme. J'ai toujours eu une telle chance que j'y crois encore pour cette fois.
Leur assaut peut avoir lieu cette nuit comme il peut encore reculer de plusieurs jours. Mais il est certain. Notre bois aura ses premières tranchées prises dès les premières minutes, car ils y emploieront flammes et gaz. Nous le savons, par un prisonnier de ce matin. Mes pauvres bataillons si épargnés jusqu'ici ! Enfin, eux aussi ont eu de la chance jusqu'à présent… Qui sait! Mais comme on se sent peu de choses à ces heures là. »
N°1053
Le 21 février 1916, à 7h15, la Ve armée allemande déclenche un orage d’acier d’une puissance inouïe. Les positions de la Côte de Brabant, des bois d’Haumont, des Caures, de Ville et de l’Herbevois. Le tir laboure la première et en même temps la deuxième ligne. Des obus à gaz explosent dans les ravins séparant le bois d’Haumont de Vacherauville. Les chasseurs de Driant attendent l’assaut.
Au bois des Caures, c’est le 59e Bataillon de Chasseurs qui est en ligne. La première ligne est complètement désorganisée. De nombreux chasseurs périssent ensevelis par le bombardement. À la ferme de Mormont, le 56e B.C.P. se prépare à appuyer le 59e. Vers 16 heures, le feu se reporte sur l’arrière, signe de l’assaut imminent.
Les régiments du 18e Corps surgissent devant le bois des Caures et les bois voisins. Au bois d’Haumont, il ne reste rien des deux bataillons en ligne. L’ennemi occupe le terrain sans difficulté.
Or au bois des Caures, les chasseurs de Driant sont toujours là et accueillent les Allemands. Trois compagnies sur quatre finissent par céder. Driant fait monter en ligne le 56e B.C.P. Ses chasseurs contre-attaquent à la nuit tombée et reprennent presque toutes les tranchées perdues. Mais il faut tenir, et Driant réclame des renforts qui arrivent sous les obus allemands.
Toute la nuit du 21 au 22 février, les renforts affluent sous la neige et les obus. En pleine nuit, l’artillerie allemande redouble de violence. Au matin, elle suspend son tir et l’infanterie attaque à nouveau. Lancée en masse, elle submerge les chasseurs. Le 59e B.C.P. disparaît presque sur place.
Le lieutenant-colonel Driant, un fusil à la main, se tient sur la ligne de repli avec les survivants de ses bataillons alors que l’ennemi enveloppe ses positions.
Vers 16 heures, il décide le repli vers le sud-ouest, en direction de Beaumont. Les chasseurs partent en quatre colonnes. Une seule parviendra à peu près intacte. Driant part dans les derniers, accompagné des sergents Coisne et Hacquin, sautant de trous d’obus en trou d’obus. Driant s’arrête pour faire un pansement provisoire à l’un de ses hommes, blessé au fond d’un entonnoir. Alors qu’il repartait et qu’il allait sauter dans un nouveau trou d’obus, une balle de mitrailleuse le frappe à la tempe. « Oh, là, là, mon Dieu » entendent les deux sergents !
Le bois des Caures a été pris par les allemands avec deux divisions contre les deux bataillons de chasseurs. Il ne reste pas le tiers des effectifs de ces unités, mais leur sacrifice est sans prix pour l’armée française : le 56e et le 59e bataillons de chasseurs ont suffisamment ralenti l’ennemi, dès son premier assaut, pour permettre aux troupes envoyées en renfort de contenir peu à peu la poussée allemande et de protéger Verdun.
Le lieutenant-colonel Driant est inhumé par les Allemands à proximité des lieux de son trépas, alors que ses effets sont retournés à sa veuve via la Suisse. En octobre 1922, le corps de Driant est exhumé. Un mausolée, décidé par d'anciens combattants dont Castelnau y est érigé. Sur le monument, on peut lire "Ils sont tombés, silencieux sous le choc, comme une muraille." Chaque année, une cérémonie y est célébrée le 21 février, en souvenir du colonel Driant et de ses chasseurs tombés pour la défense de Verdun.
Le bruit de la mort du lieutenant-colonel Driant circule à Paris dès les 24 et 25 février. Maurice Barrès, qui prit une part décisive dans la construction du « mythe Driant », refusa tout d’abord de croire aux « premières rumeurs ».
Il attend le 8 avril pour écrire dans l’Écho de Paris : « le lieutenant-colonel Driant, député de Nancy, demeure allongé sur la terre lorraine, baignée de son sang. » Mais « il respire, il agit, il crée ; il est l’exemple vivant », ajoute le lendemain Maurice Barrès.
Sa mort a un retentissement d’autant plus important que pour beaucoup, elle est celle du « capitaine Danrit », dont les ouvrages ont été la lecture de la jeunesse française avant la Grande Guerre. La mort de l’écrivain a dépassé et magnifié celle du soldat.
Son sacrifice est récupéré par la presse et les publications de la guerre, pour galvaniser les troupes. La Chambre des députés annonce officiellement sa mort, son éloge funèbre est prononcé le 7 avril par Paul Deschanel, le 28 juin, la Ligue des patriotes de Maurice Barrès fait célébrer un service solennel à Notre-Dame (Paris) présidé par le cardinal Amette. Il est inhumé par les Allemands à proximité des lieux de son trépas, alors que ses effets sont retournés à sa veuve via la Suisse.
Après la Grande Guerre, le lieutenant-colonel Driant est élevé au rang de gloire nationale au même titre que les maréchaux Joffre, Gallieni, Pétain et Foch…
En octobre 1922, le corps de Driant est exhumé. Un mausolée, décidé par d'anciens combattants dont Castelnau y est érigé. Chaque année, une cérémonie y est célébrée le 21 février, en souvenir du colonel Driant et de ses chasseurs tombés pour la défense de Verdun.
La résistance héroïque de ses chasseurs et sa mort sont aussi l’illustration d’une bataille, celle de Verdun, où les hommes furent opposés aux canons (163 000 français tués, 143 000 du côté allemand), 80% des pertes furent causées par des obus. Cette bataille accrédita l’idée que la guerre avait été gagnée par les simples soldats, en dehors du commandement et parfois contre celui-ci…
Le lieutenant-colonel Driant fut un officier dévoué à son pays. Il illustre, par la fidélité à ses principes, par la défense de la grandeur de la France dans sa carrière d’écrivain ou d’officier, par l’influence des idées du début du XXe siècle sur ses écrits et ses pensées, un homme français de son temps, attaché à la défense de son pays, honnête et courageux. Il ne fut jamais pris en contradiction entre ses idéaux et ses actes.
Sa mort est, sous cet aspect, un aboutissement. Il a obtenu la Croix de guerre 1914-1918.
N°1052
Émile Driant naît le 11 septembre 1855 à Neufchâtel-sur-Aisne où son père était notaire et juge de paix. Élève au lycée de Reims, il obtient le premier prix d'histoire au Concours général. Contrairement au souhait de son père de le voir lui succéder, Émile désire être soldat, marqué par la défaite de 1871 et le passage des troupes prussiennes. Après avoir obtenu une licence ès-lettres et en droit, il intègre Saint-Cyr à vingt ans, en 1875. Sorti quatrième deux ans plus tard, il entame une carrière militaire des plus méritante : « petit, mais solide, santé à toute épreuve, très actif et toujours prêt ; monte fort bien à cheval et a un goût très prononcé pour l'équitation, très intelligent a devant lui le plus bel avenir » écrira un de ses supérieurs. À sa sortie, le sous-lieutenant Driant choisit l’infanterie.
En mai 1884, il devient en Afrique officier d’ordonnance du général Georges Boulanger, qui commandait la division d’occupation en Tunisie. Il reste au service du général pendant plusieurs années et le suit aux mêmes fonctions lorsque Boulanger devient ministre de la Guerre en 1886.
Le 29 octobre 1887, il épouse à Paris la fille du Général Boulanger alors que celui-ci venait juste d’être mis assez brutalement à la retraite au mois de mars précédent. Celui qu’on surnommait le général Revanche après l’humiliation de 1871 achève son parcours par une chute à la mesure de sa popularité. Il se suicidera en septembre 1891, sur la tombe de sa maîtresse.
Fin 1892, Driant prend huit jours d’arrêts pour avoir défendu la mémoire de son beau-père dans le Figaro.
Nommé chef de bataillon depuis 1896, le commandant Driant est nommé en juillet 1899 chef de corps du 1er bataillon de chasseurs à pied en garnison à Troyes. Il exerce son commandement avec mérite relatent ses subordonnés et la presse locale, et fait du premier bataillon, le bataillon d’élite connu dans toute l’armée française sous le nom de « Bataillon Driant » très populaire en Champagne.
Promis aux plus hauts postes de la hiérarchie militaire, trois affaires successives lui en enlèvent tout espoir.
L’affaire des fiches, en 1904, provoque un scandale. De 1900 à 1904, un système de hiérarchie parallèle illustre la lutte entre le socialisme et la franc-maçonnerie d'un côté et le catholicisme au sein de l’armée. Le ministère avait fait établir pour chaque officier une fiche de renseignements politiques et confessionnels indépendante des notes attribuées par les supérieurs hiérarchiques. Émile Driant crée 2 ligues après l’affaire des fiches : la ligue antimaçonnique, ne comprenant que des hommes, et la ligue de Jeanne d'Arc, réservée aux femmes. Ces deux ligues étaient en fait des sociétés secrètes, avec initiation, signes spéciaux et mots de reconnaissance. Elles fusionnent en 1906 avec l'Union française antimaçonnique, dirigée par Paul Copin-Albancelli. La nouvelle entité prend alors le nom de Ligue française anti-maçonnique. Mais elle éclate en 1909 et Copin-Albancelli fonde la Ligue de défense nationale contre la franc-maçonnerie.
Certes, le général André, ministre de la Guerre, démissionne, mais Driant manifeste haut et fort devant ses officiers son indignation. Il fait aussitôt l’objet d’un rappel à l’ordre de la part du ministre qui, par ailleurs, l’écarte du tableau d’avancement pour l’année suivante.
En 1905, il prend 15 jours d’arrêts simples pour avoir fait publier dans la presse des notes personnelles.
Dernière affaire, la célébration de la bataille de Sidi-Brahim à Troyes débute par une messe à laquelle une partie du bataillon participe librement. Mais en plein climat de séparation des Églises et de l’État, le général Berteaux, ministre de la Guerre, demande des explications au général commandant le 20e corps. La presse s’empare de l’incident et publie la réponse de Driant à son supérieur. Quinze jours d’arrêts de rigueur sanctionnent cet écart et cassent sa carrière.
Émile Driant dit Capitaine Danrit quitte l’armée à 50 ans, le 31 décembre 1905.
Bien noté mais ayant publiquement pris position sur son institution car défenseur intransigeant de l’armée, ennemi de toute concession faite à l’Allemagne, il se lance sans tarder en politique.
Il est élu aux élections législatives de 1910 dans la troisième circonscription de Nancy, sous l’étiquette de l’Action libérale. Il renouvelle son mandat quatre ans plus tard.
Il consacre ces législatures aux questions militaires comme membre actif de la commission de l’Armée. Ami de Paul Déroulède et de Maurice Barrès, il devient rapidement un des principaux intervenants contre la gauche dans les débats parlementaires portant sur l’armée et la défense.
Assidu aux séances de la Chambre des députés, mêlant le catholicisme social d'Albert de Mun aux idées de Vogüé et de Lavisse, il intervient pour faire voter les crédits militaires et soutient Barthou lors du vote de la "loi de Salut" qui porte à trois ans le service national, et s'insurge contre le déclassement des places fortes frontalières - il parvient à sauver celle de Lille en 1912 -, et s'intéresse avant guerre à la toute récente aéronautique militaire. Driant s'oppose aux thèses de Briand et de Jaurès, s'appuyant sur des exemples tirés des événements de Russie. L'armée doit jouer un rôle essentiel, avant tout comme instrument d'éducation des classes populaires, et le cas échéant comme instrument contre-révolutionnaire. C'est le concept de l'armée-école et de l'apostolat social, qui s'inscrit alors dans la mouvance des Dragomirov, Art Roë et Lyautey. Il s'intéresse ainsi aux luttes sociales, dans la mesure où elles peuvent compromettre la Défense nationale. Il soutient le syndicalisme indépendant, dit "jaune", fondé par Pierre Biétry avec l'appui de l'industriel Gaston Japy. Ceux-ci prônent l'association entre le capital-travail et le capital-argent. Les textes de Driant défendent le principe de la liberté par la propriété individuelle, au moyen de la participation progressive des ouvriers au capital des entreprises. Parmi les principaux votes du député Driant, durant la législature 1910-1914, figurent des résolutions telles que la journée de dix heures, les retraites, les libertés syndicales, et diverses mesures d'aide sociale.
Député à l’entrée de la guerre, il a 59 ans. Son mandat de député et son âge l’écartent facilement de toute obligation militaire. Cet anglophobe (La Guerre Fatale) demande pourtant à reprendre du service contre l'Allemagne et obtient le 14 août 1914 le commandement des 56e et 59e bataillons de chasseurs. C’est à l’automne 1915 qu’il prend en charge le secteur du bois des Caures, devant Verdun.
Fin 1915, sans préjuger encore d’une attaque sur Verdun qu’on n’imaginait pas, Driant avait alarmé les élus, et même le président de la République, sur la très grande insuffisance des moyens de défense de la zone. Le 1er décembre, il en faisait état auprès de la Commission de l’Armée de la Chambre. Gallieni, ministre de la Guerre écrivait le 16 suivant à Joffre, qui prit mal la chose et ne sut pas trouver autre chose que d’offrir sa démission.
À partir de janvier, de nombreux indices annoncent pourtant une offensive prochaine.
Le 20 février 1916, à la veille du déclenchement de la bataille de Verdun, le lieutenant-colonel Driant adresse ce dernier courrier à sa femme
« je ne t'écris que quelques lignes hâtives, car je monte là-haut, encourager tout mon monde, voir les derniers préparatifs ; l'ordre du général Bapst que je t'envoie, la visite de Joffre, hier, prouvent que l'heure est proche et au fond, j'éprouve une satisfaction à voir que je ne me suis pas trompé en annonçant il y a un mois ce qui arrive, par l'ordre du bataillon que je t'ai envoyé.A la grâce de Dieu ! Vois-tu, je ferai de mon mieux et je me sens très calme. J'ai toujours eu une telle chance que j'y crois encore pour cette fois.
Leur assaut peut avoir lieu cette nuit comme il peut encore reculer de plusieurs jours. Mais il est certain. Notre bois aura ses premières tranchées prises dès les premières minutes, car ils y emploieront flammes et gaz. Nous le savons, par un prisonnier de ce matin. Mes pauvres bataillons si épargnés jusqu'ici ! Enfin, eux aussi ont eu de la chance jusqu'à présent… Qui sait! Mais comme on se sent peu de choses à ces heures là. »
N°1053
Le 21 février 1916, à 7h15, la Ve armée allemande déclenche un orage d’acier d’une puissance inouïe. Les positions de la Côte de Brabant, des bois d’Haumont, des Caures, de Ville et de l’Herbevois. Le tir laboure la première et en même temps la deuxième ligne. Des obus à gaz explosent dans les ravins séparant le bois d’Haumont de Vacherauville. Les chasseurs de Driant attendent l’assaut.
Au bois des Caures, c’est le 59e Bataillon de Chasseurs qui est en ligne. La première ligne est complètement désorganisée. De nombreux chasseurs périssent ensevelis par le bombardement. À la ferme de Mormont, le 56e B.C.P. se prépare à appuyer le 59e. Vers 16 heures, le feu se reporte sur l’arrière, signe de l’assaut imminent.
Les régiments du 18e Corps surgissent devant le bois des Caures et les bois voisins. Au bois d’Haumont, il ne reste rien des deux bataillons en ligne. L’ennemi occupe le terrain sans difficulté.
Or au bois des Caures, les chasseurs de Driant sont toujours là et accueillent les Allemands. Trois compagnies sur quatre finissent par céder. Driant fait monter en ligne le 56e B.C.P. Ses chasseurs contre-attaquent à la nuit tombée et reprennent presque toutes les tranchées perdues. Mais il faut tenir, et Driant réclame des renforts qui arrivent sous les obus allemands.
Toute la nuit du 21 au 22 février, les renforts affluent sous la neige et les obus. En pleine nuit, l’artillerie allemande redouble de violence. Au matin, elle suspend son tir et l’infanterie attaque à nouveau. Lancée en masse, elle submerge les chasseurs. Le 59e B.C.P. disparaît presque sur place.
Le lieutenant-colonel Driant, un fusil à la main, se tient sur la ligne de repli avec les survivants de ses bataillons alors que l’ennemi enveloppe ses positions.
Vers 16 heures, il décide le repli vers le sud-ouest, en direction de Beaumont. Les chasseurs partent en quatre colonnes. Une seule parviendra à peu près intacte. Driant part dans les derniers, accompagné des sergents Coisne et Hacquin, sautant de trous d’obus en trou d’obus. Driant s’arrête pour faire un pansement provisoire à l’un de ses hommes, blessé au fond d’un entonnoir. Alors qu’il repartait et qu’il allait sauter dans un nouveau trou d’obus, une balle de mitrailleuse le frappe à la tempe. « Oh, là, là, mon Dieu » entendent les deux sergents !
Le bois des Caures a été pris par les allemands avec deux divisions contre les deux bataillons de chasseurs. Il ne reste pas le tiers des effectifs de ces unités, mais leur sacrifice est sans prix pour l’armée française : le 56e et le 59e bataillons de chasseurs ont suffisamment ralenti l’ennemi, dès son premier assaut, pour permettre aux troupes envoyées en renfort de contenir peu à peu la poussée allemande et de protéger Verdun.
Le lieutenant-colonel Driant est inhumé par les Allemands à proximité des lieux de son trépas, alors que ses effets sont retournés à sa veuve via la Suisse. En octobre 1922, le corps de Driant est exhumé. Un mausolée, décidé par d'anciens combattants dont Castelnau y est érigé. Sur le monument, on peut lire "Ils sont tombés, silencieux sous le choc, comme une muraille." Chaque année, une cérémonie y est célébrée le 21 février, en souvenir du colonel Driant et de ses chasseurs tombés pour la défense de Verdun.
Le bruit de la mort du lieutenant-colonel Driant circule à Paris dès les 24 et 25 février. Maurice Barrès, qui prit une part décisive dans la construction du « mythe Driant », refusa tout d’abord de croire aux « premières rumeurs ».
Il attend le 8 avril pour écrire dans l’Écho de Paris : « le lieutenant-colonel Driant, député de Nancy, demeure allongé sur la terre lorraine, baignée de son sang. » Mais « il respire, il agit, il crée ; il est l’exemple vivant », ajoute le lendemain Maurice Barrès.
Sa mort a un retentissement d’autant plus important que pour beaucoup, elle est celle du « capitaine Danrit », dont les ouvrages ont été la lecture de la jeunesse française avant la Grande Guerre. La mort de l’écrivain a dépassé et magnifié celle du soldat.
Son sacrifice est récupéré par la presse et les publications de la guerre, pour galvaniser les troupes. La Chambre des députés annonce officiellement sa mort, son éloge funèbre est prononcé le 7 avril par Paul Deschanel, le 28 juin, la Ligue des patriotes de Maurice Barrès fait célébrer un service solennel à Notre-Dame (Paris) présidé par le cardinal Amette. Il est inhumé par les Allemands à proximité des lieux de son trépas, alors que ses effets sont retournés à sa veuve via la Suisse.
Après la Grande Guerre, le lieutenant-colonel Driant est élevé au rang de gloire nationale au même titre que les maréchaux Joffre, Gallieni, Pétain et Foch…
En octobre 1922, le corps de Driant est exhumé. Un mausolée, décidé par d'anciens combattants dont Castelnau y est érigé. Chaque année, une cérémonie y est célébrée le 21 février, en souvenir du colonel Driant et de ses chasseurs tombés pour la défense de Verdun.
La résistance héroïque de ses chasseurs et sa mort sont aussi l’illustration d’une bataille, celle de Verdun, où les hommes furent opposés aux canons (163 000 français tués, 143 000 du côté allemand), 80% des pertes furent causées par des obus. Cette bataille accrédita l’idée que la guerre avait été gagnée par les simples soldats, en dehors du commandement et parfois contre celui-ci…
Le lieutenant-colonel Driant fut un officier dévoué à son pays. Il illustre, par la fidélité à ses principes, par la défense de la grandeur de la France dans sa carrière d’écrivain ou d’officier, par l’influence des idées du début du XXe siècle sur ses écrits et ses pensées, un homme français de son temps, attaché à la défense de son pays, honnête et courageux. Il ne fut jamais pris en contradiction entre ses idéaux et ses actes.
Sa mort est, sous cet aspect, un aboutissement. Il a obtenu la Croix de guerre 1914-1918.
N°1052
Il n'y a d'homme plus complet que celui qui a beaucoup voyagé,
qui a changé vingt fois la forme de sa pensée et de sa vie.
Alphonse de Lamartine
qui a changé vingt fois la forme de sa pensée et de sa vie.
Alphonse de Lamartine
- saintluc
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Re: PERSONNAGES ET FAITS HISTORIQUES DE FRANCE (philatélie)
Louis Félix Marie François Franchet d'Espèrey (25 mai 1856 à Mostaganem - 8 juillet 1942 à Saint-Amancet) était un maréchal de France.
Issu d'une famille de tradition légitimiste, né à Mostaganem, département d'Oran (Algérie française), en 1856, Franchet d’Espèrey sort de Saint-Cyr en 1876. Affecté au 1er Régiment de Tirailleurs Algériens, le jeune lieutenant fait ses premières armes pendant la campagne de Tunisie de 1881.
Après un stage à l’École de Guerre, il part se battre au Tonkin contre les Pavillons noirs. Rentré en France, il commande à Stenay le 18e Bataillon de Chasseurs à Pied. Il prend part en 1900 à l’expédition de Chine contre les Boxers au cours de laquelle son cousin, l'ambassadeur allemand Klemens von Ketteler trouva la mort. Lieutenant-colonel au 132e régiment d'infanterie à Reims en 1903 , puis nommé colonel en 1903, commande le 60e Régiment d'Infanterie à Besançon. Pendant la guerre russo-japonaise, il manifeste son soutien à l'armée russe, avec laquelle il avait participé à des manœuvres dans le cadre de l'Alliance franco-russe.
Il est nommé général de division en 1912, et le général Lyautey lui confie le commandement des troupes du Maroc. Pendant la période difficile des débuts du Protectorat, il prend une part importante à la pacification et à l’organisation du pays.
Rappelé en France, Franchet d’Espèrey reçoit en novembre 1913 le commandement du 1er Corps d'Armée à Lille. Il se distingue à la bataille des Frontières d’août 1914, puis en rejetant sur l’Oise, à Guise le corps allemand de la Garde. Le généralissime Joffre lui confie, le 3 septembre, le commandement de la Ve Armée, en pleine retraite et menacée d’être encerclée et coupée. Franchet d'Espèrey se montre à la hauteur de la situation. Faisant faire demi-tour à ses hommes, il attaque, entraînant à ses côtés l’armée britannique du général French, se précipite dans la brèche entre les armées Bülow et Kluck ; il joue un rôle capital dans la décision et l’exécution de la grande bataille. « Son rôle, écrit Joffre dans ses mémoires, mérite d’être souligné devant l’histoire. C’est lui qui a rendu possible la victoire de la Marne ». Franchet d'Espèrey commande le groupe d’armées de l’Est en 1916, puis le groupe d’armées du Nord en 1917.
Il perd son fils, Louis, sous-lieutenant d’infanterie, tué à Douaumont, et son frère, colonel commandant le 333e Régiment d'Infanterie (lui restaient sa fille, Jacqueline, et sa sœur).
En juin 1918, il est appelé au commandement en chef des armées alliées à Salonique pour prendre la suite de Expédition de Salonique. Il obtient, après une campagne de quatorze jours, la capitulation de l’armée germano-bulgare.
L’armistice mettant fin au conflit sur le front d'Orient, signé à Salonique le 29 septembre 1918, ouvrait de vastes perspectives. Le Haut commandement allemand, qui en est conscient, se décide à demander l’armistice sur tous les fronts. Il n’a pas tenu à Franchet d'Espèrey que sa magnifique victoire n’ait pas été exploitée. En Crimée et à Odessa, il redresse la situation critique des forces françaises.
Cinquante années de services lui valent, le 19 février 1921, la dignité de maréchal de France. Le 2 novembre 1930, il représente la France à la cérémonie du couronnement de l'empereur d'Éthiopie, Haïlé Sélassié Ier. Il est nommé président de la Société de géographie en 1933 et il est élu membre de l’Académie française le 15 novembre 1934, le même jour que l'homme politique Léon Bérard.
A partir de 1934, il encourage certaines ligues d'extrême-droite, dont la Cagoule.
Il est inhumé dans l'église Saint-Louis des Invalides.
N°1064
Issu d'une famille de tradition légitimiste, né à Mostaganem, département d'Oran (Algérie française), en 1856, Franchet d’Espèrey sort de Saint-Cyr en 1876. Affecté au 1er Régiment de Tirailleurs Algériens, le jeune lieutenant fait ses premières armes pendant la campagne de Tunisie de 1881.
Après un stage à l’École de Guerre, il part se battre au Tonkin contre les Pavillons noirs. Rentré en France, il commande à Stenay le 18e Bataillon de Chasseurs à Pied. Il prend part en 1900 à l’expédition de Chine contre les Boxers au cours de laquelle son cousin, l'ambassadeur allemand Klemens von Ketteler trouva la mort. Lieutenant-colonel au 132e régiment d'infanterie à Reims en 1903 , puis nommé colonel en 1903, commande le 60e Régiment d'Infanterie à Besançon. Pendant la guerre russo-japonaise, il manifeste son soutien à l'armée russe, avec laquelle il avait participé à des manœuvres dans le cadre de l'Alliance franco-russe.
Il est nommé général de division en 1912, et le général Lyautey lui confie le commandement des troupes du Maroc. Pendant la période difficile des débuts du Protectorat, il prend une part importante à la pacification et à l’organisation du pays.
Rappelé en France, Franchet d’Espèrey reçoit en novembre 1913 le commandement du 1er Corps d'Armée à Lille. Il se distingue à la bataille des Frontières d’août 1914, puis en rejetant sur l’Oise, à Guise le corps allemand de la Garde. Le généralissime Joffre lui confie, le 3 septembre, le commandement de la Ve Armée, en pleine retraite et menacée d’être encerclée et coupée. Franchet d'Espèrey se montre à la hauteur de la situation. Faisant faire demi-tour à ses hommes, il attaque, entraînant à ses côtés l’armée britannique du général French, se précipite dans la brèche entre les armées Bülow et Kluck ; il joue un rôle capital dans la décision et l’exécution de la grande bataille. « Son rôle, écrit Joffre dans ses mémoires, mérite d’être souligné devant l’histoire. C’est lui qui a rendu possible la victoire de la Marne ». Franchet d'Espèrey commande le groupe d’armées de l’Est en 1916, puis le groupe d’armées du Nord en 1917.
Il perd son fils, Louis, sous-lieutenant d’infanterie, tué à Douaumont, et son frère, colonel commandant le 333e Régiment d'Infanterie (lui restaient sa fille, Jacqueline, et sa sœur).
En juin 1918, il est appelé au commandement en chef des armées alliées à Salonique pour prendre la suite de Expédition de Salonique. Il obtient, après une campagne de quatorze jours, la capitulation de l’armée germano-bulgare.
L’armistice mettant fin au conflit sur le front d'Orient, signé à Salonique le 29 septembre 1918, ouvrait de vastes perspectives. Le Haut commandement allemand, qui en est conscient, se décide à demander l’armistice sur tous les fronts. Il n’a pas tenu à Franchet d'Espèrey que sa magnifique victoire n’ait pas été exploitée. En Crimée et à Odessa, il redresse la situation critique des forces françaises.
Cinquante années de services lui valent, le 19 février 1921, la dignité de maréchal de France. Le 2 novembre 1930, il représente la France à la cérémonie du couronnement de l'empereur d'Éthiopie, Haïlé Sélassié Ier. Il est nommé président de la Société de géographie en 1933 et il est élu membre de l’Académie française le 15 novembre 1934, le même jour que l'homme politique Léon Bérard.
A partir de 1934, il encourage certaines ligues d'extrême-droite, dont la Cagoule.
Il est inhumé dans l'église Saint-Louis des Invalides.
N°1064
Il n'y a d'homme plus complet que celui qui a beaucoup voyagé,
qui a changé vingt fois la forme de sa pensée et de sa vie.
Alphonse de Lamartine
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Re: PERSONNAGES ET FAITS HISTORIQUES DE FRANCE (philatélie)
Jules Bazile dit Jules Guesde, né à Paris le 11 novembre 1845 et mort à Saint-Mandé (Seine) le 28 juillet 1922, est un homme politique socialiste français.
Fils d’un professeur d’institution privée, Jules Bazile, après avoir suivi des études classiques et obtenu son bac en 1863, entre à la préfecture de Paris comme expéditionnaire-traducteur à la direction de la presse, Il collabore très tôt à des journaux républicains, se signalant par son audace contre le régime impérial, choisissant alors comme nom de plume le patronyme de sa mère, Eléonor Guesde.
Ces années sont celles d’une formation politique de plus en plus marquée à gauche. À un journaliste du Matin venu l'interviewer sur son itinéraire politique en 1893, il répond qu'il est devenu républicain sous l'Empire en lisant en cachette les « Châtiments » de Victor Hugo, athée en lisant la Critique de la raison pure de Kant et enfin socialiste « par la Commune ».
De fait, c'est de Toulouse puis Montpellier, et non à Paris, que le jeune Guesde critique l’entrée en guerre de la France en 1870. Il défend l’opinion républicaine dans « le Progrès libéral » de Toulouse en 1868, puis, l’année suivante, jusqu’en 1871, dans « la Liberté » de Montpellier puis dans « les Droits de l’Homme » où il est alors secrétaire de rédaction. Après le 4 septembre, il soutient la nouvelle République et surtout, à partir de mars 1871, l'insurrection de la Commune. Ses articles virulents lui valent diverses condamnations à l’emprisonnement qui le poussent, pour y échapper, à l'exil au mois de juin.
Réfugié en Suisse puis en Italie, à Milan, où il survit en donnant des leçons de littérature, il entre alors en contact avec des militants de l'Association internationale des travailleurs (Première Internationale), mouvement fondé entre autres par Karl Marx en 1864. D’abord hostile au philosophe, Guesde se rapproche peu à peu de ce dernier. Sans pour autant adopter toutes les idées de Marx, il en défend vigoureusement le concept de prise de pouvoir par le prolétariat.
De retour en France en 1876, Guesde vise deux objectifs. D'abord reconstituer le mouvement ouvrier décapité après la répression de la Commune de Paris, et ensuite convaincre l’élite de la classe ouvrière française du bien-fondé des doctrines du socialisme scientifique issues de la pensée marxiste.
À cette fin, il lance avec Paul Lafargue le journal L'Égalité (qui parait avec quelques interruptions de 1877 à 1883), qui diffuse en France des idées se voulant marxistes mais à l'évidence traversées par diverses influences françaises, de Blanqui à Rousseau. En effet, Engels rapporte sans négation que « Ce que l'on appelle « marxisme » en France est certes un article tout spécial, au point que Marx a dit à Lafargue : « Ce qu'il y a de certain, c'est que moi je ne suis pas marxiste ». »
Le groupe « collectiviste » dirigé par Guesde réussit à obtenir la majorité au congrès ouvrier de Marseille de 1879, prélude à la fondation en 1882 du Parti Ouvrier. Le PO est ensuite dénommé Parti ouvrier français en 1893 pour éviter les calomnies de la propagande nationaliste et revancharde. Le POF reste et restera jusqu'au bout dans la vision internationaliste.
Très vite, apparaissent des divergences entre les dirigeants concernant les conditions de la prise du pouvoir et les relations du parti avec la jeune République. Pour les « possibilistes » menés par Brousse et Allemane, il convient de faire, au plus tôt, les « réformes possibles » plutôt que d'attendre une révolution dont la réalisation, liée à une hypothétique grève générale, apparaît alors moins que probable.
À cette époque, Guesde incarne la ligne dure du militantisme ouvrier, opposée à tout compromis avec les « forces bourgeoises ». Tout au long de cette genèse de la Gauche française, il incarne un archétype, celui du militant pauvre, incorruptible, qui voyage sans répit pour faire connaître dans toute la France le socialisme révolutionnaire. Guesde, outre son activité inlassable – il publie beaucoup de livres, brochures, articles et anime au premier rang en dépit de sa santé incertaine les nombreux meetings socialistes – se révèle bon organisateur. Il structure rigoureusement son parti selon une logique pyramidale d’une grande efficacité, chaque niveau étant animé par des militants, souvent d’origine ouvrière, totalement dévoués, sinon soumis, à la célèbre « discipline guesdiste », qui étonne par sa rigidité partisans et adversaires. Par ailleurs, le Parti ouvrier est internationaliste, ses liens sont étroits avec les partis étrangers, notamment la social-démocratie allemande.
Les succès du Parti Ouvrier sont rapides. Comptant à peine 2 000 membres en 1889, il gagne en audience – 20 000 militants en 1902 – et conquiert ensuite plusieurs grandes municipalités, notamment Roubaix qui reste le sanctuaire du guesdisme – la « Rome du Socialisme » – jusqu’en 1914. Le PO atteint son point haut électoral aux législatives de 1893. Très populaire dans le Nord, bastion d’un POF soutenu par les ouvriers du textile et de l’industrie, profitant d'une influence moins forte et moins durable dans le « Midi rouge », Guesde entre à la chambre des députés une première fois en 1893 pour la circonscription de Roubaix en s’affirmant « collectiviste, internationaliste et révolutionnaire ». Battu en 1898 et 1902, il est réélu en 1906. Il conserve son siège jusqu'à sa mort en 1922.
Maquette du monument roubaisien à Jules Guesde, Député de Roubaix, par Georgette Agutte-Sembat (1867-1922) ; cuivre, bois, plomb (galvanoplastie), Ancien fonds de la ville de Roubaix, transféré à La Piscine, Musée d'Art et d'Industrie (Roubaix)
L'unification des socialistes en France, l'entrée au gouvernement[modifier]
Les deux méthodes
Sous l’impulsion de Guesde, le PO est un des fondateurs en France des journées du 1er Mai, dites « fêtes du travail », à partir de 1889 qui vise à obtenir pour les ouvriers des avantages précis et immédiats, comme la réduction de la journée de travail.
En 1900, il s'oppose à Jean Jaurès quant à la participation d’Alexandre Millerand au ministère « bourgeois » de Waldeck-Rousseau. Lors d'une conférence contradictoire avec Jaurès, le 26 novembre 1900, il lui répond sur « la vérité, au point de vue historique de leurs divergences », qui sera rapporté sous le titre Les deux méthodes.
En 1902, son parti fusionne avec le Parti socialiste révolutionnaire d'Edouard Vaillant (blanquiste) pour former le Parti socialiste de France. La revendication de Guesde, que cette unité se fasse sur la base de la condamnation de toute tactique « participationniste », est adoptée puis confortée en 1904, lors du Congrès socialiste international d'Amsterdam.
La SFIO
Cependant, en dépit de ces succès partisans, le courant réformiste de Jean Jaurès, « socialiste indépendant », gagne inexorablement du terrain en France. En 1905, le Parti socialiste de France et le Parti socialiste français fusionnent pour fonder la Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO).
La fusion du POF dans la SFIO était liée au refus, validé par la nouvelle organisation, du « participationnisme ». Pourtant, en dépit de ce succès tactique, le déclin du courant représenté par Guesde devient rapidement une évidence. Si les « guesdistes » apportent à la SFIO leur capacité militante, leurs publications et leur appareil doctrinal, ils connaissent un déclin inexorable sans doute accentué par l'état de santé de Guesde, de plus en plus précaire, qui l'empêche de jouer un rôle décisif.
Son courant est isolé - les amis d'Edouard Vaillant ne le soutiennent plus - notamment sur les questions internationales mais plus encore sur la direction des syndicats. L'adoption en 1906 de la Charte d'Amiens, qui défend le principe de l'indépendance vis-à-vis des organisations politiques, fruit de la mise en minorité des guesdistes au congrès, à la fois par les révolutionnaires et les réformistes, consacre la rupture définitive de la CGT avec la Fédération syndicale internationale.
Quelques coups d'éclats sont encore toutefois à l'initiative de Guesde. Ainsi en mars 1910, en accord ponctuel avec la CGT, il est le seul député SFIO à voter contre la loi des retraites ouvrières et paysannes, qualifiée par lui, à cause du prélèvement opéré sur les salaires pour les financer, de « vol législatif » ajouté « au vol patronal ». Il dénonce « cet article 2 qui, en instituant un prélèvement sur les salaires ouvriers, aggrave la misère ouvrière, rend plus pénible aux travailleurs le poids du jour et réduit les ressources familiales déjà insuffisantes. », comme l'avait fait Paul Lafargue au congrès de la SFIO de 1910.
Par ailleurs, Guesde est opposé à la franc-maçonnerie, qu'il considère comme « alliée à la bourgeoisie » et « nuisible de la classe ouvrière », comme il le rappela lors du Congrès socialiste de Limoges en 1906. Pour autant, de nombreux francs-maçons étaient adhérents du POF au point d'apparaître constituer un courant au sein du mouvement.
La guerre pour la Révolution
En accord avec le manifeste du POF de 1893 et 3 jours après la mort de Jaurès, il vote par cause et effet, « l'Union Sacrée » de tous les partis dans la défense du pays. En effet, dans le manifeste du POF de 1893, il affirmait son combat pour la paix, mais pas à n'importe quel prix: « l'internationaliste n'est ni l'abaissement ni le sacrifice de la patrie », et « La France n'aura pas de plus ardent défenseurs que les socialistes du mouvement ouvrier. ».
Guesde devient ministre d'État de 1914 à 1916 (cabinets Viviani et Briand). Il adopte des positions patriotiques comme le furent les Jacobins à leurs époques : « Je n'ai pas la même crainte de l'avenir. La guerre est mère de révolution » (1914).
Jules Guesde pensait en effet que la guerre serait créatrice d'une révolution sociale en France comme sous la Révolution française et serait ainsi le point le départ d'une révolution internationale. Et, « Pour cette renaissance sociale, il faut vaincre, si lente qu'elle puisse être à venir et quelque sang qu'elle doive couler » (novembre 1915). A ce prix, il y eut effectivement des révolutions de par le monde notamment en Russie (Révolution de Février et d'Octobre 1917) et en Allemagne (Révolution Spartakiste en 1919).
Guesde et Sembat vont également s'opposer en conseils des ministres à l'arrestation des "défaitistes" que demandent les autorités civiles ou militaires.
La vieille maison
Après l'armistice, le Congrès de Tours le voit choisir la « vieille maison » SFIO à la suite de Léon Blum et Jean Longuet, contre la majorité qui crée la Section française de l'Internationale communiste, futur Parti communiste. Pourtant, ses dernières réflexions politiques s'adressent à la révolution bolchévique alors encore incertaine en Russie, même s'il est en désaccord avec la révolution d'Octobre contrairement à celle de Février. Il dira « Veillez sur la révolution russe. »
Malade, Guesde meurt à Saint-Mandé le 28 juillet 1922. Ses cendres reposent au cimetière du Père-Lachaise.
L'héritage
La portée du « guesdisme » interroge aujourd'hui l'histoire du mouvement ouvrier à travers les traces qu'il a laissées dans toutes les composantes actuelles de la Gauche française. Jules Guesde reste cependant une personnalité commune et historique, puis un lien très fort entre les parties communistes et socialistes d'aujourd'hui .
Si la question syndicale a été définitivement tranchée par la Charte d'Amiens, la relation d'un parti révolutionnaire avec le système parlementaire est resté au centre des problématiques de cette époque. Cette difficulté, mal résolue, a été, par les scissions et affaiblissements qu'elle a provoqué au sein du POF, une des explications majeures de son déclin.
L'opinion publique, comme les militants, a peu à peu avalisé les choix stratégiques des « Indépendants » comme Millerand et surtout Jaurès qui apparait, à la veille du conflit mondial et bien plus que Guesde, le leader des socialistes de France. À la croyance d'une crise rapidement suivie de la révolution s'est substituée peu à peu la foi en l'imminence de la victoire parlementaire.
N°1113
Les problèmes bourgeois aux bourgeois
Guesde est resté jusqu'en 1914 sur son positionnement de non-conciliation avec la bourgeoisie.
Au moment de l’affaire Dreyfus, s'il croit le capitaine Dreyfus innocent et s'affirme publiquement dreyfusard, il refuse de s'associer activement aux campagnes dreyfusardes. Il indique en novembre 1900 : "Voilà comment j'ai été dreyfusard, c'est-à-dire dans la limite de la lutte contre le militarisme débordé, allant jusqu'à menacer, sous le couvert d'un gouvernement complice, d'un véritable coup d'État.". L'affaire va briser le bon rapport de confiance entre Jules Guesde et Paul Lafargue, ce dernier voulait effectivement s'y impliquer : « Le Parti ouvrier, qui est un parti politique, ne peut se désintéresser des questions politiques qui agitent le pays... ».
La même distance sera marquée en 1892-1893 lorsqu'éclatera l'affaire de Panama.
Militant et diffuseur de la pensée de Marx ?
Enfin, au plan théorique, quoique « marxiste », le mouvement guesdiste n'a jamais défini sa politique sur une base théorique ou philosophique, mais sur des plans concrets. « Le collectivisme ne se distingue pas du communisme scientifique, tel qui est sorti de la critique maîtresse de Karl Marx. Si cette appellation a prévalu en France, c’est que, pour les besoins de notre propagande, il y avait lieu de nous distinguer des divers systèmes communistes qui, forgés de toutes pièces par des hommes de plus ou moins de bonne volonté ou de génie, versaient tous dans l’utopie. »
Les discours de Guesde, comme la plupart de ses articles, restent très peu influencés par les théories de Marx, sinon dans des mots d'ordre qui paraissent relever de slogans plutôt que d'une réflexion profonde, argumentée et serrée, respectueuse des idées du socialisme scientifique. Jules Guesde se veut être un pédagogue d'abord pour la masse prolétarienne, puis dans la chambre des députés pour l'opposition et la masse en général.
Des intellectuels socialistes de premier plan, dont Lucien Herr ou Charles Andler, étaient ainsi rebutés par des simplifications incapables d'aboutir à des apports théoriques majeurs, hors cette espérance quasi messianique, entretenue et incarnée par le chef du POF, de la sortie prochaine des prolétaires du « bagne capitaliste ».
N. McInnes déclare que Guesde n'avait pas compris le marxisme, et que sa « mixture » avec le blanquisme « favorisait l'incompréhension » du marxisme. Il note d'ailleurs que « Guesde ne s'est jamais fait passer pour un théoricien marxiste ».
Fils d’un professeur d’institution privée, Jules Bazile, après avoir suivi des études classiques et obtenu son bac en 1863, entre à la préfecture de Paris comme expéditionnaire-traducteur à la direction de la presse, Il collabore très tôt à des journaux républicains, se signalant par son audace contre le régime impérial, choisissant alors comme nom de plume le patronyme de sa mère, Eléonor Guesde.
Ces années sont celles d’une formation politique de plus en plus marquée à gauche. À un journaliste du Matin venu l'interviewer sur son itinéraire politique en 1893, il répond qu'il est devenu républicain sous l'Empire en lisant en cachette les « Châtiments » de Victor Hugo, athée en lisant la Critique de la raison pure de Kant et enfin socialiste « par la Commune ».
De fait, c'est de Toulouse puis Montpellier, et non à Paris, que le jeune Guesde critique l’entrée en guerre de la France en 1870. Il défend l’opinion républicaine dans « le Progrès libéral » de Toulouse en 1868, puis, l’année suivante, jusqu’en 1871, dans « la Liberté » de Montpellier puis dans « les Droits de l’Homme » où il est alors secrétaire de rédaction. Après le 4 septembre, il soutient la nouvelle République et surtout, à partir de mars 1871, l'insurrection de la Commune. Ses articles virulents lui valent diverses condamnations à l’emprisonnement qui le poussent, pour y échapper, à l'exil au mois de juin.
Réfugié en Suisse puis en Italie, à Milan, où il survit en donnant des leçons de littérature, il entre alors en contact avec des militants de l'Association internationale des travailleurs (Première Internationale), mouvement fondé entre autres par Karl Marx en 1864. D’abord hostile au philosophe, Guesde se rapproche peu à peu de ce dernier. Sans pour autant adopter toutes les idées de Marx, il en défend vigoureusement le concept de prise de pouvoir par le prolétariat.
De retour en France en 1876, Guesde vise deux objectifs. D'abord reconstituer le mouvement ouvrier décapité après la répression de la Commune de Paris, et ensuite convaincre l’élite de la classe ouvrière française du bien-fondé des doctrines du socialisme scientifique issues de la pensée marxiste.
À cette fin, il lance avec Paul Lafargue le journal L'Égalité (qui parait avec quelques interruptions de 1877 à 1883), qui diffuse en France des idées se voulant marxistes mais à l'évidence traversées par diverses influences françaises, de Blanqui à Rousseau. En effet, Engels rapporte sans négation que « Ce que l'on appelle « marxisme » en France est certes un article tout spécial, au point que Marx a dit à Lafargue : « Ce qu'il y a de certain, c'est que moi je ne suis pas marxiste ». »
Le groupe « collectiviste » dirigé par Guesde réussit à obtenir la majorité au congrès ouvrier de Marseille de 1879, prélude à la fondation en 1882 du Parti Ouvrier. Le PO est ensuite dénommé Parti ouvrier français en 1893 pour éviter les calomnies de la propagande nationaliste et revancharde. Le POF reste et restera jusqu'au bout dans la vision internationaliste.
Très vite, apparaissent des divergences entre les dirigeants concernant les conditions de la prise du pouvoir et les relations du parti avec la jeune République. Pour les « possibilistes » menés par Brousse et Allemane, il convient de faire, au plus tôt, les « réformes possibles » plutôt que d'attendre une révolution dont la réalisation, liée à une hypothétique grève générale, apparaît alors moins que probable.
À cette époque, Guesde incarne la ligne dure du militantisme ouvrier, opposée à tout compromis avec les « forces bourgeoises ». Tout au long de cette genèse de la Gauche française, il incarne un archétype, celui du militant pauvre, incorruptible, qui voyage sans répit pour faire connaître dans toute la France le socialisme révolutionnaire. Guesde, outre son activité inlassable – il publie beaucoup de livres, brochures, articles et anime au premier rang en dépit de sa santé incertaine les nombreux meetings socialistes – se révèle bon organisateur. Il structure rigoureusement son parti selon une logique pyramidale d’une grande efficacité, chaque niveau étant animé par des militants, souvent d’origine ouvrière, totalement dévoués, sinon soumis, à la célèbre « discipline guesdiste », qui étonne par sa rigidité partisans et adversaires. Par ailleurs, le Parti ouvrier est internationaliste, ses liens sont étroits avec les partis étrangers, notamment la social-démocratie allemande.
Les succès du Parti Ouvrier sont rapides. Comptant à peine 2 000 membres en 1889, il gagne en audience – 20 000 militants en 1902 – et conquiert ensuite plusieurs grandes municipalités, notamment Roubaix qui reste le sanctuaire du guesdisme – la « Rome du Socialisme » – jusqu’en 1914. Le PO atteint son point haut électoral aux législatives de 1893. Très populaire dans le Nord, bastion d’un POF soutenu par les ouvriers du textile et de l’industrie, profitant d'une influence moins forte et moins durable dans le « Midi rouge », Guesde entre à la chambre des députés une première fois en 1893 pour la circonscription de Roubaix en s’affirmant « collectiviste, internationaliste et révolutionnaire ». Battu en 1898 et 1902, il est réélu en 1906. Il conserve son siège jusqu'à sa mort en 1922.
Maquette du monument roubaisien à Jules Guesde, Député de Roubaix, par Georgette Agutte-Sembat (1867-1922) ; cuivre, bois, plomb (galvanoplastie), Ancien fonds de la ville de Roubaix, transféré à La Piscine, Musée d'Art et d'Industrie (Roubaix)
L'unification des socialistes en France, l'entrée au gouvernement[modifier]
Les deux méthodes
Sous l’impulsion de Guesde, le PO est un des fondateurs en France des journées du 1er Mai, dites « fêtes du travail », à partir de 1889 qui vise à obtenir pour les ouvriers des avantages précis et immédiats, comme la réduction de la journée de travail.
En 1900, il s'oppose à Jean Jaurès quant à la participation d’Alexandre Millerand au ministère « bourgeois » de Waldeck-Rousseau. Lors d'une conférence contradictoire avec Jaurès, le 26 novembre 1900, il lui répond sur « la vérité, au point de vue historique de leurs divergences », qui sera rapporté sous le titre Les deux méthodes.
En 1902, son parti fusionne avec le Parti socialiste révolutionnaire d'Edouard Vaillant (blanquiste) pour former le Parti socialiste de France. La revendication de Guesde, que cette unité se fasse sur la base de la condamnation de toute tactique « participationniste », est adoptée puis confortée en 1904, lors du Congrès socialiste international d'Amsterdam.
La SFIO
Cependant, en dépit de ces succès partisans, le courant réformiste de Jean Jaurès, « socialiste indépendant », gagne inexorablement du terrain en France. En 1905, le Parti socialiste de France et le Parti socialiste français fusionnent pour fonder la Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO).
La fusion du POF dans la SFIO était liée au refus, validé par la nouvelle organisation, du « participationnisme ». Pourtant, en dépit de ce succès tactique, le déclin du courant représenté par Guesde devient rapidement une évidence. Si les « guesdistes » apportent à la SFIO leur capacité militante, leurs publications et leur appareil doctrinal, ils connaissent un déclin inexorable sans doute accentué par l'état de santé de Guesde, de plus en plus précaire, qui l'empêche de jouer un rôle décisif.
Son courant est isolé - les amis d'Edouard Vaillant ne le soutiennent plus - notamment sur les questions internationales mais plus encore sur la direction des syndicats. L'adoption en 1906 de la Charte d'Amiens, qui défend le principe de l'indépendance vis-à-vis des organisations politiques, fruit de la mise en minorité des guesdistes au congrès, à la fois par les révolutionnaires et les réformistes, consacre la rupture définitive de la CGT avec la Fédération syndicale internationale.
Quelques coups d'éclats sont encore toutefois à l'initiative de Guesde. Ainsi en mars 1910, en accord ponctuel avec la CGT, il est le seul député SFIO à voter contre la loi des retraites ouvrières et paysannes, qualifiée par lui, à cause du prélèvement opéré sur les salaires pour les financer, de « vol législatif » ajouté « au vol patronal ». Il dénonce « cet article 2 qui, en instituant un prélèvement sur les salaires ouvriers, aggrave la misère ouvrière, rend plus pénible aux travailleurs le poids du jour et réduit les ressources familiales déjà insuffisantes. », comme l'avait fait Paul Lafargue au congrès de la SFIO de 1910.
Par ailleurs, Guesde est opposé à la franc-maçonnerie, qu'il considère comme « alliée à la bourgeoisie » et « nuisible de la classe ouvrière », comme il le rappela lors du Congrès socialiste de Limoges en 1906. Pour autant, de nombreux francs-maçons étaient adhérents du POF au point d'apparaître constituer un courant au sein du mouvement.
La guerre pour la Révolution
En accord avec le manifeste du POF de 1893 et 3 jours après la mort de Jaurès, il vote par cause et effet, « l'Union Sacrée » de tous les partis dans la défense du pays. En effet, dans le manifeste du POF de 1893, il affirmait son combat pour la paix, mais pas à n'importe quel prix: « l'internationaliste n'est ni l'abaissement ni le sacrifice de la patrie », et « La France n'aura pas de plus ardent défenseurs que les socialistes du mouvement ouvrier. ».
Guesde devient ministre d'État de 1914 à 1916 (cabinets Viviani et Briand). Il adopte des positions patriotiques comme le furent les Jacobins à leurs époques : « Je n'ai pas la même crainte de l'avenir. La guerre est mère de révolution » (1914).
Jules Guesde pensait en effet que la guerre serait créatrice d'une révolution sociale en France comme sous la Révolution française et serait ainsi le point le départ d'une révolution internationale. Et, « Pour cette renaissance sociale, il faut vaincre, si lente qu'elle puisse être à venir et quelque sang qu'elle doive couler » (novembre 1915). A ce prix, il y eut effectivement des révolutions de par le monde notamment en Russie (Révolution de Février et d'Octobre 1917) et en Allemagne (Révolution Spartakiste en 1919).
Guesde et Sembat vont également s'opposer en conseils des ministres à l'arrestation des "défaitistes" que demandent les autorités civiles ou militaires.
La vieille maison
Après l'armistice, le Congrès de Tours le voit choisir la « vieille maison » SFIO à la suite de Léon Blum et Jean Longuet, contre la majorité qui crée la Section française de l'Internationale communiste, futur Parti communiste. Pourtant, ses dernières réflexions politiques s'adressent à la révolution bolchévique alors encore incertaine en Russie, même s'il est en désaccord avec la révolution d'Octobre contrairement à celle de Février. Il dira « Veillez sur la révolution russe. »
Malade, Guesde meurt à Saint-Mandé le 28 juillet 1922. Ses cendres reposent au cimetière du Père-Lachaise.
L'héritage
La portée du « guesdisme » interroge aujourd'hui l'histoire du mouvement ouvrier à travers les traces qu'il a laissées dans toutes les composantes actuelles de la Gauche française. Jules Guesde reste cependant une personnalité commune et historique, puis un lien très fort entre les parties communistes et socialistes d'aujourd'hui .
Si la question syndicale a été définitivement tranchée par la Charte d'Amiens, la relation d'un parti révolutionnaire avec le système parlementaire est resté au centre des problématiques de cette époque. Cette difficulté, mal résolue, a été, par les scissions et affaiblissements qu'elle a provoqué au sein du POF, une des explications majeures de son déclin.
L'opinion publique, comme les militants, a peu à peu avalisé les choix stratégiques des « Indépendants » comme Millerand et surtout Jaurès qui apparait, à la veille du conflit mondial et bien plus que Guesde, le leader des socialistes de France. À la croyance d'une crise rapidement suivie de la révolution s'est substituée peu à peu la foi en l'imminence de la victoire parlementaire.
N°1113
Les problèmes bourgeois aux bourgeois
Guesde est resté jusqu'en 1914 sur son positionnement de non-conciliation avec la bourgeoisie.
Au moment de l’affaire Dreyfus, s'il croit le capitaine Dreyfus innocent et s'affirme publiquement dreyfusard, il refuse de s'associer activement aux campagnes dreyfusardes. Il indique en novembre 1900 : "Voilà comment j'ai été dreyfusard, c'est-à-dire dans la limite de la lutte contre le militarisme débordé, allant jusqu'à menacer, sous le couvert d'un gouvernement complice, d'un véritable coup d'État.". L'affaire va briser le bon rapport de confiance entre Jules Guesde et Paul Lafargue, ce dernier voulait effectivement s'y impliquer : « Le Parti ouvrier, qui est un parti politique, ne peut se désintéresser des questions politiques qui agitent le pays... ».
La même distance sera marquée en 1892-1893 lorsqu'éclatera l'affaire de Panama.
Militant et diffuseur de la pensée de Marx ?
Enfin, au plan théorique, quoique « marxiste », le mouvement guesdiste n'a jamais défini sa politique sur une base théorique ou philosophique, mais sur des plans concrets. « Le collectivisme ne se distingue pas du communisme scientifique, tel qui est sorti de la critique maîtresse de Karl Marx. Si cette appellation a prévalu en France, c’est que, pour les besoins de notre propagande, il y avait lieu de nous distinguer des divers systèmes communistes qui, forgés de toutes pièces par des hommes de plus ou moins de bonne volonté ou de génie, versaient tous dans l’utopie. »
Les discours de Guesde, comme la plupart de ses articles, restent très peu influencés par les théories de Marx, sinon dans des mots d'ordre qui paraissent relever de slogans plutôt que d'une réflexion profonde, argumentée et serrée, respectueuse des idées du socialisme scientifique. Jules Guesde se veut être un pédagogue d'abord pour la masse prolétarienne, puis dans la chambre des députés pour l'opposition et la masse en général.
Des intellectuels socialistes de premier plan, dont Lucien Herr ou Charles Andler, étaient ainsi rebutés par des simplifications incapables d'aboutir à des apports théoriques majeurs, hors cette espérance quasi messianique, entretenue et incarnée par le chef du POF, de la sortie prochaine des prolétaires du « bagne capitaliste ».
N. McInnes déclare que Guesde n'avait pas compris le marxisme, et que sa « mixture » avec le blanquisme « favorisait l'incompréhension » du marxisme. Il note d'ailleurs que « Guesde ne s'est jamais fait passer pour un théoricien marxiste ».
Il n'y a d'homme plus complet que celui qui a beaucoup voyagé,
qui a changé vingt fois la forme de sa pensée et de sa vie.
Alphonse de Lamartine
qui a changé vingt fois la forme de sa pensée et de sa vie.
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- saintluc
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Re: PERSONNAGES ET FAITS HISTORIQUES DE FRANCE (philatélie)
René Coty, né le 20 mars 1882 au Havre et mort le 22 novembre 1962 dans la même ville, est un homme d'État français.
Député, sénateur, puis ministre de la Reconstruction et de l'Urbanisme, et enfin vice-président du Conseil de la République française, il est élu président de la République française le 23 décembre 1953, au treizième tour de scrutin. Il occupe cette fonction du 16 janvier 1954 au 8 janvier 1959, date à laquelle il cède sa place à Charles de Gaulle.
Études de droit, lettres, philosophie. Spécialisé en droit maritime et commercial. Avocat inscrit au barreau du Havre, il y plaide également au civil et au pénal.
Il est le fondateur d'un cercle littéraire en 1905 : le « Cercle Vallonges ».
René Coty épouse le 21 mai 1907 Germaine Coty, née Corblet (1886-1955). Le couple a deux filles, Geneviève (1908-1987), épouse de Louis Félix Egloff et Anne-Marie (1910-1987), épouse du docteur Maurice Georges.
Au nombre de ses descendants, figure Benoît Duteurtre (né le 20 mars 1960), romancier, essayiste et critique musical.
Laïque et démocrate, il s'inscrit dans la ligne de Gambetta, Jules Ferry et Waldeck-Rousseau.
Conseiller d'arrondissement radical-socialiste en 1907 et conseiller municipal du Havre en 1908, René Coty est l'avocat du syndicaliste Jules Durand en 1910 dans une affaire qui inspira Salacrou dans Boulevard Durand.
Conseiller général de Seine-Inférieure dès 1913, il est engagé volontaire comme homme de troupe lors de la Première Guerre mondiale au 129e Régiment d'infanterie, il participe à la bataille de Verdun avec l'ensemble de la division Mangin.
Député depuis 1923, il succède à Jules Siegfried cependant qu'il s'éloigne du parti radical pour se rapprocher de l'Union républicaine et se joint au groupe des républicains de gauche. Il est sous-secrétaire d'État à l'Intérieur du 13 au 23 décembre 1930 dans le cabinet Théodore Steeg.
Sénateur depuis 1936, il vote les pleins pouvoirs au maréchal Pétain en 1940 puis se tient à l'écart de la vie publique.
Rendu inéligible à la Libération du fait de son vote des pleins pouvoirs à Pétain, il est réhabilité le 11 octobre 1945 par un jury d'honneur pour son attitude. Lors des élections législatives du 21 octobre 1945 puis de celles de juin 1946 en vue de former une assemblée nationale constituante il est réélu député en tant que membre du parti des Républicains indépendants.
Lors des élections législatives du 10 novembre 1946 il est réélu député de Seine-Inférieure.
René Coty est ministre de la Reconstruction et de l'Urbanisme dans le gouvernement Robert Schuman du 24 novembre 1947 au 26 juillet 1948, dans le gouvernement André Marie du 26 juillet au 5 septembre 1948 et dans le gouvernement Robert Schuman du 5 septembre au 11 septembre 1948.
Lors des sénatoriales de novembre 1948 puis lors de celles de 1952, il est réélu sénateur. En juillet 1949 il devient également Président de l'Union parlementaire européenne.
Vice-président du Conseil de la République en 1948, il approchait de ses soixante-douze ans à la fin de 1953 et on ne pensait guère à lui pour succéder à l'Élysée à Vincent Auriol. Mais, pour la première fois, alors que jusque-là le président de la République était rapidement élu, les scrutins s'éternisèrent lors de l'élection de 1953 : Joseph Laniel, candidat de la droite et président du Conseil, n'arriva jamais à obtenir la majorité absolue, nécessaire dans ce genre d'élection.
Après le dixième tour, il se retira au profit de Louis Jacquinot, lequel fit encore moins bien, passant même au-dessous de son rival socialiste, Marcel-Edmond Naegelen ; il se retira à son tour au profit de René Coty qui, sans être candidat, avait obtenu soixante-et-onze voix. Cette fois, le nouveau candidat de la droite passa d'emblée à douze voix de la majorité absolue ; on décida de procéder immédiatement au treizième tour et René Coty fut largement élu (23 décembre 1953) pour entrer en fonction le 16 janvier 1954.
Dans les attributions étroites que la Constitution de 1946 lui donnait, il se conduisit avec finesse et dignité, devenant vite très populaire dans le cœur des Français. On fut frappé de l'exclamation de son épouse, Germaine Coty, lorsqu'elle apprit l'élection de son mari : « Et dire que je viens de rentrer mon charbon pour l'hiver ! ».
En 1958, la tension politique due à la guerre d'Algérie est à son comble, et le putsch d'Alger fait craindre un coup d'État militaire. René Coty fait appel « au plus illustre des Français », le général de Gaulle et le nomme président du Conseil; le général de Gaulle est chargé de former le nouveau gouvernement.
Pour contrer l'opposition de l'Assemblée nationale dominée par la gauche, il menace de démissionner sur-le-champ en cas de refus d'investiture du Général. Cette menace conduit la moitié des députés socialistes et radicaux à accepter de Gaulle comme président du Conseil. Il confie alors à Charles de Gaulle la tâche de constituer un gouvernement. À ce sujet, Pierre Mendès France déclarera plus tard : « C'est parce que le Parlement s'est couché qu'il n'y a pas eu de coup d'État ! ».
La Constitution de la Ve République est promulguée le 4 octobre, et René Coty transmet ses pouvoirs au général le 8 janvier 1959 en déclarant « le premier des Français est désormais le premier en France ». Il désapprouvera cependant le recours au référendum de 1962 pour décider de l'élection présidentielle au suffrage universel.
N°1412
Membre de droit du Conseil constitutionnel, il est élu à l'Académie des sciences morales et politiques.
René Coty meurt au Havre le 22 novembre 1962, victime d'une crise cardiaque. Le général de Gaulle prononce son éloge lors des obsèques nationales célébrées au Havre le 27 novembre suivant. Pour caractériser la personnalité de René Coty, il cita Jean de La Bruyère : « La modestie est au mérite ce que les ombres sont aux figures dans un tableau : elle lui donne force et relief »
Député, sénateur, puis ministre de la Reconstruction et de l'Urbanisme, et enfin vice-président du Conseil de la République française, il est élu président de la République française le 23 décembre 1953, au treizième tour de scrutin. Il occupe cette fonction du 16 janvier 1954 au 8 janvier 1959, date à laquelle il cède sa place à Charles de Gaulle.
Études de droit, lettres, philosophie. Spécialisé en droit maritime et commercial. Avocat inscrit au barreau du Havre, il y plaide également au civil et au pénal.
Il est le fondateur d'un cercle littéraire en 1905 : le « Cercle Vallonges ».
René Coty épouse le 21 mai 1907 Germaine Coty, née Corblet (1886-1955). Le couple a deux filles, Geneviève (1908-1987), épouse de Louis Félix Egloff et Anne-Marie (1910-1987), épouse du docteur Maurice Georges.
Au nombre de ses descendants, figure Benoît Duteurtre (né le 20 mars 1960), romancier, essayiste et critique musical.
Laïque et démocrate, il s'inscrit dans la ligne de Gambetta, Jules Ferry et Waldeck-Rousseau.
Conseiller d'arrondissement radical-socialiste en 1907 et conseiller municipal du Havre en 1908, René Coty est l'avocat du syndicaliste Jules Durand en 1910 dans une affaire qui inspira Salacrou dans Boulevard Durand.
Conseiller général de Seine-Inférieure dès 1913, il est engagé volontaire comme homme de troupe lors de la Première Guerre mondiale au 129e Régiment d'infanterie, il participe à la bataille de Verdun avec l'ensemble de la division Mangin.
Député depuis 1923, il succède à Jules Siegfried cependant qu'il s'éloigne du parti radical pour se rapprocher de l'Union républicaine et se joint au groupe des républicains de gauche. Il est sous-secrétaire d'État à l'Intérieur du 13 au 23 décembre 1930 dans le cabinet Théodore Steeg.
Sénateur depuis 1936, il vote les pleins pouvoirs au maréchal Pétain en 1940 puis se tient à l'écart de la vie publique.
Rendu inéligible à la Libération du fait de son vote des pleins pouvoirs à Pétain, il est réhabilité le 11 octobre 1945 par un jury d'honneur pour son attitude. Lors des élections législatives du 21 octobre 1945 puis de celles de juin 1946 en vue de former une assemblée nationale constituante il est réélu député en tant que membre du parti des Républicains indépendants.
Lors des élections législatives du 10 novembre 1946 il est réélu député de Seine-Inférieure.
René Coty est ministre de la Reconstruction et de l'Urbanisme dans le gouvernement Robert Schuman du 24 novembre 1947 au 26 juillet 1948, dans le gouvernement André Marie du 26 juillet au 5 septembre 1948 et dans le gouvernement Robert Schuman du 5 septembre au 11 septembre 1948.
Lors des sénatoriales de novembre 1948 puis lors de celles de 1952, il est réélu sénateur. En juillet 1949 il devient également Président de l'Union parlementaire européenne.
Vice-président du Conseil de la République en 1948, il approchait de ses soixante-douze ans à la fin de 1953 et on ne pensait guère à lui pour succéder à l'Élysée à Vincent Auriol. Mais, pour la première fois, alors que jusque-là le président de la République était rapidement élu, les scrutins s'éternisèrent lors de l'élection de 1953 : Joseph Laniel, candidat de la droite et président du Conseil, n'arriva jamais à obtenir la majorité absolue, nécessaire dans ce genre d'élection.
Après le dixième tour, il se retira au profit de Louis Jacquinot, lequel fit encore moins bien, passant même au-dessous de son rival socialiste, Marcel-Edmond Naegelen ; il se retira à son tour au profit de René Coty qui, sans être candidat, avait obtenu soixante-et-onze voix. Cette fois, le nouveau candidat de la droite passa d'emblée à douze voix de la majorité absolue ; on décida de procéder immédiatement au treizième tour et René Coty fut largement élu (23 décembre 1953) pour entrer en fonction le 16 janvier 1954.
Dans les attributions étroites que la Constitution de 1946 lui donnait, il se conduisit avec finesse et dignité, devenant vite très populaire dans le cœur des Français. On fut frappé de l'exclamation de son épouse, Germaine Coty, lorsqu'elle apprit l'élection de son mari : « Et dire que je viens de rentrer mon charbon pour l'hiver ! ».
En 1958, la tension politique due à la guerre d'Algérie est à son comble, et le putsch d'Alger fait craindre un coup d'État militaire. René Coty fait appel « au plus illustre des Français », le général de Gaulle et le nomme président du Conseil; le général de Gaulle est chargé de former le nouveau gouvernement.
Pour contrer l'opposition de l'Assemblée nationale dominée par la gauche, il menace de démissionner sur-le-champ en cas de refus d'investiture du Général. Cette menace conduit la moitié des députés socialistes et radicaux à accepter de Gaulle comme président du Conseil. Il confie alors à Charles de Gaulle la tâche de constituer un gouvernement. À ce sujet, Pierre Mendès France déclarera plus tard : « C'est parce que le Parlement s'est couché qu'il n'y a pas eu de coup d'État ! ».
La Constitution de la Ve République est promulguée le 4 octobre, et René Coty transmet ses pouvoirs au général le 8 janvier 1959 en déclarant « le premier des Français est désormais le premier en France ». Il désapprouvera cependant le recours au référendum de 1962 pour décider de l'élection présidentielle au suffrage universel.
N°1412
Membre de droit du Conseil constitutionnel, il est élu à l'Académie des sciences morales et politiques.
René Coty meurt au Havre le 22 novembre 1962, victime d'une crise cardiaque. Le général de Gaulle prononce son éloge lors des obsèques nationales célébrées au Havre le 27 novembre suivant. Pour caractériser la personnalité de René Coty, il cita Jean de La Bruyère : « La modestie est au mérite ce que les ombres sont aux figures dans un tableau : elle lui donne force et relief »
Il n'y a d'homme plus complet que celui qui a beaucoup voyagé,
qui a changé vingt fois la forme de sa pensée et de sa vie.
Alphonse de Lamartine
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Re: PERSONNAGES ET FAITS HISTORIQUES DE FRANCE (philatélie)
Récapitulatif par ordre alphabétique page 1
Il n'y a d'homme plus complet que celui qui a beaucoup voyagé,
qui a changé vingt fois la forme de sa pensée et de sa vie.
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