La
guerre des Deux-Roses désigne une série de guerres civiles qui eurent lieu en Angleterre entre la maison royale de Lancastre et la maison royale d'York. La guerre prit fin en 1485, quand le dernier des rois Plantagenêt Richard III d'Angleterre mourut au champ d'honneur, et qu'Henri VII devint roi.
La maison de Lancastre descendait de Jean de Gand, duc de Lancastre et 3e fils du roi Édouard III. Celle d'York descendait de son frère Edmond de Langley (1341-1402), 4e fils du roi Édouard III, devenu duc d'York en 1385.
L'emblème de la maison de Lancastre était la rose rouge, tandis que celui des York était la rose blanche, ce qui est à l'origine du nom donné a posteriori à ce conflit.
L'antagonisme entre les deux maisons prit naissance en 1399 quand le roi Richard II fut détrôné par son cousin, Henry Bolingbroke, duc de Lancastre. Comme il descendait de Jean de Gand, le troisième fils d’Édouard III, les droits de Bolingbroke à la couronne étaient discutables. D’après les lois de succession, elle aurait dû passer aux descendants mâles de Lionel d'Anvers, le deuxième fils d’Édouard III, et de fait, Richard II avait désigné comme héritier présomptif le petit-fils de Lionel, Roger Mortimer, 4e comte de March.
Malgré tout, Bolingbroke fut couronné sous le nom d’Henri IV ; il fut accepté, car le gouvernement de Richard II avait été extrêmement impopulaire. Bolingbroke mourut en 1413. Son fils et successeur, Henri V, était un grand stratège et ses succès militaires contre la France dans la guerre de Cent Ans lui valurent une énorme popularité, qui lui permit d’assurer le maintien des Lancastre sur le trône. Toutefois, pendant son règne, qui devait être court, Henri V dut faire face à une conspiration menée tambour battant contre lui, organisée par le comte de Cambridge Richard de Conisburgh, fils d'Edmond de Langley, le quatrième fils d'Édouard III. Cambridge fut exécuté en 1415 pour trahison au début de la campagne qui aboutit à la bataille d'Azincourt ; sa femme Anne Mortimer avait aussi quelques droits sur le trône, étant fille de Philippe d'AnversPhilippe Plantagenêt et petite-fille de Lionel d'Anvers.
Henri V mourut en 1422 et le duc d'York Richard, fils de Richard de Conisburgh et d’Anne Mortimer, devait se dresser contre son successeur, le faible roi Henri VI, pour revendiquer la couronne.
Richard IILe roi d'Angleterre Henri VI de Lancastre était entouré de régents et de conseillers impopulaires. Les plus connus d'entre eux étaient Edmond Beaufort, 2e duc de Somerset, et Guillaume de la Pole, 1er duc de Suffolk, à qui l'on reprochait de mal diriger le gouvernement et de conduire de façon lamentable la guerre de Cent Ans, qui se prolongeait avec la France. Sous Henri VI, pratiquement toutes les possessions anglaises sur le continent, y compris les territoires gagnés par Henri V, avaient été perdues. Henri VI était considéré comme un roi faible et inefficace. De plus, il souffrait par moments de troubles mentaux qu'il avait peut-être hérités de son grand-père, le roi de France Charles VI. Avant les années 1450, beaucoup considéraient déjà Henri comme un incapable. Les rois Lancastre avaient d'ailleurs été tourmentés par la question de leur légitimité et la Maison d'York pensait avoir des droits sur le trône beaucoup plus forts.
Le désordre croissant à la cour se reflétait dans tout le pays, où les familles nobles se livraient à des querelles privées et respectaient de moins en moins l'autorité royale et les tribunaux. La querelle Percy-Neville fut la plus connue de ces guerres privées, mais d'autres s'accomplissaient en toute liberté. Dans bien des cas, il s'agissait de luttes entre des familles établies depuis longtemps et la petite noblesse d'autrefois dont Henri IV avait accru le pouvoir et l'influence à la suite des rébellions organisées contre lui. La querelle entre les Percy, pendant longtemps ducs de Northumberland, et les Neville qui par rapport à eux n'étaient que des parvenus, se fit sur ce modèle ; un autre exemple fut la querelle entre les Courtenay et les Bonville en Cornouailles.
Un élément dans ces querelles était apparemment la présence d'un grand nombre de soldats qu'on avait renvoyés des armées anglaises en France. Les nobles engagèrent beaucoup d'entre eux pour organiser des raids ou prendre d'assaut des tribunaux, intimidant plaignants, témoins et juges.
L'accroissement du mécontentement dans la population, le grand nombre de nobles qui se querellaient grâce à leurs armées privées et la corruption à la cour d'Henri VI rendait le climat politique mûr pour une guerre civile.
En 1453, Henry subit sa première crise de folie, à la suite de quoi un Conseil de Régence fut mis en place, dirigé par le puissant et populaire Richard Plantagenêt, duc d'York et chef de la Maison d'York en tant que Lord Protector. Richard manifesta bien vite son pouvoir avec une audace jamais égalée (bien qu'il n'y ait aucune preuve qu'il eût alors aspiré au trône). Il fit emprisonner Somerset et il soutint ses partisans, Salisbury et Warwick, dans une série de conflits mineurs avec les partisans puissants d'Henry, comme les ducs de Northumberland. La guérison d'Henry en 1455 contraria les ambitions de Richard et le duc d'York fut écarté de la cour par la femme d'Henri, la reine Marguerite d'Anjou. Puisqu'Henri n'était pas capable d'être le chef, c'est elle, femme puissante et volontaire, qui s'était placée de fait à la tête des Lancastriens. Elle noua des alliances contre Richard et conspira avec d'autres nobles pour réduire son influence. Richard de plus en plus pressé recourut finalement aux armes en 1455 avec la première bataille de Saint-Albans.
Henri IV Henri VLe roi d'Angleterre Henri VI de Lancastre était entouré de régents et de conseillers impopulaires. Les plus connus d'entre eux étaient Edmond Beaufort, 2e duc de Somerset, et Guillaume de la Pole, 1er duc de Suffolk, à qui l'on reprochait de mal diriger le gouvernement et de conduire de façon lamentable la guerre de Cent Ans, qui se prolongeait avec la France. Sous Henri VI, pratiquement toutes les possessions anglaises sur le continent, y compris les territoires gagnés par Henri V, avaient été perdues. Henri VI était considéré comme un roi faible et inefficace. De plus, il souffrait par moments de troubles mentaux qu'il avait peut-être hérités de son grand-père, le roi de France Charles VI. Avant les années 1450, beaucoup considéraient déjà Henri comme un incapable. Les rois Lancastre avaient d'ailleurs été tourmentés par la question de leur légitimité et la Maison d'York pensait avoir des droits sur le trône beaucoup plus forts.
Le désordre croissant à la cour se reflétait dans tout le pays, où les familles nobles se livraient à des querelles privées et respectaient de moins en moins l'autorité royale et les tribunaux. La querelle Percy-Neville fut la plus connue de ces guerres privées, mais d'autres s'accomplissaient en toute liberté. Dans bien des cas, il s'agissait de luttes entre des familles établies depuis longtemps et la petite noblesse d'autrefois dont Henri IV avait accru le pouvoir et l'influence à la suite des rébellions organisées contre lui. La querelle entre les Percy, pendant longtemps ducs de Northumberland, et les Neville qui par rapport à eux n'étaient que des parvenus, se fit sur ce modèle ; un autre exemple fut la querelle entre les Courtenay et les Bonville en Cornouailles.
Un élément dans ces querelles était apparemment la présence d'un grand nombre de soldats qu'on avait renvoyés des armées anglaises en France. Les nobles engagèrent beaucoup d'entre eux pour organiser des raids ou prendre d'assaut des tribunaux, intimidant plaignants, témoins et juges.
L'accroissement du mécontentement dans la population, le grand nombre de nobles qui se querellaient grâce à leurs armées privées et la corruption à la cour d'Henri VI rendait le climat politique mûr pour une guerre civile.
En 1453, Henry subit sa première crise de folie, à la suite de quoi un Conseil de Régence fut mis en place, dirigé par le puissant et populaire Richard Plantagenêt, duc d'York et chef de la Maison d'York en tant que Lord Protector. Richard manifesta bien vite son pouvoir avec une audace jamais égalée (bien qu'il n'y ait aucune preuve qu'il eût alors aspiré au trône). Il fit emprisonner Somerset et il soutint ses partisans, Salisbury et Warwick, dans une série de conflits mineurs avec les partisans puissants d'Henry, comme les ducs de Northumberland. La guérison d'Henry en 1455 contraria les ambitions de Richard et le duc d'York fut écarté de la cour par la femme d'Henri, la reine Marguerite d'Anjou. Puisqu'Henri n'était pas capable d'être le chef, c'est elle, femme puissante et volontaire, qui s'était placée de fait à la tête des Lancastriens. Elle noua des alliances contre Richard et conspira avec d'autres nobles pour réduire son influence. Richard de plus en plus pressé recourut finalement aux armes en 1455 avec la première bataille de Saint-Albans.
Henri VIBien que des affrontements armés se fussent produits auparavant entre les partisans de Henri et de Richard, la période principale de conflit armé dans la Guerre des Deux Roses est survenue entre 1455 et 1489.
Richard, duc d'York marcha vers Londres avec une petite troupe et affronta les forces de Henri à Saint-Albans, au nord de Londres, le 22 mai 1455. La première bataille de Saint-Albans, relativement limitée, fut le premier conflit ouvert de la guerre civile. Le but de Richard était apparemment de chasser les « mauvais conseillers » du roi Henri. Le résultat fut une défaite pour les Lancastriens. Plusieurs de leurs chefs furent tués, y compris Somerset et Northumberland. Après la bataille, les Yorkistes trouvèrent Henri assis calmement sous sa tente, complètement abandonné par ses conseillers et ses domestiques, et ayant apparemment subi une nouvelle crise de maladie mentale. York et ses alliés recouvrèrent leur position influente, et pendant quelque temps les deux côtés parurent choqués qu'une bataille réelle se fût déroulée, si bien qu'ils firent tout leur possible pour apaiser leurs différends. Puisque le roi était malade, York fut de nouveau nommé Protecteur et Marguerite fut écartée, chargée de soigner le roi.
Après la première bataille de Saint-Albans, le compromis de 1455 sembla quelque peu réussir, et York garda la prépondérance sur le Conseil même après la guérison d'Henri. Les problèmes à l'origine du conflit resurgirent, surtout la question de savoir si ce serait le duc d'York ou Édouard, le fils d'Henri et de Marguerite, encore au berceau, qui lui succéderait sur le trône. Marguerite refusait d'accepter toute solution qui déshériterait son fils et il devint clair qu'elle ne tolérerait la situation qu'aussi longtemps que le duc d'York et ses alliés garderaient la suprématie militaire.
En 1456, Henri se rendit solennellement dans les Midlands, où le roi et la reine étaient populaires. Margaret ne lui permit pas de revenir à Londres, où les marchands étaient mécontents du déclin des affaires et du désordre qui croissait. La cour du roi fut réinstallée à Coventry. Là, le nouveau duc de Somerset, Henri Beaufort, se manifesta comme le favori de la cour, héritant de la faveur de son père. Marguerite persuada Henri de révoquer les nominations que York avait faites en tant que Protecteur, profitant du fait que York lui-même avait dû retourner à son poste de lieutenant en Irlande. Le désordre croissait dans la capitale, ainsi que la piraterie sur la côte sud, mais le roi et la reine ne se préoccupaient que de garantir leurs propres positions, la reine par exemple établit pour la première fois la conscription en Angleterre. Pendant ce temps, l'allié de York, Warwick (plus tard surnommé le « Faiseur de rois »), grandissait en popularité à Londres en tant que champion des marchands.
York étant revenu d'Irlande sans autorisation, les hostilités reprirent. Le 23 septembre 1459, à la bataille de Blore Heath dans le Staffordshire, une grande armée lancastrienne n'arriva pas à empêcher une troupe yorkiste sous les ordres du comte de Salisbury de marcher depuis le château de Middleham, dans le Yorkshire pour associer ses forces à celles de York au château de Ludlow. Bientôt, les armées yorkistes réunies affrontèrent l'armée lancastrienne, beaucoup plus nombreuse, à la bataille de Ludford Bridge. Un des lieutenants de Warwick passa aux Lancastriens et les chefs yorkistes s'enfuirent ; York lui-même retourna en Irlande, tandis que son fils aîné Édouard, comte de March, Salisbury et Warwick s'enfuirent à Calais. Les Lancastriens maintenant contrôlaient de nouveau tout à fait la situation et Somerset fut envoyé à Calais comme gouverneur. Ses tentatives d'en expulser Warwick furent facilement repoussées et les Yorkistes commencèrent même à lancer des raids sur la côte anglaise depuis Calais en 1459-60, ajoutant ainsi au sentiment de chaos et de désordre.
En 1460, Warwick et les autres déclenchèrent une invasion de l'Angleterre et s'établirent rapidement dans le Kent et à Londres, où ils jouissaient d'un large soutien. Soutenu par un émissaire du pape qui avait pris leur parti, ils marchèrent vers le Nord. Henri mena une armée vers le sud à leur rencontre, tandis que Marguerite restait au nord avec le prince Édouard. La bataille de Northampton, le 10 juillet 1460, s'avéra désastreuse pour les Lancastriens, aidée par la trahison dans les rangs du roi ; l'armée yorkiste sous les ordres du comte de Warwick fut en mesure de vaincre les Lancastriens. Après la bataille, et pour la deuxième fois au cours de la guerre, les Yorkistes trouvèrent le roi Henri sous une tente, entièrement abandonné par son escorte. Il avait apparemment subi une nouvelle crise de folie. Tenant maintenant le roi en leur pouvoir, les Yorkistes revinrent à Londres.
La tour de Saint-AlbansUn tel succès militaire poussa Richard à revendiquer le trône en se fondant sur l'illégitimité de la lignée lancastrienne. Venant du Nord du Pays de Galles, lui et sa femme Cecily entrèrent à Londres avec l'appareil réservé d'ordinaire à un monarque. Le Parlement fut rassemblé et quand York fut entré, il se dirigea directement vers le trône, s'attendant sans doute à ce que les Lords l'encourageassent à le prendre pour lui comme ils l'avaient fait pour Henri IV en 1399. Au lieu de cela, il y eut un silence de mort. Il annonça sa revendication sur le trône, mais les Lords, même Warwick et Salisbury, étaient choqués d'une telle présomption ; ils n'avaient alors aucune envie de renverser Henri. Leur ambition se bornait toujours à écarter de lui ses mauvais conseillers.
Le lendemain, York produisit des généalogies détaillées pour soutenir sa revendication en se fondant sur le fait qu'il descendait de Lionel d'Anvers et il rencontra plus de compréhension. Le Parlement accepta d'étudier l'affaire et admit que la revendication de York était mieux fondée, mais à cinq voix de majorité, il décida qu'Henri VI resterait roi. Un compromis fut élaboré en octobre 1460 avec l'acte d'Accord, qui reconnaissait York comme successeur d'Henri, déshéritant Édouard, le fils de celui-ci, qui n'avait que six ans. York accepta ce compromis comme ce qu'on lui proposait de meilleur. Il lui donnait une grande partie de ce qu'il avait voulu, surtout du fait qu'il était fait également "Protecteur du Royaume" et avait le pouvoir de gouverner au nom d'Henri. On bannit Marguerite de Londres avec le prince Édouard ; l'acte d'Accord s'avérait cependant inacceptable pour les Lancastriens, qui se rallièrent à Marguerite et formèrent dans le Nord une grande armée.
Le duc d'York quitta Londres vers la fin de l'année avec le comte de Salisbury pour consolider sa position au nord contre l'armée de Marguerite, dont on disait qu'elle s'était regroupée près de la ville d'York. Richard occupa une position défensive au château de Sandal, près de Wakefield, à Noël 1460. Bien que l'armée de Marguerite l'emportât en nombre sur celle de Richard à plus de deux contre un, le 30 décembre York ordonna à ses forces de quitter le château et passa à l'attaque. Son armée subit une défaite cuisante à la bataille de Wakefield. Richard lui-même fut tué dans la bataille tandis que Salisbury et Edmond, comte de Rutland, deuxième fils de Richard, âgé de dix-sept ans, furent pris et décapités. Marguerite ordonna que leurs têtes à tous les trois fussent placées sur les portes d'York. C'est cet événement, ou l'échec final de Richard III, qui a inspiré par la suite la phrase mnémotechnique « Richard Of York Gave Battle In Vain » pour les sept couleurs de l'arc-en-ciel (red, orange, yellow, green, blue, indigo, violet).
L'acte d'Accord et les événements de Wakefield avaient fait d'Édouard, comte de la Marche, fils aîné d'York âgé de 18 ans, le nouveau duc d'York et l'héritier du trône. La mort de Salisbury avait fait de Warwick, son héritier, le plus grand propriétaire foncier en Angleterre. Marguerite se rendit en Écosse pour négocier l'assistance écossaise. Marie de Gueldre, reine d'Écosse accepta de lui donner une armée à condition qu'elle lui cédât la ville de Berwick et que la fille de Marie fût fiancée au prince Édouard. Marguerite accepta, bien qu'elle n'eût aucun argent pour payer son armée et ne pût que lui promettre le riche butin que lui offrirait l'Angleterre du sud, il fallait seulement qu'aucun pillage n'eût lieu au nord du Trent. Elle prit son armée à Hull, en se trouvant à la tête de plus d'hommes que lorsqu'elle était venue.
Un parhélie au coucher du soleilÉdouard d'York pendant ce temps, avec une armée venant des marches pro-Yorkistes (la zone limitrophe entre l'Angleterre et le Pays de Galles), rencontra l'armée du comte de Pembroke Jasper Tudor qui arrivait du Pays de Galles et lui infligea une sévère défaite à la bataille de Mortimer's Cross, dans le Herefordshire. Il donna du courage à ses hommes en leur montrant une « vision » de trois soleils à l'aube (un phénomène connu sous le nom de « parhélie »), et en leur disant que c'était là un présage de victoire puisqu'il représentait les trois fils survivants de York : lui-même, George et Richard. Cet épisode explique pourquoi, par la suite, Édouard devait adopter le signe du « sunne in splendour » comme emblème personnel.
Marguerite se dirigea vers le Sud, en saccageant tout sur son passage, son armée subvenait à ses besoins en pillant pendant qu'elle traversait la prospère Angleterre du sud. À Londres, Warwick se servit de ces pillages pour appuyer sa propagande et renforcer l'adhésion au parti yorkiste dans tout le Sud - la ville de Coventry changea d'allégeance en sa faveur. Warwick échoua quand il commença à recruter rapidement une armée et, sans l'armée d'Édouard pour lui prêter main forte, fut pris au dépourvu par l'arrivée rapide des Lancastriens à Saint-Albans. À la deuxième bataille de Saint-Albans, la reine remporta une victoire décisive et, en fuyant, les forces yorkistes abandonnèrent le roi Henri, que l'on retrouva indemne, assis tranquillement sous un arbre.
Henry anoblit trente soldats lancastriens immédiatement après la bataille. La guerre devenait de plus en plus impitoyable, comme le montre le fait que la reine Marguerite demanda à son fils de sept ans Édouard de choisir la manière dont on exécuterait les chevaliers yorkistes qui avaient été chargés de protéger le roi et étaient restés à ses côtés durant la bataille.
L'avance vers le sud de l'armée lancastrienne provoqua à Londres une vague de terreur ; les rumeurs couraient sur le pillage que devaient commettre les cruels soldats du Nord de l'Angleterre. Les Londoniens fermèrent les portes de la ville et refusèrent de ravitailler l'armée de la reine, qui pilla les comtés environnants de Hertfordshire et de Middlesex.
Pendant ce temps, Édouard avançait vers Londres depuis l'ouest, où il avait joint ses forces à celles de Warwick. En même temps, la reine se retirait vers le nord, à Dunstable, ce qui permit à Édouard et Warwick d'entrer dans Londres avec leur armée. Ils furent accueillis avec enthousiasme par la ville qui leur était largement acquise et leur fournit argent et ravitaillement. Il n'était plus possible à Édouard de prétendre seulement essayer d'arracher le roi à de mauvais conseillers. Il s'agissait maintenant d'une bataille pour la couronne elle-même. Édouard avait désormais besoin de l'autorité et la chose parut imminente quand l'évêque de Londres demanda son opinion au peuple de Londres : on lui répondit avec les cris de « King Edward! » Le Parlement se hâta de confirmer et Édouard fut couronné, quoique non officiellement, au cours d'une cérémonie hâtivement organisée à l'abbaye de Westminster au milieu d'une grande liesse, bien qu'Édouard eût juré qu'il n'y aurait pas de couronnement en forme jusqu'à ce qu'Henri et Marguerite eussent été exécutés ou exilés. Il annonça également qu'Henri avait perdu ses droits sur la couronne en permettant à la reine de prendre les armes contre ceux que l'acte d'Accord avait faits ses héritiers légitimes, même si à ce moment-là il était largement admis que la victoire d'Édouard n'était qu'une restauration sur le trône de l'héritier légitime, puisqu'Henri et ses prédécesseurs de la maison de Lancastre n'avaient été que des usurpateurs. C'est cet argument que le Parlement avait accepté l'année précédente.
Édouard et Warwick marchèrent vers le nord, réunissant une grande armée à mesure qu'ils progressaient, et rencontrèrent à Towton une armée lancastrienne pas moins impressionnante. La bataille de Towton, près d'York, fut la plus grande bataille de la guerre des Deux-Roses[réf. nécessaire] jusque là. Les deux côtés avaient convenu au préalable que la question devait être tranchée ce jour-là, sans qu'on demandât ni qu'on fît quartier. Entre 40 000 et 80 000 hommes environ y prirent part et plus de 20 000 laissèrent la vie pendant (et après) la bataille, chiffre énorme pour l'époque et le plus grand en seul jour jamais enregistré sur le sol anglais. Édouard et son armée remportèrent une victoire décisive, les Lancastriens furent mis en déroute, et la plupart de leurs chefs tués. Henri et Marguerite, qui attendaient à York avec leur fils Édouard, s'enfuirent vers le nord à l'annonce du résultat. Beaucoup de Lancastriens nobles survivants passèrent immédiatement au roi Édouard et ceux qui ne le firent pas furent repoussés vers les zones frontières du Nord et quelques châteaux du pays de Galles. Édouard s'avança pour prendre York où il aperçut les têtes en train de pourrir de son père, de son frère et de Salisbury, lesquelles furent bientôt remplacées par celles de seigneurs lancastriens vaincus comme le célèbre John Clifford, 9e baron de Clifford de Skipton-Craven, à qui l'on reprochait l'exécution d'Edmond, le frère d'Édouard, comte de Rutland, après la bataille de Wakefield.
Henri et Marguerite s'enfuirent en Écosse, à la cour de Jacques III. Ils tinrent leur promesse antérieure de céder Berwick à l'Écosse et en conduisant une attaque contre Carlisle au cours de l'année. Mais, manquant d'argent, ils furent facilement repoussés par les hommes d'Édouard qui pourchassaient les forces lancastriennes restantes dans les comtés du Nord.
La période 1467-70 vit une détérioration marquée et rapide dans les rapports entre le roi Édouard et son ancien mentor, le puissant Richard Neville, comte de Warwick, le « faiseur de rois ». Les causes étaient multiples, mais ce qui précipita les choses fut le mariage secret d'Édouard avec Élisabeth Woodville en 1464. Édouard le fit savoir plus tard comme un fait accompli, mettant dans un embarras considérable Warwick, qui avait négocié un mariage entre Édouard et une princesse française, convaincu de la nécessité d'une alliance avec la France. Cet embarras tourna à l'amertume quand la faveur des Woodville supplanta à la cour celle des Neville. D'autres facteurs contribuèrent au désenchantement de Warwick : la préférence d'Édouard pour une alliance avec la Bourgogne (plutôt qu'avec la France) et le refus d'Édouard d'autoriser ses frères George, duc de Clarence, et Richard, duc de Gloucester, de se marier avec les filles de Warwick, Isabelle et Anne Neville. En outre, la popularité d'Édouard était sur le déclin dans cette période en raison de la hausse des impôts et des troubles persistants.
En 1469, Warwick forma une alliance avec George, le frère d'Édouard, que sa jalousie poussait à la trahison. Ils levèrent une armée qui vainquit le roi à la bataille d'Edgecote Moor et enfermèrent Édouard au château de Middleham, dans le Yorkshire ; Warwick eut alors brièvement deux rois d'Angleterre en son pouvoir. Il fit exécuter le père de la reine, Richard Woodville, 1er comte Rivers, et força Édouard à convoquer un parlement à York où il était prévu qu'Édouard serait déclaré illégitime et que la couronne passerait ainsi à George de Clarence, frère et héritier présomptif d'Édouard. Pourtant, le pays était en pleine agitation et Édouard put compter sur la loyauté de son frère Richard de Gloucester, et de la majorité des nobles. Richard arriva à la tête d'une forte armée et libéra le roi Édouard.
Warwick et Clarence furent déclarés traîtres et contraints de fuir en France, où en 1470 Louis XI avait accepté, sur les instances de la reine exilée Marguerite d'Anjou, de l'aider à envahir l'Angleterre pour récupérer le trône de son mari prisonnier. Louis XI suggéra alors l'idée d'une alliance entre Warwick et Marguerite, une idée qui au début ne souriait ni à l'un ni à l'autre, mais à laquelle ils finirent par se faire, chacun espérant en tirer profit. Il est vrai que tous les deux attendaient sans doute des résultats bien différents : Warwick voulait un roi fantoche en la personne d'Henri ou de son jeune fils, tandis que Marguerite entendait bien reconquérir le royaume pour sa famille. Quoi qu'il en fût, un mariage fut arrangé entre Anne Neville, la fille de Warwick, et le fils de Marguerite, Édouard de Westminster, l'ancien prince de Galles, et Warwick envahit l'Angleterre à l'automne 1470.
Cette fois, c'est Édouard IV qui fut forcé de fuir le pays quand John Neville changea de camp pour soutenir son frère Warwick. Édouard ne s'attendait pas à l'arrivée par le nord de la grande armée de Neville et il dut ordonner à son armée de se disperser. Édouard et Gloucester s'enfuirent de Doncaster jusqu'à la côte et de là, partirent pour l'exil aux Pays-Bas bourguignons. À peine arrivé de France, Warwick se hâta de réaliser ses plans ; il libéra Henri VI et le rétablit sur le trône. En octobre, il le fit défiler dans les rues de Londres comme le roi restauré, tandis qu'Édouard et Richard étaient proclamés traîtres. Le succès de Warwick fut pourtant de courte durée. Il s'était fixé des objectifs trop ambitieux en projetant d'envahir la Bourgogne avec le roi de France son allié, tenté par Louis XI qui lui promettait en récompense des territoires aux Pays-Bas. Il poussa ainsi Charles le Téméraire à aider Édouard (qui était aussi son beau-frère), en lui fournissant de l'argent et une armée pour envahir l'Angleterre en 1471.
Édouard débarqua avec une petite armée à Ravenspurn, sur la côte du Yorkshire. Il gagna bientôt la ville d'York et y rassembla plusieurs partisans. Son frère Clarence changea à nouveau de camp et abandonna Warwick. S'étant emparée de Londres, l'armée d'Édouard rencontra celle de Warwick à la bataille de Barnet. La bataille fut disputée dans un brouillard épais et certains des hommes de Warwick s'attaquèrent entre eux par erreur. Immédiatement, tous les hommes crurent qu'ils avaient été trahis et l'armée de Warwick se débanda. Lui-même fut massacré en tentant d'atteindre son cheval.
Marguerite et son fils Édouard avaient débarqué dans à l'ouest du pays quelques jours seulement avant Barnet. Plutôt que de retourner en France, Marguerite chercha à rejoindre les partisans des Lancastre au Pays de Galles et se mit en marche pour traverser la Severn, mais la ville de Gloucester lui refusa le passage à travers le fleuve. Son armée, commandée par le Edmond Beaufort, duc de Somerset, fut anéantie à la bataille de Tewkesbury où fut tué le prince Édouard de Westminster, fils d'Henri VI. Sans héritiers pour lui succéder, le roi Henri fut assassiné peu après (14 mai 1471) pour consolider la présence des York sur le trône.
Bien que les historiens discutent toujours sur l'importance de l'impact qu'a eu le conflit sur la vie de l'Angleterre médiévale, il ne fait guère de doute que la guerre des Deux-Roses a entraîné un bouleversement politique considérable et d'énormes changements dans l'équilibre des pouvoirs, tel qu'il s'était établi. Le résultat le plus évident a été l'effondrement de la dynastie des Plantagenêt et son remplacement par une nouvelle dynastie, les Tudor, qui devait radicalement changer l'Angleterre au cours des années suivantes. Sous les rois Henri VII et VIII et leurs successeurs, les dernières factions plantagenêts, sans lien direct avec le trône, perdirent toute influence, les monarques les montant constamment les unes contre les autres.
Les lourdes pertes parmi la noblesse, additionnées aux effets de la peste noire, entraînèrent une période de bouleversement social intense dans l'Angleterre féodale ; le pouvoir des nobles s'effondra, tandis que se renforçaient les classes marchandes et que naissait une monarchie forte et centralisée avec les Tudor. C'était la fin de la période médiévale en Angleterre et le début de la Renaissance.
On s'est tout de même demandé si le traumatisme des guerres n'avait pas été exagéré par Henri VII, qui voulait ainsi se présenter comme celui qui y avait mis fin et avait ramené la paix. Il est certain que l'effet des guerres sur les marchands et les classes laborieuses fut bien moindre que ce qui s'est passé en France et ailleurs en Europe avec des sièges et des pillages, réalisés par des mercenaires qui tiraient profit de la prolongation de la guerre. Il y a bien eu quelques sièges très longs, comme celui des châteaux de Harlech et de Bamburgh, mais ils se déroulèrent dans des régions relativement écartées et peu peuplées. Dans les régions densément habitées, les deux factions avaient trop à perdre dans la ruine du pays et elles cherchaient à résoudre rapidement le conflit par une bataille rangée.
La guerre fut un désastre pour l'influence anglaise en France, qui déclinait déjà, et vers la fin du conflit, il ne restait rien de ce qui avait été conquis pendant la guerre de Cent Ans, à part Calais qui devait finalement tomber sous le règne de Marie Tudor. Bien que les derniers dirigeants anglais dussent continuer à faire campagne sur le continent, jamais l'Angleterre ne reprit ces territoires. Au contraire, les différents duchés et royaumes européens jouèrent un rôle essentiel dans l'issue de la guerre des Deux-Roses ; les rois de France et les ducs de Bourgogne en particulier ont joué les deux factions l'une contre l'autre, promettant soldats et argent et offrant l'asile aux nobles vaincus, afin d'empêcher la création d'une Angleterre forte, unie et susceptible de leur faire la guerre.
La période d'après-guerre sonna aussi le glas pour les grandes armées seigneuriales, qui avaient aidé à entretenir les hostilités. Henri, soucieux d'éviter de nouveaux conflits, tint les barons étroitement en laisse, leur enlevant le droit de lever, d'armer et d'entretenir des armées de partisans pour les empêcher de se faire la guerre les uns aux autres ou de faire la guerre au roi. L'Angleterre ne devait plus voir une autre armée se constituer jusqu'à la New Model Army d'Oliver Cromwell. Avec le déclin du pouvoir militaire des barons, c'est à la cour des Tudor que se sont vidées les querelles entre barons sous l'arbitrage du roi.
Au fil des siècles, la rivalité supposée entre le Yorkshire et le Lancashire s'est transformée en rivalité sportive. À titre d'exemple, en 1913 fut organisée une Course aérienne des deux Roses opposant le meilleur avion construit dans le Yorkshire, au meilleur avion construit dans le Lancashire. Harold Blackburn, champion du Yorkshire l'emporta.