Re: UNE NOUVELLE DU JOUR
Publié : sam. avr. 20, 2013 11:55 pm
AFP: Dans les Alpes, des chercheurs veulent percer le mystère du mal des montagnes
Perchés sur l'Aiguille du Midi à 3.800 mètres d'altitude dans le massif du Mont-Blanc, des chercheurs français et italiens tentent de percer le mystère du mal aigu des montagnes (MAM), une pathologie qui frappe des milliers d'alpinistes chaque année, et qui leur est parfois fatale
Bardés d'électrodes, Anne-Marie, Serge et Gilles sont analysés sous toutes les coutures. Débit sanguin, rythme cardiaque, taux d'oxygénation du sang sont attentivement scrutés au sein d'un local technique exigu équipé d'un dortoir et d'une cuisine, creusé à l'intérieur de l'Aiguille du Midi.
Après avoir passé une première batterie de tests à Chamonix, 2.800 mètres plus bas, ces "cobayes", à l'instar de 90 autres sur plus de quatre mois, vont passer la nuit en haute altitude.
Et subir pour certains les désagréments du mal des montagnes: mal de tête, sommeil difficile, nausées, vomissements.
Malades toute la nuit, mais motivés
"Certains sont malades toute la nuit mais sont quand même motivés", raconte le docteur Alice Gavet, un des médecins encadrant l'étude.
Les expériences, qui doivent s'achever en juillet, devraient permettre de mieux comprendre les différences de réactions des hommes face à l'altitude: certains développent des pathologies sévères, quand d'autres s'adaptent très rapidement.
La question est particulièrement cruciale pour les alpinistes, un MAM pouvant évoluer chez certains personnes jusqu'au décès par oedème cérébral ou pulmonaire.
Pour expliquer ces variations, l'équipe dirigée par le Dr Emmanuel Cauchy, directeur de l'Ifremmont (Institut de formation et de recherche en médecine de montagne), s'intéresse notamment à la "vasoréactivité", c'est-à-dire la propension des vaisseaux à se dilater pour augmenter le flux sanguin.
En altitude, quand l'oxygène vient à manquer, le cerveau va en effet pomper plus de sang pour compenser la baisse du taux d'oxygène dans le sang.
Une mauvaise "vasoréactivité" pourrait ainsi expliquer les difficultés rencontrées par certaines personnes en altitude.
Micro-bulles dans l'organisme
Une autre piste de recherche porte sur la formation de "micro-bulles" d'azote par l'organisme lors d'un rapide changement de pression atmosphérique consécutif à une ascension rapide.
"Sur un cerveau déjà démuni d'oxygène, ces micro-bulles pourraient être responsables de troubles neurologiques", comme la paralysie, la perte de la vue, de la parole, ou des erreurs de jugement, explique le Dr Cauchy.
En altitude, quand l'oxygène vient à manquer, le cerveau va en effet pomper plus de sang pour compenser la baisse du taux d'oxygène dans le sang.
Une mauvaise "vasoréactivité" pourrait ainsi expliquer les difficultés rencontrées par certaines personnes en altitude.
Micro-bulles dans l'organisme
Une autre piste de recherche porte sur la formation de "micro-bulles" d'azote par l'organisme lors d'un rapide changement de pression atmosphérique consécutif à une ascension rapide.
"Sur un cerveau déjà démuni d'oxygène, ces micro-bulles pourraient être responsables de troubles neurologiques", comme la paralysie, la perte de la vue, de la parole, ou des erreurs de jugement, explique le Dr Cauchy.
Les micro-bulles formeraient "un bouchon" bloquant un vaisseau sanguin et empêchant ainsi l'irrigation d'une partie du cerveau. Un phénomène déjà connu en plongée sous-marine.
L'automne dernier, des chercheurs italiens, associés à l'Ifremmont, avaient en outre mené des expérimentations sur 25 volontaires en vue d'identifier des gènes prédisposant au mal aigu des montagnes.
A terme, le Dr Cauchy voudrait transformer l'étroit local prêté par la compagnie du Mont-Blanc en plate-forme de test en milieu extrême, ouverte aux chercheurs et aux entreprises.
"Les endroits de ce type, accessibles en téléphérique et sécurisés, sont très rares dans le monde", souligne-t-il.
Le Dr Samuel Vergès, chercheur au laboratoire grenoblois HP2 (Inserm et Université Joseph Fourier), ne cache pas son intérêt pour un tel lieu.
"Pour la recherche en France, c'est quelque chose de très intéressant", explique-t-il.
Spécialisée dans les maladies liées au manque d'oxygène, son équipe reproduit les conditions de l'altitude en laboratoire.
Mais "l'altitude est un laboratoire à ciel ouvert", remarque le Dr Vergès.
En 2011, huit chercheurs du laboratoire avaient ainsi mené des expérimentations à l'observatoire Vallot (4.300 mètres), sur le Mont-Blanc, un lieu accessible seulement par hélicoptère ou à pied et aux capacités d'accueil limitées.
Ils avaient alors montré que la diminution de la performance physique en altitude était due en grande partie à une fatigue du cerveau plutôt qu'à une simple fatigue musculaire.
"C'est une manière de mieux comprendre ce qu'endurent certains malades du poumon en plaine", explique le Dr Vergès.
Des patients atteints de la "maladie du fumeur" (la broncho-pneumopathie chronique obstructive, BPCO) peuvent en effet avoir "autant d'oxygène dans le sang au niveau de la mer qu'une personne saine au sommet du Mont-Blanc", souligne-t-il.
Or, la BPCO "est en passe de devenir la troisième cause de décès par maladie au monde", selon le chercheur.
Perchés sur l'Aiguille du Midi à 3.800 mètres d'altitude dans le massif du Mont-Blanc, des chercheurs français et italiens tentent de percer le mystère du mal aigu des montagnes (MAM), une pathologie qui frappe des milliers d'alpinistes chaque année, et qui leur est parfois fatale
Bardés d'électrodes, Anne-Marie, Serge et Gilles sont analysés sous toutes les coutures. Débit sanguin, rythme cardiaque, taux d'oxygénation du sang sont attentivement scrutés au sein d'un local technique exigu équipé d'un dortoir et d'une cuisine, creusé à l'intérieur de l'Aiguille du Midi.
Après avoir passé une première batterie de tests à Chamonix, 2.800 mètres plus bas, ces "cobayes", à l'instar de 90 autres sur plus de quatre mois, vont passer la nuit en haute altitude.
Et subir pour certains les désagréments du mal des montagnes: mal de tête, sommeil difficile, nausées, vomissements.
Malades toute la nuit, mais motivés
"Certains sont malades toute la nuit mais sont quand même motivés", raconte le docteur Alice Gavet, un des médecins encadrant l'étude.
Les expériences, qui doivent s'achever en juillet, devraient permettre de mieux comprendre les différences de réactions des hommes face à l'altitude: certains développent des pathologies sévères, quand d'autres s'adaptent très rapidement.
La question est particulièrement cruciale pour les alpinistes, un MAM pouvant évoluer chez certains personnes jusqu'au décès par oedème cérébral ou pulmonaire.
Pour expliquer ces variations, l'équipe dirigée par le Dr Emmanuel Cauchy, directeur de l'Ifremmont (Institut de formation et de recherche en médecine de montagne), s'intéresse notamment à la "vasoréactivité", c'est-à-dire la propension des vaisseaux à se dilater pour augmenter le flux sanguin.
En altitude, quand l'oxygène vient à manquer, le cerveau va en effet pomper plus de sang pour compenser la baisse du taux d'oxygène dans le sang.
Une mauvaise "vasoréactivité" pourrait ainsi expliquer les difficultés rencontrées par certaines personnes en altitude.
Micro-bulles dans l'organisme
Une autre piste de recherche porte sur la formation de "micro-bulles" d'azote par l'organisme lors d'un rapide changement de pression atmosphérique consécutif à une ascension rapide.
"Sur un cerveau déjà démuni d'oxygène, ces micro-bulles pourraient être responsables de troubles neurologiques", comme la paralysie, la perte de la vue, de la parole, ou des erreurs de jugement, explique le Dr Cauchy.
En altitude, quand l'oxygène vient à manquer, le cerveau va en effet pomper plus de sang pour compenser la baisse du taux d'oxygène dans le sang.
Une mauvaise "vasoréactivité" pourrait ainsi expliquer les difficultés rencontrées par certaines personnes en altitude.
Micro-bulles dans l'organisme
Une autre piste de recherche porte sur la formation de "micro-bulles" d'azote par l'organisme lors d'un rapide changement de pression atmosphérique consécutif à une ascension rapide.
"Sur un cerveau déjà démuni d'oxygène, ces micro-bulles pourraient être responsables de troubles neurologiques", comme la paralysie, la perte de la vue, de la parole, ou des erreurs de jugement, explique le Dr Cauchy.
Les micro-bulles formeraient "un bouchon" bloquant un vaisseau sanguin et empêchant ainsi l'irrigation d'une partie du cerveau. Un phénomène déjà connu en plongée sous-marine.
L'automne dernier, des chercheurs italiens, associés à l'Ifremmont, avaient en outre mené des expérimentations sur 25 volontaires en vue d'identifier des gènes prédisposant au mal aigu des montagnes.
A terme, le Dr Cauchy voudrait transformer l'étroit local prêté par la compagnie du Mont-Blanc en plate-forme de test en milieu extrême, ouverte aux chercheurs et aux entreprises.
"Les endroits de ce type, accessibles en téléphérique et sécurisés, sont très rares dans le monde", souligne-t-il.
Le Dr Samuel Vergès, chercheur au laboratoire grenoblois HP2 (Inserm et Université Joseph Fourier), ne cache pas son intérêt pour un tel lieu.
"Pour la recherche en France, c'est quelque chose de très intéressant", explique-t-il.
Spécialisée dans les maladies liées au manque d'oxygène, son équipe reproduit les conditions de l'altitude en laboratoire.
Mais "l'altitude est un laboratoire à ciel ouvert", remarque le Dr Vergès.
En 2011, huit chercheurs du laboratoire avaient ainsi mené des expérimentations à l'observatoire Vallot (4.300 mètres), sur le Mont-Blanc, un lieu accessible seulement par hélicoptère ou à pied et aux capacités d'accueil limitées.
Ils avaient alors montré que la diminution de la performance physique en altitude était due en grande partie à une fatigue du cerveau plutôt qu'à une simple fatigue musculaire.
"C'est une manière de mieux comprendre ce qu'endurent certains malades du poumon en plaine", explique le Dr Vergès.
Des patients atteints de la "maladie du fumeur" (la broncho-pneumopathie chronique obstructive, BPCO) peuvent en effet avoir "autant d'oxygène dans le sang au niveau de la mer qu'une personne saine au sommet du Mont-Blanc", souligne-t-il.
Or, la BPCO "est en passe de devenir la troisième cause de décès par maladie au monde", selon le chercheur.