Re: Bon, bin, heu? La boite à clous. Ici on trouve de tout.
Publié : ven. mars 18, 2011 1:14 am
La révolte de Kronstadt contre le pouvoir bolchevique s'est déroulée en Russie en mars 1921.
Les révoltés étaient notamment des marins révolutionnaires qui revendiquaient un pouvoir à des conseils ouvriers libres de déterminer le déroulement de la révolution, et non plus au parti bolchevique. La révolte fut écrasée par une intervention militaire décidée par le pouvoir bolchevique, qui fut suivie d’une répression des insurgés. Ces évènements et leur interprétation sont un objet de désaccord au sein des mouvements révolutionnaires. A l'époque des faits, le débat a opposé les socialistes-révolutionnaires et les anarchistes aux bolcheviks, les premiers considéraient la révolte de Kronstadt comme légitime et émanant du peuple, pouvant déboucher sur une démocratie directe, fédérale, réelle, et les derniers la présentaient comme « bourgeoise » et risquant de déboucher sur une invasion des armées blanches.
La révolte a débuté le 2 mars 1921 et fut vaincue militairement deux semaines plus tard.
Kronstadt est une ville de garnison, sur l'île de Kotline, dans le golfe de Finlande, à 20 km de Pétrograd dont elle constitue un poste de défense avancé.
Les marins de Kronstadt avaient été dans l'avant-garde des révolutions de 1905 et 1917. En 1917, Trotsky appelait ces marins « la valeur et la gloire de la Russie révolutionnaire ». De par leur histoire révolutionnaire, les habitants de Kronstadt furent très tôt partisans et praticiens du « pouvoir aux conseils » (soviets) : formant dès 1917 une commune libre relativement indépendante de l'autorité centrale, ils pratiquaient une forme de démocratie directe à base d'assemblées ou de comités réunis dans le centre de la forteresse, espace public énorme servant de forum populaire pouvant contenir plus de 30 000 personnes.
En novembre 1920, avec la défaite du général Wrangel en Crimée, la guerre civile russe touche à sa fin, les forces blanches étant alors réduites à quelques poches, qui furent réduites progressivement. Beaucoup d'anciens de Kronstadt revinrent à la base navale de leurs origines, tandis qu'à travers toute la Russie, les contraintes que la guerre justifiait deviennent insupportables.
L'Armée rouge était en 1920 encore en lutte contre la guérilla de leurs anciens alliés les anarchistes makhnovistes ukrainiens.
Les grèves ouvrières et paysannes qui réclamaient pain et liberté, étaient réprimées par des fusillades.
Au début de l'année 1921, le pays, déjà arriéré en 1914, est ruiné par sept ans de guerre. Dans les campagnes comme dans les villes éclatent des protestations populaires contre le pouvoir du parti bolchevique. Dans certaines villes, des vagues de grèves éclatent, notamment à Pétrograd, qui connaît régulièrement la famine du fait de la guerre et des destructions, et où les ouvriers des principales usines se mettent en grève en février 1921. En même temps surviennent dans les campagnes de nombreuses révoltes paysannes, dont la principale est celle de Tambov, dont la cause est l'hostilité des paysans aux réquisitions opérées par le pouvoir bolchevique pour nourrir les villes et les soldats.
Le 26 février 1921, informés des événements de Pétrograd, les équipages des navires de la marine soviétique Petropavlovsk et Sebastopol tinrent en urgence une réunion et se mirent d'accord pour envoyer une délégation chargée de se renseigner et de faire un rapport à propos de la situation sur le continent. À leur retour, deux jours plus tard, les délégués informèrent leurs camarades marins des grèves et de la répression que le gouvernement bolchevique exerçait contre elle.
Revendications de Kronstadt[modifier]Les participants de la réunion du Petropavlovsk approuvèrent alors une résolution et 15 revendications :
I. Organiser immédiatement des réélections aux soviets avec vote secret et en ayant soin d'organiser une libre propagande électorale pour tous les ouvriers et paysans, vu que les soviets actuels n'expriment pas la volonté des ouvriers et des paysans ;
II. Accorder la liberté de la parole et de la presse pour les ouvriers et les paysans, pour les anarchistes et les partis socialistes de gauche ;
III. Donner la liberté de réunion et la liberté d'association aux organisations syndicales et paysannes ;
IV. Organiser, pour le 10 mars 1921 au plus tard, une conférence sans-parti des ouvriers, soldats rouges et matelots de Pétrograd, de Kronstadt et du district de Pétrograd ;
V. Libérer tous les prisonniers politiques appartenant aux partis socialistes, ainsi que tous les ouvriers et paysans, soldats rouges et marins emprisonnés pour des faits en rapport avec des mouvements ouvriers et paysans ;
VI. Élire une commission pour la révision des cas de ceux qui sont détenus dans les prisons ou les camps de concentration ;
VII. Supprimer tous les «politotdiel», car aucun parti ne peut avoir de privilèges pour la propagande de ses idées ni recevoir de l'État des ressources dans ce but. A leur place, il doit être créé des commissions culturelles élues, auxquelles les ressources doivent être fournies par l'État ;
VIII. Supprimer immédiatement tous les «zagraditelnyé otriady» ;
IX. Fournir, à tous les travailleurs une ration égale, à l'exception de ceux des métiers insalubres qui pourront avoir une ration supérieure ;
X. Supprimer les détachements de combat communistes dans toutes les unités militaires, et faire disparaître dans les usines et fabriques le service de garde effectué par les communistes. Si on a besoin de détachements de combat, les désigner par compagnie dans chaque unité militaire ; dans les usines et fabriques les services de garde doivent être établis conformément à l'avis des ouvriers ;
XI. Donner aux paysans le droit de travailler leurs terres comme ils le désirent, ainsi que celui d'avoir du bétail, mais tout cela par leur propre travail, sans aucun emploi de travail salarié ;
XII. Demander à toutes les unités militaires ainsi qu'aux camarades « koursanty » de s'associer à cette résolution ;
XIII. Exiger qu'on donne dans la presse une large publicité à toutes les résolutions ;
XIV. Désigner un bureau mobile de contrôle ;
XV. Autoriser la production artisanale libre, sans emploi de travail salarié.
Comme les ouvriers de Pétrograd, les marins de Kronstadt exigèrent l'égalité des salaires, la fin des barrages routiers limitant la liberté de circulation et la possibilité pour les ouvriers d'introduire de la nourriture dans la ville.
Une réunion de masse de quinze à seize mille personnes fut tenue sur la place d'ancre le 1er mars, formalisant la résolution de Petropavlovsk. Seuls deux fonctionnaires bolcheviques votèrent contre la résolution. Lors de cette réunion, il fut également décidé d'envoyer une autre délégation à Pétrograd pour expliquer aux barrages et à la garnison de ville les demandes de Kronstadt, et pour demander que des délégués indépendants soient envoyés par les ouvriers de Pétrograd à Kronstadt pour entendre directement ce qui se passait là-bas. Cette délégation de trente membres fut arrêtée par le gouvernement bolchevique.
Dans la nuit du 1er au 2 mars, le marin anarchiste Iakovenko adresse à toutes les unités de Kronstadt un message dans lequel il écrit : « c'est le comité révolutionnaire qui provisoirement dirige », bien que la réunion de la veille n'ait pas évoqué ce comité, qui n'a donc pas été élu.
Les insurgés envoient le 6 mars un message radio « aux ouvriers du monde entier », où ils déclarent : « Nous sommes partisans du pouvoir des soviets, non des partis. Nous sommes pour l’élection libre de représentants des masses travailleuses. Les soviets fantoches manipulés par le Parti communiste ont toujours été sourds à nos besoins et à nos revendications ; nous n’avons reçu qu’une réponse : la mitraille. Camarades ! Non seulement ils vous trompent, mais ils travestissent délibérément la vérité et nous diffament de la façon la plus méprisable. À Cronstadt, tout le pouvoir est exclusivement entre les mains des marins, soldats et ouvriers révolutionnaires . Vive le prolétariat et la paysannerie révolutionnaire ! Vive le pouvoir des soviets librement élus ! ».
Le soviet de Kronstadt écrit : « Il est clair que le parti communiste russe n'est pas le défenseur des travailleurs qu'il prétend être. Les intérêts des travailleurs lui sont étrangers. S'étant emparé du pouvoir, il n'a plus qu'une seule crainte : le perdre et c'est pourquoi il croit que tous les moyens lui sont bons : calomnie, violence, fourberie, assassinat, vengeance sur la famille des rebelles. Ici, à Cronstadt, nous avons posé la première pierre de la troisième révolution qui fera sauter les dernières entraves des masses laborieuses et ouvrira toute grande la voie nouvelle de la créativité socialiste. Sans coup férir, sans qu'une goutte de sang ait été versée, le premier pas a été franchi. Les travailleurs ne veulent pas de sang. Ils ne le verseront que réduits à l'autodéfense. Les ouvriers et les paysans ne cessent d'aller de l'avant, laissant derrière eux l'Assemblée constituante et son régime bourgeois, la dictature communiste, sa Tchéka et son capitalisme d'État ».
Suite: http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9volte_de_Kronstadt
Les révoltés étaient notamment des marins révolutionnaires qui revendiquaient un pouvoir à des conseils ouvriers libres de déterminer le déroulement de la révolution, et non plus au parti bolchevique. La révolte fut écrasée par une intervention militaire décidée par le pouvoir bolchevique, qui fut suivie d’une répression des insurgés. Ces évènements et leur interprétation sont un objet de désaccord au sein des mouvements révolutionnaires. A l'époque des faits, le débat a opposé les socialistes-révolutionnaires et les anarchistes aux bolcheviks, les premiers considéraient la révolte de Kronstadt comme légitime et émanant du peuple, pouvant déboucher sur une démocratie directe, fédérale, réelle, et les derniers la présentaient comme « bourgeoise » et risquant de déboucher sur une invasion des armées blanches.
La révolte a débuté le 2 mars 1921 et fut vaincue militairement deux semaines plus tard.
Kronstadt est une ville de garnison, sur l'île de Kotline, dans le golfe de Finlande, à 20 km de Pétrograd dont elle constitue un poste de défense avancé.
Les marins de Kronstadt avaient été dans l'avant-garde des révolutions de 1905 et 1917. En 1917, Trotsky appelait ces marins « la valeur et la gloire de la Russie révolutionnaire ». De par leur histoire révolutionnaire, les habitants de Kronstadt furent très tôt partisans et praticiens du « pouvoir aux conseils » (soviets) : formant dès 1917 une commune libre relativement indépendante de l'autorité centrale, ils pratiquaient une forme de démocratie directe à base d'assemblées ou de comités réunis dans le centre de la forteresse, espace public énorme servant de forum populaire pouvant contenir plus de 30 000 personnes.
En novembre 1920, avec la défaite du général Wrangel en Crimée, la guerre civile russe touche à sa fin, les forces blanches étant alors réduites à quelques poches, qui furent réduites progressivement. Beaucoup d'anciens de Kronstadt revinrent à la base navale de leurs origines, tandis qu'à travers toute la Russie, les contraintes que la guerre justifiait deviennent insupportables.
L'Armée rouge était en 1920 encore en lutte contre la guérilla de leurs anciens alliés les anarchistes makhnovistes ukrainiens.
Les grèves ouvrières et paysannes qui réclamaient pain et liberté, étaient réprimées par des fusillades.
Au début de l'année 1921, le pays, déjà arriéré en 1914, est ruiné par sept ans de guerre. Dans les campagnes comme dans les villes éclatent des protestations populaires contre le pouvoir du parti bolchevique. Dans certaines villes, des vagues de grèves éclatent, notamment à Pétrograd, qui connaît régulièrement la famine du fait de la guerre et des destructions, et où les ouvriers des principales usines se mettent en grève en février 1921. En même temps surviennent dans les campagnes de nombreuses révoltes paysannes, dont la principale est celle de Tambov, dont la cause est l'hostilité des paysans aux réquisitions opérées par le pouvoir bolchevique pour nourrir les villes et les soldats.
Le 26 février 1921, informés des événements de Pétrograd, les équipages des navires de la marine soviétique Petropavlovsk et Sebastopol tinrent en urgence une réunion et se mirent d'accord pour envoyer une délégation chargée de se renseigner et de faire un rapport à propos de la situation sur le continent. À leur retour, deux jours plus tard, les délégués informèrent leurs camarades marins des grèves et de la répression que le gouvernement bolchevique exerçait contre elle.
Revendications de Kronstadt[modifier]Les participants de la réunion du Petropavlovsk approuvèrent alors une résolution et 15 revendications :
I. Organiser immédiatement des réélections aux soviets avec vote secret et en ayant soin d'organiser une libre propagande électorale pour tous les ouvriers et paysans, vu que les soviets actuels n'expriment pas la volonté des ouvriers et des paysans ;
II. Accorder la liberté de la parole et de la presse pour les ouvriers et les paysans, pour les anarchistes et les partis socialistes de gauche ;
III. Donner la liberté de réunion et la liberté d'association aux organisations syndicales et paysannes ;
IV. Organiser, pour le 10 mars 1921 au plus tard, une conférence sans-parti des ouvriers, soldats rouges et matelots de Pétrograd, de Kronstadt et du district de Pétrograd ;
V. Libérer tous les prisonniers politiques appartenant aux partis socialistes, ainsi que tous les ouvriers et paysans, soldats rouges et marins emprisonnés pour des faits en rapport avec des mouvements ouvriers et paysans ;
VI. Élire une commission pour la révision des cas de ceux qui sont détenus dans les prisons ou les camps de concentration ;
VII. Supprimer tous les «politotdiel», car aucun parti ne peut avoir de privilèges pour la propagande de ses idées ni recevoir de l'État des ressources dans ce but. A leur place, il doit être créé des commissions culturelles élues, auxquelles les ressources doivent être fournies par l'État ;
VIII. Supprimer immédiatement tous les «zagraditelnyé otriady» ;
IX. Fournir, à tous les travailleurs une ration égale, à l'exception de ceux des métiers insalubres qui pourront avoir une ration supérieure ;
X. Supprimer les détachements de combat communistes dans toutes les unités militaires, et faire disparaître dans les usines et fabriques le service de garde effectué par les communistes. Si on a besoin de détachements de combat, les désigner par compagnie dans chaque unité militaire ; dans les usines et fabriques les services de garde doivent être établis conformément à l'avis des ouvriers ;
XI. Donner aux paysans le droit de travailler leurs terres comme ils le désirent, ainsi que celui d'avoir du bétail, mais tout cela par leur propre travail, sans aucun emploi de travail salarié ;
XII. Demander à toutes les unités militaires ainsi qu'aux camarades « koursanty » de s'associer à cette résolution ;
XIII. Exiger qu'on donne dans la presse une large publicité à toutes les résolutions ;
XIV. Désigner un bureau mobile de contrôle ;
XV. Autoriser la production artisanale libre, sans emploi de travail salarié.
Comme les ouvriers de Pétrograd, les marins de Kronstadt exigèrent l'égalité des salaires, la fin des barrages routiers limitant la liberté de circulation et la possibilité pour les ouvriers d'introduire de la nourriture dans la ville.
Une réunion de masse de quinze à seize mille personnes fut tenue sur la place d'ancre le 1er mars, formalisant la résolution de Petropavlovsk. Seuls deux fonctionnaires bolcheviques votèrent contre la résolution. Lors de cette réunion, il fut également décidé d'envoyer une autre délégation à Pétrograd pour expliquer aux barrages et à la garnison de ville les demandes de Kronstadt, et pour demander que des délégués indépendants soient envoyés par les ouvriers de Pétrograd à Kronstadt pour entendre directement ce qui se passait là-bas. Cette délégation de trente membres fut arrêtée par le gouvernement bolchevique.
Dans la nuit du 1er au 2 mars, le marin anarchiste Iakovenko adresse à toutes les unités de Kronstadt un message dans lequel il écrit : « c'est le comité révolutionnaire qui provisoirement dirige », bien que la réunion de la veille n'ait pas évoqué ce comité, qui n'a donc pas été élu.
Les insurgés envoient le 6 mars un message radio « aux ouvriers du monde entier », où ils déclarent : « Nous sommes partisans du pouvoir des soviets, non des partis. Nous sommes pour l’élection libre de représentants des masses travailleuses. Les soviets fantoches manipulés par le Parti communiste ont toujours été sourds à nos besoins et à nos revendications ; nous n’avons reçu qu’une réponse : la mitraille. Camarades ! Non seulement ils vous trompent, mais ils travestissent délibérément la vérité et nous diffament de la façon la plus méprisable. À Cronstadt, tout le pouvoir est exclusivement entre les mains des marins, soldats et ouvriers révolutionnaires . Vive le prolétariat et la paysannerie révolutionnaire ! Vive le pouvoir des soviets librement élus ! ».
Le soviet de Kronstadt écrit : « Il est clair que le parti communiste russe n'est pas le défenseur des travailleurs qu'il prétend être. Les intérêts des travailleurs lui sont étrangers. S'étant emparé du pouvoir, il n'a plus qu'une seule crainte : le perdre et c'est pourquoi il croit que tous les moyens lui sont bons : calomnie, violence, fourberie, assassinat, vengeance sur la famille des rebelles. Ici, à Cronstadt, nous avons posé la première pierre de la troisième révolution qui fera sauter les dernières entraves des masses laborieuses et ouvrira toute grande la voie nouvelle de la créativité socialiste. Sans coup férir, sans qu'une goutte de sang ait été versée, le premier pas a été franchi. Les travailleurs ne veulent pas de sang. Ils ne le verseront que réduits à l'autodéfense. Les ouvriers et les paysans ne cessent d'aller de l'avant, laissant derrière eux l'Assemblée constituante et son régime bourgeois, la dictature communiste, sa Tchéka et son capitalisme d'État ».
Suite: http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9volte_de_Kronstadt