René Bonpain, dit L'Abbé Bonpain, est un résistant et homme d'Église français né le 15 octobre 1908 à Dunkerque (Nord) et mort fusillé le 30 mars 1943 à Bondues (Nord). Il reste à ce jour le résistant le plus populaire dans le souvenir des habitants de Dunkerque.
René Bonpain est le fils d'un célèbre architecte et héros de la guerre 1914-1918 dunkerquois, David Bonpain, qui, grièvement blessé au combat, dût abandonner sa profession. De sa mère, René Bonpain apprend à s'occuper des pauvres et des blessés des hôpitaux. Il devient l'un des responsables de la conférence Saint-Vincent-de-Paul au Collège Notre-Dame des Dunes de Dunkerque, visitant les plus démunis dans les quartiers de la Basse-Ville et du Jeu de Mail, à Dunkerque. Étudiant, René Bonpain commence aussi à s'investir dans le Patronage des jeunes.
Il entre, en 1926, au séminaire Saint-Sulpice d'Issy-les-Moulineaux. Il est ordonné prêtre le 29 juin 1932 et choisit la pauvreté franciscaine. Sa première chasuble est d'ailleurs taillée dans la robe de mariée de sa sœur. Le 2 juillet de la même année il revient dans le Nord où il est nommé vicaire de la paroisse Notre-Dame de l'Assomption à Rosendaël, aujourd'hui un quartier de Dunkerque. Ce jour-là, il remercie ses parents et leur dit : Je suivrai votre exemple : je veux être toujours bon comme du bon pain. Pour rendre service aux gens, il remuerait « ciel et terre ». Dès lors sa popularité dans la population de la région ne fera que grandir. On l'appelle désormais l'Abbé. Ses paroissiens de prédilection sont les pauvres pour lesquels il se procure vivres, vêtements et mobilier et s'occupe de nouveau du Patronage des jeunes dont les locaux lui permettra d'accueillir jusqu'à 780 enfants pendant la guerre
Lorsqu'en septembre 1939 la guerre éclate, l'Abbé est mobilisé et rejoint son unité à Seboncourt dans l'Aisne mais, démobilisé en 1940, après la débâcle, il rentre à Dunkerque et s'engage, par patriotisme, dans la Résistance la même année. Il organise alors toutes les deux semaines le passage de nombreuses personnes et l'envoi de courrier en Zone libre par un ingénieux système de double-fond dans les convois de charbon allant de Dunkerque à Toulouse ou La Rochelle et communique ainsi d'importants renseignements sur l'ennemi à deux réseaux de résistance. En juin 1942 il entre au service du réseau de renseignement résistant Alliance, le plus important réseau dépendant de l'Intelligence Service britannique. En novembre 1942 le chef de l'organisation locale, Louis Herbeaux, et son adjoint, Jules Lanery, sont arrêtés par la Geheime Feldpolizei, la police allemande. Refusant de s'enfuir, craignant que des innocents soient pris en otages, l'Abbé Bonpain est arrêté à la maison des vicaires, rue Pasteur, le 19, et immédiatement incarcéré dans les caves du siège de la police allemande installée villa Duflos, Avenue de la mer à Malo-les-Bains. L'Abbé est ensuite transféré à la prison de Loos, où il est placé au secret et enfermé dans la cellule 301.
Le 19 mars 1943, l’Abbé Bonpain est condamné à mort par le tribunal allemand siégeant à Lille. Voici la dernière lettre écrite par l'Abbé à ses parents, le jour de son exécution :
« Loos, le 30 mars 1943
Bien chers papa et maman,
Quand vous recevrez cette lettre, je serai auprès du bon Dieu ; dans cet au-delà pour lequel j’ai ici bas tâché de tout sacrifier.
Je vous demande que vos larmes soient des larmes d’espérance et de confiance en Dieu ; je n’ai rien à regretter. J’ai l’absolue certitude que c’est la Providence qui a tout permis, et, soyez-en certains, je suis profondément calme et tranquille.
Naturellement je vous demande pardon de toute la peine que je vous cause, mais soyez-en surs, les souffrances et les épreuves immenses que Dieu vous a envoyées seront le gage certain d’immenses bénédictions de la part du Ciel sur vos enfants et petits enfants.
Je désire qu’on demande pardon pour moi à Mr le Doyen Danès du mal que j’ai pu dire de lui quand j’étais son vicaire et à tous ceux à qui j’ai pu faire de la peine, soit parmi mes confrères, soit parmi les si braves gens de Rosendaël.
J’offre ma vie pour l’Église, pour le diocèse, pour la France et tout spécialement pour la paroisse ND de Rosendaël .
Je demande instamment qu’aucune pensée de vengeance contre qui que ce soit s’élève, même pas dans vos cœurs.
L’homme se démène mais c’est Dieu qui le mène.
Je vous le répète, je suis profondément tranquille et je n’ose penser à cet instant fatal qui arrivera dans si peu de temps sans, je vous l’avoue bien sincèrement, une certaine joie, car j’espère bien vite pouvoir me reposer entre les bras de N.S et de la Ste
Vierge.
Sur mon registre des messes (que j’avais laissé dans ma sacoche noire, lors de mon arrestation) il y a à barrer 35 messes que j’ai dites en prison, ici.
Un grand baiser à ma filleule que je tâcherai de protéger tout particulièrement du haut du ciel..
Je vous embrasse bien, chers papa et maman, en demandant à Dieu de vous donner beaucoup de courage, beaucoup : merci encore mille fois de votre bonté, de vos exemples.
J’embrasse tous mes frères et sœurs, tous mes neveux et nièces
Et cette fois-ci je vous dit
A Dieu…
René Bonpain
Abbé Bonpain en route vers le ciel »
N°1252
Il est exécuté en même temps que ses compagnons le 30 mars 1943 à 17 heures au Fort de Bondues en 1944. La nouvelle de la mort de l'Abbé soulève l’indignation de la population dunkerquoise et le 13 avril 1943, un service funèbre est célébré à l’église Saint-Martin de Dunkerque, les Allemands ayant refusé qu'il soit effectué à Rosendaël, en présence d’une assistance considérable[8]. L'Abbé est inhumé au cimetière de Dunkerque.