Re: Bon, bin, heu? La boite à clous. Ici on trouve de tout.
Publié : mer. févr. 23, 2011 1:35 am
La lutte de la nation tchétchène pour sa survie Le conflit entre la Russie et la Tchétchénie se prolonge depuis plusieurs siècles. Dans le Caucase, la résistance contre l’impérialisme russe s’est toujours concentrée sur les territoires de la Tchétchénie et du Dagestan. Au XIXème siècle, Shamil avait proclamé la Guerre Sainte et combattu l’armée russe pendant un quart de siècle. Pour en finir, le Tsar Nicolas 1er avait envisagé de déporter toute la population rebelle du Caucase pour obtenir une paix définitive. Il ne put le faire, faute de moyens appropriés.
La République du Nord-Caucase, qui incluait la Tchétchénie, se déclara indépendante en Mai 1918, après la révolution bolchévique. Elle dut soutenir une guerre sur deux fronts. D’abord contre les troupes tsaristes de Denikine, puis contre l’Armée Rouge.
L’insurrection du Caucase ne s’apaisa qu’à la fin de 1921.
La paix fut rétablie par un homme du Caucase, un Géorgien : Staline. Celui-ci était le Commissaire du peuple aux nationalités, et président du Congrès des Peuples du Caucase. La République Soviétique du Caucase, intégrée dans la République Fédérale Socialiste Soviétique de Russie, fut créée. Ainsi, Staline le Géorgien pouvait lorgner sur le Kremlin, tout en se ménageant une zone de repli au cas où ses ambitions russes seraient déçues.
La victoire de Staline ne fut pas celle du Caucase. La paix fut réduite à néant par les vagues de répressions décidées par le gouvernement de Moscou : d’abord contre les paysans aisés, les koulaks ; puis contre les mollahs musulmans, les « bandits » ; puis contre les « nationalistes bourgeois ».
Les mollahs musulmans, qui au départ avaient pris la tête de la résistance, furent peu à peu remplacés par des jeunes gens instruits, formés dans les écoles soviétiques. Parmi ceux-ci, Hassan Israilov et Mairbek Sheripov.
Hassan Israilov est né en 1910 dans le village de Nashkhoi. Membre des Jeunesses Communistes, il s’inscrit au Parti en 1929, à la fin de ses études secondaires. Mais il ne se passionne pas pour la politique ; il préfère s’occuper de poésie, de littérature et d’histoire. Toutefois, il se permet dans ses écrits de dénoncer la corruption de deux leaders soviétiques de Tchétchénie, Slavin et Ushaev. En 1931, Israilov est condamné à 10 ans de prison pour calomnies contre-révolutionnaires. Il est libéré 3 ans plus tard, lorsque les malversations de ses deux cibles furent condamnées par Moscou. Israilov est alors réintégré dans le Parti Communiste.
Il part à Moscou étudier à l’Université Communiste des Travailleurs de l’Est, et s’intéresse de plus en plus à la politique.
En 1938, il remet ça. Il demande la démission d’Egorov, premier secrétaire du Parti dans la région, et de Raev, Commissaire du peuple aux affaires intérieures. Il est une nouvelle fois arrêté… et il s’en sort une nouvelle fois, quand Egorov et Raev sont à leur tour arrêtés et accusés d’être des « ennemis du peuple ».
Cette fois, il ne réintègre pas le Parti Communiste. Il rentre en Tchétchénie, prend le maquis, et déclare la guerre à « l’impérialisme rouge ». En février 1940 (nous sommes en période de pacte germano-soviétique), les troupes d’Israilov contrôlent les zones de Galanchozh, Sayasan, Chaberlo, et une partie de la région de Shato. Un « Gouvernement provisoire populaire et révolutionnaire de Tchétchénie-Ingouchie » est proclamé, et Israilov en est le chef.
En juin 1941, c’est la rupture du pacte germano-soviétique et Hitler déclenche contre l’URSS l’opération Barberousse. En février 1942, les troupes allemandes sont à moins de 500 kilomètres de Grozny, la capitale de la Tchétchénie. L’avocat Mairbek Sheripov lance à son tour une insurrection, prend la ville de Shato et rejoint Israilov.
Les insurgés Tchétchènes sont bien conscients des méthodes brutales utilisées par Rosenberg et Himmler dans l’Ukraine « libérée ». En Juin 1942, ils lancent un « Appel au peuple tchétchène-ingouche », pour demander « d’accueillir les Allemands de façon hospitalière si ceux-ci reconnaissent l’indépendance de la république tchétchène ».
Les Allemands n’arriveront jamais en Tchétchénie, mais le gouvernement soviétique de Staline prend conscience du danger. Les villes et villages tchétchènes sont bombardés massivement par les avions de l’Armée Rouge au point que, dans certains d’entre eux, plus de la moitié de la population périra. Israilov mourra dans ses montagnes, lors d’un affrontement avec les troupes soviétiques.
En Février 1944, Staline renouvelle l’ordre de déportation massive des Tchétchènes donné par le tsar Nicolas 1er . Le crime imputé au peuple tchétchène en tant que tel (et non à des individus) est celui de « collaboration » et de « trahison collective ». Près de la moitié de la population, 425 000 personnes sur un total de 1 million, sera déportée en Sibérie et en Asie centrale. On ne sait pas combien d’entre eux mourront au cours de cette opération de génocide. Après la mort de Staline, les exilés survivants pourront revenir dans leur pays, et la République Autonome de Tchétchénie-Ingouchie sera restaurée en 1957.
C’est de cette époque que date la diaspora tchétchène, présente dans la plupart des villes de l’ex-Union Soviétique, et unie dans la haine de l’ennemi russe. C’est parmi les enfants des déportés, revenus dans un pays où ils ne sont pas toujours nés, que se sont recrutés les plus farouches partisans de l’indépendance Tchétchène des années 90 et 2000, et en particulier le premier président de la République tchétchène, Djhokhar Doudaïev.
En 1990, les autorités russes ne portèrent aucune attention à l’émergence, dans le Caucase, du Congrès National du Peuple Tchétchène. Celui-ci, mené par un ancien général de l’Armée Rouge, Djokhar Doudaïev, est pourtant extraordinairement actif. Doudaïev profite des désordres liés aux luttes de pouvoir entre Gorbatchev, qui contrôle l’appareil soviétique et parlementaire, et Eltsine, qui contrôle l’exécutif de la République de Russie.
Doudaïev organise une « Garde Nationale », et se prépare à prendre le pouvoir. Il profite du coup d’Etat manqué à Moscou en Août 1991 pour attaquer le Parlement régional, et prendre le contrôle d’immeubles administratifs à Grozny. Les élections qui suivent portent le Congrès National et Doudaïev au pouvoir. Le 4 novembre 1991, Doudaïev proclame l’indépendance de la Tchétchénie.
Eltsine prend alors conscience du danger, mais il est trop tard. Le séparatisme a été légitimé par les urnes, même si les conditions de l’élection n’étaient pas toujours très régulières. En novembre 1991, Eltsine proclame l’état d’urgence en Tchétchénie, et place la République sous les ordres de Akhmet Arsanov. Le résultat est immédiat : c’est une explosion de sentiments anti-russes, et Doudaïev devient extrêmement populaire. Eltsine est obligé de faire marche arrière et d’annuler le décret d’état d’urgence.
Entre la fin 1991 et la fin 1994, la République Tchétchène tente de se consolider, alors que les Russes attendent la fin de la fièvre révolutionnaire. Ils cherchent à discréditer Doudaïev par tous les moyens, et préparent le retour de la Tchétchénie dans le giron de la République de Russie.
Les Russes aident l’opposition anti-Doudaïev à se structurer et, en été 1994, un début de guerre civile semble leur donner le signal d’intervention. Le 26 novembre 1994, l’armée russe lance une attaque de tanks sur Grozny ; c’est un fiasco complet, mais la mise au pas de la Tchétchénie est devenue un enjeu, à la fois pour l’approvisionnement pétrolier et la ré-élection de Boris Eltsine au Kremlin. Ce dernier espère une victoire rapide et totale.
En décembre 1994, les Russes lancent une attaque massive. Le palais présidentiel de Grozny est pris le 19 janvier 1995.
Le 21 avril 1996, Doudaïev meurt dans un attentat. En août, les Tchétchènes reprennent Grozny. Au cours de la même année, le général russe Lebed tente une solution négociée, qui renvoie la fixation du statut définitif de la Tchétchénie au 31 décembre 2001.
Entre 1996 et 1999, le terrorisme tchétchène, mené par Bassaïev et Khattab, remplace l’action militaire, et s’étend à Moscou ainsi qu’aux territoires proches du Dagestan.
En Août 1999, Vladimir Poutine, désigné Premier Ministre de la République de Russie par Boris Eltsine (et depuis devenu Président), déclenche une guerre totale contre les rebelles tchétchènes.
Source: contreculture.org
La République du Nord-Caucase, qui incluait la Tchétchénie, se déclara indépendante en Mai 1918, après la révolution bolchévique. Elle dut soutenir une guerre sur deux fronts. D’abord contre les troupes tsaristes de Denikine, puis contre l’Armée Rouge.
L’insurrection du Caucase ne s’apaisa qu’à la fin de 1921.
La paix fut rétablie par un homme du Caucase, un Géorgien : Staline. Celui-ci était le Commissaire du peuple aux nationalités, et président du Congrès des Peuples du Caucase. La République Soviétique du Caucase, intégrée dans la République Fédérale Socialiste Soviétique de Russie, fut créée. Ainsi, Staline le Géorgien pouvait lorgner sur le Kremlin, tout en se ménageant une zone de repli au cas où ses ambitions russes seraient déçues.
La victoire de Staline ne fut pas celle du Caucase. La paix fut réduite à néant par les vagues de répressions décidées par le gouvernement de Moscou : d’abord contre les paysans aisés, les koulaks ; puis contre les mollahs musulmans, les « bandits » ; puis contre les « nationalistes bourgeois ».
Les mollahs musulmans, qui au départ avaient pris la tête de la résistance, furent peu à peu remplacés par des jeunes gens instruits, formés dans les écoles soviétiques. Parmi ceux-ci, Hassan Israilov et Mairbek Sheripov.
Hassan Israilov est né en 1910 dans le village de Nashkhoi. Membre des Jeunesses Communistes, il s’inscrit au Parti en 1929, à la fin de ses études secondaires. Mais il ne se passionne pas pour la politique ; il préfère s’occuper de poésie, de littérature et d’histoire. Toutefois, il se permet dans ses écrits de dénoncer la corruption de deux leaders soviétiques de Tchétchénie, Slavin et Ushaev. En 1931, Israilov est condamné à 10 ans de prison pour calomnies contre-révolutionnaires. Il est libéré 3 ans plus tard, lorsque les malversations de ses deux cibles furent condamnées par Moscou. Israilov est alors réintégré dans le Parti Communiste.
Il part à Moscou étudier à l’Université Communiste des Travailleurs de l’Est, et s’intéresse de plus en plus à la politique.
En 1938, il remet ça. Il demande la démission d’Egorov, premier secrétaire du Parti dans la région, et de Raev, Commissaire du peuple aux affaires intérieures. Il est une nouvelle fois arrêté… et il s’en sort une nouvelle fois, quand Egorov et Raev sont à leur tour arrêtés et accusés d’être des « ennemis du peuple ».
Cette fois, il ne réintègre pas le Parti Communiste. Il rentre en Tchétchénie, prend le maquis, et déclare la guerre à « l’impérialisme rouge ». En février 1940 (nous sommes en période de pacte germano-soviétique), les troupes d’Israilov contrôlent les zones de Galanchozh, Sayasan, Chaberlo, et une partie de la région de Shato. Un « Gouvernement provisoire populaire et révolutionnaire de Tchétchénie-Ingouchie » est proclamé, et Israilov en est le chef.
En juin 1941, c’est la rupture du pacte germano-soviétique et Hitler déclenche contre l’URSS l’opération Barberousse. En février 1942, les troupes allemandes sont à moins de 500 kilomètres de Grozny, la capitale de la Tchétchénie. L’avocat Mairbek Sheripov lance à son tour une insurrection, prend la ville de Shato et rejoint Israilov.
Les insurgés Tchétchènes sont bien conscients des méthodes brutales utilisées par Rosenberg et Himmler dans l’Ukraine « libérée ». En Juin 1942, ils lancent un « Appel au peuple tchétchène-ingouche », pour demander « d’accueillir les Allemands de façon hospitalière si ceux-ci reconnaissent l’indépendance de la république tchétchène ».
Les Allemands n’arriveront jamais en Tchétchénie, mais le gouvernement soviétique de Staline prend conscience du danger. Les villes et villages tchétchènes sont bombardés massivement par les avions de l’Armée Rouge au point que, dans certains d’entre eux, plus de la moitié de la population périra. Israilov mourra dans ses montagnes, lors d’un affrontement avec les troupes soviétiques.
En Février 1944, Staline renouvelle l’ordre de déportation massive des Tchétchènes donné par le tsar Nicolas 1er . Le crime imputé au peuple tchétchène en tant que tel (et non à des individus) est celui de « collaboration » et de « trahison collective ». Près de la moitié de la population, 425 000 personnes sur un total de 1 million, sera déportée en Sibérie et en Asie centrale. On ne sait pas combien d’entre eux mourront au cours de cette opération de génocide. Après la mort de Staline, les exilés survivants pourront revenir dans leur pays, et la République Autonome de Tchétchénie-Ingouchie sera restaurée en 1957.
C’est de cette époque que date la diaspora tchétchène, présente dans la plupart des villes de l’ex-Union Soviétique, et unie dans la haine de l’ennemi russe. C’est parmi les enfants des déportés, revenus dans un pays où ils ne sont pas toujours nés, que se sont recrutés les plus farouches partisans de l’indépendance Tchétchène des années 90 et 2000, et en particulier le premier président de la République tchétchène, Djhokhar Doudaïev.
En 1990, les autorités russes ne portèrent aucune attention à l’émergence, dans le Caucase, du Congrès National du Peuple Tchétchène. Celui-ci, mené par un ancien général de l’Armée Rouge, Djokhar Doudaïev, est pourtant extraordinairement actif. Doudaïev profite des désordres liés aux luttes de pouvoir entre Gorbatchev, qui contrôle l’appareil soviétique et parlementaire, et Eltsine, qui contrôle l’exécutif de la République de Russie.
Doudaïev organise une « Garde Nationale », et se prépare à prendre le pouvoir. Il profite du coup d’Etat manqué à Moscou en Août 1991 pour attaquer le Parlement régional, et prendre le contrôle d’immeubles administratifs à Grozny. Les élections qui suivent portent le Congrès National et Doudaïev au pouvoir. Le 4 novembre 1991, Doudaïev proclame l’indépendance de la Tchétchénie.
Eltsine prend alors conscience du danger, mais il est trop tard. Le séparatisme a été légitimé par les urnes, même si les conditions de l’élection n’étaient pas toujours très régulières. En novembre 1991, Eltsine proclame l’état d’urgence en Tchétchénie, et place la République sous les ordres de Akhmet Arsanov. Le résultat est immédiat : c’est une explosion de sentiments anti-russes, et Doudaïev devient extrêmement populaire. Eltsine est obligé de faire marche arrière et d’annuler le décret d’état d’urgence.
Entre la fin 1991 et la fin 1994, la République Tchétchène tente de se consolider, alors que les Russes attendent la fin de la fièvre révolutionnaire. Ils cherchent à discréditer Doudaïev par tous les moyens, et préparent le retour de la Tchétchénie dans le giron de la République de Russie.
Les Russes aident l’opposition anti-Doudaïev à se structurer et, en été 1994, un début de guerre civile semble leur donner le signal d’intervention. Le 26 novembre 1994, l’armée russe lance une attaque de tanks sur Grozny ; c’est un fiasco complet, mais la mise au pas de la Tchétchénie est devenue un enjeu, à la fois pour l’approvisionnement pétrolier et la ré-élection de Boris Eltsine au Kremlin. Ce dernier espère une victoire rapide et totale.
En décembre 1994, les Russes lancent une attaque massive. Le palais présidentiel de Grozny est pris le 19 janvier 1995.
Le 21 avril 1996, Doudaïev meurt dans un attentat. En août, les Tchétchènes reprennent Grozny. Au cours de la même année, le général russe Lebed tente une solution négociée, qui renvoie la fixation du statut définitif de la Tchétchénie au 31 décembre 2001.
Entre 1996 et 1999, le terrorisme tchétchène, mené par Bassaïev et Khattab, remplace l’action militaire, et s’étend à Moscou ainsi qu’aux territoires proches du Dagestan.
En Août 1999, Vladimir Poutine, désigné Premier Ministre de la République de Russie par Boris Eltsine (et depuis devenu Président), déclenche une guerre totale contre les rebelles tchétchènes.
Source: contreculture.org