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Re: Bon, bin, heu? La boite à clous. Ici on trouve de tout.

Publié : jeu. janv. 20, 2011 2:14 am
par saintluc
Dans La Destruction des Juifs d'Europe, Raul Hilberg analyse la Shoah comme un processus, dont les étapes sont la définition des Juifs, leur expropriation, leur concentration, et enfin leur destruction.

La première étape est la loi du 7 avril 1933 sur la restauration du fonctionnariat (gleichschaltung) qui a pour but l'élimination de l'État national-socialiste de tous les adversaires du régime et en premier lieu les Juifs. La loi stipulait la mise à la retraite de tous les fonctionnaires non aryens. Suivirent les lois dites de Nuremberg, en 1935.

Les Juifs y sont définis par la législation nazie selon la religion de leurs ascendants et leur propre confession. Toute personne ayant trois ou quatre grands-parents juifs est considérée comme juive. Une personne ayant deux grands-parents juifs est considérée également comme juive si elle est elle-même de religion israélite, ou si elle est mariée à une personne de cette confession. Si tel n'est pas le cas, ou si la personne n'a qu'un seul grand-parent juif, elle est rangée dans une catégorie spécifique, les Mischlinge. La définition des Mischlinge est arrêtée en 1935. À partir de là, ils restent soumis aux mesures de discriminations concernant les non-aryens, mais échappent en principe aux mesures ultérieures, comme le processus de destruction, qui ne concerneront que les seuls Juifs. À partir de l'automne 1941, les Juifs d'Allemagne doivent porter une étoile jaune, signe rendu également obligatoire en 1942 à travers les territoires européens occupés, où les nazis ont d'emblée fait recenser et discriminer la population juive. Le 28 juillet 1942, alors que l'extermination bat son plein, Himmler interdit à ses experts de continuer à chercher la définition du Juif - afin de ne pas lier les mains aux tortionnaires.

En règle générale, les lois de Nuremberg sont rapidement introduites telles quelles par ordonnance allemande dans la plupart des pays vaincus et occupés (Belgique, Pays-Bas, Grèce, etc.). Mais plusieurs pays européens avaient adopté d'eux-mêmes leur propre législation antisémite dès l'avant-guerre, notamment l'Italie fasciste de Mussolini en 1938, la Hongrie de l'amiral Horty, la Roumanie du maréchal Ion Antonescu, la Slovaquie de Mgr Tiso. En France, le gouvernement de Vichy du maréchal Pétain, issu de la défaite de juin 1940, a mis en place un statut discriminatoire des Juifs dès octobre 1940. Toutes ces dispositions n'ont aucun objectif homicide par elles-mêmes, mais elles prédisposent les gouvernants à collaborer aux futures déportations. Et, en isolant et en fragilisant les Juifs nationaux et étrangers, elles les rendent vulnérables lorsque surviendra la tentative nazie d'extermination.
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L'expropriation prend la forme de très fortes incitations sur les Juifs à vendre les entreprises qu'ils possèdent (aryanisation), puis, à partir de 1938, de ventes légalement forcées. La concentration des Juifs du Reich dans des immeubles réservés commence à partir d'avril 1939 circonstances locales dans l'ensemble des pays d'Europe sous domination nazie.

La dernière étape, l'extermination physique, se dessine entre 1938 et 1941.

Avant-guerre, le but est d'abord de chasser les Juifs par une persécution sans cesse plus radicale. La liste des métiers interdits s'allonge sans fin, celle des brimades et des interdictions aussi : toute vie normale leur est rendue impossible, afin de les contraindre à l'émigration hors du Reich. Mais beaucoup refusent de quitter leur pays, et à partir de 1938, la volonté nazie d'expansion territoriale met cette politique dans une impasse : à chaque agrandissement, le Reich absorbe plus de Juifs qu'il n'en sort de ses frontières.

C'est le cas lorsqu'il annexe l'Autriche en mars 1938 (l'Anschluss est accompagnée d'un déchaînement immédiat de brutalités contre les Juifs, agressés, battus, dépouillés ou humiliés jusqu'en pleine rue), puis lors du rattachement des Sudètes (octobre 1938) et de l'entrée des troupes allemandes à Prague le 15 mars 1939. La conquête de la Pologne, en septembre 1939, fait à elle seule tomber plus de trois millions de Juifs sous la coupe des nazis.

Le 1er septembre 1939, Hitler autorise personnellement l'aktion T4, qui entraîne l'extermination par gazage de plus de 150 000 handicapés mentaux allemands en deux ans, dans des « centres d'euthanasie » prévus à cet effet. Les forces nazies fusillent en outre systématiquement les malades incurables qu'elles trouvent en Pologne et en URSS occupées. La continuité entre cette politique d'eugénisme criminelle et la Shoah est très importante : nombre de spécialistes de l'euthanasie sont ensuite réaffectés au gazage massif des Juifs, qui survient à son tour à partir de fin 1941.

L'élimination physique des Juifs a commencé à partir de la nuit de Cristal du 9 novembre 1938, pogrom planifié d'en-haut qui fait 91 morts à travers toute l'Allemagne et entraîne l'arrestation de 30 000 Juifs conduits en camp de concentration, la dévastation de centaines de magasins et la destruction de dizaines de synagogues.

Le 30 janvier 1939, pour le sixième anniversaire de sa prise du pouvoir, dans un discours tonitruant devant le Reichstag, Hitler « prophétise » qu'au cas où les Juifs « provoqueraient » une nouvelle guerre mondiale, la conséquence en serait « l'extermination des Juifs d'Europe ». Or c'est à l'accomplissement de cette « prophétie » que lui-même comme Goebbels et de nombreux responsables nazis feront de nombreuses références au cours de la guerre.

En particulier, lorsque la guerre devient mondiale en décembre 1941 avec l'agression japonaise à Pearl Harbor et la déclaration de guerre du Reich aux États-Unis, Hitler et son entourage se persuadent qu'il faut « punir » les Juifs, jugés responsables de la guerre que l'Axe a elle-même provoquée, et donc vus comme coupables des pertes allemandes au front ou des bombardements sur les villes.

Hantés par le mythe mensonger du « coup de poignard dans le dos » (l'Allemagne aurait perdu la guerre en 1918 sans être militairement vaincue, mais parce qu'elle aurait été trahie de l'intérieur, entre autres par les Juifs), les nazis veulent aussi anéantir la menace imaginaire que représenteraient les communautés du continent. Beaucoup de tortionnaires seront persuadés de mener contre ces civils désarmés une lutte toute aussi méritoire que celle des combattants au front.
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Dans son célèbre discours secret de Posen prononcé en octobre 1943, Himmler justifie la nécessité pour les Allemands de tuer aussi les femmes et les enfants en raison du danger que ces derniers exercent un jour des représailles sur eux-mêmes ou leurs propres enfants. C'est à cette occasion qu'il qualifie le massacre en cours de « page glorieuse de notre histoire, et qui ne sera jamais écrite ».

À l'heure où ils entrent en guerre totale, les nazis veulent aussi brûler leurs vaisseaux en perpétrant un crime d'une telle gravité qu'il rend impossible tout compromis et ne leur laisse le choix qu'entre se battre jusqu'au bout ou l'assurance de finir tous condamnés et punis.

Au-delà, la Shoah est l'aboutissement logique de la haine idéologique absolue des antisémites nazis pour une « race » qu'ils ne jugent pas seulement inférieure, mais radicalement nuisible et dangereuse. Vus comme des « poux » et des « vermines », exclus de l'humanité (au point qu'on ne se donnera jamais la peine d'établir aucun décret les condamnant à mort, a fortiori de le lire aux victimes), les Juifs n'ont pas leur place sur terre - notamment pas dans l'espace vital arraché à l'Est sur les « sous-hommes » slaves.

Le judéocide trouve en effet aussi en partie ses origines dans le vaste projet de remodelage démographique de l'Europe mis au point par les nazis, secondés par une pléthore d'experts, de géographes et de savants souvent hautement diplômés. Dans l'espace vital conquis à l'Est, il s'agit de faire de la place pour des colons allemands en déportant les Slaves en masse, mais aussi en les stérilisant et en les réduisant à l'état d'une masse de sous-hommes voués à l'esclavage, tandis que les mêmes territoires doivent être nettoyés des Tziganes et surtout des Juifs par l'extermination.

Comme le résume Marc Mazower, « génocide et colonisation étaient inextricablement liés, car le but de Hitler était la complète recomposition raciale de l’Europe ». Ce n'est en rien un hasard si les premières expulsions puis mises à mort massives de Juifs eurent lieu dans les territoires polonais annexés par le Reich et qu'il s'agissait de « nettoyer » et de germaniser au plus vite, ainsi le Warthegau ou les environs de Dantzig, ni si la ville d'Auschwitz, siège du plus grand camp de concentration et d'extermination nazi, devait être aussi redessinée pour accueillir des colons allemands.

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Ces projets démographiques ne sont toutefois qu'un point de départ. Car à partir du meurtre des Juifs de l'Est, c'est par extension, par pure haine idéologique, tous les Juifs d'Europe et tous ceux du monde entier tombés sous la coupe des hitlériens qui doivent être tués (en 1943, on verra même les nazis déporter par avion 200 Juifs de Tunis vers les camps de la mort, tandis qu'Hitler demandera en vain à ses alliés japonais de s'en prendre aux Juifs allemands réfugiés à Shanghai).

Dès la conquête de la Pologne en septembre 1939, près de 10 000 Juifs sont fusillés par les Einsatzgruppen (uniquement des hommes adultes, toutefois). Les Juifs polonais sont enfermés dans des ghettos mortifères où la faim, le travail forcé, les mauvais traitements et les exécutions sommaires font des coupes claires.

Après l'agression de l'URSS le 22 juin 1941, cependant, la violence meurtrière se déchaîne à une échelle sans précédent : ce sont près de 1 500 000 Juifs qui périssent en quelques mois, fusillés par les Einsatzgruppen, et cette fois-ci, essentiellement des femmes, des enfants, des vieillards ou des hommes adultes non mobilisés.

En 1940, le Plan Madagascar des Allemands prévoyait encore une émigration massive et forcée des Juifs d'Europe occupée vers Madagascar qui serait devenue une « réserve juive ». La continuation du conflit avec le Royaume-Uni empêche cette solution à la « question juive » d'aboutir. Début 1941, Hitler songe également à déporter les Juifs en Sibérie : cette solution aurait suffi à entraîner une hécatombe et était donc déjà en elle-même quasi-génocidaire. Mais dès le ralentissement de l'avancée allemande en Russie à l'automne 1941 et avant même l'échec de la Wehrmacht devant Moscou, cette solution n'est plus à l'ordre du jour.

L'extermination de la totalité des Juifs d'Europe est décidée dans le courant de l'automne 1941. Le 31 juillet 1941, le haut chef SS Reinhard Heydrich se fait signer par Hermann Göring, no 2 du régime, un ordre officiel secret qui lui confie la recherche et la mise en œuvre d'une « solution finale au problème juif ». Sans doute vers la fin de l'été, Adolf Eichmann est convoqué dans le bureau de Reinhard Heydrich, qui lui dit : « Je sors de chez le Reichsführer Heinrich Himmler ; le Führer Adolf Hitler a maintenant ordonné l'extermination physique des Juifs. »

Pour Raul Hilberg, la Shoah est un crime de bureaucrates, qui passent d'une étape à l'autre, minutieusement, logiquement, mais sans plan préétabli. Cette analyse a été approuvée par les autres spécialistes de la Shoah, mais le moment exact où l'intention exterminatrice apparaît fait l'objet de débats, analysés ci-après dans la section « Historiographie » de l'article.

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Humiliation publique d'un notable juif à Munich en 1933
Après l'invasion allemande de la Pologne, les Juifs de ce pays sont contraints de vivre dans des quartiers clos, les ghettos. Les conditions de vie y sont nettement dures pour trois raisons. D’abord, les responsables de la concentration des Juifs en Pologne sont, souvent, des membres de la NSDAP, et non, comme en Allemagne, des fonctionnaires sans affiliation partisane. Ensuite, les Juifs polonais représentent ce qu’il y a de plus méprisable dans la mythologie nazie, et sont les plus persécutés dès avant la guerre. Enfin, les Juifs étaient beaucoup plus nombreux numériquement et proportionnellement, en Pologne (3,3 millions, dont deux millions dans la zone allemande, sur 33 millions d’habitants dans tout le pays) qu’en Allemagne. Les Juifs de l’Ancien Reich (frontières de 1937) sont également déportés vers les ghettos de Pologne, à partir de 1940.

Les premiers ghettos sont édifiés dans la partie de la Pologne « incorporée » au Reich, pendant l’hiver 1939-1940, puis dans le gouvernement général, partie de la Pologne administrée par Hans Frank. Le plus ancien est le ghetto de Łódź, le plus grand, celui de Varsovie. La ghettoïsation est achevée pour l’essentiel au cours de l’année 1941, et complètement terminée en 1942.

À l’intérieur même du ghetto, les mouvements des Juifs sont limités : ils doivent rester chez eux de dix-neuf heures à sept heures. La surveillance extérieure est assurée par la police régulière et la surveillance intérieure par la Police de sûreté (Gestapo et Kripo), elle-même renforcée par la police régulière, à la demande de cette dernière.

Dès le 26 octobre 1939, le principe du travail forcé pour les Juifs de Pologne est adopté. Les Juifs sont décimés par la malnutrition, les épidémies — notamment de typhus, de tuberculose, de grippe —, et la fatigue consécutive au travail que leur imposent les autorités allemandes. Par exemple, le ghetto de Łódź, qui compte 200 000 habitants à l’origine, compte plus de 45 000 morts jusqu’en août 1944. Au cours de l'année 1943, sur l'ordre d'Himmler, les ghettos sont progressivement réorganisés en camps de concentration. Ce ne sont plus les administrations civiles qui s'en occupent mais les SS. En Ostland, les tueries continuent jusqu'à la disparition quasi-totale de Juifs. À partir de décembre 1941, les survivants des ghettos sont déportés vers les centres de mise à mort. Les premiers sont les Juifs du Wartheland, envoyés à Chełmno. En mars 1942, ceux de Lublin sont envoyés à Belzec. À partir de juillet, le ghetto de Varsovie commence à être vidé.
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Lettre de Göring à Heydrich chargeant ce dernier d'organiser la « solution finale de la question juive », juillet 1941.
Le 13 mars 1941, pendant les préparatifs de l'invasion de l'URSS, le feld-maréchal Keitel rédige une série d’« ordre pour les zones spéciales » :

« Dans la zone des opérations armées, au Reichsführer SS Himmler seront confiées, au nom du Führer, les tâches spéciales en vue de préparer le passage à l’administration politique — tâche qu'impose la lutte finale qui devra se livrer entre deux systèmes politiques opposés. Dans le cadre de ces tâches, le Reichsführer SS agira en toute indépendance et sous sa propre responsabilité. »

En termes clairs, il est décidé que des unités mobiles du RSHA, les Einsatzgruppen, seraient chargées d'exterminer les Juifs — ainsi que les Tziganes, les cadres communistes, voire les handicapés et les homosexuels. Ce passage aurait été dicté par Adolf Hitler en personne.

Pendant les premières semaines, les membres des Einsatzgruppen, inexpérimentés en matière d'extermination, ne tuent que les hommes juifs. À partir d'août, les autorités centrales clarifient leurs intentions, et les Juifs sont assassinés par familles entières. Les Einsatzgruppen se déplacent par petits groupes, les Einsatzkommandos, pour massacrer leurs victimes. Ils se placent le plus près possible des lignes de front, quitte à revenir vers l'arrière après avoir massacré leurs premières victimes. C'est le cas, par exemple, de l’Einsatzgruppe A, qui s’approche de Leningrad avec les autres troupes, puis se replie vers les pays baltes et la Biélorussie, détruisant, entre autres, les communautés juives de Liepāja, Riga, Kaunas (en treize opérations successives) et Vilnius (en quatorze attaques). Dans les premiers mois de l'invasion de l'URSS, les unités mobiles annoncent près de 100 000 tués par mois.

Les SS sont assistés par une partie de la Wehrmacht. Dans bien des cas, les soldats raflent eux-mêmes les Juifs pour que les Einsatzkommados les fusillent, participent eux-mêmes aux massacres, fusillent, sous prétexte de représailles, des Juifs. Ainsi, à Minsk, plusieurs milliers de « Juifs, criminels, fonctionnaires soviétiques et asiatiques » sont rassemblés dans un camp d’internement, puis assassinés par des membres de l’Einsatzgruppe B et de la Police secrète de campagne. Leur action est complétée par des unités formées par les chefs de la SS et de la Police, ou plus rarement par la seule Gestapo. C’est le cas, notamment, à Memel (plusieurs milliers de victimes), Minsk (2 278 victimes), Dnipropetrovsk (15 000 victimes) et Riga. Des troupes roumaines participent également aux fusillades, ainsi que le sonderkommando letton de Viktors Arājs: responsable à lui seul de la mort d'entre 50 000 et 100 000 personnes (juives et/ou communistes), Arājs ne sera condamné qu'en 1979.

Fin de la 1ère partie

Re: Bon, bin, heu? La boite à clous. Ici on trouve de tout.

Publié : jeu. janv. 20, 2011 2:28 am
par saintluc
Les procédures de massacres sont standardisées pour être rapides et efficaces. Les Einsatzgruppen choisissent généralement un lieu en dehors de la ville. Ils approfondissent un fossé anti-char ou creusent une nouvelle fosse. À partir d'un point de rassemblement, ils amènent les victimes jusqu'au fossé par petits groupes en commençant par les hommes. Les prisonniers remettent alors tout ce qu'ils ont comme objet de valeur au chef des tueurs. Par beau temps, ils doivent donner leurs vêtement et même parfois leur linge de corps.
Certains Einsatzgruppen alignent les condamnés face aux fossés puis les mitraillent laissant leurs corps inertes tomber dans la tombe collective. D'autres tirent une balle dans la nuque de chaque condamné.

Paul Blobel et Ohlendorf, commandants d’Einsaztgruppen refusent ces méthodes jugées trop stressantes pour les SS et préfèrent les tirs à distance. Ils utilisent ce qui a été appelé le « système des sardines », Ölsardinenmanier : Une première rangée de victimes doit s'allonger au fond du fossé. Elle est fusillée du haut du fossé par des tirs croisés. Les suivants se couchent à leur tour sur les cadavres de la première rangée et la fusillade recommence. À la cinquième ou sixième couche, la tombe est recouverte de terre. Les Einsaztgruppen veulent que leurs actions soient la plus discrète possible et s'efforcent d'agir à l'écart des populations civiles et de la Wehrmacht.

Les Einsatzgruppen s’efforcent de susciter des pogroms locaux, à la fois pour diminuer leur charge de travail et pour impliquer une part maximale de la population locale dans l’anéantissement des Juifs. Les bureaucrates du RSHA et les commandants de l’armée ne souhaitent pas que de telles méthodes soient employées, les uns parce que ces formes de tueries leur paraissent primitives et donc d’une efficacité médiocre par rapport à l’extermination soigneuse des Einsatzgruppen ; les autres parce que ces pogroms font mauvais effet. Les pogroms ont donc lieu, principalement, dans des territoires où le commandement militaire était encore mal assuré de son autorité : en Galicie et dans les pays baltes, tout particulièrement en Lituanie.
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Une femme juive et son enfant fusillés par les Einsatzgruppen pendant que d'autres victimes doivent creuser leur fosse. Ivangorod, Ukraine, 1942.
En quelques jours, des Lituaniens massacrent 3 800 Juifs à Kaunas. Les Einsatzgruppen trouvent une aide plus importante et plus durable en formant des bataillons auxiliaires dans la population locale, dès le début de l’été 1941. Ils ont été créés, pour la plupart, dans les pays baltes et en Ukraine. L’Einsatzkommando 4a (de l’Einsatzgruppe C) décide ainsi de ne plus fusiller que les adultes, les Ukrainiens se chargeant d’assassiner les enfants. Quelquefois, la férocité des collaborateurs locaux effraie jusqu’aux cadres des Einsatzgruppen eux-mêmes. C’est le cas, en particulier, des membres de l’Einsatzkommando 6 (de l’Einsatzgruppe C), « littéralement épouvantés par la soif de sang » que manifeste un groupe d’« Allemands ethniques » ukrainiens[39].

Le recrutement en Ukraine, Lituanie et Lettonie est d’autant plus facile qu’un fort antisémitisme y sévissait avant la guerre — à la différence de l’Estonie, où la haine des Juifs était presque inexistante.

Lorsque les tueurs estiment que l’extermination prendra du temps, ils créent des ghettos pour y parquer les survivants, en attendant leur élimination. Mais dans plusieurs cas, cette création n’est pas nécessaire, notamment à Kiev : 33 000 Juifs sont assassinés en quelques jours, près de Babi Yar.
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De passage à Minsk, le 15 août 1941, Himmler assiste à une opération mobile de tuerie. Ébranlé par le massacre mais pénétré de l'importance supérieure de ses actes, il demande à ses subordonnés de chercher un moyen moins traumatisant pour les SS de remplir leur mission.

C'est ainsi que les premiers camions à gaz sont testés. À partir de décembre 1941, deux à trois camions à gaz sont envoyés dans chaque Einsatzgruppe. Le procédé est toujours le même. Les camions sont garés à l'écart. Des groupes de 70 juifs en linge de corps s'entassent à l'intérieur. Les gaz d'échappement sont déversés à l'intérieur faisant suffoquer les victimes. Les camions roulent ensuite jusqu'au fossé où les corps inanimés sont jetés. Mais la pluie met à mal l'étanchéité des camions. Les hommes souffrent de maux de tête en déchargeant les camions, car tous les gaz d'échappement ne se sont pas dispersés. La vision des visages défigurés des asphyxiés stresse les SS.

Selon le tribunal de Nuremberg, environ deux millions de Juifs ont été assassinés par les unités mobiles de tuerie — une estimation reprise à son compte par Lucy S. Dawidowicz. Raul Hilberg compte de son côté 1,4 million de victimes, et Léon Poliakov 1,5 million, mais cette fois pour la seule URSS[
La première vague de massacres s'arrête pour l'essentiel à la fin de l'année 1941, sauf en Crimée où elle se prolonge jusqu'à l'été 1942.

Une deuxième vague de tuerie s'amorce dès la fin de l'année 1941 dans les régions de la Baltique et se diffuse tout au long de l'année 1942 dans tous les territoires occupés.

Les Einsatzgruppen jouent un rôle moins important. Ils sont placés sous le commandement des chefs suprêmes des SS et de la police. Les effectifs de la police régulière s'accroissent beaucoup pour prendre part à la deuxième vague de massacres. À la fin de l'année 1942, 5 régiments de la police régulières servent sur le front, 4 sont stationnés à l'arrière, renforcés par 6 bataillons supplémentaires qui obéissent tous aux dirigeants SS et de la police. Les villes importantes et les zones rurales des régions occupées fournissent elles aussi des éléments. Ces éléments recrutés sur place sont essentiellement composés de Baltes, Biélorusses et Ukrainiens. Ils forment la Schutzmannschaft (Schuma en abrégé). Son effectif passe de 33 270 hommes au milieu de l'année 1942 à 47 974 à la fin de l'année. Les SS reçoivent aussi l'appui de la gendarmerie militaire et de la police secrète militaire.

Dans l’Ostland, il reste au début de l'année 1942, environ 100 000 Juifs. Environ 68 000 vivent dans les grands ghettos, le reste a trouvé refuge dans les forêts, certains comme partisans. En janvier 1942, les SS et la police du Nord commencent à ratisser la région méthodiquement, zone par zone, tuant les Juifs des petits ghettos et exécutant ceux des forêts. Seulement quelques milliers parviennent à en réchapper. En même temps, se prépare la destruction des grands ghettos de l’Ostland.

La méthode est souvent la même. La veille de la tuerie, un détachement juif creuse des grandes tombes. Dans la nuit ou à l'aube, les forces allemandes pénètrent dans le ghetto et rassemblent les Juifs. Ceux qui tentent de se cacher sont exécutés parfois à la grenade. Ceux qui se sont groupés sont amenés par camions jusqu'aux fosses communes où ils sont exécutés par balle. Fin 1942, il n'y pas plus de Juifs en Ukraine.

Malgré toutes les précautions d'Himmler pour garder les tueries secrètes, des photos prises par des soldats alliés, hongrois ou slovaques circulent. Himmler craint aussi que les Soviétiques ne découvrent un jour les charniers, si l'armée allemande recule. Il ordonne à Paul Blobel d'effacer les traces des exécutions des Einsatzgruppen. Le commando « 1005 » reçoit la mission de rouvrir les tombes et de brûler deux millions de cadavres. Mais ce travail est imparfaitement accompli pour de nombreuses raisons
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Rapport de Himmler à Hitler faisant état de l'assassinat de 363 211 Juifs de la région de Białystok entre le 1er octobre et le 1er décembre 1942.
Encore en novembre 1943, pour démanteler l'empire économique que son subordonné Odilo Globocnik s'est taillé autour de Lublin grâce à la main-d'œuvre juive servile, Himmler ordonne le massacre de cette dernière : en deux jours, plus de 40 000 Juifs sont assassinés au cours de ce qui est connu comme l'opération « Fête des Moissons ».

La Pologne et les Balkans occupés ont vu de nombreux massacres de Juifs par fusillade, mais aussi par pendaison, noyade ou sévices exercés jusqu'à la mort. Les cas de la Roumanie, de la Serbie et de la Croatie sont décrits ci-après à la sixième partie de cet article.

En Europe de l'Ouest, la terreur nazie revêt des formes moins amples et de tels déchaînements publics de sauvagerie sont difficilement pensables. Les massacres collectifs de Juifs en plein air sont de ce fait restés rares ou inexistants. Cependant, les nombreux otages fusillés par les nazis sont souvent pris parmi les Juifs.

Serge Klarsfeld a ainsi établi que sur plus d'un millier d'otages assassinés au fort du Mont-Valérien, 174 étaient juifs[réf. souhaitée]. Encore en juillet 1944, à Rillieux-la-Pape, le chef milicien Paul Touvier fait abattre arbitrairement sept Juifs pour venger la mort de l'orateur collaborationniste Philippe Henriot, exécuté par la Résistance[réf. souhaitée]. Des Juifs italiens figurent parmi les victimes du massacre des Fosses ardéatines à Rome en mars 1944.

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L'élimination physique s'étend au cours de l'automne 1941 aux Juifs allemands puis à ceux de toute l'Europe occupée. C'est le passage décisif d'un judéocide jusque là localisé en URSS à un génocide industriel planifié de l'ensemble du peuple juif et mis en œuvre dans toute l'Europe occupée.

À partir de septembre - octobre 1941, des Juifs allemands sont à leur tour déportés dans les ghettos mortifères de l’Est, voire dans les zones de massacre en URSS. 80 convois partent ainsi du Reich avant fin 1941. Dans des conditions épouvantables, 72 trains acheminent leur chargement humain dans des ghettos où les fusillades ont libéré de la place (presque tous périront gazés ou fusillés à leur tour lors des liquidations de ghettos en 1942-1943). 8 autres voient leurs passagers liquidés dès l'arrivée.

Ainsi le 15 octobre, près de 5 000 Juifs déportés de Berlin, Munich, Francfort, Vienne ou Breslau sont déportés en Lituanie et fusillés par les Einsatzgruppen dès leur descente du train : le rapport Jäger fait état de leur exécution au fort IX de Kaunas les 25 et 29 novembre. Le 18 octobre, d'autres convois quittent Prague, Luxembourg ou Berlin. Tout le Grand-Reich est donc concerné.

On bascule un peu plus du meurtre des Juifs d’URSS à ceux de l’espace européen entier lorsque le 2 octobre, Heydrich laisse dynamiter six synagogues de Paris par les collaborationnistes doriotistes du PPF, avec des explosifs fournis par ses services, afin de bien montrer que la France ne sera plus jamais « la citadelle européenne des Juifs » et que ceux-ci doivent craindre pour leur vie partout en Europe occupée.

Le 23 octobre, Himmler interdit officiellement l’émigration des Juifs. Ne reste donc plus ouverte que l’option de l'extermination.

Le 7 décembre, le premier camp d'extermination est ouvert à Chełmno en Pologne annexée : de fusillades « artisanales », la tuerie passe à l'échelle industrielle. Les victimes, emmenées de tout le Warthegau dirigé par le fanatique gauleiter Arthur Greiser, sont enfermées dans des camions à gaz où elles meurent lentement asphyxiées par les fumées d'échappement, dirigées sur l'intérieur du véhicule. En sept mois, plus de 100 000 personnes trouvent ainsi la mort.


Au même moment, la construction de Belzec et celle de Sobibor sont lancées.

Fin de la 2è partie

Re: Bon, bin, heu? La boite à clous. Ici on trouve de tout.

Publié : jeu. janv. 20, 2011 2:52 am
par saintluc
Convoquée par Reinhard Heydrich, le principal adjoint de Heinrich Himmler, cette conférence réunit alors les secrétaires d'État des principaux ministères. Himmler et Heydrich ont en effet besoin pour la mise en œuvre des déportations dans l'Europe entière de la pleine coopération de l'administration allemande. A cet égard la Deutsche Reichsbahn la société ferrovaire d'état a joué un rôle essentiel.

La conférence ne décide pas du génocide, la solution finale du peuple Juif (die enlosung den judenfrage) est déjà activée bien avant même le début de la conférence de Wannsee, le 20 janvier 1942 (initialement prévue pour le 9 décembre 1941 mais reportée). L'ordre en a été donné en juillet 1941 par Hermann Göring à Heydrich . Chez les nazis, les questions ne se décident nullement au cours de conférences. La seule question dont on discute – et qui ne sera d'ailleurs jamais tranchée – est celle des Mieschehe (Juifs à conjoint aryen) et des Mischlinge (demi-Juifs). Le Protocole montre que la plus grande partie de la conférence a été dédiée à cette question insoluble. L'autre grande question fut celle des Juifs allemands travaillant dans les usines d'armement, qui obtiennent un sursis éphémère à la déportation.

Le procès-verbal de la conférence, rédigé par Eichmann, ne laisse aucun doute sur le plan criminel d'extermination systématique. Plus de 11 millions de Juifs de l'Europe entière (y compris les Juifs britanniques, suisses ou portugais, inclus dans le décompte statistique établi minutieusement par Eichmann) doivent être arrêtés et « évacués » vers l'Est où ils trouveront la mort.

Ce document est capital aux historiens pour comprendre le processus de décision, même s'il a été épuré pour que rien de trop compromettant ne soit écrit. Déjà les nazis recourent en effet à tout un langage codé spécifique qui leur servira à dissimuler leurs crimes dans les années suivantes : jusqu'à la fin, la déportation-extermination des Juifs sera ainsi désignée par l'euphémisme d’« évacuation », le gazage massif comme un « traitement spécial » (Sonderbehandlung), les détenus livrés à l'extermination par le travail comme des « pièces » (Stück)
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De grandes rafles synchrones sont menées à travers tout le continent européen pour alimenter les camps d'extermination nouvellement construits.

Le processus est partout similaire. Les Juifs de tous âges et de tout sexe sont traqués et raflés chez eux, sur leurs lieux de travail, et jusque dans des orphelinats, des hôpitaux, des asiles d'aliénés ou des maisons de retraite. Beaucoup répondent simplement, surtout au début, aux convocations qui leur sont adressées, par peur, par légalisme, par absence d'alternative, ou dans l'ignorance de ce qui les attend.

Dans des conditions généralement très sordides, hommes, femmes, enfants et vieillards sont parqués dans des lieux qui font office d'antichambre des camps de la mort nazis : Drancy en France, la caserne Dossin à Malines en Belgique, Westerbork aux Pays-Bas ou encore Fossoli en Italie sont parmi les plus célèbres.

À Terezín, dans les Sudètes, les nazis ouvrent même le 24 novembre 1941 un camp-modèle destiné à berner (avec succès) les représentants de la Croix-Rouge. Ce ghetto surpeuplé, où les familles ne sont pas disloquées ni le travail forcé imposé, offre des conditions de vie dures mais peu mortifères, et relativement privilégiées par rapport à ce que les Juifs connaissent ailleurs. Mais la plupart des 140 000 personnes à y avoir transité, en majorité des Tchèques, ont ensuite été déportées pour Auschwitz où elles seront assassinées, notamment lors de la liquidation du « camp des familles » en avril 1944.

Conduits à une gare, les déportés sont partout entassés brutalement dans des wagons à bestiaux délibérément surchargés, dans une promiscuité éprouvante et des conditions sanitaires dégradantes, sans presque rien à manger ni à boire. L'angoisse est accrue par l'ignorance de la destination (Pitchipoï, comme l'appellent les détenus de Drancy) et l'incertitude quant à ce qui attend à l'arrivée, même si peu imaginent la mise à mort industrielle. Le voyage est épouvantable, et plus ou moins long (de quelques heures à une ou deux journées pour les Juifs polonais, trois à quatre jours en moyenne depuis la France, plus de deux semaines pour certains convois de Grèce). Il n'est pas rare que des déportés finissent par boire leur urine ou par lécher leur sueur. Certains meurent en route, d'autres deviennent fous ou se suicident (parfois collectivement). Rares sont ceux qui tentent une évasion, par peur des représailles collectives, par absence de lieu de refuge ou pour ne pas se séparer des leurs, enfin par ignorance de leur sort futur. Ce sont des êtres déjà épuisés et ravagés qui arrivent aux centres de mise à mort.

Les compagnies ferroviaires nationales, dont la SNCF, n'ont jamais manifesté de réticences particulières à faire circuler ces trains, pas plus que leurs employés (même si des cheminots eurent des gestes de compassion, ou transmirent aux proches les ultimes billets jetés des convois). Les frais des transports étaient payés sur les biens volés aux Juifs, qui se trouvaient ainsi financer leur propre envoi à la mort. En revanche, rien ne prouve que les nazis aient systématiquement donné la priorité aux convois de déportation sur les convois militaires ou d'importance vitale pour le Reich.
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Rafle d'enfants conduits au train de déportation, Pologne.
Les convois (un millier de personnes en moyenne) sont intégralement gazés s'il s'agit d'un camp d'extermination. Dans les camps mixtes d'Auschwitz-Birkenau et de Maidanek, une minorité est désignée à l'arrivée pour le travail forcé et découvre brutalement l'horreur concentrationnaire. En général, l'extermination par le travail forcé ne leur laisse pas plus de quelques semaines ou de quelques mois à survivre. Ainsi, seuls 7 % des Juifs de France désignés pour le travail forcé ont vu la fin de la guerre.

De nombreux convois de Juifs d'Europe roulent déjà vers les camps de la mort dès les premiers mois de 1942. Au 1er mai 1941, 168 972 Juifs vivent en Allemagne, il n'en reste plus que 131 823 au 1er janvier 1942 et 51 257 au 1er avril. En Slovaquie, de mars à août 1942, 75 000 des 90 000 Juifs du pays sont déjà déportés sur ordre du gouvernement de Mgr Tiso, avant suspension des transports. Ce sont des déportées slovaques qui sont les premières victimes à l'été 1942 de la sélection instituée sur la Jüdenrampe à l'arrivée à Auschwitz.

L'été 1942 est particulièrement fatidique, avec les grandes rafles de Juifs presque simultanées qui marquent l'Europe occupée.

Au cours de cet été 1942, en effet, 300 000 Juifs du ghetto de Varsovie sont déportés en masse à Treblinka et aussitôt gazés. Le premier transport part de l’Umschlagplatz le 21 juillet.

Le 15 juillet 1942, 1 135 Juifs d'Amsterdam convoqués « pour aller travailler en Allemagne » sont aussitôt déportés les premiers à Auschwitz. La cadence des rafles et des convois est telle que dès septembre 1943, les Allemands proclament la capitale néerlandaise judenrein (libre de Juifs). Sur 120 000 Juifs hollandais, 105 000 ont été déportés à Auschwitz et Sobibor, dont 5 500 seulement ont survécu. 80 % de cette communauté séfarade présente depuis le XVIIe siècle a donc été anéanti.

Les 16 et 17 juillet, à la demande des Allemands, les forces de l'ordre du régime de Vichy arrêtent 13 152 Juifs étrangers au cours de la rafle du Vel' d'Hiv, parmi lesquels 3 031 hommes, 5 802 femmes et 4 051 enfants. Internés à Pithiviers et Beaune-la-Rolande, ils sont pour l'essentiel déportés dans les deux mois qui suivent.

D'autres rafles et déportations sans retour ont lieu en zone nord dans les mêmes temps. Le 15 juillet, 200 Juifs sont ainsi arrêtés à Tours, 66 à Saint-Nazaire. À Angers, le Sipo-SD agissant seul en arrête 824 le 20 juillet 1942. À Lille, le 15 septembre, 526 personnes sont déportées : 25 reviendront. À Bordeaux, le préfet régional Sabatier et son secrétaire général pour la Gironde Maurice Papon font partir le 18 juillet un premier convoi de 172 personnes : 10 autres suivront jusqu'au 5 juin 1944, totalisant 1560 victimes.

Bien qu'aucun soldat allemand ne soit présent en zone sud, le gouvernement français accepte, cas unique en Europe occupée, de livrer des Juifs qui y résident, qu'ils soient puisés dans les très durs camps d'internement de Gurs, Noé, Récébédou, Les Milles, ou bien qu'ils soient victimes de la grande rafle du 26 août 1942 perpétré à Lyon, Toulouse et autres grandes villes méridionales (5 885 Juifs étrangers arrêtés et déportés). Entre le 6 août et le 15 septembre, 3 456 internés des camps et 913 travailleurs extraits de 18 GTE (groupements de travailleurs étrangers) sont également déportés à Drancy puis Auschwitz.

À partir du 15 août, le SD commence à rafler les Juifs d'Anvers avec la collaboration active des autorités communales. À Bruxelles, où le bourgmestre Jules Coest a refusé d'aider l'occupant, les rafles de septembre donnent des résultats nettement moins satisfaisants. Les deux tiers des Juifs d'Anvers sont déportés, contre un tiers de ceux de Bruxelles.

Du 13 au 20 août, de très nombreux Juifs croates sont déportés à Auschwitz par les collaborateurs oustachis.

Particulièrement nombreuses donc en 1942, les rafles de Juifs continuent à intervalles réguliers dans pratiquement tous les pays d'Europe, jusqu'à la fin de l'occupation allemande ou de la guerre.

En règle générale, les Juifs travaillant pour des entreprises allemandes (notamment dans l'armement) sont déportés en dernier, ainsi que les privilégiés des Conseils juifs. En 1943-1944, les revers militaires et le besoin de main-d'œuvre obligeront les nazis à mettre à part un certain nombre de « Juifs de travail » (Arbeitsjuden) dans des camps de travail assez durs, mais où leur mort n'est pas recherchée et leur déportation au moins retardée.

Les fusillades et les camions à gaz avaient permis dès 1941-1942 de déclarer les pays baltes et l'Ukraine judenrein (« nettoyés de juifs »). La cadence des rafles et des déportations est telle que dès 1943 les nazis peuvent déclarer judenrein Berlin le 19 juin, Salonique le 20 août, ou Amsterdam en septembre.
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Rafle de Juifs du 20 aout 1941 à Paris, antichambre vers Auschwitz
Après celui de Belzec, le camp d'extermination de Sobibor est ouvert le 1er mars 1942, celui de Treblinka le 1er juillet, celui de Maidanek près de Lublin à l'automne. Ils sont essentiellement destinés au gazage massif des Juifs de Pologne - même si en raison d'une épidémie de typhus à Auschwitz, 34 convois de Juifs hollandais ont été détournés sur Sobibor en 1943, et donc intégralement anéantis, de même que quatre convois de Juifs de France.

Ces camps ne servent qu'à tuer, seuls quelques centaines de déportés sur des centaines de milliers étaient « épargnés » pour aider en tant qu'esclaves au fonctionnement élémentaire du camp. Les victimes sont tuées au monoxyde de carbone (au zyklon B à Maidanek) dans les chambres à gaz où elles sont conduites dès leur descente de train.

Treblinka est surtout destiné aux Juifs de Varsovie, Maidanek à ceux de Lublin, Belzec et Sobibor assumant le massacre industriel des Juifs des autres ghettos Juifs du Gouvernement général;. Le but est de les exterminer systématiquement.

Le 17 mars 1942, avec le premier convoi des Juifs de Lublin vers Belzec débute l’« action Reinhardt » décidée le 20 janvier 1942 à la conférence de Wannsee dans la banlieue de Berlin et qui aurait reçu ce nom en hommage à Reinhard Heydrich, abattu par la résistance tchèque fin mai 1942. Elle va faire deux millions de victimes et signifier la mort de plus de 90 % de la communauté juive de Pologne, jusque-là la première du monde.

De ce fait, l'année 1942 est de loin l'année la plus meurtrière dans les centres d'extermination (hors Auschwitz). Au 31 décembre 1942, 1 449 000 êtres humains ont trouvé la mort dans les camps à monoxyde de carbone. À leur démantèlement en 1943-1944, 1 750 000 personnes y auront en tout trouvé la mort.
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À Auschwitz-Birkenau, l'emploi de zyklon B (qui tue 36 fois plus rapidement que le monoxyde de carbone) est testé sur des prisonniers soviétiques dès le 3 septembre 1941. Début 1942, le commandant du camp, Rudolf Höß, reçoit verbalement l'ordre de Himmler de faire du camp, idéalement situé à un nœud ferroviaire, le principal centre de l'extermination des Juifs déportés de toute l'Europe. Plusieurs Krematorium y sont construits, associant les chambres à gaz à des fours crématoires de grande capacité destinés à faire disparaître les corps.

Le premier train de victimes françaises part ainsi pour Auschwitz le 28 mars 1942, le premier transport de Juifs de Salonique le 20 mars 1943, le premier de Rome le 16 octobre 1943, cinq semaines après l'occupation de l'Italie, et le premier convoi de Hongrie le 15 mai 1944.

Avec le démantèlement des autres camps d'extermination fin 1943, Auschwitz devient le principal lieu d'accomplissement du génocide. Sur plus de un million de personnes qui y sont assassinées, 90 % sont juives, de tous les pays.

Même si seul un sixième des victimes de la Shoah y a trouvé la mort, c'est donc à bon droit qu’« Auschwitz » en est venu à désigner par métonymie l'ensemble du génocide. D'autant que ce camp de concentration et d'extermination, le plus vaste de tous, a laissé des vestiges importants et un certain nombre de survivants, au contraire des principaux camps d'extermination, démantelés et rasés, qui ne comptent aucun survivant hors quelques évadés et miraculés (deux rescapés contre plus de 150 000 gazés à Chelmno, quatre contre 650 000 morts à Belzec).

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La tour de la Mort à l'entrée de Birkenau.
À partir de juillet 1942, une « sélection » a lieu à l'arrivée de chaque nouveau convoi de déportés. Sur un geste de la main des SS préposés au tri, les déportés valides sont réservés au travail forcé. Ceux jugés inaptes au travail sont immédiatement conduits à la chambre à gaz : bébés, enfants, vieillards, infirmes, femmes enceintes, personnes trop âgées, ou simplement celles qui portent des lunettes ou avouent exercer une profession intellectuelle voire un métier non manuel.

Dans ses mémoires, Rudolf Höss estime qu'au moins les trois quarts des déportés périssaient dès l'arrivée, dans la chambre à gaz, dont la majorité des femmes, et la totalité des enfants, vieillards et handicapés. À l'en croire, plus de gens étaient sélectionnés pour le gazage pendant l'hiver, où le camp de concentration avait besoin de moins de main-d'œuvre.

Franciszek Piper, historien du camp d'Auschwitz, estime que 65 % des déportés (soit 97 000 sur 150 000 Juifs occidentaux) ont été gazés à l’arrivée. Il confirme la différenciation sexuelle de la mise à mort : 77,5 % des femmes et filles belges ont été gazées dès l'arrivée, mais 51 % des hommes, soit 49 % d’hommes mis à part et recensés par le service du travail (Arbeitstatistik) d’Auschwitz.

Selon Georges Wellers, sur 61 098 Juifs déportés de France entre les 29 juillet 1942 et 11 août 1944, 78,5 % ont été gazés à l’arrivée. Pour l'historienne Danuta Czech, 76,6 % des Juifs grecs ont dû l’être aussi. Quant aux Juifs de Hollande, entre le 17 juillet 1942 et le 5 septembre 1944, 57 convois de Westerbork ont apporté 51 130 victimes, dont 18 408 ont été désignées aptes au travail, les 64 % autres gazées immédiatement.

De façon perverse, les déportés sélectionnés sont conduits aux chambres à gaz sur des paroles rassurantes, et sont persuadés de se déshabiller et d'entrer dans la pièce pour y prendre une douche – mais à la moindre tentative de résistance ou au moindre doute, c'est avec la dernière brutalité qu'ils sont forcés d'y entrer et de s'y entasser. Les victimes meurent en quelques minutes après la fermeture des portes et la diffusion du gaz mortel. Celles qui se trouvent le plus près de l'endroit par où sort le gaz périssent les premières. Beaucoup sont gravement blessées ou meurent piétinées dans les bousculades vaines au cours desquelles les victimes cherchent généralement à forcer les portes ou se disputent les coins où il reste encore un peu d'air.

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La déportation-extermination planifiée de tous les Juifs d'Europe à Auschwitz-Birkenau. Musée du camp.
Le Sonderkommando, composé de détenus en majorité juifs et périodiquement liquidés, est chargé d'incinérer les cadavres après avoir récupéré les cheveux et les dents en or. La réduction des victimes en cendres aussitôt dispersées traduit le souci des nazis de dissimuler les preuves de leur crime et symbolise leur volonté d'effacer jusqu'à la dernière trace l'existence des Juifs sur la terre. Des centaines de trains conduisent dans le Reich les biens volés aux assassinés, après stockage à la section dite « Canada » du camp. Les cheveux des victimes sont utilisés pour faire des vêtements. En revanche, la confection de savon à partir de la graisse humaine des incinérés relève de la légende.

Fin de la 3è partie

Re: Bon, bin, heu? La boite à clous. Ici on trouve de tout.

Publié : jeu. janv. 20, 2011 3:02 am
par saintluc
L'industrie de la mort atteint son apogée à Auschwitz avec la liquidation en août 1944 des 67 000 dernières victimes du ghetto de Lodz, le dernier subsistant encore en Pologne, et surtout avec la déportation en 56 jours de plus de 435 000 Juifs hongrois par Adolf Eichmann, du 15 mai au 8 juillet 1944. Plus du tiers des victimes juives d'Auschwitz sont hongroises.

La Hongrie connaissait un fort antisémitisme depuis la fin du XIXe siècle, aggravé par la participation de nombreux Juifs à l'éphémère « République des conseils » fondée en 1919 par Béla Kun. En septembre 1919, 3 000 Israélites avaient trouvé la mort dans les pogroms de la terreur blanche, et dès 1920, Miklós Horthy, régent du Royaume de Hongrie, édictait la plus précoce législation antisémite d'Europe, radicalisée en 1938-1939 puis en 1941. Depuis 1939, la définition légale du Juif était même raciale, les 100 000 Juifs de confession catholique étant donc également victimes des discriminations.

A l'été 1941, Budapest fait déporter 18 000 Juifs de Hongrie "apatrides" en Ukraine, sur les arrières du front russe. Les 27 et 28 août, plus de 10 000 d'entre eux sont exterminés par l'Einsatzgruppen C à Kamianets-Podilskyï, premier massacre de Juifs à atteindre les cinq chiffres, et étape-clé dans le passage à l'extermination à grande échelle. Seuls 2000 à 3000 de ces premiers déportés hongrois survivent à l'été. À la suite de cet épisode, le gouvernement suspend les expulsions en zone allemande. Mais l'armée hongroise exécute de son côté un millier de Juifs dans les territoires annexés à la Serbie, et surtout, elle impose aux Juifs de Hongrie un "Service du Travail" aux armées particulièrement meurtrier: les victimes de ce service ne sont pas officiellement des déportés, et elles conservent par exemple leurs biens et leurs domiciles en leur absence, mais de fait, plus de 42 000 personnes emmenées ainsi travailler en Ukraine occupée y décèdent dès avant le tournant de mars 1944..

Certes, à plusieurs reprises, le régent Horthy se refuse à éliminer totalement les Juifs de la vie du pays, pas plus qu'il n'accepte les demandes répétées de Hitler de les déporter ou de leur faire porter l'étoile jaune. La Hongrie fait de ce fait figure d'asile relatif dans l'Europe de la Shoah, certains Juifs venant même y trouver refuge depuis des pays voisins. Bien que 63 000 Juifs hongrois et apatrides aient perdu la vie dès avant mars 1944, tout ne change vraiment de façon brutale et radicale qu'avec l'irruption des troupes allemandes, appuyées par les collaborationnistes fascistes, les Croix fléchées.

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Le 19 mars 1944, en effet, les nazis envahissent leur allié hongrois, qui songe à virer de bord à l'approche de l'Armée rouge. Le nouveau premier ministre, Döme Sztójay, collabore pleinement avec les Allemands. Le processus de concentration et de déportation des Juifs s'y répète sur le même schéma qu'ailleurs depuis 1939 mais de manière particulièrement accélérée : étoile jaune obligatoire, constitution de conseils juifs, enfermement en ghettos, puis déportations. Celles-ci ne concernent que les Juifs des provinces et de la banlieue de Budapest, ceux de la capitale restant pour le moment épargnés.

Sur ces 435 000 Juifs provinciaux activement déportés du 15 mai au 8 juillet 1944, avec l'aide des forces de l'ordre hongroises, seuls 10 % ont été mis au travail forcé, les autres étant exterminés à l'arrivée à Birkenau. Pour accélérer la cadence de mise à mort, en dérivation de la ligne principale un tronçon de voie ferrée est construit qui, une fois franchi le porche d'entrée en forme de tour entre dans le camp pour aboutir à proximité immédiate des chambres à gaz. On aménage une rampe pour la descente des déportés et la sélection. Cette rampe deviendra l'un des symboles les plus connus d'Auschwitz et du génocide. Les crématoires ne suffisant plus à l'incinération de tous les cadavres à un rythme suffisant, des milliers d'entre eux sont brûlés en plein air sur d'énormes bûchers. À cette période, Auschwitz reçoit jusqu'à quatre trains quotidiens, et les opérations de mise à mort par le Zyklon B tuent jusqu'à 10 000 personnes par jour.

L'amiral Horthy, qui avait autorisé les transports dans un premier temps, retire son autorisation le 9 juillet, alors que des informations sur l'extermination parviennent en Hongrie et que le Vatican ou les États-Unis multiplient les pressions. Sztójay est limogé par Horthy en août. Les déportations sont suspendues jusqu'au 15 octobre, alors que 150 000 Juifs demeurent encore domiciliés ou réfugiés à Budapest, où ils survivent tant bien que mal dans le ghetto, spoliés de tout. Entre mars et octobre 1944, par ailleurs, 150 000 Juifs sont encore envoyés au "Service du Travail" sous l'égide de l'armée hongroise, dont seulement 20 000 reviendront..

Le 15 octobre, Horthy est arrêté par les nazis et remplacé par les collaborationnistes des Croix fléchées, qui instaurent un gouvernement fasciste hongrois. Sous la conduite de leur chef, le nouveau Premier Ministre Ferenc Szálasi, les Croix fléchées relancent la persécution, et multiplient, sur place, les massacres désordonnés de Juifs et les marches de la mort. Un certain nombre de Juifs restés à Budapest sont sauvés par des protections diplomatiques, en particulier grâce à l'action de Raoul Wallenberg.

En 1941, 825 000 Juifs vivaient sur le territoire hongrois, dont 100 000 convertis ou chrétiens d'ascendance juive. 63 000 ont perdu la vie dès avant le 19 mars 1944. Après cette date, 618 000 ont été victimes de la déportation à Auschwitz, des marches de la mort ou de l'envoi au Service du Travail aux armées : 501 500 y ont perdu la vie. 116 500 Juifs de Hongrie sont revenus de déportation, 20 000 du Service du Travail, et 119 000 autres restés à Budapest ont survécu. Au total, si 225 000 Juifs de Hongrie ont survécu (soit 31 %), une proportion très forte à l'échelle de l'Europe centrale et orientale, leur communauté a perdu 569 507 membres dont 564 507 assassinés et 5 000 autres exilés.
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Les camps de concentration nazis ont été un enfer rarement égalé dans l'histoire humaine. Par un processus systématique et pervers de déshumanisation de leurs victimes, les SS et les kapo visaient à détruire leur personnalité et leur vie en un temps très bref, au moyen de la sous-alimentation, des coups, de l'absence d'hygiène et du travail forcé.

Les traitements inhumains ne laissaient aux déportés qu'un laps très court à vivre : en 1942, un déporté d'Auschwitz a trois mois en moyenne d'espérance de survie. Sur quatre trains de plus de 1 000 Juifs tchèques chacun arrivés du 17 au 25 avril, et qui n'ont pas connu de sélection pour les gaz à l'arrivée, on ne compte pourtant au 15 août que 182 survivants.

Raul Hilberg note que l'extermination par le travail, avec ses sommets de cruauté, n'a cependant constitué qu'une part réduite de la Shoah. Même à Auschwitz, sur 200 000 internés juifs, il n’a été enregistré « que » 90 000 décès. L’extermination par le travail forcé a donc dix fois moins tué que le gazage de 865 000 personnes dans le même camp

Séparés de leurs familles (souvent seuls survivants ou presque si les autres membres ont été déjà tués par gazage), les déportés juifs qui ont échappé à la première sélection à l'arrivée sont spoliés de tous leurs biens et de tout souvenir personnel, intégralement tondus, privés de leur nom et affublés d'un uniforme rayé et d'un matricule par lequel ils seront seul appelés. Ils sont exploités dans des usines de guerre au profit de la SS qui les « loue » aux entrepreneurs à des prix dérisoires : c'est ainsi que le géant chimique IG Farben par exemple se compromet gravement dans l'exploitation des déportés d'Auschwitz. Ils peuvent aussi être employés à des travaux absurdement inutiles (creuser des trous rebouchés chaque soir, porter et rapporter des pierres d'un endroit à l'autre…). Ils sont exposés à la sous-alimentation systématique et aux traitements sauvages de kapos souvent recrutés parmi les criminels de droit commun.

Ceux qui faiblissent deviennent des « musulmans » rejetés par leurs codétenus et exposés à la liquidation par les médecins SS au Revier (infirmerie) du camp ou à la sélection pour la chambre à gaz.

Les rares survivants (en général ceux qui ont été déportés dans les derniers, à un moment où le Reich en péril prolonge un peu plus la vie de sa main-d'œuvre servile) doivent pour s'en sortir s'endurcir moralement, passer inaperçus, avoir beaucoup de chance, travailler dans des kommandos moins pénibles et moins périlleux.
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Les derniers gazages ont lieu fin novembre 1944 à Auschwitz, alors que les nazis aux abois commencent à détruire les installations et les preuves du génocide. L'extermination ne s'arrête pas pour autant. Ainsi à partir du 8 novembre 1944, Adolf Eichmann soumet des dizaines de milliers de Juifs hongrois à une « marche de la mort » éprouvante de Budapest à la frontière du Reich.

Le 20 janvier 1945, un peu moins de 60 000 survivants d'Auschwitz sont évacués à pied vers l'Allemagne à l'approche des Soviétiques. L'évacuation est généralement dépeinte par les survivants comme l'un de leurs pires souvenirs de déportation : sans vêtements ni chaussures appropriés dans l'hiver très rigoureux, épuisés et sous-alimentés, ils doivent marcher jusqu'à plusieurs dizaines de kilomètres par jour. Ceux qui ne peuvent plus suivre sont abattus immédiatement par l'escorte SS. D'autres détenus sont aussi entassés dans des trains qui les transfèrent d'un camp à un autre au prix d'une mortalité considérable.

À Ravensbrück, Dachau ou Bergen-Belsen, où échouent nombre d'anciens détenus d'Auschwitz à bout de force, l'épidémie de typhus provoque une hécatombe. La maladie emporte notamment Anne Frank le 12 mars 1945 à Bergen-Belsen. En avril, à l'approche des Alliés, de nouvelles marches de la mort et de nouveaux trains meurtriers évacuent les déportés.

En tout, de janvier à mai 1945, « autour de 250 000 Juifs moururent d'épuisement ou de froid au cours de ces marches, quand ils ne furent pas abattus sur place ou brûlés vifs ».

Ce sont des survivants hagards et traumatisés, ainsi que des monceaux de cadavres squelettiques, que découvrent généralement des soldats alliés incrédules. 40 % des Juifs libérés seraient morts dans les semaines suivantes : « leur état sortait du domaine de compétence de la médecine occidentale ». Avec les tonnes de biens volés aux Juifs assassinés, les fours crématoires ou les vestiges des chambres à gaz, le monde se retrouve en 1945 devant les preuves d'un crime de masse qui devait conduire au procès de Nuremberg à la naissance du concept de crime contre l'humanité.

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Re: Bon, bin, heu? La boite à clous. Ici on trouve de tout.

Publié : jeu. janv. 20, 2011 3:32 am
par saintluc
Dernière partie

Soumise à l'autorité militaire allemande, la Serbie connaît la Shoah selon des modalités particulières. Les différents responsables allemands (SS, Wehrmacht) de ce territoire mettent un zèle tout particulier à éliminer physiquement les Juifs — et les Tziganes — présents sur le territoire qu'ils administrent. La définition et la concentration des Juifs s'effectuent en quelques mois. Le général Franz Böhme fait exécuter par fusillade l'ensemble des Juifs et des Tziganes de sexe masculin, entre l'automne 1941 et le printemps 1942, reproduisant les ordres donnés aux Einsatzgruppen. Les femmes et les enfants sont raflés et internés dans des camps en novembre et décembre 1941. Ils sont tous assassinés par gazage au monoxyde de carbone entre janvier et mai 1942.

En août 1942, le chef d’état-major administratif en Serbie écrit une note pour son nouveau supérieur, mentionnant en particulier ceci :

« Serbie, seul pays où question juive et question tzigane résolues. » (« Serbien einziges Land in dem Judenfrage und Zigeunerfrage gelöst. »)

Les seize mille Juifs de Serbie ont été anéantis jusqu’au dernier.

Si la rapidité et la relative originalité de la destruction des Juifs de Serbie sont dues à l'initiative des officiers locaux, les dirigeants nazis n'ont en rien entravé leur action, bien au contraire : l'idée de fusiller des hommes juifs est suggérée en premier par Adolf Eichmann, et le camion de gazage est fourni par les autorités de Berlin
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Victimes du camp de Jasenovac.
Après l'invasion de la Yougoslavie par l'Allemagne, Hitler autorise la création de l'État indépendant de Croatie, satellite de l'Allemagne, dirigé par l'organisation fasciste des Oustachis. L'extermination des Juifs, des Serbes et des Tziganes est assurée principalement par les autorités croates, dans des camps de concentration tels que Jasenovac, et ce jusqu'en 1942. Les nazis obtiennent alors l'autorisation du gouvernement croate de déporter les survivants vers les camps d'extermination.

Membre de l'Axe, la Roumanie du dictateur Antonescu est responsable de la mort d'environ 200 000 Juifs, ce qui fait des collaborateurs roumains les plus importants participants de la Shoah après les nazis et devant les Oustachis croates. La Roumanie abritait avant-guerre la troisième communauté juive d'Europe, selon le recensement de décembre 1930. Une tradition antisémite y était solidement établie : la Roumanie fut le dernier pays à émanciper ses Juifs, en 1919. Peu avant la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement entreprend une politique antisémite, excluant les Juifs des chemins de fer, imposant des quotas dans la main-d'œuvre industrielle et révoquant une partie des fonctionnaires de confession israélite. Le 8 août 1940, la persécution prend une dimension raciste : les Juifs convertis au christianisme sont considérés comme juifs au même titre que les personnes de religion juive. Toutefois, les Juifs qui possédaient la nationalité roumaine au 30 décembre 1918, leurs descendants, les Juifs qui avaient combattu pendant la Première Guerre mondiale (soit environ dix mille personnes) étaient exemptés de certaines discriminations.

En février 1941, les fascistes de la Garde de fer perpètrent un pogrom sanglant à Bucarest. 118 morts sont identifiés. Les cadavres sont atrocement mutilés. Après l'invasion de l'URSS, l'armée roumaine, alliée de la Wehrmacht, participe activement au massacre massif des Juifs. Le 25 juin 1941, l'armée, le gendarmerie e la police roumaine assassine 7 000 Juifs à Iassy.
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Le Pogrom de Iaşi - Juifs massacrés par l'armée roumaine à Iassy, 26 juin 1941
Six jours après l'entrée des troupes roumaines à Odessa, un attentat tue le général Glogojanu, commandant d'Odessa et 40 autres militaires. Le soir même, le gouvernement roumain ordonne des représailles implacables. Aussitôt, le nouveau commandant d'Odessa, le général Trestioreanu annonce qu'il va prendre des mesures pour pendre les Juifs et les communistes sur les places publiques. Durant la nuit 5 000 personnes sont exécutées. Le 23 octobre, 19 000 Juifs sont exécutés et leurs cadavres arrosés d'essence et brûlés. Des milliers d'autres sont emprisonnés comme otages. Le 24 octobre, les Juifs emprisonnés sont transportés en dehors de la ville et fusillés devant des fossés anti-chars par groupes de 40 ou 50. L'opération se révélant trop lente, les 5 000 Juifs restants sont enfermés dans trois entrepôts, mitraillés puis les entrepôts sont incendiés. 40 000 Juifs sont ainsi tués ce jour-là. Le 24 au soir, le maréchal Antonescu demande que les otages qui ne sont pas encore morts connaissent les mêmes souffrances que les Roumains morts dans l'explosion. Les victimes sont amenées dans un entrepôt, fusillées. L'entrepôt est dynamité le 25 octobre, jour de l'enterrement des Roumains victimes de l'attentat du 22 octobre. Le premier novembre, la ville ne compte plus que 33 885 Juifs, essentiellement des femmes et des enfants qui vivent terrorisés dans le ghetto. Les Juifs d'Odessa et de sa région sont ensuite déportés vers la Roumanie à Bogdanovca, Domanevka et Acmecetca. Ils sont logés dans des conditions déplorables, entassés dans des ruines, des étables ou des porcheries. Ils souffrent de nombreuses maladies avant d'être massacrés à partir du mois de décembre.
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« Le Train du mort » Iaşi, 27 juin 1941
Cas particulier dans l'Europe du génocide, c'est un territoire entier, la Transnistrie, qui est transformé en territoire d’extermination. 217 757 Juifs y meurent, dont 130 000 de nationalité soviétique et 87 757 Roumains. 139 957 des victimes ont été tuées par des Roumains.

En revanche, les Juifs vivant dans les frontières de 1940 n'ont été ni fusillés ni déportés. Le gouvernement roumain pense initialement les déporter, mais y renonce ensuite brusquement[88], sans doute pour ne pas apparaître comme un pur satellite du IIIe Reich.
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Re: Bon, bin, heu? La boite à clous. Ici on trouve de tout.

Publié : ven. janv. 21, 2011 2:04 am
par saintluc
1338
21 janvier
Naissance de Charles V
La princesse héréditaire Bonne de Luxembourg, épouse de Jean II le Bon, donne naissance à un fils, Charles à Vincennes. Ce dernier deviendra roi sous le nom de Charles V dit le Sage à 26 ans le 8 avril 1364.
Voir aussi : Naissance - Charles V - Histoire des Valois



1793
21 janvier
Mort de Louis XVI
A 10h20, sur la place de la Révolution (actuelle place de la Concorde), Louis Capet, 39 ans, ancien roi de France, est guillotiné. Emprisonné aux Tuileries avec sa famille depuis le mois d'août 1792, il est condamné à la peine de mort par le tribunal révolutionnaire. La Convention l'accuse d'être un traître envers la Nation. Ses dernières paroles : "Français, je meurs innocent; je pardonne à mes ennemis; je désire que ma mort soit..." Mais la fin de ses mots sera occultée par la roulement de tambour annonçant son exécution. Le 16 octobre, sa femme Marie-Antoinette sera à son tour guillotinée en place publique.
Voir aussi : Exécution - Louis XVI - Histoire de la Guillotine - Histoire de la Révolution



1794
21 janvier
Les colonnes infernales de Turreau fondent sur la Vendée
Après la dislocation de l’armée vendéenne à Savenay, la Convention décide de poursuivre la "pacification" de la Vendée. Le soutien apporté à la contre-révolution par la population ayant été puissant, Robespierre et son gouvernement souhaitent appliquer jusqu’au bout leur résolution du 1er août, prônant des mesures extrêmes pour détruire la rébellion : destruction des récoltes et des villages, exécution des suspects, confiscation du bétail. Turreau va mettre en œuvre avec application cette politique de la terre brûlée. Seules quelques villes d’importance doivent être épargnées, le reste peut être rasé… Pendant près de cinq mois, les colonnes infernales vont multiplier exactions et massacres.
Voir aussi : Dossier histoire de la Guerre de Vendée - Histoire de la Convention - Robespierre - Histoire de la Terreur - Histoire de la Révolution



1911
21 janvier
Départ du premier rallye de Monte-Carlo
Dans le but de rivaliser avec la ville de Nice qui organise, depuis 1898, la course Paris-Nice, les monégasques Gabriel Vialon et Anthony Noghès créent un concours d'élégance automobile : le rallye de Monte-Carlo. La première édition se déroule du 21 au 25 janvier. Le règlement du rallye prévoit que les participants doivent rejoindre Monte-Carlo en partant de leur pays d'origine, sans dépasser les 25 km/h. Un système de points, relativement original, est établi de telle sorte que les voitures arrivant à Monaco avec une carrosserie en parfait état gagnent un maximum de points. Le premier gagnant du rallye de Monte-Carlo est le français Rougier, parti de Paris à bord d'une Turcat-Mery 25 HP.
Voir aussi : Automobile - Histoire des Sports mécaniques



1919
21 janvier
La fondation de l'IRA
Liée au Sinn Fein, l’Armée républicaine irlandaise naît dans le contexte de la guerre civile d’indépendance en Irlande. Elle mène des actions violentes contre les britanniques afin de les obliger à rendre une autonomie totale au pays. Lorsque l’indépendance de l’Irlande sera décrétée, l’organisation s’amoindrira. Elle reprendra toutefois les armes pour combattre en faveur des Catholiques d’Irlande du Nord et pour la réunification de l’île.
Voir aussi : Histoire de l'IRA - Histoire de l'Irlande du Nord - Histoire du Sinn Fein - Guerre civile - Histoire du Terrorisme



1937
21 janvier
Première création de "Musique pour cordes, percussion et célesta"
Le compositeur Béla Bartók présente son œuvre "Musique pour cordes, percussion et célesta" écrite sur commande. Fortement influencé par la musique hongroise et folklorique en général, le compositeur intègre ici cette influence avec des structures classiques dans une musique atonale et rythmiquement innovante.
Voir aussi : Compositeur - Histoire de la Musique classique



1949
21 janvier
Première révolution Miles Davis.
Miles Davis s’éloigne du be-bop et du quintet de Charlie Parker pour enregistrer « Birth of the Cool ». Et c’est en effet la naissance du jazz cool qu’il augure ainsi. Des rythmes plus souples, un accent mis sur la couleur musicale plutôt que sur la virtuosité assurent un succès rapide à ce courant musical.
Voir aussi : Disque - Miles Davis - Charlie Parker - Histoire du Jazz



1952
21 janvier
Sidney Bechet enregistre "Petite Fleur"
Le titre "Petite Fleur", composé par Sidney Bechet est enregistré à Paris par sa formation : le Sidney Bechet All Stars. Bechet s’est en effet installé en France en 1949 où il jouit d’un succès énorme, succès à l’image de ce véritable « tube » qu’est « Petite Fleur » à travers le monde.
Voir aussi : Succès - Histoire du Jazz



1954
21 janvier
Lancement du premier sous-marin nucléaire
L'USS "Nautilus" sort des chantiers navals de Croton dans le Connecticut. Long de 91 mètres et pesant plus de 3 000 tonnes, le "Nautilus" est le premier bâtiment à propulsion nucléaire au monde. Il est baptisé ainsi en hommage à Jules Vernes et au sous-marin du Capitaine Nemo dans "Vingt mille lieues sous les mers". Il entrera officiellement en fonction à partir du mois de septembre. Le "Nautilus" est capable de rester plusieurs semaines immergé et de parcourir ainsi 140 000 kilomètres. En août 1958, il sera le premier bâtiment à naviguer sous la calotte glacière du pôle Nord.
Voir aussi : Dossier histoire du nucléaire - Dossier histoire de la guerre froide : la coexistence pacifique (1953-1962) - Sous-marin - Histoire de l'Armement



1976
21 janvier
Premiers vols réguliers du Concorde
Le supersonique franco-britannique effectue ses deux premiers vols commerciaux : l'Angleterre ouvre la ligne Heathrow-Bahrein aux Emirats Arabes Unis et la France inaugure le trajet Orly-Rio de Janeiro via le Sénégal. Au début de février, les vols réguliers seront autorisés vers les Etats-Unis.
Voir aussi : Avion - Histoire du Concorde - Histoire de l'Aéronautique


http://www.linternaute.com/histoire/jou ... ndex.shtml

Re: Bon, bin, heu? La boite à clous. Ici on trouve de tout.

Publié : ven. janv. 21, 2011 2:09 am
par saintluc
Les colonnes infernales désignent les opérations menées par les armées républicaines du général Turreau lors de la guerre de Vendée (1793 - 1796), en France, afin de détruire les dernières troupes vendéennes.

Après l'anéantissement de l'Armée catholique et royale lors de la Virée de Galerne, le général Turreau met au point un plan visant à quadriller la Vendée militaire par douze colonnes incendiaires avec pour ordres d'exterminer tous les « brigands » ayant participé à la révolte, femmes et enfants inclus, de faire évacuer les populations neutres ou patriotes, de saisir les récoltes et les bestiaux et d'incendier les villages et les forêts, de faire de la Vendée un « cimetière national » avant de la faire repeupler par des réfugiés républicains.

De janvier à mai 1794 les colonnes quadrillent la Vendée, certaines se livrent aux pires exactions, incendies, viols, tortures, pillages, massacres des populations souvent sans distinction d'âge, de sexe ou d'opinion politique. Ces atrocités coûtent la vie à des dizaines de milliers de personnes et valent aux colonnes incendiaires d'être surnommées « colonnes infernales ».

Loin de mettre fin à la guerre, ces exactions provoquent de nouveaux soulèvements des paysans menés par les généraux Charette, Stofflet, Sapinaud et Marigny. Ne parvenant pas à vaincre les insurgés, dénoncé par les patriotes locaux et certains représentants en mission, Turreau finit par perdre la confiance du Comité de Salut Public, sa destitution mettant fin aux colonnes mais pas à la guerre.
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Louis Marie Turreau
peinture de Louis Hersent, 1800.
Musée Carnavalet, Paris.



Suite: http://fr.wikipedia.org/wiki/Colonnes_infernales

Re: Bon, bin, heu? La boite à clous. Ici on trouve de tout.

Publié : ven. janv. 21, 2011 2:48 am
par orchidee
Le drapeau du Québec ou le fleurdelisé[1] est le drapeau national[2],[3] du Québec. Il est composé d'une croix blanche et de quatre fleurs de lys de la même couleur sur fond azur.

Le drapeau est adopté par le gouvernement du Québec pendant le mandat du gouvernement de Maurice Duplessis.
Il est élevé pour la première fois le 21 janvier 1948 à 15 heures, heure locale, au parlement provincial situé à Québec.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Drapeau_du_Qu%C3%A9bec

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De couleur blanche, la croix renvoie au catholicisme. Centrée et droite, elle est typique des anciens royaumes d’Europe occidentale. L'utilisation de croix blanches sur les drapeaux français remonte au XIIIe-XIVe siècle.

Comme pour le « Carillon », ancêtre direct du fleurdelisé, le bleu symbolisait à l'origine la Vierge Marie. S’éloignant peu à peu de sa symbolique originelle, la couleur du drapeau est devenue nettement plus foncée au fil des années. Les drapeaux bleus à croix blanche sont attestés en France comme symboles militaires ou de la marine marchande dès le XVIe siècle. Le fond bleu royal rappelle la couleur du blason des souverains de France qui régnèrent durant la domination française en Amérique.
Quant au lys comme symbole de la monarchie française, il est attesté à partir du XIIIe siècle (même si une légende le fait remonter à Clovis). Les fleurs de lys du drapeau québécois se distinguent de celles du blason royal français par leur couleur. Les premières sont blanches, la couleur du catholicisme, mais aussi celle du royaume de France sous les Bourbons, les fondateurs de la colonie. Les secondes sont dorées, la couleur des Capétiens directs. Même si elles ont été apposées sur le drapeau du Québec afin de rappeler l’époque de la Nouvelle-France, ces fleurs de lys blanches ne symbolisent pas pour autant un quelconque attachement du peuple québécois à la monarchie française. Le lys de l'héraldique, décliné en différentes couleurs selon les régions, s'est imposé comme symbole de la francité nord-américaine, du moment que la feuille d'érable devint un emblème pan-canadien.
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Historique
Après 1665, lorsque le premier contingent militaire français débarque en Nouvelle-France, le pavillon du roi de France se répandra graduellement à l'échelle de l'Amérique du Nord pour les cent prochaines années. Toutefois, suite à la Conquête britannique de 1759 et la prise de Québec, on hisse le drapeau britannique sur les remparts.

Le désir des Canadiens français pour un drapeau distinct précède la Confédération canadienne. Lors des insurrections de 1837-1838 et de la proclamation de la très éphémère République du Bas-Canada, le drapeau des Patriotes, composé de trois bandes horizontales verte, blanche et rouge, fut brandi. Les couleurs représentaient chaque diversité supportant la libération des Canadiens français. Le vert aux Irlandais, le blanc aux Canadiens français et le rouge aux Britanniques. Il fut par la suite adopté par la Société Saint-Jean-Baptiste.

Le tricolore français était également souvent utilisé par l'ensemble des francophones lors des premières années de la Confédération canadienne (cf. le Drapeau de l'Acadie).

L'ancêtre du fleurdelisé fut créé par Elphège Filiatrault, un prêtre de Saint-Jude, dans le diocèse de Saint-Hyacinthe. Nommé drapeau de Carillon, celui-ci ressemble au drapeau du Québec, les fleurs de lys étant plutôt dorées, placées aux quatre coins et pointant vers l'intérieur. L’abbé Filiatrault s'est inspiré d'une bannière qui n’est pas munie d’une croix et qui est frappé de la figure de la Vierge Marie au centre de l'une de ses faces : la Bannière de Carillon. Il en eut l'idée en constatant l'émotion générale provoquée par chacun des déploiements de cette bannière, notamment dans les défilés de la Saint-Jean-Baptiste (à partir de 1848), qui aurait été portée par la milice canadienne lors de la Bataille de Fort Carillon (maintenant Ticonderoga) dont la victoire des troupes françaises est imputée au général Louis-Joseph de Montcalm. Le Carillon de Filiatrault fut élevé pour la première fois le 26 septembre 1902 et est préservé aux archives de Saint-Hyacinthe.

Une variante de ce drapeau est frappée d'un Sacré-Cœur en son centre. On l'appelle le Carillon-Sacré-Cœur. Il fut adopté par la société Saint-Jean Baptiste comme drapeau officiel des Québécois avant d’être remplacé par l’actuel drapeau du Québec. Il est à noter que les Canadiens français de l'Ontario qui déployaient alors aussi le Carillon-Sacré-Cœur n'ont par la suite jamais adopté le drapeau du Québec comme bannière. Dans les années 1970, un drapeau fleurdelisé vert et blanc fut créé pour les représenter. Quant aux Acadiens, ils brandissaient déjà depuis longtemps un tricolore français frappé d'une étoile jaune-dorée en son coin supérieur gauche.

Le 26 mai 1868, la reine Victoria accorda un Ensign au Québec qui, dès ce moment, put être utilisé comme le drapeau officiel du Québec. Il s'agissait d'un Blue Ensign avec l'Union Jack dans le coin supérieur gauche et les armoiries du Québec à la droite. Il semblerait cependant qu'il fut utilisé très rarement : plusieurs sources, incluant le site du gouvernement du Québec[6], mentionnent que ce fut l'Union Jack qui flotta au-dessus du parlement jusqu'au 21 janvier 1948 et non le Blue Ensign. De plus, en 1938, à l'ouverture d'une école minière à Val-D'Or, le drapeau utilisé pour représenter le gouvernement du Québec fut un emblème. Ceci fut fait à la demande de Burroughs Pelletier, qui fut avisé que le ministère voulait un symbole, mais qu'il était incertain sur lequel devait être utilisé.

En 1947, un membre indépendant de l'Assemblée nationale, René Chaloult, dépose une motion demandant la création d'un drapeau québécois pour remplacer l'impopulaire Red Ensign canadien. Plusieurs idées furent développées entre Chaloult, Lionel Groulx et Maurice Duplessis. Une de ces idées incorporait une feuille d'érable rouge (symbole qui fut par la suite utilisé pour le drapeau du Canada). Burroughs Pelletier fut aussi approché pour présenter quelques projets à Duplessis, dont aucun ne furent adoptés. Maurice Duplessis choisit plutôt d'adopter le Carillon, très populaire. Pelletier fut consulté sur l'apparence du drapeau, et sur son conseil les fleurs de lys du Carillon ont été pointées vers le haut pour être conforme aux règles de l'art héraldique.

Le 21 janvier 1948, un nouveau drapeau fut adopté et fut élevé au-dessus du Parlement l'après-midi même. Apparemment, ce fut le Carillon qui vola cette journée puisque le fleurdelisé moderne ne fut pas disponible et ce, jusqu'au 2 février[réf. nécessaire].

Le drapeau fut adopté par décret ministériel et la nouvelle fut présentée à l'Assemblée législative comme étant plus ou moins un fait accompli avant même que la motion de René Chaloult ne fût débattue. Le chef de l'opposition Adélard Godbout exprima son accord, tout comme René Chaloult. Une loi gouvernant l'usage du drapeau fut par la suite officiellement adoptée par la législature le 9 mars 1950. Une version plus récente de celle-ci fut adoptée en 2002.

Re: Bon, bin, heu? La boite à clous. Ici on trouve de tout.

Publié : sam. janv. 22, 2011 2:15 am
par saintluc
1843
22 janvier
Première du Vaisseau Fantôme
Richard Wagner révolutionne l’opéra en présentant le "Vaisseau Fantôme" à Dresde. Inspiré par une œuvre de Heinrich Heine, ce drame rompt avec l’opéra conventionnel et annonce la maturité de l’auteur, pleinement exprimée quelques années plus tard avec "Tannhäuser". Le leitmotiv, c’est-à-dire thème musical associé à un élément du drame ou à une émotion, qui sera abondamment utilisé dans la Tétralogie, y apparaît en gestation.
Voir aussi : Histoire du Romantisme - Wagner - Histoire de l'Opéra



1852
22 janvier
Création de la médaille militaire
Le président de la République Louis-Napoléon Bonaparte, futur Napoléon III, crée une nouvelle décoration : la médaille militaire. Elle est accordée aux sous-officiers et hommes de troupe pour leur ancienneté de service. Ainsi qu'aux officiers généraux qui ont commandé en chef devant l'ennemi.
Voir aussi : Napoléon III - Histoire des Institutions



1879
22 janvier
Bataille d'Isandhlwana
L'armée zouloue du roi Ceteweyo composée de 20 000 hommes attaque les anglais à Isandhlwana dans le Transvaal (Nord-Est de l'Afrique du Sud). Les britanniques, pris de court, perdent en moins d'une heure plus de 1000 hommes. Les pertes zouloues s'élèvent à 2 000 combattants. L'Angleterre, qui a annexé la région en 1877, subit la plus grande défaite de son histoire coloniale. Après six mois d'affrontements, le roi Ceteweyo sera capturé en juillet 1879, marquant ainsi la fin des guerres zouloues. La bataille d'Isandhlwana sera portée à l'écran en 1964 dans le film britannique "Zulu".
Voir aussi : Bataille - Histoire du Transvaal - Histoire des Zoulous - Histoire des Guerres



1901
22 janvier
Mort de la reine Victoria
La reine d'Angleterre et impératrice des Indes meurt dans son château d'Osbone sur l'île de Wight. Agée de 81 ans, Victoria a régné pendant plus de 60 ans sur un immense empire s'étendant sur les cinq continents. Elle a seulement 18 ans lorsqu'elle monte sur le trône d'Angleterre. Taxée d'incompétente, elle doit rapidement faire ses preuves. Son règne marquera pourtant l'apogée économique et territoriale de la Grande-Bretagne. Son fils aîné, le prince de Galles, lui succèdera sous le nom d'Edouard VII.
Voir aussi : Décès - Histoire des Décès



1905
22 janvier
Dimanche rouge en Russie
A l'initiative du pope Gheorghi Gapone, plus de 100 000 ouvriers russes manifestent pacifiquement devant le palais d'hiver de Saint-Pétersbourg. Ils désirent présenter au Tsar Nicolas II une pétition en faveur de réformes sociales er politiques. Mais l'armée tire sur la foule et tue près d'un millier de manifestants. La grève générale s'étend bientôt à toute le Russie, la Pologne et le Caucase. Cette répression sanglante marque le début de la première révolution russe. Lénine affirmera plus tard que le "dimanche rouge" de 1905 constitua "la répétition générale" de 1917.
Voir aussi : Manifestation - Tsar - Nicolas II - Histoire de l'Opposition



1963
22 janvier
France-Allemagne : signature du traité de l'Elysée
Le chancelier d'Allemagne de l'Ouest Konrad Adenauer et le président de la République française Charles de Gaulle signent le traité d'amitié franco-allemand de l'Elysée. Il stipule que des sommets seront organisés régulièrement entre les deux pays et instaure la création de l'Office franco-allemand de la Jeunesse. Ce rapprochement met fin à une rivalité séculaire entre les deux puissances européennes. En 1988, François Mitterrand et Helmut Kohl viendront compléter le dispositif en instituant un Conseil franco-allemand de défense et de sécurité et un Conseil franco-allemand économique et financier.
Voir aussi : De Gaulle - Adenauer - Histoire des Traités



1972
22 janvier
Elargissement de la CEE
A Bruxelles, l'Irlande, le Royaume-Uni, le Danemark et la Norvège signent un traité d'adhésion au marché commun européen. Dès le 1er janvier 1973, les Britanniques, les Danois et les Irlandais intègreront la CEE. En revanche, les Norvégiens, soumis à un référendum, refuseront d'entrer dans la Communauté européenne.
Voir aussi : Dossier histoire de la naissance de l'Union européenne - Histoire de la CEE - Elargissement - Marché commun - Histoire de la Construction européenne



1972
22 janvier
L’Irlande adhère à la CEE
L'acte d'adhésion de la République d’Irlande au sein de la Communauté économique européenne est signé. Cet événement bouleversera les fortes tendances conservatrices du pays. L’Irlande s’ouvrira d’avantage sur le reste du monde et l’Église catholique développera une certaine tolérance vis-à-vis des femmes et des jeunes gens. L’Irlande apposera sa signature sur le traité de Maastricht en 1991 et rejoindra ainsi les membres de l’Union européenne.
Voir aussi : Dossier histoire de la naissance de l'Union européenne - Histoire de la CEE - Histoire de l'Union Européenne - Histoire du Traité de Maastricht - Histoire de la Construction européenne



1981
22 janvier
Dallas arrive en France
La série américaine "Dallas" est diffusée pour la première fois sur TF1, trois ans après son apparition sur la chaîne américaine CBS (2 avril 1978). Les tribulations des Ewing, une riche famille texane ayant fait fortune dans le pétrole, feront trembler la France durant 356 épisodes.
Voir aussi : Série - Histoire de la CBS - Histoire de Dallas - Histoire de la Télévision



1988
22 janvier
Dissolution de la Compagnie des Agents de Change
Une loi est promulguée et réforme le système boursier en France. La Compagnie des Agents de Change est supprimée pour laisser la place à la Société des Bourses Françaises.
Voir aussi : Dossier histoire de la bourse - Bourse de Paris - Histoire de la Finance



1992
22 janvier
"L’Amant", le chef d’œuvre de Marguerite Duras, adapté au cinéma
Le roman de Marguerite Duras, "L’Amant", est largement autobiographique et a pour cadre l’Indochine des années 30. Il avait reçu le prix Goncourt lors de sa sortie en 1984. L’adaptation cinématographique est réalisée par Jean-Jacques Annaud. Lors du tournage du film, Marguerite Duras est associée au projet. Cependant, elle désapprouve le travail du réalisateur et en viendra à réécrire son roman en 1991. Cette nouvelle version s’appellera "L'Amant de la Chine du Nord".
Voir aussi : Sortie - Histoire du Prix Goncourt - Cinéma - Histoire des Romans



2007
22 janvier
Mort de l’abbé Pierre
À 94 ans, l’abbé Pierre, fondateur d'Emmaüs, s’éteint des suites d’une infection pulmonaire. La France entière est endeuillée par la perte d’un homme hors du commun. Religieux, résistant, pacifiste, il a consacré sa vie à la défense des droits de l’homme et à la lutte contre la misère et l’inégalité. Son appel à la bonté au cours de l’hiver 54 reste gravé dans toutes les mémoires.
Voir aussi : Abbé Pierre - Histoire d'Emmaüs - Histoire de la Société


http://www.linternaute.com/histoire/jou ... ndex.shtml

Re: Bon, bin, heu? La boite à clous. Ici on trouve de tout.

Publié : sam. janv. 22, 2011 2:33 am
par saintluc
La bataille d'Isandhlwana est une bataille livrée le 22 janvier 1879 en Afrique du Sud, pendant la guerre anglo-zouloue (1879), et qui s'est soldée par l'une des plus grandes défaites coloniales britanniques.

L'Isandhlwana (également nommée Isandlwana ou Isandula) est une colline isolée dans la province du KwaZulu-Natal. Isandhlwana veut dire la colline qui ressemble à un bœuf.

Une armée de près de 23 500 Zoulous, commandée par Ntshingwayo Khoza et Mavumengwana Kamdlela Ntuli, balaie six compagnies du 24e régiment d'infanterie britannique, un contingent de volontaires du Natal et des auxiliaires Basotho, soit 1 400 hommes environ, sous les ordres du colonel Durnford et du lieutenant-colonel Pulleine. Le lendemain un poste avancé britannique situé non loin de là à Rorke's Drift résiste victorieusement à 3 000 Zoulous.
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Bataille d'Isandhlwana (Charles Edwin Fripp)
La guerre anglo-zouloue de 1879 trouve son origine dans la politique agressive de Sir Henry Bartle Frere, "High Commissioner" (haut commissaire) des possessions britanniques en Afrique du Sud. Administrateur colonial de grande expérience, il est envoyé au Cap en 1877 afin de réaliser la réunion des colonies britanniques, des républiques boers et des royaumes africains dans une Confédération unique dirigée par le gouvernement du Royaume-Uni, très intéressé par la région depuis la découverte de diamants à Kimberley en 1868. Rapidement Bartle Frere conclut que le royaume zoulou est un obstacle à la mission qui lui est assignée et il est persuadé que le roi Cetshwayo kaMpande appuie la vague de mécontentement des populations africaines qui secoue alors l'Afrique du Sud . En dépit des avis contraires de son gouvernement, déjà engagé dans une guerre difficile en Afghanistan et très inquiet par la tournure prise par la crise qui oppose à la même période la Russie et l'Empire ottoman dans les Balkans, et qui par conséquent prône la modération et la négociation avec les Zoulous pour ne pas multiplier les conflits, Bartle Frere estime que l'épreuve de force est inéluctable et que les troupes dont il dispose sont suffisantes pour y faire face avec succès . Il recherche donc toutes les occasions de précipiter les évènements. À la suite d'un incident frontalier survenu en juillet 1878 et lors duquel deux femmes indigènes fuyant le pays zoulou, sont rattrapées en territoire britannique et exécutées par leurs poursuivants devant les soldats anglais, il envoie le 11 décembre un ultimatum à Cetshwayo kaMpande, par lequel il exige outre la livraison des coupables (qui ont déjà été jugés selon les lois zouloues) et le paiement d'une importante rançon en tête de bétail, le démantèlement et le désarmement partiel de l'armée zouloue, la rectification des frontières ainsi que la désignation d'un résident britannique en pays zoulou, avec voix au grand conseil de la nation zouloue. Cela signifie de facto la perte pour le pays zoulou de son indépendance et son assujettissement à un statut d'état-vassal. Bartle Frere donne 30 jours à Cetshwayo pour accepter ses exigences étant précisé que tout refus serait assimilé à un casus belli. Cetshwayo ne répond pas.
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Bartle Frere
Créée par Chaka au début du XIXe siècle, l'armée ou impi zouloue est la plus puissante machine de guerre à laquelle vont se confronter les Britanniques en Afrique australe. En 1879, à l'ouverture des hostilités, le roi Cetshwayo dispose d'une armée de 55 000 hommes, enrôlés par tranche d'âge dans 33 régiments ou amabutho (singulier, ibutho ). Toutefois, seuls 40 000 hommes sont immédiatement opérationnels. Les guerriers sont principalement armés d'une sagaie à large lame (l'iklwa) et d'un grand bouclier en cuir. Devant la menace britannique croissante, Cetshwayo commence à acheter des armes à feu et l'armée zouloue possède plus de 10 000 mousquets et fusils, de piètre qualité cependant. Cela étant, parfaîtement préparés au combat à l'arme blanche et au corps à corps, les guerriers zoulous ne sont pas entraînés au maniement des armes à feu et de surcroit, nombreux sont parmi eux, ceux qui tiennent leurs fusils à bout de bras pour tirer, afin d'éviter de subir le recul désagréable de l'arme, ce qui bien évidemment préjudicie notablement à la précision!

La tactique de combat de l'armée zouloue a été portée à son apogée par Chaka, et lui a permis d'imposer son hégémonie dans la région. Aux qualités traditionnelles de courage et de mobilité des armées africaines, il a ajouté l'organisation et l'entrainement, transformant un ost indiscipliné en unité de combat particulièrement redoutable, reposant sur un système régimentaire. Pendant la bataille, l'armée zouloue se présente en arc de cercle face à son adversaire. Au centre (la poitrine), se tiennent les régiments aguerris, sur les ailes (ou cornes, comme les nomment les zoulous) sont placés les régiments de jeunes guerriers. Ceux-ci ont pour mission de mettre à profit leur vitesse et leur agilité pour déborder l'ennemi en l'attaquant sur les flancs tout en essayant de l'encercler alors que les guerriers de la poitrine l'engagent de face. Derrière la poitrine, et tournant le dos à la bataille afin de garder leur calme, des régiments de vétérans (les reins) se tiennent en réserve, n'intervenant que pour faire basculer l'affrontement vers la victoire. Chaque homme connaît sa place, les gestes et les manœuvres ayant été répétés indéfiniment, comme dans les armées occidentales, jusqu'à devenir des automatismes.

L'armée zouloue est loin d'être invincible, les Boers l'ont ainsi sévèrement étrillée à la bataille de Blood River en 1838[8], mais elle n'est certainement pas à négliger ou sous-estimer. Les Britanniques qui comptent sur leur puissance de feu pour gagner rapidement le conflit vont en faire l'amère expérience.
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Cetshwayo
Le 9 janvier à minuit, l'ultimatum britannique expire ; à l'aube du 11 janvier, les premières unités de l'armée d'invasion, qui compte environ 13 000 hommes (5 000 réguliers, 1 000 volontaires à cheval, 7 000 auxiliaires indigènes), pénètrent en territoire zoulou. Cette armée est placée sous le commandement du général Frederic Thesiger second baron de Chelmsford dont la stratégie est simple : attaquer Ulundi, la capitale zouloue (appelée « Kraal Royal ») pour tenter à la fois de capturer Cetshwayo et d'anéantir son impi.

Pour mener à bien ces objectifs, Chelmsford décide de lancer son offensive sur trois fronts et divise en conséquence son armée en plusieurs colonnes. À l'aile droite, une première colonne, confiée au colonel Pearson, doit franchir la Tugela, établir un camp provisoire, puis lancer des reconnaissances sur la route d'Ulundi. Au centre, la colonne principale qui campe à Rorke's Drift, et commandée par Chelmsford lui-même et le colonel Glyn, doit se diriger directement sur Ulundi et accrocher le gros des forces zouloues. À gauche, une troisième colonne (colonel Wood) doit traverser la Blood River (ou Ncome), affluent de la Tulega, et refermer la tenaille. Chacune de ces colonnes est assez forte pour être en mesure de défaire l'armée zouloue sans avoir besoin du soutien des deux autres.

Enfin, Chelmsford qui ne méconnait pas le risque d'une attaque zouloue en territoire britannique, confie une quatrième colonne au colonel Durnford avec pour mission de rester en réserve au Natal et d'assurer la surveillance active de la frontière pour prévenir toute éventualité. Une cinquième colonne, commandée par le colonel H. Rowlands, s'installe à Luneburg au Transvaal, annexé par le Royaume-Uni depuis 1877, afin là aussi de prévenir toute offensive zouloue mais aussi de surveiller les éventuels opposants locaux à la domination britannique.

Cetshwayo de son côté ne veut pas la guerre, trop conscient de la supériorité militaire de ses adversaires. Cependant l'invasion de son territoire rendant celle-ci inéluctable, il ordonne à ses guerriers d'aller au-devant de l'ennemi mais leur interdit de pénétrer au Natal. Il entend en effet mener une guerre essentiellement défensive afin de prouver son absence d'intention agressive.

L'effort principal de son armée, dont il donne le commandement au chef Ntshingwayo kaMahole Khoza, porte sur la colonne du centre, considérée à juste titre comme la plus puissante et la plus dangereuse, tandis que la marche des deux autres colonnes doit être ralentie par des attaques de harcèlement menées par les guerriers résidants dans les régions qu'elles traversent.

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L'armée britannique pénètre au Zoulouland.
Dès le 12 janvier, la première escarmouche est livrée. La route empruntée par la colonne centrale suit la vallée de la Batshe, fief de Sihayo kaXongo, l'un des vassaux de Cetshwayo et dont les hommes sont à l'origine des incidents de frontière justificatifs de l'ultimatum du 11 décembre. Le village de Sihayo est situé le long des pentes de collines abruptes, en forme de fer-à-cheval, et constitue une excellente position défensive. Sihayo est absent et son domaine est défendu par Mkhumbikazulu, l'un de ses fils, et entre 200 et 300 guerriers. L'attaque britannique est menée par les cavaliers du Natal Native Contingent. Accueillis par une fusillade, ils sont repoussés ; Chelmsford fait intervenir l'infanterie dont l'assaut, auquel se joignent les cavaliers, est irrésistible. Mkhumbikazulu est tué et ses guerriers dispersés. Une centaine de Zoulous sont tués ou blessés lors des affrontements alors que le Natal Native Contingent perd deux hommes et compte une douzaine de blessés dont deux officiers.

Le combat conforte les Britanniques dans leur conviction que la victoire sera aisée. Les Zoulous ont combattu bravement mais ils n'ont pas tenu devant la puissance de feu et le professionnalisme de leurs adversaires et cela malgré l'avantage du terrain dont ils disposaient.

Pour des raisons logistiques, l'avance de la colonne est suspendue jusqu'au 20 janvier et elle retourne à Rorke's Drift. En effet, les pluies de décembre ont détrempé le sol et la route s'avère impraticable pour les lourds chariots et le train d'artillerie. De surcroit, les hommes du génie doivent préparer des passages guéables pour permettre aux troupes de franchir la Batshe ou la Manzymnyama. Le 20 au matin, Chelmsford donne l'ordre du départ et l'armée arrive dans l'après-midi au pied d'Isandhlwana où elle fait halte et établit un camp. Celui-ci est dressé sur une pente douce, face à la direction d'Ulundi, devant la montagne, sur un site découvert qui offre une excellente visibilité. C'est un vaste champ de tentes dépourvu de la moindre fortification. Aucune tranchée n'est creusée, le sol trop rocailleux ne le permet pas et les chariots sont réunis dans un col à proximité plutôt que d'être installés en cercle, autour du bivouac, à la mode des laager boers, pour en assurer la sécurité.

Le 22 janvier, des éclaireurs repèrent des forces zouloues dans les collines du Nkandhla, à l'est du camp. Très tôt dans la matinée, Chelmsford part avec trois mille hommes à leur rencontre et confie le commandement du camp au lieutenant-colonel Pulleine. Avant son départ, il envoie un message au colonel Durnford pour lui demander de rallier Isandhlwana au plus tôt, avec sa colonne. Les ordres qu'il donne à ce dernier sont vagues et il semble qu'il ait surtout désiré restreindre son autonomie en intégrant ses troupes dans la colonne principale car quelques jours plus tôt, Durnford avait en effet entrepris de son propre chef une reconnaissance en terrain ennemi, sans l'aval de Chelmsford.

Peu après le départ de Chelmsford, plusieurs centaines de Zoulous apparaissent à proximité du camp. Ils se contentent d'observer et se retirent. Pulleine met ses hommes en alerte. Durnford arrive vers 10 heures du matin à Isandhlwana.
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Vue de la colline d'Isandlwana et du champs de bataille.
Dès le début des hostilités, l’armée principale des Zoulous se dirigea vers la colonne du centre, commandée par Chelmsford en personne. Le 22 janvier 1879, ce dernier divisa un peu plus ses forces et ordonna au 24 ème Régiment d’Infanterie Légère d’établir son campement dans le voisinage du mont Isandhlwana qui constituait le seul point élevé de ce secteur. Le campement fut établi sans précautions particulières : la majeure partie des forces occupaient le camp central avec de rares effectifs placés sur la gauche, une faible avant garde et la droite tenue par les contingents indigènes auxiliaires dont la capacité de résistance était sujette à caution.
Masqués par un plateau, le corps zoulou, fort d’au moins 20.000 hommes voire 40.000, fondit par surprise sur le campement occupé par environ 800 soldats réguliers britanniques et leurs alliés, soit un total de 1.700 hommes environ.

Les Zoulous durent traverser un espace ouvert afin de parvenir au contact et pouvoir utiliser leur armement type, bouclier et sagaie. Un assaut massif se produisit dans le secteur central alors que les ailes droite et gauche entamaient leur mouvement d’enveloppement.
La faible avant garde britannique dut bientôt battre en retraite devant un adversaire numériquement très supérieur.
Les Britanniques formèrent une ligne de défense dont le feu, tout d’abord impénétrable, causa des ravages dans les masses assaillantes. Toutefois, l’assaut se poursuivant, les premières lignes britanniques finirent par manquer de munitions; les cartouches qui étaient disponibles dans le campement leur furent refusées car appartenant à d’autres unités !
Les Zoulous exercèrent une forte pression sur le centre et les flancs britanniques empêchant les officiers anglais de prélever des effectifs d’un point pour en renforcer un autre.
Les pièces d’artillerie britanniques, nullement préparées en vue d’un assaut, ne furent d’aucune utilité. Seules certaines purent être évacuées en hâte.
Le désastre se précisa pour les Anglais lorsqu’une des « cornes du taureau » frappa les contingents indigènes placés sur le flanc droit et qui ne tardèrent pas à céder à la panique et prendre la fuite, laissant une large brèche dans les lignes.
Aux cris de « Zulu ! Zulu! », les autochtones chargèrent à travers la brèche pour atteindre le centre du campement anglais.
Le mouvement enveloppant se referma sur le centre et la gauche anglaises qui cédèrent à leur tour.
Hormis quelques artilleurs et l’état-major, il n’y eut pratiquement aucun survivant. Quelques fugitifs furent rejoints et massacrés au gué de Fugitive’s drift, à faible distance du champ de bataille. Sur ce dernier, il n’y eut ni blessé, ni prisonnier anglais.


a nouvelle du désastre d’Isandhlwana frappa de stupeur la Grande Bretagne qui connut là l’une des pires défaites de son histoire. Le fait était d’autant plus inadmissible que cette défaite avait été infligée par une armée irrégulière de « sauvages » dépouvus de toute technologie.

Re: Bon, bin, heu? La boite à clous. Ici on trouve de tout.

Publié : dim. janv. 23, 2011 1:40 am
par saintluc
98
23 janvier
Trajan devient empereur de Rome
Marcus Ulpius Trajanus est proclamé empereur romain à la mort de Nerva. Il entraînera l'Empire dans une politique de conquêtes si intense que le royaume romain atteindra des dimensions jamais égalées. Souverain provincial, Trajan brillera aussi par sa simplicité et sa tolérance. L'empereur Hadrien lui succèdera.
Voir aussi : Sacre - Histoire de Rome - Trajan - Histoire de la Rome antique



1556
23 janvier
Shaanxi victime du séisme le plus meurtrier de l'histoire
La province de Shaanxi, au centre de la Chine, est secouée par un terrible tremblement de terre, considéré comme le plus meurtrier de l’histoire. Entre 800 000 et un million de victimes auraient été dénombrées.
Voir aussi : Tremblement de terre - Histoire des Catastrophes naturelles



1719
23 janvier
Création du Liechtenstein
Les seigneuries de Schellenberg et de Vaduz, acquises par les princes autrichiens de Liechtenstein, sont érigées en principauté d'empire indépendante sous le nom de Liechtenstein par l'empereur d'Allemagne, Charles VI.
Voir aussi : Fondation - Histoire de l'Etat



1790
23 janvier
Fletcher brûle le "Bounty"
Afin d'échapper aux autorités britanniques et à la prison, le maître d'équipage du "Bounty" Christian Fletcher, ainsi que huit de ses compagnons et leurs épouses tahitiennes débarquent sur l'île déserte de Pitcairn à plus de 2000 kilomètres de Tahiti. Dès leur arrivée, les mutins décident de brûler la frégate pour ne jamais être retrouvés. La petite colonie vivra en autarcie jusqu'en 1808, date à laquelle un baleinier américain, le Topaz, fera escale à Pitcairn. Le capitaine du Topaz retrouvera le dernier survivant de la mutinerie, John Adams et 34 femmes et enfants métis de sang tahitien. Fletcher était mort deux ans après son arrivée sur l'île. Sa femme, Maimiti, vivra jusqu'à 90 ans.
Voir aussi : Mutinerie - Bligh - Histoire du Bounty - Fletcher - Histoire des Faits divers



1852
23 janvier
La famille d'Orléans est bannie de France
Les biens de la famille d'Orléans, héritière du trône de France, sont confisqués par l'Etat français. Toutes les recettes des ventes seront attribuées aux sociétés de secours mutuels, à la construction de logements ouvriers et aux établissements pratiquant le crédit foncier. Plusieurs ministres préfèrent quitter le gouvernement plutôt qu'être associés à cette mesure voulue par Louis-Napoléon Bonaparte.
Voir aussi : Bannissement - Confiscation - Histoire des Bourbons-Orléans



1860
23 janvier
Signature d'un traité de commerce franco-anglais
La France et l'Angleterre signent un traité de libre-échange destiné à abolir les taxes douanières sur les matières premières et la majorité des produits alimentaires. Une taxe de 30% est fixée pour les produits manufacturés. L'accord est négocié par les français Rouher et Michel Chevalier et le britannique Richard Gobden. Ce rapprochement franco-britannique voulu par la reine Victoria et Napoléon III, confirme la volonté d'alliance et de coopération entre les deux ennemis héréditaires.
Voir aussi : Traité - Commerce - Taxes - Histoire du Commerce



1930
23 janvier
Première apparition de "Quick et Flupke"
Georges Rémy, alias Hergé, publie pour la première fois les aventures de "Quick et Flupke" dans le journal belge "le Petit vingtième", tout comme il l'avait fait pour "Tintin" un an auparavant. Les deux garnements bruxellois resteront pourtant dans l'ombre écrasante du jeune reporter.
Voir aussi : BD - Hergé - Tintin - Histoire des Bandes dessinées



1937
23 janvier
Deuxième procès de Moscou
Outil majeur des purges staliniennes, le deuxième procès de Moscou, ou procès des 17, met en cause essentiellement des responsables économiques. En tout, quatre procès décimeront les élites russes afin d’asseoir le pouvoir de Staline. A chaque fois, les motifs invoqués tournent autour de trahison trotskyste et de sabotage. Ils donnent lieu à des aveux fantaisistes pour finir dans le sang des accusés. Le premier procès mettait en cause des hauts dirigeants politiques, ce qui sera également le cas du quatrième. Ceci permet à Staline d’exécuter trois responsables politiques majeurs : Zinoviev, Kamenev et Boukharine. Quant au troisième procès, il décimera la tête de l’Armée rouge. La plupart des accusés sont condamnés à mort et exécutés le 30 janvier.
Voir aussi : Dossier histoire de l' URSS - Procès - Staline - Histoire de Moscou - Purges - Histoire de la Justice



1955
23 janvier
Premières émissions de Télé Luxembourg
La CLR, devenue CLT (Compagnie Luxembourgeoise de télédiffusion), lance ses premières émissions de télévision et dépasse ainsi le cadre de la radio, son activité historique. Dans les années 2000, RTL group diffuse, au travers de l’Europe, 25 chaînes de télévision et 18 stations de radio.
Voir aussi : Radio - Histoire de RTL - Histoire de la Télévision



1960
23 janvier
Le "Trieste" descend à 11 020 mètres
Le bathyscaphe américain "Trieste" atteint la profondeur de 11 020 mètres dans la fosse des Mariannes dans le Pacifique Ouest. A son bord, le suisse Jacques Picard, fils de l'inventeur du sous-marin Auguste Picard, et le lieutenant américain Don Walsh. Les deux hommes ont commencé leur descente à 8h23. Il leur aura fallu 5 heures pour atteindre les abysses. Le bathyscaphe refera surface à 16h56 précises. Aucun homme au monde avant Picard et Walsh n'avait pu observer de telles profondeurs.
Voir aussi : Record du monde - Sous-marin - Plongée - Histoire de la Mer



1978
23 janvier
Enlèvement du baron Empain
Le baron belge Edouard-Jean Empain, 41 ans, PDG du groupe Empain-Schneider, est enlevé à 11 heures du matin en sortant de son domicile parisien, avenue Foch. Ses ravisseurs demanderont une rançon de 100 millions de francs puis de 40 millions. Pour faire pression sur la famille Empain, ils n'hésiteront pas à amputer leur otage de l'auriculaire. Au terme de deux mois de séquestration, le Baron Empain sera libéré le 26 mars après que l'un de ses preneurs d'otage se soit fait arrêter par la police.
Voir aussi : Enlèvement - Baron Empain - Histoire des Faits divers



1999
23 janvier
Troisième mariage de Caroline de Monaco
Veuve de Stefano Casiraghi, mort dans un accident de off-shore en 1990, Caroline de Monaco refait sa vie avec Ernst Auguste de Hanovre. Le mariage civil se déroule à Monaco. Ensemble, ils auront une petite fille, Alexandra. Caroline de Monaco s’était déjà unie à Philippe Junot en 1978, avant de divorcer en 1980. C'est en deuxième noce qu'elle épousa Stefano Casiraghi.
Voir aussi : Dossier histoire Mariage - Caroline de Monaco - Stefano Casiraghi - Histoire des Faits divers



2002
23 janvier
Décès de Pierre Bourdieu
Le sociologue français Pierre Bourdieu s’éteint à Paris, rongé par le cancer. Il s’est fortement impliqué dans la vie politique et sociale française, publiant de nombreux ouvrages souvent étudiés dans les universités. Il a d’ailleurs longtemps enseigné au Collège de France, faisant bénéficier ses élèves de ses grandes réflexions sociologiques sur tous les domaines du monde moderne.
Voir aussi : Histoire de la Philosophie



http://www.linternaute.com/histoire/jou ... ndex.shtml

Re: Bon, bin, heu? La boite à clous. Ici on trouve de tout.

Publié : lun. janv. 24, 2011 1:47 am
par saintluc
41
24 janvier
Assassinat de Caligula
L'empereur Caligula, arrière petit-fils d'Antoine, est assassiné par des soldats de la garde prétorienne. La folie qui avait frappé l'empereur peu de temps après son avènement (37) l'avait transformé en tyran sanguinaire et mégalomane. Il n'hésitait pas à rabaisser ses sujets en disant d'eux : "Qu'ils me haïssent pourvu qu'ils me craignent", et se considérait comme le "Nouveau Soleil". La légende raconte aussi qu'il avait élevé son cheval favori au rang de consul. Son assassinat est vécu à Rome comme une libération.
Voir aussi : Assassinat - Histoire de Rome - Histoire de la Rome antique



661
24 janvier
Mort d'Ali, gendre de Mahomet
Le gendre du prophète Mahomet et quatrième calife (remplaçant du prophète) est assassiné d'un coup d'épée empoisonnée devant la mosquée de Koufa, en Mésopotamie (Irak aujourd'hui). Son assassin n'est autre qu'un de ses ex-partisans devenu adepte de la secte kharidjite. La mort d'Ali entraîne un grave schisme dans le monde musulman entre les shiites d'Ali, qui prônent une grande rigueur dans la pratique de la religion, et les sunnites, défenseurs d'une application souple de la doctrine musulmane. Le prochain calife, Moawiya, un sunnite, établira la capitale de l'empire arabe à Damas et fondera la dynastie héréditaire des Omeyyades.
Voir aussi : Décès - Mahomet - Ali - Histoire de l'Islam



1076
24 janvier
Querelle des Investitures : le pape est déposé
Depuis quelques années, un mouvement réformateur dit "grégorien" vise à redresser l’Église. Il s’oppose au principe d’investiture laïque selon lequel les princes nominent les abbés et les évêques, leur attribuant souvent un fief. Ce système a pour conséquence de féodaliser les prélats, qui deviennent des vassaux de l’empereur et, en tant que seigneurs, peuvent facilement s’adonner à la simonie (trafic de biens spirituels tels que les charges religieuses) et se marier. En réponse au décret du pape Grégoire VII qui supprimait ce système, le roi germanique Henri IV le fait déposer. Le pape réplique à son tour en excommuniant l’empereur.
Voir aussi : Dossier histoire des Etats pontificaux - Querelle des Investitures - Grégoire VII - Histoire du Moyen-Âge



1848
24 janvier
Le Mexique cède la Californie
La signature du traité de Guadalupe Hidalgo marque la fin de la guerre du Mexique (1846-1848) qui oppose Mexicains et Américains. Défaits, les Mexicains se voient contraints de céder le Texas, la Californie et le Nouveau-Mexique. Les Etats-Unis récupèrent la moitié du territoire mexicain.
Voir aussi : Histoire de Californie - Histoire du Texas - Histoire des Traités



1920
24 janvier
Mort du peintre Amadeo Modigliani
D’une santé fragile dès sa jeunesse, Modigliani meurt de la tuberculose après avoir mené une vie tourmentée. En effet, le peintre était aussi connu pour ses tableaux que pour ses excès d’alcool et de drogue, qui l’ont fragilisé et conduit à cette fin prématurée. Le lendemain de sa mort, sa femme et modèle Jeanne Hébuterne se suicidera, laissant leur fille de deux ans, Jeanne, orpheline. Ses addictions et sa fin tragique font de Modigliani l’incarnation vivante du mythe romantique du "peintre maudit".
Voir aussi : Tuberculose - Histoire de la Peinture



1922
24 janvier
Invention de l'esquimau glacé
L'esquimau glacé est inventé par l'américain Christian K. Nelson, originaire de Onawa dans l'Iowa. Le brevet stipule qu'il s'agit d'une crème glacée ou d'un sorbet, recouvert d'une enveloppe en chocolat.
Voir aussi : Glace - Histoire de l'Alimentation



1924
24 janvier
Petrograd devient Leningrad
En hommage au père de la révolution russe Vladimir Ilitch Oulianov dit Lénine qui vient de mourir (21 janvier), la capitale soviétique est rebaptisée Leningrad. Sa ville natale Simbirsk reçoit le nom d'Oulianovsk. Leningrad redeviendra Saint-Pétersbourg au lendemain de la chute du régime soviétique.
Voir aussi : Lénine - Histoire de Saint-Petersbourg - Histoire de Petrograd - Histoire de Leningrad - Histoire de l'Etat



1935
24 janvier
Apparition des canettes de bière
La première bière en boîte métallique est vendue par la société américaine Krueger Brewing Company à Richmond, en Virginie.
Voir aussi : Bière - Histoire de l'Alimentation



1966
24 janvier
Catastrophe aérienne sur le Mont-Blanc
Un Boeing 707 de la compagnie Air India effectuant le trajet Bombay-New-York, s'écrase sur le massif du Mont-Blanc. A son bord, 117 passagers dont 48 marins et Homi Bahabha, le père de la bombe nucléaire indienne. Il n'y a aucun survivant. Seize ans auparavant (3 novembre 1950), le "Malabar Princess", un autre appareil d'Air India, s'était abîmé au même endroit faisant 48 morts.
Voir aussi : Histoire du Mont Blanc - Catastrophe aérienne - Histoire des Faits divers



1981
24 janvier
Congrès de Créteil
Le congrès de Créteil du PS désigne Mitterrand comme candidat du parti à la présidentielle de 1981. Il était alors en concurrence avec Michel Rocard. La défaite aux élections de 1974 a en fait été le début d’une montée en puissance du parti qui gagne des voix dans l’opinion. Pour la première fois de son histoire, il aurait pu sortir majoritaire aux législatives en 1978 mais a échoué de peu. Pour enfin réussir, le candidat adopte les célèbres « 110 propositions », qui proposent entre autres l’abolition de la peine de mort. C'est Jospin qui lui succède à la tête du parti.
Voir aussi : Mitterrand - Histoire du Parti Socialiste - Jospin - Rocard - Congrès - Histoire des Partis



1986
24 janvier
Voyager-2 survole Uranus
La sonde spatiale Voyager-II s'approche à 81 593 kilomètres de la planète Uranus. Ses observations donnent des informations précieuses sur l'étonnante diversité de ses satellites, Miranda, Ariel, Umbriel, Titania et Obéron, ainsi que sur les neuf anneaux qui entourent la planète. Partie en 1977, Voyager-II a d'abord atteint Saturne en août 1981 puis s'est dirigée vers Uranus. Le 25 août 1989, elle parviendra jusqu'à Neptune. Puis elle sortira du système solaire pour continuer à circuler dans l'espace jusqu'en 2017, année où son réacteur nucléaire devrait cesser de fonctionner.
Voir aussi : Sonde - Uranus - Histoire de l'Astronomie


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Re: Bon, bin, heu? La boite à clous. Ici on trouve de tout.

Publié : lun. janv. 24, 2011 1:57 am
par saintluc
Caligula (* 31 août 12 à Antium ; † 24 janvier 41 à Rome) (latin : CAIVS•CAESAR•AVGVSTVS•GERMANICVS) est le troisième empereur romain, régnant de 37 à 41, succédant à Tibère.
Caius Augustus Germanicus, dit Caligula (petite sandale en latin), fils du très populaire Germanicus et d'Agrippine l'Aînée, naquit la veille des calendes de septembre en l'an 12, sous le consulat de son père et de C. Fontenius Capito. Il est le petit-neveu (et aussi le petit-fils adoptif) de l'empereur Tibère , lui-même beau-fils et fils adoptif de l'empereur Auguste; Caligula est aussi l'arrière petit-fils en ligne directe d'Auguste. Il avait cinq frères et sœurs : Nero Iulius Caesar, Drusus III, Drusilla, Agrippine la jeune et Julia Livilla.

Selon Suétone, ce n'est que vers l'âge de deux ans qu'il fut envoyé en Germanie rejoindre sa famille. Enfant, il accompagna sa mère qui suivait souvent son père dans les camps militaires et ses bottines adaptées à ses petits pieds lui ont valu le surnom de « Caligula » (diminutif de caligae), qu'il finit par détester. Il fit partie du voyage vers la Syrie, qui vit la mort de son père. À son retour, il fut d'abord confié à sa mère, Agrippine l'Aînée, puis, après la relégation de celle-ci à sa bisaïeule Livie. En 29, à la mort de cette dernière, il prononça son éloge funèbre et fut recueilli par sa grand-mère Antonia, avant de rejoindre finalement Tibère
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Tibère avait assigné sa succession conjointement à son propre petit-fils Gemellus et à Caligula, qui se fit seul reconnaître par le Sénat en l'an 37. Le nouvel empereur adopta d'abord Gemellus, avant de le faire exécuter en 37 ou 38 pour un obscur complot.

« Lui succéda Caius, fils de Germanicus et d'Agrippine, que l'on nommait aussi Germanicus et Caligula. Tibère avait en fait laissé le pouvoir suprême à son petit-fils Tibère ; mais Caius fit parvenir au Sénat les dispositions testamentaires par l'intermédiaire de Macron, les rendit caduques grâce à l'intervention des consuls et grâce à d'autres qu'il avait placés là à cet effet, invoquant la folie du testateur qui remettait les rênes à un enfant qui n'avait même pas encore le droit d'entrer dans la salle du Conseil. C'est ainsi que promptement, à cette époque, Caius lui enleva le pouvoir ; et plus tard, bien que l'ayant adopté, il le fit assassiner. »
— Dion Cassius, Histoire romaine, 59,1

Pendant six mois, les Romains purent se féliciter d'un empereur juste, utile et libéral, qui leur faisait oublier la sinistre fin du règne de Tibère ; Puis son règne bascule dans la démesure. Ce changement a longtemps été mis sur le compte d'une grave maladie à l'automne 37 mais une analyse minutieuse montre qu'elle n'entraîne aucun changement politique significatif
Dès lors il s'achemina comme son grand-oncle vers le despotisme, s'adonnant, selon certaines sources, à la débauche (on lui prête entre autres une longue liaison incestueuse avec sa sœur Drusilla, qui pourrait trouver sa source dans la volonté d'imiter les mariages consanguins égyptiens et la tentation du despotisme oriental, que l'on retrouve chez Néron). Certains assurent qu'il était en fait déjà atteint psychologiquement avant son avènement, mais que, le pouvoir aidant, il devint vite un empereur tyrannique et mégalomane, se prenant pour Jupiter. Cependant, de nombreux historiens et écrivains modernes s'interrogent sur la folie réelle du jeune empereur. L'étude des sources anciennes remet en question la théorie de « l'empereur fou ».

Il ridiculisa le Sénat et l'institution des consuls (notamment en prostituant les femmes des sénateurs), fit assassiner ou bannir la plupart de ses proches, et on l'accuse encore de s'être amusé à faire pratiquer d'horribles tortures en plus de meurtres arbitraires. La principale source sur son règne, Suétone, est cependant très partisane, les méthodes de Caligula ne différant guère de celles de la plupart des Princeps. Il se concilia cependant le peuple notamment avec les jeux du cirque.

« Il était en toutes choses d'une inconstance telle que non seulement il se mit à copier l'impudence et la soif de sang de Tibère qu'il avait pourtant critiquées, en les dépassant même, mais les qualités qu'il avait louées, il ne les imita pas. Il fut le premier à l'insulter, le premier à l'outrager, si bien que les autres, pensant de cette façon lui être agréables, usaient avec Tibère d'une brutale franchise ; ensuite il le flatta et le glorifia, au point de châtier certains pour ce qu'ils avaient dit. D'un côté il détestait certaines personnes en tant qu'ennemis de Tibère, à cause de leur injures, mais d'un autre il détestait ceux qui le louaient, sous prétexte de leur amitié pour lui. Bien qu'ayant supprimé les accusations de lèse-majesté, il fit périr de nombreuses personnes pour ce motif. Et après avoir renoncé, comme il disait, à sa colère contre ceux qui s'étaient opposés à son père, à sa mère et à ses frères, après avoir brûlé leurs lettres, il fit exécuter bon nombre de gens à causes de ces mêmes lettres ; en fait il avait vraiment détruit quelques lettres, mais non pas celles, manuscrites, qui présentaient une preuve rigoureuse, seulement celles qu'il avait reproduites. De plus alors qu'il avait au début interdit qu'on lui élevât des statues, il entreprit de se consacrer des images ; il supprima aussi un décret instaurant des sacrifices à sa fortune, au point qu'il le fit graver sur une stèle, mais il imposa ensuite temples et sacrifices en son honneur, comme à un dieu. La foule, la solitude lui plaisent tour à tour ; qu'on lui demandât quelque chose ou qu'on ne lui demandât rien, il se fâchait. C'est avec une très grande promptitude qu'il s'occupait de certaines affaires, et il en est d'autres qu'il assumait avec une très grande nonchalance. L'argent, il le dépensait sans compter, mais il thésaurisait aussi de façon sordide. Ceux qui le flattaient, ceux qui lui parlaient librement, il les traitait pareillement avec irritation et joie. Il négligea de châtier beaucoup de grands criminels, et mit à mort beaucoup de grands innocents. Quant à ses compagnons, il en flattait certains sans mesure, pendant qu'il outrageait les autres à l'excès. Si bien que personne ne savait quoi dire ni comment agir avec lui, et si certains connaissaient quelque succès, il était dû davantage au hasard qu'à leur jugement. »
— Dion Cassius, Histoire romaine, 59,4

C'est sous son règne qu'eurent lieu les émeutes anti-juives d'Alexandrie (38-40), un épisode relaté par Philon d'Alexandrie dans Légation à Caius.
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Une dernière conjuration eut enfin raison du princeps : en l'an 41, après trois ans dix mois et huit jours de règne selon Suétone, il fut assassiné dans sa 29e année par les soldats de sa garde, sans que l'on sache qui était le commanditaire. Selon toute vraisemblance, il s'agissait d'un meurtre domestique plus que politique. Le Sénat, probablement après des accords plus ou moins discutables, accorda le principat à son oncle Claude. Celui-ci épousa plus tard une autre sœur de Caligula, Agrippine la Jeune, la mère du futur Néron, le dernier des Julio-Claudiens.
Juste après Tibère, Caligula, toujours de la même famille impériale (les Julio-Claudiens), est un autre exemple extrême de l'étonnant système politique romain. La succession familiale l'avait placé sur le trône, les institutions ne pouvaient l'en déloger et les conjurations ne purent jamais l'abattre : séduit par l'Orient, il comptait régner à Rome comme un prince oriental qui, à l'exemple d'un Dieu vivant, dispose de ses sujets comme des objets et n'a de compte à rendre à personne.
« Caligula avait la taille haute, le teint livide, le corps mal proportionné, le cou et les jambes tout à fait grêles, les yeux enfoncés et les tempes creuses, le front large et torve, les cheveux rares, le sommet de la tête chauve, le reste du corps velu ; aussi, lorsqu'il passait, était-ce un crime capital de regarder au loin et de haut ou simplement de prononcer le mot chèvre, pour quelque raison que ce fût. Quant à son visage, naturellement affreux et repoussant, il s’efforçait de le rendre plus horrible encore, en étudiant devant son miroir tous les jeux de physionomie capables d’inspirer la terreur et l’effroi. »
— Suétone, Vie des douze Césars, Caligula 49
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Source: Suétone, Vie des douze Césars, opus cité.

Pour beaucoup, à l'instar de Néron mais bien avant lui, Caligula restera dans l'histoire comme le prototype de l'Empereur fou, à travers le portrait peu flatteur qu'en ont fait ses biographes, en particulier l'historien Suétone.

Pourtant si on la détaille cette folie, réelle ou feinte, s'apparente plus à une longue suite d'impertinences et de provocations :

Son obsession de la décollation :
« Si seulement le peuple romain n’avait qu’un seul cou ! » ;
Chaque fois qu’il embrassait le cou de sa femme ou d’une conquête passagère, il ajoutait de façon cynique : « une si jolie nuque sera tranchée dès que j’en donnerai l’ordre ! » ;
Lors d'un festin, il se mit à rire aux éclats et répondit aux deux consuls placés près de lui qui lui en demandaient avec ménagement la raison : « Quand je pense que sur un seul geste de moi vous pouvez être égorgés tous les deux à l’instant ! ».
Une folie nommé Incitatus.
À son cheval favori Incitatus, outre une écurie de marbre et une mangeoire en ivoire, il fit donner une troupe d’esclaves et du mobilier. On dit même qu’il projetait de le faire consul, mais qu'il voulut faire, vraiment, de son cheval favori un consul n'est certainement qu'une légende. « La veille des jeux du cirque, indique Suétone, pour que son cheval Incitatus ne fût pas troublé dans son repos, il avait coutume de faire imposer le silence au voisinage par des soldats ». Ce serait la veille de cette nomination supposée que sa garde prétorienne l'aurait assassiné.
Ses provocations.
Il prenait grand plaisir à déclarer que les greniers de Rome étaient vides de blé (alors même qu'ils en étaient remplis) uniquement pour pouvoir assister au spectacle des émeutes qu'il avait ainsi créées.
De même, il s'amusait à convier la population au cirque pour un spectacle promis "formidable" puis il ordonnait de fermer les portes du cirque, faisant rentrer dans l'arène des gladiateurs séniles et des fauves rachitiques, et laissait l'assemblée brûler sous un soleil torride.
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Ses phrases restées célèbres
« Oderint, dum metuant » (« Qu'ils me haïssent, pourvu qu'ils me craignent ! »)
Il s'agit là en fait d'une reprise par Caligula d'une phrase célèbre de son prédécesseur l'empereur Tibère Oderint, dum probent , « Qu'ils me haïssent pourvu qu'ils m'approuvent » (la version de Caligula, avec metuant, est empruntée à la tragédie Atrée de Lucius Accius ; Tibère en avait quelque peu atténué la violence). Cette phrase est également sa devise ;

« Le pouvoir donne ses chances à l'impossible. »
La phrase d'origine complète étant : « J'aime le pouvoir car il donne ses chances à l'impossible. »

Re: Bon, bin, heu? La boite à clous. Ici on trouve de tout.

Publié : mar. janv. 25, 2011 1:35 am
par saintluc
1077
25 janvier
Henri IV se confesse à Canossa
Au cœur de la querelle des Investitures, Henri IV, roi des Romains, se rend à Canossa pour s’agenouiller devant le pape et implorer son pardon. Ayant été excommunié l’année précédente, sa légitimité d’empereur est mise en péril par des princes allemands révoltés. Pendant trois jours, il attendra la réponse du pape, qui, finalement, acceptera d’annuler l’excommunication. Humilié, Henri IV ne tardera pas à entreprendre la conquête de Rome et sera une nouvelle fois excommunié.
Voir aussi : Dossier histoire des Etats pontificaux - Histoire du Saint Empire romain germanique - Querelle des Investitures - Henri IV du Saint Empire - Histoire du Moyen-Âge



1477
25 janvier
Naissance d'Anne de Bretagne
Marguerite de Foix donne naissance à Anne de Bretagne au château de Nantes. Unique héritière du duc François II, elle devra veiller durant toute sa vie à l'indépendance de son duché. Mariée une première fois, à 15 ans, au roi Charles VIII, son mariage sera annulé à la mort de ce dernier afin qu'elle puisse épouser Louis XII avec qui elle aura un fille, Claude de France, future épouse de François Ier.
Voir aussi : Naissance - Histoire de la Bretagne - Louis XII - Charles VIII - Histoire de Nantes - Histoire des Valois



1515
25 janvier
Sacre de François Ier
A 20 ans, François Ier succède à son cousin et beau-père Louis XII, mort le 1er janvier. Il est sacré roi de France à Reims. Son règne va durer 32 ans.
Voir aussi : Sacre - François Ier - Histoire de Reims - Louis XII - Histoire des Valois



1831
25 janvier
La Pologne affirme son indépendance
La Diète vote la déposition de son roi, Nicolas Ier, ce qui constitue une véritable déclaration de guerre contre la Russie. En effet, l’insurrection de Novembre s’est étendue dans le pays et a jusqu’ici maintenu les Russes à distance. Toutefois, cette déclaration convainc l’Empire d’envoyer plus de troupes pour en finir avec cette rébellion.
Voir aussi : Indépendance - Insurrection - Histoire de l'Insurrection de Novembre - Histoire des Coups d'Etat



1919
25 janvier
L'usine Citroën devient une usine automobile
A Paris, l'usine de munitions et de fabrication d'obus André Citroën est reconvertie pour produire des voitures en grandes quantités. Citroën affirme que ses usines produiront 100 voitures par jour d'un même modèle. Au mois de septembre, sortira la première voiture française fabriquée en série, le type A.
Voir aussi : Histoire de Paris - Histoire de Citroën - Automobile - Usine - Histoire de l'Entreprise



1924
25 janvier
Premier jeux olympiques d'hiver
28 ans après la naissance des Olympiades d'Athènes, les tout premiers Jeux olympiques d'hiver s'ouvrent à Chamonix. 16 pays sont représentés et près de 300 sportifs participent à cette nouvelle compétition. Outre le combiné nordique et le patinage artistique, on retrouve également le hockey sur glace, le curling et le bobsleigh.
Voir aussi : Histoire des Jeux Olympiques d'hiver - Histoire de Chamonix - Histoire des Jeux Olympiques



1947
25 janvier
Mort d'Al Capone
A 48 ans, le gangster américain d'origine italienne, Alfonso Caponi, dit Al Capone ou "Scarface" (le balafré) meurt dans sa propriété de Miami, rongé par la syphilis et atteint de paralysie. Il est enterré au cimetière de Mount Carmel à Chicago, ville où il a régné en maître incontesté du syndicat du crime durant toute la période de la prohibition (1919-1932).
Voir aussi : Décès - Al Capone - Histoire des Faits divers



1948
25 janvier
Dévaluation du franc
La monnaie française, qui ne cesse de se déprécier depuis la fin de la guerre, est dévaluée de 80 % par le gouvernement Schuman. Un dollar vaut désormais 214 francs au lieu de 119.
Voir aussi : Monnaie - Dollar - Franc - Schuman - Histoire de la Finance



1974
25 janvier
Première édition du festival d'Angoulême
Deux ans après l’exposition « Dix millions d’images », la première édition du Festival de la bande dessiné d’Angoulême ouvre ses portes. Dès sa première édition, le salon organisé par la municipalité reçoit de grands auteurs comme Hugo Pratt et André Franquin. Multipliant les prix, le festival prend une ampleur internationale et s’accompagne dès les années 1990 d’un marché où les éditeurs du monde entier achètent et vendent des droits de la bande dessinée.
Voir aussi : Histoire du Festival d'Angoulême - Histoire d'Angoulême - Franquin - Hugo Pratt - Histoire des Bandes dessinées



1985
25 janvier
Le Général Audran assassiné par Action Directe
Action directe s’attaque de front et avec force à la puissance de l’Etat français en abattant René Audran, responsable des affaires internationales du Ministère de la Défense. Le représentant des programmes et de la coopération militaire est abattu. Cet assassinat sera suivi par celui de Georges Besse et entouré de nombreuses actions parfois sanglantes.
Voir aussi : Assassinat - Histoire d'Action Directe - Histoire du Terrorisme



2006
25 janvier
Victoire du Hamas aux élections législatives palestiniennes
Le Hamas, mouvement considéré par l’Occident comme terroriste, remporte la majorité des voix au Parlement palestinien. Jusqu’alors, c’était le Fatah – dont l’un des fondateurs est le président palestinien Mahmoud Abbas - qui détenait la majorité des sièges. Le mouvement Hamas ne reconnaît aucune légitimité à Israël et s’est toujours opposé aux accords d’Oslo. Au début du mois, le Hamas décidait même d’interrompre les accords qui assuraient une trêve de la violence avec Israël.
Voir aussi : Parlement - Histoire d'Israël - Histoire d'Oslo - Fatah - Hamas - Histoire du Conflit Israélo-Palestinien


http://www.linternaute.com/histoire/jou ... ndex.shtml

Re: Bon, bin, heu? La boite à clous. Ici on trouve de tout.

Publié : mar. janv. 25, 2011 1:49 am
par saintluc
Anne de Bretagne, née le 25 janvier 1477 (1476 ancien style) à Nantes, morte le 9 janvier 1514 à Blois de la gravelle, est duchesse de Bretagne de 1488 à 1491 et de nouveau de 1498 à sa mort et, par ses mariages, archiduchesse d'Autriche et reine des Romains (1490-1491), puis reine de France (1491-1498) et reine de Sicile et de Jérusalem en droit, puis de nouveau reine de France (1499-1514) et duchesse de Milan.

Elle était la fille de François II (1435-1488), duc souverain de Bretagne, et de sa seconde épouse Marguerite de Foix (v. 1449-1486), princesse de Navarre.

Elle est un enjeu central dans les luttes d’influence qui aboutiront après sa mort à l’union de la Bretagne à la France. Elle a également été élevée dans la mémoire bretonne en un personnage soucieux de défendre le duché face à l'appétit de ses voisins.
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De l'éducation d'Anne de Bretagne, nous conservons peu de traces. Il est probable qu’elle reçoit l’éducation d’une jeune noble de son temps : elle apprend à lire et à écrire en français, peut-être un peu de latin et probablement pas de grec. Elle est élevée par une gouvernante : Françoise de Dinan, comtesse de Laval. Son maître d’hôtel est le poète Jean Meschinot (de 1488 à sa mort en 1491). On lui aurait peut-être enseigné la danse, le chant et la musique.
En cette période, la loi successorale est imprécise, établie principalement par le premier traité de Guérande en 1365 par Jean IV. Celle-ci prévoyait la succession de mâle en mâle dans la famille des Montfort en priorité ; puis dans celle de Penthièvre. En effet, côté Monfort, il ne reste que Anne (puis Isabeau) et côté Blois-Penthièvre, Nicole de Penthièvre. Or en 1480, Louis XI achète les droits de la famille de Penthièvre pour 50 000 écus. Anne de Beaujeu confirme cette vente en 1485 à la mort de Jean de Brosse, mari de Nicole de Penthièvre.

Pour la succession du duc François II, le manque d’un héritier mâle menaçait de replonger la Bretagne dans une crise dynastique voire de voir passer le duché dans les mains du roi de France. Son père la fait donc reconnaître héritière par les États de Bretagne en 1486.
En mariant sa fille, François II comptait renforcer sa position contre le roi de France. La perspective de joindre le duché à leur domaine a ainsi permis successivement d'obtenir l'alliance de plusieurs princes d'Europe :

elle fut d'abord fiancée officiellement en 1481 au prince de Galles Édouard, fils du roi Édouard IV d'Angleterre. À la mort de son père, il fut brièvement roi (en titre) sous le nom d’Édouard V et disparut peu après (mort probablement en 1483).
Henri VII d'Angleterre, (1457-1485-1509), alors détenu en Bretagne, mais ce mariage ne l'intéressait pas.
Maximilien Ier d'Autriche, roi des Romains, futur empereur (1449-1508-1519), veuf de Marie de Bourgogne, héritière de Charles le Téméraire.
Alain d'Albret, seigneur gascon (1440-1522), fils de Catherine de Rohan, époux de Françoise de Blois-Penthièvre (donc héritier possible), cousin et allié de François II.
Louis, duc d'Orléans, cousin germain du roi Charles VIII et futur roi Louis XII (1462-1498-1515), mais il était déjà marié à Jeanne de France.
Jean de Chalon, prince d'Orange (1443-1502), neveu de François II (petit-fils de Richard d'Étampes) et héritier présomptif du duché après Anne et Isabeau.
Le vicomte Jean II de Rohan, autre héritier présomptif, proposa avec le soutien du maréchal de Rieux le double mariage de ses fils François et Jean avec Anne et sa sœur Isabeau, mais François II s'y opposa.
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Mariage avec Charles VIII au Château de Langeais.
En 1488, la défaite des armées de François II à Saint-Aubin-du-Cormier qui conclut la guerre folle le contraint à accepter le traité du Verger dont une clause stipule que les filles de François II ne pourront se marier sans l'assentiment du roi de France.

À la mort de François II, s’ouvre une nouvelle période de crise qui mène à une dernière guerre franco-bretonne. À Rennes le 19 décembre 1490 Anne, devenue duchesse, épouse en premières noces et par procuration le futur Maximilien Ier, (devenu par la suite empereur romain germanique) qui était alors titré roi des Romains. Ce faisant, elle devient reine, conformément à la politique de son père. Cependant, ce mariage est une grave provocation à l'égard du camp français : il viole le traité du Verger, il réintroduit un ennemi du roi de France en Bretagne, ce que leur politique a toujours tenté d’éviter aux XIVe et XVe siècles. De plus, il est conclu au mauvais moment : les alliés de la Bretagne sont occupés sur un autre front (siège de Grenade pour le roi de Castille, succession de Hongrie pour Maximilien d’Autriche).

En dépit de renforts anglais et castillans venus soutenir les troupes ducales, le printemps 1491 voit de nouveaux succès de La Trémoille (déjà vainqueur à Saint-Aubin-du-Cormier), et, se posant en héritier, Charles VIII vient mettre le siège devant Rennes où se trouve Anne, afin qu’elle renonce à ce mariage avec l’ennemi du royaume de France.

Après un siège, sans assistance et n'ayant plus aucun espoir de résister, la ville se rend. Anne ayant refusé toutes les propositions de mariage avec des princes français, les fiançailles avec Charles VIII sont célébrées à la chapelle des Jacobins de Rennes. Puis Anne de Bretagne se rend, escortée de son armée (et donc libre, ce qui était important pour la légitimité du mariage et du rattachement de la Bretagne) jusqu'à Langeais pour les noces des deux fiancés. L'Autriche combat désormais sur le terrain diplomatique (notamment devant le Saint-Siège), soutenant que la duchesse vaincue a été enlevée par le roi de France et que leur descendance est donc illégitime.
Le 6 décembre 1491, Anne épouse officiellement au château de Langeais le roi de France Charles VIII. Ce mariage est conclu en urgence, et validé après coup par le pape Innocent VIII (le 15 février 1492) qui se décide à adresser à la cour de France l’acte d’annulation antidaté du mariage par procuration d'Anne avec Maximilien, considéré comme n'ayant jamais existé. Les époux s'échangent par le contrat de mariage leurs droits sur la Bretagne ; le contrat comprend également une clause de donation mutuelle au dernier vivant. En cas d'absence d'héritier mâle, il est convenu qu’elle ne pourra épouser que le successeur de Charles VIII. De cette union naissent six enfants, tous morts en bas âge.

Après la mort de Charles VIII, elle épouse en deuxièmes noces Louis XII, le 8 janvier 1499, à Nantes. Là aussi, l’acte d’annulation du mariage du roi avec Jeanne de France n’était pas parvenu quand le mariage a lieu, mais la décision du pape était cette fois-ci certaine.
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La duchesse Anne en prière
Miniature tirée des Grandes Heures d'Anne de Bretagne.

Par le mariage de 1491, Anne de Bretagne est reine de France. Son contrat de mariage précise qu’il est conclu pour assurer la paix entre le duché de Bretagne et le royaume de France. Il fait de Charles VIII son procureur perpétuel. Le 8 février 1492, Anne est couronnée et sacrée reine de France à Saint-Denis. Son époux lui interdit de porter le titre de duchesse de Bretagne.

Elle passe beaucoup de temps en grossesses (avec un enfant tous les quatorze mois en moyenne). Lors des guerres d’Italie, la régence est attribuée à Anne de Beaujeu, qui a déjà tenu ce rôle de 1483 à 1491. Anne de Bretagne est encore jeune, et sa belle-sœur la suspecte. Elle n'a qu’un rôle réduit en France comme en Bretagne et doit parfois accepter d'être séparée de ses enfants en bas-âge. Anne vit essentiellement dans les châteaux royaux d'Amboise, de Loches et du Plessis ou dans les villes de Lyon, Grenoble ou Moulins (lorsque le roi est en Italie). À Amboise, Charles VIII fait faire des travaux, tandis qu' elle réside à côté, au Clos Lucé le futur logis du créateur de la Joconde. Elle y a sa petite chapelle.

Elle devient reine de Sicile et de Jérusalem lors de la conquête de Naples par Charles VIII.

Dès la mort de Charles VIII, elle reprend la tête de l'administration du duché. Elle restaure notamment la chancellerie de Bretagne au profit du fidèle Philippe de Montauban, nomme lieutenant général de Bretagne son héritier le Jean de Chalon, convoque les États de Bretagne, émet un monnayage à son nom.

Parmi ses poètes de cour, il faut rappeler l'humaniste italien Fauste Andrelin de Forlì.

Trois jours après la mort de son époux, le principe du mariage avec Louis XII est acquis, à la condition que Louis obtienne l'annulation de son mariage avant un an. Elle retourne pour la première fois en Bretagne en octobre 1498, après avoir échangé une promesse de mariage avec Louis XII à Étampes le 19 août, quelques jours après le début du procès en annulation de l’union entre Louis XII et Jeanne de France.
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Armes de Anne, Reine de France.
Le contrat de son troisième mariage, en 1499 est conclu dans des conditions radicalement différentes du second. À l'enfant vaincue a succédé une jeune reine douairière et duchesse souveraine désormais incontestée, en face de qui l'époux est un ancien allié, ami et prétendant. Contrairement aux dispositions du contrat de mariage avec Charles VIII, le nouveau lui reconnaît l'intégralité des droits sur la Bretagne comme seule héritière du duché et le titre de duchesse de Bretagne. En revanche, le pouvoir régalien en Bretagne est exercé par Louis XII, qui prend alors le titre de duc consort, quoique les décisions soient prises au nom de la duchesse. Anne vit à Blois où la présence de la duchesse de Bretagne est partout signée. Elle fait édifier le tombeau de ses parents en la cathédrale de Nantes (où son cœur reviendra également selon ses dernières volontés) avec les symboles des 4 vertus : prudence, force, tempérance, justice, qu' elle aura toujours essayé de porter. Tous les arts italiens seront appréciés par cette reine de plus en plus cultivée. Durant la maladie de Louis XII elle fera son Tro Breizh et les bretons peuvent lui savoir gré d'avoir aussi longtemps que possible, maintenu les impôts seulement sur les états, les octrois sur les pays et les jugements également sur les pays.

Leur fille Claude de France, héritière du duché, est fiancée à Charles de Luxembourg en 1501, pour faciliter la conduite de la 3e guerre d’Italie en renforçant ainsi l’alliance espagnole, et pour convenir au dessein d'Anne de lui faire épouser le petit-fils de son premier mari Maximilien d'Autriche. Ce contrat de mariage est signé le 10 août 1501 à Lyon par François de Busleyden, archevêque de Besançon, Guillaume de Croÿ, Nicolas de Rutter et Pierre Lesseman, les ambassadeurs du roi Philippe Ier de Castille le Beau, père de Charles de Luxembourg. Les fiançailles sont annulées quand l’absence d’un dauphin, qui aurait hérité de la Bretagne, fait craindre un encerclement plus complet du royaume. C’est désormais au futur François Ier que sa fille est fiancée. Anne refusera jusqu'au bout ce mariage, qui aura lieu quatre mois après sa mort, et tentera de revenir à l'alliance matrimoniale avec le futur Charles Quint. C'est à ce moment qu'elle commencera son « tour de Bretagne », visitant bien des lieux qu’elle n’avait jamais pu fréquenter enfant. Ses vassaux la reçoivent fastueusement et elle se fait connaître du peuple à l'occasion de festivités, de pèlerinages et d'entrées triomphales dans les villes du duché.
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Tombeau de Charles-Orland et Charles, à la cathédrale Saint-Gatien de Tours.
La reine Anne de Bretagne est inhumée dans la basilique et nécropole royale de Saint-Denis. Ses funérailles sont d’une ampleur exceptionnelle : elles durent quarante jours, et inspirent toutes les funérailles royales jusqu’au XVIIIe siècle.

Selon sa volonté, son cœur a été placé dans un reliquaire en or rehaussé d’émail puis transporté à Nantes en grande pompe pour être déposé, le 19 mars 1514, en la chapelle des Carmes, dans le tombeau qu’elle a fait réaliser pour ses parents et transféré plus tard à la cathédrale Saint-Pierre.

Le reliquaire du cœur de la duchesse Anne de Bretagne est une boîte ovale, bivalve, en tôle d’or repoussée et guillochée, articulée par une charnière, bordée d’une cordelière d’or et sommée d’une couronne de lys et de trèfles. Ce précieux vaisseau est cerné d’inscriptions en lettres d’or rehaussées d’émail vert, bleu, rouge, à la gloire du cœur d’Anne. On peut y lire ces inscriptions :

« En ce petit vaisseau
De fin or pur et munde
Repose ung plus grand cueur
Que oncque dame eut au munde
Anne fut le nom delle
En France deux fois royne
Duchesse des Bretons
Royale et Souveraine.
C
M V XIII »
« Ce cueur fut si très hault
Que de la terre aux cyeulx
Sa vertu libérale
Accroissoit mieulx
Mais Dieu en a reprins
Sa portion meilleure
Et ceste terrestre
En grand deuil nous demeur. »
Il fut exécuté par un orfèvre anonyme de la cour de Blois, peut-être dessiné par Jean Perréal.

En 1792, pour répondre à une instruction de la Convention nationale, le reliquaire fut exhumé, vidé, saisi puis, au titre de la collecte des métaux précieux appartenant aux églises, envoyé à la Monnaie de Nantes pour y être fondu. Transféré à la Monnaie de Paris comme joyau remarquable, il fut déposé au Cabinet des médailles de la Bibliothèque nationale. Il fut rendu à Nantes en 1819 aux Musées départementaux de Loire-Inférieure (actuellement Loire-Atlantique) : au musée d’Archéologie de l’Oratoire à partir du 25 juin 1886, au Musée Dobrée depuis le 18 avril 1896, et prêté au château des ducs de Bretagne en 2007 le temps d’une exposition sur Anne.
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Reliquaire du cœur d’Anne, musée Dobrée, Nantes.