Re: Bon, bin, heu? La boite à clous. Ici on trouve de tout.
Publié : jeu. déc. 23, 2010 2:37 am
Dernière partie
Les armées républicaines de l'Ouest et de Brest mises en déroute, la route vers le sud de la Loire est désormais libre pour les Vendéens. Le 23 novembre, à Antrain, peu après la bataille, La Rochejaquelein propose d'attaquer Rennes, afin d'achever la destruction de l'armée républicaine avant de repartir pour la Vendée en passant par Nantes. Mais Talmont veut réattaquer Granville, et son opinion l'emporte au conseil. Toutefois, ce plan est rejeté par les troupes qui refusent d'obéir aux ordres. Menés par Stofflet, les hommes décident de retourner en Vendée par le chemin le plus court, soit la route d'Angers. L'armée se remet en marche et, dans la nuit du 23 au 24, elle réoccupe Fougères, puis Laval le 25, les deux places ayant été évacuées respectivement par les généraux Canuel et Danican.
Mais le trajet de retour devient dramatique pour les Vendéens. Bien que les républicains ne soient plus en mesure d'empêcher leur progression, les Vendéens sont harcelés par le général Westermann et ses cavaliers du 14e régiment de chasseurs à cheval. L'hiver approche, les hommes commencent à mourir de faim et d'épuisement. Les maladies, en particulier le typhus, la dysenterie et le choléra, font des ravages. Les combattants sont affaiblis, presque tous sont atteints de la gale. Le général Royrand, blessé à la bataille de Dol, meurt d'épuisement au cours de la marche. Chaque bataille, même victorieuse, fait perdre des hommes aux Vendéens, qui ne peuvent renouveler leurs effectifs, contrairement aux républicains. Les insurgés qui font reddition ou sont capturés sont souvent massacrés sur place ou condamnés à mort et « exécutés sous les vingt-quatre heures », ainsi que le prévoit la loi du 19 mars 1793 à l'encontre des insurgés ou de tout individu « pris les armes à la main ou porteur d'une cocarde blanche ». Les survivants sont envoyés dans les prisons républicaines. Les armées sont obligées de piller pour survivre, et la population locale, bien que majoritairement favorable jusque-là aux royalistes, les rejette, exaspérée par les combats et les pillages et inquiète des risques d'épidémie ; plusieurs groupes de Vendéens sont désarmés, comme à Laval le 15 décembre, ou massacrés, comme le 18 décembre dans les alentours de Sablé-sur-Sarthe. De leur côté, les Chouans désapprouvent le retour en Vendée, leurs chefs exhortent les Vendéens à marcher sur Rennes, persuadés qu'ainsi toute la Bretagne se soulèverait, mais en vain. Ne voulant pas quitter leurs pays et constatant l'affaiblissement des Vendéens, ils abandonnent progressivement l'armée.
François-Séverin Marceau-Desgraviers
Eau-forte en couleur de Antoine Sergent, 1798.
Archives départementales d'Eure-et-Loir.
Pendant ce temps, à Rennes, Kléber est à nouveau chargé de réorganiser les forces républicaines afin de reprendre l'offensive. L'armée est affaiblie par les désertions, mais elle reçoit en renfort 6 000 soldats de l'armée des côtes de Cherbourg commandés par le général Sépher. Ce dernier est cependant destitué par les représentants, qui lui reprochent son retard, et remplacé par son second, le général Jacques Delaistre de Tilly. Rossignol, conscient de son incompétence, démissionne. Mais Rossignol a la confiance du Comité de Salut Public de par sa position de sans-culotte, sa démission est refusée par les représentants. Rossignol conserve donc officiellement le commandement de l'armée par intérim. Cependant, bien des représentants sont conscients de son manque de capacité et décident de ne lui laisser qu'un commandement nominal. Le 27 novembre, à la suite de l'annonce de la défaite, le Comité de Salut Public nomme Louis Marie Turreau général en chef de l'armée de l'Ouest. Celui-ci, qui sert alors dans l'armée de la Moselle, n'apprécie pas cette nomination et tarde à rejoindre son poste. Les représentants décident donc de choisir officieusement un nouveau général en chef par intérim. Kléber, qui n'a pas la confiance du Comité de Salut public, nécessaire pour assumer cette charge, propose alors de nommer François-Séverin Marceau-Desgraviers, son ami, en qui il a toute confiance, comme commandant de l'armée. Il propose également François-Joseph Westermann comme chef de la cavalerie et Jean Debilly comme chef de l'artillerie. Ces propositions sont acceptées par les représentants.
Le 3 décembre, les Vendéens parviennent à Angers. Ils ne sont plus que de 40 000 à 50 000 combattants et civils. 4 000 soldats défendent la place, commandés par les généraux Thévenet, dit Danican, et Boucret. Le général Beaupuy, bien que blessé, participe également au combat. L'attaque vendéenne n'est pas mieux planifiée qu'à Granville. Dépourvus d'armes de siège, les Vendéens ne peuvent utiliser que leur artillerie. Le 4 décembre, l'avant-garde de l'armée républicaine menée par Boüin de Marigny arrive sur le champ de bataille et provoque la panique des Vendéens qui laissent 800 morts et se replient sur La Flèche. Malgré sa victoire, le général Marigny est tué par un boulet de canon à la fin de la bataille. Sur ordre du représentant Esnue-Lavallée, les têtes des Vendéens et des Chouans tués au combat sont tranchées et exposées sur les remparts de la ville.
François-Joseph Westermann
Physionotrace, par Gilles-Louis Chrétien.
Les Vendéens sont en déroute, talonnés par les cavaliers de Westermann. Après être passés par Baugé le 5, ils atteignent La Flèche le 8 décembre. Mais à leur grand désespoir, ils constatent que la ville est défendue par 1 500 républicains commandés par le général Chabot. Laissant son arrière-garde commandée par Piron de La Varenne pour retenir Westermann, La Rochejaquelein contourne la ville et traverse le Loir à gué. Il prend à revers les troupes de Chabot et les met en fuite, puis il fait réparer le pont et porte secours à Piron, qui peut ainsi repousser Westermann. Cette victoire, remportée grâce au sang-froid de leur général en chef, procure un sursis aux Vendéens
Après s'être reposée deux jours, l'armée vendéenne prend la direction du Mans. Cependant, les Vendéens ne bénéficient plus de l'aide de la population, les environs du Mans et de La Flèche étant des zones « frontières » partagées entre les territoires royalistes à l'ouest et patriotes à l'est.
Le 10 décembre, l'armée vendéenne est au Mans, qu'elle occupe après un court combat. Cependant, les hommes sont démoralisés, ils s'enivrent, se sentent en sûreté dans la place forte, refusent d'en sortir et n'obéissent plus à leurs chefs. Le 12 décembre, l'avant-garde républicaine, commandée par Westermann, arrive en vue du Mans. Le général républicain passe aussitôt à l'attaque mais est repoussé par La Rochejaquelein et 3 000 hommes, essentiellement des Chouans, à l'extérieur de la ville. Toutefois, les heures passant, Westermann finit par recevoir en renfort les troupes de Tilly, puis celles de Marceau et enfin celles de Kléber à la fin de la bataille. Les combats se portent alors à l'intérieur de la ville, mais les Vendéens n'opposent désormais plus aucune résistance organisée. Les affrontements se poursuivent toute la nuit dans un grand chaos au milieu des civils. La Rochejaquelein et le gros des troupes parviennent cependant à se replier sur Laval. D'autres petits groupes de combattants se retrouvent isolés. À l'intérieur de la ville, l'affrontement tourne au bain de sang, les soldats républicains pénètrent dans les maisons et y massacrent les femmes et les enfants vendéens qui s'y étaient réfugiés. Marceau et Kléber tentent en vain de s'opposer à ces atrocités. Westermann se lance à la poursuite des Vendéens et massacre des milliers de traînards entre Le Mans et Laval. 15 000 Vendéens sont tués au cours de cette bataille, beaucoup d'autres sont faits prisonniers; les républicains en revanche n'ont que 30 morts et 100 blessés. La bataille du Mans constitue l'affrontement le plus meurtrier de la guerre de Vendée.
La bataille du Mans
La bataille du Mans, peinture de Jean Sorieul, 1852.
Musée de la Reine Bérengère, Le Mans.
Après la bataille du Mans, presque tous les derniers Chouans, dont Boisguy et Jean Chouan, quittent l'armée et regagnent leurs pays. Le 14 décembre, les 20 000 rescapés vendéens occupent pour la troisième fois Laval. Les troupes républicaines étant concentrées à l'Est, la route vers la Loire par le Sud est à nouveau libre. Malgré la fatigue, les Vendéens n'ont pas le temps de se reposer. Après être passés par Craon et Pouancé les 14 et 15, ils atteignent Ancenis au bord de la Loire le 16 décembre. Désormais proches de leur but, ils se saisissent des rares barques qu'ils parviennent à trouver et construisent des radeaux. La rive opposée est toujours sous le contrôle des républicains. Aussi, pendant toutes les journées du 16 et du 17 décembre, 1 200 soldats vendéens menés par La Rochejaquelein et Stofflet traversent le fleuve en vue de créer une tête de pont. Mais, le 17 décembre, deux chaloupes canonnières républicaines venues de Nantes font leur apparition, coupent le passage et coulent aisément les embarcations qu'ils rencontrent. 400 soldats vendéens périssent noyés. Pendant ce temps, le général Marceau prend position à Châteaubriant au nord, et d'autres troupes, menées par Westermann, arrivent en direction de l'est et accrochent les Vendéens à Ancenis. Ceux-ci sont réduits à fuir vers les zones où les troupes républicaines ne se trouvent pas et partent vers le nord-ouest par Nort-sur-Erdre, en contournant Nantes, trop bien défendue. Le 19 décembre, Westermann rattrape l'arrière-garde vendéenne à Nort-sur-Erdre et massacre 300 à 400 traînards. Le 20 décembre, ils sont à Blain. L'armée vendéenne n'est plus forte que de 6 000 à 7 000 soldats, mais ce qui reste du Conseil vendéen décide d'élire un nouveau général en chef. C'est finalement Fleuriot qui est choisi. Furieux, Talmont, qui estime que ce rôle devait lui revenir, se sépare de l'armée et repart pour le Maine, accompagné de seulement trois de ses compagnons, dont Bongon, bien décidé à recréer la « Petite Vendée » qui lui était fidèle.
Les troupes républicaines progressent. Kléber et Marceau contrôlent la forêt du Gâvre. Les Vendéens doivent se rabattre vers le sud-ouest et Savenay. Le matin du 22 décembre, après que les 150 hommes de la garnison eurent opposé un baroud d'honneur, les Vendéens pénètrent dans la ville que les républicains ont évacué. À ce moment, les Vendéens ne comptent plus que 6 000 soldats et presque autant de blessés, de femmes et d'enfants.
Ils ne tardent pas à être rejoints dans la soirée par l'armée républicaine forte de 18 000 hommes qui prend position au nord de la ville. Au soir du 22 décembre, les Vendéens sont presque encerclés. Le lendemain à l'aube, l'infanterie républicaine, commandée par Marceau, Kléber, Tilly et Canuel, passe à l'offensive. En quelques heures, les forces vendéennes sont écrasées. Luttant avec l'énergie du désespoir, les femmes se joignent même aux combattants lors des affrontements au corps-à-corps. Fleuriot, avec 300 cavaliers commandés par Georges Cadoudal, parvient à effectuer une percée, mais il est ensuite repoussé et sa cavalerie dispersée par la contre-attaque républicaine. Les cavaliers réussissent néanmoins à s'échapper. Ce n'est pas le cas du gros des troupes vendéennes qui se replie vers l'Ouest. Les soldats tentent alors une ultime résistance afin de couvrir la fuite des femmes et des enfants. Lyrot est tué lors de cet affrontement, ainsi que La Roche-Saint-André. Bernard de Marigny, en revanche, parvient avec les deux canons qui lui restent, à tenir sa position pendant une heure puis à prendre la fuite dans les marais. La victoire républicaine est écrasante, les Bleus n'ont que 30 morts et 200 blessés. En face, 4 000 à 7 000 Vendéens périssent dans Savenay et ses environs, tués au combat ou exécutés sommairement. Des milliers d'autres sont capturés et enfermés dans l'église. Alors que le gros de l'armée, mené par Kléber, part défiler à Nantes, plusieurs détachements de cavalerie commandés par Marceau et Westermann, guidés par des meutes de chiens, se lancent à la poursuite des survivants. Ceux qu'ils rencontrent sont tués ou faits prisonniers. Westermann fait notamment fusiller par ses hussards 500 à 700 hommes, femmes et enfants vendéens à Prinquiau. Des milliers d'autres sont capturés et conduits à Savenay. Les représentants en mission Prieur de la Marne, Turreau et Bourbotte font alors condamner à mort tous les soldats vendéens pris les armes à la main. Ceux-ci, au nombre de 2 000, sont fusillés pendant les huit jours qui suivent la bataille. Les femmes et les enfants, au nombre de 1 679 sont envoyés dans les prisons de Nantes où ils périssent tous, fusillés ou noyés en masse sur ordre du représentant Carrier.
Avec l'aide de passeurs, environ 2 500 fugitifs, parmi lesquels l'abbé Bernier et Victoire de Donnissan de Lescure parviennent à traverser la Loire dans les jours qui suivent la bataille. Au total, sur les 60 000 à 100 000 personnes que comptaient les Vendéens au début de la campagne, 50 000 à 70 000 sont morts; 4 000 seulement sont parvenus à regagner la Vendée militaire. Les autres sont capturés ou trouvent refuge chez les Chouans, au nord de la Loire.
La Bataille de Savenay
Chouans dans la Vendée, auteur inconnu, XIXe siècle.
Musée d'art et d'histoire, Cholet.
La bataille de Savenay marque la fin de la Virée de Galerne, qui se termine par une victoire décisive des forces républicaines. Cependant, Marceau, écœuré par la guerre civile et par les massacres, demande sa mutation aux frontières pour aller combattre les forces de la coalition. Le 30 décembre, il passe son commandement au général Turreau, avec qui il a une altercation très vive, lui reprochant son peu d'empressement à venir combattre. Il occupe un temps le commandement militaire de la ville de Châteaubriant, puis il est mis en accusation pour avoir sauvé une jeune royaliste à la bataille du Mans. Défendu par Bourbotte, il est finalement acquitté et muté selon son souhait, dans l'armée de Sambre-et-Meuse. Le poste de général en chef de l'armée de l'Ouest revient alors au général Louis Marie Turreau. Ce dernier met en place un plan de répression, les colonnes incendiaires, qui devait par la suite relancer la guerre. Kléber, qui tente de s'y opposer en préconisant l'occupation du pays par la construction de forts, est finalement envoyé à Vitré au sein de l'armée des côtes de Brest pour combattre les Chouans. Il s'oppose, avec succès cette fois-ci, à Rossignol, son général en chef, qui veut étendre les colonnes incendiaires à certaines zones de l'Ille-et-Vilaine, de la Loire-inférieure et de la Mayenne. Kléber reste en Bretagne jusqu'en mai 1794, puis il est muté à son tour dans l'armée du Nord.
Aux combats succède rapidement la répression. Elle est particulièrement violente à Nantes, où le représentant Jean-Baptiste Carrier organise l'exécution de milliers de personnes par les noyades et les fusillades. 8 000 à 11 000 prisonniers sur 12 000 à 13 000, hommes, femmes et enfants, périssent à Nantes de novembre 1793 à février 1794 par les exécutions ou les épidémies. De plus dans le Maine-et-Loire, dirigé par les représentants Adrien Francastel et Nicolas Hentz, et particulièrement à Angers, Saumur, Avrillé, Doué-la-Fontaine, Sainte-Gemmes-sur-Loire, Le Marillais et aux Ponts-de-Cé, 11 000 à 15 000 personnes, hommes, femmes et enfants, sont emprisonnées, 6 500 à 7 000 sont fusillées ou guillotinées, 2 000 à 2 200 meurent dans les prisons.
En novembre 1793 le Comité de Salut public avait voté un décret qui condamnait tout ville prise sans combat par les « Brigands » à être incendiée. Quelques villes, comme Fougères ou Laval, sont menacées, mais ce décret n'est finalement pas appliqué.
Des commissions militaires sont mises en place dans les départements traversés par les Vendéens, ainsi en Ille-et-Vilaine, 553 personnes sont condamnées à mort et exécutées par les commissions Brutus Magnier, O'Brien et Frey-Vaugeois pendant cinq mois, essentiellement à Rennes et Fougères
Interrogatoire du prince de Talmont, peinture de Jules Benoît Levy, 1895.
Ecomusée de Vendée, château du Puy du Fou, Les Épesses.
De son côté, le prince de Talmont, qui tentait d'entrer en relation avec Joseph de Puisaye, est arrêté au village de Pont-dom-Guérin, à La Bazouge-du-Désert, avec ses trois compagnons, par la garde nationale du Loroux. Emprisonné à Fougères, Rennes puis Vitré dans de très mauvaises conditions, il subit un long interrogatoire. Atteint du typhus, il est finalement envoyé à Laval où il meurt guillotiné devant les portes de son château le 27 janvier 1794.
D'autres officiers trouvent la mort en tentant de traverser la Loire. Donissan, arrêté à Ancenis, est fusillé à Angers le 8 janvier. Piron de La Varenne se noie dans le fleuve le 10 mai 1794 lorsque sa barque est surprise et coulée par une canonnière républicaine.
Au début de l'année 1794, la Vendée militaire est définitivement vaincue. Cependant, la guerre ne s'arrête pas. Charette qui n'a pas pris part à la Virée de Galerne poursuit les combats depuis octobre contre le général Nicolas Haxo. Ce dernier s'empare notamment, avec 6 000 hommes, de Noirmoutier le 3 janvier. Le général d'Elbée et les 2 000 défenseurs de l'île se rendent sous promesse de vie sauve mais sont tous fusillés. La guerre reprend véritablement le 21 janvier lorsque le général Turreau passe à l'offensive. De janvier à mars, ses colonnes incendient tout sur leurs passages et commettent de nombreuses atrocités, certaines exterminent même des villages entiers.
Plusieurs chefs rescapés — Stofflet, Sapinaud de La Rairie, puis Marigny — parviennent au bout de quelques mois à reformer des troupes. En revanche, Henri de La Rochejaquelein, après avoir rassemblé 800 à 1 200 hommes, est tué dans une escarmouche le 28 janvier 1794 à Nuaillé.
Cependant, le 15 février 1794, au nord de la Loire, 200 chouans menés par Aimé Picquet du Boisguy s'emparent du bourg de Mellé, en Ille-et-Vilaine tandis que Jean Chouan et Jambe d'Argent poursuivent la lutte à l'Ouest de Laval. Ce combat marque le début de la reprise de l'insurrection royaliste, qui démarre dans les zones traversées par les Vendéens lors de la Virée, soit Fougères et Laval, les insurgés étant des Chouans rescapés de la Virée de Galerne et des soldats vendéens réfugiés au nord de la Loire. Rapidement, l'insurrection s'étend à la Bretagne et au Maine. En mars, elle atteint le Morbihan à la suite du combat de Mangolérian. En juin, sur les limites de la Loire-inférieure et du Maine-et-Loire, Marie Paul de Scépeaux rassemble 700 hommes originaires des environs mais dont la plupart ont combattu plusieurs mois dans l'armée vendéenne, avant même la Virée de Galerne. Scépeaux forme l'armée catholique et royale du Bas-Anjou et de la Haute-Bretagne et remporte plusieurs succès. C'est le début de la Chouannerie, qui contrairement à la Vendée en déclin, prendra de plus en plus d'ampleur.
Les armées républicaines de l'Ouest et de Brest mises en déroute, la route vers le sud de la Loire est désormais libre pour les Vendéens. Le 23 novembre, à Antrain, peu après la bataille, La Rochejaquelein propose d'attaquer Rennes, afin d'achever la destruction de l'armée républicaine avant de repartir pour la Vendée en passant par Nantes. Mais Talmont veut réattaquer Granville, et son opinion l'emporte au conseil. Toutefois, ce plan est rejeté par les troupes qui refusent d'obéir aux ordres. Menés par Stofflet, les hommes décident de retourner en Vendée par le chemin le plus court, soit la route d'Angers. L'armée se remet en marche et, dans la nuit du 23 au 24, elle réoccupe Fougères, puis Laval le 25, les deux places ayant été évacuées respectivement par les généraux Canuel et Danican.
Mais le trajet de retour devient dramatique pour les Vendéens. Bien que les républicains ne soient plus en mesure d'empêcher leur progression, les Vendéens sont harcelés par le général Westermann et ses cavaliers du 14e régiment de chasseurs à cheval. L'hiver approche, les hommes commencent à mourir de faim et d'épuisement. Les maladies, en particulier le typhus, la dysenterie et le choléra, font des ravages. Les combattants sont affaiblis, presque tous sont atteints de la gale. Le général Royrand, blessé à la bataille de Dol, meurt d'épuisement au cours de la marche. Chaque bataille, même victorieuse, fait perdre des hommes aux Vendéens, qui ne peuvent renouveler leurs effectifs, contrairement aux républicains. Les insurgés qui font reddition ou sont capturés sont souvent massacrés sur place ou condamnés à mort et « exécutés sous les vingt-quatre heures », ainsi que le prévoit la loi du 19 mars 1793 à l'encontre des insurgés ou de tout individu « pris les armes à la main ou porteur d'une cocarde blanche ». Les survivants sont envoyés dans les prisons républicaines. Les armées sont obligées de piller pour survivre, et la population locale, bien que majoritairement favorable jusque-là aux royalistes, les rejette, exaspérée par les combats et les pillages et inquiète des risques d'épidémie ; plusieurs groupes de Vendéens sont désarmés, comme à Laval le 15 décembre, ou massacrés, comme le 18 décembre dans les alentours de Sablé-sur-Sarthe. De leur côté, les Chouans désapprouvent le retour en Vendée, leurs chefs exhortent les Vendéens à marcher sur Rennes, persuadés qu'ainsi toute la Bretagne se soulèverait, mais en vain. Ne voulant pas quitter leurs pays et constatant l'affaiblissement des Vendéens, ils abandonnent progressivement l'armée.
François-Séverin Marceau-Desgraviers
Eau-forte en couleur de Antoine Sergent, 1798.
Archives départementales d'Eure-et-Loir.
Pendant ce temps, à Rennes, Kléber est à nouveau chargé de réorganiser les forces républicaines afin de reprendre l'offensive. L'armée est affaiblie par les désertions, mais elle reçoit en renfort 6 000 soldats de l'armée des côtes de Cherbourg commandés par le général Sépher. Ce dernier est cependant destitué par les représentants, qui lui reprochent son retard, et remplacé par son second, le général Jacques Delaistre de Tilly. Rossignol, conscient de son incompétence, démissionne. Mais Rossignol a la confiance du Comité de Salut Public de par sa position de sans-culotte, sa démission est refusée par les représentants. Rossignol conserve donc officiellement le commandement de l'armée par intérim. Cependant, bien des représentants sont conscients de son manque de capacité et décident de ne lui laisser qu'un commandement nominal. Le 27 novembre, à la suite de l'annonce de la défaite, le Comité de Salut Public nomme Louis Marie Turreau général en chef de l'armée de l'Ouest. Celui-ci, qui sert alors dans l'armée de la Moselle, n'apprécie pas cette nomination et tarde à rejoindre son poste. Les représentants décident donc de choisir officieusement un nouveau général en chef par intérim. Kléber, qui n'a pas la confiance du Comité de Salut public, nécessaire pour assumer cette charge, propose alors de nommer François-Séverin Marceau-Desgraviers, son ami, en qui il a toute confiance, comme commandant de l'armée. Il propose également François-Joseph Westermann comme chef de la cavalerie et Jean Debilly comme chef de l'artillerie. Ces propositions sont acceptées par les représentants.
Le 3 décembre, les Vendéens parviennent à Angers. Ils ne sont plus que de 40 000 à 50 000 combattants et civils. 4 000 soldats défendent la place, commandés par les généraux Thévenet, dit Danican, et Boucret. Le général Beaupuy, bien que blessé, participe également au combat. L'attaque vendéenne n'est pas mieux planifiée qu'à Granville. Dépourvus d'armes de siège, les Vendéens ne peuvent utiliser que leur artillerie. Le 4 décembre, l'avant-garde de l'armée républicaine menée par Boüin de Marigny arrive sur le champ de bataille et provoque la panique des Vendéens qui laissent 800 morts et se replient sur La Flèche. Malgré sa victoire, le général Marigny est tué par un boulet de canon à la fin de la bataille. Sur ordre du représentant Esnue-Lavallée, les têtes des Vendéens et des Chouans tués au combat sont tranchées et exposées sur les remparts de la ville.
François-Joseph Westermann
Physionotrace, par Gilles-Louis Chrétien.
Les Vendéens sont en déroute, talonnés par les cavaliers de Westermann. Après être passés par Baugé le 5, ils atteignent La Flèche le 8 décembre. Mais à leur grand désespoir, ils constatent que la ville est défendue par 1 500 républicains commandés par le général Chabot. Laissant son arrière-garde commandée par Piron de La Varenne pour retenir Westermann, La Rochejaquelein contourne la ville et traverse le Loir à gué. Il prend à revers les troupes de Chabot et les met en fuite, puis il fait réparer le pont et porte secours à Piron, qui peut ainsi repousser Westermann. Cette victoire, remportée grâce au sang-froid de leur général en chef, procure un sursis aux Vendéens
Après s'être reposée deux jours, l'armée vendéenne prend la direction du Mans. Cependant, les Vendéens ne bénéficient plus de l'aide de la population, les environs du Mans et de La Flèche étant des zones « frontières » partagées entre les territoires royalistes à l'ouest et patriotes à l'est.
Le 10 décembre, l'armée vendéenne est au Mans, qu'elle occupe après un court combat. Cependant, les hommes sont démoralisés, ils s'enivrent, se sentent en sûreté dans la place forte, refusent d'en sortir et n'obéissent plus à leurs chefs. Le 12 décembre, l'avant-garde républicaine, commandée par Westermann, arrive en vue du Mans. Le général républicain passe aussitôt à l'attaque mais est repoussé par La Rochejaquelein et 3 000 hommes, essentiellement des Chouans, à l'extérieur de la ville. Toutefois, les heures passant, Westermann finit par recevoir en renfort les troupes de Tilly, puis celles de Marceau et enfin celles de Kléber à la fin de la bataille. Les combats se portent alors à l'intérieur de la ville, mais les Vendéens n'opposent désormais plus aucune résistance organisée. Les affrontements se poursuivent toute la nuit dans un grand chaos au milieu des civils. La Rochejaquelein et le gros des troupes parviennent cependant à se replier sur Laval. D'autres petits groupes de combattants se retrouvent isolés. À l'intérieur de la ville, l'affrontement tourne au bain de sang, les soldats républicains pénètrent dans les maisons et y massacrent les femmes et les enfants vendéens qui s'y étaient réfugiés. Marceau et Kléber tentent en vain de s'opposer à ces atrocités. Westermann se lance à la poursuite des Vendéens et massacre des milliers de traînards entre Le Mans et Laval. 15 000 Vendéens sont tués au cours de cette bataille, beaucoup d'autres sont faits prisonniers; les républicains en revanche n'ont que 30 morts et 100 blessés. La bataille du Mans constitue l'affrontement le plus meurtrier de la guerre de Vendée.
La bataille du Mans
La bataille du Mans, peinture de Jean Sorieul, 1852.
Musée de la Reine Bérengère, Le Mans.
Après la bataille du Mans, presque tous les derniers Chouans, dont Boisguy et Jean Chouan, quittent l'armée et regagnent leurs pays. Le 14 décembre, les 20 000 rescapés vendéens occupent pour la troisième fois Laval. Les troupes républicaines étant concentrées à l'Est, la route vers la Loire par le Sud est à nouveau libre. Malgré la fatigue, les Vendéens n'ont pas le temps de se reposer. Après être passés par Craon et Pouancé les 14 et 15, ils atteignent Ancenis au bord de la Loire le 16 décembre. Désormais proches de leur but, ils se saisissent des rares barques qu'ils parviennent à trouver et construisent des radeaux. La rive opposée est toujours sous le contrôle des républicains. Aussi, pendant toutes les journées du 16 et du 17 décembre, 1 200 soldats vendéens menés par La Rochejaquelein et Stofflet traversent le fleuve en vue de créer une tête de pont. Mais, le 17 décembre, deux chaloupes canonnières républicaines venues de Nantes font leur apparition, coupent le passage et coulent aisément les embarcations qu'ils rencontrent. 400 soldats vendéens périssent noyés. Pendant ce temps, le général Marceau prend position à Châteaubriant au nord, et d'autres troupes, menées par Westermann, arrivent en direction de l'est et accrochent les Vendéens à Ancenis. Ceux-ci sont réduits à fuir vers les zones où les troupes républicaines ne se trouvent pas et partent vers le nord-ouest par Nort-sur-Erdre, en contournant Nantes, trop bien défendue. Le 19 décembre, Westermann rattrape l'arrière-garde vendéenne à Nort-sur-Erdre et massacre 300 à 400 traînards. Le 20 décembre, ils sont à Blain. L'armée vendéenne n'est plus forte que de 6 000 à 7 000 soldats, mais ce qui reste du Conseil vendéen décide d'élire un nouveau général en chef. C'est finalement Fleuriot qui est choisi. Furieux, Talmont, qui estime que ce rôle devait lui revenir, se sépare de l'armée et repart pour le Maine, accompagné de seulement trois de ses compagnons, dont Bongon, bien décidé à recréer la « Petite Vendée » qui lui était fidèle.
Les troupes républicaines progressent. Kléber et Marceau contrôlent la forêt du Gâvre. Les Vendéens doivent se rabattre vers le sud-ouest et Savenay. Le matin du 22 décembre, après que les 150 hommes de la garnison eurent opposé un baroud d'honneur, les Vendéens pénètrent dans la ville que les républicains ont évacué. À ce moment, les Vendéens ne comptent plus que 6 000 soldats et presque autant de blessés, de femmes et d'enfants.
Ils ne tardent pas à être rejoints dans la soirée par l'armée républicaine forte de 18 000 hommes qui prend position au nord de la ville. Au soir du 22 décembre, les Vendéens sont presque encerclés. Le lendemain à l'aube, l'infanterie républicaine, commandée par Marceau, Kléber, Tilly et Canuel, passe à l'offensive. En quelques heures, les forces vendéennes sont écrasées. Luttant avec l'énergie du désespoir, les femmes se joignent même aux combattants lors des affrontements au corps-à-corps. Fleuriot, avec 300 cavaliers commandés par Georges Cadoudal, parvient à effectuer une percée, mais il est ensuite repoussé et sa cavalerie dispersée par la contre-attaque républicaine. Les cavaliers réussissent néanmoins à s'échapper. Ce n'est pas le cas du gros des troupes vendéennes qui se replie vers l'Ouest. Les soldats tentent alors une ultime résistance afin de couvrir la fuite des femmes et des enfants. Lyrot est tué lors de cet affrontement, ainsi que La Roche-Saint-André. Bernard de Marigny, en revanche, parvient avec les deux canons qui lui restent, à tenir sa position pendant une heure puis à prendre la fuite dans les marais. La victoire républicaine est écrasante, les Bleus n'ont que 30 morts et 200 blessés. En face, 4 000 à 7 000 Vendéens périssent dans Savenay et ses environs, tués au combat ou exécutés sommairement. Des milliers d'autres sont capturés et enfermés dans l'église. Alors que le gros de l'armée, mené par Kléber, part défiler à Nantes, plusieurs détachements de cavalerie commandés par Marceau et Westermann, guidés par des meutes de chiens, se lancent à la poursuite des survivants. Ceux qu'ils rencontrent sont tués ou faits prisonniers. Westermann fait notamment fusiller par ses hussards 500 à 700 hommes, femmes et enfants vendéens à Prinquiau. Des milliers d'autres sont capturés et conduits à Savenay. Les représentants en mission Prieur de la Marne, Turreau et Bourbotte font alors condamner à mort tous les soldats vendéens pris les armes à la main. Ceux-ci, au nombre de 2 000, sont fusillés pendant les huit jours qui suivent la bataille. Les femmes et les enfants, au nombre de 1 679 sont envoyés dans les prisons de Nantes où ils périssent tous, fusillés ou noyés en masse sur ordre du représentant Carrier.
Avec l'aide de passeurs, environ 2 500 fugitifs, parmi lesquels l'abbé Bernier et Victoire de Donnissan de Lescure parviennent à traverser la Loire dans les jours qui suivent la bataille. Au total, sur les 60 000 à 100 000 personnes que comptaient les Vendéens au début de la campagne, 50 000 à 70 000 sont morts; 4 000 seulement sont parvenus à regagner la Vendée militaire. Les autres sont capturés ou trouvent refuge chez les Chouans, au nord de la Loire.
La Bataille de Savenay
Chouans dans la Vendée, auteur inconnu, XIXe siècle.
Musée d'art et d'histoire, Cholet.
La bataille de Savenay marque la fin de la Virée de Galerne, qui se termine par une victoire décisive des forces républicaines. Cependant, Marceau, écœuré par la guerre civile et par les massacres, demande sa mutation aux frontières pour aller combattre les forces de la coalition. Le 30 décembre, il passe son commandement au général Turreau, avec qui il a une altercation très vive, lui reprochant son peu d'empressement à venir combattre. Il occupe un temps le commandement militaire de la ville de Châteaubriant, puis il est mis en accusation pour avoir sauvé une jeune royaliste à la bataille du Mans. Défendu par Bourbotte, il est finalement acquitté et muté selon son souhait, dans l'armée de Sambre-et-Meuse. Le poste de général en chef de l'armée de l'Ouest revient alors au général Louis Marie Turreau. Ce dernier met en place un plan de répression, les colonnes incendiaires, qui devait par la suite relancer la guerre. Kléber, qui tente de s'y opposer en préconisant l'occupation du pays par la construction de forts, est finalement envoyé à Vitré au sein de l'armée des côtes de Brest pour combattre les Chouans. Il s'oppose, avec succès cette fois-ci, à Rossignol, son général en chef, qui veut étendre les colonnes incendiaires à certaines zones de l'Ille-et-Vilaine, de la Loire-inférieure et de la Mayenne. Kléber reste en Bretagne jusqu'en mai 1794, puis il est muté à son tour dans l'armée du Nord.
Aux combats succède rapidement la répression. Elle est particulièrement violente à Nantes, où le représentant Jean-Baptiste Carrier organise l'exécution de milliers de personnes par les noyades et les fusillades. 8 000 à 11 000 prisonniers sur 12 000 à 13 000, hommes, femmes et enfants, périssent à Nantes de novembre 1793 à février 1794 par les exécutions ou les épidémies. De plus dans le Maine-et-Loire, dirigé par les représentants Adrien Francastel et Nicolas Hentz, et particulièrement à Angers, Saumur, Avrillé, Doué-la-Fontaine, Sainte-Gemmes-sur-Loire, Le Marillais et aux Ponts-de-Cé, 11 000 à 15 000 personnes, hommes, femmes et enfants, sont emprisonnées, 6 500 à 7 000 sont fusillées ou guillotinées, 2 000 à 2 200 meurent dans les prisons.
En novembre 1793 le Comité de Salut public avait voté un décret qui condamnait tout ville prise sans combat par les « Brigands » à être incendiée. Quelques villes, comme Fougères ou Laval, sont menacées, mais ce décret n'est finalement pas appliqué.
Des commissions militaires sont mises en place dans les départements traversés par les Vendéens, ainsi en Ille-et-Vilaine, 553 personnes sont condamnées à mort et exécutées par les commissions Brutus Magnier, O'Brien et Frey-Vaugeois pendant cinq mois, essentiellement à Rennes et Fougères
Interrogatoire du prince de Talmont, peinture de Jules Benoît Levy, 1895.
Ecomusée de Vendée, château du Puy du Fou, Les Épesses.
De son côté, le prince de Talmont, qui tentait d'entrer en relation avec Joseph de Puisaye, est arrêté au village de Pont-dom-Guérin, à La Bazouge-du-Désert, avec ses trois compagnons, par la garde nationale du Loroux. Emprisonné à Fougères, Rennes puis Vitré dans de très mauvaises conditions, il subit un long interrogatoire. Atteint du typhus, il est finalement envoyé à Laval où il meurt guillotiné devant les portes de son château le 27 janvier 1794.
D'autres officiers trouvent la mort en tentant de traverser la Loire. Donissan, arrêté à Ancenis, est fusillé à Angers le 8 janvier. Piron de La Varenne se noie dans le fleuve le 10 mai 1794 lorsque sa barque est surprise et coulée par une canonnière républicaine.
Au début de l'année 1794, la Vendée militaire est définitivement vaincue. Cependant, la guerre ne s'arrête pas. Charette qui n'a pas pris part à la Virée de Galerne poursuit les combats depuis octobre contre le général Nicolas Haxo. Ce dernier s'empare notamment, avec 6 000 hommes, de Noirmoutier le 3 janvier. Le général d'Elbée et les 2 000 défenseurs de l'île se rendent sous promesse de vie sauve mais sont tous fusillés. La guerre reprend véritablement le 21 janvier lorsque le général Turreau passe à l'offensive. De janvier à mars, ses colonnes incendient tout sur leurs passages et commettent de nombreuses atrocités, certaines exterminent même des villages entiers.
Plusieurs chefs rescapés — Stofflet, Sapinaud de La Rairie, puis Marigny — parviennent au bout de quelques mois à reformer des troupes. En revanche, Henri de La Rochejaquelein, après avoir rassemblé 800 à 1 200 hommes, est tué dans une escarmouche le 28 janvier 1794 à Nuaillé.
Cependant, le 15 février 1794, au nord de la Loire, 200 chouans menés par Aimé Picquet du Boisguy s'emparent du bourg de Mellé, en Ille-et-Vilaine tandis que Jean Chouan et Jambe d'Argent poursuivent la lutte à l'Ouest de Laval. Ce combat marque le début de la reprise de l'insurrection royaliste, qui démarre dans les zones traversées par les Vendéens lors de la Virée, soit Fougères et Laval, les insurgés étant des Chouans rescapés de la Virée de Galerne et des soldats vendéens réfugiés au nord de la Loire. Rapidement, l'insurrection s'étend à la Bretagne et au Maine. En mars, elle atteint le Morbihan à la suite du combat de Mangolérian. En juin, sur les limites de la Loire-inférieure et du Maine-et-Loire, Marie Paul de Scépeaux rassemble 700 hommes originaires des environs mais dont la plupart ont combattu plusieurs mois dans l'armée vendéenne, avant même la Virée de Galerne. Scépeaux forme l'armée catholique et royale du Bas-Anjou et de la Haute-Bretagne et remporte plusieurs succès. C'est le début de la Chouannerie, qui contrairement à la Vendée en déclin, prendra de plus en plus d'ampleur.