Simón José Antonio de la Santísima Trinidad Bolívar y Palacios, plus connu sous le nom de Simón Bolívar, surnommé le Libertador, né le 24 juillet 1783 à Caracas au Venezuela, et est mort le 17 décembre 1830 à Santa Marta en Colombie, est un général et homme politique sud-américain. Anti-impérialiste et nationaliste, il est une figure emblématique, avec l'Argentin José de San Martín de l'émancipation des colonies espagnoles d'Amérique du Sud dès 1813. Il participa de manière décisive à l'indépendance des actuels Bolivie, Colombie, Équateur, Panamá, Pérou et Venezuela. Bolivar participa également à la création de la Grande-Colombie, dont il souhaitait qu'elle devînt une grande confédération politique et militaire regroupant l'ensemble de l'Amérique latine, et dont il fut le premier Président.
Le titre honorifique de Libertador lui fut d'abord accordé par le Cabildo de Mérida, au Venezuela, puis ratifié à Caracas (1813), et reste aujourd'hui encore associé à son nom. Bolívar rencontra tant d'obstacles pour mener à bien ses projets qu'il en arriva à s'appeler lui-même « l'homme des difficultés », dans une lettre adressée au général Francisco de Paula Santander en 1825.
Figure majeure de l'histoire universelle, Bolívar est aujourd'hui une icône politique et militaire dans de nombreux pays d'Amérique latine et dans le monde, qui ont donné son nom à un très grand nombre de places, de rues ou de parcs. Son nom est aussi celui d’un État du Venezuela, d’un département de la Colombie et surtout d’un pays, la Bolivie. On retrouve des statues à son effigie dans la plupart des grandes villes d'Amérique hispanophone, mais aussi à New York, Lisbonne, Paris, Londres, Bruxelles, Le Caire, Tōkyō, Québec, Ottawa.
La mère de Simón Bolívar, María de la Concepción Palacios y Blanco, tout comme son père Juan Vicente Bolívar y Ponte faisaient partie de l'aristocratie de Caracas, et en dépit d'une grande différence d'âge ils se marièrent en 1773 : Juan Vicente avait 47 ans tandis que Concepción n'en avait que 15. Ils eurent cinq enfants, dans l'ordre María Antonia, Juana Nepomucena, Juan Vicente, Simón et María del Carmen. Cette dernière mourut cependant dans les heures qui suivirent sa naissance.
La famille Bolívar était originaire de la petite localité de Ziortza-Bolibar, en Biscaye (Pays basque espagnol), rattachée à la commune de Markina-Xemein. Depuis le début des colonies sud-américaines, la famille Bolívar s'est impliquée au Venezuela. Le premier membre de la famille qui arriva au Venezuela fut son homonyme Simón de Bolívar (dit Simón de Bolívar le Vieux) qui parvint à Caracas avec son fils (dit Simón de Bolívar le Jeune), en 1589, trente ans après la fondation de la ville. Bolívar le Vieux s'est distingué comme comptable du roi au service exclusif de Philippe II d'Espagne, et eut d'autres responsabilités administratives au Venezuela.
Avec le temps, la famille Bolívar s'est unie par le mariage avec d'autres familles des premiers colons du Venezuela et a obtenu divers rangs et distinctions comme ceux de Régisseur, sous-lieutenant du Roi, ainsi que des titres de noblesse comme celui de marquis de Bolívar et vicomte de Cocorote, ce dernier étant associé à la cession des riches mines de cuivre de Cocorote et de la seigneurie d'Aroa. Les Espagnols avaient fait venir des esclaves Noirs au Venezuela, famille Bolivar possédait depuis des générations des esclaves africains.
Simón Bolívar est né dans la nuit du 24 au 25 juillet 1783, dans une villa de la Plaza San Jacinto de Caracas et son nom complet est Simón José Antonio de la Santísima Trinidad Bolívar de la Concepción y Ponte Palacios y Blanco, avec lequel il fut baptisé le 30 juillet suivant à la cathédrale de Caracas par son cousin, le docteur Juan Félix Jerez Aristeguieta. C'est ce dernier qui aurait, d'après Juan Vicente Bolívar, proposé le prénom de Simón.
En janvier 1786, alors que Simón Bolívar était âgé de deux ans, son père mourut de la tuberculose, laissant Concepción diriger la famille, veillant efficacement aux intérêts de la famille. Mais elle-même fut touchée par la tuberculose et sa santé déclina rapidement.
Concepción mourut le 6 juillet 1792, quand Simón avait huit ans, mais prenant la précaution d'écrire un testament détaillant qui devrait avoir la charge de ses enfants. Les frères et sœurs Bolívar passèrent donc sous la garde de leur grand-père Don Feliciano Palacios, lequel tout en assumant cette responsabilité, tomba lui aussi malade et commença à écrire à son tour un testament pour désigner un nouveau tuteur choisi en accord avec les enfants.
Simón Bolívar fut confié à son oncle Don Esteban Palacios y Blanco, mais comme celui-ci se trouvait en Espagne il demeura sous la garde d'un autre de ses oncles, Don Carlos Palacios y Blanco, de caractère dur et strict, et qui s'absentait fréquemment de Caracas pour s'occuper de ses propriétés, laissant la garde de son neveu à ses domestiques. Simón Bolívar était alors scolarisé à l'école publique de Caracas.
Malgré tout, les références qu'a laissées Bolívar dans ses correspondances laissent supposer que son enfance fut heureuse et qu'il fut entouré de beaucoup d'affection, ayant d'agréables souvenirs, avec des parents connus et influents dans une ambiance très aristocratique et d'une façon plus générale, dans une ambiance qui lui a offert un certain équilibre émotionnel.
Il y a quelques anecdotes popularisées au Venezuela qui présentent Bolívar enfant comme quelqu'un de turbulent, anecdotes relayées par des écrivains romantiques qui cherchaient à lui attribuer dès l'enfance un caractère insoumis, avec l'idée qu'un homme exceptionnel ne puisse pas provenir d'un enfant sage. Mais il fut démontré que ces anecdotes furent inventées et introduites dans des récits historiques par Arístides Rojas, considéré comme un excellent narrateur mais usant souvent de son imagination faute de documents étayant ses affirmations
Maison natale du Libertador à Caracas.La jeune scolarité de Bolívar ne fut pas très brillante, dans une école publique de la municipalité de Caracas manquant de moyens et présentant des carences administratives. Simón Rodríguez y fut l'instituteur de Bolívar et Don Carlos pensait lui confier la garde de Bolívar, ne pouvant pas s'occuper personnellement de lui. Les protestations de sa nièce María Antonia à propos de l'éducation que recevait Bolívar étaient fréquentes.
Devant la perspective d'aller vivre avec son maître d'école, Bolívar s'échappa de la maison de son oncle le 23 juillet 1795 pour rejoindre sa sœur María Antonia, qui prit temporairement sa garde le temps que se réglât le litige judiciaire à la Real Audiencia de Caracas, qui rendit à Don Carlos la garde de l'enfant. Bolívar tenta d'y résister, mais fut emmené de force vers la demeure de Simón Rodríguez.
Là, les conditions de vie pour Bolívar furent très en deçà de ce qu'il connaissait, devant partager l'espace avec 20 autres personnes dans une maison n'étant pas conçue pour cela. Bolívar prit à nouveau la fuite à plusieurs reprises, revenant chaque fois par ordre des tribunaux. Rodríguez finit par renoncer à sa fonction d'instituteur pour partir en Europe, et la Real Audiencia de Caracas décida alors que Bolívar serait muté à l'Académie de mathématiques, dirigée par le père Andújar et qui se tenait dans la maison de son oncle Don Carlos. Dans cette académie, la formation de Bolívar s'est notablement améliorée et fut complétée par des cours d'histoire et de cosmographie donnés par Don Andrés Bello, jusqu'à son entrée dans le Batallón de Milicias de blancos de los Valles de Aragua (le « bataillon des milices de blancs des vallées d'Aragua ») le 14 janvier 1797.
Selon une légende tenace, Bolivar aurait été inscrit au Collège Royal de Sorèze, dans le Tarn, en France, de 1793 à 1795. Il est aujourd'hui établi que Bolivar ne fréquenta jamais cette école militaire. Il s'y rendit deux fois, en 1804 et 1805, pour saluer deux de ses neveux. L'origine de cette légende est sans doute dans le grand prestige de cette institution, en Espagne et dans les colonies, ainsi que dans le fait que Napoléon avait demandé à y être admis. Entre Convention et Directoire, alors que la jeune République française cherchait ses marques, Bolivar y aurait reçu un enseignement bénédictin, et assisté à la montée en puissance de Napoléon Bonaparte. Adolescent, Simon Bolivar aurait été nourri par cette période riche d'enseignements politiques et libertaires, qui aurait constitué une source d'inspiration fondatrice de sa démarche politique à venir.
Bolívar commence sa carrière militaire à l'âge de quatorze ans et obtient le titre de sous-lieutenant deux ans plus tard, dans une unité militaire créée en 1759 par l'un de ses aïeux, Don Juan de Bolívar.
Son service militaire est interrompu par la décision de ses oncles Esteban et Carlos de l'envoyer en Espagne afin de mieux connaître le monde et de compléter sa formation.
Cependant l'Espagne se trouve alors prise dans une crise internationale complexe provoquée par la Révolution française et les ambitions de Napoléon Bonaparte, à laquelle il faut ajouter un affrontement interne entre absolutistes et libéraux, et un déficit fiscal aggravé par un blocus maritime imposé par les Britanniques qui perturbe le trafic habituel vers les Amériques, attaquant toute embarcation qui tenterait de franchir le blocus.
L'entreprise de voyage est donc délicate et risquée, mais Bolívar peut néanmoins l'accomplir notamment grâce à des convois envoyés par les Espagnols pour briser le blocus. C'est grâce à un convoi commandé par l'amiral Alcalá Galiano, qui a pu quitter le port de Cádiz en décembre 1798, franchir le blocus et arriver au Venezuela, que Bolívar peut partir. Il embarque le 19 janvier 1799 à bord de l'un des navires arrivés entiers, le navire de ligne San Ildefonso, dans le port de La Guaira. Le navire fait voile vers Veracruz pour réunir la flotte et attendre le moment opportun pour retourner en Espagne.
À Veracruz, Bolívar est hébergé chez Don José Donato de Austria et pendant que la flotte de Galiano stationne au port de La Havane, il voyage jusqu'à la ville de Mexico pour rendre visite à Obispo Viana. De retour à Veracruz, il reprend son voyage pour l'Espagne et atteint le port de Santoña le 13 mai 1799 d'où il part immédiatement pour Madrid.
Rapidement après son arrivée à Madrid, Bolívar s'installe chez le marquis d'Ustáriz, un haut fonctionnaire du Roi ayant une éducation sophistiquée et qui devient l'un des tuteurs les plus influents sur l'éducation et la pensée de Bolívar. C'est une personne compétente et expérimentée, notamment dans les tâches de gouvernement, domaine dans lequel il complète l'éducation de Bolívar.
C'est aussi à cette période, en l'an 1800, que Bolívar rencontre celle qui deviendra sa femme, Maria Teresa del Toro y Alayza, fille du Marquis del Toro. Elle accepte sa demande de fiançailles au mois d'août 1800, mais étant donné leur jeunesse, lui n'ayant que 19 ans et elle 21, ils attendirent deux ans avant de se marier. Bolívar en profite pour se rendre tout d'abord à Bilbao où il commence à étudier les langues, puis à Paris où il est le témoin de nombreux évènements de la France révolutionnaire et en contact direct avec la France des Lumières. Il se montre aussi fervent admirateur de Napoléon.
Statue de S. Bolivar, à Belgrave Square (Londres)En 1802, Bolívar retourne en Espagne pour reprendre les procédures légales de son mariage, et devient l'époux de Maria Teresa le 26 mai dans l'église paroissiale de San José de Madrid. Il se consacre ensuite à préparer son retour en Amérique.
À la suite de divers événements qui modifient leurs plans, Bolívar et son épouse embarquent à La Corogne le 15 juin 1802 pour un trajet direct jusqu'au Venezuela, et arrivent au port de La Guaira le 12 juillet de la même année.
Rapidement après leur arrivée ils s'établissent au majorat de la Concepción, situé près de la Plaza Mayor de Caracas, à l'angle de Las Gradillas. Bolívar assume pleinement l'administration de ses biens.
Les deux époux suscitent la curiosité de l'aristocratie de Caracas, qui espère en apprendre sur la Cour et sur le personnage du moment, Bonaparte. Durant les différentes fêtes et réunions qu'ils fréquentent, Maria Teresa découvre une société cultivée et raffinée où l'on discute librement de politique et des livres révolutionnaires pourtant prohibés en Espagne.
Le couple se rend fréquemment dans les propriétés de la famille de Bolívar, lequel profite d'une année heureuse. Mais Maria Teresa contracte alors la fièvre jaune, maladie endémique des pays tropicaux, et son état se dégrade rapidement. Elle en meurt le 22 janvier 1803.
Sa mort affecte profondément Bolívar qui se trouve au bord de la dépression, aigri, et dont l'idée d'une vie heureuse au Venezuela se trouve anéantie. Bolivar fit le serment de ne jamais plus se marier. Il respecta cet engagement, mais n'en eut pas moins une vie sentimentale très animée, scandaleuse aux yeux de la société sud-américaine.
Après le décès de son épouse, Bolívar se consacre aux travaux dans ses plantations, mais le temps passé au Venezuela lui devient insupportable et il décide de revenir en Europe.
En décembre 1803, il arrive en Espagne et s'installe dans le port de Cadix où il reste jusqu'en février 1804, puis se rend à Madrid. On sait que Bolívar maintient durant cette période des contacts avec ses représentants commerciaux mais on spécule aussi sur son adhésion à ce moment à la Grande loge américaine des Francs-maçons.
Il revoit à Madrid son beau-père le Marquis del Toro avec qui il partage la peine de la mort de Maria Teresa. Peu de temps après il décide de retourner en France, arrivant à Paris en avril 1804.
Selon différents points de vue critiques, la reconstruction de la vie de Bolívar entre 1804 et 1807 est difficile et les récits sur cette période semblent parsemés de mythes. On sait cependant qu'il voyage entre Paris et Rome durant cette période, qu'il retrouve son ancien maître Simón Rodríguez et qu'il entretient des échanges avec le fameux naturaliste et explorateur baron Alexander von Humboldt, le botaniste Aimé Bonpland ainsi qu'avec l'étudiant Carlos Aguirre y Montúfar, qui l'accompagne à Rome en 1805.
À Paris, Bolívar assiste probablement au couronnement de Napoléon Ier, et se retrouve en contact avec la pensée des Lumières dans une atmosphère chargée de romantisme. Les idées de changements et de révolution ont notablement imprégné ses idéaux politiques, et Bolívar en vient à conclure que l'Espagne ne pourra pas s'opposer à la France de Napoléon et que son affaiblissement sera mis à profit par ses ennemis tels que l'Angleterre. Il prend conscience que tout cela mènera les colonies espagnoles d'Amérique à devoir choisir entre une domination française ou anglaise, à moins de prendre en main leur avenir indépendamment de l'Espagne.
Ce raisonnement confirme Bolívar dans sa conviction que l'indépendance est l'option la plus bénéfique pour les Amériques après la destruction de la flotte espagnole par les britanniques lors de la bataille de Trafalgar en 1805 et en considérant la position très délicate de la Couronne d'Espagne face à Napoléon.
Statue de Simón Bolívar. Avenida da Liberdade, LisbonneCes éléments le conduisent à rejeter l'idée d'un possible leadership de Napoléon dans le monde, et à prêter devant son ami et précepteur Simón Rodríguez le serment du Monte Sacro à Rome, où il aurait juré par les dieux de ses ancêtres, par ses ancêtres eux-mêmes, par son honneur et par sa patrie de mettre un terme à la domination espagnole en Amérique. De nombreux doutes entourent ce fameux serment, rédigé pour la première fois par Rodriguez, en 1850, alors que le précepteur avait quatre-vingts ans. La version "officielle", par Manuel Uribe a été, elle, publiée seulement en 1884.
En 1808, les pressions de Napoléon sur la Couronne d'Espagne déclenchèrent une série d'évènements qui aggravèrent davantage encore la situation espagnole déjà compromise. Après le soulèvement d'Aranjuez et, surtout, l'humiliation de l'Entrevue de Bayonne, le 5 mars 1808, où Napoléon le contraignit à lui céder le trône afin qu'il puisse y placer son frère Joseph, le roi Charles IV d'Espagne abdiqua en faveur de son fils, Ferdinand VII, le 19 mars 1808. Ces évènements provoquèrent un grand soulèvement populaire en Espagne, qui marqua le début de la Guerre d'indépendance espagnole. En Amérique aussi bien qu'en Espagne, des juntes régionales se formèrent pour lutter contre l'envahisseur français et rétablir sur le trône le monarque légitime.
Toutefois, au sein des juntes américaines, on ne parlait avec enthousiasme que de la Junte populaire de Cadix, et beaucoup d'entre elles étaient considérées avec méfiance par les autorités espagnoles, qui les soupçonnaient d'être favorables aux Français. Les autorités gardaient en mémoire certaines actions américaines, telle la publication d'une œuvre sur Les Droits de l'Homme par Antonio Nariño à Bogota, le mouvement de Juan Picornell, la Conspiration de Manuel Gual et José María España, ou encore les expéditions militaires catastrophiques de Francisco de Miranda au Vénézuéla.
D'un autre côté, les autorités espagnoles considéraient qu'il était naturel que les juntes américaines imitent leurs homologues de la Péninsule, car les territoires espagnols d'Amérique étaient compris comme une part essentielle et intégrante du Royaume d'Espagne, et non comme de simples colonies à proprement parler.
Avec le temps, en conséquence du débat politique et de l'instabilité internationale, deux camps bien distincts finirent par se former: celui des royalistes, qui voulaient rester sous la dépendance directe de la Monarchie espagnole, dirigé par Juan de Casas (Capitaine Général du Venezuela de 1807 à 1809), et celui des patriotes, partisans de la constitution d'une Junte gouvernante avec la pleine autonomie, telle les Juntes provinciales en Espagne, mais en maintenant des liens avec l'Espagne en dehors d'une reconnaissance formelle de Ferdinand VII, voulant imiter par là l'exemple du Brésil, régi depuis Braganza sous l'autorité d'un membre de la Couronne portugaise (autorité relative, donc, permettant l'autonomie).
Ainsi, au milieu de l'année 1807, lorsque Bolivar rentra à Caracas, la ville était plongée dans une atmosphère de grande agitation sociale et politique, gouvernée par des personnages intérimaires supervisés par un Régent royal, Joaquín de Mosquera y Figueroa, lequel était considéré comme un visiteur, et vu d'un mauvais œil par les Caraqueños.
Cette atmosphère était peu propice au règlement d'une situation de crise, et ce fut là une circonstance qui précipita les évènements en faveur de l'indépendance.
Bolivar était rentré à Caracas absolument convaincu de la nécessité d'une indépendance américaine. Il essaya d'abord de convaincre ses parents et ses amis qu'il s'agissait de la meilleure solution possible, mais, à l'exception de son frère Juan Vincente, il n'y parvint pas vraiment. En partie à cause des nouvelles d'Europe, qui arrivaient avec beaucoup de retard et peu de détails, -car le public ne s'intéressait à ces événements que de loin, de façon générale et inexacte-, de sorte que sa capacité à évaluer la situation internationale se trouvait limitée.
Mais soudain les choses changèrent, en quelques jours, après une série d'événements qui causèrent un émoi général à Caracas. Au début de juillet 1808, le Gouverneur de Caracas, Juan de Casas, reçu deux exemplaires du quotidien londonien The Times, que le Gouverneur de Trinidad remit ensuite à celui de Cumaná, et qui rapportait la nouvelle de l'abdication du trône d'Espagne en faveur de Napoléon.
Les autorités tentèrent de garder la nouvelle secrète pour éviter l'alarme générale, mais l'arrivée du brigantin français Le Serpent dans le port de La Guaira le 15 juillet 1808, avec à son bord plusieurs émissaires de Napoléon, fit échouer le plan.
Un officier français se présenta au Gouverneur Casas avec un document officiel confirmant les mauvaises nouvelles du Times, et pendant que le Gouvernement délibérait sur la situation, la population s'inquiéta de l'arrivée spectaculaire des Français, révélant et diffusant largement dans les journaux et dans d'autres publications la chute de la Monarchie espagnole.
La population fut saisie par le malaise et l'indignation, et la situation empira quand un capitaine de frégate anglais appelé Beaver débarqua à La Guaira de l'Alcasta, qui avait poursuivi Le Serpent sans réussir à le rattraper, et alla informer le Gouverneur qu'en Espagne la lutte contre les Français continuait, et que Napoléon ne dominait pas encore la situation.
Alors s'installa une étrange procédure politique entre le Gouverneur, la Audiencia (la plus haute instance juridique) et le Cabildo (le conseil municipal de Caracas), qui termina de saper l'ordre colonial en vigueur, pendant que l'émoi général divisait la population de Caracas en deux camps: ceux qui, derrière Bolivar, désiraient proclamer l'indépendance, et ceux qui, représentés par d'autres Créoles, préféraient la fidélité à la Couronne d'Espagne.
Ainsi, le 11 janvier 1809, arrivèrent plusieurs dépêches officielles qui annonçaient la création de la Junte Centrale d'Espagne et des Indes, installée à Séville depuis le 16 décembre 1808. Trois jours après, le 14 janvier 1809, le Mariscal de campo (général de division) Vicente Emparan arriva au Venezuela en qualité de Capitaine Général et Gouverneur de Caracas.
Son arrivée ouvrit une nouvelle perspective dans la situation politique ; très vite circulèrent des rumeurs qui le disaient partisan des Français (Afrancesado), car il avait été nommé par Joseph Bonaparte, alors sur le trône d'Espagne sous le nom de José Ier, à la place de Ferdinand VII.
Dans cette incertitude régnante, le 19 avril 1810, les membres du Cabildo de Caracas décidèrent de constituer une Junte Conservatrice des droits de Ferdinand VII (appelée aussi Junte Suprême de Caracas), dans une déclaration qui s'acheva par la signature d'une Déclaration d'Indépendance et d'une constitution qui instaurerait la Première République du Venezuela, le 5 juillet 1811. La Révolution du 19 avril 1810 obligea donc le Capitaine Général du Venezuela, Vicente Emparan, à céder ses pouvoirs à la Junte, qui fit par ailleurs expulser les fonctionnaires espagnols en poste, Emparan parmi eux, et les fit embarquer sur un navire à destination de l'Espagne.
Peu après, prévenue des évènements, la Régence décida le blocus des côtes vénézuéliennes, mais trop tard ; le processus indépendantiste était déjà inarrêtable, et l'exemple de Caracas fut suivi par les autres Juntes américaines.
Le nouveau gouvernement traça de nouvelles perspectives, dans toutes les directions. Les nouvelles des évènements de Caracas parvinrent à l'Amiral Alexander Cochrane, Commandant des forces navales britanniques dans les Caraïbes. Il transmit ce qu'il avait appris des évènement de Caracas à Londres et mit à disposition de la Junte la corvette Wellington afin qu'elle puisse envoyer, si elle le désirait, une délégation.
Ainsi, Bolivar fut envoyé en Angleterre avec le grade de colonel, dans une mission diplomatique, accompagné d'Andrés Bello et Luis López Mendéz, avec l'instruction de solliciter l'appui britannique en faveur de la Junte au nom du roi Ferdinand VII, profitant de l'alliance nouvelle entre l'Espagne et l'Angleterre, qui avaient laissé de côté leurs différents historiques face au péril commun représenté par Napoléon.
La mission diplomatique arriva à Londres au milieu d'une situation politique délicate, car l'Angleterre venait d'accorder une coûteuse aide militaire à l'Espagne, et le refus de la Junte de reconnaître l'autorité de la Régence espagnole fut alors un obstacle dans les négociations.
Cependant, Lord Wellesley considéra convenable de recevoir la délégation dans sa résidence particulière, Apsley House, craignant que les Vénézuéliens ne s'adressent à Napoléon en recherchant un appui et désirant sonder les intentions diplomatiques vénézuéliennes.
Dès l'abord, les Britanniques laissèrent entendre que dans les circonstances présentes un appui au Venezuela était impossible, et dans une tentative de faire pression sur la couronne d'Espagne pour qu'elle leur donne le droit de commercer librement avec ses colonies, ils essayèrent de dévier les négociations des accords commerciaux dans le sens le plus conforme à leurs intérêts.
Bien que tous les objectifs de la délégations ne furent pas remplis, quelques compromis importants purent être convenus grâce à la présence à Londres de Francisco de Miranda. Bolivar entretint avec lui des contacts qui pesèrent favorablement sur les négociations.
Ainsi Bolivar réussit à obtenir la secrète connivence des Anglais, déguisée en neutralité, ainsi que l'ouverture du commerce extérieur, et la possibilité que l'Angleterre fasse pression sur l'Espagne en faveur des intérêts vénézuéliens.
Après avoir convenu avec les Anglais de la permanence d'un représentant à Londres, Bolivar embarqua sur la corvette Shaphire et arriva à La Guaira le 5 décembre 1810.
Une fois au Venezuela, il procéda à différentes tractations afin de négocier le retour de Francisco de Miranda. Grâce à ces tractations , ce dernier rentra au Venezuela à bord du brigantin anglais Avon le 10 décembre 1810, accueilli froidement par la Junte suprême, qui le nomma néanmoins Lieutenant-Général (général de corps d'armée) peu après.
Miranda entra rapidement en conflit avec le Chef Militaire du Gouvernement, le Marquis del Toro, à cause de son incapacité à maîtriser la rébellion royaliste de Coro. Pendant ce temps, les circonstances avaient favorisé l'apparition dans Caracas d'organisations telles la Société Patriotique, laquelle était une sorte d'association indépendantiste qui fonctionnait comme un foyer de débats politiques, livrant les conclusions de ces débats dans sa revue propre, Le Patriote du Vénézuéla.
Bolivar était un membre important de cette association, qui fut particulièrement impliquée dans la ratification de la Déclaration d'indépendance du 5 juillet 1811, et qui s'opposa ensuite à la Constitution du 21 décembre 1811, considérant qu'il s'agissait d'une copie conforme de celle qu'avaient adoptée les États-Unis et qu'elle n'était donc pas adaptée aux réalités du Venezuela.
Le 13 août 1811, les troupes commandées par Miranda obtinrent une victoire à Valencia, contre les rebelles qui prétendaient rétablir le statut de capitale de la ville. C'est au cours de cette action que Bolivar commença réellement sa carrière militaire, en apprenant à mener une attaque contre une place fortifiée, et ce fut son baptême du feu, qu'il affronta de telle sorte que Francisco de Miranda le proposa au grade de colonel et l'envoya annoncer la victoire au gouvernement de Caracas.
Peu après, sur sa propre initiative, Bolivar commença de relever le moral des troupes dans les Valles de Aragua, ce pour quoi le général Miranda, alors commandant en chef des armées républicaines, le persuada d'accepter le grade de lieutenant-colonel à l'Etat-Major et le nomma commandant militaire de Puerto Cabello, la principale place-forte du Venezuela.
Cette ville était une position militaire clé par ses caractéristiques de port, d'arsenal, de prison militaire, de garnison et d'appui (matériel) pour le contrôle de la zone. Là étaient détenus les prisonniers de guerre influents, au Castillo San Felipe, où était aussi stocké une grande partie de l'arsenal républicain, bien que ce fût contraire aux normes de sécurité militaire.
Miranda avait bien ordonné que l'arsenal soit déplacé, mais cet ordre ne fut jamais exécuté, ce qui, allié à l'inexpérience militaire de Bolivar, fut une des raisons de la chute de Puerto Cabello.
Les prisonniers réussirent à prendre par surprise leurs gardiens, et avec l'aide d'un officier qu'ils avaient soudoyé, s'approprièrent le Castillo San Felipe et bombardèrent la ville de Puerto Cabello.
Bolivar essaya de reprendre la garnison durant six jours de combats ininterrompus, avec le peu d'effectifs dont il disposait, qui ne dépassait pas la quarantaine d'hommes, mais la situation lui était trop défavorable. Il n'était pas possible de bombarder le castillo à cause de la portée réduite des pièces républicaines, et en plus la ville fut attaquée par les troupes de Domingo Monteverde. Après avoir lancé un dernier assaut frontal sur le castillo, sans succès, Bolivar décida d'abandonner la place, et réussit à s'échapper au prix de nombreuses peines.
Statue équestre du Libertador, Caracas-Venezuela.Cet évènement, en plus du violent séisme du 26 mars 1812, fit pencher la balance en faveur des royalistes, et bien que beaucoup pensaient qu'il était possible de continuer la lutte, Francisco de Miranda capitula, le 26 juillet 1812, sous mandat du Congrès, et signa le Traité de La Victoria, qui instaurait de nouveau la domination espagnole sur le Venezuela.
Le 30 juillet 1812, Miranda arriva à La Guaira avec l'intention de s'embarquer sur le Shaphire, au beau milieu d'une situation dans laquelle peu d'officiers vénézuéliens étaient au fait des négociations avec Monteverde, s'estimant donc trahis par Miranda, alors qu'il avait agi sur l'ordre du Congrès.
Ainsi, alors que Miranda était logé dans la maison du colonel Manuel María Casas, Commandant de La Guaira, un groupe de républicains, nombreux, parmi lesquels comptaient Miguel Peña et Simon Bolivar, le convainquit de rester une nuit de plus dans la résidence de Casas.
A deux heures du matin, Peña, Casas, Bolivar et quatre hommes armés s'introduisirent dans la chambre de Miranda, qui dormait profondément, prirent par précaution son épée et son pistolet, le réveillèrent, lui ordonnèrent avec rudesse de se lever et de se vêtir, après quoi ils le mirent aux fers et le remirent à l'Espagnol Monteverde.
En échange de cet acte de trahison, l'espagnol Francisco Antonio de Yturbe y Hériz accorda à Bolivar un sauf-conduit que ce dernier avait sollicité pour s'exiler, sur faveur spéciale de Domingo Monteverde. A cette occasion, le général espagnol fit en sorte que la capture de Miranda soit comprise comme un service rendu au Royaume d'Espagne.
Le 27 août 1812, Bolivar fut autorisé par Domingo Monteverde à se rendre sur l'île de Curaçao, occupée par les Anglais. Il fit le voyage sur la goélette espagnole Jesus, María y José accompagné de José Félix Ribas, Vincente Tejera et Manuel Díaz Casado.
Il se rendit ensuite à Carthagène des Indes, où le processus indépendantiste avait débuté le 20 juillet 1810 et avait abouti à la formation de différentes Juntes Suprêmes rivales. Dans ce cadre, il compila un manuscrit connu sous le nom de Manifeste de Carthagène, où il se livre à une analyse politique et militaire des causes qui ont entraîné la chute de la Première République vénézuélienne, et où il exhorte la Nouvelle-Grenade à ne pas commettre les mêmes erreurs.
Dans ce texte, il propose également des formules qui aideraient à remédier aux divisions des provinces et à promouvoir l'union des peuples américains en vue de l'objectif commun: l'Indépendance.
Ainsi, peu après son arrivée, Bolivar sollicita auprès du Gouvernement de Carthagène le droit de servir dans les rangs de son armée, et se vit confier le commandement d'une garnison de 70 hommes dans la petite localité de Barrancas, où commencerait de se forger son futur prestige militaire.
Au début, Bolivar était subordonné à un aventurier français nommé Pierre Labatut, mais désobéissant à celui-ci, il lança une campagne contre les troupes royalistes qui se trouvaient sur les rives du fleuve Magdalena, ce qui augmenta l'aguerrissement et la cohésion de ses hommes.
Le résultat de cette campagne fut la libération de localités telles Tenerife, El Guamal, El Banco, Tamalameque et Puerto Real de Ocaña; il parvint à éradiquer et disperser plusieurs guérillas royalistes qui opéraient dans la région et occupa finalement Ocaña.
Avant ces succès, le colonel Manuel del Castillo, commandant en chef de Pamplona, sollicita son aide pour arrêter les royalistes qui prévoyaient d'entrer depuis le Venezuela. Afin d'intervenir, le colonel Bolivar dû demander l'autorisation de Carthagène pour opérer sur le territoire des Provinces Unies.
Dès qu'il la reçut, il progressa jusqu'à la frontière vénézuélienne où il livra la Bataille de Cúcuta, offensive du 28 février 1813 contre les troupes espagnoles. L'attaque fut un succès pour lequel le Congrès lui accorda la citoyenneté de l'Union et l'éleva au grade de Brigadier (Général de division) en charge de la division de Cúcuta.
De février à avril 1813, Bolivar dut rester à Cúcuta, à cause d'obstacles légaux et du regard suspect que Manuel del Castillo lui jetait désormais, le soupçonnant de vouloir entrer au Venezuela. Pour un tel projet en effet, Bolivar disposait d'une troupe aguerrie et bien équipée, et d'officiers néogrenadins brillants disposés à le suivre dans une éventuelle libération du Vénézuéla.
Paseo de Bolívar, Barranquilla.Le 16 janvier 1813, les patriotes du Congrès de Carthagène adoptèrent la Convention de Carthagène (1813), rédigée par Antonio Briceño, qui pose le principe d'une guerre d'extermination contre les Espagnols et les Canariens, dans l'idée qu'il s'agit là du plus sûr moyen d'arriver à l'indépendance définitive vis-à-vis de la Couronne d'Espagne, de même qu'Haïti obtint son indépendance au terme de la "guerre à mort" qu'elle avait déclarée aux Français (1793-1804).
Après avoir reçu de Nouvelle-Grenade une autorisation et des moyens, Bolivar lança l'une de ses plus importantes offensives, la Campagne Admirable.
Quand il entra dans Cúcuta en février 1813, pour débuter sa campagne dans les Andes vénézuéliennes, on ne lui opposa aucune résistance. Il avança donc jusqu'à Mérida, qu'il prit pacifiquement, après la fuite des autorités royalistes prévenues de son arrivée imminente. C'est lors de cette entrée triomphale qu'on lui attribua pour la première fois le titre de Libertador, par décision du Cabildo de Mérida.
Le 20 mars 1813, Bolivar et Manuel del Castillo rédigent le Décret de Guerre à mort, d'abord comme une réponse aux atrocités commises durant la campagne de Monteverde, et ensuite comme une tentative de caractériser la Guerre d'indépendance du Venezuela comme un conflit entre deux nations distinctes, alors qu'elle était considérée seulement comme une guerre civile à l'intérieur d'une colonie espagnole. Mais en fait, le Décret a surtout sanctionné et concrétisé les dispositions de la Convention de Carthagène, en avertissant les Espagnols et les Canariens du Venezuela et de Nouvelle-Grenade qu'ils seraient fusillés s'ils n'œuvraient pas à l'indépendance. La Convention du 16 janvier et le Décret du 20 mars ouvrirent donc une période particulièrement violente de la guerre, qui culmina en l'an 1814, et durant laquelle les deux camps (républicains et royalistes) se livrèrent à des exécutions massives de prisonniers et à des représailles systématiques sur la population. La Campagne Admirable devait donc s'achever en une guerre sale qui donna son nom à la période, les Espagnols et les Canariens étant fusillés "tous, presque sans exception" dans chaque ville que traversait l'armée républicaine. Le Décret sera effectif jusqu'en novembre 1820.
Drapeau de Bolívar durant la Guerre à mortLes troupes de Bolivar gagnèrent rapidement du terrain sur cet ennemi qui fuyait devant leur avancée inattendue, ayant pris les royalistes totalement au dépourvu. Surtout, ces derniers craignaient les dispositions prises dans le Décret de Guerre à mort au cas où ils seraient faits prisonniers. Finalement, Bolivar obligea les royalistes à livrer bataille, à Los Taguanes, un endroit situé entre Tucupido et Valencia, où il les écrasa, et les força à capituler ; l'acte fut signé à La Victoria.
Après la capitulation espagnole, Bolivar avait la voie libre jusqu'à la capitale, et il entra triomphalement à Caracas le 6 août 1813. Là, à la suite du triomphe militaire dans Los Mosquiteros, son titre d'El Libertador fut ratifié et lui-même fut nommé Capitaine Général du Venezuela. Depuis lors, son nom reste associé au titre de Libertador.
En février 1814, à Caracas, évènement notable des conditions de la Guerre à mort, Bolivar fit fusiller 886 Espagnols et Canariens en trois jours, les 24, 25 et 26 février.
La Présidence du Venezuela
A partir de ce moment, Bolivar se consacra à l'organisation de l'Etat et à la direction de ce qui paraissait être la dernière étape de la guerre. L'activité administrative qu'il développa prit de grandes dimensions: il organisa le régime militaire au moyen de régulations, il maintint le Consulat en place, créa un nouveau système fiscal ainsi qu'un nouvel appareil de justice, il modifia le gouvernement municipal et accorda la nationalité vénézuélienne à tout étranger qui désirait embrasser la cause républicaine.
Il s'occupa également des affaires économiques, en stimulant l'activité agricole, les exportations et la recherche de main-d'œuvre qualifiée.
La chute de la Deuxième République
Ce fut alors qu'apparut la figure d'un capitaine de milices espagnol appelé José Tomás Boves, fameux par sa vaillance, qui avait initié plusieurs opérations militaires dès 1814 à La Puerta à la tête des Llaneros (cavaliers et paysans cultivateurs de grenade dans les plaines de Colombie et du Venezuela, qui eurent un rôle central au cours des Guerres d'indépendance en Amérique du Sud), qui avaient obtenu des autorités espagnoles le droit de piller et saccager les villes insurgées.
Les forces de Bolivar s'affaiblirent au fil des combats contre Boves et ses Llaneros, à cause du manque de moyens et de renforts face à un ennemi qui se révéla implacable et n'hésitait pas à exécuter les prisonniers pour ne pas avoir à les entretenir.
Face à l'augmentation de la violence du conflit et du manque de moyens pour soutenir le combat contre Boves et ses Llaneros, le 7 février 1814 Bolivar décida de se replier avec les restes de son armée vers les territoires orientaux du Venezuela. Là, il s'unirait à l'armée de Santiago Mariño en vue d'un effort commun pour arrêter Boves.
La retraite stratégique de Bolivar provoqua un exode massif de population de Caracas aux territoires orientaux. Beaucoup de Caraqueños moururent ainsi en essayant de suivre l'armée républicaine, craignant les représailles sanguinaires de Boves.
A cause du harcèlement constant des troupes de Boves sur les réfugiés, Bolivar décida de faire front à Aragua de Barcelona, le 18 août 1814, dans une tentative pour retarder la progression des royalistes et sauver le plus grand nombre de réfugiés. Après avoir été mis en déroute, Bolivar atteint Cumaná le 25 août 1814, où il s'unit enfin à l'armée de Santiago Mariño.
Cependant, la Deuxième République vénézuélienne était blessée à mort, et les royalistes affirmeraient leur domination sur tout le Venezuela dans le reste de l'année 1814, exception faite des territoires orientaux et de l'île de Margarita, qui restèrent républicains. Toutefois, l'armée républicaine s'était divisée en une multitude de petites factions, chacune sous l'autorité d'un caudillo qui dominait une portion de territoire; dès lors, il fut très difficile pour Bolivar d'exercer son autorité et de coordonner les actions de son armée.
A cette situation catastrophique s'ajouta la conduite du corsaire Giovanni Bianchi, qui essaya de l'exploiter à son avantage, ce qui poussa finalement Bolivar et Mariño à quitter le pays pour Carthagène des Indes.
2ème partie demain