Une affaire de famille

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Honneno
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Re: Une affaire de famille

#16 Message par Honneno »

Une remarque sensible dans un film vue il y a quelques années.

Un film sur la vie de Phoonan Devi

Elle disait à son amoureux en parlant de leurs parents respectifs...

''C'est terrible de penser que nous ayons été conçus sans amour''
Il semblerait que la moitié du monde ne soit là que pour écoeurer l'autre moitié.
lam129
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Re: Une affaire de famille

#17 Message par lam129 »

Une chose à préciser dans ces mariages, ils ne pouvaient consommer le mariage avant que la femme ait 16 ans.

Les mariages de jeunes de 12 ou 14 ans arrivaient surtout parce que la mortalité étant très élevée dans ce temps là, les gens ne vivant rarement plus de 45 ans en moyenne, il y avait énormément d'orphelins et une fille devait se trouver un mari pour avoir un toit pour vivre. Les orphelinats ne les gardaient pas jusqu'à 21 ans. Elles devaient soi se marier soi devenir religieuse.
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administration
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Re: Une affaire de famille

#18 Message par administration »

lam129 a écrit :Une chose à préciser dans ces mariages, ils ne pouvaient consommer le mariage avant que la femme ait 16 ans.

Les mariages de jeunes de 12 ou 14 ans arrivaient surtout parce que la mortalité étant très élevée dans ce temps là, les gens ne vivant rarement plus de 45 ans en moyenne, il y avait énormément d'orphelins et une fille devait se trouver un mari pour avoir un toit pour vivre. Les orphelinats ne les gardaient pas jusqu'à 21 ans. Elles devaient soi se marier soi devenir religieuse.

Intéressant!

Je vais lire la dessus!
Halpachino

Re: Une affaire de famille

#19 Message par Halpachino »

lam129 a écrit :Une chose à préciser dans ces mariages, ils ne pouvaient consommer le mariage avant que la femme ait 16 ans.

Les mariages de jeunes de 12 ou 14 ans arrivaient surtout parce que la mortalité étant très élevée dans ce temps là, les gens ne vivant rarement plus de 45 ans en moyenne, il y avait énormément d'orphelins et une fille devait se trouver un mari pour avoir un toit pour vivre. Les orphelinats ne les gardaient pas jusqu'à 21 ans. Elles devaient soi se marier soi devenir religieuse.
Anne Langlois est née le 2 septembre 1637.
Mariée à Québec le 9 novembre 1649 (12 ans).
Le premier enfant qu'on lui connaît est né le 3 mai 1654.
Huit mois après son 16e anniversaire, mais l'enfant n'était peut-être pas à terme, donc c'est limite mais ça se tient.

Madeleine Paradis est née le 3 août 1653.
Mariée à Beauport le 28 novembre 1667 (14 ans).
Le premier et le seul enfant qu'on connaît est né le 25 novembre 1669.
Six mois après son 16e anniversaire. L'enfant a survécu, ce qui était peu probable à l'époque pour un enfant né avant sept mois de grossesse. Dans ce cas on peut raisonnablement supposer que le mariage fut "consommé" avant que la jeune fille ait 16 ans.
La jeune mère est décédé 4 jours après l'accouchement, à 16 ans...

Catherine Gauthier est née en 1627, si on se fie aux données du recensement de 1681 (54 ans).
Mariée à Québec le 13 mai 1638 (11 ans).
Le premier enfant qu'on connaît a été baptisé le 14 janvier 1643.
Au mieux, elle a baptisé son enfant à l'aube de ses 16 ans, donc le mariage a l'air d'avoir été "consommé" bien avant. Mais bon, l'année de naissance de Catherine est peut-être inexacte.

Pour ce qui est d'Hélène Boullé, mariée à 11 ans à Samuel de Champlain, on ne lui connaît pas d'enfant. Donc dur à dire. À propos, ce mariage a eu lieu en France, donc j'ignore si on peut en expliquer les raisons de la même manière, mais j'en doute.

Anne Cloutier est née le 19 janvier 1626
Mariée à Québec le 12 juillet 1637 (11 ans)
Le premier enfant qu'on connaît est né le 16 janvier 1641 à Beauport.
Elle avait encore 14 ans quand est né son premier enfant, mais bon, elle allait avoir 15 ans trois jours plus tard, donc on peut dire que le mariage a été "consommé" au plus tard quelques mois à peine après son 14e anniversaire...

Si dans tous ces cas il semble bien que l'époux ait attendu, de toute évidence la règle n'a pas été respectée à la lettre.

Je sais qu'il existe de nombreux autres cas. Quand je les réviserai je porterai attention sur les dates de naissance des premiers rejetons. J'imagine qu'après une trentaine de cas on aura assez de données pour estimer une corrélation.

EDIT: Il est important de mentionner que les dates de naissance ne donnent qu'une estimation de la "consommation" la plus tardive qui soit du mariage. Elles ne réfutent pas l'idée que le mariage ait pu être "consommé" bien avant...

EDIT2: Dans tous les cas (sauf un) les pères des jeunes filles étaient bien vivants au moment du mariage, ce qui semble réfuter l'histoire qu'on devait les marier faute d'orphelinat...
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Honneno
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Re: Une affaire de famille

#20 Message par Honneno »

J'essais de voir où était le ''trou'' causant le fait de ne pas prendre de femmes de leur âge.
Si je comprends bien,les premiers colons n'étaient pour la plupart que des hommes?
Il semblerait que la moitié du monde ne soit là que pour écoeurer l'autre moitié.
Halpachino

Re: Une affaire de famille

#21 Message par Halpachino »

La ville de Québec a été fondée en 1608 mais il n'y avait personne. Il a fallu du temps avant que ça se développe, on n'a qu'à considérer le fait que le "premier Canadien", c'est-à-dire le premier enfant né de colons, fut Eustache Martin, baptisé à Québec le 24 octobre 1621. Parmi les premiers colons à s'être installés à Québec, plusieurs sont arrivés avec leurs épouses.

Juste une petite parenthèse: l'emplacement de la ville de Québec n'a pas été la première destination des Français en Amérique. Ce fut plutôt l'Acadie (Nouvelle-Écosse) et la région de Tadoussac. Le "nouveau continent" a attiré l'attention des Français principalement à cause des fourrures. C'est aussi niaiseux que ça.

Mais pour répondre à ta question je dirais que, pendant la période 1621-1663, les hommes étaient passablement majoritaires à Québec, et c'est pourquoi le roi de France a décidé d'y expédier des filles à marier, les fameuses "filles du Roy", pas des putes mais des orphelines et des filles de condition modeste à qui le roi offrait les dépenses du voyage en plus d'une généreuse dot de 50 livres...

On estime à 800 le nombre de filles envoyées par le roi entre 1663 et 1673. On leur promettait une terre d'abondance. Elles furent accueillies par les Iroquois, les mouches à chevreuil, les maringouins, les ours, les loups, et les culs-terreux qui les choisissaient selon leur robustesse physique, afin qu'elles puissent travailler dur sur la ferme. Ces fameuses "soirées-rencontres" devaient ressembler au commerce des esclaves des foires romaines.

Mais avant l'arrivée de ces créatures de rêve il y avait effectivement un problème. Problème qui faisait en sorte que les premières menstruations des jeunes filles en fleur étaient reniflées à des kilomètres à la ronde, et avant même que les fesses commencent à leur chauffer, bingo, les filles étaient casées.
Halpachino

Re: Une affaire de famille

#22 Message par Halpachino »

Tiens, ça aussi ça défrise pas mal... Ça fait penser à un cas que soulignait Doolores:
Le père du marié se remarie avec la mère de la mariée... :E

Jean Toupin s'est marié avec Marie Gloria.
L'époux Jean Toupin était le fils de Toussaint Toupin et de Marguerite Boucher.
L'épouse Marie Gloria était la fille de Jean Gloria et de Marie Bourdon.

Et, tout-à-coup...
Toussaint Toupin (veuf de Marguerite Boucher) épouse Marie Bourdon (veuve de Jean Gloria)... :E

Et swing la baquaise dans l'fond d'la boîte à bois ! :ahah

Donc pour Marie Gloria, sa mère devient sa belle-mère et son beau-père (le père de son époux) devient un beau-père nouveau genre (le nouveau mari de sa mère)... Et pour Jean Toupin, son père devient son beau-père, etc...

MAIS... l'histoire ne finit pas là car Toussaint Toupin et Marie Bourdon ont aussi eu leurs propres enfants... qui devenaient par le fait même les beaux-frères et les belles-soeurs de leurs demi-frères et de leurs demi-soeurs... :E

Coudonc, tout le monde était le neveu du beau-père du cousin du demi-frère du grand-père de la belle-soeur dans cette baraque-là ?

Un peu de vin mon oncle ?
Un peu mon n'veu ! :ahah
Halpachino

Re: Une affaire de famille

#23 Message par Halpachino »

Pas toujours évident de retracer des pionniers en France. C'est que les actes de baptême de l'époque, quand on réussit à les trouver, représentent un véritable défi juste pour arriver à les décoder...

Par exemple, Marguerite Boucher, une pionnière venue s'installer en Nouvelle-France avec ses parents et ses frères et soeurs. Ses parents étaient Gaspard Boucher et Nicole Lemaire, venus s'établir à Québec et plus tard, à Trois-Rivières. L'acte de baptême de Marguerite a été retrouvé dans le registre de l'église Notre-Dame de Mortagne-au-Perche en Basse-Normandie.

Sachant que, selon la position de l'acte de baptême dans le registre, "ledit" mois est juillet et "ledit" an est 1631, on a pu établir que le baptême de Marguerite a eu lieu le 28 juillet 1631... en décodant l'acte suivant:

Image
Le vingt huitiesme jour dudict Moys audict an a esté baptisée Margueritte boucher, fille de Jaspar boucher et de Nicole Le Mer ses père et mère. Les parrains, honorable homme Alexandre Aubin, sieur de Niverville et dame Margueritte Forcadier fille de Alexandre Aubin de la paroisse de Loysy...
:E
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Re: Une affaire de famille

#24 Message par Doolores »

Très intéressant. Merci.
Là forcez vs un peu j'ai hâte:
Je concentre mes pensées positives
afin que Doolores gagne le gros lot à la loto
Halpachino

Re: Une affaire de famille

#25 Message par Halpachino »

Aux débuts de la Nouvelle-France, et pendant de nombreuses décennies, les colons ont dû faire face à de nombreuses attaques d'Iroquois. Et c'est pas un cliché, c'était vraiment un fléau, une terreur vécue au quotidien. Des enfants enlevés, des colons massacrés sur leurs terres. À un moment donné, c'était tellement intense qu'il fut question d'abandonner la colonie et de ramener tout le monde en France. Même Ville-Marie (Montréal) était attaquée. Par exemple, le 5 août 1689, 97 colons furent massacrés à Lachine, et les maisons furent incendiées.

La région de Québec et surtout celle de Trois-Rivières étaient particulièrement ciblées. Dans la biographie de Pierre Boucher (celui qui a donné son nom à Boucherville), on raconte que Trois-Rivières a failli tomber alors qu'elle était encerclée par des Iroquois.
Les attaques récentes, les cadavres de colons trouvés chaque jour dans leur champ, et surtout la mort de quatre habitants du Cap, dont le notaire Florent Boujonnier, révoltent le gouverneur qui décide une sortie massive pour exterminer les hordes iroquoises. Le capitaine Boucher s’y oppose, redoutant un échec, et lui-même reste à l’intérieur du fort avec quelques hommes valides. Ce conflit d’autorité se soldera par l’hécatombe du 19 août 1652, alors que 22 colons et soldats, y compris le gouverneur, sont massacrés dans les bois environnants.
La suite est assez éloquente:
À la suite de cette défaite, les habitants croient la situation désespérée. La plupart des chefs de famille ont péri. Des 40 premiers habitants trifluviens, il n’en reste pas 10. Toute la colonie, surtout la population de Québec, est aux abois. Les autorités se demandent s’il ne faudra pas quitter le pays. La panique gagne même ceux qui ont mis leur foi en la Providence. La mère Catherine de Saint-Augustin écrit, au nom de sa communauté : « Nous ne nous pressons pas pour achever le reste de nos bâtimens à cause de l’incertitude où nous sommes si nous demeurerons long-temps icy ». Marie de l’Incarnation est plus explicite encore : « L’on projette de tout quitter, écrit-elle, et de faire venir des vaisseaux de France pour sauver ceux qui ne seraient pas tombés en la puissance de nos ennemis ». Pierre Boucher lui-même fait écho à cette possibilité. Une ordonnance qu’il émet le 10 août 1653 renferme ces lignes : « Malgré l’incertitude des temps causée par l’ennemi, étant en doute si on doit vider le pays ou non... ».
Le 23 août 1653, un an après le massacre de Du Plessis-Kerbodot et de ses hommes, une troupe de 600 Iroquois, divisés en trois bandes, encercle le poste trifluvien. Les Indiens utilisent leur technique habituelle. Ils enlèvent les animaux, brûlent les moissons et les bâtisses à l’extérieur du fort. Puis ils s’attaquent à celui-ci, où Pierre Boucher monte la garde avec les quelque 40 hommes valides à sa disposition, la plupart adolescents et vieillards...
Finalement, après un long siège de 9 jours, et dans une situation totalement désespérée, les Iroquois lâchent prise et Boucher passe pour un héros...

Anyway, tout ça pour dire qu'on peut comprendre le sentiment de haine, de dégoût et de terreur que pouvaient susciter ces "sauvages" au sein de la colonie. On les avait vus manger de la chair humaine (certaines tribus autochtones arrachaient le coeur de leurs ennemis vaincus et le mangeaient dans une sorte de rituel un peu fucké -- faut dire qu'ils en fumaient du bon). Ils étaient vraiment pas commodes les mecs...

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Guess who's coming to dinner...

Donc doit-on s'étonner de lire, dans son fameux "Dictionnaire généalogique des familles canadiennes", cette note du célèbre généalogiste Cyprien Tanguay (1819-1902) à la page 542:
Quatre iroquois, lesquels, avant qu'on les fit brûler, avaient reçu le St. Baptême, en présence de presque toute la ville qui accourrut pour les voir brûler; s 3 avril 1696, à Montréal.
Autre temps, autres moeurs... :E
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Re: Une affaire de famille

#26 Message par administration »

Ouf....ça se compliquait pas la vie avec les factures d'avocats en ces temps là! :ahah
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Hyppolite
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Re: Une affaire de famille

#27 Message par Hyppolite »

Pas étonnant que dans l'inconscient populaire québécois, les Mohaks, des Iroquois, sont perçus encore aujourd'hui comme des renégats. Il faut dire que le traffic d'armes, de cigarettes, d'alcool de contrebande sur la frontière canado-américaine contribue à alimenter l'histoire...

Même avant l'arrivée des européens en quête de terres et d'évangélisation; les communautés autochntones s'entrégorgeaitn à coeur joie. Ce n'est pas un hasard si les Iroquois étaient du bord des anglais alors que les Hurons étient du bord des Français ( Le dernier des Mohicans avec Daniel-Day Lewis) illustre bien cette époque. Naturellement, on sait qui a gagné !
Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire viennent aisément «Nicolas Boileau»
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