La bataille d’Ayacucho fut le dernier affrontement des grandes campagnes terrestres des guerres d'indépendance en Amérique du Sud (1809-1826) qui avaient commencé avec la Révolution de Chuquisaca en 1809 dans le Haut-Pérou et culmina avec l'occupation des forteresses de Callao en 1826. La bataille se déroula dans la pampa de la quinoa dans le Département d'Ayacucho, Pérou, le 9 décembre 1824. La victoire des indépendantistes, dirigés par Antonio José de Sucre, sur les loyalistes du vice-roi du Pérou José de la Serna scella de fait l'indépendance du Pérou avec la capitulation militaire de l'armée royaliste.
En 1820, la situation politique en Espagne change radicalement avec la restauration de la Constitution libérale de 1812 et la soumission de Ferdinand VII devant la révolte menée par le général Rafael del Riego. Ce changement radical de situation entraîne l'annulation de l'expédition de 20 000 soldats qui devait être envoyée en Amérique du Sud pour aider le vice-roi du Pérou à combattre le mouvement indépendantiste en pleine expansion et à reconquérir les territoires perdus. Au Pérou, le vice-roi Joaquín de la Pezuela est discrédité à cause de l'échec de l'expédition militaire de Mariano Osorio au Chili et plus encore par le débarquement de l'armée de José de San Martín au Pérou. Le vice-roi est finalement déposé le 29 janvier 1821 par un coup d'état mené par le général José de la Serna, qui prend sa place et proclame son adhésion à la Constitution libérale.
Les indépendantistes débutent à Cerro de Pasco une campagne militaire prometteuse et entrent dans Lima en juillet 1821 mais l'armée royaliste a un solide entraînement militaire et triomphe des insurgés commandés par Agustín Gamarra à Ica le 7 avril 1822. L'année suivante, en janvier 1823, après que José de San Martín s'est retiré suite à l'entrevue de Guayaquil avec Simón Bolívar, une nouvelle expédition dans le but de libérer le Haut-Pérou est écrasée par les royalistes et l'année se termine sur un nouvel échec des indépendantistes, commandés cette fois par Antonio José de Sucre, qui sont obligés d'évacuer Arequipa après avoir perdu la majeure partie de leur cavalerie.
L'optimisme affiché par les insurgés s'évanouit peu à peu, d'autant plus que les présidents péruviens José de la Riva Agüero et José Bernardo de Tagle sont successivement accusés de trahison. Riva Agüero, après avoir organisé un Congrès à Trujillo, est accusé par celui-ci de haute trahison et est exilé au Chili. Tagle, qui lui a succédé à la présidence, est peu après accusé à son tour de négocier avec les royalistes par Simón Bolívar et doit trouver refuge dans la forteresse de Callao, qui est assiégée par les indépendantistes.
Néanmoins, en dépit de leurs derniers succès, la situation reste critique pour les royalistes, qui sont coupés de toute communication avec l'Espagne, et Bolívar, de son côté, demande de nouveaux renforts de Colombie pour préparer une campagne décisive contre l'armée royaliste de José de la Serna.
La Bataille d’Ayacucho, de Martín Tovar y TovarLe 4 juillet 1823, le gouvernement des Provinces Unies du Río de la Plata conclut un traité avec le vice-roi et envoie des négociateurs aux autres gouvernements sud-américains afin que ce traité puisse être effectif. Il y est stipulé que les hostilités devront cesser 60 jours après sa ratification et que cette trêve devra durer un an et demi, période durant laquelle une paix définitive serait négociée. Ainsi, Juan Gregorio de las Heras et Baldomero Espartero se rencontrent à Salta pour négocier mais ne parviennent pas à arriver à un accord. Le gouvernement des Provinces Unies du Río de la Plata pensait que ce projet établirait la paix et ce bien que ce soit au détriment de la cause du Pérou, refusant son aide à ce pays et retirant ses troupes des postes avancés à la frontière avec le Haut-Pérou.
Au début de l'année 1824, Bolívar tombe gravement malade alors que, dans le même temps, un ministre plénipotentiaire envoyé par les Provinces Unies du Río de la Plata arrive à Lima pour demander au Pérou d'adhérer au traité, demande qui est toutefois rejetée par le Congrès péruvien. Peu après, le 4 février, une émeute de soldats éclate à Callao et près de 2 000 hommes passent du côté royaliste, libérant les prisonniers et hissant le drapeau espagnol sur la forteresse de Callao. Le régiment de grenadiers montés des Andes se révolte à son tour le 14 février et deux escadrons se rendent à Callao pour rejoindre les émeutiers mais, quand ils voient que ceux-ci ont rallié la cause royaliste, une centaine d'hommes ainsi que tous les officiers du régiment retournent à Lima. Ces évènements ont pour conséquence une brève occupation de Lima par les royalistes, avant que ceux-ci ne se replient sur Callao et dans les régions andines, et vont surtout prolonger la guerre jusqu'en 1826, date à laquelle la forteresse de Callao fait enfin sa reddition.
Néanmoins, José de la Serna connaît lui aussi de graves problèmes car, également au début de l'année 1824, l'armée du Haut-Pérou commandée par le général Pedro Antonio Olañeta se révolte contre le vice-roi après avoir reçu la nouvelle que le gouvernement libéral espagnol était tombé suite à l'expédition française en Espagne. Ferdinand VII rétablit ainsi l'absolutisme, avec le soutien des troupes françaises, et Rafael del Riego est pendu alors que les autres dirigeants libéraux sont exécutés, exilés ou en fuite. Le monarque espagnol décrète l'abolition de toutes les décisions prises durant les trois années précédentes, ce qui annule la désignation de José de la Serna comme vice-roi du Pérou.
Olañeta donne l'ordre à ses forces d'attaquer les troupes restées fidèles à José de la Serna[8], ce qui oblige le vice-roi à changer ses plans qui étaient de descendre sur la côte pour combattre Bolívar. À la place, il envoie une armée de 5 000 vétérans dirigée par Jerónimo Valdés traverser la rivière Desaguadero, traversée effectuée le 22 janvier 1824, avec comme ordre de marcher sur Potosí pour livrer combat à son ancien subordonné. Après une longue campagne et quatre batailles livrées entre les deux armées, la dernière le 17 août 1824, les troupes des libéraux et des absolutistes sont mutuellement décimées.
Bolívar, qui est en communication avec Olañeta, tire un plein avantage de cette situation en passant à l'offensive et bat une armée royaliste isolée, commandée par José de Canterac, lors de la bataille de Junín le 6 août 1824. Ainsi commence une campagne qui a pour conséquence de pousser 2 700 soldats royalistes à déserter et à rejoindre les forces indépendantistes. Finalement, le 7 octobre 1824, Bolívar, dont l'armée est désormais aux portes de Cuzco, donne le commandement à Antonio José de Sucre et retourne à Lima pour collecter des fonds et accueillir une division colombienne de 4 000 hommes, laquelle n'arrivera qu'après la bataille d'Ayacucho
José de la Serna, dernier vice-roi du PérouLa déroute des troupes de Canterac à Junín oblige le vice-roi à rappeler Jerónimo Valdés de Potosí, celui-ci revenant à marche forcée avec ses soldats. Après avoir rassemblé ses troupes, José de la Serna rejette toutefois l'idée d'un assaut direct en raison du manque d'expérience de son armée, renforcée depuis quelques semaines par un enrôlement massif de paysans. Son intention est au contraire de couper Sucre de son arrière-garde par une série de marches et de contre-marches, plan qu'il met à exécution peu après le départ de l'armée de Sucre de Cuzco, pendant sa traversée des Andes. Ainsi, l'armée royaliste frappe le 3 décembre à la bataille de Corpahuaico où elle cause à ses adversaires environ 500 morts et blessés ainsi que la perte d'une grande partie de son artillerie pour le coût de seulement une trentaine d'hommes. Toutefois, Sucre et ses lieutenants réussissent à garder l'armée organisée, ce qui empêche le vice-roi d'exploiter son succès. Bien qu'ayant souffert de pertes importantes, Sucre organise une retraite en bon ordre et s'assure de monter le camp dans des positions d'accès difficile, comme la pampa de quinoa.
L'armée royaliste finit ainsi par consommer toutes ses provisions dans une guerre de mouvements sans avoir obtenu de victoire décisive. En raison des conditions extrêmement difficiles d'une campagne dans les Andes, les effectifs des deux armées se trouvent réduits de façon conséquente par les désertions et les maladies. Elles passent ainsi respectivement de 8 500 (pour l'armée indépendantiste) et 9 300 hommes (pour l'armée royaliste) au début de la campagne, à 5 800 et 6 900 hommes à la veille de la bataille d'Ayacucho. L'armée royaliste se positionne sur les hauteurs de Condorcunca (ce qui signifie « le cou du condor » en quechua), une bonne position défensive mais qu'elle ne peut espérer tenir trop longtemps car il ne lui reste que cinq jours de réserves de nourriture. Elle est donc condamnée à vaincre rapidement pour éviter sa dispersion et une défaite certaine à l'arrivée des renforts colombiens attendus par les indépendantistes.
Antonio José de SucreArmée Unifiée Libératrice du Pérou (Ejército Unido peruano colombiano Libertador del Perú)
Commandant en chef : général Antonio José de Sucre
Chef d'état-major : général Agustín Gamarra
Cdt de la Cavalerie : général Guillermo Miller
Première Division : général José María Córdova (2 300 hommes)
Deuxième Division : général José de la Mar (1 580 hommes)
Réserve : général Jacinto Lara (1 700 hommes)
Dans son rapport de la bataille d'Ayacucho, Sucre décrit ainsi son ordre de bataille : « Notre ligne formait un angle; la droite, composée des bataillons de Bogotá, Boltijeros, Pichincha and Caracas, de la première division de Colombie, sous le commandement du général Córdova. La gauche, composée des bataillons 1.° 2.° 3.° et de la légion péruvienne, avec les hussards de Junín, sous le commandement du général La Mar. Au centre, les grenadiers et hussards de Colombie, commandés par le général Miller, et en réserve les bataillons Rifles, Vencedor et Bargas, de la première division de Colombie, sous le commandement du général Lara ».
Sucre ne mentionne pas les grenadiers montés du Río de la Plata, au contraire du général Miller qui les cite comme faisant partie des troupes placées sous son commandement, de même que les hussards de Junín, ce qui contredit le rapport de Sucre[
Armée Royaliste du Pérou (Ejército Real del Perú)
Commandant en chef : vice-roi José de la Serna
Chef d'état-major : lieutenant général José de Canterac
Cdt de la Cavalerie : brigadier Valentín Ferraz
Cdt de l'avant-garde : général Jerónimo Valdés (2 000 hommes)
Première Division : général Juan Antonio Monet (2 000 hommes)
Deuxième Division : général Alejandro González Villalobos (1 700 hommes)
Réserve : général José Carratalá (1 200 hommes)
Toujours dans son rapport, Sucre décrit ainsi les positions ennemies : « Les espagnols firent descendre leurs troupes, envoyant dans les brèches sur notre gauche les bataillons Cantabria, Centro, Castro, le 1° Imperial et deux escadrons de hussards ainsi qu'une batterie de six pièces d'artillerie, concentrant leur plus forte attaque dans cette zone. Au centre se trouvaient les bataillons Burgos, Infante, Victoria, Guias et le 2° du premier régiment, avec en soutien sur leur gauche trois escadrons du bataillon Union, le bataillon San Carlos, les grenadiers de la Guardia ainsi que cinq pièces d'artillerie. Et sur les hauteurs à notre gauche se trouvaient les bataillons 1 et 2 de Gerona, le 2° Imperial, le 1° du premier régiment, Fernandinos et l'escadron de grenadiers d'Alaberderos »
Croquis de la bataille d'Ayacucho.
A. Positions royalistes dans la nuit du 8 au 9
B. Manœuvre préparatoire de l'attaque royaliste
C. Marche des bataillons du colonel Rubín de Celis
D. Manœuvre et attaque de la division Monet
E. Attaque de l'avant-garde de Valdés sur la maison occupée par les indépendantistes
F. Charge de la cavalerie royaliste
M. Dispersion des bataillons de Gerona, une partie de la réserve royaliste
K. Bataillon Ferdinand VII, dernière réserve royalisteLe plan royaliste prévu par José de Canterac est que la division d'avant-garde prenne à revers, seule, les positions ennemies en traversant la rivière Pampas, sécurisant de cette façon les unités situées à la gauche de Sucre. Le reste de l'armée royaliste doit alors abandonner ses positions défensives et charger le corps principal de l'armée ennemie, qu'il espère trouver désorganisé, alors que les bataillons Gerona et Ferdinand VII restent en réserve pour être envoyés seulement si la situation le requiert.
Sucre prend immédiatement conscience de la manœuvre très risquée des royalistes, alors que ceux-ci sont lancés dans la descente de leurs positions sans aucune chance de couvrir leurs mouvements. La division du général Córdova, soutenue par la cavalerie, frappe alors de plein fouet la masse désorganisée des troupes royalistes qui descendent des montagnes et sont incapables de former une ligne de bataille. Le colonel Joaquín Rubín de Celis, qui commande le premier régiment royaliste dont la tâche est de protéger l'artillerie, se lance à l'assaut avec insouciance et son unité est écrasée et lui-même tué durant l'attaque de la division de Córdova, dont le feu efficace disperse les troupes ennemies de Villalobos.
Voyant le désastre qui se déroule sur sa gauche, le général Monet, sans attendre que sa cavalerie se forme dans la plaine, mène sa division contre celle de Córdova et réussit à mettre en ordre de bataille deux de ses bataillons mais, attaqué soudainement, il se trouve encerclé avant que le reste de ses troupes ait pu s'organiser. Monet est blessé et trois de ses lieutenants sont tués, et les troupes royalistes entraînent dans leur retraite la milice paysanne inexpérimentée. La cavalerie royaliste charge alors les escadrons ennemis qui sont lancés à la poursuite de la division de Monet mais ceux-ci, soutenus par le feu roulant de leur infanterie, causent de lourdes pertes aux cavaliers de Ferraz, dont les survivants sont forcés de quitter le champ de bataille.
À l'autre bout du champ de bataille, la division de José de La Mar et la réserve de Jacinto Lara stoppent ensemble l'assaut mené par les vétérans de l'avant-garde de Valdés dans le but de prendre une maison occupée par des compagnies de l'armée indépendantiste. Ces compagnies, d'abord bousculées, reçoivent bientôt des renforts et repartent à l'attaque avec l'aide de la division victorieuse de Córdova. José de la Serna essaie alors de réorganiser ses troupes dispersées en pleine retraite et José de Canterac emmène en personne les réserves à l'assaut. Mais ces réserves ne sont pas les mêmes que celles qui ont repoussé les invasions de 1823, car la plupart des vétérans ont été tués pendant la rébellion d'Olañeta, et ces jeunes recrues se débandent après une faible résistance. À une heure de l'après-midi, le vice-roi est blessé et fait prisonnier et, même si l'avant-garde de Valdés livre encore combat, la bataille est d'ores et déjà gagnée pour les indépendantistes. Dans son rapport, Sucre affirme que les pertes de son armée s'élèvent à 370 morts et 609 blessés alors que celles de ses adversaires sont de 1 800 morts et 700 blessés.
Avec les restes de sa division, Valdés réussit à battre en retraite sur les hauteurs où il rejoint 200 cavaliers qui se sont rassemblés autour du général Canterac ainsi que quelques soldats dispersés des divisions royalistes qui ont fui et dont les hommes démoralisés ont même tué leurs officiers qui tentaient de les regrouper. Voyant que le corps principal de l'armée royaliste et que le vice-roi lui-même a été fait prisonnier, Valdés et Canterac décident de se rendre.
La Capitulation d'Ayacucho, par Daniel HernándezLa principale conséquence de la capitulation signée le soir de la bataille d'Ayacucho par José de Canterac et Antonio José de Sucre est la cessation de tout combat par les troupes du vice-roi José de la Serna. Cependant, les troupes royalistes tenant la forteresse de Callao vont quant à elles continuer à résister. Le gouvernement du Pérou contracte une dette économique et politique envers les pays qui ont contribué militairement à son indépendance.
Le 7 décembre, Bolívar, sentant la victoire finale toute proche, appelle depuis Lima à l'organisation d'un Congrès de représentants, qui se tient à Panamá du 22 juin au 15 juillet 1826, dans le but d'unir les nouvelles nations. Mais ce projet d'union échoue car il n'est ratifié que par les représentants de la Grande Colombie et, quatre ans plus tard, en raison des ambitions personnelles des généraux de Bolívar et de l'absence d'une vision unifiée de l'Amérique du Sud en tant qu'une seule nation, la Grande Colombie éclate à son tour en quatre pays différents, anéantissant ainsi le rêve d'union de Bolívar.
Après sa victoire à Ayacucho, et suivant en cela les instructions précises de Bolívar, Sucre entre dans le territoire du Haut-Pérou le 25 février 1825. Son rôle se limite à donner une apparence de légalité au processus que les Péruviens ont déjà entamé, maintenir l'ordre et installer une administration indépendante. Le général royaliste Pedro Antonio Olañeta tient toujours Potosí, où il est rejoint au mois de janvier par le bataillon Union venant de Puno, et rassemble un conseil de guerre qui décide de continuer la résistance. Olañeta distribue ses troupes entre la forteresse de Cotagaita et Chuquisaca, alors que lui-même marche sur Vitichi, emmenant avec lui 60 000 pièces d'or de la Casa de la Moneda de Potosí.
Toutefois, à Cochabamba et à Chuquisaca, les bataillons royalistes se soulèvent et se prononcent en faveur de l'indépendance alors que la majorité des troupes du Haut-Pérou renoncent à continuer le combat contre la puissante armée de Sucre. Le colonel Medinacelli et 300 de ses hommes se révoltent à leur tour contre Olañeta et lui font face le 2 avril 1825, à Tumusla, dans une bataille qui se termine par la mort d'Olañeta. Quelques jours plus tard, le 7 avril, les dernières troupes fidèles à Olañeta se rendent, mettant ainsi fin à la guerre dans le Haut-Pérou.
Acte d'indépendance de la Bolivie à la Casa de la Libertad, à Sucre.Il est instauré par décret que la nouvelle nation créée à la place du territoire du Haut-Pérou porte le nom de República Bolívar, en l'honneur de son libérateur, qui est lui-même désigné « Père de la République et Chef Suprême de l'État ». Néanmoins, Bolívar décline l'honneur de la présidence de la république, qui revient alors au vainqueur d'Ayacucho, Antonio José de Sucre. Après quelques temps, le sujet du nom de la nouvelle nation est à nouveau soulevé et un député de Potosí nommé Manuel Martín Cruz propose alors que, comme de Romulus est venue Rome, de Bolívar vienne la Bolivie.
Bolívar, bien que flatté par l'honneur lui étant ainsi fait, n'est pas favorablement disposé envers la création de cette nouvelle nation car il est inquiet au sujet de son avenir, en raison de la situation géographique de la Bolivie qui la place en plein centre de l'Amérique du Sud, ce qui, selon lui, impliquera pour ce pays de devoir faire face à de nombreux conflits, prédiction qui se réalisera. Bolívar souhaite à la place que la Bolivie fasse partie d'un pays déjà existant, de préférence le Pérou (étant donné qu'elle a fait partie de la Vice-royauté du Pérou durant des siècles), ou les Provinces Unies du Río de la Plata (puisque, lors des dernières décennies, elle a fait partie de la Vice-royauté du Río de la Plata), mais il finit par être convaincu par l'attitude de la population. Le 18 août, lors de l'arrivée de Bolívar à La Paz, il est accueilli par une grande manifestation de liesse populaire et la même scène se répète lorsque El Libertador arrive à Oruro, à Potosí et enfin à Chuquisaca. De telles démonstrations de ferveur de la part de la population touchent profondément Bolívar, qui surnomme la nouvelle nation sa « fille préférée ».
Sucre réunit une Assemblée de représentants à Chuquisaca le 8 juillet 1825 et celle-ci se conclut par une décision de proclamer l'indépendance du Haut-Pérou sous la forme d'une république. Finalement, une commission présidée par José Mariano Serrano écrit l'acte d'indépendance qui est daté du 6 août 1825 en l'honneur de l'anniversaire de la bataille de Junín, gagnée par Bolívar un an plus tôt jour pour jour. L'indépendance est décrétée par 7 représentants de Chuquisaca, 14 de Potosí, 12 de La Paz, 13 de Cochabamba et 2 de Santa Cruz de la Sierra.