Notre table nous attendait, c’était la même que l’an dernier. J’aime cet endroit au bord de la mer. L’air salin me grise et me fait sultane. Nous nous sommes assis non pas l’un face à l’autre mais l’un tout près de l’autre, déjà fébriles l’un et l’autre. Nous osions à peine nous toucher par crainte de briser notre rituel réglé par les différents services commandés. Je ris en repensant à ces phrases idiotes qui nous ont servis d’entrée : « Dis, si tu cessais un peu de reluquer mes seins, mon chéri! ». Et toi, de répliquer sur un ton badin : « Si je le pouvais, c’est dans ce joli décolleté que je mangerais cette délicieuse salade ». Puis, tu t’es fait pressant, tu t’es fait prince en m’ordonnant de décroiser les jambes avant que la serveuse ne revienne. Moi, je me réjouissais, je m’offusquais pour la forme, je te câlinais et je serrais les dents pour ne pas te céder trop rapidement. Après le plat d’agneau, tu t’es fait exubérant, trop volubile et bruyant. Tu voulais qu’on nous regarde, car tu savais que malgré l’emplacement de notre table, nos voisins sauraient deviner nos amours licencieuses. J’en rougissais de honte et de plaisir. C’était pour moi le moment critique, celui où j’étais partagée entre ma pudeur et l’ivresse de l’impudeur. Comme tu sais me deviner, tu t’es radouci, tu m’as chuchoté à l’oreille de te faire à nouveau confiance et tu as glissé ta main douce et chaude entre mes cuisses. J’ai frémis, j’ai aspiré une grande goulée d’air marin et je n’ai plus entendu toutes ces voix ni vu tous ces visages. Je ne sentais plus que ta main qui lentement se faufilait sous ma robe où mon sexe nu t’attendait, palpitant. Quand ton doigt s’est glissé entre mes lèvres, tu as émis un petit grognement de contentement. De toute ta main, tu m’as forcée à écarter les cuisses davantage et je peinais à rester assise convenablement. Je peinais à taire mes soupirs quand tes caresses se sont faites plus lascives, quand tu as caressé mon clitoris que tu connais par cœur jusqu’à l’endroit précis du petit gland si sensible qui déclenche l’incendie dans tout mon corps. Je peinais de ne pas pouvoir m’agripper à toi, de ne pas pouvoir plaquer ma bouche sur la tienne pour m’aider à étouffer les gémissements que je n’arrivais plus à atténuer suffisamment. Nous nous regardions pour éviter les autres regards et, au moment ou je jouissais, la serveuse est revenue avec les desserts. Tu lui as souri gentiment et de ta main libre, sous son regard amusé, tu m’as offert une bouché de crème brûlée pour humecter ma bouche asséchée. En partant, tu as laissé à la serveuse un généreux pourboire. De son regard encore amusé, elle nous a souhaité une belle soirée sous les étoiles. Nous allions l’attendre, comme l’an dernier, sur la plage où nous te ferions, elle et moi, Sultan de la mer.
Jo 2009
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